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25 novembre 2024
Politique
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LA MEILLEURE PLACE POUR SONKO C’ÉTAIT LA PRÉSIDENCE, SELON ALIOUNE TINE
Pour le fondateur d'Afrikajom Center, le chef du gouvernement "a intérêt à ce qu’il gouverne dans un contexte pacifié, où il y a un débat de fond", parce qu’aujourd’hui il n’y en a pas.
Aujourd’hui, Bassirou Diomaye Diakhar Faye est le président de la République. Mais, c’est bien Ousmane Sonko qui gouverne. C’est l’avis d'Alioune Tine qui a relevé certaines insatisfactions.
«Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, Sonko gouverne». Invité du Grand Jury de la Rfm, le président d'Afrikajom center a, cependant, tenu à conseiller l’actuel Premier ministre sur la question.
Pour lui, le chef du gouvernement « a intérêt à ce qu’il gouverne dans un contexte pacifié, où il y a un débat de fond, parce qu’aujourd’hui il n’y a pas de débat de fond.» Il a d'ailleurs encouragé Ousmane Sonko qui s’est dit prêt à débattre avec son opposition.
Mais, ce qui pose problème pour lui, c’est inaccessibilité du chef du gouvernement. «Il gouverne le Sénégal et en même temps il est chef de parti. Beaucoup demandent, personne ne le voit (…)Il faut que Sonko sorte de cette contradiction. C’est extrêmement important», conseille-t-il.
Pour M. Tine, Sonko aurait été mieux dans un autre poste. «Moi je voyais bien Sonko à la présidence. C’aurait été bien, parce que c’aurait été très clair. Directeur de cabinet du président de la République, qu’il cogère. Il n’y aurait pas eu cette espèce de confusion des rôles. La meilleure place pour Sonko c’était la Présidence», dit-il.
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MANIFESTANT ET OPPOSANT, MÊME DESTIN RÉPRESSIF?
On ne peut pas prétendre être en démocratie et que le citoyen soit traqué, matraqué, gazé et emprisonné pour avoir manifesté son insatisfaction. Que le pouvoir Diomaye et Sonko qui y ont été victime change cela en mettant en application le Pacte.
Avec la mise en œuvre du Pacte national de bonne gouvernance démocratique, la voix du citoyen devrait être davantage entendue à travers des moyens comme une pétition dans laquelle, il exprime son opinion aux gouvernants ou d'autres canaux, indépendamment des rendez-vous électoraux formels, estime Mamadou Mignane Diouf, le coordonnateur du Forum social au Sénégal.
L'exécutif, selon Mignane Diouf, ne devrait en aucun cas assimiler des manifestations d’insatisfaction des citoyens à l'expression d'opposant comme ce fut le cas dans un passé récent avec le régime de Macky Sall, qui fit arrêter et emprisonner à tour de bras des citoyens dans l'exercice de leur droit constitutionnel, sans compter ses opposants, aujourd’hui aux commandes du pays.
Le Pacte de bonne gouvernance bannit de tels écarts qui sont indignes d’une démocratie. Il met au contraire le citoyen au cœur du jeu démocratique.
Alors que sous d’autres cieux, l’opposant à toute la respectabilité qui sied à son statut, en Afrique, c’est toujours un homme ou une femme à abattre aux yeux des tenants du pouvoir.
Et cela ne concerne pas seulement des pays autoritaires du continent, mais c'est aussi une réalité dans des pays plus ou moins « démocratiques» ou qui ont en tout cas une certaine expérience.
En effet, le sort de l’opposant, surtout quand il est influent et défiant vis-à-vis du pouvoir, c’est la traque, la matraque, la répression, du gaz lacrymogène et en définitive, c’est la cellule. Très malheureusement, même quand le citoyen sur la base de constat d’insatisfaction manifeste son droit en s'exprimant ou en marchant, c’est le sort réservé à l’opposant qu’on lui oppose parce qu’il est vite assimilé tout simplement à un opposant.
Au Sénégal, avec le pacte national de bonne gouvernance, cette tare démocratique devrait disparaître. Reste à savoir si les actuels tenants du pouvoir qui ont été victimes de telles violations de leurs droits de la part du défunt régime vont s’engager pour que plus jamais d’autres après eux ne subissent le même destin.
Pour sûr, ils n’ont pas besoin de réfléchir plus que cela. Le travail a été déjà fait gratuitement pour eux par les acteurs de la société civile. Ils n’ont juste qu’à adopter et à mettre en application cet outil qu’est le Pacte national de bonne gouvernance démocratique.
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GOUVERNER PLUS ET MIEUX SOUS LE CONTROLE DU CITOYEN
Engagement politique, citoyen et moral, avec le Pacte, le citoyen doit être plus actif et ne pas subir les turpitudes et les desideratas des politiques. Il doit prendre conscience de ce qu’il est lui-même un pouvoir qui doit pouvoir arrêter le pouvoir
Membre de la société civile sénégalaise et partie prenante du mouvement altermondialiste, Mamadou Mignane Diouf est le coordonnateur du Forum social sénégalais. Son association travaille sur les questions de gouvernance, de citoyenneté, des droits humains ... Mignane Diouf a participé aux différentes étapes de l'élaboration du Pacte national de bonne gouvernance démocratique.
Dans cette entrevue, M. Diouf nous parle de cet outil de gouvernance que les nouvelles autorités avaient pris l'engagement de mettre en application. Le Pacte devrait s'il est mis en oeuvre améliorer la gouvernance, approfondir la démocartie et renforcer la citoyenneté au Sénégal même si à l'échelle de la planète la gouvernance pose question et invite à l'introspection. Le Sénégal bel et bien se démarquer gâce au Pacte.
Le monde moderne malgré ses avancées technologiques sur tous les plans, demeure un monde mal gouvernée, injuste, violent à tout point de vue. Les inégalités sociales persistent, les conflits et les guerres éclatent par endroits sur la planète, la faim, et même la soif sévissent dans certains endroits du globe. Certains de ces maux dont souffrent la planète auraient dû être évités si la justice sociale, la bonne gouvernance et le respect du citoyen étaient érigés en règle. Mais tel n’est pas le cas. Il est temps de poser les actes afin de solutionner ces problèmes.
Au Sénégal, des citoyens ont pris l’initiative de trouver une solution au mode de gouvernance inefficace, solitaire et exclusif qui depuis les indépendances, écarte le citoyen. C’est tout comme si on pouvait faire démocratie sans citoyens alors même que c’est ce même citoyen qui élit périodiquement les dirigeants. Mais force est de constater que les dirigeants ne se font pas le devoir de lui rendre compte de leur gestion.
Prenant conscience de cette situation et sur la base des conclusions des Assises nationales et du Rapport de la Commission nationale de la réforme des institutions (CNRI), il a été élaboré le pacte national de bonne gouvernance démocratique appelé le Pacte national de bonne gouvernance démocratique.
La finalité ? Renforcer la démocratie, l’Etat de droit, proportionner les super pouvoir du président de la République en faveur du citoyen et d’autres institution comme l’Assemblée nationale.
Cet outil de gouvernance est un engagement politique, moral, citoyen visant à changer le mode gouvernance solitaire et exclusif des gouvernants. Le pacte promeut une gouvernance fondée sur la participation et la reddition des comptes, la distribution équitable des ressources, la méritocratie.
Nioxor Tine
LES FOSSOYEURS
Malgré quelques signaux encourageants, les citoyens ont l’impression que les vainqueurs de la présidentielle de mars 2024 feraient plus et mieux. Certaines décisions censées acter la mort du parti-Etat traduisent une certaine naïveté politique
Après la cuisante défaite de la coalition Benno Bokk Yakaar et l’éclatante victoire de la coalition Diomaye Président, le peuple sénégalais reste sur sa faim. Certes, il comprend que le Pastef et ses alliés ne puissent pas faire de miracles, surtout au vu de la désastreuse situation économique dont ils ont hérité. Mais malgré quelques signaux encourageants qu’ils ont eu à lancer, les citoyens sénégalais ont l’impression que les vainqueurs de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 feraient plus et mieux, en faisant confiance aux couches populaires et en les responsabilisant davantage.
Bonne foi et candeur des nouvelles autorités
Les actes les plus significatifs, à mon sens, sont la lutte contre la prédation foncière, surtout celle du domaine privé maritime, la publication des rapports des organes de contrôle (Cour des comptes, OFNAC…) et le lancement d’audits dans certaines sociétés ou établissements publics. On peut également citer un effort de réduction du train de vie de l’Etat, par la rationalisation de la taille du gouvernement, la publication de la liste des navires pêchant dans les eaux sous juridiction sénégalaise, des mesures symboliques de baisse des prix des denrées de première nécessité…
Il y a aussi des mesures fortes tendant à inverser la dynamique outrancièrement pro-occidentale (et pro-impérialiste) des précédents régimes ayant présidé aux destinées de notre Nation, même si certains panafricanistes radicaux les trouvent encore insuffisantes.
Néanmoins, certaines autres décisions censées acter la mort du parti-Etat comme la démission du président Diomaye de son poste de secrétaire général du Pastef, l’interdiction de cumul de mandats, le fait de confier des ministères de souveraineté à des personnalités non membres de la mouvance Pastef, uniquement choisies en tenant compte de leurs profils et expériences traduisent une certaine naïveté politique. C’est cette même candeur, qui explique ces fameuses « Assises de la Justice », tenues sous la férule d’une magistrature, dont le moins qu’on puisse dire, est qu’elle n’a pas opposé une résistance farouche –sauf l’invalidation du putsch électoral du 3 février 2024 - aux dérives liberticides et autres procès truqués de nos gouvernants, ces dernières années.
Cette innocence nous change, bien sûr, du cynisme froid et calculateur auxquels nous avaient habitué les hommes politiques (socialistes et libéraux) de notre pays, qui explique la déliquescence de nos mœurs politiques, observée ces dernières décennies, accentuée après la dictature senghorienne, qui ne misait, elle, que sur la force brutale.
Dans le même ordre d’idées, les cris d’orfraie de certains néo-opposants en mal de repères, prétendument soucieux du respect scrupuleux de dispositions légales obsolètes et ayant prouvé leur inefficacité pour sauvegarder l’Etat de droit, depuis plusieurs décennies, ne font qu’ajouter à la confusion ambiante.
Il appartient aux nouvelles autorités, qui ont clamé haut et fort leur volonté de détruire le système néocolonial en vigueur et que les précédentes alternances ont préservé, de trancher dans le vif, c’est-à-dire de mettre en œuvre les gros moyens pour un changement véritable et irréversible.
Alternance ou alternative ? Réforme ou révolution ?
C’est connu ! Au cours de toutes les révolutions, il y a toujours eu des fossoyeurs ou des restaurateurs, nostalgiques de l’ordre ancien.
Dans le passé, au cours des révolutions, française de 1789 ou russe de 1917 et de plusieurs autres, on est allé jusqu’à les appeler « ennemis du peuple » et à les brimer, avec des excès regrettables. Pensons aux exécutions de figures révolutionnaires comme Danton en France et Béria en URSS, à tel point que c’est devenu classique de dire qu’une révolution dévore presque toujours ses enfants !
Par ailleurs, une des raisons à l’effondrement du camp socialiste, après la chute du mur de Berlin, a été l’hypertrophie incompréhensible, pour des Républiques censées être l’émanation de la volonté populaire, des services de police, en charge de la sécurité intérieure, ayant perdu tout sens du discernement et comme atteints de paranoïa d’Etat.
Une des leçons à en tirer est précisément ce devoir impérieux pour tout régime se réclamant des principes de transformation sociale au profit des couches populaires, de se donner les moyens politiques de sa noble ambition et de mettre en œuvre des mécanismes de démocratie participative, de mobilisation populaire et de co-construction citoyenne.
Cela impose de ne pas privilégier les procédés coercitifs injustifiés dans la gestion des affaires de la cité, même s’il est vrai que tout Etat est au service de classes ou couches sociales déterminées, qu’elles en soient conscientes ou non. En l’occurrence, la tâche de l’heure est d’évincer cette caste bureaucratique des arcanes de l’appareil d’Etat.
Une bourgeoisie bureaucratique à neutraliser
Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance formelle, c’est la bourgeoisie bureaucratique, qui est aux affaires. Seydou Cissokho, dirigeant historique du PIT et membre fondateur du PAI-Sénégal disait d’elle, que tant qu’elle « sera au pouvoir, le développement de notre pays ne serait pas garanti ».
Force est de constater que cette bourgeoisie parasitaire, fondé de pouvoir de l’ancienne puissance coloniale, a surtout aidé la bourgeoisie française à perpétuer sa domination économique sur notre pays, en s’adaptant aux réalités du terrain et aux aléas de la géopolitique mondiale.
C’est ainsi qu’après le monopartisme en vigueur durant les toutes premières années de notre indépendance formelle, il a fallu s’exercer au multipartisme de façade et aux cirques électoraux, qui débouchaient le plus souvent, sur des alternances factices, ne mettant jamais en cause le funeste ordre néocolonial. Hormis la tentative avortée du président Mamadou DIA d’échapper aux serres de la pieuvre impérialiste, notre pays a vécu, jusqu’au 24 mars dernier, dans ce carcan néocolonial et les fruits de nos deux premières alternances n’ont pas tenu la promesse des fleurs exposées par les politiciens libéraux puis néolibéraux.
La principale raison pour cet état de fait est que la bourgeoisie bureaucratique a su s’adapter et se redéployer au niveau des nouveaux appareils politiques issus des alternances de 2000 et 2012, pour perpétuer la même vieille politique de clientélisme et de prédation.
Une fois, l’euphorie de la victoire électorale passée, il importe de réaliser que les nouvelles forces politiques ayant accédé au pouvoir présentent des caractéristiques sociologiques très similaires à celles qu’elles viennent de remplacer, même si elles ne partagent pas les mêmes convictions politiques.
Il est donc indispensable, qu’au-delà des quelques mesures symboliques et effets d’annonce laissant augurer de nouvelles pratiques politiques vertueuses, on pose de véritables actes de rupture, dont le premier serait de refonder, de fond en comble, par une nouvelle Constitution, cet Etat néocolonial failli.
Dans cet exercice, l’héritage réactualisé des Assises nationales sera d’un apport précieux.
L'islam confrérique sénégalais, loin de s'effacer, se réinvente face aux défis du 21e siècle. Entre tradition séculaire et modernité assumée, c'est tout un pays qui cherche un nouvel équilibre
(SenePlus) - Dans les rues bondées de Touba, la ferveur du Grand Magal bat son plein. Chaque année, cette célébration transforme la ville sainte des mourides en épicentre spirituel du Sénégal. Mais au-delà de la dévotion religieuse, cet événement révèle les changements profonds qui s'opèrent dans les relations entre l'État sénégalais et l'islam confrérique.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, Cheikh Gueye, expert reconnu et auteur d'une thèse sur Touba, offre un éclairage précieux sur ces mutations. Secrétaire général du Cadre unitaire de l'islam, il observe de près les évolutions en cours et livre une analyse nuancée de la situation.
Contrairement à de nombreux pays africains où l'islam réformiste gagne le terrain, le Sénégal voit ses confréries maintenir leur influence. Cheikh Gueye explique ce phénomène par leur capacité d'adaptation remarquable : "Ce sont les confréries qui ont répandu l'islam dans le pays au XVIIe siècle. Elles sont historiquement les premiers acteurs islamiques du pays." Il ajoute : "Elles sont nées dans le monde rural et ont longtemps été actives dans la culture d'arachide. Mais elles ont su s'adapter en accompagnant l'urbanisation."
Cette adaptabilité s'est manifestée à travers une diversification des activités économiques et une présence accumulée dans les centres urbains. "Dès les années 1950, elles s'installent dans les villes moyennes, se lancent dans le commerce, les transports… avant de mettre un pied à Dakar, et dans des secteurs économiques comme l'import-export", précise l'expert.
Plus remarquable encore, les confréries ont su embrasser la révolution numérique. "Aujourd'hui, des acteurs confrériques s'essaient à l'économie numérique. En matière de prosélytisme, les confréries ont vite pris le virage du son et de l'image, puis d'Internet et des réseaux sociaux", souligne Cheikh Gueye. Cette agilité contraste avec d'autres pays où ces domaines ont été laissés au discours réformiste ou salafiste.
Le Grand Magal, qui commémore la déportation de Cheikh Ahmadou Bamba par les autorités coloniales françaises en 1895, prend une dimension nouvelle à l'heure où le débat sur le passé colonial s'intensifie. Cheikh Gueye observe : "Aujourd'hui, des intellectuels de gauche ou des étudiants panafricains considèrent Cheikh Ahmadou Bamba comme une figure de résistance à la colonisation."
Cette relecture de l'histoire témoigne d'un rapprochement inédit entre les sphères laïques et religieuses. "Cela dit quelque chose de ce mouvement de fond où les univers laïques et religieux sénégalais se rencontrent plus que par le passé", analyse-t-il.
L'arrivée au pouvoir d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye a marqué un tournant dans les relations entre l'État et les confréries. Malgré les accusations de « salafisme » portées contre Sonko par ses adversaires, le nouveau gouvernement s'est empressé de tisser des liens avec les autorités religieuses.
"À peine arrivés aux affaires, M. Sonko et ses camarades ont tout fait pour faire mentir l'idée d'un froid entre eux et les tariqa", note Cheikh Gueye. "Ils se sont pliés aux traditions du pouvoir sénégalais qui reposent aussi sur des échanges de bons procédés entre le politique et le spirituel."
L'expert évoque notamment le projet de création d'un ministère du Culte, porté par Sonko : "Il veut une formalisation et une institutionnalisation des relations entre l'État et les marabouts." L'objectif affiché est de rompre avec le clientélisme et le manque de transparence qui ont longtemps caractérisé ces rapports.
La modernisation de l'État sénégalais pose de nouveaux défis aux confréries. Les réformes fiscales et foncières envisagées par le nouveau gouvernement pourraient impacter les acteurs économiques liés aux confréries. Cheikh Gueye souligne : "Il y a un défi : assurer que les travailleurs actifs dans le secteur informel ou les entrepreneurs liés à des confréries acceptent de payer les impôts 'classiques', autant qu'ils soient prêts à financer les organisations religieuses."
La ville de Touba illustre ces mêmes mutations. L'abandon récent de la police des mœurs par le khalife des mourides témoigne d'une prise de conscience des limites du modèle traditionnel face à l'explosion démographique. "La police des mœurs de Touba, chargée de faire respecter l'interdiction de boire par exemple, ne suffisait plus. Les marabouts l'ont reconnu d'eux-mêmes. Ils veulent voir déployer des services de l'État", indique l'expert.
Cette évolution s'accompagne d'une modernisation de la ville. "Touba dispose depuis deux ans d'une université, islamique certes, mais tout à fait moderne, qui collabore avec des pays européens, propose des cursus en langues ou en agronomie", explique Cheikh Gueye. "La cité tâche de conserver son rôle de ville sainte tout en perdant son caractère presque 'extraterritorial'."
Ces changements structurels de l'islam sénégalais se manifestent jusque dans l'éducation. Cheikh Gueye souligne le succès croissant des écoles hybrides : « C'est le succès, dans les quartiers modernes de Dakar comme à Touba, de nouvelles écoles élémentaires hybrides qui proposent aux enfants de suivre à la fois l'enseignement 'en français', classique , et l'enseignement dit 'arabisant' et islamique."
Cependant, l'intervenant rappelle qu'une partie importante de la société sénégalaise ne vit pas à l'heure des prescriptions islamiques. Il plaide donc pour un débat ouvert : "Le Sénégal est un pays de compromis, notamment entre l'islam et d'autres affluents idéologiques, religieux et culturels. Le débat entre la société civile, la puissance publique, les intellectuels laïques et islamiques est seul à même de satisfaire toutes les parties.
Comme le résumé Cheikh Gueye : "Entre la laïcité mimée sur la France à l'indépendance et le pouvoir des religieux, il y a un éventail de possibles." L'avenir dira quelle voie le Sénégal choisira d'emprunter.
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AMATH DANSOKHO, UNE VIE À GAUCHE
Retour sur la trajectoire de cette figure marquante de la politique sénégalaise et africaine morte en 2019, à travers de nombreux témoignages d'ex-camarades de lutte et autres collaborateurs
Retour sur la trajectoire de cette figure marquante de la politique sénégalaise et africaine morte en 2019, à travers de nombreux témoignages d'ex-camarades de lutte et autres collaborateurs. Cette vidéo commémorative a été diffusée le 30 janvier 2020 au siège du PCF.
MOUSTAPHA NDJEKK SARRÉ TRANCHE LA CONTROVERSE ENTRE CHEIKH TIDIANE DIEYE ET CHEIKH DIENG
Selon le porte-parole du gouvernement, c’est aux autorités de juger. "Je ne vois pas pourquoi on doit installer une polémique dans cette affaire. Cheikh Tidiane Dieye n’a pas à répondre à ces accusations-là. Ses services l’ont fait", dit-il.
La guéguerre entre le ministre Cheikh Tidiane Dieye et Dr Cheikh Dieng fait toujours débat. Porte-parole du Gouvernement, Moustapha Ndjekk Sarré, s’est, lui aussi, exprimé sur la question.
«Il n’y a pas lieu d’installer une quelconque polémique dans cette histoire-là». C'est ce que pense Moustapha Njekk Sarré. Le porte-parole du gouvernement, au micro de la Rfm, a déclaré que le Dr Cheikh Dieng a usé de son droit d’explication et l’Onas aussi, à travers ses responsables, a répondu.
«Maintenant c’est aux autorités de juger. Je ne vois pas pourquoi on doit installer une polémique dans cette affaire», estime-t-il. Mais, pourquoi le ministre de l’Hydraulique, qui a été accusé par le Dg sortant de l’Onas, ne s’est pas expliqué lui-même , demandent certains? «Cheikh Tidiane Dieye n’a pas à répondre à ces accusations-là. Ses services l’ont fait. Il est tout à fait normal qu’il reste en dehors de ces polémiques-là», argumente le porte-parole du gouvernement.
À ceux qui demandent la démission du ministre de l’hydraulique du fait de son implication dans cette affaire, il leur répond ceci : «Pourquoi voulez-vous que Monsieur Dieye soit impliqué dans ce scandale. Non il n’est pas impliqué dans un scandale. Celui qui a été limogé pour avoir un comportement que les autorités ont jugé anormal, c’est à lui qu’il faut poser cette question.»
TOUBA, CAPITALE D'UN JOUR DU SÉNÉGAL
Malgré les intempéries, les pèlerins affluent nombreux pour prier et se recueillir. Cette 130ème édition s'annonce encore riche en émotions et en enseignements sous le thème de l'éducation
Des dizaines de milliers de fidèles convergent depuis vendredi tôt le matin vers la grande mosquée de Touba pour prier et se recueillir à l’occasion de la célébration la 130e édition du grand Magal, en souvenir du départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes du Sénégal.
L’évènement religieux se tient cette année encore en plein hivernage, ce qui a rendu difficiles les déplacements dans la cité religieuse en proie à des inondations en dépit de l’important dispositif de pompage des eaux mis en place par les autorités.
La Police a déployé 4 331 agents et 144 véhicules pour assurer la sécurité des personnes.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a mis en place un ”important dispositif” de surveillance épidémiologique de la variole du singe, assure le directeur régional de la santé de Diourbel.
Conformément à la tradition, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars 2024, était à Touba, lundi, pour sa visite de courtoisie au Khalife général des mourides. Le chef de l’État s’est entretenu avec le guide religieux Serigne Mountakha Bassirou Mbacké.
Bassirou Diomaye Faye lui a réitéré sa volonté de régler les problèmes liés à l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement à Touba.
‘’Mon premier projet pour les cinq ans à venir sera de régler les problèmes liés à l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement de la cité religieuse de Touba”, a-t-il déclaré.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a lui aussi rendu, mardi, une visite de courtoisie auprès du Khalife général.
Les conférences et plateaux inscrits au menu de la 130ème édition du grand Magal de Touba portent sur le thème général ‘’L’éducation à l’ère de la mondialisation”, a indiqué le président de la Commission culture et communication du comité d’organisation, Cheikh Abdou Lahat Mbacké Gaïndé Fatma.
”Le Magal n’a jamais de thème. Mais chaque année, il y en a un qui est choisi pour les conférences et plateaux où on peut impacter sur le vécu des fidèles. Et pour cette année, c’est +l’éducation à l’ère de la mondialisation+, qui est retenu comme thème ”, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec des journalistes de l’APS en déplacement à Touba en perspective de l’évènement religieux.
Ce thème sera développé lors des différents plateaux et conférences organisés le jour-J par d’éminents savants et cheikhs soufis du Sénégal et de la quinzaine de pays invités, a précisé Cheikh Abdou Lahat Mbacké Gaïndé Fatma.
‘’On recevra 15 nationalités à Touba, cette année, pour le Magal […] et à peu près une quarantaine de personnalités”, a dit Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Gaïndé Fatma.
Une quinzaine de pays dont l’Égypte, le Maroc, l’Algérie, le Burkina Faso, le Nigéria, le Ghana, la Guinée-Bissau, les Etats-Unis, la France, les Émirats arabes unis seront présents avec des délégations composées pratiquement que de ‘’soufis’’, un critère important pour le comité d’organisation.
De plus, ‘’une centaine de délégations religieuses avec plus de 400 personnalités vont assister au Magal’’, a-t-il indiqué.
‘’Beaucoup sont des universitaires, des personnes qui ont une certaine crédibilité, qui sont bien connues dans leur pays’’ et au retour elles ‘’vont faire un peu la promotion de l’islam tel qu’il est vécu au Sénégal’’, a-t-il avancé.
Selon lui, de nombreux pays arabes notamment ne connaissent pas l’islam confrérique tel que pratiqué au Sénégal.
Le Grand Magal de Touba, organisé sous sa forme actuelle depuis 1928, est un évènement religieux annuel commémorant le départ en exil au Gabon (1895-1902) de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes du Sénégal.
Né vers 1854, Cheikh Ahmadou Bamba s’est attribué le titre de Khadimou Rassoul, “serviteur du prophète”.
Il est le fils de Mouhamad Ibn Abiballah, plus connu sous le nom de Mor Anta Saly, un serviteur de l’aristocratie princière, juriste-conseiller, un imam très respecté des musulmans et des rois. La mère de Bamba, Mame Diarra Bousso, surnommée “Diarratoullahi” ou “proche d’Allah”, était reconnue pour sa piété.
Ahmadou Bamba qui préféra rester loin des palais dira : “si mon défaut est la renonciation aux vanités des princes, c’est là un précieux vice qui ne me déshonore point”.
Il assimila le Coran et certaines sciences religieuses telles que la théologie, la prière et le droit musulman etc. Jusqu’en 1882, Ahmadou Bamba s’occupa de l’enseignement de son père tout en écrivant des ouvrages dans le domaine de la jurisprudence, de la théologie et le perfectionnement.
Après la mort de son père, Ahmadou Bamba devient un guide et fonda la voie mouride dans un contexte de domination coloniale française. Ce qui était d’ailleurs vu d’un très mauvais œil par l’administration coloniale.
Le colon français, craignant que les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, résistant anti-colonial, ne suscitent un soulèvement populaire, décide de l’exiler au Gabon entre 1895 et 1902.
‘’Le motif de mon départ en exil est la volonté que Dieu a eue d’élever mon rang jusqu’auprès de Lui, de faire de moi l’intercesseur des miens et le serviteur du Prophète Mohamed (PSL)’’, avait, selon la tradition, indiqué Cheikh Ahmadou Bamba.
Khadimou Rassoul (serviteur du prophète Mohamed) est resté sept ans au Gabon, sur l’île inhospitalière de Mayombé, bravant toute sorte de dangers.
Il y a supporté plusieurs brimades de la part du colonisateur français engagé dans une croisade contre l’islam au Sénégal. Des années de surveillance, de privation, de solitude et de persécutions, relatent des historiens.
Ahmadou Bamba est mort en 1927 à Diourbel. Mais son héritage est perpétué par ses fils : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927-1945), El Hadj Falilou Mbacké (1945-1968), Serigne Abdoul Lahat Mbacké (1968-1989), Serigne Abdou Khadr Mbacké (1989-1990), Serigne Saliou Mbacké (1990-2007).
La disparition en 2007 de Serigne Saliou Mbacké a ouvert l’accession des petits-fils au khalifat : Serigne Mouhamadou Bara Mbacké (2007-2010), Serigne Sidy Moctar Mbacké (2010-2018) et Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, qui est le Khalife général des mourides depuis 2018.
Le Magal, terme wolof voulant dire rendre hommage, célébrer, magnifier, est commémoré en souvenir de cet exil qui marque le début d’une somme d’épreuves supportées en conscience par le Cheikh, suivant un pacte contracté avec son créateur.
Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins prennent d’assaut la ville de Touba pour se recueillir et prier à l’occasion du Magal, qui est également un moment de convivialité et d’hospitalité à travers les ‘’berndé’’, ces copieux repas servis aux pèlerins.
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FADEL BARRO SONNE LE TOCSIN POUR DIOMAYE FAYE
"Un début poussif", voilà comment l'ancien coordonnateur de "Y'en a marre" qualifie les premiers mois de la présidence de Diomaye. Il déplore la lenteur des réformes promises et s'inquiète de voir ressurgir les fantômes du népotisme
Dans une interview accordée à TV5 Monde, Fadel Barro, figure emblématique du mouvement citoyen "Y'en a marre", dresse un bilan sans concession des premiers mois du président Bassirou Diomaye Faye. L'ancien coordonnateur, aujourd'hui à la tête de l'organisation "Jammi Gox Yi", ne mâche pas ses mots.
"Un début poussif", c'est ainsi que Barro qualifie les actions du nouveau gouvernement. Il pointe du doigt des promesses non tenues, notamment en matière d'indépendance de la justice et de lutte contre l'impunité. Le militant s'inquiète particulièrement de la persistance du népotisme dans les nominations aux postes clés, une pratique qu'il assimile à celle du régime précédent.
Barro fustige également l'amnistie votée pour les événements ayant conduit à la mort de nombreux jeunes manifestants, et voyant un "complot sur le dos du peuple". Il appelle les Sénégalais à maintenir la pression sur leurs dirigeants, estimant que le changement ne peut venir que d'une exigence citoyenne.
L'activiste reste néanmoins prudent, reconnaissant qu'il est encore tôt pour un jugement définitif. Il lance un appel au président Faye et à son Premier ministre, Ousmane Sonko, les exhortant à intégrer le changement dans leurs pratiques quotidiennes.
POURQUOI CENT JOURNÉES SANS PRESSE RISQUENT DE NE POINT PESER
EXCLUSIF SENEPLUS - Chers patrons de la presse, "gagner le cœur du public" reste plutôt la solution, la seule voie. C'est en ce moment-là d'ailleurs et seulement en ce moment que votre absence ou disparition lui ferait de la peine
Je crois qu'il est bon de préciser avant tout que je ne suis d'aucun parti. Cette réflexion reste juste l'opinion d'un professionnel qui évolue dans les secteurs du cinéma et de l'audiovisuel depuis plus d'une vingtaine d'années maintenant.
En évaluant la "journée sans presse" du mardi 13 août 2024, le patronat de la presse au Sénégal s'est beaucoup glorifié du fait que le mot d'ordre a été largement suivi. Soit ! Mais, il serait tout aussi intéressant, pertinent, de ne pas occulter l'impact de cette initiative chez les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ou internautes ? Ces derniers l'ont-ils vraiment ressentie ? Ont-ils applaudi ou accompagné significativement ce mouvement ? Des questions, à mon avis, qui méritent d'être posées pour mieux apprécier la réussite ou le succès de cette journée ?
Sans risque de me tromper et en attendant de voir un document scientifique me prouvant le contraire, je considère que les conséquences de cette initiative chez les populations demeurent très négligeables. Ce qui démontre et prouve à suffisance qu'il y a énormément de travail à faire encore. J'ai même envie de dire à ces patrons ou à la presse en général, que le véritable combat, en réalité celui qui mérite d'être gagné se situe ailleurs. Et le gagner vous affranchira éventuellement de vos déboires fiscaux et de toute dépendance financière.
Nous le savons et ne cesserons de le soutenir: ce qui est attendu d'abord et fondamentalement des médias, c'est essentiellement du (des) contenu(s) répondant aux besoins ou aspirations des populations et suivant la marche par essence dynamique de la société.
Or que remarque-t-on aujourd'hui dans nos presses écrite, parlée, télévisuelle et digitale ? C'est regrettable de le dire, mais le vide est total. On note une absence effarante de créativité, un manque sérieux d'imagination, d'inspiration. Survolons très brièvement ce qui se fait actuellement secteur par secteur :
- Au niveau des radios (aussi bien thématiques que généralistes), non seulement les soi-disant grilles sont identiques mais les programmes constitués de diffusion de musiques, d'infos, de pub et de communiqués restent les mêmes et passent généralement les mêmes jours aux mêmes heures.
- Idem au niveau des chaînes de TV où les programmes sont extrêmement dominés par du flux. Les contenus de stock sont quasi inexistants. Du matin au soir désormais les gens sont là autour d'une table ou dans un salon en train de palabrer comme à la radio. Soyons d'accord au moins sur ce plan, le propre de la télé est plus de proposer à voir, à découvrir. Ceci est d'autant plus vrai que quand on assiste aujourd'hui au développement de ce que certains nomment "radio vision" (émissions radio filmées dans des studios équipés de caméras), réinventer sa manière de faire de la télévision s'impose.
- Ces observations restent valables pour le secteur de la presse écrite. Parcourons les journaux chaque jour que Dieu fait. A quelques exceptions près, ils sont tous dans le même registre : "actualités et faits divers"! Tous parlent presque de la même manière, de la même chose qui tourne généralement et ..... malheureusement autour de la matière politique.
- Au niveau du Digital qui se développe de plus en plus, les concepts y perdent tout leur sens. On y voit du tout et du n'importe quoi. Certains par exemple, parce qu'ils manipulent de la vidéo, considèrent qu'ils font aussi de la télé en disant "WebTv" qui n'est en réalité que de "grand-places" filmées ou du "Waax sa xalat". Là je n'ai pas besoin de m'arrêter sur les aspects technico-artistiques, les profils des présentateurs ou pseudo chroniqueurs qui pullulent et sortent d'on ne sait où ?
Tout ceci m'amène à insister encore une fois sur le fait que le challenge, chers patrons de presse, va au-delà d'une simple imposition, réduite ou effacée, que vous continuerez de payer quel que soit alpha à toute époque. Il s'agit d'ores et déjà de se départir de cette fausse idée qui est de considérer que ce que vous faites du matin et soir, constitue une demande du public. "Li la sénégalais yi beug" entend-on en général.
Du respect quand même ! les Sénégalais, comme ils le sont du reste avec les politiques, ont une bonne longueur d'avance sur leur presse en général. Et là pour s'en rendre davantage compte, suffit juste d'analyser dans le champs audiovisuel comment Canal+ est entré dans les cœurs ou habitudes des populations, comment les choix des IPTV à Dakar ou des antennes paraboles dans les villages les plus lointains du pays se développent maintenant voire comment les ciels de nos quartiers sont couverts de "toiles d'araignée" avec les fils des câblodistributeurs (informels). En voilà des matières qui renseignent sur l'énormité du gap, ou plutôt du chantier.
Le constat est partagé. On note dans tous les secteurs de la presse aujourd'hui, peu ou pas de contenus portant sur l'Économie, la Culture (qu'elle résume à la musique), la Santé, la Technologie (qui est devenue partie intégrante de nos vies), l'environnement, la Société, l'Éducation......qui connaissent des mutations impressionnantes au Sénégal et dans le monde. Vu sous cet angle, on se rend compte qu'aujourd'hui donc, cette presse qui pourrait effectuer une "journée sans presse" très réussie serait celle-là justement qui se détachera du lot, celle-là qui prendrait le soin d'accompagner les populations, de marcher avec elles, les écouter, les comprendre en vue de mieux traduire ses préoccupations (qui ne se limitent naturellement pas qu'à la politique). D'ailleurs, pourquoi doit-on faire de la presse et ignorer tous ces secteurs névralgiques qui rythment la vie des citoyens, les domaines dans lesquels évoluent même la majorité de la population ?
Chers patrons de la presse, "gagner le cœur du public" reste plutôt la solution, la seule voie ! Celle qui pourrait d'ailleurs vous faire gagner en même temps beaucoup d'argent car existent ici et ailleurs des entités publiques comme privées crédibles qui n'attendent que des opportunités à travers vos propositions pour vous accompagner, nouer des partenariats juteux en vue d'atteindre leurs cibles. C'est clair, vous n'entreprenez point par philanthropie contrairement à ce que prétend l'un d'entre vous. Faire des bénéfices vous intéresse au plus haut point.
Or, c'est possible car la demande est bien là. L'exemple tout près de Canal+ dans le domaine télévisuel nous le prouve. Ce ne sont certes pas les mêmes histoires, les mêmes dimensions mais au moins on comprend à travers cela que le Sénégalais intelligent qu'il est, sait ce qu'il veut et où le trouver. Même s'il vous arrive de coder, crypter, élever vos prix, il peut être prêt à payer le coût qu'il faut tant que vous participez à la satisfaction de ses besoins en la matière. C'est en ce moment-là d'ailleurs et seulement en ce moment que votre absence ou disparition lui ferait de la peine.
Mamadou Ndiaye est Scénariste - Monteur - Réalisateur