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29 novembre 2024
Politique
Nioxor Tine
LES FOSSOYEURS
Malgré quelques signaux encourageants, les citoyens ont l’impression que les vainqueurs de la présidentielle de mars 2024 feraient plus et mieux. Certaines décisions censées acter la mort du parti-Etat traduisent une certaine naïveté politique
Après la cuisante défaite de la coalition Benno Bokk Yakaar et l’éclatante victoire de la coalition Diomaye Président, le peuple sénégalais reste sur sa faim. Certes, il comprend que le Pastef et ses alliés ne puissent pas faire de miracles, surtout au vu de la désastreuse situation économique dont ils ont hérité. Mais malgré quelques signaux encourageants qu’ils ont eu à lancer, les citoyens sénégalais ont l’impression que les vainqueurs de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 feraient plus et mieux, en faisant confiance aux couches populaires et en les responsabilisant davantage.
Bonne foi et candeur des nouvelles autorités
Les actes les plus significatifs, à mon sens, sont la lutte contre la prédation foncière, surtout celle du domaine privé maritime, la publication des rapports des organes de contrôle (Cour des comptes, OFNAC…) et le lancement d’audits dans certaines sociétés ou établissements publics. On peut également citer un effort de réduction du train de vie de l’Etat, par la rationalisation de la taille du gouvernement, la publication de la liste des navires pêchant dans les eaux sous juridiction sénégalaise, des mesures symboliques de baisse des prix des denrées de première nécessité…
Il y a aussi des mesures fortes tendant à inverser la dynamique outrancièrement pro-occidentale (et pro-impérialiste) des précédents régimes ayant présidé aux destinées de notre Nation, même si certains panafricanistes radicaux les trouvent encore insuffisantes.
Néanmoins, certaines autres décisions censées acter la mort du parti-Etat comme la démission du président Diomaye de son poste de secrétaire général du Pastef, l’interdiction de cumul de mandats, le fait de confier des ministères de souveraineté à des personnalités non membres de la mouvance Pastef, uniquement choisies en tenant compte de leurs profils et expériences traduisent une certaine naïveté politique. C’est cette même candeur, qui explique ces fameuses « Assises de la Justice », tenues sous la férule d’une magistrature, dont le moins qu’on puisse dire, est qu’elle n’a pas opposé une résistance farouche –sauf l’invalidation du putsch électoral du 3 février 2024 - aux dérives liberticides et autres procès truqués de nos gouvernants, ces dernières années.
Cette innocence nous change, bien sûr, du cynisme froid et calculateur auxquels nous avaient habitué les hommes politiques (socialistes et libéraux) de notre pays, qui explique la déliquescence de nos mœurs politiques, observée ces dernières décennies, accentuée après la dictature senghorienne, qui ne misait, elle, que sur la force brutale.
Dans le même ordre d’idées, les cris d’orfraie de certains néo-opposants en mal de repères, prétendument soucieux du respect scrupuleux de dispositions légales obsolètes et ayant prouvé leur inefficacité pour sauvegarder l’Etat de droit, depuis plusieurs décennies, ne font qu’ajouter à la confusion ambiante.
Il appartient aux nouvelles autorités, qui ont clamé haut et fort leur volonté de détruire le système néocolonial en vigueur et que les précédentes alternances ont préservé, de trancher dans le vif, c’est-à-dire de mettre en œuvre les gros moyens pour un changement véritable et irréversible.
Alternance ou alternative ? Réforme ou révolution ?
C’est connu ! Au cours de toutes les révolutions, il y a toujours eu des fossoyeurs ou des restaurateurs, nostalgiques de l’ordre ancien.
Dans le passé, au cours des révolutions, française de 1789 ou russe de 1917 et de plusieurs autres, on est allé jusqu’à les appeler « ennemis du peuple » et à les brimer, avec des excès regrettables. Pensons aux exécutions de figures révolutionnaires comme Danton en France et Béria en URSS, à tel point que c’est devenu classique de dire qu’une révolution dévore presque toujours ses enfants !
Par ailleurs, une des raisons à l’effondrement du camp socialiste, après la chute du mur de Berlin, a été l’hypertrophie incompréhensible, pour des Républiques censées être l’émanation de la volonté populaire, des services de police, en charge de la sécurité intérieure, ayant perdu tout sens du discernement et comme atteints de paranoïa d’Etat.
Une des leçons à en tirer est précisément ce devoir impérieux pour tout régime se réclamant des principes de transformation sociale au profit des couches populaires, de se donner les moyens politiques de sa noble ambition et de mettre en œuvre des mécanismes de démocratie participative, de mobilisation populaire et de co-construction citoyenne.
Cela impose de ne pas privilégier les procédés coercitifs injustifiés dans la gestion des affaires de la cité, même s’il est vrai que tout Etat est au service de classes ou couches sociales déterminées, qu’elles en soient conscientes ou non. En l’occurrence, la tâche de l’heure est d’évincer cette caste bureaucratique des arcanes de l’appareil d’Etat.
Une bourgeoisie bureaucratique à neutraliser
Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance formelle, c’est la bourgeoisie bureaucratique, qui est aux affaires. Seydou Cissokho, dirigeant historique du PIT et membre fondateur du PAI-Sénégal disait d’elle, que tant qu’elle « sera au pouvoir, le développement de notre pays ne serait pas garanti ».
Force est de constater que cette bourgeoisie parasitaire, fondé de pouvoir de l’ancienne puissance coloniale, a surtout aidé la bourgeoisie française à perpétuer sa domination économique sur notre pays, en s’adaptant aux réalités du terrain et aux aléas de la géopolitique mondiale.
C’est ainsi qu’après le monopartisme en vigueur durant les toutes premières années de notre indépendance formelle, il a fallu s’exercer au multipartisme de façade et aux cirques électoraux, qui débouchaient le plus souvent, sur des alternances factices, ne mettant jamais en cause le funeste ordre néocolonial. Hormis la tentative avortée du président Mamadou DIA d’échapper aux serres de la pieuvre impérialiste, notre pays a vécu, jusqu’au 24 mars dernier, dans ce carcan néocolonial et les fruits de nos deux premières alternances n’ont pas tenu la promesse des fleurs exposées par les politiciens libéraux puis néolibéraux.
La principale raison pour cet état de fait est que la bourgeoisie bureaucratique a su s’adapter et se redéployer au niveau des nouveaux appareils politiques issus des alternances de 2000 et 2012, pour perpétuer la même vieille politique de clientélisme et de prédation.
Une fois, l’euphorie de la victoire électorale passée, il importe de réaliser que les nouvelles forces politiques ayant accédé au pouvoir présentent des caractéristiques sociologiques très similaires à celles qu’elles viennent de remplacer, même si elles ne partagent pas les mêmes convictions politiques.
Il est donc indispensable, qu’au-delà des quelques mesures symboliques et effets d’annonce laissant augurer de nouvelles pratiques politiques vertueuses, on pose de véritables actes de rupture, dont le premier serait de refonder, de fond en comble, par une nouvelle Constitution, cet Etat néocolonial failli.
Dans cet exercice, l’héritage réactualisé des Assises nationales sera d’un apport précieux.
L'islam confrérique sénégalais, loin de s'effacer, se réinvente face aux défis du 21e siècle. Entre tradition séculaire et modernité assumée, c'est tout un pays qui cherche un nouvel équilibre
(SenePlus) - Dans les rues bondées de Touba, la ferveur du Grand Magal bat son plein. Chaque année, cette célébration transforme la ville sainte des mourides en épicentre spirituel du Sénégal. Mais au-delà de la dévotion religieuse, cet événement révèle les changements profonds qui s'opèrent dans les relations entre l'État sénégalais et l'islam confrérique.
Dans un entretien accordé au quotidien Le Monde, Cheikh Gueye, expert reconnu et auteur d'une thèse sur Touba, offre un éclairage précieux sur ces mutations. Secrétaire général du Cadre unitaire de l'islam, il observe de près les évolutions en cours et livre une analyse nuancée de la situation.
Contrairement à de nombreux pays africains où l'islam réformiste gagne le terrain, le Sénégal voit ses confréries maintenir leur influence. Cheikh Gueye explique ce phénomène par leur capacité d'adaptation remarquable : "Ce sont les confréries qui ont répandu l'islam dans le pays au XVIIe siècle. Elles sont historiquement les premiers acteurs islamiques du pays." Il ajoute : "Elles sont nées dans le monde rural et ont longtemps été actives dans la culture d'arachide. Mais elles ont su s'adapter en accompagnant l'urbanisation."
Cette adaptabilité s'est manifestée à travers une diversification des activités économiques et une présence accumulée dans les centres urbains. "Dès les années 1950, elles s'installent dans les villes moyennes, se lancent dans le commerce, les transports… avant de mettre un pied à Dakar, et dans des secteurs économiques comme l'import-export", précise l'expert.
Plus remarquable encore, les confréries ont su embrasser la révolution numérique. "Aujourd'hui, des acteurs confrériques s'essaient à l'économie numérique. En matière de prosélytisme, les confréries ont vite pris le virage du son et de l'image, puis d'Internet et des réseaux sociaux", souligne Cheikh Gueye. Cette agilité contraste avec d'autres pays où ces domaines ont été laissés au discours réformiste ou salafiste.
Le Grand Magal, qui commémore la déportation de Cheikh Ahmadou Bamba par les autorités coloniales françaises en 1895, prend une dimension nouvelle à l'heure où le débat sur le passé colonial s'intensifie. Cheikh Gueye observe : "Aujourd'hui, des intellectuels de gauche ou des étudiants panafricains considèrent Cheikh Ahmadou Bamba comme une figure de résistance à la colonisation."
Cette relecture de l'histoire témoigne d'un rapprochement inédit entre les sphères laïques et religieuses. "Cela dit quelque chose de ce mouvement de fond où les univers laïques et religieux sénégalais se rencontrent plus que par le passé", analyse-t-il.
L'arrivée au pouvoir d'Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye a marqué un tournant dans les relations entre l'État et les confréries. Malgré les accusations de « salafisme » portées contre Sonko par ses adversaires, le nouveau gouvernement s'est empressé de tisser des liens avec les autorités religieuses.
"À peine arrivés aux affaires, M. Sonko et ses camarades ont tout fait pour faire mentir l'idée d'un froid entre eux et les tariqa", note Cheikh Gueye. "Ils se sont pliés aux traditions du pouvoir sénégalais qui reposent aussi sur des échanges de bons procédés entre le politique et le spirituel."
L'expert évoque notamment le projet de création d'un ministère du Culte, porté par Sonko : "Il veut une formalisation et une institutionnalisation des relations entre l'État et les marabouts." L'objectif affiché est de rompre avec le clientélisme et le manque de transparence qui ont longtemps caractérisé ces rapports.
La modernisation de l'État sénégalais pose de nouveaux défis aux confréries. Les réformes fiscales et foncières envisagées par le nouveau gouvernement pourraient impacter les acteurs économiques liés aux confréries. Cheikh Gueye souligne : "Il y a un défi : assurer que les travailleurs actifs dans le secteur informel ou les entrepreneurs liés à des confréries acceptent de payer les impôts 'classiques', autant qu'ils soient prêts à financer les organisations religieuses."
La ville de Touba illustre ces mêmes mutations. L'abandon récent de la police des mœurs par le khalife des mourides témoigne d'une prise de conscience des limites du modèle traditionnel face à l'explosion démographique. "La police des mœurs de Touba, chargée de faire respecter l'interdiction de boire par exemple, ne suffisait plus. Les marabouts l'ont reconnu d'eux-mêmes. Ils veulent voir déployer des services de l'État", indique l'expert.
Cette évolution s'accompagne d'une modernisation de la ville. "Touba dispose depuis deux ans d'une université, islamique certes, mais tout à fait moderne, qui collabore avec des pays européens, propose des cursus en langues ou en agronomie", explique Cheikh Gueye. "La cité tâche de conserver son rôle de ville sainte tout en perdant son caractère presque 'extraterritorial'."
Ces changements structurels de l'islam sénégalais se manifestent jusque dans l'éducation. Cheikh Gueye souligne le succès croissant des écoles hybrides : « C'est le succès, dans les quartiers modernes de Dakar comme à Touba, de nouvelles écoles élémentaires hybrides qui proposent aux enfants de suivre à la fois l'enseignement 'en français', classique , et l'enseignement dit 'arabisant' et islamique."
Cependant, l'intervenant rappelle qu'une partie importante de la société sénégalaise ne vit pas à l'heure des prescriptions islamiques. Il plaide donc pour un débat ouvert : "Le Sénégal est un pays de compromis, notamment entre l'islam et d'autres affluents idéologiques, religieux et culturels. Le débat entre la société civile, la puissance publique, les intellectuels laïques et islamiques est seul à même de satisfaire toutes les parties.
Comme le résumé Cheikh Gueye : "Entre la laïcité mimée sur la France à l'indépendance et le pouvoir des religieux, il y a un éventail de possibles." L'avenir dira quelle voie le Sénégal choisira d'emprunter.
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AMATH DANSOKHO, UNE VIE À GAUCHE
Retour sur la trajectoire de cette figure marquante de la politique sénégalaise et africaine morte en 2019, à travers de nombreux témoignages d'ex-camarades de lutte et autres collaborateurs
Retour sur la trajectoire de cette figure marquante de la politique sénégalaise et africaine morte en 2019, à travers de nombreux témoignages d'ex-camarades de lutte et autres collaborateurs. Cette vidéo commémorative a été diffusée le 30 janvier 2020 au siège du PCF.
MOUSTAPHA NDJEKK SARRÉ TRANCHE LA CONTROVERSE ENTRE CHEIKH TIDIANE DIEYE ET CHEIKH DIENG
Selon le porte-parole du gouvernement, c’est aux autorités de juger. "Je ne vois pas pourquoi on doit installer une polémique dans cette affaire. Cheikh Tidiane Dieye n’a pas à répondre à ces accusations-là. Ses services l’ont fait", dit-il.
La guéguerre entre le ministre Cheikh Tidiane Dieye et Dr Cheikh Dieng fait toujours débat. Porte-parole du Gouvernement, Moustapha Ndjekk Sarré, s’est, lui aussi, exprimé sur la question.
«Il n’y a pas lieu d’installer une quelconque polémique dans cette histoire-là». C'est ce que pense Moustapha Njekk Sarré. Le porte-parole du gouvernement, au micro de la Rfm, a déclaré que le Dr Cheikh Dieng a usé de son droit d’explication et l’Onas aussi, à travers ses responsables, a répondu.
«Maintenant c’est aux autorités de juger. Je ne vois pas pourquoi on doit installer une polémique dans cette affaire», estime-t-il. Mais, pourquoi le ministre de l’Hydraulique, qui a été accusé par le Dg sortant de l’Onas, ne s’est pas expliqué lui-même , demandent certains? «Cheikh Tidiane Dieye n’a pas à répondre à ces accusations-là. Ses services l’ont fait. Il est tout à fait normal qu’il reste en dehors de ces polémiques-là», argumente le porte-parole du gouvernement.
À ceux qui demandent la démission du ministre de l’hydraulique du fait de son implication dans cette affaire, il leur répond ceci : «Pourquoi voulez-vous que Monsieur Dieye soit impliqué dans ce scandale. Non il n’est pas impliqué dans un scandale. Celui qui a été limogé pour avoir un comportement que les autorités ont jugé anormal, c’est à lui qu’il faut poser cette question.»
TOUBA, CAPITALE D'UN JOUR DU SÉNÉGAL
Malgré les intempéries, les pèlerins affluent nombreux pour prier et se recueillir. Cette 130ème édition s'annonce encore riche en émotions et en enseignements sous le thème de l'éducation
Des dizaines de milliers de fidèles convergent depuis vendredi tôt le matin vers la grande mosquée de Touba pour prier et se recueillir à l’occasion de la célébration la 130e édition du grand Magal, en souvenir du départ en exil au Gabon de Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes du Sénégal.
L’évènement religieux se tient cette année encore en plein hivernage, ce qui a rendu difficiles les déplacements dans la cité religieuse en proie à des inondations en dépit de l’important dispositif de pompage des eaux mis en place par les autorités.
La Police a déployé 4 331 agents et 144 véhicules pour assurer la sécurité des personnes.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a mis en place un ”important dispositif” de surveillance épidémiologique de la variole du singe, assure le directeur régional de la santé de Diourbel.
Conformément à la tradition, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars 2024, était à Touba, lundi, pour sa visite de courtoisie au Khalife général des mourides. Le chef de l’État s’est entretenu avec le guide religieux Serigne Mountakha Bassirou Mbacké.
Bassirou Diomaye Faye lui a réitéré sa volonté de régler les problèmes liés à l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement à Touba.
‘’Mon premier projet pour les cinq ans à venir sera de régler les problèmes liés à l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement de la cité religieuse de Touba”, a-t-il déclaré.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a lui aussi rendu, mardi, une visite de courtoisie auprès du Khalife général.
Les conférences et plateaux inscrits au menu de la 130ème édition du grand Magal de Touba portent sur le thème général ‘’L’éducation à l’ère de la mondialisation”, a indiqué le président de la Commission culture et communication du comité d’organisation, Cheikh Abdou Lahat Mbacké Gaïndé Fatma.
”Le Magal n’a jamais de thème. Mais chaque année, il y en a un qui est choisi pour les conférences et plateaux où on peut impacter sur le vécu des fidèles. Et pour cette année, c’est +l’éducation à l’ère de la mondialisation+, qui est retenu comme thème ”, a-t-il déclaré lors d’un entretien avec des journalistes de l’APS en déplacement à Touba en perspective de l’évènement religieux.
Ce thème sera développé lors des différents plateaux et conférences organisés le jour-J par d’éminents savants et cheikhs soufis du Sénégal et de la quinzaine de pays invités, a précisé Cheikh Abdou Lahat Mbacké Gaïndé Fatma.
‘’On recevra 15 nationalités à Touba, cette année, pour le Magal […] et à peu près une quarantaine de personnalités”, a dit Cheikh Abdoul Ahad Mbacké Gaïndé Fatma.
Une quinzaine de pays dont l’Égypte, le Maroc, l’Algérie, le Burkina Faso, le Nigéria, le Ghana, la Guinée-Bissau, les Etats-Unis, la France, les Émirats arabes unis seront présents avec des délégations composées pratiquement que de ‘’soufis’’, un critère important pour le comité d’organisation.
De plus, ‘’une centaine de délégations religieuses avec plus de 400 personnalités vont assister au Magal’’, a-t-il indiqué.
‘’Beaucoup sont des universitaires, des personnes qui ont une certaine crédibilité, qui sont bien connues dans leur pays’’ et au retour elles ‘’vont faire un peu la promotion de l’islam tel qu’il est vécu au Sénégal’’, a-t-il avancé.
Selon lui, de nombreux pays arabes notamment ne connaissent pas l’islam confrérique tel que pratiqué au Sénégal.
Le Grand Magal de Touba, organisé sous sa forme actuelle depuis 1928, est un évènement religieux annuel commémorant le départ en exil au Gabon (1895-1902) de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes du Sénégal.
Né vers 1854, Cheikh Ahmadou Bamba s’est attribué le titre de Khadimou Rassoul, “serviteur du prophète”.
Il est le fils de Mouhamad Ibn Abiballah, plus connu sous le nom de Mor Anta Saly, un serviteur de l’aristocratie princière, juriste-conseiller, un imam très respecté des musulmans et des rois. La mère de Bamba, Mame Diarra Bousso, surnommée “Diarratoullahi” ou “proche d’Allah”, était reconnue pour sa piété.
Ahmadou Bamba qui préféra rester loin des palais dira : “si mon défaut est la renonciation aux vanités des princes, c’est là un précieux vice qui ne me déshonore point”.
Il assimila le Coran et certaines sciences religieuses telles que la théologie, la prière et le droit musulman etc. Jusqu’en 1882, Ahmadou Bamba s’occupa de l’enseignement de son père tout en écrivant des ouvrages dans le domaine de la jurisprudence, de la théologie et le perfectionnement.
Après la mort de son père, Ahmadou Bamba devient un guide et fonda la voie mouride dans un contexte de domination coloniale française. Ce qui était d’ailleurs vu d’un très mauvais œil par l’administration coloniale.
Le colon français, craignant que les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, résistant anti-colonial, ne suscitent un soulèvement populaire, décide de l’exiler au Gabon entre 1895 et 1902.
‘’Le motif de mon départ en exil est la volonté que Dieu a eue d’élever mon rang jusqu’auprès de Lui, de faire de moi l’intercesseur des miens et le serviteur du Prophète Mohamed (PSL)’’, avait, selon la tradition, indiqué Cheikh Ahmadou Bamba.
Khadimou Rassoul (serviteur du prophète Mohamed) est resté sept ans au Gabon, sur l’île inhospitalière de Mayombé, bravant toute sorte de dangers.
Il y a supporté plusieurs brimades de la part du colonisateur français engagé dans une croisade contre l’islam au Sénégal. Des années de surveillance, de privation, de solitude et de persécutions, relatent des historiens.
Ahmadou Bamba est mort en 1927 à Diourbel. Mais son héritage est perpétué par ses fils : Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké (1927-1945), El Hadj Falilou Mbacké (1945-1968), Serigne Abdoul Lahat Mbacké (1968-1989), Serigne Abdou Khadr Mbacké (1989-1990), Serigne Saliou Mbacké (1990-2007).
La disparition en 2007 de Serigne Saliou Mbacké a ouvert l’accession des petits-fils au khalifat : Serigne Mouhamadou Bara Mbacké (2007-2010), Serigne Sidy Moctar Mbacké (2010-2018) et Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, qui est le Khalife général des mourides depuis 2018.
Le Magal, terme wolof voulant dire rendre hommage, célébrer, magnifier, est commémoré en souvenir de cet exil qui marque le début d’une somme d’épreuves supportées en conscience par le Cheikh, suivant un pacte contracté avec son créateur.
Chaque année, des dizaines de milliers de pèlerins prennent d’assaut la ville de Touba pour se recueillir et prier à l’occasion du Magal, qui est également un moment de convivialité et d’hospitalité à travers les ‘’berndé’’, ces copieux repas servis aux pèlerins.
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FADEL BARRO SONNE LE TOCSIN POUR DIOMAYE FAYE
"Un début poussif", voilà comment l'ancien coordonnateur de "Y'en a marre" qualifie les premiers mois de la présidence de Diomaye. Il déplore la lenteur des réformes promises et s'inquiète de voir ressurgir les fantômes du népotisme
Dans une interview accordée à TV5 Monde, Fadel Barro, figure emblématique du mouvement citoyen "Y'en a marre", dresse un bilan sans concession des premiers mois du président Bassirou Diomaye Faye. L'ancien coordonnateur, aujourd'hui à la tête de l'organisation "Jammi Gox Yi", ne mâche pas ses mots.
"Un début poussif", c'est ainsi que Barro qualifie les actions du nouveau gouvernement. Il pointe du doigt des promesses non tenues, notamment en matière d'indépendance de la justice et de lutte contre l'impunité. Le militant s'inquiète particulièrement de la persistance du népotisme dans les nominations aux postes clés, une pratique qu'il assimile à celle du régime précédent.
Barro fustige également l'amnistie votée pour les événements ayant conduit à la mort de nombreux jeunes manifestants, et voyant un "complot sur le dos du peuple". Il appelle les Sénégalais à maintenir la pression sur leurs dirigeants, estimant que le changement ne peut venir que d'une exigence citoyenne.
L'activiste reste néanmoins prudent, reconnaissant qu'il est encore tôt pour un jugement définitif. Il lance un appel au président Faye et à son Premier ministre, Ousmane Sonko, les exhortant à intégrer le changement dans leurs pratiques quotidiennes.
POURQUOI CENT JOURNÉES SANS PRESSE RISQUENT DE NE POINT PESER
EXCLUSIF SENEPLUS - Chers patrons de la presse, "gagner le cœur du public" reste plutôt la solution, la seule voie. C'est en ce moment-là d'ailleurs et seulement en ce moment que votre absence ou disparition lui ferait de la peine
Je crois qu'il est bon de préciser avant tout que je ne suis d'aucun parti. Cette réflexion reste juste l'opinion d'un professionnel qui évolue dans les secteurs du cinéma et de l'audiovisuel depuis plus d'une vingtaine d'années maintenant.
En évaluant la "journée sans presse" du mardi 13 août 2024, le patronat de la presse au Sénégal s'est beaucoup glorifié du fait que le mot d'ordre a été largement suivi. Soit ! Mais, il serait tout aussi intéressant, pertinent, de ne pas occulter l'impact de cette initiative chez les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs ou internautes ? Ces derniers l'ont-ils vraiment ressentie ? Ont-ils applaudi ou accompagné significativement ce mouvement ? Des questions, à mon avis, qui méritent d'être posées pour mieux apprécier la réussite ou le succès de cette journée ?
Sans risque de me tromper et en attendant de voir un document scientifique me prouvant le contraire, je considère que les conséquences de cette initiative chez les populations demeurent très négligeables. Ce qui démontre et prouve à suffisance qu'il y a énormément de travail à faire encore. J'ai même envie de dire à ces patrons ou à la presse en général, que le véritable combat, en réalité celui qui mérite d'être gagné se situe ailleurs. Et le gagner vous affranchira éventuellement de vos déboires fiscaux et de toute dépendance financière.
Nous le savons et ne cesserons de le soutenir: ce qui est attendu d'abord et fondamentalement des médias, c'est essentiellement du (des) contenu(s) répondant aux besoins ou aspirations des populations et suivant la marche par essence dynamique de la société.
Or que remarque-t-on aujourd'hui dans nos presses écrite, parlée, télévisuelle et digitale ? C'est regrettable de le dire, mais le vide est total. On note une absence effarante de créativité, un manque sérieux d'imagination, d'inspiration. Survolons très brièvement ce qui se fait actuellement secteur par secteur :
- Au niveau des radios (aussi bien thématiques que généralistes), non seulement les soi-disant grilles sont identiques mais les programmes constitués de diffusion de musiques, d'infos, de pub et de communiqués restent les mêmes et passent généralement les mêmes jours aux mêmes heures.
- Idem au niveau des chaînes de TV où les programmes sont extrêmement dominés par du flux. Les contenus de stock sont quasi inexistants. Du matin au soir désormais les gens sont là autour d'une table ou dans un salon en train de palabrer comme à la radio. Soyons d'accord au moins sur ce plan, le propre de la télé est plus de proposer à voir, à découvrir. Ceci est d'autant plus vrai que quand on assiste aujourd'hui au développement de ce que certains nomment "radio vision" (émissions radio filmées dans des studios équipés de caméras), réinventer sa manière de faire de la télévision s'impose.
- Ces observations restent valables pour le secteur de la presse écrite. Parcourons les journaux chaque jour que Dieu fait. A quelques exceptions près, ils sont tous dans le même registre : "actualités et faits divers"! Tous parlent presque de la même manière, de la même chose qui tourne généralement et ..... malheureusement autour de la matière politique.
- Au niveau du Digital qui se développe de plus en plus, les concepts y perdent tout leur sens. On y voit du tout et du n'importe quoi. Certains par exemple, parce qu'ils manipulent de la vidéo, considèrent qu'ils font aussi de la télé en disant "WebTv" qui n'est en réalité que de "grand-places" filmées ou du "Waax sa xalat". Là je n'ai pas besoin de m'arrêter sur les aspects technico-artistiques, les profils des présentateurs ou pseudo chroniqueurs qui pullulent et sortent d'on ne sait où ?
Tout ceci m'amène à insister encore une fois sur le fait que le challenge, chers patrons de presse, va au-delà d'une simple imposition, réduite ou effacée, que vous continuerez de payer quel que soit alpha à toute époque. Il s'agit d'ores et déjà de se départir de cette fausse idée qui est de considérer que ce que vous faites du matin et soir, constitue une demande du public. "Li la sénégalais yi beug" entend-on en général.
Du respect quand même ! les Sénégalais, comme ils le sont du reste avec les politiques, ont une bonne longueur d'avance sur leur presse en général. Et là pour s'en rendre davantage compte, suffit juste d'analyser dans le champs audiovisuel comment Canal+ est entré dans les cœurs ou habitudes des populations, comment les choix des IPTV à Dakar ou des antennes paraboles dans les villages les plus lointains du pays se développent maintenant voire comment les ciels de nos quartiers sont couverts de "toiles d'araignée" avec les fils des câblodistributeurs (informels). En voilà des matières qui renseignent sur l'énormité du gap, ou plutôt du chantier.
Le constat est partagé. On note dans tous les secteurs de la presse aujourd'hui, peu ou pas de contenus portant sur l'Économie, la Culture (qu'elle résume à la musique), la Santé, la Technologie (qui est devenue partie intégrante de nos vies), l'environnement, la Société, l'Éducation......qui connaissent des mutations impressionnantes au Sénégal et dans le monde. Vu sous cet angle, on se rend compte qu'aujourd'hui donc, cette presse qui pourrait effectuer une "journée sans presse" très réussie serait celle-là justement qui se détachera du lot, celle-là qui prendrait le soin d'accompagner les populations, de marcher avec elles, les écouter, les comprendre en vue de mieux traduire ses préoccupations (qui ne se limitent naturellement pas qu'à la politique). D'ailleurs, pourquoi doit-on faire de la presse et ignorer tous ces secteurs névralgiques qui rythment la vie des citoyens, les domaines dans lesquels évoluent même la majorité de la population ?
Chers patrons de la presse, "gagner le cœur du public" reste plutôt la solution, la seule voie ! Celle qui pourrait d'ailleurs vous faire gagner en même temps beaucoup d'argent car existent ici et ailleurs des entités publiques comme privées crédibles qui n'attendent que des opportunités à travers vos propositions pour vous accompagner, nouer des partenariats juteux en vue d'atteindre leurs cibles. C'est clair, vous n'entreprenez point par philanthropie contrairement à ce que prétend l'un d'entre vous. Faire des bénéfices vous intéresse au plus haut point.
Or, c'est possible car la demande est bien là. L'exemple tout près de Canal+ dans le domaine télévisuel nous le prouve. Ce ne sont certes pas les mêmes histoires, les mêmes dimensions mais au moins on comprend à travers cela que le Sénégalais intelligent qu'il est, sait ce qu'il veut et où le trouver. Même s'il vous arrive de coder, crypter, élever vos prix, il peut être prêt à payer le coût qu'il faut tant que vous participez à la satisfaction de ses besoins en la matière. C'est en ce moment-là d'ailleurs et seulement en ce moment que votre absence ou disparition lui ferait de la peine.
Mamadou Ndiaye est Scénariste - Monteur - Réalisateur
Formateur - Prix meilleure série FESPACO 2011.
LES RACINES NOIRES OUBLIÉES DE L'ANGLETERRE
Dans une enquête fouillée, Mediapart révèle les racines noires méconnues de l'Angleterre. Un récit qui remet en question des siècles d'amnésie collective et interroge l'identité même du Royaume-Uni
(SenePlus) - Dans une enquête approfondie publiée le 22 août 2024, Mediapart lève le voile sur un pan méconnu de l'histoire : la présence ancienne et significative de personnes noires en Angleterre, bien avant l'immigration d'après-guerre.
Contrairement à l'idée reçue, l'Angleterre n'a pas attendu le XXe siècle pour voir arriver sa population noire. Dès 1509, John Blanke, trompettiste noir, jouait à la cour d'Henri VIII. Ce n'était pas un cas isolé : à l'époque des Tudor, des Africains libres réussissaient déjà en Angleterre, s'intégrant dans une société qui les jugeait davantage sur leur religion et leur classe sociale que sur leur couleur de peau.
Mediapart révèle qu'au XVIIIe siècle, Londres comptait entre 15 000 et 30 000 habitants noirs. Parmi eux, des figures marquantes comme Ignatius Sancho, né sur un navire négrier, devenu le premier homme noir à voter en 1774 et militant contre l'esclavage.
L'article de Mediapart met en lumière le travail d'historiens comme Gretchen Gerzina, auteure de "Black England". Son livre, initialement ignoré en 1995, connaît un regain d'intérêt depuis le mouvement Black Lives Matter, soulignant l'évolution de la société dans sa perception de cette histoire longtemps occultée.
Cette redécouverte des racines noires de l'Angleterre, rapportée par Mediapart, ne se contente pas de corriger le récit historique. Elle invite à repenser l'identité britannique contemporaine, révélant une histoire plus riche et diverse que celle longtemps enseignée. Elle questionne les notions de britannité et d'appartenance nationale, offrant un nouveau prisme pour comprendre le Royaume-Uni d'aujourd'hui.
par Sidy Dieye
QUELLES REFORMES POUR SAUVER L’IPRES ET LA CSS ?
Un milliard ici, quelques millions là : les scandales financiers s'enchaînent dans ces structures, piliers de la sécurité sociale sénégalaise. Ces institutions, censées protéger les travailleurs, semblent devenues le terrain de jeu d'intérêts particuliers
Le récent scandale survenu à la Caisse de Sécurité Sociale (C.S.S.) portant sur 1,8 milliard de francs CFA (relayé par les sites seneweb.com le 6 juillet 2024, Dakaractu.com le 9 juillet 2024 et senego.com le 12 juillet 2024), doit provoquer un déclic pour le contrôle effectif de cette institution par l’Etat.
L’on se rappelle la révélation du site leral.net datée du 03 décembre 2021 sur un scandale de 6 milliards 500 millions FCFA pour l’achat d’un logiciel pour fusionner les deux entités (CSS et IPRES) afin d’avoir un système d’informatique unique et simplifié. A l’époque, le Secrétariat exécutif de l’UNSAS avait exigé « l’audit des deux institutions et un contrôle de la Cour des comptes afin de faire la lumière sur le financement du système d’information et les investissements dans l’immobilier. »
En 2018, les retraités avaient dénoncé un détournement de 572 millions de francs CFA au niveau de l’IPRES et demandé au Président de la République d’alors de protéger l’institution en prenant des mesures fortes (relayé par senenews le 08/10/2020).
Nous remarquons que malgré ces manquements récurrents et les alertes répétées des bénéficiaires et parties prenantes, l’administration de ces deux institutions reste préoccupante. La pression syndicale semble l’emporter, comme c’est malheureusement souvent le cas, quand il s’agit d’exigences de transparence et de reddition des comptes.
Les textes de la CSS et de l’IPRES
La CSS et l’IPRES sont régies par la loi N° 75-50 du 03 Avril 1975 relative aux institutions de prévoyance sociale.
En 1991, suite à l’adoption de la loi 91-33 du 26 Juin 1991, la Caisse de Sécurité Sociale change de statut et devient une institution de prévoyance sociale donc un organisme de droit privé chargé d'une mission de service public. Les statuts de la CSS ont été adoptés le 13 février 1992.
Les statuts de l’IPRES eux, ont été adoptés le 26 juillet 1977. A mon avis, ces textes sont complètement en déphasage avec les réalités actuelles en matière de bonne gouvernance, de pilotage des activités, de stratégie et d’instauration de critères de performance dans la gestion de ces institutions.
Il y a lieu de rappeler qu’un comité de pilotage chargé de formuler les orientations stratégiques et politiques du projet de réforme du cadre juridique de la sécurité sociale a été mis en place en 2015 par le ministère du Travail. Il s’agissait, entre autres, « d’innovations en matière de gouvernance des Institutions de Prévoyance sociale, de gestion technique et financière des branches et d’extension de la protection sociale aux travailleurs jusque-là non couverts ».
Les réformes attendues ne sont toujours pas réalisées.
La composition et le fonctionnement du Conseil d’Administration
L’IPRES est administrée par un Conseil d'Administration paritaire composé de vingt-deux (22) membres comprenant des représentants des membres participants et des représentants des membres adhérents.
Au niveau de la CSS, c’est la même configuration qui est retenue en termes de nombre (22) et de représentants.
Il faut noter que l’état employeur a quatre représentants au Conseil d’Administration de chaque institution au titre de la délégation des membres adhérents. Donc, les organisations syndicales ont un contrôle exclusif sur la gestion de ces institutions, notamment sur :
la nature des prestations ;
✓ les modifications du taux des cotisations ;
✓ la désignation des personnes chargées du fonctionnement de l'institution ;
✓ la gestion des ressources en matière d’investissements et de placement.
Le renouvellement des dirigeants, notamment du Président du Conseil d’Administration et des administrateurs n est pas systématique.
Pourtant, l’Etat, à travers la loi citée ci-dessus, notamment dans ses articles 21, 22 et 23, peut prendre des dispositions spécifiques pour garantir une gestion transparente et efficace de ces institutions afin d’éviter un risque systémique en cas de mauvaise gestion.
3. Les réformes
Les textes de ces institutions doivent évoluer pour permettre une bonne gouvernance avec la mise en place d’organes solides et de principes de transparence et d’éthique. Il s’agira de modifier le fonctionnement, la composition de l’Assemblée Générale et du Conseil d’Administration et de mettre en place des Comités spécialisés avec des compétences et expertises diversifiées, notamment :
Comité d’Ethique et de déontologie ;
❑ Comité d’Audit ;
❑ Comité de Sélection et de Rémunérations ;
❑ Comité d’Investissements.
En outre, un système d’évaluation des dirigeants et du Conseil d’Administration doit être mis en place et assuré par un organe indépendant.
Les réformes de ces institutions doivent toucher notamment :
✓ les conditions d’une protection sociale solide aux profits des travailleurs ;
✓ les modes d'admission et d'exclusion des membres ;
les obligations de toutes les parties prenantes ;
✓ le mode de constitution de l'assemblée générale et les conditions de vote ;
✓ la composition et le fonctionnement du conseil d'administration (mode de cooptation, renouvellement, durée, pouvoirs etc.) ;
✓ les pouvoirs de l’exécutif et le mode de sélection ;
✓ le mode de constitution et de calcul des prestations ;
✓ la constitution et l'emploi des ressources ;
✓ le mode de placement et de retrait des fonds ;
✓ les possibilités d’investissements ;
L’Etat pourrait prendre des dispositions appropriées et urgentes pour assainir et contrôler ces deux institutions avec les décisions majeures ci-après :
L’audit approfondi sur les cinq dernières années, avec un accent particulier sur les acquisitions immobilières, les placements, l’investissement dans les nouvelles technologies, la gestion des ressources humaines etc. ;
La suspension des organes délibérants ;
La mise en place d’une Administration Provisoire ;
La refonte des statuts et règlements intérieurs ;
La revue de la gouvernance : composition, fonctionnement et pouvoirs de l’Assemblée Générale et du Conseil d’Administration, mise en place de Comités spécialisés (Audit, Ethique et Déontologie, Sélection & Rémunérations, Investissements etc.)
Sidy Dieye est spécialiste en gouvernance et stratégie des organisations, Directeur Associé de Axley Bankers Afrique de l’Ouest, ancien Directeur Général de la Banque Islamique de Guinée, membre du MONCAP et Membre fondateur de l’Initiative 2FC.
L'instinct félin de Sonko finira par devenir une faim de félon. Le parrain auréolé de gloire est en apnée, grisé et en même temps frustré. Le compagnonnage est constitué d'activistes plus préoccupés au goût du festin qu'à l'ambition de forger le destin
Au soir du 25 mars 2024, nombreux étaient les Sénégalais surpris par la victoire sans appel, au premier tour de monsieur Bassirou D. Faye, parrainé par Ousmane Sonko, alors frappé par l'inéligibilité. Le scénario surréaliste ressemble aux légendes des héros du Moyen-Âge éprouvés, puis sauvés par les miracles divins.
En effet, de la prison au palais, la conquête de la présidence par la délinquance s'est réalisée à force d'intimidation et provocation, moins par la confrontation des idées et la persuasion. Nos champions gladiateurs dont le noviciat se le disputait à la témérité irrévérencieuse avaient rompu avec les civilités dans une société où le culte de la "kersa"- pudeur, la "sutura - la retenue", entre les "nawle"- citoyen étaient une sorte de code d'honneur non écrit mais intériorisé.
De l'appel à deux cents mille jeunes à rallier pour envahir le palais, aux cris du "gatsa-gatsa" à la substance cannibale, objectif : démembrement corporel du chef de l'Etat à la manière de Samuel Doe, une atmosphère de haine et violence était installée. Le "Mortel Combat" décrété et ses péripéties chaotiques ont entraîné un lot incommensurable de pertes en vies humaines et dégâts matériels que nul acteur politique lucide ne souhaitait voir se poursuivre. Le jeu pluraliste sénégalais n'avait jamais subi auparavant autant d'épreuves mettant en péril son existence. Dans le contexte d'entrée dans une ère pétrolière et gazière, les démons déguisés en sponsors s'adonnaient à la surenchère, instrumentalisant la société "ci-si-vile" et les partis dans le marché de la déstabilisation.
Les tickets d'accès à l'espace public et les primes pour l'agitation permanente étaient donnés aux plus zélés orateurs outranciers. La société entière, tétanisée par les vagues successives d'attaques à la vie des personnes et la destruction des biens se lassait, doutant ainsi de la capacité de l'Etat à assurer le rôle régalien de protection des citoyens. Les déclarations de reprise en main étaient à chaque fois rangées dans les tiroirs du "massalaha", renvoyées aux dialogues à format festif.
Les décisions de l'autorité de l'Etat visant à mettre fin à l'existence des milices privées et aux passe-droits illégalement octroyés à certains groupes religieux et politiques ne sont pas souvent suivies d'effet.
Les reculs du pouvoir devant une violence organisée et coordonnée des groupes clairement identifiés accentuaient la défiance à l'autorité de l'Etat. L'autorité avait auparavant sévi avec rigueur à l'encontre des personnalités plus puissantes sans perdre cet appui de la population. L'ancien président mesurait les risques de dérives attachées à la réaction des forces de sécurité. La crainte du débordement ouvrant les portes aux pires mésaventures habitait les Sénégalais.
Aucune initiative consenduelle ne pouvait pacifier l'espace politique, largement pollué par les discours démagogiques, subversifs. Les voies du parrainage par voix se confondaient aux choix du partage des parts de la proie électorale. À l'insu de tous les acteurs majeurs et mineurs, les parrains épuisés par les bras de fer coûteux devaient se retrouver autour de la table en vue de négocier une solution de sortie de la guerre qui permette à chacun de sauver la face.
C'est le salaire de la peur qui a prévalu et précipité l'issue de cette longue crise, résolue par combines opaques à l'insu de la société et les acteurs politiques. Au nombre des protagonistes de la "Camorra" politicienne durant cette période critique, se distinguent deux parrains : les présidents Macky Sall et Ousmane Sonko. Il y a certes, les significatifs acteurs caporaux pour emprunter le langage des groupes mafieux. Toutes les instances régulières des partis et coalitions étaient tenus à l'écart de l'entente dont le contenu n'est pas encore connu.
Retenons seulement que ces jeux d'ombre ont permis à notre pays de surmonter une étape dangereuse de son histoire ; accepter aussi que ces décisions engageant le destin de la Nation et leur avenir propre dans un moment si crucial, ne pouvait pas se concrétiser dans un cadre traditionnel. Ce qui est un signe de déficit de notre culture démocratique. Les rapports de forces déterminant l'issue de tout affrontement, c'est au cours d'un entretien avec la presse, le président Macky Sall avait ouvert un pan de ce qui pouvait survenir en défaveur de sa coalition. ll faisait allusion à cette éventualité, la prise en compte de forces organisées, sans dévoiler l'identité ni sa relation à elles. La mise en garde du président Sall aux militants et alliés allait au-delà du jeu démocratique, tel qu'il pouvait être conçu dans un État de droit.
Le dialogue était bien noué entre les irréductibles adversaires. Les répétitifs événements tragiques ne pouvaient pas se reproduire sans de sérieux chocs pouvant affecter la cohésion nationale. Sans doute, le plan initial des deux parrains s'est heurté à la décision du Conseil Constitutionnel. Mais le rapprochement des protagonistes a été une intelligente victoire de la démocratie. Comme nul ne peut se prévaloir du génie divin, il a décidé que c'était les poulains qui seraient les porteurs du destin de la Nation.
Le président Diomaye lui-même, a dit avoir appelé le fils du président sortant pour des considérations humanitaires ; et d'ouverture vers une sortie négociée. Test de solidité par bouleversement social inouï dans une succession au très convoité fauteuil présidentiel, le Sénégal sort renforcé malgré les combinaisons politiciennes. L'esprit rationnel ne pouvait prédire ou s'aventurer à parier sur l'actuel locataire du palais.
Enfin, le frêle sérére à la silhouette fuyante, la voix fluette porté par Rog Sen, il tenait son balai tiré de la forêt sacrée, pour dissiper les "safara" des prédicateurs aux longs chapelets. Le candidat, ancien Premier ministre, Amadou Ba, était le grand favori des faux fabriquants de destin. Ignorant la réalité des mic-macs de l'arène politique, le boy Dakar, enfant du génie de l'océan, n'avait pas fait son "ndeup" pour une récolte des haricots.
Il semblait avoir foi plus à l'administration qu'à ces jeunes "jakartamen" et étudiants passés au lavage des cerveaux de la loge populiste. Le Sénégal peut être débaptisé : de pays de la "Teranga" pour celui des "millions de charlatans". Objectivement, le résultat de cette compétition électorale était connue des protagonistes. La coalition la plus durable de notre histoire politique, solide qu'elle soit, ne pouvait faire face à une conspiration aussi grotesque.
Monsieur Bassirou Jomaay Diakhar Faye est président de la République. Sorti de l'anonymat, il était inconnu de l'écrasante majorité des citoyens à quelques mois du scrutin. Mais qu'à cela ne tienne, il est notre président à tous, même s'il le refuse. Pour la première fois dans l'histoire des chefs d'Etat, encore le Sénégal sort vainqueur de manière inédite de la crise.
Notre président Bassirou Diomaye Diakhare, "mu wara jaxaan" Faye a séduit les Sénégalais par l'humilité et la politesse. Il a dérouté tous les compatriotes en invitant son Premier ministre à "lorgner son fauteuil". La globalité des citoyens apprécient positivement le plus jeune leader du continent dont l'image correspond au substrat de nos socio-cultures : compassion et respect aux anciens. Apparemment du leadership nain, né de l'échec du calcul du parrain, il a à sa disposition une écurie composée des combattants de longue haleine qui ont blanchi sous le harnais, dont son propre oncle et homonyme, les Dialo Diop, Alla Kane, Mao Wane, etc. Des cadres réputés compétents tels que : Mary Teuw Niane, Ahamadou Al Amine Lo et Oumar Samba Ba sont nommés à des postes clés, ce qui semblait un gage de pérennisation du principe de continuité de l'Etat. Mêmes si les figures repoussoires, les "has been" de la trempe de Mme Aminata Mbodj et Habib Sy,anciens ministres sous le président Wade pouvaient modérer les élans de renouveau du personnel politique.
Le duo gagnant au sein de l'executif pourrait bien fonctionner si les deux personnalités savaient, chacune les obligations de sa charge : le premier, son domaine réservé, le second ses missions déléguées.
Sonko, par contre se dévoile de jour en jour en personnage intempestif, bravant tout, se mêlant de tout et ne laissant point l'espace à personne. Pressé, il l'est, dans l'ignorance de la psychologie sociale.
Chez nous, une amitié n'est réelle et sincère que lorsqu'elle se nourrie du respect mutuel et tire sa substance de ce principe religieux :" Aimer pour son prochain, ce que l'on aime pour soi-même.
L'amitié du cheval et du cavalier ne peut pas faire long feu à l'épreuve du pouvoir. Le proverbe africain dit qu'à beau aller au puits, le canari se brise. L'instinct félin de Sonko finira par devenir une faim de félon. Le parrain auréolé de gloire, est en apnée définitive, grisé et en même temps frustré. Le chef politique n'arrive pas à faire la distinction entre l'État et le parti. Diomaye peut être Sonko et Sonko Diomaye ; mais Sonko ressemble à Poutine.
Affronter l'arrogance et les écarts d'un Premier ministre qu'il connaît mieux que quiconque, capable de lancer sa nébuleuse d'insolents de l'internet contre le pouvoir, invite à être prudent.
Le réveil sera brutal pour l'opposant éternel s'il sous-estime la force d'un chef d'Etat qui lui voue encore tous les égards. Le berger finira par abandonner le bélier égaré pour s'occuper de ce qui reste de son troupeau.
Les jeunes sénégalais découvrent de plus en plus le visage de celui qui les faisait rêver d'un État impartial, une justice équitable. Il se révèle de jour en jour, un revanchard, dont la tonalité despotique jure avec la tolérance qui doit apaiser la vie démocratique. La tentative de domestication des pouvoirs législatif et judiciaire est à tous égards une agression de la Constitution. Chaque alternance au Sénégal, ses espérances déçues, les réalisations mal perçues par une population très jeune et pressée, sans mémoire.
La troisième alternance coïncide avec l'irruption des demandes spontanées. Ce n'est pas un éveil des consciences mais l'approfondissement de la participation citoyenne. Le gain par la manipulation est très rentable, le populisme s'accommode du manque d'éducation des acteurs politiques. La promesse de rupture faite par les nouveaux tenants du pouvoir, concernant les appels à candida-ture et autres, vont vite passer de mode car le compagnonnage est constitué de buzzards, activistes plus préoccupés au goût du festin qu'à l'ambition de forger le destin.
Les meilleures intentions du leader politique glissent et se dissipent par la légèreté du compagnonnage. L'éducation citoyenne est la clé du développement pour tout gouvernant engagé à tirer son peuple vers le haut. Sous ce registre, les actions sur le terrain, mobilisant les populations constituent une source importante de motivation.
Le jeune président BDF devra, de la manière la plus élégante et courageuse assumer la plénitude de sa fonction en apaisant les cœurs et les esprits. Respecter et faire respecter les normes d'une administration impartiale,transparente. Le panafricanisme rationnel repose sur la prise en compte de la réalité continentale, savoir que les pays, les peuples n'évoluent pas à un même rythme.
Il faut agir sur les axes d'intégration arrivés à maturité et non forger les convergences fictives sur de réelles antagonismes. Les pseudos panafricains ont tout faux en fustigeant la marche de la démocratie auSénégal alors qu'ils sont incapables de lutter pour des avancées démocratiques face au pouvoir mi-centenaire de Biya au Cameroun, encore moins essayer de régénérer l'héritage des martyrs tels Félix Moumié et Ruben Um Nyobe. En d'autres termes, le rêve du panafricanisme ne se réalisera qu'à la condition que chaque démocrate balaie d'abord le devant de sa porte. La réussite de la politique intérieure est ce qui permet de gagner une écoute objective à côté des frères du continent.
C'est par l'obtention des résultats palpables que l'on peut formuler les offres crédibles aux populations du continent. En lieu place du "Projet mystique", la Coalition Diomaye Président devrait sans complexe s'approprier le PSE en y intégrant les conclusions des Assises nationales. En conclusion, nous constatons le président Diomaye Faye bien entré dans la fonction, s'élevant de jour en jour à la qualité d'homme d'Etat ; ce qui est rassurant pour le Sénégal. Par contre, c'est inquiétant et il est regrettable de le dire : son mentor et ami n'évoluera pas, car collé à son péché originel de contestataire non révolutionnaire, combinard, dissimulateur, manipulateur.
Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. La visite du Premier ministre à son collègue malien Choguel Maiga a prouvé qu'il n'est pas prêt à se muer en homme d'Etat. Comment comprendre que le Premier ministre ayant mangé à tous les râteliers des régimes militaires au Mali et en voie d'être limogé pour fraude sur le cumul de salaires de DG et ministres, dénigre systématiquement devant l'invité officiel, la première institution du pays sans qu'il ne pipe un mot de l'ingérence déplacée.
Compatriotes patriotes ! Méditez la parole du président Joe Biden, cette semaine à Chicago à la Convention des démocrates, je cite : "You can't say you love your country only when you win" (tu ne peux pas prétendre aimer ton pays, quand c'est seulement lorsque tu gagnes). L'Afrique vous regarde, cher fils de NDiaganiao. L'Histoire avance masquée avait coutume de dire le vieux Maodo Mamadou Dia. Votre posture, vous ne la devez à personne qu'à Dieu et au peuple. Ecoutez votre foi et votre conscience et non les regards inquisiteurs des critiques à la gratitude. Osez les ruptures d'avec tout ce qui retient ou minore votre, je dis notre vaste potentiel de brillance sur les plans économique, politique, culturel, scientifique et diplomatique. Votre combat pour tous sera mené par tous.
Le Sénégal a besoin de serviteur et non de chef instigateur de conflits inutiles. La cohésion nationale est au prix de la reconnaissance des diversités de courants, d'opinions et tolérance des oppositions. Une nette recomposition des pôles politiques se dessine au Sénégal. Les plus significatives seront au nombre de quatre :
1-Les partis de la Coalition Diomaye Président ;
2-La retrouvaille dite "bloc liberal" qui semble regrouper les transfuges du PDS et l'APR, ce qui consacre la mort de la coalition Benno Bokk Yakaar.
3-Les membres de la "Nouvelle Responsabilité" autour d’Amadou Ba,
4-Les forces composées de figures qui émergent par leur hardiesse et courage en face du gouvernement. Elles ont nom : Bougane Gueye Dani, Thierno Bocoum, Thierno Alassane Sall, Anta Babacar Ngom, PUR, les partis traditionnels : PS, AFP, PIT, LD auront le choix entre la création d'un pôle de gauche ou se liguer avec les forces citées ci-dessus.
Le processus de mutation de la classe politique s'accélère en vue du prochain scrutin législatif. Les dénominations et slogans ne vont pas fondamentalement changer.
Je termine avec cette prière de Marc-Aurèle, note qui doit inspirer tous ceux qui s'engagent dans la lutte pour le progrès social :"Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre".
Makkane est ancien ministre-conseiller, chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal à Washington, poète-écrivain.