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19 avril 2025
Politique
DIOMAYE-WADE, LA POIGNÉE DE MAIN DE DOHA
En visite officielle au Qatar, le président de la République a accordé une audience à Karim Wade. Au menu des discussions selon la présidence : la situation politique, économique et sociale du Sénégal
En déplacement officiel au Qatar, le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a accordé une audience à M. Karim Wade, ancien ministre de la République.
Les deux hommes ont eu des échanges constructifs sur la situation politique, économique et sociale du Sénégal, abordant divers enjeux importants pour l’avenir du pays.
Le chef de l’Etat s’est également entretenu avec M. Fahad Al-Sulaiti, Directeur fénéral du Qatar Fund for Development.
Selon une source officielle, les discussions ont porté sur la qualité exceptionnelle de la coopération entre le Sénégal et le Qatar, qui sera renforcée par un accroissement significatif des investissements qataris dans les secteurs prioritaires de la Vision Sénégal 2050. Une collaboration accrue entre les secteurs privés des deux nations a également été évoquée.
Outre le DG du Qatar Fund for Development, le président Faye a accordé une audience à M. Jared Cohen, président du Goldman Sachs Institute. Les sujets abordés concernaient les opportunités d’investissement au Sénégal, en mettant l’accent sur des projets structurants dans les secteurs clés de la Vision Sénégal 2050.
Ces rencontres traduisent la volonté ferme du chef de l’État de mobiliser des partenaires autour d’investissements stratégiques pour réaliser les ambitions du Sénégal en matière de développement durable et inclusif.
LE GRAND MALENTENDU CASAMANÇAIS
Le dialogue entre Elgas et Séverine Awenengo Dalberto dessine l'histoire d'une fiction administrative coloniale devenue revendication armée. L'échange éclaire les mécanismes complexes qui ont transformé une construction intellectuelle en conflit meurtrier
(SenePlus) - Dans un entretien accordé ce samedi 7 décembre 2024 à l'émission "Mémoire d'un continent" de RFI, l'historienne Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au CNRS et à l'IMAF, révèle la genèse et l'évolution complexe d'une idée qui a façonné l'histoire d'une région : l'autonomie de la Casamance. Son ouvrage "L'idée de Casamance autonome, possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" (éditions Karthala) retrace minutieusement cette construction historique aux conséquences dramatiques.
L'histoire de la Casamance commence véritablement au XVe siècle, lorsque le voyageur vénitien d'Ammosto découvre un fleuve majestueux qu'il nomme "Casamansa", d'après le titre du souverain local du Cassa. Cette première trace écrite marque le début d'une longue histoire de singularisation territoriale. À cette époque, la région est morcelée entre différentes entités politiques, dont l'Empire du Gabou qui connaît son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La construction administrative coloniale, qui s'opère à la fin du XIXe siècle, va profondément transformer cette configuration territoriale. Suite à des négociations complexes avec les Britanniques et les Portugais dans les années 1880, la France crée le "district des territoires de Casamance". Cette création administrative résulte d'un échec : l'impossibilité pour la France d'échanger avec la Grande-Bretagne ses comptoirs de Gambie, compromettant ainsi le rêve d'une Sénégambie unifiée.
L'invention d'une différence
L'administration coloniale développe rapidement un discours particulier sur cette région. La Casamance est décrite comme une terre "indomptable", dont les populations, particulièrement les Diolas, sont présentées comme "sauvages" et "anarchiques". Cette vision s'inscrit dans une ethnologie raciste de l'époque, portée notamment par Louis Faidherbe, qui établit une hiérarchie entre les différentes "races" du Sénégal.
L'Église catholique joue également un rôle crucial dans la construction de cette différence. Elle voit dans la Casamance une terre d'évangélisation unique au Sénégal, les populations animistes étant perçues comme plus "convertissables" que les populations musulmanes du nord. Cette perception religieuse contribue à forger l'image d'une Casamance distincte du reste du Sénégal, bien que la réalité démographique et religieuse soit plus complexe.
Un tournant majeur s'opère en 1914, lors de la visite du gouverneur général William Ponty. La chambre de commerce de Ziguinchor formule explicitement une demande d'autonomie, portée par une alliance inhabituelle entre colons français, métis portugais et créoles. Cette revendication, initialement administrative et économique, traduit déjà un imaginaire particulariste de la région.
La création du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) en 1949 marque une nouvelle étape. Fondé par des intellectuels comme Émile Badiane et Ibou Diallo, formés à l'école William Ponty, ce parti ne réclame pas l'indépendance mais cherche à faire entendre la voix de la Casamance dans le jeu politique sénégalais. Une pièce de théâtre, "Bugolo", écrite par ces élites, participe à la construction d'un récit héroïque de résistance casamançaise.
Le pacte brisé et ses conséquences
L'alliance entre le MFDC et le Bloc Démocratique Sénégalais de Léopold Sédar Senghor en 1951 crée un sentiment de "dette morale". Les excellents résultats électoraux obtenus en Casamance par le BDS alimentent cette perception. Le référendum de 1958 sur la Communauté française constitue un moment critique : l'administration coloniale tente d'instrumentaliser les élus casamançais en leur promettant une possible autonomie en cas de vote favorable, une promesse qui restera lettre morte.
La transformation tragique de cette idée d'autonomie survient en décembre 1982, lorsqu'un nouveau MFDC, sous la direction de l'Abbé Augustin Diamacoune Senghor, entre en conflit armé avec l'État sénégalais. Diamacoune réinterprète l'histoire coloniale, affirmant détenir des "preuves formelles" d'une autonomie ancienne de la Casamance. Cette relecture de l'histoire, basée sur des "fragments d'archives" et de mémoire, sert à légitimer une revendication indépendantiste.
Le conflit qui s'ensuit a fait plus de 4000 morts en 40 ans, marqué par des combats acharnés, l'utilisation de mines antipersonnel et des déchirements familiaux. Cette guerre de basse intensité, selon les termes d'Elgas, trouve ses racines dans la construction historique complexe de l'idée d'autonomie casamançaise, née dans le contexte colonial et transformée au fil du temps par différents acteurs et circonstances politiques.
Comme le souligne Séverine Awenengo Dalberto, comprendre cette histoire permet de mieux saisir pourquoi, même parmi les Casamançais non indépendantistes, persiste l'impression d'une "histoire cachée". Son travail d'historienne, fruit de plus de vingt ans de recherches, met en lumière cette "histoire souterraine", celle des "possibles non-advenus" et des interprétations morales du passé, indispensable pour comprendre les tensions actuelles et, peut-être, contribuer à une paix durable dans la région, estime Egas.
Aujourd'hui, alors qu'un espoir de paix définitive se dessine, cette histoire complexe rappelle l'importance de comprendre les racines historiques des conflits pour mieux en appréhender les solutions. La Casamance, avec son potentiel de développement considérable, attend désormais que cette page douloureuse de son histoire puisse enfin se tourner.
COMMENT DAKAR A CONGÉDIÉ L'ARMÉE FRANÇAISE
Diomaye n'aurait prévenu ni ses ministres de la Défense et des Armées, ni son chef d'état-major. La fuite du rapport Bockel, un des éléments de crispation ? Les EFS se préparent déjà à partir de deux bases
(SenePlus) - D'après une enquête approfondie de Jeune Afrique, l'annonce du départ des forces françaises du Sénégal par le président Bassirou Diomaye Faye le 28 novembre dernier s'inscrit dans une dynamique complexe, mêlant considérations stratégiques et enjeux politiques.
Cette décision, bien que spectaculaire, n'est pas totalement inattendue. Comme le révèle Jeune Afrique, dès novembre 2022, des signes avant-coureurs étaient perceptibles. Un haut gradé français confiait alors au magazine ses interrogations sur l'avenir de la présence militaire française dans le pays, illustrant cette incertitude par la fermeture programmée du centre équestre de la base Frédéric-Geille de Ouakam.
L'évolution de cette présence militaire s'était déjà amorcée sous la présidence d'Abdoulaye Wade. Les Forces françaises du Cap-Vert, comptant initialement 1 200 militaires, avaient été restructurées en 2011 pour devenir les Éléments français du Sénégal (EFS), avec des effectifs réduits à 350 hommes.
La chronologie des événements révélée par Jeune Afrique met en lumière un processus graduel. En février 2023, Paris proposait à l'ancien président Macky Sall, par l'intermédiaire de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, une réduction de moitié des effectifs. Une proposition qui se heurtait alors aux préoccupations sécuritaires du Sénégal face à la menace jihadiste.
Le timing de l'annonce de Diomaye Faye semble avoir été influencé par plusieurs facteurs. Selon le magazine, le président sénégalais n'avait pas prévenu ses ministres de la Défense et des Armées, ni son chef d'état-major général. Une source citée par Jeune Afrique suggère que cette décision était liée à la commémoration du massacre de Thiaroye : "Il est possible qu'il ait préféré prendre les devants avant la commémoration du massacre de Thiaroye [...] Il ne voulait pas prendre le risque qu'Ousmane Sonko, qui a une position ferme sur la question, ne s'empare du sujet."
Le rapport Bockel, commandé par Emmanuel Macron, semble avoir joué un rôle décisif dans la précipitation de l'annonce. Comme le rapporte Jeune Afrique, ses recommandations, qui préconisaient le maintien d'une centaine de militaires français, ont fuité avant même d'être discutées avec Dakar, provoquant l'exaspération des autorités sénégalaises. Le président Faye a d'ailleurs réagi vivement : "Pourquoi ce doit être à M. Bockel ou à toute autre personne française de décider que, dans tel pays souverain et indépendant, il faudrait maintenir 100 soldats ?"
Selon le général Babacar Gaye, ancien chef d'état-major général des armées sénégalaises, cité par Jeune Afrique : "Ce ne sont pas les capacités déjà réduites des EFS, ni des accords fondamentaux qui sont remis en cause, mais une présence qui relève du symbole qu'il faut faire évoluer."
La mise en œuvre de ce retrait reste à définir. Les EFS se préparent déjà à quitter deux bases à Dakar, Protée et Saint-Exupéry, tandis que l'avenir de la base de Ouakam demeure en discussion. Le président Faye a promis un départ "dans le respect" et "sans précipitation", même si, comme le précise un proche conseiller cité par Jeune Afrique : "Nous souhaitons de notre côté un départ définitif. Une coopération militaire peut bien se faire sans implantation physique."
TAXAWU DÉNONCE LA RADIATION DE DIAS
Le mouvement de Khalifa Sall soulève une question épineuse en rappelant que le Premier ministre Ousmane Sonko, lui aussi sous le coup d'une condamnation définitive, n'a pas fait l'objet d'une telle mesure
«Taxawu Senegaal » ne cache pas son indignation suite à la radiation de Barthélémy Dias de son mandat de député à l’Assemblée nationale hier, vendredi 6 décembre. Dans un communiqué rendu public, la plateforme politique fait savoir que « cette décision, en totale contradiction avec les principes fondamentaux de la démocratie, bafoue non seulement la volonté populaire mais également le socle même de l'État de droit ».
« Il est essentiel de rappeler que la candidature de Monsieur Barthélémy Dias a été validée par le Conseil constitutionnel, conformément aux exigences de la loi. Dès lors, toute contestation de son mandat est une remise en cause directe de l'autorité du peuple sénégalais qui lui a accordé sa confiance lors des élections législatives. Ce mandat, qui puise sa légitimité dans les urnes, ne saurait être révoqué sans une remise en cause du respect scrupuleux des règles démocratiques », souligne « Taxawu Senegaal ».
Allant plus loin, elle rappelle le cas de l’actuel Premier ministre Ousmane Sonko. « Il convient également de noter qu'en son arrêt n°1 du 4 janvier 2024, la Cour suprême a rejeté le pourvoi formé par Monsieur Ousmane Sonko contre l'arrêt n°137 rendu le 8 mai 2023 par la première Chambre correctionnelle de la Cour d'appel de Dakar », rappelle la plateforme politique. Et d’ajouter : « Cet arrêt, intervenu dans le cadre de la procédure de diffamation l'opposant à Monsieur Mame Mbaye Niang, a ainsi consacré la condamnation définitive de Monsieur Ousmane Sonko à une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis. Or, le dernier alinéa de l'article 61 de la Constitution, repris par l'article 51 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale, stipule de manière explicite: « Le député qui fait l'objet d'une condamnation pénale définitive est radié de la liste des députés de l'Assemblée nationale sur demande du ministre de la Justice ». C’est pourquoi « Taxawu Senegaal » est d’avis que « dans ce contexte, il est incompréhensible que la rigueur de ce dispositif juridique ait été appliquée avec une célérité implacable à l'encontre de Monsieur Barthélémy Dias, tandis que Monsieur Ousmane Sonko, qui a suspendu son mandat, bénéficie d'une surprenante mansuétude ». Elle s’inquiète ainsi quant à « l'impartialité des institutions censées garantir l'équité devant la loi ».
Dans le communiqué, « Taxawu Senegaal dénonce avec la plus grande fermeté cette justice à géométrie variable, où des principes fondamentaux sont appliqués de manière sélective, au gré des intérêts partisans ». Selon Khalifa Sall et ses camarades, « cette pratique, si elle devait se généraliser, constituerait un péril majeur pour les fondements mêmes de notre démocratie ».
« Taxawu Senegaal » compte ainsi saisir la justice dans cette affaire. « Dans le respect des institutions et pour la sauvegarde de la démocratie sénégalaise, Taxawu Senegaal entend explorer toutes les voies de recours légales, nationales comme internationales, afin de rétablir le droit et de garantir à Monsieur Barthélémy Dias la possibilité d'exercer pleinement le mandat que le peuple lui a confié », rapporte la note. Pour rappel, le maire de Dakar Barthélémy Dias, élu député lors des législatives du 17 novembre dernier, a été radié de son mandat de député du fait de sa condamnation à 2 ans de prison, dont 6 mois ferme, en décembre 2023, dans l’affaire Ndiaga Diouf.
BARTH ET KHALIFA, UN DESTIN COMMUN
La radiation du maire de Dakar ouvre la voie à d'autres conséquences juridiques potentielles. L'homme politique pourrait notamment être exclu des listes électorales, conformément à l'article L.29 du Code électoral
L’Assemblée nationale a bouclé hier, vendredi 6 décembre, le processus d’installation de son bureau. S’exprimant lors cette plénière consacrée à la ratification de la liste des membres des 14 Commissions permanentes, le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a annoncé la radiation de Barthélémy Toye Dias de la liste des députés, sur demande du ministre de la Justice.
La radiation du député-maire de la ville Dakar, Barthélémy Toye Dias, est désormais officielle. S’exprimant hier, vendredi 6 décembre 2024, devant ses collègues députés, lors de la plénière relative à la validation de la liste des membres de 14 commissions, le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, a informé que le bureau de l'Assemblée nationale, réunit le jeudi 5 décembre 2024, a procédé à la radiation de Barthélémy Toye Dias.
Le président de l’Assemblée nationale a précisé que cette décision fait suite à une demande du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, M. Ousmane Diagne, en application des dispositions du dernier alinéa de l’article 61 de la Constitution et du dernier alinéa de l’article 51 du Règlement intérieur de l'Assemblée nationale.
Cette disposition constitutionnelle précise que «le membre de l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice». Quant au dernier alinéa de l’article 51 du Règlement intérieur il précise que «le membre «de l’Assemblée nationale» qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice.»
La raison de la demande de radiation
La radiation de Barthélémy Dias) était attendue depuis décembre 2023. D’ailleurs, certains des observateurs de la scène politique juridique, étonnés le silence et de la position adoptés par l’ancien régime du président Macky Sall dans cette affaire, n’avaient pas hésité à la classer parmi les dossiers que l’ex-chef d’Etat dit avoir «mis sous le coude»
Pour rappel, le 21 septembre 2022, la Cour d’appel du Tribunal de Grande instance hors classe de Dakar, statuant sur l’appel à la condamnation à deux ans de prison, dont six mois ferme pour « coups mortels» dans l’affaire dite «Ndiaga Diouf», introduit par les avocats de Barthélémy Toye Dias, 5 ans auparavant, avait confirmé cette condamnation. Non satisfait de cette décision du juge d’appel, Barthélémy Toye Dias, qui est devenu entretemps maire en janvier 2022 et puis député en juillet de la même année, s’était tourné vers la Cour suprême.
Dans son verdict, rendu le vendredi 22 décembre 2023, la Haute juridiction avait rejeté son pourvoi en Cassation, confirmant ainsi la décision du juge d’Appel dans cette affaire de la mort, par balle en 2011, de Ndiaga Diouf, lors de l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur. Barthélémy était le maire à l’époque.
Au lendemain de ce verdict de la Cour suprême, il revenait à l’actuelle présidente du Groupe parlementaire de l’opposition Takku-Wallu, Me Aïssata Tall, qui était ministre de la Justice d’alors mais aussi avocate du maire de Dakar lors de son procès en première instance, de faire exécuter cette décision, en demandant au bureau de l’Assemblée nationale sa radiation. Et ce, en application des dispositions du dernier alinéa de l’article 61 de la Constitution et du dernier alinéa de l’article 51 du Règlement intérieur de l'Assemblée nationale. L’Assemblée nationale n’avait posé aucun acte allant dans ce sens. C’est ainsi que Barthélémy Dias a pu siéger pendant les deux années de mandature de la 14e législature.
Barthélémy Dias vers une radiation des listes électorales
Cette radiation de la liste des députés de la 15e législature ne semble être que le début des ennuis politico-judiciaires pour l’actuel maire de Dakar. En effet, si le ministre de la Justice, qui a saisi le bureau de l’Assemblée nationale pour demander l’application de la décision rendue le 22 décembre 2023 par la Cour suprême dans l’affaire Ndiaga Diouf, va au bout de la logique du droit dans cette affaire, Barthélémy Dias ne pourra plus candidater lors de futures élections au Sénégal. Une autre conséquence de l’application de cette condamnation définitive est sa radiation des listes électorales, dans les prochains jours, conformément aux dispositions du premier alinéa de l’article L.29 du Code électoral qui stipule : «Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale : les individus condamnés pour crime».
Barthélemy Dias, a pu diriger la liste de la coalition «Samm Sa Kaadu» et participer au scrutin des législatives anticipées du 17 novembre dernier, malgré sa condamnation définitive. Mais, prenant la parole, 6 mars 2024, lors de la plénière consacrée au vote d’une loi d’amnistie visant à couvrir les «événements liés aux manifestations politiques ou à visée politique entre 2021 et 2024», Barthélemy Dias avait interpellé Me Aïssata Tall Sall, alors ministre de la Justice et Garde des Sceaux: «Madame la ministre, je voudrais m’exprimer, en tant que maire de Dakar. Vous êtes au courant de ma situation puisque vous avez été mon avocate. Vous savez que je suis exclu des listes électorales pour cinq ans, car j’ai été définitivement condamné, suite à une attaque jugée lâche contre une institution de la République, attaque documentée par des vidéos. Je souligne être le seul jugé dans cette affaire, personne d’autre n’ayant été poursuivi », avait-il signalé. Avant de marteler, au sujet de sa radiation des listes électorales : « Cette exclusion signifie que je ne peux me présenter à aucune élection. Si une élection a lieu en 2029, je ne pourrai pas être candidat, et je ne peux plus briguer la mairie de Dakar. Le fait d’être l’unique personne attaquée et jugée, par des magistrats se prétendant indépendants, me prive du droit de participer aux élections, sous le prétexte de cette condamnation».
Taxawu Senegal de nouveau sans députés, comme en 2017
La radiation du maire de Dakar de la liste des membres de la 15e législature constitue également un coup très dur pour l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababcar Sall. En effet, sa plateforme politique «Taxawu Senegal» va se retrouve sans député, dans cette 15e législature. Barthélemy Dias, qui avait la confiance de Khalifa Sall pour confectionner la liste des candidats de la coalition «Samm Sa Kaddu», d’après son désormais ex-camarade, Abba Mbaye, était le seul candidat membre de «Taxawu Senegal» investi sur les dix premiers investis de la liste nationale de cette coalition qui après les élections législatives n’a obtenu que trois sièges
Cette situation rappelle celle de Khalifa Ababacar Sall, aux législatives de 2017. Investi à l’époque tête de liste de la coalition «Mankoo taxawu Senegal», alors qu’il était Maire de Dakar mais en détention préventive, dans le cadre de l’affaire de la Caisse d’avance, Khalifa Ababacar Sall, qui était également seul candidat de «Taxaw Senegal» élu à l’issu de ce scrutin, a été non seulement radié la liste des députés mais aussi révoqué de la tête de la mairie de Dakar, suite à la confirmation de sa condamnation par la Cour d’Appel de Dakar. A l’époque, il a été remplacé par Malick Gueye, responsable du Grand Parti de Malick Gakou.
QUE NOUS RAPPORTENT LES VOYAGES DE DIOMAYE ?
Le constat est que le Sénégal, sous la coupe de Diomaye et Sonko, se contente généralement de bons vœux de partenariat, aussi bien bilatéral que multilatéral. Hormis l’Allemagne, qui a consenti, fin septembre, un appui budgétaire de 44,6 milliards de FCFA
Comme dans une sorte de division du travail avec son tandem, le Premier ministre Ousmane Sonko, le président Bassirou Diomaye Faye est en train de prendre la pleine mesure de l’un de ses domaines régaliens : la diplomatie. Le chef de l'État s’est encore envolé, ce décembre, pour une nouvelle série de visites aux Émirats arabes unis et au Qatar, du 4 au 8 décembre 2024.
Parti dans ces pays à l’invitation de Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, président des Émirats, Diomaye y discutera de partenariat dans des secteurs tels que les infrastructures, la gestion portuaire et aéroportuaire, les énergies renouvelables et la sécurité régionale, selon les services de communication du Palais de Dakar. Encore des promesses de coopération dont les Sénégalais attendent les impacts sur le développement socio-économique, depuis 8 mois que Diomaye emprunte son avion présidentiel pour une vingtaine de fois !
Jusque-là, la seule sortie couronnée d’une annonce en espèces sonnantes et trébuchantes, dont a grandement besoin le budget sous tension aiguë, s'est produite lors du Forum Chine-Afrique, au cours duquel le président Xi Jinping a promis un don de 27 milliards FCFA au Sénégal. Cela a été assorti d’une signature entre Dakar et Pékin de 10 accords de partenariat dans des domaines comme les technologies de l’information et de la communication, la modernisation agricole, l’industrialisation et les nouvelles énergies. En fait, une continuité dans cette coopération entre les pays.
Le constat est que le Sénégal, sous la coupe de Diomaye et Sonko, se contente généralement de bons vœux de partenariat, aussi bien bilatéral que multilatéral. Hormis l’Allemagne, qui a consenti, fin septembre, un appui budgétaire d’un montant global de 44,6 milliards de FCFA dans le cadre du Programme pour le renforcement de la résilience fiscale, économique et climatique, les finances sénégalaises souffrent de l’expectative des partenaires externes face à un pouvoir qui entend faire œuvre de « souveraineté » sans en définir clairement les tenants et aboutissants.
RADIATION DE BARTHÉLÉMY DIAS, ABDOU MBOW DÉNONCE UNE FORFAITURE
Selon le député, cette décision fait partie d’une tentative de renforcer une “dictature” parlementaire.
Dans une déclaration musclée, Abdou Mbow a dénoncé la radiation de Barthélémy Dias comme une manœuvre politique illégale.
« Vous avez suivi, comme tout le monde, que le ministre de la Justice a demandé la radiation de Barthélémy Dias de notre liste. En tout cas, notre groupe Takku Walou Sénégal dénonce cette forfaiture », a-t-il déclaré.
Il a rappelé les nombreuses irrégularités qui entachent le fonctionnement de l’Assemblée nationale actuelle, notamment la violation des règles lors de la distribution des postes.
« La loi nous accorde un poste de vice-président, un poste octroyé par les électeurs sénégalais. Mais la majorité actuelle, notamment le pouvoir en place à savoir le parti Pastef, a usurpé ces postes, installant ainsi une dictature », a notamment ajouté Abdou Mbow.
Pour Mbow, cette décision s’inscrit dans une volonté de museler l’opposition et de renforcer une “dictature” parlementaire.
« Tout ce qui a été fait aujourd’hui est dans l’illégalité », a-t-il martelé.
Il a assuré que son parti, Takku Wallu Sénégal, engagerait toutes les voies de recours légales pour faire annuler cette décision.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
LE MAUVAIS PROCÈS FAIT AU MINISTÈRE DE LA COMMUNICATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Certains acteurs du secteur de la presse poussent à la confrontation. Pour les uns, il s’agit de reprendre le combat de l’ancien régime en arrière garde. Rien ne doit plus être comme avant
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 06/12/2024
Mamadou Ibra Kane, le président du Conseil des Diffuseurs et Editeurs de la Presse (CDEPS) est, pour qui le connait, un homme d’habitude pondéré et courtois.
Il ajoute même : « ce 2 décembre 2024 est une date macabre pour la liberté de la presse au Sénégal. Toutes les appréhensions que nous avions depuis plus de huit mois du nouveau régime de Bassirou Diomaye se justifient aujourd’hui. Nous sommes scandalisés, abasourdis… »
Maimouna Ndour Faye de surenchérir : « Ce projet est sournois. Blocage de comptes bancaires, annulation des contrats avec l’Etat, gel des paiements et maintenant ça. Mais qu’ils sachent que nous ne céderons pas ».
Mandiambal Diagne lui, sonne carrément la mobilisation contre le gouvernement : « Nous refusons d’accepter une telle décision illégale. Ma sympathie et mon soutien à tous les acteurs des médias qui font les frais de l’arbitraire du gouvernement de Ousmane Sonko ».
La fronde des patrons
Notons d’abord qu’il s’agit d’une fronde des seuls patrons de presse, aucune organisation professionnelle ne s’y est associée.
Ni le Syndicat des Professionnels de l’Information et la Communication du Sénégal (SYNPICS), ni la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS), ni l’Association des Femmes des Médias du Sénégal (AFMS) ni le Conseil pour l'Observation des Règles d'Éthique et de Déontologie (CORED) ! En outre, ces patrons font au « gouvernement Sonko » un mauvais procès : celui de vouloir les liquider.
Il est vrai que ce dernier pourrait pour sa part soupçonner certains patrons, du fait de leur proximité, de leur « amitié » déclarée même avec l’ancien président, de vouloir prendre à leur compte le combat de l’ancien régime en alimentant la sédition. Quant au fond, convenons de ceci :
1-Dans un contexte de pluralisme médiatique, la régulation de la presse écrite tout comme de l’audiovisuel est bien évidemment une responsabilité du gouvernement. Le Code de la presse porte précisément sur les modalités de cette régulation notamment par les articles 80 à 93 concernant la presse écrite et les articles 94 à 117, la communication audiovisuelle.
Cette régulation est d’autant plus nécessaire que les acteurs de la presse ont, eux même, naguère appelé à des mesures d’assainissement consistant à « la nécessaire régulation du secteur par les autorités publiques, l’évaluation et la réforme du Code de la presse, le financement adéquat des entreprises de presse, l’adoption d’un Code de conduite pour les médias, la prise en charge de la formation dans les métiers des médias… ».
2-Les 112 entreprises de presse retenues par le ministère de tutelle sont celles qui sont déjà en règle au regard des articles précités du Code de la presse et de ce fait sont éligibles au Fonds d’Appui à la presse. Il ne s’agit nullement comme les patrons de presse font semblant de croire, « d’une liste d’entreprises de presse qui auraient le droit d’exercer sur le territoire sénégalais ».
3-La réglementation relative à la création des organes de presse écrite n’est pas remise en cause, on le sait bien : c’est toujours le principe déclaratif qui prévaut : il suffit d’une déclaration de parution adressée au ministère accompagnée d’un extrait du casier judiciaire du directeur de publication, les nom et adresses du directeur de publication et des propriétaires.
4- Quant à la liberté de la presse qui serait menacée par la régulation, on n’oublie que liberté de presse et responsabilité sociale de la presse vont de pair.
Ceci a été codifié en doctrine dès les années 1947, aux Etats Unis face à l’explosion de la presse, à cette époque. Voici ce qu’établissait dès lors la commission dite Commission Hutchins établie pour étudier comment sauvegarder la liberté de la presse tout en l’astreignant au contrôle : « Il y a contradiction entre l’idée traditionnelle de la liberté de la presse et sa nécessaire contrepartie de responsabilité…La responsabilité comme le respect des lois, n’est pas en soi une entrave à la liberté ; bien au contraire, elle peut être l’authentique expression d’une liberté positive. …Il est trop fréquent aujourd’hui que la prétendue liberté de la presse soit une forme d’irresponsabilité sociale. La presse doit savoir que ses erreurs et ses passions ont cessé d’appartenir au domaine privé pour devenir des dangers publics. Si elle se trompe, c’est l’opinion qu’elle trompe... »
Visiblement certains acteurs du secteur de la presse, au sein de la profession comme au sein de l’administration publique poussent à la confrontation. Pour les uns, il s’agit de reprendre le combat de l’ancien régime en arrière garde, pour les autres, il faut liquider définitivement ces gens qu’on assimile à des ennemis irréductibles.
Une presse indépendante et forte pour une démocratie forte
Ne les suivons pas dans l’escalade. Le Sénégal a besoin d’une démocratie forte pour faire face aux défis du développement tels que formulés par l’Agenda 2050. Une telle démocratie ne saurait bien entendu prospérer sans une presse indépendante et forte.
Convenons-en pourtant : rien ne doit plus être comme avant : le secteur de la presse doit être assaini, l’équité et la transparence doivent prévaloir aussi bien dans l’enregistrement des médias, que dans l’attribution et le contrôle de l’exploitation des fréquences, que dans l’attribution du Fonds d’Appui à la presse.
Les entreprises de presse doivent évidemment se conformer rigoureusement désormais aux prescriptions du Code de la presse notamment en ce qui concerne le profil et les qualifications de leurs responsables et la nécessité d’embaucher le nombre minimum de journalistes professionnels requis.
Elles doivent s’astreindre à reverser désormais les cotisations sociales de leurs employés et à régler leurs impôts. Toutes les prescriptions maintenant exigées des entreprises de presse ne mettent elles pas en cause leur viabilité économique ? Certainement !
Pour le renouveau de la presse
Peut-être doit on courageusement remettre en cause le modèle économique traditionnel ? Peut-être doit on plaider auprès des autorités publiques pour la mise à jour de l’organisation du secteur de la publicité dont la loi de référence date de plus de 40 ans (loi n° 81-58 du 9 novembre 1981) !
La presse a encore de beaux jours devant elle dans notre pays : le nouveau régime pour lequel les Sénégalais ont voté dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et auquel ils ont donné la majorité des deux tiers aux législatives récentes, s’inscrit dans la continuité républicaine et démocratique.
Il entend renforcer le pluralisme médiatique : tout journal, radio, télévision et média en ligne est bien évidement libre de traiter et de présenter l’information selon sa ligne éditoriale pour peu qu’il le fasse dans le respect des lois et règlements de la République.
YANKHOBA DIÉMÉ APPELLE À UNE OPPOSITION CONSTRUCTIVE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Lors de la ratification des listes des commissions, il a plaidé pour un accompagnement législatif permettant de concrétiser les changements attendus par le peuple sénégalais.
Le gouvernement attend des députés de la 15e législature une opposition constructive, un refus motivé, a déclaré vendredi à Dakar, Yankhoba Diémé, ministre sortant du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions.
‘’Nous voudrions en tant que gouvernement insister sur le fait que nous espérons des députés, une opposition constructive, un refus motivé sur certaines choses mais [aussi] un encadrement et un accompagnement pour que ce changement intervienne’’, a-t-il dit lors de la séance consacrée à la ratification des listes des membres des commissions permanentes de la 15 e législature.
Il a souhaité ‘’un franc succès à la présente législature, une législature de challenge, d’attentes fortes pour le peuple sénégalais, une législature d’attente même pour le gouvernement’’.
Il considère que l’exécutif ne pourra pas gouverner comme il faut sans l’accompagnement et l’encadrement du législatifs à travers le vote des lois, le contrôle de l’action du gouvernement et l’action de représentation du peuple.
‘’Nous avons choisi et assumé le devoir de faire des ruptures profondes, un changement systémique. Nous savons que pour ce faire, nous devons prendre le courage d’accepter, de faire et de subir le mal sur nous mêmes d’abord’’, a-t-il fait valoir.
DÉTHIÉ FALL OFFICIALISE SA DÉMISSION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Le leader du PRP a annoncé sa démission de l’hémicycle, respectant un engagement pris après son départ de la coalition Sam Sa Kaddu.
Déthié Fall, élu député de la 15e législature, a annoncé officiellement sa démission, respectant ainsi un engagement pris envers le peuple sénégalais après sa rupture avec la coalition Sam Sa Kaddu et son ralliement à Pastef, à la veille de la campagne électorale.
Dans un communiqué, l’ancien parlementaire a expliqué que sa décision fait suite à la radiation de la tête de liste Sam Sa Kaddu. « J’avais pris l’engagement que j’allais remettre ce poste s’il me revenait du fait de ma démission de cette coalition et de mon soutien à la liste Pastef dirigée par le Président Ousmane Sonko. Je tiens donc à respecter la parole donnée qui m’est très chère », a-t-il déclaré.
Déthié Fall a également profité de cette occasion pour féliciter le Président de l’Assemblée nationale et les nouveaux parlementaires pour leur mandat. Il a renouvelé son soutien indéfectible à Ousmane Sonko, qu’il décrit comme un compagnon de lutte pour la démocratie et les libertés, et à Bassirou Diomaye Faye, président de la République issu des rangs de Pastef.
« Avec Ousmane Sonko, j’ai partagé tous les combats politiques de ces trois dernières années pour la démocratie et les libertés, avec tous les sacrifices possibles », a-t-il souligné, réaffirmant son attachement aux idéaux de son parti.