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25 novembre 2024
Politique
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ABDOULAYE SEYDOU SOW DÉFEND L'HÉRITAGE DE MACKY SALL
L'ancien ministre livre un plaidoyer passionné pour les douze années de gouvernance de son mentor. Chiffres à l'appui et loyauté chevillée au corps, il s'érige en rempart contre les critiques du nouveau régime
Ce dimanche 1er septembre 2024, l'ancien ministre Abdoulaye Seydou Sow a fait une apparition remarquée dans l'émission "Jury du dimanche" sur RFM. Il a farouchement protégé l'héritage de l'ancien président Macky Sall, tout en lançant des piques acérées au nouveau gouvernement.
Dans un contexte politique tendu, Sow a mis en avant la publication d'un livre bilan intitulé "Macky Sall : 12 ans à la tête du Sénégal", véritable plaidoyer pour l'ancien régime. Il a vanté les réalisations de Macky Sall dans divers domaines, de l'agriculture aux infrastructures, en passant par l'énergie.
L'ancien ministre n'a pas mâché ses mots concernant le rejet du projet de dissolution de certaines institutions par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Il y voit une victoire de l'État de droit contre ce qu'il qualifie de "jeux politiques" du nouveau pouvoir.
Sow a également évoqué dans la polémique opposant le ministère des Sports à la Fédération sénégalaise de football. Vice-président de cette dernière, il a défendu bec et ongles l'autonomie du mouvement sportif face aux velléités de contrôle du gouvernement.
Enfin, dans un geste politique fort, l'invité de Babacar Fall a réaffirmé sa loyauté indéfectible envers Macky Sall, déclarant rester à ses côtés «tant qu'il est en vie politique».
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LE GOUVERNEMENT SONKO JUGÉ SANS ÉLÉGANCE
Babacar Abba Mbaye passe au crible la politique du nouveau pouvoir. De la dissolution des institutions à la "traque fiscale", son réquisitoire n'épargne aucun aspect de l'action gouvernementale
Dans une intervention remarquée sur TFM le vendredi 30 août 2024, le député Babacar Abba Mbaye, membre de la plateforme politique Taxawu Sénégal, n'a pas mâché ses mots à l'égard du gouvernement.
Qualifiant de "peu élégant" la méthode du gouvernement, notamment concernant la dissolution du Haut Conseil des Collectivités Territoriales et du Conseil Économique, Social et Environnemental, le député a décrété ce qu'il perçoit comme une tentative "d'humiliation" et "d 'écrasement" de l'opposition.
"On ne gouverne pas un pays avec les émotions des réseaux sociaux", a-t-il lancé, critiquant vivement la communication du gouvernement sur ces questions institutionnelles.
Abba Mbaye a également fustigé l'approche du gouvernement en matière fiscale, le qualificatif de "traque" contre-productive. Il a plaidé pour un élargissement de la base fiscale plutôt qu'une pression accumulée sur les contribuables existants.
Sur la question sécuritaire, le député a reconnu l'existence d'un problème mais a pointé du doigt le manque de moyens et d'effectifs, appelant à une réflexion approfondie sur la police de proximité.
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FAUT-IL AVOIR PEUR DE VOLER DANS UN BOEING ?
Incident de porte en vol, révélations d'ex-employés et démêlés judiciaires, crashs mortels.... La sécurité des avions du constructeur américain est-elle remise une question ?
Porte arrachée en plein vol, témoignages glaçants d'anciens employés, ennuis avec la justice… En 2024, le constructeur d'avions Boeing revient régulièrement dans l'actualité de manière préoccupante. Et cela quelques années seulement après les crashs de deux 737 Max qui ont fait 346 morts. Alors, faut-il éviter d'embarquer à bord de leurs appareils ?
Dans cette vidéo, « Le Monde » se plonge dans les rapports d'enquêtes de l'administration américaine. Avec l'aide de Courtney Miller, un analyste du secteur aérien, nous avons compilé et analysé les données pour l'année 2024. Nous les avons comparées aux années précédentes et, surtout, à celles de son principal concurrent, Airbus.
« Final Committee Report, the design, development & certification of the Boeing 737 MAX », The House Committee on Transportation & Infrastructure (septembre 2020) https //democrates-transportation.hous...
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LA CHARGE DE THIERNO ALASSANE SALL
Un jeu politique", "une provocation"... Le député, leader de la République des valeurs, livre une analyse au vitriol de la stratégie du nouveau pouvoir, notamment concernant le projet de suppression du CESE et du HCCT
Dans une intervention cinglante lors de l'émission "Objection" de Sud FM ce dimanche 1er septembre 2024, le député non-inscrit Thierno Alassane Sall, président de la République des Valeurs, n'a pas mâché ses mots à l'égard du nouveau pouvoir.
Au cœur de sa critique : le projet de suppression du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT). Pour l'intervenant, cette démarche n'est qu'un "jeu politique" et une "provocation" de la part du gouvernement.
"Ils savaient pertinemment que ce projet n'avait aucune chance de passer", affirme-t-il, pointant du doigt l'absence de dialogue préalable avec l'opposition, notamment Benno Bokk Yakaar (BBY). Le député va plus loin, accusant le pouvoir de chercher préférablement le rejet de cette réforme pour justifier une future dissolution de l'Assemblée nationale.
Thierno Alassane Sall déplore également le manque de vision globale et de réformes en profondeur. "On nous offre la division au lieu de la vision", lance-t-il, appelant à un dialogue national sur les réformes constitutionnelles et électorales plus larges.
Le député n'a pas manqué de souligner les contradictions entre les promesses de campagne et les actes du nouveau régime, citant notamment les nominations controversées et le maintien des fonds politiques.
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LE SÉNÉGAL DURCIT LE TON FACE À ISRAËL
Le nouveau régime veut aller au-delà des déclarations et initiatives dans le conflit israélo-palestinien pour marquer sa présence ”à côté du peuple palestinien”, a annoncé, samedi, à Dakar, le Premier ministre, Ousmane Sonko
Le nouveau régime veut aller au-delà des déclarations et initiatives dans le conflit israélo-palestinien pour marquer sa présence ”à côté du peuple palestinien”, et mener avec lui le “combat” pour l’aboutissement de sa cause, a annoncé, samedi, à Dakar, le Premier ministre, Ousmane Sonko.
“Le nouveau régime, sous la direction [du président Diomaye Faye], a décidé d’aller au-delà des déclarations et initiatives au niveau des Nations unies, mais d’être présent à côté de nos frères palestiniens pour mener ensemble ce combat”, a-t-il déclaré.
Le chef du gouvernement sénégalais prenait part à un rassemblement sur l’esplanade de la Grande mosquée de Dakar, à l’appel de l’Alliance nationale pour la cause palestinienne. Cette manifestation a réuni des milliers de personnes arborant des drapelets palestiniens et portant des t-shirts avec l’inscription ”Palestine libre”.
Le Sénégal, président du Comité pour la défense des droits inaliénables des peuples palestiniens depuis 1975, a porté énormément d’initiatives depuis l’indépendance, dont la plus récente a abouti au vote, en 2016, d’une résolution condamnant Israël relativement à l’extension de ses colonies sur les terres palestiniennes, a rappelé le Premier ministre.
Ousmane Sonko a toutefois fait observer que les actions les plus visibles ont été initiées par l’Afrique du Sud et des pays d’Amérique latine qui sont allés jusqu’à rompre leurs relations diplomatiques avec l’État hébreu et à considérer les agissements d’Israël comme des crimes contre l’humanité.
Sur cette base, il estime que la dimension politique de ce “combat” doit être privilégiée pour réunir tous ceux qui luttent pour la cause palestinienne.
“Nous devons distinguer les aspects cultuels de ceux politiques pour créer des blocs qui nous permettent de nous défendre”, a-t-il martelé, en soulignant que le monde fonctionne désormais sur la base de la puissance et des blocs.
Le chef du gouvernement a également dénoncé “un monde du deux poids deux mesures, où tous ceux qui chantent la démocratie et les droits sont ceux aujourd’hui qui appuient Israël”.
Le coordinateur de l’Alliance nationale pour la cause palestinienne, Moustapha Ségnane, a appelé “tous les Sénégalais, toutes confessions confondues, à s’unir pour que la Palestine recouvre sa liberté”.
L’ambassadeur de Palestine à Dakar, Nasser Jaddalah, a salué “le soutien constant du peuple sénégalais à la cause palestinienne, surtout dans ce contexte du blocus de la bande de Gaza par l’Etat d’Israël, sous le silence complice de la communauté internationale”.
Le diplomate a aussi magnifié la présence du Premier ministre sénégalais à ce rassemblement, qui est, selon lui, “une première dans l’histoire du Sénégal”.
L'ÉTAT AU RÉGIME SEC
Le Premier ministre Ousmane Sonko a émis une circulaire annonçant la rationalisation des espaces de travail. Fini les machines à café individuelles et les réfrigérateurs personnels, place à la mutualisation
Le Premier ministre Ousmane Sonko, mandaté par le président Faye, lance une opération "bureau zéro gaspillage". Adieu confort individuel, bonjour espaces partagés et équipements mutualisés. Cette circulaire publiée en intégralité ci-dessous, vise à instiller une nouvelle éthique de gestion dans les services de l'État.
"Faisant suite aux directives du président de la République, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, je vous engage à prendre des mesures hardies allant dans le sens de la rationalisation et de l'optimisation dans l'utilisation des espaces de travail mis à la disposition de vos services.
Cet exercice requiert fondamentalement un changement de comportement dans l'Administration, qui consiste à revoir notre rapport au bien de l'Etat et à cultiver davantage une éthique de gestion et de responsabilité.
Vous devez le faire dans un esprit alliant les impératifs de confort des agents dans l'exercice quotidien de leurs missions, au souci de rationalisation et d'économie, afin de répondre à notre ambition de faire en sorte que l'administration sénégalaise s'aligne aux meilleurs standards.
Je vous exhorte, donc, à une réorganisation de l'aménagement des espaces de travail dédiés à vos collaborateurs, en optant pour la mutualisation dans l'utilisation de certains matériels de bureau et autres commodités.
A cet égard, les mesures ci-après devront être mises en œuvre :
l'aménagement d'espaces dédiés pour l'installation d'imprimantes réseaux au lieu d'une imprimante pour chaque bureau, à mettre en place notamment au niveau des pools de secrétariat ;
l'aménagement de parties communes pouvant héberger, sous réserve des considérations de sécurité et de préservation des réseaux électriques, des commodités telles que des réfrigérateurs, des machines à café, des micro-ondes, en lieu et place de dotations individuelles ;
l'interdiction d'appareils de télévision à l'exception des bureaux des Directeurs généraux et des directeurs ainsi que des espaces communs (salles de réunion ou de restauration) ;
la dotation parcimonieuse d'appareils de télévision et d'abonnements à des chaînes payantes; l'harmonisation et le respect des normes d'ameublement des bureaux suivant le niveau de responsabilité des agents et en priviléglant le mobilier national ;
le respect des dispositions du décret n°2018-842 du 09 mai 2018 portant comptabilité des matières; l'organisation, autant que possible, de réunions à distance (visioconférence) avec les autres administrations et les services déconcentrés, pour les dossiers ne revêtant pas un caractère sensible.
J'attache du prix à l'exécution correcte de la présente circulaire."
LA COMMISSION DES LOIS REJETTE LA PROPOSITION DE SUPPRESSION DU HCCT ET DU CESE
Le projet de loi visant à supprimer le HCCT et le CESE est rejeté par 16 voix contre 14. Cette décision, fruit d'un vote serré, met en lumière les tensions entre le nouveau pouvoir et l'opposition toujours majoritaire au parlement
La Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits de l’homme de l’Assemblée nationale a rejeté le projet de loi portant une modification de la Constitution en vue supprimer le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et le Conseil économique social et environnemental (CESE), a révélé samedi un de ses membres.
”La Commission des lois a rejeté le projet de loi portant suppression du HCCT et du CESE après que 16 de ses membres, des députés du groupe Benno Bokk Yakaar (opposition) ont voté contre. Les 14 autres membres, des députés du groupe Yewwi Askan Wi (proche du pouvoir) et des non-inscrits ont voté pour”, a expliqué Mohamed Ayib Daffé, le président du groupe Yewwi Askan Wi, dans un message partagé sur le réseau social X.
Il a dans la foulée fait savoir que l’examen dudit projet de loi va se poursuivre avec la tenue d’une séance plénière convoquée lundi à partir de 10 heures.
Le “texte propose la dissolution du Haut Conseil des collectivités territoriales et du Conseil économique, social et environnemental, deux institutions de la République consacrées par l’article 6 de la Constitution”, a expliqué, mercredi, le chef de l’Etat en Conseil des ministres.
La réforme constitutionnelle devant supprimer ces deux organes consultatifs s’inscrit dans une optique de transformation de la gouvernance publique et de rationalisation des dépenses.
“Cette proposition entre dans le cadre du raffermissement des réformes constitutionnelles, l’amélioration continue du processus de prise de décision des pouvoirs publics et la rationalisation systématique des charges de l’Etat, différents piliers de la doctrine de transformation de la gouvernance publique voulue à travers la mise en œuvre accélérée du Projet” de changement systémique porté par le nouveau pouvoir, a-t-il défendu.
L’Assemblée nationale avait lancé, jeudi, à travers l’ouverture de sa deuxième session extraordinaire de l’année 2024, le processus devant déboucher sur l’examen du projet de loi portant dissolution du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT),
À L'ÉPREUVE DU FMI
La visite du 5 septembre intervient après une précédente rencontre avortée qui avait gelé d'importantes facilités de crédit. Le gouvernement, confronté à des questions épineuses sur sa gestion financière, devra fournir des explications convaincantes
Du fait de la défection du Sénégal, la réunion du Conseil d’administration du Fmi qui devait étudier les progrès du programme Ipce qui devait se tenir en juillet dernier, a été reportée. Entretemps, les questions qui avaient été laissées en suspens à cette période, n’ont pas évolué. Elles se retrouveront sur la table lors de la visite de la mission du Fmi qui vient à Dakar à partir du 5 septembre. On se demande comment le gouvernement va s’en sortir.
Une mission du Fmi est attendue pour le 5 septembre prochain à Dakar. Tout le monde espère que la visite se déroulera mieux que la toute dernière, dont on se rappelle qu’elle n’avait pas produit les résultats escomptés. Liés par un accord se basant sur le Mécanisme élargi de facilité pour la résilience et la durabilité, qui lie le Fmi et le Sénégal dans le cadre du programme Ipce, le partenariat entre le Fmi et le Sénégal a toujours considéré comme des plus exemplaires. Ce qui lui a permis d’avoir toujours de rapports exemplaires. Et dans le cadre des accords, qui lient le pays avec l’institution financière, la visite du 5 septembre devrait se ponctuer par un important décaissement de l’institution comme cela se fait habituellement après une revue de la mission.
Cela n’avait pas pu avoir lieu après une mission avortée –annoncée par Le Quotidien du 27 juillet dernier. Nous avions dit que le ministre des Finances et du budget Cheikh Diba, avait préféré faire aux bond, au lieu de se retrouver dans l’incapacité de justifier l’intérêt d’aller lever des fonds importants sur les marchés financiers, alors que les institutions financières le créditaient d’importants montants dans ses caisses. La défection de l’Argentier du Sénégal a eu pour conséquence le gel des facilités de crédit qui étaient destinées au pays en ce moment.
Ayant sans doute besoin d’argent, le gouvernement devrait tenir ses comptes à jour, au risque d’être dans une logique de rupture avec ses partenaires. Car il faudra au ministre des arguments solides pour justifier la situation dans laquelle sont les finances de l’Etat. De plus, l’Assemblée n’a même pas été convoquée pour débattre de la Loi des finances rectificative (Lfr) concernant les dernières levées de fonds de l’Etat. Et il faudra cette fois-ci, trouver des arguments pour satisfaire les partenaires. Cela l’avait empêché d’encaisser une enveloppe de près de 60 milliards de Cfa la dernière fois.
Mais par où les interlocuteurs vont-ils commencer ? On sait que Cheikh Diba n’a toujours pas fourni des explications à ses partenaires sur les justifications et l’utilisation des plus de 750 millions de dollars levés sur le marché financier international. Pire, cet argent n’a même pas encore fait l’objet d’une Lfr, et n’aurait donc pas été encore officiellement utilisé. A quoi et pourquoi servirait-il ?
Par ailleurs, du fait calendrier politique, la mission de revue devrait se dérouler quasiment en même temps que le Débat d’orientation budgétaire, s’il n’est pas annulé. Cela serait incroyable, car ce débat est préparatif au vote de la loi sur le budget et il serait inimaginable qu’il soit reporté. Si en effet, la mission de septembre venait à ne pas être concluante, les deux parties devraient programmer une rencontre pour décembre ou au mieux, en juillet prochain. Et on pourrait se poser alors la question de la viabilité de ce programme entre les deux partenaires.
La chance du Sénégal pourrait d’avoir l’occasion d’accueillir un nouveau représentant-résident du Fmi. Le Centrafricain Mesmin Koulet-Vickot dont c’est la fin du mandat ici, sera remplacé à l’issue de cette revue. On imagine difficilement que son remplaçant, originaire du Maghreb, en vienne à entamer sa mission dans un contexte de tension entre les partenaires. On pourrait parier qu’il tenterait, dans la mesure du possible, tout faire pour arrondir les angles.
LA CARTE BLANCHE DE DIOMAYE
Autorisé à dissoudre l'Assemblée nationale dès le 12 septembre, le président prend un risque calculé pour asseoir son pouvoir. Cette décision destinée à contrecarrer l'opposition, annonce des législatives anticipées décisives
Les députés du groupe parlementaire majoritaire Benno Bokk Yaakaar qui avaient annoncé la préparation d’un projet de loi visant à empêcher la dissolution de l’Assemblée nationale auraient-ils été court-circuités par le président Bassirou Diomaye Faye ? En tout cas, force est de reconnaître que le Sénégal semble se diriger tout droit vers la suppression du mandat des députés XIVe législature qui devait expirer en 2027. Ce, après l’aval donné par le Conseil constitutionnel au Président Bassirou Diomaye Faye qui, depuis son élection à la magistrature suprême, compose avec une majorité parlementaire dominée par l’opposition, par l’entremise de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Les jours de la XIVe législature du Sénégal sont désormais comptés. Pour cause, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a reçu le feu vert du Conseil constitutionnel avant-hier, jeudi 29 août, en ce qui concerne la dissolution de l’Assemblée nationale. Selon cette juridiction, l’Assemblée nationale peut être dissoute à compter du 12 septembre prochain. Le Chef de l’Etat avait saisi les « Sept sages » pour déterminer la meilleure date sans enfreindre ses prérogatives et violer la Constitution. Élus à l'issue du scrutin du 31 juillet 2022, les députés ont été installés le 12 septembre de la même année. La XIVe aurait ainsi écoulé deux années franches, à la date butoir du 12 septembre 2024.
Investi après avoir prêté serment le 2 avril dernier, Bassirou Diomaye Faye n’en a pas remporté pour autant une victoire totale car composant avec une majorité de députés d’opposition, membres de l’ancienne coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar. Ce qui pourrait comprimer sa liberté de manœuvre pour gouverner et exécuter son programme. Du coup, beaucoup de ses partisans n’ont cessé d’appeler à une dissolution de l’Assemblée nationale, pour aller à des élections législatives anticipées afin d’obtenir la majorité au Parlement.
La dissolution pourrait remettre à sine die la tenue du Grand oral du nouveau chef du gouvernement. Attendu à l’Assemblée nationale pour faire sa Déclaration de politique générale, le Premier ministre Ousmane Sonko avait exigé la modification du Règlement intérieur (RI) de l’Assemblée nationale. En réaction, le Bureau de l’Assemblée nationale a annulé la tenue du Débat d’orientation budgétaire. Accusé par l’opposition de ne pas être prêt à faire face aux députés craignant de faire l’objet d’une motion de censure, le chef du gouvernement a réitéré son « impatience à tenir cet exercice ». Toutefois, malgré la modification du RI, il n’a pas encore tenu sa DPG devant une Assemblée nationale sous contrôle de l’opposition. Qui plus est, le Chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a saisi l’Assemblée nationale non pas pour la tenue du Grand oral mais plutôt pour un projet de loi portant modification de la Constitution et visant la suppression du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique social et environnemental (CESE). Les députés de la majorité qui ont décrié dans une large mesure cette initiative du chef de l’Etat vont-ils bloquer ce projet de loi ou non ? On le saura dans les prochains jours après l’ouverture de la deuxième session extraordinaire de l’Assemblée nationale avant-hier, lundi, et l’organisation envisagée dans la fourchette requise des quinze jours d’une plénière de validation ou d’invalidation de la suppression du Hcct et du Cese. Des institutions de la République respectivement dirigées par Aminata Mbengue Ndiaye, la patronne du Parti Socialiste (ancien parti au pouvoir de l’indépendance à 2000), et autre Abdoulaye Daouda Diallo de l’Apr (Alliance pour la République qui vient de perdre le pouvoir après douze années de règne total). Pour rappel, les députés du groupe parlementaire majoritaire Benno Bokk Yaakaar avaient annoncé la préparation d’un projet de loi visant à empêcher la dissolution de l’Assemblée nationale.
« Face à ce qui apparaît comme une volonté manifeste de se soustraire à la règle constitutionnelle de responsabilité du gouvernement devant l'Assemblée nationale, le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar que je préside, a enclenché une réflexion de réformes tendant à supprimer les articles qui permettent au président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale. Mais également qui va empêcher l'Assemblée nationale de déposer une Motion de censure à l'endroit du gouvernement », avait dit le président du groupe BBY, Abdou Mbow. Reste à savoir si le nouveau régime va s’assurer, en procédant à la dissolution de l’Assemblée nationale, une victoire confortable à l’occasion d’élections législatives anticipées.
L’ASSEMBLÉE NATIONALE EN SURCHAUFFE
Le débat sur la suppression du HCCT et du CESE a atteint son paroxysme jeudi. Dans une atmosphère électrique, les députés pro-gouvernement ont défendu une mesure "nécessaire", tandis que l'opposition a dénoncé un "coup de force institutionnel"
L’Assemblée nationale a lancé hier, lors de l’ouverture de sa deuxième session extraordinaire de l’année 2024, le processus devant déboucher sur l’examen du projet de loi portant dissolution du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE).
L’Assemblée nationale a ouvert sa deuxième session extraordinaire de l’année 2024 convoquée par le président de la République conformément à l’article 63 de la Constitution. Ce processus devra aboutir à l’examen du projet de loi portant dissolution de deux institutions : le Conseil économique social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT).
Après avoir annoncé l’ouverture de cette session extraordinaire, convoquée par le chef de l’État par décret, Amadou Mame Diop, le président de l’Assemblée nationale, a indiqué que les présidents des groupes parlementaires allaient se réunir « immédiatement » pour déterminer la suite de la procédure. Lors de l’ouverture de la session extraordinaire, hier, 98 députés étaient présents. En principe, ils devront s’entendre sur les dates de l’examen du projet de loi en commission technique et en séance plénière. Cette réforme constitutionnelle, qui supprime ces deux organes consultatifs jugés « budgétivores » et « inutiles », s’inscrit dans le cadre d’une transformation de la gouvernance publique et de la rationalisation des dépenses, selon le président de la République en Conseil des ministres, mercredi dernier. « Cette proposition s’inscrit dans le cadre du renforcement des réformes constitutionnelles, de l’amélioration continue du processus de prise de décision des pouvoirs publics, et de la rationalisation systématique des charges de l’État, différents piliers de la doctrine de transformation de la gouvernance publique, voulue à travers la mise en œuvre accélérée du programme de gouvernance dénommé : le Projet », a expliqué à cette occasion le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye.
Selon Amadou Ba, député de la minorité Yewwi Askan Wi (YAW), c’est une promesse électorale qui est en train d’être honorée. « La suppression du HCCT et du CESE est normale dans la mesure où cela était inscrit dans le programme du président de la République lors de la campagne électorale. Ce n’est pas une stratégie, ni une tactique, mais un engagement que nous avions promis aux Sénégalais », explique-t-il. Amadou Bâ estime qu’il est essentiel que les 15 milliards alloués à ces deux institutions soient réaffectés à d’autres programmes dans le cadre de la future loi des finances. Le député rappelle que de nombreuses institutions ont été dissoutes sans bruit parce qu’elles relevaient d’un décret, notamment la Commission pour le Dialogue des Territoires. « Ces deux institutions nécessitent, étant donné qu’elles sont inscrites dans la Constitution, une révision constitutionnelle pour être supprimées. Nous n’avons pas vu, dans le projet de révision constitutionnelle, une volonté de création d’une nouvelle institution pour les remplacer », ajoute-t-il comme pour répondre à des détracteurs qui estiment que d’autres institutions pourraient être créées à la place de celles qui vont être supprimées.
Des opposants dénoncent la manœuvre du président de la République
Comme on pouvait s’y douter, la dissolution du CESE et du HCCT ne fait pas l’unanimité parmi les députés de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, ancienne majorité présidentielle). Lesquels sont confrontés à un dilemme, une équation alambiquée et difficile à résoudre. Pour résoudre cette situation complexe posée par les nouveaux maîtres du pays, la majorité parlementaire avait réuni ses députés mardi pour mieux préparer le « suicide » politique auquel, selon eux, le Président Faye les invite. Si certains voient à travers ce projet de loi un traquenard tendu par l’exécutif, d’autres considèrent que cette dissolution est une question de survie politique. En effet, que ce texte soit voté ou non, le Président Diomaye pourra, tôt ou tard, dissoudre l’Assemblée nationale pour consolider son pouvoir. « C’est un piège qu’ils nous (Ndlr, les gens du pouvoir) ont tendu. Si nous refusons de voter, ils vont essayer de retourner l’opinion contre nous en affirmant que nous ne sommes motivés que par des intérêts personnels », rappelle un député de Benno sous couvert de l’anonymat. « Nous ne sommes pas nés pour être députés. Personnellement, quel que soit le projet que Diomaye Faye présente à l’Assemblée nationale, je voterai contre. Soit on fait de la politique, soit on en fait pas. Sonko ne nous a jamais rien pardonné. Par conséquent, nous devons créer un contre-pouvoir avec notre majorité », fulmine une députée de l’APR.
Dans une lettre adressée aux députés, Abdou Fall, ancien ministre d’État, s’est prononcé sur le projet de loi portant suppression du CESE et du HCCT. M. Abdou Fall a tenu à être clair en affirmant ceci : « Qu’on me prouve que ces missions, parmi d’autres, du Conseil Économique, Social et Environnemental ne sont d’aucun intérêt pour ces dirigeants actuels, dont la plupart font leur baptême de feu dans la décision politique au niveau le plus élevé de notre État. » Selon lui, à ce moment précis, d’autres sujets de fond devraient mobiliser les élites et les citoyens de notre pays. « Le Président Bassirou Diomaye Faye en a décidé autrement en convoquant d’urgence le Parlement, juste pour la dissolution de deux institutions de la République, le Conseil Économique, Social et Environnemental et le Haut Conseil des Collectivités Territoriales », poursuit-il
Abba Mbaye, député de Taxawu Sénégal, s’est exprimé après l’ouverture de session extraordinaire hier. Selon lui, cet acte posé par le chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye, montre que le Sénégal n’est pas encore une grande démocratie. « Notre pays sera une vraie démocratie stable lorsque nous aurons des institutions crédibles et stables. Nous ne pouvons pas concevoir que chaque régime qui arrive au pouvoir essaie de mettre en place ses propres institutions. Nous avons vu le Sénat, le Haut Conseil... », détaille-t-il. Selon lui, il est temps de s’accorder sur le type d’institutions que notre pays souhaite avoir. « Le débat aujourd’hui, c’est de discuter sur le caractère des institutions que nous voulons. Les autorités ne peuvent pas proposer des textes pour supprimer des institutions sans pour autant nous dire ce qu’elles vont mettre en place. Elles veulent avoir la majorité pour pouvoir instaurer les institutions du Projet. Nous n’avons pas besoin de cela. Qu’elles arrêtent de nous parler des 15 milliards. La démocratie n’a pas de prix ! », s’exclame le député qui fut pourtant un allié de Pastef dans le cadre de la coalition Yewwi Askan Wi.
Un consensus avant la dissolution
Si la suppression des deux institutions place la majorité parlementaire (opposition) dans une situation inconfortable pour certains, d’autres dénoncent une décision précipitée, prise sans consensus préalable. Selon Doudou Wade, ancien président du groupe parlementaire libéral et démocratique (Parti Démocratique Sénégalais), les missions consultatives de ces deux institutions, en particulier en matière de développement social, sont importantes. « Si l’on met de côté la mission du HCCT, le CESE pourrait parfaitement assumer ses responsabilités. En revanche, éliminer le CESE laisserait le HCCT incapable de remplir cette mission », souligne-t-il, en ajoutant que 90 % des pays disposent d’un Conseil économique ou d’institutions similaires. « Et comme la majorité des pays en ont un, je préfère que nous en ayons aussi plutôt que de nous en priver », précise-t-il.
Le Parlement est dominé par la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) et ses 82 députés élus lors des législatives du 31 juillet 2022. Il est enfin à préciser qu’une majorité des 3/5 des suffrages exprimés (par les députés présents) est nécessaire pour amender la Constitution. Dans le cas où ils seraient tous présents, il faudrait 99 voix pour que le projet de loi portant dissolution du CESE et du HCCT soit adopté.