Le PS, le PDS, l’AFP, Rewmi, le PIT, Ld/MPT, Aj/Pads, l’heure des mutations
Les récentes élections législatives ont marqué un tournant décisif dans le paysage politique sénégalais. Deux des principaux partis historiques, notamment le Parti Socialiste (Ps) et l’Alliance des Forces de Progrès (Afp), ont enregistré des résultats décevants. Ils n’ont obtenu que quelques postes de députés. Cette dégringolade aussi concerne des partis historiques comme le Parti démocratique sénégalais (PDS), le Rewmi, la Ld/MPT, le Pit, Aj/Pads, suscite des interrogations sur les dynamiques politiques actuelles et la recomposition du paysage politique.
Les élections législatives du 17 novembre 2024 ont marqué une rupture majeure dans l’histoire politique du Sénégal. Les partis traditionnels, en particulier le Parti Socialiste (Ps), l’Alliance des Forces de Progrès (Afp) et le Parti démocratique sénégalais ( Pds), le Parti de l’indépendance pour le travail ( Pit) et la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt) ont enregistré des résultats décevants, illustrant une perte d’influence alarmante. Même si certaines de ces formations se sont laissé remorquer par des locomotives (Alliance) lors des dernières élections (Présidentielle et Législative). Jadis incontournables grâce à leurs bases électorales solides et des appareils bien rodés, ces formations sont désormais fragilisées par une érosion de leur ancrage populaire, un manque de renouvellement générationnel et des programmes jugés décalés par rapport aux attentes d’une population, notamment des jeunes, en quête de rupture. Pendant ce temps, les mouvements émergents et les coalitions portées par des leaders dynamiques et charismatiques, comme Ousmane Sonko et Barthélémy Dias, captent l’attention et redéfinissent les contours du paysage politique national. Entre crise de leadership, dissidences internes et remise en question de leurs stratégies, les partis historiques sont confrontés à un défi existentiel : se réinventer pour survivre ou disparaître face à des forces politiques mieux alignées sur les aspirations contemporaines.
Érosion des bases traditionnelles et des programmes obsolètes
Le Ps et l’Afp par exemple qui s’appuient depuis des décennies sur des appareils politiques bien établis, semblent avoir perdu leur ancrage populaire. La fidélité des électeurs, autrefois garantie sur des bases affectives et des réseaux clientélistes, s’est effritée. Les jeunes générations, moins enclines à adhérer aux logiques partisanes héritées, se montrent davantage séduites par le discours des mouvements plus modernes et revendicatifs. Ce déclin est particulièrement visible dans les régions. A Louga, les socialistes dominaient autrefois sans partage. La région de Kaolack était un bastion incontournable de l’Afp. Aujourd’hui, même dans ces contrées acquises jadis par ces partis traditionnels, les résultats montrent une montée en puissance des formations émergentes qui captent l’attention d’un électorat en quête de rupture avec les pratiques politiques jugées obsolètes. Pire encore, lors des élections législatives, ces formations en décadence sont obligées de se fondre dans certaines coalitions politiques pour tenter d’exister sur le terrain. La preuve par les socialistes épaulés l’ex-Premier ministre Amadou Bâ au sein de la coalition Jàmm ak Njarign. Le Ps, l’Afp et le Pds souffrent d’un manque de renouvellement idéologique. Leurs programmes, souvent bien structurés, notamment en matière d’emploi, de santé, et de gouvernance, peinent à attirer l’attention pressante des jeunes. En comparaison, les nouvelles forces politiques ont mis l’accent sur des campagnes axées sur le concret voire l’action immédiate relative à la transparence, la rupture systémique, la lutte contre la corruption et la justice sociale. Cette inadéquation entre l’offre politique des partis traditionnels et les attentes populaires a favorisé une érosion massive de leur base électorale historique, tandis qu’une partie de leurs partisans s’est tournée vers des alternatives perçues comme plus crédibles.
Un leadership contesté et en décalage avec l’époque
Le manque de leadership charismatique et l’absence de visionnaire au sein des formations politiques ont aggravé la décadence de ces formations politiques emblématiques ( Ps, Afp, Pit, Ld/Mpt, Pds). Leurs hiérarques sont souvent perçus comme les vestiges d’une époque révolue par la jeunesse en quête de renouveau. Leur incapacité à capter les aspirations des nouvelles générations, à intégrer les revendications populaires, ou à renouveler leurs discours, a cristallisé une profonde désillusion au sein de l’électorat. Les querelles internes et l’absence de figures capables de rassembler ont affaibli leur crédibilité. À l’inverse, les nouvelles coalitions politiques comme le Pastef bénéficient de leaders dynamiques capables de mobiliser des foules et de donner un visage renouvelé à la politique. Le leadership de la matriarche Aminata Mbengue Ndiaye et de Moustapha Niasse sont constamment remis en question. Leur incapacité à faire face aux crises internes, à gérer les conflits de pouvoir, ou à promouvoir une transition générationnelle, a renforcé l’idée que ces leaders représentent un obstacle au renouveau politique. En clair, ils ont refusé la modernisation et la mutation. Après l’avènement de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) en 2012, ils ont préféré rester sourds aux appels du rajeunissement. Une faute stratégique ! Si un parti politique a raté la coche du renouvellement générationnel, c’est bien le PS. Alors que les révélations de Khalifa Sall, Barthélemy Dias et Malick Noël Seck étaient perçues à l’époque comme une aubaine pour rajeunir le parti. Malheureusement, les avantages offerts par le Président Macky Sall ont mis un frein à toute velléité de renouvellement. Les anciens n’ont jamais voulu céder la place aux jeunes. D’où les dissidences fréquentes, notamment celle de Khalifa Sall. Aujourd’hui, le « Wind of change » – vent du changement – souffle sur le Sénégal. La jeunesse est plus que jamais au rendez-vous. Mme Aminata Mbengue Ndiaye semble l’avoir compris trop tard. Du côté de l’Afp, c’est le même constat. Le vieux Moustapha Niasse préfère dicter sa loi en faisant de l’Afp une boutique de famille. Son compagnonnage avec Macky Sall et les nombreux avantages offerts par ce dernier ont relégué le processus de renouvellement au second plan. Des jeunes leaders qui incarnaient la relève sont exclus ou emprisonnés pour vandalisme. En 2015, Malick Gackou a quitté l’Afp. Pendant ce temps, tous ceux qui exhibaient des ambitions présidentielles sont quasiment exclus. Même si les élections présidentielles de 2019 et de 2024 ne sont pas des succès pour la tête de file Grand Parti (Gp), il a préféré prendre ses responsabilités. Alioune Sarr et Dr Malick Diop ont aussi ont claqué la porte.
Un renouvellement exigé par la base
Au sein même des partis, de nombreuses voix s’élèvent depuis longtemps pour réclamer une refonte totale. Avec la chute de BBY, certains militants et cadres intermédiaires, frustrés par le manque de vision stratégique, ont rejoint les formations les plus enclins à promouvoir les jeunes leaders, notamment les jeunes leaders comme Barthelemy Dias et Ousmane Sonko. Dans un contexte où les citoyens exigent davantage de l’innovation politique, de la transparence et un discours de rupture, le rajeunissement apparaît comme une nécessité. D’ailleurs, c’est ce qui explique la popularité de Barthelemy Dias qui a su capter une partie de l’électorat socialiste dans la région de Dakar, même si les législatives sont une grande désillusion pour lui. Loin d’être un simple ajustement, cette démarche doit s’accompagner d’une révision perspicace des méthodes de gouvernance, des alliances politiques et des priorités stratégiques. L’heure n’est plus aux demi-mesures.
Le renouvellement de la classe dirigeante est une étape essentielle pour espérer reconquérir l’électorat. Il s’agit d’un acte de survie et de responsabilité face à un système démocratique en quête de régénération. Ce changement de paradigme pourrait permettre de rétablir un lien de confiance avec les citoyens, tout en favorisant une recomposition politique durable et plus représentative des aspirations populaires. Pour regagner la confiance de leurs électeurs, le PS, l’AFP et les partis traditionnels devront se doter de leaders capables d’incarner le changement. Cela implique une promotion des jeunes cadres capables d’imposer un répondant aux dirigeants actuels. Les formations politiques qui refuseront de prendre ce virage risquent de disparaître, balayées par des forces émergentes mieux adaptées aux attentes sociopolitiques actuelles et des aspirations de la jeunesse. La débâcle des partis traditionnels au soir des élections du 17 novembre 2024 dernier ne signifie pas leur disparition imminente, mais elle appelle une introspection profonde de leurs dirigeants actuels. Pour survivre, ils devront réinventer leurs discours, renouveler leurs élites, et se reconnecter aux aspirations populaires. Faute de quoi, ils risquent d’être définitivement relégués au second plan, cédant la place à une nouvelle génération de formations politiques. Les législatives marquent l’émergence d’un nouveau cycle politique au Sénégal. L’effondrement des partis historiques pourrait être le prélude à une recomposition profonde du champ politique, portée par des acteurs plus en phase avec les enjeux contemporains.
PLUS DE BASES ÉTRANGÈRES AU SÉNÉGAL
"La souveraineté ne s'accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain". Diomaye annonce la fermeture des bases militaires françaises, tout en tendant la main à Paris pour un "partenariat rénové"
(SenePlus) - Le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé jeudi 28 novembre que la France devra fermer ses bases militaires au Sénégal, tout en soulignant sa volonté de maintenir des relations privilégiées avec Paris. Cette décision historique s'inscrit dans une nouvelle vision des relations franco-sénégalaises.
Dans un entretien accordé à l'AFP au palais présidentiel, le chef de l'État a justifié sa position par des impératifs de souveraineté nationale : "Le Sénégal est un pays indépendant, c'est un pays souverain et la souveraineté ne s'accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain."
Cette annonce, qui confirme l'une des promesses phares de sa campagne électorale, s'accompagne toutefois d'une volonté affirmée de préserver les liens avec l'ancienne puissance coloniale. "La France reste un partenaire important pour le Sénégal au regard du niveau d'investissements, de la présence de sociétés françaises et même de citoyens français qui sont au Sénégal", a souligné le président Faye à l'AFP.
Le chef d'État plaide pour "un partenariat dépouillé de cette présence militaire-là, mais qui soit un partenariat riche, un partenariat fécond, un partenariat privilégié et global comme nous l'avons avec beaucoup d'autres pays". Pour étayer son propos, il cite l'exemple de la Chine : "Aujourd'hui, la Chine est notre premier partenaire commercial par le volume des investissements et des échanges. Est-ce que la Chine a une présence militaire au Sénégal ? Non."
Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de révision de la doctrine militaire sénégalaise. Selon l'AFP, le président a évoqué une mise à jour prochaine qui "impose évidemment qu'il n'y ait plus de bases militaires de quelque pays que ce soit au Sénégal", tout en appelant à "d'autres évolutions dans la coopération militaire".
Cette annonce intervient alors que la France a déjà engagé une réduction significative de sa présence militaire en Afrique. D'après des sources proches de l'exécutif français citées par l'AFP, Paris prévoyait de réduire ses effectifs au Sénégal de 350 à une centaine de militaires, dans le cadre d'une restructuration plus large de son dispositif militaire sur le continent.
Le timing de cette annonce est d'autant plus symbolique qu'elle coïncide avec la reconnaissance historique par Emmanuel Macron du "massacre" de Thiaroye, un geste salué par le président Faye comme "un grand pas" dans les relations bilatérales, selon ses propos rapportés par l'AFP.
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SAMBA GUEYE, L'ENFANT MIRACLE DU SÉNÉGAL
Il sourit à la vie malgré les 77 interventions chirurgicales qu'il a subies. Le jeune homme de 15 ans incarne la résilience face à un accident domestique qui aurait pu lui coûter la vie. Son histoire fait désormais l'objet d'un livre
Dans interview accordée à l'émission "Soir D'info" de la TFM le jeudi 28 novembre 2024, Samba Gueye, âgé aujourd'hui de 15 ans, a partagé son parcours remarquable de résilience et de courage face à l'adversité.
À l'âge de trois ans, alors qu'il vivait à Joal, Samba a accidentellement ingéré de la soude caustique, localement connue sous le nom de "Ré" en wolof. "C'est ainsi que je suis tombé malade, que mon œsophage s'est brûlé et j'avais des problèmes d'alimentation", a-t-il confié au présentateur Cherif Diop.
Face à cette situation critique, sa mère Mariem a fait preuve d'une détermination extraordinaire. "Ma mère me mettait dans un bassin où elle mettait de l'eau et du sel", se souvient Samba, évoquant les premiers soins prodigués pour maintenir son corps en vie. Après deux mois sous perfusion à Joal, il a été transféré dans plusieurs hôpitaux de Dakar, où une sonde gastrique lui a été posée, qui s'est malheureusement bouchée quelques semaines plus tard.
Le tournant de son histoire survient grâce à sa rencontre avec Cya Cloté, qu'il décrit comme "une grande femme, une femme d'honneur qui aime l'Afrique mais aussi l'Europe". Cette dernière a permis son transfert en Allemagne, où il a subi 77 opérations chirurgicales en dix ans. "À l'hôpital, c'était comme une troisième famille", témoigne-t-il.
Son séjour en Allemagne a été marqué par des moments intenses, notamment sa dernière opération particulièrement risquée. "On m'avait dit que c'était une opération très très difficile et très compliquée, et que ça pouvait même aller à la mort", explique-t-il. Son histoire a tellement ému qu'elle a fait la une de la presse allemande et lui a valu une rencontre avec le président allemand de l'époque.
Aujourd'hui, Samba porte un message d'espoir pour les autres enfants confrontés à des épreuves similaires : "Après chaque opération, je souriais [...] chaque enfant, chaque personne a le droit de rêver. L'empêchement d'une maladie ne veut pas dire que tu n'as pas le droit de rêver."
Son histoire fait désormais l'objet d'un livre publié aux éditions Feu de Brousse, dans la collection "Histoire de vie", une initiative visant à préserver la mémoire des parcours exceptionnels au Sénégal.
LES DEPUTES CONVOQUES LE 2 DECEMBRE
C’est désormais officiel ! La date de la première session ordinaire de l'Assemblée nationale nouvellement élue est fixée au lundi 02 décembre.
Les députés élus lors des législatives anticipées du 17 novembre prochain seront installés dans leur fonction le lundi 02 décembre prochain. Le président de la République a signé hier, jeudi 28 novembre, le décret numéro 2024-3290 convoquant la première session ordinaire de l'Assemblée nationale nouvellement élue.
C’est désormais officiel ! La date de la première session ordinaire de l'Assemblée nationale nouvellement élue est fixée au lundi 02 décembre. Le président de la République à qui revenait la prérogative de prendre cette mesure à la suite de la proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives du 17 novembre 2024 par le Conseil Constitutionnel, le mercredi 27 novembre 2024, a signé hier, jeudi 28 novembre, le décret numéro 2024-3290 convoquant cette session d’installation officielle des députés de la 15e législature. Le déroulement de cette première session de la nouvelle Assemblée nationale sera marqué par l’élection du président de l’Assemblée nationale qui va succéder à Amadou Mame Diop pour les cinq prochaines années.
Ce scrutin à bulletin secret sera présidé par le député élu le plus âgé, en l’occurrence l’inspecteur des impôts et des domaines à la retraite Alla Kane, âgé de plus de 80 ans. Membre honoraire du bureau exécutif national du mouvement « Maggi Pastef », Alla Kane aura comme Secrétaire lors de cet exercice un autre militant du Pastef, Anne Marie Yacine Tine qui est la benjamine des députés (26 ans). Avec sa majorité confortable de 130 sièges sur les 165, le parti au pouvoir, Pastef, est parti pour conserver sans difficulté ce poste très stratégique. Si on s’en tient au tableau de calcul appliqué dans la répartition des postes proportionnellement à la représentation des groupes parlementaires prévu à l’article 14 du règlement intérieur alinéa 2, le parti au pouvoir va également se retrouver avec au moins 6 Vice-présidents sur les huit postes à pourvoir, 5 Secrétaires élus sur les six postes de Secrétaires élus à pourvoir, les deux postes de Questeurs à pourvoir et 12 Commissions permanentes sur les 14.
Aujourd’hui, la question est de savoir sur qui le tandem Diomaye Sonko va porter son choix pour occuper ce poste très stratégique du perchoir. Pour rappel, « en cas de démission, d’empêchement ou de décès, le Président de la République est suppléé par le Président de l’Assemblée nationale », article 39 de la Constitution. Si aucune information officielle n’est pour le moment disponible, certains noms circulent comme celui du vétéran Alla Kane qui a fait ses premières armes au sein du Parti africain de l’indépendance (P-A-I) de feu Majmouth Diop vers les années 1957. Ou encore celui de Mouhamed Ayib Salim Daffé, Secrétaire général par intérim du Pastef et ex-président du groupe parlementaire Yewwi askan wi sous la 14e législature.
Une fois élu, le nouveau président de l’Assemblée nationale sera installé dans ses fonctions et présidera l’élection de ses collègues députés qui vont composer avec lui le nouveau bureau de l’Assemblée nationale dont 8 vice-présidents, 6 Secrétaires élus, 2 questeurs et les différents présidents de Groupes parlementaires. Sous la direction du Président de l’Assemblée nationale, le Bureau est en quelque sorte la pièce maitresse du fonctionnement administratif de l’institution parlementaire. Il dispose, selon les dispositions de l’article 17 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, de tous pouvoirs pour régler les délibérations de l’Assemblée nationale, organiser et diriger tous ses services, dans les conditions déterminées par le Règlement intérieur et par les règlements subséquents. C’est à lui également que revient la charge de déterminer, par un Règlement financier, les modalités de préparation, d’élaboration et d'exécution du budget de l'Assemblée nationale qui jouit de l’autonomie financière.
Outre ces pouvoirs, le bureau de l’Assemblée nationale est également chargé de fixer les modalités d’utilisation des crédits de fonctionnement des Groupes parlementaires et des Commissions permanentes inscrits dans le Budget de l’Assemblée nationale. Mais aussi de déterminer, par un Règlement administratif, les modalités d'application, d'interprétation et d'exécution, par les différents services, des dispositions de ce présent Règlement administratif, ainsi que le statut du personnel de l'Assemblée nationale ». Le Bureau de l’Assemblée nationale peut aussi, selon toujours l’article 17, créer des commissions ad hoc sur une sujet déterminé et en informer l’Assemblée nationale. « Le Bureau, sur proposition du Président, nomme, par Arrêté, le Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint qui assistent à ses réunions, à la Conférence des Présidents, ainsi qu’à toutes les commissions ad hoc où leur présence est nécessaire. Le Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint sont choisis parmi les agents de l'Etat de la hiérarchie A. Le Bureau se réunit, au moins, une fois par mois », précise le dernier alinéa de cet article 17 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
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LE SÉNÉGAL DÉVERROUILLE LA MÉMOIRE DE THIAROYE
Mamadou Diouf, président du comité de commémoration des 80 ans du massacre, salue les avancées obtenues grâce à la persévérance des autorités sénégalaises. L'historien détaille les préparatifs des cérémonies prévues le 1er décembre et au-delà
À trois jours de la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le professeur Mamadou Diouf, président du comité de commémoration, dresse un état des lieux des avancés dans la reconnaissance de cet événement tragique par la France.
Dans un entretien accordé à la RTS ce jeudi, le professeur de l'université Columbia de New York souligne l'importance de la récente reconnaissance par Emmanuel Macron des événements du 1er décembre 1944. "La pression sénégalaise à des effets", affirme-t-il, précisant que "le fait que le Sénégal a effectivement décidé non seulement de commémorer le massacre mais de s'investir dans la recherche des faits [...] fait que progressivement les entraves sont en train de se lever."
Ce massacre, perpétré contre des tirailleurs sénégalais revenus du front européen, reste entouré de zones d'ombre. Selon le professeur Diouf, « on ne sait pas combien de tirailleurs ont été rapatriés en 44, on ne sait pas les circonstances dans lesquelles le massacre a été perpétré, on ne connaît pas le nombre de victimes et on ne sait même pas où elles sont enterrées."
L'ironie tragique de cet événement est particulièrement soulignée par l'universitaire : "Au moment où la France est en train de massacrer les tirailleurs sénégalais, la France célèbre la libération [...] c'est à ce moment-là que la France dit aux tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France : 'Vous retournez à votre place et votre place c'est la place de colonisé.'"
Le nouveau régime sénégalais a pris l'initiative de rouvrir ce dossier historique, longtemps maintenu fermé par la France. Les commémorations du 1er décembre 2024 comportent une série d'événements officiels, incluant un dépôt de gerbes au cimetière en présence du chef de l'État, des cérémonies au camp de Thiaroye, et diverses prestations culturelles.
"Le travail de recherche va continuer jusqu'en avril", précise le professeur Diouf, annonçant l'organisation de panels et de conférences pour approfondir la connaissance de cet événement historique qui, selon ses mots, "porte aussi cet espoir et ces valeurs que les tirailleurs ont acquis dans la guerre et se sont lancés dans une bataille qui est une bataille pour l'émancipation.
texte collectif
MÉMOIRE DE THIAROYE : LE SÉNÉGAL ÉCRIT L’HISTOIRE OUBLIÉE PAR LE DÉNI COLONIAL FRANÇAIS
Le souvenir des tirailleurs ne saurait se limiter à des cérémonies dictées par l’État français. Cette mémoire nous appartient : elle est celle des peuples africains, les véritables héritiers de ce drame et les seuls légitimes à en préserver l’héritage
La commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye prend une tournure révélatrice de l’approche française face à ce drame colonial. Contrairement aux premières informations qui laissaient entendre une éventuelle présence d’Emmanuel Macron, le président français a choisi de se faire représenter par Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce choix, s’il évite la controverse directe liée à la venue du président français Emmanuel Macron, ne répond pas pour autant aux exigences de vérité et de justice portées par les militants du panafricanisme et de la souveraineté que nous sommes. Tant que la France n’assumera pas pleinement ses responsabilités historiques dans ce crime colonial, toute représentation officielle reste insuffisante et dénuée de sens pour honorer la mémoire des martyrs et leurs descendants.
Le massacre de Thiaroye, survenu le 1ᵉʳ décembre 1944, est l’une des tragédies les plus emblématiques du colonialisme français. Ce jour-là, des tirailleurs africains démobilisés furent massacrés par l’armée française pour avoir revendiqué leurs soldes. Ce drame illustre l’arbitraire colonial et la violence d’un système marqué par le mépris des droits fondamentaux des Africains ayant pourtant combattu pour libérer la France. Aujourd’hui encore, les archives restent verrouillées, et les réparations attendues ne sont qu’un mirage.
Le déni colonial français : des gestes insuffisants et une mémoire trahie
En 80 ans, la reconnaissance par la France de sa responsabilité dans le massacre de Thiaroye demeure limitée et empreinte de paternalisme. En 2014, lors d’une visite officielle à Dakar, François Hollande avait qualifié ces événements de « tout simplement épouvantables, insupportables ». Pourtant, ces paroles n’ont été suivies d’aucune action concrète. Dix ans plus tard, en 2024, la France s’est contentée d’un geste minimaliste en attribuant la mention « Morts pour la France » à seulement six tirailleurs identifiés, un effort dérisoire au regard de l’ampleur du drame. Les descendants des victimes attendent toujours un véritable travail d’ouverture des archives, une reconnaissance complète des responsabilités et des indemnisations justes et légitimes.
Les tentatives persistantes de la France pour occulter ce crime témoignent d’une désinvolture inacceptable face à son passé colonial. En tant qu’Africains, nous exigeons que cette démarche mémorielle cesse d’être unilatérale et paternaliste. Elle doit impérativement associer les pays d’origine des victimes, refléter notre quête de justice et respecter la dignité de nos peuples. Le souvenir des tirailleurs ne saurait se limiter à des cérémonies dictées par l’État français. Cette mémoire nous appartient : elle est celle des peuples africains, les véritables héritiers de ce drame et les seuls légitimes à en préserver l’héritage.
L’appropriation sénégalaise : un acte de souveraineté mémorielle
Dans ce contexte, il est essentiel de saluer la détermination du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à inscrire la mémoire du massacre de Thiaroye dans une perspective véritablement africaine. Leur engagement pour une appropriation souveraine de ce drame historique marque une rupture nécessaire avec les récits imposés par la France. En plaçant cette tragédie sous l’autorité des Africains, ils affirment la volonté des peuples concernés de contrôler leur propre histoire, loin des discours paternalistes ou des symboles vides de sens.
Cet effort d’appropriation mémorielle est un pas décisif vers une justice historique. Il montre que l’Afrique, forte de sa dignité et de sa mémoire, refuse désormais que ses drames soient instrumentalisés pour servir des intérêts extérieurs. Cette posture courageuse ouvre la voie à une réconciliation basée sur la vérité, la reconnaissance et le respect mutuel.
Une commémoration sous haute vigilance
La décision d’Emmanuel Macron de déléguer sa représentation à un ministre montre la crainte d’un rejet populaire face à son implication dans cette commémoration. Toutefois, cette absence ne saurait suffire à réconcilier la France avec ce passé douloureux. Trop souvent, ces cérémonies se transforment en tribunes pour des annonces symboliques qui ne changent rien au fond des relations franco-africaines. La mémoire des martyrs de Thiaroye ne peut être un outil de blanchiment des crimes coloniaux ou un spectacle destiné à redorer l’image de la France en Afrique.
Pour que cette commémoration ait un véritable sens, elle doit être l’occasion d’actions concrètes : ouverture totale des archives, reconnaissance des responsabilités, excuses officielles, et réparations pour les descendants des victimes. Elle doit également se dérouler sous l’autorité des pays concernés, afin d’être un réel moment de justice mémorielle. Sans ces engagements, même présence de la délégation française apparaîtra comme une provocation, voire une insulte à la mémoire des victimes.
Une mémoire au service de la souveraineté et de la justice
Le massacre de Thiaroye incarne l’injustice coloniale dans toute sa brutalité. Ce quatre-vingtième anniversaire ne peut être réduit à une simple occasion pour la France de réorienter ses relations avec l’Afrique sans assumer ses responsabilités historiques. En prenant en main cette mémoire, le Sénégal montre qu’il est possible de s’affranchir des récits imposés et de construire une souveraineté mémorielle solide.
La France, quant à elle, doit comprendre que son avenir en Afrique ne pourra se dessiner sans une reconnaissance claire et sans réparations concrètes pour les crimes du passé. Thiaroye 44 ne doit pas être un théâtre d’effets d’annonce, mais un tournant vers une justice authentique portée par ceux qui en sont les véritables héritiers.
Liste signataires
- Abdou Aziz Diouf, Professeur titulaire, FSJP, UCAD
- François Joseph Cabral, Professeur titulaire, FASEG, UCAD
- Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherche assimilé, IFAN, UCAD
- Dr Félix Atchadé, médecin
- Dr Ismaïla Fall, Chimiste
- Mme Olivia Marie Guèye, Informaticienne
- Bado Ndoye, Professeur titulaire, FLSH, UCAD
- Ahmadou Wagué, Professeur titulaire, FST, UCAD
- Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherche assimilé, IFAN, UCAD
- El Hadji Samba Ndiaye, Professeur assimilé, UCAD
- Oumar Dia, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
- Mme Ndèye Aida Dia, Doctorante, ETHOS, UCAD
- Mohamed Lat Sack Diop, Maître de conférences titulaire, EBAD, UCAD
- Mamadou Kabirou Gano, Maître de conférences titulaire, FASTEF, UCAD
-Mor Dièye, Maître de conférences titulaire, EBAD, UCAD
- Thierno Guèye, Maître de conférences assimilé, FASTEF, UCAD
- Dr. El Hadji Séga Guèye, Sociologue
PROCESSUS ÉLECTORAL, LE GABON VEUT S’INSPIRER DU SÉNÉGAL
En visite de travail au Sénégal, Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité du Gabon, s'intéresse au modèle sénégalais d'organisation des élections. L'objectif est de tirer parti de l’expérience sénégalaise.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité du Gabon, Hermann Immongault, effectue une visite de travail de deux jours au Sénégal sur les enjeux électoraux afin de s’inspirer du modèle sénégalais d’organisation des élections.
« L’objet de cette visite est de nous inspirer de l’école sénégalaise en matière de vie démocratique et de la gestion des élections. Le 16 novembre, au Gabon, nous avions organisé le 3e référendum de notre histoire. Nous sommes venus au Sénégal pour voir comment le Sénégal fonctionne sur la question de la gestion des élections, la liste électorale, les acteurs impliqués, les résultats, la participation des observateurs électoraux», a déclaré Hermann Immongault soulignant la similitude entre les deux pays dans la gestion de certaines situations.
« Nous voulons une délégation sénégalaise à Libreville pour mieux parfaire notre connaissance du modèle sénégalais. On se réjouit de la volonté de nos deux chefs d’État de renforcer l’axe Libreville-Dakar dans tous les aspects politique, sécuritaire, économique et maintenant électoral », a-t-il conclu.
LA DATE DE LA PREMIÈRE SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE CONNUE
Ce jeudi, le président Faye a signé le décret n°2024-32-90, fixant au lundi 02 décembre 2024 l’ouverture de cette session ordinaire.
Lors du Conseil des ministres tenu mercredi, le chef de l’État avait annoncé son intention de prendre un décret pour fixer la date d’ouverture de la première session de l’Assemblée nationale nouvellement élue, conformément aux dispositions constitutionnelles. Cette annonce a été suivie d’actes dès le lendemain.
En effet, ce jeudi, le président Faye a signé le décret n°2024-32-90, fixant au lundi 02 décembre 2024 l’ouverture de cette session ordinaire, a-t-on appris de source officielle.
Dans un communiqué signé par le ministre-conseiller, porte-parole de la présidence, il est précisé : « À la suite de la proclamation officielle ce mercredi 27 novembre 2024 des résultats définitifs des élections législatives du 17 novembre 2024 par le Conseil constitutionnel, le président de la République a signé le décret numéro 2024-32-90 du 28 novembre 2024 fixant au lundi 02 décembre 2024 la date d’ouverture de la première session ordinaire de l’Assemblée nationale nouvellement élue. »
DIOMAYE FAYE POSE LA QUESTION DES BASES MILITAIRES FRANÇAISES
Le chef d'État rappelle le poids de l'histoire coloniale dans les relations actuelles entre Paris et Dakar. Il invite à un exercice de perspective en demandant aux Français d'imaginer des soldats sénégalais stationnés sur leur territoire
(SenePlus) - Dans un entretien exclusif accordé à France 2, le président Bassirou Diomaye Faye a abordé la question sensible de la présence militaire française dans son pays, laissant entrevoir un possible retrait des 350 soldats français actuellement déployés sur plusieurs bases à Dakar et ses environs.
Le chef d'État, qui avait fait du départ des troupes françaises l'une de ses promesses de campagne, a développé sa position en utilisant une analogie frappante : "Est-ce qu'en tant que Français, vous envisagez de nous voir dans votre pays avec des chars ou avec des véhicules militaires, des militaires sénégalais avec les tenues sénégalaises ?"
Poursuivant son raisonnement, le président a évoqué le contexte historique pour justifier sa position : "Comme ça, parce que sur le plan historique, la France a esclavagisé, a colonisé et est restée." Il a ensuite invité ses interlocuteurs à un exercice de perspective : "Quand vous inversez un peu les rôles, vous ne concevrez très mal qu'une autre armée, la Chine, la Russie, le Sénégal ou n'importe quel autre pays puisse avoir une base militaire en France."
Interrogé directement sur le départ des soldats français, Bassirou Diomaye Faye a cependant fait preuve de prudence diplomatique, refusant de fixer un calendrier précis : "Il n'y a pas encore de délai de rigueur par rapport à ça et si ça doit être fait, ça sera dit aux autorités françaises qui en auront la primeur et suivant les calendriers établis", a-t-il déclaré à France 2.
LA FRANCE AVOUE ENFIN LE MASSACRE DE THIAROYE
Dans une lettre à Diomaye, Macron qualifie pour la première fois de "massacre" la tuerie perpétrée contre les tirailleurs africains en 1944. Le président sénégalais espère désormais "un engagement total" de la France dans la recherche de la vérité
(SenePlus) - Dans un geste historique, le président Emmanuel Macron reconnaît officiellement le "massacre" de Thiaroye dans une lettre adressée à son homologue sénégalais Bassirou Diomaye Faye, quatre-vingts ans après les événements tragiques du 1er décembre 1944.
Dans une interview exclusive accordée à France 2 ce 28 novembre 2024, le président sénégalais a révélé cette avancée significative : "J'ai reçu aujourd'hui une lettre du président Macron dans laquelle il reconnaît que ce fut en effet un massacre". Dans cette lettre citée par RFI, le chef de l'État français écrit que « la France se doit de reconnaître que ce jour-là, la confrontation de militaires et de tirailleurs qui exigeaient que soit versé l'entièreté de leur solde légitime, a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre. »
Cette reconnaissance officielle marque un tournant décisif dans l'histoire franco-sénégalaise, après des décennies de silence et de minimisation des faits.
Selon une enquête approfondie du Monde, le drame s'est déroulé à l'aube du 1er décembre 1944, lorsqu'un impressionnant dispositif militaire - comprenant un millier de soldats, trois automitrailleuses, un char et deux blindés - a encerclé le camp où dormaient les tirailleurs africains. L'opération s'est soldée par une fusillade meurtrière contre ces soldats qui réclamaient simplement le paiement de leurs indemnités après avoir servi sous l'uniforme français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le bilan humain de cette tragédie reste controversé. Si les autorités militaires de l'époque n'ont reconnu que 35 morts, l'historienne Armelle Mabon estime le nombre de victimes "entre 300 et 400". Un rapport militaire de l'époque, mentionné par Le Monde, fait état de "508 cartouches tirées" sur une "foule compacte", suggérant "un carnage de grande ampleur".
Le président Bassirou Diomaye Faye voit dans cette reconnaissance une opportunité historique : "Ce pas consistant à reconnaître que c'est un massacre doit ouvrir la porte à une collaboration parfaite pour la manifestation de toute la vérité sur ce douloureux événement de Thiaroye", a-t-il déclaré à France 2. Il souligne cependant que "quelque chose a été caché" et espère désormais "un engagement total" de la France dans la recherche de la vérité.
Cette reconnaissance fait écho aux déclarations récentes de l'ancien président François Hollande qui, dans un entretien à RFI plus tôt cette semaine, avait déjà qualifié les événements de "massacre", précisant qu'il s'agissait d'une "répression à la mitrailleuse" et non d'une simple manifestation qui aurait dégénéré.
La reconnaissance officielle du massacre par Emmanuel Macron intervient alors que de nombreuses zones d'ombre persistent encore, notamment en raison d'archives manquantes ou inaccessibles. Elle marque néanmoins une étape cruciale dans le processus de reconnaissance et de réconciliation entre la France et le Sénégal, ouvrant potentiellement la voie à de nouvelles investigations sur ce chapitre tragique de l'histoire coloniale française.