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25 novembre 2024
Politique
Par Ibou FALL
LA SEMAINE OU SENGHOR SE RETOURNE DANS SA TOMBE
Les émotions fortes, au palais, ça devient de la routine ? Alioune Tine, que l’on a tendance à oublier depuis le 24 mars 2024, s’épanche. Il allume une première mèche il y a de cela des semaines
Les émotions fortes, au Palais, ça devient de la routine ? Alioune Tine, que l’on a tendance à oublier depuis le 24 mars 2024, s’épanche. Il allume une première mèche il y a de cela des semaines… Depuis quelque temps, dit-il, il a l’impression d’assister à une transition vers un régime Pastef. Le qualificatif «totalitaire» est sous-entendu, mais cela n’échappe pas à ceux qui lisent les pointillés.
Le contraire devrait être plutôt étonnant, n’est-ce pas ?
De 2021 à 2024, le manitou d’Afrikajom Center n’économise aucun effort pour alerter l’opinion mondiale : la dictature Macky Sall foule aux pieds les droits de l’Homme, comprenez son fonds de commerce, juste pour que l’occupant du palais rempile pour un troisième et illégitime mandat. Le complot d’Etat ne fait pas l’ombre d’un doute à ses yeux, la preuve par les milliers de «prisonniers politiques» entassés dans les geôles de cet infâme régime.
Faire libérer Ousmane Sonko, que le Peuple plébiscite avant la présidentielle de 2024, finit par être sa raison d’exister.
Facile d’imaginer son bonheur quand le duo «Sonko môy Diomaye», fraîchement élargi de prison par le sanguinaire dictateur Macky Sall, décroche la timbale le 24 mars 2024…
Logiquement, le nouveau régime, qui promet de dissoudre les institutions aussi inutiles que budgétivores, en plus de nettoyer le Palais de justice, devrait instituer une Haute autorité des droits de l’Homme à l’intention de Alioune Tine, qui abriterait la maison des lanceurs d’alerte dont il serait le parrain. Plus on est de fous…
Ce sont des précautions indispensables avant de lancer l’hallali qui signe l’arrêt de mort des prédateurs de l’économie. Il ne faudrait pas, quand leur sang impur aura giclé sur les murs, que l’on accuse le nouveau régime d’assouvir de mesquines rancunes personnelles à l’encontre des journalistes, promoteurs immobiliers, magistrats, officiers de l’armée, gendarmes et policiers.
Apparemment, les appels du pied et les clins d’yeux du droit-de-l’hommiste suprême laissent indifférent le nouveau maître du pays, Ousmane Sonko.
C’est peut-être le moment d’attendrir le président malgré lui, Diomaye Faye, à propos duquel ses électeurs demandent ce qui peut le sortir de sa torpeur. Il ne voyage même plus, puisque c’est «le meilleur Premier ministre de tous les temps» qui prend ses aises dans l’avion présidentiel à 60 misérables milliards Cfa dont la vente construirait les hôpitaux et lycées que le peuple réclame, sans parler de chacun de ses voyages dont le coût équivaudrait à celui d’une école.
L’ivresse du pouvoir, sans doute, parce que manifestement, ces bons messieurs du nouveau pouvoir ne se souviennent plus de leurs promesses de campagne. Sauf d’une : la dissolution du Cese et du Hcct, qui ont le mauvais goût de passer pour des sinécures au bénéfice de la clientèle politique de Macky Sall.
Et donc, juste au moment où la torpeur du président de la République commence à inquiéter, ne voilà-t-il pas qu’il nous sort une de ces décisions dont il a le secret… Une lettre demande à l’Assemblée nationale de se réunir au plus tôt pour examiner son projet de loi qui vise à dissoudre dans l’acide les deux institutions. Foin du Règlement intérieur qui empêche son Premier ministre de présenter sa Déclaration de politique générale, même s’il vient de subir le lifting demandé.
La passe d’armes qui s’annonce haletante entre l’Exécutif et le Législatif ne fait donc que commencer.
Cela dit, le sommeil éternel du poète Président doit être sacrément agité ces derniers temps… Passons sur l’exploit retentissant de l’intrépide reporter qui tend son micro à la lauréate du dernier Concours général pour lui demander ce que ça lui fait d’être la risée de la cérémonie…
Ah, c’est du joli, l’évolution des espèces, dans le journalisme…
Cette semaine, j’en mettrais la main au feu, Léopold Sédar Senghor, paix à son âme malgré tout, doit se retourner dans sa tombe. La légende raconte qu’à son entourage, du temps de son magistère, il professe «qu’une lettre sans faute d’orthographe est un signe de bonne éducation».
Que doit-on penser du niveau de savoir-vivre des actuels occupants du palais de l’avenue… Léopold Sédar Senghor ?
La lettre en date du 31 juillet 2024, avec entête de la présidence de la République, signée de son directeur des Moyens généraux, avec ampliation au maître de céans, le président de la République soi-même, et au Secrétaire général de la présidence, est un petit bijou d’hérésie républicaine.
Le chef d’œuvre serait la réponse concernant une sollicitation sujette à controverse à Touba. Les hôtes qui viennent d’ailleurs pourraient-ils, aux frais de la princesse, être logés au King Fahd ?
La réponse est sèche. C’est non. Le Palais n’a pas l’intention de gaspiller l’argent public, argue-t-il.
Chéchia basse
Problème, sur la forme, surtout, avec un passage qui laisse songeur : «(…) Votre courrier par la laquelle vous sollicitez (…).» Et, plus loin, le refus «d’honorer votre requête» qui ne fait pas honneur à son rédacteur, lequel ne manque pas de suite dans les idées. Le calvaire ne prend fin qu’avec «l’assurance de nos salutations les plus distinguées»
Bien entendu, chez les Mourides, la fin de non-recevoir qui fait le tour des réseaux sociaux ne manque pas de susciter des réactions, depuis le porte-parole du khalife qui affirme qu’aucune requête dans ce sens ne vient de Touba, jusqu’aux modestes disciples aux yeux desquels refuser un service au bénéfice du Magal de Touba est une offense impardonnable.
Le DMG de la présidence, Cheikh Oumar Diagne, qui tient à ce qu’on parle de son auguste personne, prend soin de se fendre d’une vidéo pour enfoncer le clou… «On» lui aurait demandé de se rendre à Touba pour se faire photographier en compagnie du khalife pour faire taire les rumeurs qui lui prêtent de sombres desseins à l’encontre des confréries.
Ben, lui, bien au contraire, tient à ce que ça se sache… Et donc, alors que personne ne lui demande rien, il persiste et signe afin que nul n’en ignore.
Question à cent francs… Quelle faute professionnelle est la plus impardonnable : les fautes d’orthographe dans un courrier de la Présidence ou l’étalage des états d’âme d’un collaborateur du président de la République dont les courriers circulent sur les réseaux sociaux ?
Vous avez jusqu’aux prochaines Législatives pour y répondre…
FINI LA PÊCHE AUX ARRANGEMENTS
La ministre des Pêches, Fatou Diouf, lance une offensive sans précédent contre les infractions maritimes. Sa circulaire, un véritable coup de semonce, exige le paiement immédiat des amendes sous peine de sanctions sévères
La ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires demande aux armateurs de navires de pêche industrielle de s’acquitter, dans les délais, des amendes prononcées pour des infractions de pêche conformément à l’avis de la Commission consultative des infractions. Suite à de nombreuses demandes d’annulation et de paiement par moratoire des amendes, Dr Fatou Diouf précise, dans une circulaire, qu’aucune disposition des lois et règlements en vigueur, notamment du Code de la pêche maritime et de son décret d’application, ne donne de telles prérogatives à son département.
Que les armateurs des navires de pêche industrielle qui ont été arraisonnés pour diverses infractions se le tiennent pour dit. L’Etat a instruit le gouvernement de faire appliquer la loi dans toute sa rigueur. Par conséquent, aucune demande d’annulation, aucun paiement par moratoire ne sera autorisé.
C’est du moins ce qui ressort de la circulaire de la ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires du 28 août 2024, adressée aux armateurs des navires de pêche industrielle.
«Suite à de nombreuses demandes d’annulation et de paiement par moratoire des amendes prononcées pour des infractions de pêche conformément à l’avis de la Commission consultative des infractions et après examen des différentes requêtes, je porte à votre connaissance qu’aucune disposition des lois et règlements en vigueur, notamment du Code de la pêche maritime et de son décret d’application, ne donne de telles prérogatives au ministre en charge de la Pêche. Une première correspondance vous avait été adressée à cet effet», mentionne Dr Fatou Diouf. Par ailleurs, note le document, «nous voudrions rappeler que les amendes retenues ne sont pas simplement des sanctions financières, mais également une mesure dans le cadre de la bonne gouvernance visant à dissuader toute pratique de pêche violant les dispositions règlementaires et qui porteraient préjudice à l’exploitation durable de nos ressources halieutiques. En conséquence, nous vous demandons de bien vouloir prendre les dispositions nécessaires afin de vous acquitter des montants des amendes dues dans les délais impartis sous peine de l’application de l’article 101 de la loi 2015-18 portant Code de la pêche maritime». Pour rappel, dans le cadre de la lutte contre la pêche Illicite non déclarée et non réglementée (Inn), la Direction de la protection et de la surveillance des pêches (Dpsp) avait arraisonné 24 navires de pêche de janvier à juillet 2024. Le montant des amendes prévues est compris entre 400 et 559 millions de francs Cfa. Ces navires ont été arraisonnés pour diverses infractions, notamment pour pêche en zone interdite, transbordement illégal de produits de pêche, pêche sans autorisation, non-détention de licence de pêche à bord et pêche et détention d’espèces immatures.
Ces mesures strictes, conformes à la réglementation en vigueur, sont prises à l’encontre des contrevenants, afin d’assurer la durabilité des ressources halieutiques.
Ce qui, aux yeux de certains acteurs du secteur, constitue un grand pas pour la transparence dans la gestion des ressources halieutiques. Le chargé de plaidoyer des océans à l’Organisation non gouvernementale (Ong) Environmental justice foundation (Ejf), Bassirou Diarra, considère, pour sa part, que «c’est un acte important de transparence de la part de la ministre des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires». De l’avis de M. Diarra, «les demandes d’annulation des amendes prononcées par la Commission nationale des infractions sont irrecevables. Les armateurs avaient l’habitude de donner des prérogatives indues au ministre en charge des Pêches».
Le Secrétaire général du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes) ne dit pas le contraire.
«C’est une décision que nous apprécions à sa juste valeur. Nous applaudissons des deux mains. Et on encourage l’autorité, la Direction de la protection et de la surveillance des pêches. Ils sont en train de faire un excellent travail», s’est réjoui Alassane Dieng.
POUR CONTRER L'INSÉCURITÉ
Le Premier ministre Ousmane Sonko a ”jugé utile”, mercredi en Conseil des ministres, de renforcer le dispositif sécuritaire, ”face aux actes de délinquance constatés au cours des dernières semaines’’.
Dakar, 29 août (APS) – Le Premier ministre Ousmane Sonko a ”jugé utile”, mercredi en Conseil des ministres, de renforcer le dispositif sécuritaire, ”face aux actes de délinquance constatés au cours des dernières semaines’’.
‘’Dans sa communication, le Premier ministre, tout en relevant les efforts continus déployés par le Gouvernement pour la sécurisation des populations, a jugé utile d’assurer le renforcement du dispositif, face aux actes de délinquance constatés au cours des dernières semaines’’, rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
Une série de meurtres défraie la chronique à Dakar depuis le 20 août avec le double meurtre à Pikine, dans la banlieue de Dakar, du célèbre danseur Abdoul Aziz Ba dit ‘’Aziz Dabala’’ et du jeune Waly, son colocataire. Les présumés mis en cause dans cette affaire, 7 personnes au total, ont été placés sous mandat de dépôt, mercredi.
Un chauffeur de taxi été mortellement atteint par balle dans une agression à Grand-Yoff. A Bargny, dans le département de Rufisque, une jeune portée disparue, a été retrouvée morte.
LES DEPUTES DE BENNO A L'EPREUVE DE L'EQUATION BDF...
La rationalisation des dépenses publiques tient à cœur les nouvelles autorités. Après avoir dissous la Commission Nationale de Dialogue des Territoires, la semaine dernière, le chef de l’État poursuit son entreprise d’élagage.
Le projet de loi du président de la République, qui sera soumis ce jeudi à l’Assemblée nationale et portant dissolution des institutions que sont le HCCT (Haut Conseil des Collectivités Territoriales) et le CESE (Conseil Économique Social et Environnemental), constitue une équation difficile à résoudre pour l’opposition. En effet, aussi bien son vote que son rejet peuvent comporter des conséquences politiques pour l’encore majorité parlementaire devenue minoritaire dans le pays depuis la dernière élection présidentielle...
La rationalisation des dépenses publiques tient à cœur les nouvelles autorités. Après avoir dissous la Commission Nationale de Dialogue des Territoires, la semaine dernière, le chef de l’État poursuit son entreprise d’élagage. Cette fois-ci, c’est le CESE et le HCCT qui passent à la trappe. Ceci, pour respecter une des promesses phare du «Projet» sur lequel il a été élu. Cette promesse consistait à dissoudre les institutions « inutiles et budgétivores » que sont, aux yeux de l’opinion, le CESE, le HCCT et la CNDT. Mais à la différence de la désormais ex-Commission nationale de dialogue des territoires que dirigeait Benoît Sambou, pour laquelle un simple décret suffit, les institutions que dirigent Mme Aminata Mbengue Ndiaye et M. Abdoulaye Daouda Diallo ne peuvent être dissoutes qu’à travers le vote d’une loi constitutionnelle par les députés. C’est dans ce sens que le Président Bassirou Diomaye Faye a transmis, lundi, une correspondance au président de l’Assemblée nationale portant convocation des députés en session extraordinaire ce jeudi 29 août 2024 pour le vote du projet de loi portant dissolution de ces deux institutions. Lesquelles, encore une fois, sont considérées par les populations comme étant budgétivores et sans grande utilité. Cependant, cette saisine de l’Assemblée nationale intervient à une période où les relations entre la majorité parlementaire et les nouvelles autorités du pays sont loin d’être au beau fixe et où il est de plus en plus question de la toute prochaine dissolution de l’Assemblée nationale. C’est la raison pour laquelle, derrière cette proposition de loi, il y a beaucoup d’enjeux politiques qui se cachent et qui vont dans les prochains jours livrer tous leurs secrets.
La majorité parlementaire entre le marteau et l’enclume...
A la lecture de la correspondance du chef de l’État au président de l’Assemblée nationale, des compatriotes se sont interrogés sur les risques de rejet d’une loi qui va à l’encontre des intérêts de la majorité présidentielle. D’aucuns se demandent pourquoi le Président s’empresse-t-il de dissoudre ces deux institutions alors que, selon toute vraisemblance, les jours de la présente législature sont comptés. Ne pouvait-il pas attendre l’installation d’une nouvelle Assemblée pour faire passer sa loi comme lettre à la poste ?
En réalité, à y voir de plus près, le président de la République n’a fait que poser une équation difficile à résoudre aux députés de l’opposition. En effet, dans un contexte où la tension qui prévaut entre «sa coalition» et celle de BBY s’intensifie, la soumission au Parlement d’une telle loi va constituer un couteau à double tranchant pour Abdou Mbow, le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar (BBY), et ses camarades. Au cas où ce projet de loi passerait contre la volonté de la majorité parlementaire, cela signifierait qu’il y aurait eu des défections au sein des députés du groupe BBY puisque, à lui seul, le groupe Yewwi qui soutient l’actuel président de la République ne peut pas atteindre les 99 voix requises pour faire passer le projet de loi de dissolution. Si les 81 députés de Benno votent en bloc contre, le texte sera rejeté.
En tout cas, la dissolution du CESE et du HCCT serait un coup dur pour l’ancienne coalition au pouvoir qui verrait ainsi des centaines de ses responsables privés de salaires consistants et de multiples avantages. Fragilisés économiquement, il y a de fortes chances pour qu’ils transhument ! Ou, en tout cas, ne mouillent plus le maillot pour Benno.
Si, en revanche, la proposition de loi du Président est rejetée par les députés de Benno, ils courent alors le risque d’être vus par l’opinion comme étant peu soucieux de la rationalisation des dépenses publiques. Autrement dit, le refus de voter cette loiserait perçu comme une volonté de protéger les intérêts égoïstes d’une caste, celle des dignitaires de l’ancien régime, au détriment de l’intérêt général. Surtout que la dissolution des deux institutions va permettre à l’Etat de faire 15 milliards de francs d’économies.
En définitive, à part la gloire et le baroud d’honneur d’avoir rejeté la proposition de loi du chef de l’État, le camp de BBY ne peut pas tirer de dividendes d’un bras de fer avec l’Exécutif. A moins qu’il nous réserve un coup de génie politique pour résoudre la difficile équation que le Président Diomaye Faye vient de lui poser.
Le Pastef impose à l’opposition une équation qui compromet de fait la tenue de la DPG...
Contrairement à BBY, le parti au pouvoir, Pastef, n’a pas beaucoup à s’inquiéter à propos du vote ou du texte devant être soumis ce jour à l’Assemblée nationale. Au contraire, il pourra mesurer à cette occasion le rapport de forces au sein de l’hémicycle de la Place Soweto. Et, surtout, de tester ses capacités manœuvrières car de la manière ou il pourra, ou ne pourra pas, « retourner » des députés de Benno, notamment contre espèces sonnantes et trébuchantes, dépendra le succès (ou l’échec) de la proposition de loi du président de la République. En tout cas, lors de la séance plénière où le texte sera examiné, l’opportunité sera donnée au parti présidentiel, durant le vote à main levée, de se faire une idée nette sur la stratégie mise en place par ses principaux adversaires en vue des prochaines élections législatives. Ce, à une période où l’opposition est en train de travailler à la création d’un large pôle en vue d’imposer la cohabitation à l’actuel régime. Il s’agira en particulier pour Ousmane Sonko et ses partisans d’y voir plus clair dans le jeu d’entités comme Taxawu Dakar de Khalifa Sall mais aussi le PDS qui, depuis l’avènement de la nouvelle alternance, se prononcent très peu. Vont-ils saisir cette occasion pour sortir de leur mutisme et clarifier leurs positions ? En attendant donc la tenue de cette plénière très attendue, les différentes familles représentées dans l’hémicycle se concertent sans arrêt afin de mettre en place des stratégies gagnantes. Une chose est sûre : on devrait assister à une rude bataille de ruse entre les deux principales forces politiques du moment que sont l’Apr, d’une part, et Pastef, de l’autre. Chacune pouvant compter sur de nombreux alliés. Alors, qui des présidents Bassirou Diomaye Faye et Macky Sall remportera cette bataille par procuration qu’ils se mènent par députés interposés ? Faites vos jeux, rien ne va plus…
LA SUPPRESSION DES INSTITUTIONS N’A JAMAIS ÉTÉ EFFICACE
Diomaye Faye s'apprête à supprimer le HCCT et le CESE, marchant dans les pas de ses précédents. Mais cette danse des institutions est-elle la panacée ? Un éminent constitutionnaliste démystifie cette pratique devenue routine
Après les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye va lui aussi, procéder à la suppression de HCCT et du CESE. Ce qui selon un professeur agrégé en droit constitutionnel, qui a préféré garder l’anonymat relève d’une banalité des institutions. Selon cet universitaire, «la suppression des institutions n’a jamais été efficace ou impactant dans l’histoire politique et institutionnelle du Sénégal». Il est aussi revenu sur la procédure empruntée par le président Faye pour arriver ses fins, mais aussi sur la polémique de la tenue de la DPG du Premier ministre Ousmane Sonko.
Convocation de l’Assemblée nationale
« D’emblée, il faut distinguer l’aspect politique de l’aspect juridique même si ce sont des questions qui sont liées. Deuxièmement, il faut rappeler lorsque Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2012, il avait procédé lui aussi à la suppression du Sénat. Si vous vous rappelez d’ailleurs, la procédure avait échoué au Sénat parce qu’à l’époque, le PDS disposait d’une majorité. Il a fallu retourner à l’Assemblée nationale pour que le texte passât. C’est pour vous dire que ce n’est pas une chose nouvelle. L’argument qui avait été évoqué, c’était qu’il y avait des inondations et qu’il faut rationaliser les ressources publiques et les réorienter vers la lutte contre les inondations.
Maintenant, ce qu’il faut préciser, c’est qu’à l’époque, quand ça se faisait, on avait dépassé le cap des législatives. Donc, on n’y voyait pas un stratagème ou une entourloupe pour avoir l’opinion et gagner les législatives parce qu’on avait dépassé le cap des législatives organisées en juillet ».
Législatives anticipées
« Il faut la aussi distinguer le plan juridique du plan politique. Sur le plan politique : c’est qu’on est dans une situation où il y avait deux possibilités qui s’offraient à l’Exécutif et notamment au président. Première possibilité, c’était de négocier avec l’Assemblée nationale, de trouver des mécanismes consensuels ou de voies d’entente pour faire ce qu’il faut faire : la DPG, dissoudre l’Assemblée nationale etc. Les gens auraient pu discuter et se dire : on ne dissout pas dans un premier temps parce qu’actuellement pour dissoudre, ce n’est pas aussi simple. D’abord, il faut attendre le délai, ensuite, il faudra un temps pour le parrainage. Le parrainage n’existait pas autrefois pour les législatives. Ça va prendre du temps. Ici, on est dans une urgence. Il y a des délais qui sont prévus dans la Constitution, 30 jours à 90 jours. Dans ce délai, est-ce qu’il est possible d’organiser les parrainages ou bien est-ce qu’il ne faut pas contourner le délai ? Sur toutes ces questions, l’Exécutif aurait pu opter pour la concertation avec le législatif élargi à la classe politique et à la société civile et qu’on trouve un accord.
Deuxième option, c’est de ne pas se concerter et faire le forcing. Et visiblement, c’est l’option de l’Exécutif. Ça se dit de toute façon. Ce qu’on a au Sénégal, c’est une grande alternance mais incomplète, on n’a pas la totalité du pouvoir. Pour avoir tout le pouvoir, il faut dérouler le rouleau compresseur de la légitimité. On a conquis le pouvoir exécutif. Il faut organiser des législatives et puis les gagner. Du point de vue politique, c’est l’option qui a été faite. Evidemment, cette option peut entrainer des blocages si les acteurs se focalisent les uns, les autres sur leur position.
Sur le plan juridique, c’est que le Président a demandé une session extraordinaire, il peut le faire parce que la session extraordinaire peut être convoquée par le président de l’Assemblée nationale si la moitié des députés le demandent ou alors le président de la République. C’est l’article 63 de la Constitution sauf que par le passé, le président n’avait pas à se fixer la date. Le président peut ouvrir une session extraordinaire qui va durer 15 jours et laisser la latitude au bureau de l’Assemblée nationale de fixer la date. C’est plus élégant ».
C’est juste une question d’élégance alors ?
« Je trouve que c’est plus une question plus d’élégance que de respect de l’autorité de l’Assemblée nationale parce quand tu dis : session parlementaire, l’ordre du jour et là, il faut le faire, le reste, c’est le bureau qui se réunit et qui détermine ce qu’on appelle le calendrier de travail. Pour moi, je dirai «manque d’élégance ». Je n’irai pas jusqu’à dire violation de la loi.
Donc, sur le plan juridique, il n’y a pas de problème. Sauf qu’à l’Assemblée nationale, le Président de la République avait rencontré le président de l’Assemblée nationale et au cours de cette rencontre, ils avaient un accord pour que le Règlement intérieur soit corrigé et que le Premier ministre vienne faire sa DPG. Si maintenant le Premier ministre ne vient pas faire sa DPG et qu’à la place on demande la suppression du HCCT et du CESE, ça aussi pour moi, c’est un manque d’élégance. Je ne parlerai pas de violation de la loi ou de la Constitution mais c’est un manque d’élégance parce que l’opinion avait cru qu’il semblait avoir un accord pour que le Premier ministre aille faire sa DPG. Mais dans le fond, demander la suppression de ces organes relève d’une routine au Sénégal.
En 2000, quand Wade est arrivé, il a supprimé le Sénat et il l’a ramené. Macky Sall quand il est arrivé, il a supprimé le Sénat pour le remplacer par le Haut conseil des collectivités territoriales. Donc, on est ici dans des répétitions, dans une banalisation des institutions. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Supprimer les institutions, les ressusciter sous la même forme ou sous une forme légèrement différente, c’est quelque chose qui est caractéristique de l’évolution politique institutionnelle du Sénégal. Ça relève de la banalité. D’ailleurs, les gens ont cru que quand on supprimait le Sénat, qu’on allait gagner de l’argent pour trouver de l’emploi aux jeunes, ça n’a pas été le cas. Wade quand il a supprimé le Sénat, ça n’a servi à rien. C’est un coup d’épée dans l’eau. La preuve, il l’a réhabilité après. Macky Sall idem. Après la suppression du Sénat, il a remis le Haut conseil des collectivités territoriales qui n’est pas très loin du Sénat. Je trouve que ce n’est pas une seconde chambre législative. Donc, à la limite, le discours de suppression des institutions pour la rationalisation des finances publiques relève de la banalité et n’a jamais été efficace ou impactant dans l’histoire politique et institutionnelle du Sénégal. Dernier point sur la dissolution, je pense qu’il n’y a rien de plus légitime qu’une nouvelle majorité qui conquiert le pouvoir exécutif. Se doter d’une nouvelle majorité parlementaire pour gouverner à l’aise parce qu’on gouverne avec une majorité parlementaire qui le soutient. Aujourd’hui, ce qui se pose, ce n’est pas le problème de la dissolution. C’est plutôt, comment organiser des élections législatives anticipées parce qu’au Sénégal, on n’est pas très habitués aux élections anticipées. Même en 2001 quand on a anticipé pour les élections législatives, il n’y a pas eu de dissolution parce que la nouvelle Constitution prévoyait que le président puisse organiser les législatives sans dissoudre. C’était dans les dispositions transitoires. Macky Sall quand il est arrivé, le mandat des députés avait expiré, donc, il n’avait pas besoin de dissoudre. Sauf que là, on va vers des élections anticipées. Et c’est relativement nouveau voire inédit dans l’histoire politique du Sénégal.
Quand on est dans une pareille situation, il faut se concerter pour bien faire les choses, pour le bien de la démocratie ou alors considérer que l’objectif n’est pas la démocratie mais d’avoir une majorité parlementaire ».
Une DPG, deux textes
« Pour cette question, j’avais publié dans Sud Quotidien en 2002 un texte intitulé : «le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale viole la Constitution» parce que la Constitution de 2001 prévoyait qu’après sa nomination, le Premier ministre fait sa Déclaration de politique générale. Or, les députés à l’époque ont dit, il faut imposer au Premier ministre un délai parce que sinon il ne va jamais le faire ou alors il va considérer le moment opportun. En France, dès que vous êtes nommé, dans la semaine qui suit, vous faites votre DPG. Abdou Diouf, il l’avait fait 15 jours après. Moustapha Niasse, il l’avait fait trois semaines après. Il y en a qui l’ont fait six mois après. Donc, ils ont voulu en réalité mettre un délai en disant qu’il va le faire dans trois mois. J’ai dit non !
Cette disposition du Règlement intérieur viole la Constitution pour deux raisons. La première, c’est que la Constitution n’impose pas de délai et n’invite pas le législateur à se fixer un délai. Si on avait dit le Premier ministre fait sa DPG dans les conditions déterminées par la loi, ou le Premier ministre fait sa DPG, les modalités de cette déclaration seront précisées par une loi organique ou par le Règlement intérieur, je suis d’accord. Or, il n’y a pas d’invite. Le constituant a choisi de faire confiance au Premier ministre et de ne pas l’enfermer dans un délai. Si le Règlement intérieur de l’Assemblée a imposé un délai un Premier ministre, ce délai viole la Constitution. Donc, pour moi, ce délai était superfétatoire. Il n’a pas sa place en réalité. Et donc si le délai est superfétatoire, ça veut dire que le Premier ministre doit faire sa DPG mais il n’y a pas de délai et on a vu, il y a des Premiers ministres qui ont plus de trois mois. Donc, j’avais considéré que le travail d’adaptation du Règlement intérieur était superfétatoire. Au début, c’est limité à la Constitution, en tout pour la question de DPG. Je ne parle pas des exigences du Règlement intérieur. Mais pour la DPG, les dispositions de la Constitution sont suffisantes et après, il faut faire confiance au Premier ministre pour choisir la date de sa DPG dans un esprit républicain. Le jeu des institutions aussi, c’est une question de gentlemen. On ne doit pas imposer aux gens des détails. La Constitution fait confiance aux acteurs du jeu politique et institutionnel en considérant quelque part que ce sont des gentlemen et qu’on doit interpréter positivement les dispositions. Le Conseil constitutionnel avait contrôlé le Règlement intérieur parce qu’il est obligatoirement contrôlé avant sa promulgation parce que c’est une loi organique mais moi, j’avais considéré que le Conseil n’était pas allé en profondeur. Parce que le Conseil avait dit, « oui considérant qu’aucune disposition de la loi organique portant Règlement intérieur ne viole la Constitution ». Moi, j’avais dit non. Il y avait une disposition qui viole la Constitution, peut-être qu’elle vous a échappé. Celle qui impose un délai là où le constituant-lui n’impose pas de délai et n’invite pas le législateur à imposer un délai. Pour moi, c’est une disposition qui viole la loi ».
L’ASSEMBLÉE NATIONALE JOUE L’ARBITRE
La session extraordinaire convoquée ce jeudi soulève des questions sur l'avenir de la représentation territoriale et sociétale du pays. Les députés seront-ils prêts à approuver le changement constitutionnel souhaité par le président de la République ?
Les parlementaires sont convoqués, ce jeudi 29 août, à la place Soweto pour l’ouverture de la deuxième Session extraordinaire de l’année 2024 de l’Assemblée nationale. Elle porte sur l’examen du projet de loi relatif à la modification de la Constitution qui va entrainer la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental.
Les députés vont-ils approuver la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) ? On en saura davantage ce jeudi 29 août. Pour cause, les parlementaires sont convoqués ce jour à 10h00 à l’Hémicycle pour l’ouverture de la deuxième Session extraordinaire de l’année 2024 de l’Assemblée nationale à la demande du Président de la République Bassirou Diomaye Faye. Elle a pour objet l’examen du projet de loi portant modification de la Constitution. « La modification envisagée de la Constitution porte sur la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales et du Conseil économique, social et environnemental », rapporte une note de la Présidence en date du 26 août dernier.
Cependant, depuis l’annonce de l’information, chacun y va de son propre commentaire. Selon certains acteurs politiques de l’opposition comme Thierno Bocoum et Bougane Guèye Dany, c’est plutôt le Premier ministre qui était attendu à l’Assemblée nationale pour faire sa Déclaration de politique générale, après la modification du Règlement intérieur de l’institution. D’autres y voient une stratégie pour légitimer la dissolution de l'Assemblée nationale, si la majorité vote « non ». Ce qui serait fort probable puisque les députés de l’ex-coalition au pouvoir sont majoritaires avec 82 ou 83 députés après les législatives du 31 juillet 2022. Tout de même, il convient de dire que la suppression d’institutions n’est pas chose nouvelle au Sénégal.
De Abdou Diouf à Abdoulaye Wade jusqu’à Macky Sall, tous les présidents de la République ont procédé à la suppression d’institutions à leur arrivée au pouvoir pour la « rationalisation des dépenses » même si cela a été un coup d’épée dans l’eau. Seulement, l’on se rend compte que quelques mois ou années après, ils les ressuscitent sous la même forme ou sous une forme légèrement différente pour caser une clientèle politique. La suppression du HCCT et du CESE dont leur budget annuel global tournerait autour de 15 milliards de francs CFA, était l’une des promesses de campagne du président Bassirou Diomaye Faye.
Pour rappel, composé de 150 membres, le Haut Conseil des Collectivités Territoriales est créé par la Loi constitutionnelle n°2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de la Constitution et adoptée suite au référendum du 20 mars 2016. Il s’agit d’un organe consultatif chargé d'étudier et de donner un avis motivé sur les politiques de décentralisation, d'aménagement et de développement du territoire. Quant au CESE, il est composé de représentants de divers secteurs de la société civile et du monde économique, et est la troisième Assemblée constitutionnelle du Sénégal. Il avait remplacé le Conseil économique et social en 2012.
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LE WOLOF, NOUVEAU VECTEUR D'ÉDUCATION AU SÉNÉGAL
Fini le tout-français. Des salles de classe aux maisons d'édition, en passant par les géants du web, c'est tout un pays qui se mobilise pour renouer avec ses racines linguistiques
Dans un élan audacieux visant à révolutionner son système éducatif, le Sénégal s'apprête à faire du wolof et d'autres langues locales les piliers de l'enseignement national. Cette initiative, prévue pour 2029, promet de transformer radicalement le paysage scolaire du pays.
Les autorités misent sur le multilinguisme pour booster les performances des élèves. L'idée ? Permettre aux enfants d'apprendre dans leur langue maternelle, un gage de réussite selon les experts.
Cette révolution linguistique ne se limite pas aux salles de classe. Des maisons d'édition innovantes émergent, produisant des ouvrages en langues locales. Parallèlement, les géants de la technologie s'y mettent : Google Traduction a récemment intégré le wolof et une trentaine d'autres langues africaines.
LE COUP DE POKER PRÉSIDENTIEL À L'ASSEMBLÉE
En convoquant une session extraordinaire pour supprimer le HCCT et le CESE, Diomaye joue une partie d'échecs. L'initiative est perçue par ses détracteurs comme une tentative de consolidation du pouvoir au détriment des équilibres démocratiques
Avant-hier, dans un geste à la fois audacieux et polémique, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a pris un décret convoquant l'Assemblée nationale en session extraordinaire pour examiner un projet de loi modifiant la Constitution. Ce projet vise, ni plus ni moins, la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Cette initiative, annoncée à travers un communiqué de la présidence, a immédiatement suscité un débat intense dans la sphère politique sénégalaise, divisant les acteurs en partisans enthousiastes et détracteurs farouches.
La convocation de l'Assemblée nationale pour le jeudi 29 août 2024 a surpris de nombreux observateurs, car elle s'inscrit dans une démarche radicale de réformes institutionnelles. La volonté de supprimer deux des plus importantes institutions du pays, le HCCT et le CESE, semble être un coup de maître pour le président Diomaye Faye qui cherche à rationaliser le fonctionnement de l'État en éliminant ce qu'il considère comme des structures obsolètes et budgétivores.
Dans ce contexte, les députés du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) ont été convoqués en urgence pour une réunion ce mardi 27 août 2024 à 17 h. La convocation, émise par Abdoul Mbow, président du groupe BBY, met en lumière l’importance de l’ordre du jour, soulignant l’obligation pour tous les députés membres d’être présents. Cette rencontre intervient à un moment charnière où la coalition BBY doit définir sa position face à un projet de loi qui pourrait bouleverser l'équilibre des institutions et précipiter une dissolution de l'Assemblée nationale.
Derrière cette initiative se cache une ambition claire pour les sympathisants et militants du nouveau régime : construire des institutions en adéquation avec les idéaux du nouveau régime, des institutions qui seraient plus efficaces, moins coûteuses et mieux adaptées aux réalités socioéconomiques du pays. Cependant, cette volonté de réforme soulève de nombreuses questions sur les véritables motivations du président Faye.
Le champ de bataille de la cohabitation s'annonce
Certains observateurs politiques voient dans cette manœuvre une stratégie plus subtile du chef de l’État.
En effet, le projet de loi, qu'il soit voté ou rejeté, pourrait fournir au président un prétexte pour dissoudre l'Assemblée nationale, dont le mandat de la XIVe législature pourrait être écourté. Une telle dissolution permettrait au président de provoquer des élections législatives anticipées, une initiative qui pourrait redistribuer les cartes politiques en sa faveur, surtout si l'Assemblée refuse de se conformer à ses réformes.
Cette hypothèse n'est pas sans fondement, car de nombreux membres de la mouvance présidentielle ont publiquement réclamé la dissolution de l'Assemblée. Parmi eux, des figures influentes telles que l'ex-Première ministre et haut représentant du président de la République, Aminata Touré ainsi que les députés Guy Marius Sagna et Cheikh Thioro Mbacké, ont exprimé leur soutien à une telle initiative. Pour eux, la suppression du HCCT et du CESE est une étape logique vers une rationalisation des institutions du pays, d'autant plus que cette doléance était une promesse de campagne et une demande populaire.
Réactions en chaîne
Toutefois, cette proposition ne fait pas l'unanimité, loin de là. Les opposants du régime actuel voient dans cette initiative une tentative de consolidation du pouvoir au détriment des équilibres démocratiques. Cheikh Oumar Sy, ancien député et membre de l'opposition, critique ouvertement la démarche du président.
Selon lui, la convocation en session extraordinaire est précipitée et pose des questions sur la transparence et la légitimité du processus.
Ce proche d’Amadou Ba, l'ex-candidat malheureux à la dernière présidentielle, s'interroge également sur le cadre juridique dans lequel cette session extraordinaire se tiendra, évoquant l'absence de modifications nécessaires au règlement intérieur de l'Assemblée nationale. Cette situation soulève des inquiétudes quant à la légitimité du processus législatif en cours et laisse planer un doute sur la conformité de la démarche présidentielle avec les normes constitutionnelles.
Zahra Iyane Thiam, ancienne ministre sous le régime de Macky Sall, ne mâche pas ses mots non plus. Pour elle, la priorité du président et de son Premier ministre ne semble pas être la gestion des urgences socioéconomiques du pays, mais plutôt la consolidation de leur pouvoir politique. Elle dénonce une obsession du régime pour l'élimination des opposants politiques au détriment des véritables priorités nationales telles que la lutte contre l'immigration clandestine ou la gestion des crises économiques.
La convocation d'une session extraordinaire de l'Assemblée nationale pour examiner ce projet de loi a également provoqué des réactions au sein de la majorité parlementaire. Les députés du groupe Benno Bokk Yaakaar (BBY) se trouvent dans une position délicate. D'un côté, voter pour la suppression du HCCT et du Cese pourrait entraîner la perte de nombreux postes et affaiblir leur propre base de pouvoir. De l'autre, refuser ce vote pourrait entraîner la dissolution de l'Assemblée nationale, ouvrant la voie à des élections législatives anticipées. Certains partisans de Pastef sont même allés jusqu’à les railler : ‘’Ils perdent ou ils perdent’’, reprenant ironiquement le slogan de Gbagbo, lors de la présidentielle de 2010 : ‘’On gagne ou on gagne.’’
Cheikh Ibrahima Diallo, analyste politique, décrit cette situation comme un véritable dilemme pour BBY. Selon lui, les élus de cette coalition sont ‘’à la croisée des chemins’’, avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. S'ils votent pour la suppression des institutions, ils risquent de voir partir des centaines de responsables ; s'ils s'y opposent, ils pourraient bien se retrouver sans mandat, avec des élections anticipées à l'horizon.
Des conséquences politiques risquées
Pour les partisans de l’opposition, la dissolution du HCCT et du Cese, si elle est votée, aurait des conséquences profondes sur la structure institutionnelle du Sénégal. Le HCCT, qui joue un rôle consultatif important dans la gestion des collectivités territoriales, et le Cese, qui regroupe les différents corps sociaux et professionnels, sont des piliers de la démocratie participative au Sénégal. Leur suppression pourrait affaiblir la représentation des corps intermédiaires et réduire les espaces de dialogue entre le gouvernement et les différentes composantes de la société civile.
D’aucuns estiment, comme Cheikh Oumar Sy, que le Cese, bien qu'il ait été politiquement dévoyé, pourrait encore jouer un rôle crucial dans la structuration de la souveraineté économique du pays. Il propose, au lieu d'une suppression pure et simple, de réduire le nombre de ses conseillers et de recentrer ses missions pour accompagner le projet économique du président.
D'autres voix comme celle de Malal Talla alias ‘’Fou Malade’’, s'interrogent sur l'avenir des causes spécifiques défendues par ces institutions, notamment celles liées aux cultures urbaines. Le Cese, par exemple, offre une tribune pour plaider ces causes qui pourraient ne plus avoir de cadre institutionnel dédié, si l'institution venait à disparaître.
Dans un contexte marqué par des crises économiques et sécuritaires croissantes au Sénégal, Bougane Guèye, leader du mouvement Gueum Sa Bopp, a exprimé son inquiétude. Il a appelé à des actions plus urgentes et concrètes pour répondre aux défis qui menacent la stabilité du pays. Dans une publication sur les réseaux sociaux, Bougane Guèye a exprimé son soutien aux initiatives de Babacar Mbaye Ngaraf, président du mouvement Les démocrates réformateurs et du député Moussa Diakhaté, qui plaident pour une enquête approfondie sur la gestion des fonds publics. Le leader de Gueum Sa Bopp a également exhorté l'Assemblée nationale à engager une procédure contre le ministre Cheikh T. Dièye, en raison de soupçons de mauvaise gestion.
Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité d'une transparence totale concernant les fonds politiques et a réclamé la déclaration de patrimoine du Premier ministre Ousmane Sonko, estimant que ces mesures sont essentielles pour restaurer la confiance des citoyens et garantir une gouvernance intègre en ces temps de crise.
La décision de supprimer le HCCT et le Cese est perçue par certains comme une opération politique risquée. Elle pourrait, certes, permettre au président Bassirou Diomaye Faye de réaffirmer son autorité et de restructurer les institutions à sa guise, mais elle pourrait aussi provoquer une crise politique majeure, si elle venait à rencontrer une opposition farouche au sein de l'Assemblée nationale.
La convocation en session extraordinaire pour discuter de ce projet de loi place les députés face à un choix difficile : suivre la volonté présidentielle au risque de perdre des soutiens politiques ou s'opposer à cette réforme au péril de leur propre mandat. Quel que soit le choix qui sera fait, les conséquences sur l'équilibre politique du pays seront profondes et durables.
La dissolution du HCCT et du Cese, si elle est adoptée, marquera un tournant dans l'histoire politique du Sénégal. Elle symbolise la volonté du président Diomaye Faye de réformer profondément les institutions du pays, mais elle soulève également des questions sur la manière dont ces réformes sont mises en œuvre.
Le débat est loin d'être clos et les prochains jours seront cruciaux pour déterminer l'avenir de ces deux institutions et, plus largement, pour l'équilibre des pouvoirs au Sénégal.
Alors que le pays s'approche de cette échéance politique majeure, l'attention de tous les acteurs est tournée vers la place Soweto. Le vote à venir pourrait bien redessiner la carte politique du Sénégal et ouvrir un nouveau chapitre dans la gouvernance du pays.
DÉMISSION DE CERTAINS MEMBRES, CAPS/TAXAWU SENEGAAL PREND ACTE
Malgré la démission de vingt-six cadres refusant un rapprochement avec l'ancien régime, CAPS/Taxawu Senegaal reste fidèle à ses convictions. Le mouvement réaffirme son engagement et félicite les membres qui continuent de défendre ses valeurs.
Tout en regrettant le départ de certains membres, la Cellule des cadres (CAPS) de Taxawu Senegaal tient à féliciter chaleureusement tous ceux qui continuent de défendre, avec conviction, les valeurs portées par le mouvement.
En effet, vingt-six cadres et responsables de la plateforme présidée par Khalifa Sall ont annoncé leur départ, invoquant leur refus de s'aligner sur un rapprochement avec l'ancien régime. Ils souhaitent ainsi marquer leur volonté de cohérence politique.
La CAPS/Taxawu Senegaal réaffirme son engagement ferme au sein de Taxawu Senegaal, déterminée à poursuivre son combat pour la démocratie, la liberté, la prospérité et la solidarité. Le mouvement souligne que le militantisme politique est un engagement de conviction, résistant même aux défaites électorales.
Dans un communiqué, la CAPS/Taxawu Senegaal informe que le processus d’évaluation de l'élection présidentielle de mars 2024, mené de manière inclusive avec toutes les instances du mouvement, est désormais achevé. Il précise qu’aucune discussion ni rapprochement avec d’autres partis politiques n’a été envisagé.
Le communiqué rappelle que chaque militant est libre de quitter le mouvement, mais insiste sur la nécessité d'assumer cette décision avec intégrité. La CAPS/Taxawu Senegaal exhorte ses membres à rester mobilisés et à continuer de contribuer activement au sein de Taxawu Senegaal.
COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 28 AOÛT 2024
Le Président de la République a annoncé la dissolution du HCCT et du CESE dans le cadre d'une révision constitutionnelle visant à optimiser les dépenses publiques et améliorer la gouvernance.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 28 août 2024, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République est revenu sur l’organisation de la 130ème édition du Grand Magal de Touba et l’importance stratégique du développement maitrisé des cités religieuses. Il a adressé ses chaleureuses félicitations au Khalif général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou MBACKE et à la communauté mouride.
Le Chef de l’Etat a également félicité le Premier Ministre et les membres du Gouvernement, l’Administration territoriale, l’ensemble des services de l’Etat et des Forces de Défense et de Sécurité pour toutes les mesures prises en vue du bon déroulement de l’évènement malgré les fortes pluies enregistrées durant cette période d’hivernage. Il a indiqué au Premier Ministre la priorité qu’il accorde au développement des cités religieuses du Sénégal, notamment la ville de Touba, deuxième agglomération du pays en termes de population après la capitale nationale, Dakar.
Le Président de la République a rappelé au Gouvernement que Touba devra bénéficier d’un programme spécial d’aménagement et de développement urbain intégrant des volets importants relatifs à l’amélioration des réseaux d’assainissement et des systèmes d’approvisionnement en eau potable.
Par ailleurs, en prélude à la célébration prochaine du Maouloud, il a demandé au Gouvernement de mobiliser les services compétents de l’Etat ainsi que les moyens logistiques adéquats afin d’assurer une bonne organisation des commémorations de la naissance du Prophète Mouhammad (PSL) sur l’étendue du territoire national.
Le Chef de l’Etat a informé le Conseil avoir convoqué l’Assemblée nationale en session extraordinaire sur un projet de loi portant révision de la Constitution. Ce texte propose la dissolution du Haut Conseil des Collectivités territoriales et du Conseil économique, social et environnemental, deux institutions de la République consacrées par l’article 6 de la Constitution. Cette proposition entre dans le cadre du raffermissement des réformes constitutionnelles, l’amélioration continue du processus de prise de décision des pouvoirs publics et la rationalisation systématique des charges de l’Etat, différents piliers de la doctrine de transformation de la gouvernance publique voulue à travers la mise en œuvre accélérée du PROJET.
Evoquant la question du renforcement de la place de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans la dynamique du PROJET, le Président de la République a demandé au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation d’accélérer, sous la supervision du Premier Ministre et en liaison avec tous les acteurs, le processus inclusif de transformation de notre système d’enseignement supérieur et de recherche. Il a signalé la nécessité d’une évaluation prospective des réformes et programmes issus des décisions des concertations nationales sur l’avenir de l’Enseignement supérieur d’août 2013. Il s’agit, à partir de cet exercice d’introspection, de repenser en profondeur la politique nationale d’enseignement supérieur, sur la base des résultats et performances du système éducatif national dans sa globalité.
Le Chef de l’Etat a abordé les questions liées aux enjeux, défis et besoins économiques et sociaux majeurs auxquels fait face notre Nation, ainsi que l’urgence de professionnaliser les formations afin d’adapter notre système d’enseignement supérieur au monde de l’emploi.
Ainsi, a-t-il demandé au Ministre en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche d’engager sans délai avec les ministères et acteurs concernés, l’élaboration consensuelle et consolidée d’une stratégie nationale de développement de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, en intégrant fondamentalement la montée en puissance du Numérique et de l’Intelligence artificielle. Il a souligné la nécessité d’actualiser la loi n° 2015-02 du 06 janvier 2015 relative aux Universités publiques du Sénégal afin d’asseoir une gouvernance universitaire au niveau des standards internationaux.
A cet effet, le Président de la République a demandé au Gouvernement de réfléchir sur un modèle économique pour les universités publiques et pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation en général. Dans cet esprit de transformation, il a souligné l’impératif d’une optimisation des dépenses en veillant à la cohérence de la carte universitaire, avec un accent particulier sur les curricula, les infrastructures, les équipements, les enseignants, les étudiants, les personnels administratif, technique et de service. A cet égard, il a indiqué la nécessité de renforcer les missions et les moyens d’action de l’Autorité nationale d’Assurance Qualité de l’Enseignement supérieur (ANAQ-Sup), entité qui doit mieux superviser les formations et les diplômes délivrés par les établissements d’enseignement supérieur notamment privés.
Dans le même élan, le Chef de l’Etat a insisté sur l’urgence d’un Plan maitrisé de recrutement d’enseignants dans le supérieur en assurant l’amélioration continue du taux d’encadrement des étudiants ainsi que la gestion juste du cas préoccupant des vacataires en service dans les universités et établissements d’enseignement supérieur publics. Enfin, il a demandé au Gouvernement de mieux développer et valoriser la recherche et l’innovation dans les Universités.
Revenant sur le lancement historique réussi du premier satellite du Sénégal
GAINDESAT 1A le 16 août 2024, aux Etats-Unis, le Président de la République a adressé ses vives félicitations au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et à l’ensemble de l’équipe du projet pour le travail exceptionnel accompli et l’engagement collectif exemplaire qui ont permis cette innovation majeure dans la politique spatiale du Sénégal. Il a demandé au Ministre en charge de la Recherche et de l’Innovation de maintenir le cap des investissements pour consolider les performances réalisées dans le développement du spatial, en mobilisant davantage l’Agence sénégalaise d’Etudes spatiales (ASES) et toute l’expertise nationale autour des impacts de ce projet majeur qui intègre notre doctrine endogène d’un Sénégal souverain.
Face à l’accélération inquiétante du phénomène de l’érosion côtière dans plusieurs localités du Sénégal, le Chef de l’Etat a indiqué que malgré les actions menées, elles restent insuffisantes pour accroître durablement la résilience devant les risques et menaces qui s’accentuent. Dès lors, il a invité le Ministre de l’Environnement et de la Transition écologique à présenter en Conseil des ministres et à vulgariser la nouvelle Stratégie nationale de Prévention et de lutte contre l’érosion côtière. Cette stratégie incitative et prospective doit être assortie d’un plan d’action d’urgence global et de plans spécifiques ciblés pour les zones les plus menacées. Il convient, d’ores et déjà, d’envisager dans les zones à risques, le relogement adéquat des populations sinistrées ou fortement exposées.
Abordant son agenda diplomatique, le Président de la République a informé qu’il effectuera une visite d’Etat en République populaire de Chine, les 03 et 04 septembre 2024, en prélude au 4ème sommet du Forum de coopération sino-africain, les 05 et 06 septembre 2024.
Dans sa communication, le Premier Ministre, tout en relevant les efforts continus déployés par le Gouvernement pour la sécurisation des populations, a jugé utile d’assurer le renforcement du dispositif, face aux actes de délinquance constatés au cours des dernières semaines.
Le Premier Ministre a ensuite invité les Ministres et Secrétaires d’Etat à assurer le suivi étroit de l’exécution des plans sectoriels du second semestre 2024 de leurs départements ministériels respectifs, à l’aune des directives présidentielles, des orientations ressorties des rencontres interministérielles ainsi que des préoccupations des populations et des acteurs économiques.
Revenant sur les décisions et mesures ressorties des réunions, comités et Conseils interministériels organisés depuis la mise en place du Gouvernement, le Premier Ministre a engagé les Ministres à rendre compte de leur prise en charge satisfaisante.
Par ailleurs, le Premier Ministre a fait part au Conseil qu’il a procédé à l’installation, respectivement les 16 et 19 août 2024, du Comité de Commémoration du 80ème anniversaire du Massacre de Tirailleurs sénégalais à Thiaroye en 1944 par les troupes coloniales françaises et de la Commission d’examen des contrats conclus dans les domaines stratégiques au cours des dernières années.
Enfin, le Premier Ministre a informé le Conseil de la poursuite de la matérialisation de la directive présidentielle sur la rationalisation des dépenses publiques, par une lettre circulaire portant sur la réglementation de l’usage des consommables informatiques et des appareils électroniques dans les bâtiments administratifs. Cette mesure, combinée à la suppression du budget 2024 de tout programme jugé non essentiel et aux initiatives en cours ou projetées généreront des économies substantielles à réorienter vers des dépenses plus stratégiques. Ces actions portent notamment sur la récupération des biens soustraits du patrimoine bâti de l’Etat et du parc automobile, le déploiement de l’énergie solaire au niveau des édifices administratifs et techniques, le polissage de la masse salariale, la rationalisation des subventions et missions à l’étranger des agents de l’Etat, la dissolution d’institutions non essentielles et le projet de mise en place d’un dispositif de centralisation des achats de matériels et mobiliers de l’Administration.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
* Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement a fait la situation hebdomadaire de la gestion des inondations.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES,
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
* Monsieur Sékou Oumar SAGNA, Administrateur civil, matricule de solde n°642 560/I, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, en remplacement de Monsieur Ousmane Diégue Diame FAYE, appelé à d’autres fonctions.
* Monsieur André Almamy Fodé Fossar SOUANE, Commissaire aux enquêtes économiques principal, matricule de solde n°610 931/B, est nommé Inspecteur des Affaires administratives et financières au Ministère de l’Industrie et du Commerce.