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26 avril 2025
Politique
HAUTE COUR DE JUSTICE, LE DÉFI DE L’IMPARTIALITÉ
Sans possibilité de recours, sans garantie d'impartialité des juges, ladite Cour part avec une grande faiblesse, qu'il urge de corriger, afin que les décisions qui en seraient issues soient au-dessus de tout soupçon.
Sans possibilité de recours, sans garantie d'impartialité des juges, la Haute cour de justice part avec une grande faiblesse, qu'il urge de corriger, afin que les décisions qui en seraient issues soient au-dessus de tout soupçon.
Les dés sont jetés. La majorité parlementaire a installé ses juges, titulaires et suppléants, devant siéger au niveau de la Haute cour de justice. Conformément aux dispositions de la loi portant règlement intérieur de l'Assemblée nationale, il y aura, dans cette instance, sept membres issus du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) et un seul de l'Alliance pour la République. Tous sont non seulement connus pour leur militantisme actif, mais aussi et surtout pour leur parti-pris manifeste sur certains faits qui, potentiellement, peuvent être déférés devant cette juridiction. De sérieux doutes existent en tout cas sur leur impartialité et leurs aptitudes à apprécier les faits et à dire le droit.
Dans un article en date du 10 décembre dernier et publié, “Haute cour de justice : privilège ou poison”, le docteur en droit public, Médoune Samba Diop, attirait déjà l'attention sur la présence de politiciens qui ne connaissent pas forcément grand-chose au métier du juge. La Haute cour de justice, selon le professeur à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, ne garantit pas un procès équitable. Il ajoute : “Ce sont des députés politiciens qui jugent leurs adversaires. D'abord, ils ne sont pas des magistrats. Ensuite, ils jugent un adversaire politique, pour ne pas dire un ennemi. Cela pose véritablement problème et je pense que les gens doivent essayer de la réformer avant d'y déférer qui que ce soit.”
Dans cet entretien, l'enseignant revenait sur la seule affaire qui, jusque-là, a été instruite et jugée par cette juridiction, à savoir l'affaire Mamadou Dia, au début des indépendances. Paradoxalement, c'est le procureur qui avait déchargé, au moment où les juges avaient la main très lourde. “Dans ses mémoires, l'ancien procureur Ousmane Camara rend compte clairement des faiblesses de cette haute juridiction. Il avait soutenu, lui procureur, que Mamadou Dia avait certes commis une faute en empêchant l'Assemblée nationale de se réunir, mais il n'avait pas vu dans ses actes des faits constitutifs d'un coup d'État. S'il y avait des juges professionnels, le président Dia pouvait ne pas avoir une sanction aussi lourde”.
Il sera difficile d'appliquer les décisions dans des pays qui ont certains standards
Il ne s'agit pas, ici, d'accuser un quelconque régime d'autant plus que le régime actuel n'a fait que pourvoir les postes pour une juridiction qui était déjà en place depuis plusieurs décennies. Il est surtout question de se pencher sur la pertinence de cette institution de haute importance, chargée de juger les plus hautes personnalités de la République. Une institution qui, pour la plupart des experts du droit consultés, est “anachronique”, non conforme aux exigences d'un État de droit moderne. Et c'est elle qui risque de connaitre de la culpabilité ou non des responsables déchus du régime de Macky Sall.
À ce jour, il n'a été abordé aucune volonté de réformer cette juridiction pour la rendre plus conforme aux standards. La question est totalement absente des recommandations des assises nationales de la justice. Elle n'a même pas été évoquée lors de ces réflexions. Comme la défunte Cour de répression de l'enrichissement illicite qui a été oubliée dans son coin jusqu'à sa réactivation par Macky Sall pour juger Karim Wade, la Haute cour a aussi été oubliée dans son coin jusqu'à ce que le régime du duo Diomaye-Sonko décide de la réactiver pour connaitre des griefs contre certains membres de l'ancien régime. Même si on est encore très loin de l'étape du jugement, qui est l'ultime phase durant laquelle les politiques auront leur mot à dire.
Contrairement à une idée répandue qui estime que les politiques ne participent pas à la délibération, il faut noter que devant cette juridiction, les décisions sont prises de manière collégiale comme dans n'importe quelle juridiction. L'article 33 de la loi 2002-10 du 22 février 2022 est formel à ce propos. Il dispose : “La Haute cour, après clôture des débats, statue sur la culpabilité des accusés. Il est voté séparément pour chaque accusé sur chef d'accusation et sur la question de savoir s'il y a des circonstances atténuantes. Le vote a lieu par bulletin secret à la majorité absolue.”
Aux termes de l'article 34, “si l'accusé est jugé coupable, il est statué sans désemparer sur l'application de la peine”. Le texte d'ajouter : “Après deux votes dans lesquels aucune peine n'aura obtenu la majorité des voix, la peine la plus forte proposée dans ce vote sera écartée pour le vote suivant et ainsi de suite, en écartant à chaque fois la peine la plus forte jusqu'à ce qu'une peine soit prononcée par la majorité absolue des votants.”
À la décharge du régime actuel, il faut préciser que la désignation des membres de la Haute cour de justice est une exigence de la loi, qui veut que dans le mois qui suit l'installation de la législature, que les membres de la juridiction puissent être choisis par l'Assemblée. À la suite de l'alternance de 2012, les membres ont été désignés, mais il n'y a eu aucune mise en accusation. L'ancien régime avait préféré recourir à la Cour de répression de l'enrichissement illicite, jugée aussi anachronique. D'ailleurs, elle a été rangée aux oubliettes aussitôt après avoir sanctionné le fils de l'ancien président.
Selon la loi précitée, “après chaque renouvellement et dans le mois qui suit sa première réunion, l'Assemblée élit huit juges titulaires et huit juges suppléants”. C'est ce qui a été fait par la majorité parlementaire de Pastef, qui a aussi appliqué rigoureusement la clé de répartition prévue à cet effet.
Outre les politiciens, la haute juridiction comprend le premier président de la Cour suprême qui en est le président et il sera suppléé par le président de la Chambre pénale de la Cour suprême.
Cela dit, la loi de 2002 prévoit quelques cas dans lesquels un membre de la cour peut être récusé. Parmi les motifs, il y a le cas “d'inimitié capitale” entre l'accusé et le membre en question. Reste à voir ce que l'on entend par “inimitié capitale”.
‘’Une juridiction qui n'admet pas de voie de recours pose véritablement problème”
Les problèmes avec la Haute cour de justice, ce n'est pas seulement sa composition avec des gens qui siègent dans les instances de partis politiques. C'est aussi l'impossibilité de faire recours, comme c'était le cas avec la défunte CREI. Ce professeur, qui a préféré garder l'anonymat, déclare : “Moi, c'est ce qui me dérange le plus. Dans les standards actuels de jugement, les droits de la défense sont tellement importants. Avoir une juridiction qui n'admet pas de voie de recours, ça pose véritablement problème.”
De l'avis du spécialiste, c'est une faiblesse majeure qui peut sérieusement réduire la portée des décisions qui seront rendues. “Ces décisions peuvent facilement être challengées devant certaines juridictions supranationales. Il sera aussi difficile de les exéquaturer dans les pays où l'État de droit est une réalité. Les techniciens auraient dû faire l'effort de corriger cette partie”.
Sur la question des membres politiciens, il souligne qu'il faut d'abord retenir qu'ils siègent en tant que députés. “Le député, c'est un représentant du peuple. Maintenant, d'un point de vue politique, il est difficile de ne pas faire le link avec leurs appareils”, a-t-il ajouté.
Pour le moment, on est encore loin de cette étape du jugement. En effet, avant d'en arriver au jugement, il faudra non seulement passer par l'étape de la mise en accusation devant l'Assemblée nationale, mais aussi l'étape cruciale de l'instruction, mise en œuvre par une commission qui, elle, est exclusivement composée de magistrats. La loi précise : “Il est créé auprès de la Haute cour une commission d'instruction présidée par le premier président de la Cour d'appel de Dakar suppléé, en cas d'empêchement, par le président de la Chambre d'accusation de la même cour et comprenant quatre membres titulaires et quatre suppléants.”
Ces derniers sont désignés au début de chaque année judiciaire parmi les magistrats du siège de la Cour d'appel de Dakar par l'assemblée générale de la cour, hors la présence des magistrats du parquet. Le ministère public est, quant à lui, assuré par le procureur général près la Cour suprême. Et le service du greffe par le greffier en chef près la Cour suprême. Dans les 24 heures qui vont suivre la transmission de la résolution, le procureur général notifie la mise en accusation au président de la cour et au président de la commission d'instruction.
Comme pour “les arrêts qui ne sont susceptibles, ni d'appel ni de pourvoi”, les actes de la commission d'instruction “ne sont susceptibles d'aucun recours”, aux termes de l'article 21 al 2.
SONKO A MONTRE DE L'AMBITION, DE LA FOI ET DU VOLONTARISME
Alioune Tine encense le premier ministre après sa Dpg «réussie» devant le parlement
Le premier ministre a mené de main de maître sa déclaration de politique générale (DpG) vendredi dernier devant les députés nouvellement installés de la 15e législature. un exercice à travers lequel Ousmane Sonko a dévoilé sa posture d’homme d’Etat capable d’assumer une rupture paradigmatique avec les régimes précédents. Le fondateur du think tank Afrikajom Center, Alioune Tine, estime d’ailleurs que le leader des patriotes a montré de l’ambition, de la foi et du volontarisme.
La prestation de Ousmane Sonko à l'hémicycle, vendredi dernier, à l’occasion de sa déclaration de politique générale (DPG), a séduit plus d’un. Parmi ceux-là, on peut relever l’une des principales figures de la société civile sénégalaise en l'occurrence Alioune Tine. Dans une note parvenue à “L’AS”, le fondateur d’Afrikajom Center a soutenu que cet événement politique était très attendu et le principal acteur en l'occurrence Ousmane Sonko en était vraiment conscient. Et cela se voyait, dit-il, par sa mise et sa mise en scène de soi: “tout de blanc vêtu, grand boubou blanc et bonnet blanc.”
Mieux, Alioune Tine indique que le Premier ministre avait une attitude d’humilité et de respect qui a contribué à créer un moment de gravité, de sérieux et de sérénité des interactions sociales et des débats à l'intérieur du Parlement. Selon lui, les députés toutes tendances et toutes sensibilités confondues ont assuré leur fonction avec succès. Et que cela n’avait rien à voir avec le désordre et l'anarchie qui régnaient et qui discréditent les précédentes législatures. Si cette tendance se poursuit, dit-il, on peut dire que c'est l'amorce d'une rupture à l'intérieur du Parlement.
Toujours, selon Monsieur Tine, la DPG a manifesté une grande ambition pour le développement du pays, pour un changement structurel et systémique à tout point de vue: “la transparence dans la gestion des affaires et des finances publiques, la lutte contre l'impunité avec le projet d'abrogation de la loi d'amnistie, la rupture avec l'Etat partisan, la fermeture de toutes les bases militaires, l’application de la réciprocité en matière de visa, la modernisation de l'administration avec le numérique”.
Ce qui rassure le plus le droit de l’hommiste, c'est la conscience que Sonko a des nouveaux paradigmes économiques contemporains avec les Nouvelles Technologies du numérique, des Big Data et de l'intelligence artificielle.“On est en train de basculer dans une nouvelle économie de la connaissance, l'ère de la cognification. Ce n'est plus le pétrole et les ressources minérales qui mènent le monde”, a expliqué l’ancien Secrétaire général de la RADDHO qui souligne dans la foulée que Sonko a montré de l'ambition, de la foi et du volontarisme.“Il est dans l'état d'esprit de Yes we can. À mon avis, s'il réalise 50% du PROJET en 5 ans, ce sera déjà un succès”, souligne-t-il.
En définitive, Alioune Tine a félicité Ousmane Sonko en lui demandant de continuer la mise en scène de l'image de la force tranquille : “agir en homme de paix, un homme qui rassemble et qui réconcilie le peuple sénégalais. Pour que tous se réapproprient avec succès le PROJET de rupture systémique, de développement endogène et souverain”.
MACKY SALL PREND SES DISTANCES AVEC L’APR
La décision a été confirmée par le principal concerné à la presse. Macky Sall va se contenter d’un rôle honorifique et souhaite se concentrer sur ses activités à l’étranger. L’Apr va organiser un congrès pour acter cette décision.
Macky Sall ne va plus diriger l’Alliance pour la République (Apr). La décision a été confirmée par le principal concerné à la presse. Macky Sall va se contenter d’un rôle honorifique et souhaite se concentrer sur ses activités à l’étranger. L’Apr va organiser un congrès pour acter cette décision.
Macky Sall a-t-il tiré un trait sur la politique ? C’est bien la question que beaucoup d’observateurs se posent, après l’annonce de Confidentiel Dakar. Ainsi, selon la revue, l’ancien président de la République a décidé de geler ses activités au sein de l’Apr. Désormais, quand on parlera de lui, le «désormais ancien leader de l’Apr» sera de mise.
Seulement, la revue ne connaît pas si cette décision est définitive ou temporaire. La seule certitude est que Macky Sall aurait demandé à être déchargé des tâches quotidiennes et va devenir président d’honneur de l’Apr. Une réunion a été même convoquée à cet effet. Un petit comité restreint est chargé de préparer son remplacement. L’option choisie est de mettre en place un secrétariat chargé de conduire les destinées du parti. Ce secrétariat aura à sa tête une personne qui va se charger de coordonner les activités de l’Apr.
Macky Sall, pour sa part, va continuer à dérouler ses activités internationales. En attendant d’y voir plus clair, un congrès est prévu en début 2025 pour acter le retrait de Macky Sall.
C’est avec le parti Alliance pour la République (Apr) qu’il a créé le 1er décembre 2008 que l’ancien président de la République, Macky Sall, est arrivé au pouvoir, le 25 mars 2012, à l’issue d’un scrutin présidentiel qu’il a remporté au second tour devant le chef de l’Etat sortant d’alors, Abdoulaye Wade, avec un taux de plus de 65% des suffrages valablement exprimés. Soutenu par les 13 autres candidats à l’élection présidentielle, Macky Sall s’était ainsi défait de son ancien mentor politique, qui l’avait défenestré de l’Assemblée nationale, par le biais de sa majorité parlementaire d’alors.
Après 12 ans de règne sur le Sénégal, le quatrième Président du pays a quitté ses fonctions le 1er avril, après avoir renoncé à un troisième mandat et conduit un processus électoral plein de rebondissements, du fait de décisions hasardeuses qu’il a eu à prendre.
Depuis son départ du Sénégal, l’ancien Président Macky Sall s’est installé dans la ville marocaine de Marrakech d’où il mène ses activités sur le plan international.
par l'éditorialiste de seneplus, Boubacar Boris Diop
DEVOIR DE MÉMOIRE, QUÊTE DE VÉRITÉ AUTOUR DE THIAROYE 44
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion absurde et suicidaire. La frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 30/12/2024
C'est une chose de critiquer d'un point de vue général l'institution militaire connue sous le nom de "Tirailleurs sénégalais" et c'en une autre de cracher sur la dépouille de chacune des centaines de victimes du massacre du 1er décembre 1944 à Thiaroye. Dans le premier cas de figure, on peut légitimement se prévaloir d'une liberté de jugement qui ne donne toutefois à personne le droit de falsifier des faits patiemment reconstitués depuis les années quarante par des spécialistes de tous horizons. Les tirailleurs insultés par Cheikh Oumar Diagne ne sont pas des êtres abstraits, chacun d'eux a un nom et une histoire mais aussi de nombreux descendants qui chérissent de génération en génération sa mémoire. Il est tout de même troublant de voir un adulte se déchaîner contre des morts avec une haine et une rage qui ne peuvent avoir un peu de sens qu'à l'égard des vivants. Cela fait penser à des vitupérations dans le silence d'un cimetière.
À Thiaroye, des combattants africains ont été trahis par leurs supérieurs, assassinés et jetés à la hâte dans des fosses communes. C'est aussi simple que cela. Cheikh Oumar Diagne veut-il nous dire que c'était bien fait pour eux ? Il ne va pas jusqu'à qualifier les tirailleurs sénégalais de sous-hommes mais le mot n'est sans doute pas loin de sa pensée puisqu'il les décrit comme des traîtres, victimes moins du racisme colonial que de leur appât du gain. Si ses propos ne sont pas passés tout à fait inaperçus c'est uniquement parce qu'il est un proche collaborateur du président Diomaye Faye. À vrai dire, il est difficile de prendre au sérieux un langage aussi excessif. On s'en est bien rendu compte lors de la "Déclaration de politique générale" du Premier ministre Ousmane Sonko. Il y a fait en passant l'éloge des martyrs de Thiaroye mais aucun député n'a cru devoir revenir sur cette polémique lors de la séance-marathon de questions-réponses qui s'en est suivie.
Cependant Cheikh Oumar Diagne aura au moins eu le mérite de susciter ces jours-ci de nombreux articles dont les auteurs se veulent heureusement bien plus rationnels et nuancés que lui. On peut cependant se demander pourquoi un tel débat sur les tirailleurs sénégalais a lieu avec un si grand retard. Pendant près d'un siècle, l'Aube de sang - titre d'une pièce rarement prise en compte de Cheikh Faty Faye - a surtout interpellé les cinéastes, écrivains et musiciens africains et la relative indifférence des historiens et des politiques a permis à l'Etat français, coupable de ce crime de masse sous l'autorité du général de Gaulle, d'en contrôler totalement le récit, faisant par là-même obstruction à tout véritable travail de mémoire. Paris s'est vu finalement obligé de passer aux aveux il y a seulement trois semaines et on aurait pu s'attendre à ce que cette victoire quasi inespérée stimule la quête de vérité sur les circonstances exactes du carnage de décembre 1944 et un surcroît de considération pour ses victimes originaires de plusieurs pays africains. C'est au contraire le moment que l'on choisit pour surfer sur une vague révisionniste un peu chic et de moins en moins pudique. Des médias dits internationaux - il est aisé de deviner lesquels - ont voulu profiter des écarts de langage d'un haut fonctionnaire sénégalais pour en rajouter à la confusion. C'est de bonne guerre. D'autres réactions, quoique sincères, mesurées et tout à fait respectables, sont moins faciles à comprendre dans la mesure où elles servent naïvement les desseins de journalistes littéralement en mission commandée et pour qui des dizaines, voire des centaines de milliers de morts hors d'Europe compteront toujours moins que les intérêts de leur pays.
On pourrait croire à la lecture de certains analystes que les tirailleurs sénégalais étaient dans leur immense majorité des engagés volontaires. Rien n'est plus faux. L’administration coloniale, avec son formidable appareil de propagande et ses capacités de coercition, ne leur laissait la plupart du temps d'autre choix que d'aller au front. Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion personnelle absurde et suicidaire puisqu'aucune organisation politique ou sociale ne s'était élevée contre les campagnes de recrutement initiées par les tout-puissants maîtres de l'heure avec l'aide de leurs relais locaux. Le corps des tirailleurs sénégalais n'a pas été une exception africaine puisque sur tous les continents et à toutes les époques les vainqueurs en ont créé de semblables pour parachever le processus de conquête. Le fait est que partout, en attendant des jours plus favorables à une résistance concertée, les colonisés n'ont eu d'autre choix que de prendre les armes aux côtés du colonisateur.
Quid des Africains qui se sont précipités avec enthousiasme sur les lieux de recrutement, prêts à verser leur sang pour la France ? Ils ne méritent pas davantage notre mépris. Sembène Ousmane et Frantz Fanon firent partie de ces adolescents qui ont presque dû faire le forcing pour offrir leur vie à la Mère-Patrie en lutte contre l'Allemagne nazie.
Samba Gadjigo rapporte à ce propos une anecdote révélatrice dans sa biographie du célèbre écrivain-cinéaste sénégalais. Au début de la guerre, Sembène, apprenti-maçon à peine âgé de seize ans, est légèrement blessé à l'œil par un de ses copains devant une salle de cinéma du Plateau et sa première réaction a été de s'écrier qu'il ne pourra hélas plus être recruté par l'armée des Tubaab car "ils n'acceptent pas les borgnes !" Finalement mobilisé en 1944 dans le 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale stationné au Niger, il avouera un jour n'avoir jamais autant appris sur la vie et sur les êtres humains que pendant cette courte période sous les drapeaux. On connaît la suite de l'histoire : une exceptionnelle prise de conscience anticolonialiste et un film d'une rare efficacité en hommage à ceux de ses camarades tombés à Thiaroye.
Frantz Fanon, à qui l'humanité entière doit tant, n'aurait peut-être pas non plus été le même penseur fécond sans sa participation à la Deuxième Guerre mondiale au cours de laquelle il fut du reste blessé à la poitrine. N'écoutant à dix-sept ans que son précoce instinct antifasciste, il n'attend pas d'y être invité pour s'engager dans les forces gaullistes. Sa famille essaie en vain de le dissuader et puisqu'il n'a pas de quoi se payer le passage jusqu'en République dominicaine - d'où il devait rallier l'Angleterre - il vole et vend un costume de son père ! Toujours égal à lui-même, il se distancera plus tard de cette expérience qui lui avait pourtant permis, de son propre aveu, de mieux comprendre la Révolution algérienne. Dans Les damnés de la terre, son maître-livre, il reprendra intégralement Aube africaine, le célèbre poème dramatique de Keita Fodéba, consacré au drame de Thiaroye et ce n'est certainement pas par hasard.
Un traître à l'Afrique, Sembène Ousmane ? Un vulgaire chasseur de primes, Frantz Fanon, futur porte-parole du FLN algérien et selon le mot de son biographe Adam Shatz "une figure emblématique des mouvements de libération nationale en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine" ?
Est-il raisonnable d'attendre de jeunes paysans africains des années quarante - qui étaient en fait des gamins - qu'ils aient une meilleure compréhension des enjeux politiques de leur temps que des esprits aussi puissants que Frantz Fanon et Sembène Ousmane ? Poser la question c'est y répondre.
On ne peut donc que se féliciter du choix fait par le gouvernement du Sénégal de commémorer l'événement sans attendre la permission d'une quelconque puissance étrangère. Cette décision a très vite obligé Paris à reconnaître officiellement que ce qui est arrivé au camp de transit de Thiaroye était bel et bien un massacre soigneusement planifié et non la répression d'une mutinerie. Il est essentiel de noter que ce geste public de repentance est sans précédent dans l'histoire post-coloniale française.
La tragédie de Thiaroye n'a jamais été vraiment oubliée en Afrique de l'Ouest mais il a fallu attendre soixante-quatre ans d'indépendance pour qu'un de nos gouvernements ose en marquer l'anniversaire par une cérémonie du souvenir digne de ce nom. C'est en présence de plusieurs de ses pairs - y compris le président en exercice de l'Union africaine - que le chef de l'Etat sénégalais a rendu un hommage chargé d'émotion aux tirailleurs et cette communion avec nos disparus a aussi été un grand moment de fierté. Même s'il reste bien du chemin à faire pour que la commémoration de ce drame africain ne soit pas l'affaire exclusive du pays où il a eu lieu, le sursaut mémoriel du 1er décembre 2024 est un message clair des autorités quant à leur volonté de redire avec force l'humanité de nos compatriotes naguère déshumanisés par l'occupant. Cette reconnexion lucide avec un passé douloureux relève, en dépit de sa complexité, d'une simple nécessité de survie.
Dans le cas précis de Thiaroye, la frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse. Il se trouve qu'assez étrangement il semble embarrasser ou agacer certains petits-enfants des tirailleurs. C'est leur droit puisqu'il faut de tout pour faire un monde mais il est tout de même curieux que l'on se lâche avec tant de véhémence contre des personnes décédées depuis bientôt un siècle dans les circonstances que l'on sait. Cheikh Oumar Diagne est heureusement le seul à s'être laissé aller à une telle extravagance.
par Tamsir Anne
LA TRANSGAMBIENNE, VOYAGE AU BOUT DE L'ABSURDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui se passe sur l'axe Sénégal-Gambie est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. À la fois horrible et humiliant. Notre seule faute ? Avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère
Keur Ayib, à une vingtaine de kilomètres de Nioro du Rip, surgit presque par enchantement de nulle part, un peu comme ces concessions sur lesquelles on trébuche au détour d’une ruelle dans les bidonvilles. Le décor, cependant, ne trompe pas : c’est bien celui d’une frontière, celle de deux pays dits frères, entrelacés, l’un dans l’autre, s’étreignant jusqu’à se faire mal. Les postes de police, l’un adossé à l’autre, de part et d’autre d’une barrière des files de passagers et de voitures attendant dans un chaos plus ou moins organisé.
Les uniformes, bleus d’un côté, beige-marron de l’autre, les enseignes en anglais d’un côté, en français de l’autre, donnent à l’ensemble une allure surréaliste. On pourrait presque croire que le temps s’est arrêté. On s’imagine que cela n’a pas dû changer depuis l’époque de la colonisation franco-anglaise.
Tant de slogans comme la libre circulation des personnes et des biens, l’intégration sous-régionale se bousculaient maintenant et résonnaient dans mes oreilles, semblables au ricanement d’un fantôme. Je revins à la réalité lorsque l’agent sénégalais nous interpella, mon épouse et moi, nous enjoignant de descendre de voiture, de chercher un laisser-passer pour le véhicule et de nous soumettre au contrôle d’identité.
Nous nous exécutâmes, valsant de bureau en bureau, jusqu’à obtenir le sésame tant espéré, tamponné et cacheté. Le coût de cette première opération : 2500 francs. Ma demande de reçu resta sans réponse.
Je ravalais les mots de protestation qui me brûlaient les lèvres. Après tout, nous avions bien reçu un papier. Restait à se faire identifier. Cette fois, l’opération coûtait 2000 francs. Je déclarai, sans trop réfléchir, que j’avais déjà payé 2500 francs sans reçu et que je ne pouvais pas, une nouvelle fois, payer 2000 francs sans savoir pourquoi.
L’agent me fit savoir qu’il n’agissait que sur ordre, mais finit par renoncer à la somme demandée. Une petite victoire, certes, mais avec un arrière-goût amer.
Passés du côté gambien, à peine cinq mètres plus loin, le décor changea, mais la scène demeura la même. Munis de notre laisser-passer, nous devions passer dans un bureau adjacent pour un autre cachet. Coût de l’opération : 1000 francs CFA. Je redemandai un reçu, mais l’agent gambien me répondit que, puisque j’avais déjà payé 2000 francs dans mon propre pays, où j’étais supposé avoir tous mes droits sans reçu, il n’y avait rien à discuter : c’était 1000 francs, ni plus ni moins.
Je m’exécutai, craignant que, face au ton martial de l’agent, tout geste maladroit ou parole irréfléchie n’aggrave ma situation. Direction le contrôle d’identité suivant. Cette fois, la policière gambienne annonça la couleur : 5000 francs pour mon épouse. Je protestai encore. Sans doute interloquée par la véhémence de mes propos, elle demanda si elle était diplomate. J’acquiesçai sans hésiter et elle tamponna sans même lever la tête. Ouf, me dis-je, il s‘en était fallu de peu.
Malheureusement, ce n’était qu’un début. À peine un kilomètre parcouru, un autre poste de police nous attendait. Les agents, cependant, semblaient indifférents à notre présence, discutant tranquillement. Je ralentis, leur fis un salut militaire, et passai au pas de course. Leur réaction fut immédiate et violente. Un agent me cria que j’avais eu l’audace de passer devant un barrage sans m’arrêter. Je lui expliquai, de manière quelque peu hésitante, qu’ils ne m’avaient pas donné l’ordre de m’arrêter. C’était pour cela que j’avais cru pouvoir passer.
Il demanda la carte grise et le permis de conduire, et m’invita à le suivre dans une cabane située de l’autre côté de la route. Là, il remit les papiers à un autre agent, qui déjeûnait tranquillement. Il me répéta, narquois : « Vous avez passé un barrage de police sans vous arrêter. »
Je lui répondis que c’était ma première traversée de la Gambie et que je ne savais pas s’il fallait s’arrêter à chaque fois que l’on voyait un policier ! Cela le mit dans une colère blanche. Mon crime était trop grave, il allait me renvoyer à Farafenni. Un autre homme, sur place, me souffla qu’il était préférable de donner le prix de la “cola”, sinon cela me coûterait beaucoup plus cher à Farafenni.
Armé de quelques billets de 2000 et 1000 francs, comme certains amis me
l’avaient conseillé, j’essayai de lui glisser un petit bleu, mais sans succès. Le policier scrutait minutieusement mon permis européen, comme si cela aiguisait son appétit. Il refusa l’argent, prenant un air profondément offensé. Il ne pouvait comprendre que je refusais de reconnaître ma faute, que j’avais commis un crime grave en ne m’arrêtant pas à la vue de la police. Et là, je me sentais comme un personnage du procès de Kafka : accusé sans raison, mais coupable tout de même, l’innocence n’existant pas.
Après un long échange, j’admis ma faute, confessai mon ignorance et lui demandai d’accepter le billet. Je ne pouvais pas retourner à Farafenni, cela aurait signifié abandonner le voyage. Finalement, par l’intermédiaire d’un troisième acteur, le billet fut accepté, et mes papiers me furent rendus. Je pus enfin reprendre la route… jusqu’au prochain poste.
Le calvaire ne tarda pas à reprendre. Cette fois, la leçon semblait apprise : je m’arrêtai net à la vue de l’uniforme, saluai militairement et baissai la vitre. La policière me tança vertement : « Quand on parle à la police, on doit baisser la vitre entièrement ! » Je m’exécutai, tendis mes papiers, et elle fit un signe de dédain, m’autorisant à continuer. Je pensais enfin avoir compris la règle du jeu. Mais j’avais trop vite crié victoire.
À chaque 20 ou 40 kilomètres, de nouveaux contrôles, de nouvelles demandes de “cola” ou d’« attaya » (thé). Il fallait s’exécuter, ou risquer de rester bloqué dans cette contrée aussi inhospitalière qu’absurde. C’était la première fois que je ressentais une telle exaspération face à des "frères", parlant de surcroît la même langue, mais sur un ton d’une hostilité que je ne lui soupçonnais pas.
La Sénégambie, quel cauchemar ! Je vous épargne les détails des 20 autres haltes, chacune avec ses tracasseries, ses demandes de “cola” et d’“attaya”. Enfin, j’aperçus le panneau annonçant le Sénégal. Je n’étais pas moins soulagé qu’un naufragé apercevant la terre ferme. Un dernier contrôle à la sortie : il fallait encore donner deux fois 1000 francs au « kilifa », comme il se faisait appeler, qui ne pouvait pas demander publiquement. Pour le punir, j’achetai un sachet d’oranges pelées pour 1000 francs et demandai à la dame de lui remettre la monnaie. Il était quitte avec son honneur… et son hypocrisie.
À quelques mètres de la terre promise, un homme trapu, agressif et féroce surgit. Il brandit une carte : « police des stupéfiants ». Il fallait faire demi-tour et se soumettre à une fouille minutieuse. Chaque coin et recoin de nos bagages, jusqu’au linge de corps, fut inspecté. C’était à la fois horrible et humiliant. Notre seule faute fut d’avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère.
Le Sénégal et la Gambie sont-ils vraiment une seule tête, inséparable ? J’en doute désormais sérieusement. La prochaine fois qu’une commission mixte sénégalo-gambienne se réunira, au plus haut niveau, comme ce fut le cas il y a juste quelques semaines, abandonnons de grâce la langue de bois et les formules consacrées, si éloignées de la réalité. Ce qui se passe sur la Transgambienne est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. Commençons par le commencement, du bas vers le haut !
À l’avenir, je contournerai ce pays “frère”, quitte à faire un détour par Koulikoro.
LES RAISONS DE LA DETERIORATION DU DEFICIT BUDGETAIRE
La Lfi 2025 fait état de « mesures correctives engagées par les autorités pour assainir le secteur et poser les premiers jalons de la conduite des orientations budgétaires en phase avec la vision Sénégal 2050 ».
La Lfi 2025 fait état de « mesures correctives engagées par les autorités pour assainir le secteur et poser les premiers jalons de la conduite des orientations budgétaires en phase avec la vision Sénégal 2050 ».
Ainsi, le déficit budgétaire, dons compris, est projeté à 2362 milliards de FCfa, soit 11,6% du Pib en fin 2024 contre une évaluation du déficit à hauteur de 1891,1 milliards en 2023 (10,1% du Pib), soit une détérioration de 1,4%. « Ces déficits reflètent des tirages sur financement extérieur élevés, l’impact des charges de la dette contractée les années antérieures, le niveau élevé des subventions sur les produits énergétiques et alimentaires, associés à une performance modeste du recouvrement des recettes. Les tirages sur prêts projets devraient passer de 1225,2 milliards en 2023 à 1113 milliards de FCfa en 2024 reflétant la réalité constatée », indique le document. Toutefois, le déficit budgétaire en 2024 excluant les rattachements à l’exercice de 2023 d’un montant de recettes estimé à 200 milliards (0,9% du Pib) ressortirait plutôt à 10,6% du Pib.
Un budget de rupture
Un budget de rupture, « tant dans sa méthodologie que dans le contenu ». C’est l’ambition du gouvernement à travers la loi de finances 2025 qui « s’articule autour de plusieurs priorités stratégiques, visant à consolider la souveraineté nationale et à renforcer le développement économique et social du pays ». Il prévoit notamment de renforcer la souveraineté énergétique, de gagner la bataille de la souveraineté alimentaire, de préserver l’environnement tout en promouvant un développement territorial durable et harmonieux, de réaffirmer notre souveraineté en matière de sécurité et de défense, de poursuivre les actions pour une justice sociale et territoriale renforcée voire consolider les capacités des Collectivités territoriales pour une meilleure prise en charge des besoins au niveau des terroirs.
À titre d’exemple, une enveloppe de 120 milliards de FCfa est prévue pour le secteur primaire sous forme de subventions afin de stimuler la production. Au total, une enveloppe de 1070 milliards de FCfa est prévue pour renforcer la productivité de l’agriculture, le développement de chaînes de valeur et des filières moteurs de croissance. La hausse des dépenses liées au renforcement du capital humain (1377 milliards de FCfa) et l’équité sociale s’inscrivent dans une dynamique de « transformation profonde de notre modèle de développement ». « Il jette les bases de la souveraineté économique et engage le Sénégal sur une trajectoire nouvelle, caractérisée par une gestion budgétaire transparente, plus rigoureuse et soucieuse de l’allocation optimale et de l’utilisation efficiente des ressources publiques, tout en mettant un accent particulier sur la reddition des comptes », indique le document.
LES RESERVES DU PIT-SENEGAL À PROPOS DE LA DPG
Dans un communiqué de presse, le Parti de l’indépendance et du travail du Sénégal (Pit-Sénégal) a émis des réserves sur la Déclaration de politique générale d'Ousmane Sonko
Aliou DIOUF et Souleymane WANE |
Publication 30/12/2024
Dans un communiqué de presse, le Parti de l’indépendance et du travail du Sénégal (Pit-Sénégal) a émis des réserves sur la Déclaration de politique générale (Dpg) de Ousmane Sonko. Selon cette formation politique, les propos et le programme énoncés par le Premier ministre sont différents des actes posés par le Gouvernement depuis sa prise de fonction.
Le Parti de l’indépendance et du travail du Sénégal (Pit-Sénégal) s’est prononcé, à travers un communiqué de presse, sur la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre, Ousmane Sonko. D’emblée, le Pit a indiqué que le Premier ministre a attendu d’avoir créé sa «propre tribune pour se jeter à l’eau, réussissant ainsi à éviter cet exercice devant la mandature précédente». Abordant le fond, le Pit relève que « la Dpg tardive » du chef du gouvernement n’est, en réalité, qu’une «profession de foi» survenant après les élections.
Laquelle reprend « les nombreuses idées » du référentiel « Sénégal 2050 », dont des pans entiers étaient déjà présents dans « le Plan Sénégal émergent ». Revenant sur la loi d’amnistie dont le Premier ministre a annoncé qu’elle serait rapportée, le Pit-Sénégal soutient qu’il s’est toujours opposé à l’adoption de celle-ci. Ce, parce qu’il estimait qu’aucune violence physique, morale ou politique ne doit être amnistié et mise sous silence dans l’intérêt de dessein politique. Cependant, le Pit demande quel serait le sort de nombreux présumés acteurs ou instigateurs des violences de 2021 à 2024 de tous bords, qui ont été libérés dont le Premier ministre Ousmane Sonko ?
En effet, le Pit dit être favorable pour la reprise des enquêtes et des auditions liées aux violences afin de situer les responsabilités de chacun. Mais, précise-t-on dans le document de presse : « le Pit ne milite pas pour la réouverture du cycle de tensions ayant conduit notre pays au bord du précipice ». Il regrette également que sur les 130 pages du document lu par le Premier ministre, une demi-page ait été consacrée « au plan politique pour évoquer brièvement des points comme la bonne gouvernance, les conditions de participation aux élections, le statut du chef de l’opposition… ».
Selon le Pit, cela est bien insuffisant et trahit une grande méprise quant aux jalons posés bien avant l’avènement de Pastef et de ses dirigeants. De l’avis de ce parti, le système politique sénégalais est certes perfectible, mais il a atteint un certain seuil après de longues luttes de la gauche sénégalaise et d’autres forces qui se sont sacrifiées pour le Sénégal. « Ousmane Sonko dirige un parti politique depuis environ 10 ans sans avoir jamais organisé le moindre congrès pourtant indispensable à une organisation politique démocratique », a rappelé le Pit. La formation politique a, par ailleurs, apporté son soutien à l’ancien député Moustapha Diakhaté actuellement dans les liens de la détention et à Barthélémy Dias, révoqué de ses fonctions de maire de la Ville de Dakar.
par Souleymane Gueye
L'IMPOSTURE PANAFRICAINE DE DROITE DE SONKO SUR LE CFA
Entouré de ses 'chiens de garde' - comme les nommait Nizan -, le nouveau régime perpétue la ligne de Macron et de ses valets africains : des ajustements cosmétiques qui ne remettent rien en cause
En réponse au "Zemmour de Ndoumbelane," Tahirou Sarr, Ousmane Sonko s’est proclamé panafricaniste à plusieurs reprises au sein de l’hémicycle. Mais être panafricaniste ne se limite pas à se draper dans des mots.
Le panafricanisme, c’est l’action collective pour l’émancipation des peuples africains. Ce n’est pas une posture, encore moins un slogan creux. Si de simples déclarations suffisaient, Ismaël Lô et sa chanson Africa auraient fait de lui le leader du panafricanisme. Mais la réalité est toute autre.
Ousmane Sonko, perçu comme l’incarnation de l’espoir pour une jeunesse africaine désabusée, est attendu sur le front du panafricanisme de combat. Ce combat, toutefois, ne peut être mené qu’en reconnaissant d’abord la fracture entre le panafricanisme des institutions, conservateur et complice de l’ordre établi, et le panafricanisme des peuples, révolutionnaire et porteur de véritables ruptures.
Cette reconnaissance est indispensable, car l’histoire ne s’écrit que dans le choc des idées. Le panafricanisme, loin d’être une utopie consensuelle, doit assumer sa polarisation : un camp défend l’émancipation populaire, l’autre perpétue la soumission institutionnelle.
L’histoire a toujours été façonnée par des clivages idéologiques. Le panafricanisme, ce grand rêve collectif africain, n’échappe pas à cette logique. Aidé par la face hideuse de l'imposture communiste occidental, l'idéologie dominante a réussi à limiter ce clivage gauche/droite à un clivage capitalisme /communisme.
Cependant, la gauche est bien plus qu’un dogme économique. Elle est l’esprit du soulèvement contre l’ordre établi. Elle ne commence pas avec Marx. Elle se manifeste dans chaque réponse à l'oppression, comme le soulèvement de Spartacus contre Rome ou la révolution haïtienne menée par Toussaint Louverture.
C’est précisément là où le peuple sénégalais attend le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko : dans la mise en œuvre d’un panafricanisme de gauche, tel qu’évoqué dans le programme du président Diomaye. Être panafricaniste de gauche, c’est renverser l’ordre établi incarné par le panafricanisme de droite, celui des institutions
Lors de sa Déclaration de Politique Générale, Ousmane Sonko a pourtant trahi les attentes. Sur la question cruciale du franc CFA, il n’a pas tenu le discours audacieux que les peuples espéraient. Là où on attendait un rugissement contre l’ordre françafricain, nous avons entendu un murmure servile, digne d’un bureaucrate de la BCEAO. Cette posture de droite, celle d’un panafricanisme institutionnel aligné sur les intérêts des élites, est indigne de celui qui prétend incarner la rupture.
Le gouvernement de Sonko tiré par des chiens de garde, au sens que Paul Nizan attribuait à ces intellectuels soumis aux institutions anti-populaires, s’enfonce dans le sillon tracé par Emmanuel Macron et ses valets africains : des ajustements cosmétiques qui ne remettent rien en cause. Ce pour retarder les réformes audacieuses attendues et donner du temps à la pieuvre néocoloniale de se régénérer ce bras monétaire sous une autre forme.
Le peuple sénégalais n’a pas voté pour un gouvernement qui s’aligne. Il a voté pour une révolution. Le panafricanisme de gauche exige du courage : briser les dogmes, démanteler les institutions néocoloniales et redonner le pouvoir aux peuples.
par Abdoul Aziz Diop
ET OUSMANE SONKO PLAGIE MAME MADIOR BOYE
L'analyse lexicométrique révèle des similitudes troublantes, notamment dans l'emploi des mots "éducation", "formation" et "emploi", dont les fréquences sont quasi identiques avec le texte prononcé par l'ancienne Première ministre en 2001
Par leur impardonnable faute, les élites de tous les pays du monde cantonnèrent celles et ceux dont le très lourd fardeau que leur impose l’ignorance ne s’allège pas pour cause de non accès, à l’éducation, l’information et la culture, dénoncé par toutes les déclarations des droits de la personne humaine. C’est que les élites, non enclines, pour cause de sectarisme, à conforter l’universel, en tant qu’allègement de toutes les charges dont l’analphabétisme, n’entreprennent rien ou presque pour éviter que ce qu’elles désignent par populace, hélas nombreuse, ne tombe entre les mains des farouches partisans de l’ochlocratie. Issue de la pathologie dégénérative de la démocratie sous les coups de boutoir d’irréductibles ochlocrates, l’ochocratie, le pouvoir de la foule, chipé à la foule, s’impose alors à tous jusqu’au prochain réveil de l’Histoire.
Le 27 décembre 2024, bientôt un an depuis qu’il court contre les institutions de la République, Ousmane Sonko se décide enfin de prendre la parole à l’Assemblée nationale dans une atmosphère si peu virevoltante qu’on se croirait dans une interminable minute de silence le temps d’un discours de politique générale dont l’analyse, après coup, dit définitivement tout sur l’encore premier ministre de Bassirou D. D. Faye.
Le dendrogramme infaillible
Depuis l’an 2000, correspondant à l’année de notre intérêt appuyé pour la politique qui justifie le choix de cette date plutôt qu’une autre, 11 premiers ministres, de Moustapha Niasse à Ousmane Sonko en passant par Mame Madior Boye, Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Hadjibou Soumaré, Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoul Mbaye, Aminata Touré, Mahammed Boun Abdallah Dionne (paix à son âme) à deux reprises (2014 et 2017) et Amadou Ba, sacrifièrent au rituel démocratique et républicain en vertu de la Constitution de la République intronisée par la hiérarchie des normes. Chaque discours de politique générale constituant une entité, deux grandes classes de discours se dégagent de la douzaine de textes dans lesquels n’importe qui peut opérer un tri en se faisant aider par un puissant outil d’analyse électronique adéquat qui ne dédouane pas pour autant le lexicométricien - celui qui analyse par le lexique des locuteurs - de la lecture, avant coup, des épreuves écrites. On désigne par dendrogramme le diagramme grâce auquel le spécialiste identifie les classes de textes pour mesurer, à l’intérieur d’une classe, les oppositions et rapprochements entre les entités. C’est aussi le principe du clustering qui permet de faire une classification des entités étudiées par distance ou similarité. En faisant le tri à l’intérieur des deux classes d’entités - Moustapha Niasse d’un côté et Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko et Mame Madior Boye de l’autre - distantes ou similaires, le dendrogramme réalisé est celui présenté en illustration de notre tribune. Ousmane Sonko porta son choix sur la partie du diagramme global, constitué des 12 discours, qui fait que le discours de politique général prononcé, le 27 décembre 2024 devant la représentation nationale, n’est ni plus ni moins que le texte du grand oral de l’ancienne première ministre Mame Madior Boye. Ne célébrant que son nombril, Narcisse Sonko ne daigna pas rendre hommage à la grande dame de la République qui fit œuvre utile en s’adressant à son peuple, le lundi 1 janvier 2001, à travers ses honorables représentants élus au suffrage universel. Après avoir lu et/ou fait lire à ses nègres de service les discours de politique générale de Moustapha Niasse et de Mame Madior Boye, Ousmane Sonko adopta la conduite d’écriture dont Mame Madior Boye fit état au début de son discours de politique générale. « Si nous voulons mettre le Sénégal en ordre de bataille et les Sénégalais au travail, nous devons appréhender la réalité sans retard », dit-elle. « Mais, précise-t-elle, il ne s'agit point pour nous de faire l'état des lieux. Mon prédécesseur - [Moustapha Niasse] - s'en est déjà acquitté avec brio en faisant “un inventaire précis, objectif et sans complaisance” de la situation du pays à l'occasion de sa déclaration de politique générale le 20 juillet 2000. Permettez-moi donc de ne pas y revenir. » Ousmane Sonko et/ou ses nègres de service en concluent qu’ils doivent faire comme Niasse avant d’entreprendre de piller le patrimoine immatériel dont Madior Boye gratifia la République après avoir quitté ses fonctions de Garde des sceaux, ministre de la Justice dans le gouvernement dirigé par Moustapha Niasse dont le soutien historique au pape du Sopi (« changement en ouolof ») se solda par le triomphe par lequel commença, le 2 avril 2000, la séquence libérale qui prit fin le 24 mars 2024.
Le générateur du dendrogramme ne s’est pas trompé ! Il ne se trompe d’ailleurs jamais puisque celui qui le manie, en passant au peigne fin les textes de son corpus, peut multiplier les grands et moins grands tests de validation du diagramme généré. Passé l’état des lieux comme dans le discours de politique générale de Moustapha Niasse, Ousmane Sonko prit tout à sa successeure Mame Madior Boye. Quatre lexèmes - mots dans le jargon des lexicométriciens - attestent ce que nous avançons. Il s’agit des mots au singulier et/ou au pluriel « éducation, formation, et emploi » dont les fréquences dans les discours de Mame Madior Boye et d’Ousmane Sonko sont trop voisines pour ne pas dire parfaitement égales. Il ne fait aucun doute qu’on peut juger tout un discours, consacré aux préoccupations de tout un peuple, en le jugeant en fonction des places réservées, dans ledit discours, à l’éducation, la formation et l’emploi. L’emploi quand, bien sûr, l’environnement propice à la création de richesses est établi et entretenu et lorsque les richesses, équitablement réparties dans le pays au travail pour son affranchissement immatériel et matériel, sont au rendez-vous.
Ousmane Sonko est un plagiaire ! Il plagiat Mame Madior Boye. Inutile de comparaître devant un tribunal inquisiteur pour le prouver. La science a établi qu’il a triché pour passer le cap fatidique de la déclaration de politique générale qui requinqua une fois encore l’ochlocrate au pouvoir. Mais pour combien de temps encore à ne jamais travailler et à gagner du temps au contact des foules qui transformèrent la place publique en un immense réceptacle de harangues sans fin. Voilà en tout cas bientôt un an que cela dure.
Un discours de généralités politiques
La présidente de l’unique groupe parlementaire de l’opposition à l’Assemblée nationale, l’avocate et femme politique Aïssata Tal Sall, n’a pas tort d’attirer l’attention des citoyens assis devant leurs écrans de télévisions sur les slogans dans le discours chipé et travesti de M. Sonko. Jusqu’à la fin des temps, la plupart des slogans, exemples parfaits de viol par le langage, figureront dans les discours politiques des ochlocrates d’abord. Le philosophe politique roumain Constantine Salavastru, dont nous avons recommandé l’œuvre de philosophie politique à nos anciens étudiants de l’Institut des sciences de l'information et de la communication (ISSIC) - le journaliste et directeur de Walf, Moustapha Diop, connu pour ses digressions pro-Sonko, est l’un de ceux-là - dit des slogans qu’ils excluent la réflexivité dans une relation de pouvoir reliant son détenteur et sa destination (les foules notamment) pour lui signifier que la réciprocité n’existe pas. Et pour cause ! L’intellectuel camerounais Achille Mbembé parlant du « viol par le langage » dont le slogan est l’une des formes les plus courantes, écrit que « dans tous les rapports où l'une des parties n'est pas assez libre ni égale, le viol souvent commence par le langage - un langage qui, sous prétexte de n'exposer que les convictions intimes de celui qui le profère, s'exempte de tout, refuse d'exposer ses raisons et s'auto-immunise tout en faisant porter tout le poids de la violence au plus faible ». Mbembé répondait au discours controversé prononcé par l’ancien président français Nicolas Sarkozy, le 26 juillet 2007, peu après son élection, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
La lecture des commentaires de profanes sur les réseaux sociaux avant et après la clôture du rituel républicain du vendredi 27 décembre 2024 en dit long sur les stigmates d’un viol par le harangue qui dura dix ans dans l’opposition et qui se poursuit pour on ne sait combien de temps encore.
Dans la septième édition de son ouvrage sur les « libertés publiques » (Dalloz, 1989), Claude-Albert Colliard parle des causes sociales, économiques et techniques de la « crise des libertés publiques ». Selon Colliard, « les causes sociales se résument en l’apparition, (…), du phénomène de masse ». « Les masses, écrit-il, tiennent des foules des sentiments parfois violents ». De sorte que « l’organisation des masses en partis politiques animés par quelques formules simples a abouti à une simplification artificielle et parfois dangereuse des problèmes, à une disparition des nuances ». « Jub-Jubal-Jubanti» (3J) est la dernière-née de ces formules simples qui ont fait tilt au Sénégal au cours du dernier quart de siècle politique. Ousmane Sonko trouve au 3J deux emplacements dans « son » discours de généralités politiques qui font que ses partisans d’abord l’attentent maintenant à la foire non révocable des bons résultats dont rien n’indique l’arrivée prochaine. « Nous avons déjà entrepris de bâtir une Administration publique autour des principes de probité et d’intégrité autour du “Jub, Jubal, Jubanti” », écrit Sonko juste avant de faire cap dans « son » texte sur 2025-2029.
Qui disait qu’Ousmane Sonko est le meilleur premier ministre que le Sénégal s’est donné depuis l’indépendance ? Le président de la République Bassirou D.D. Faye ! Le président de tous les Sénégalais changera-t-il d’avis avant longtemps ? Ses hautes charges ne lui permettent pas de lire les bénévoles du mouvement des idées ou ce qu’il en reste. L’auteur de cette tribune peut néanmoins se satisfaire d’avoir respecté sa promesse : répondre à Diomaye après la lecture et surtout l’analyse lexicométrique du discours de politique générale du premier ministre qu’il programma, pour rien, pour le 13 septembre 2024, dénonçant lui-même sa propre signature déjà entre les mains de l’ancien président de l’Assemblée nationale Amadou Mame Diop.
MORT DE JIMMY CARTER
Premier président centenaire de l'histoire américaine, il s'est éteint le 29 décembre à l'âge de 100 ans, laissant derrière lui l'héritage d'un homme qui a su transformer l'échec politique en triomphe humanitaire
(SenePlus) - D'après la presse américaine, Jimmy Carter, 39e président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix, s'est éteint le 29 décembre 2024 à l'âge de 100 ans.
Son parcours politique débute dans un contexte particulier. Comme le relate RFI, lors de sa candidature en 1974, il profite d'une Amérique échaudée par le scandale du Watergate. Cet outsider, alors quasi-inconnu sur la scène politique nationale, remporte l'élection présidentielle de 1976 face à Gerald Ford avec une marge d'un million de voix.
Dès son investiture, Carter marque sa différence. "Il a fait preuve de ce qu'il faudrait à tous les présidents : de l'humilité", souligne Mel Elfin, ancien responsable du bureau de Newsweek à Washington, cité par la radio française. Cette humilité se manifeste notamment lors de sa prise de fonction, où il choisit de traverser Washington à pied plutôt qu'en voiture.
Son mandat présidentiel (1977-1981) est marqué par des réformes importantes mais aussi par des crises majeures. Il crée les départements de l'Énergie et de l'Éducation, réforme l'administration et la fiscalité. Toutefois, son administration fait face à une inflation galopante atteignant 12% en 1979, une crise des otages à Téhéran, et l'invasion soviétique de l'Afghanistan.
Dans son célèbre "discours du malaise" du 15 juillet 1979, Carter déclare avec franchise : "Nous avons toujours cru dans ce quelque chose qu'on appelle 'progrès'. [...] Aujourd'hui, nous perdons cette conviction." Cette honnêteté, bien que louable, ne suffit pas à convaincre les électeurs, et il perd face à Ronald Reagan en 1980.
L'après-présidence de Carter se révèle extraordinairement productive. Comme le rapporte RFI, il fonde le Carter Center en 1982, dont la mission est de "récompenser la paix, se battre contre la maladie, construire l'espoir." Son engagement pour la paix le conduit dans environ 150 pays, supervisant des élections et menant des médiations diplomatiques cruciales.
Ses efforts sont récompensés par de nombreuses distinctions, notamment le prix Nobel de la paix en 2002. Lors de la cérémonie, il prononce un plaidoyer en faveur de l'ONU : "Il faut se confronter à ces défis planétaires en insistant sur la paix, sur l'harmonie avec les autres, avec des alliances fortes et un consensus international."
Fervent chrétien baptiste, surnommé "Deacon" (diacre) par ses services de sécurité, Carter n'a jamais hésité à critiquer ses successeurs, démocrates comme républicains. Il qualifie George W. Bush de "plus mauvais président des États-Unis" et n'hésite pas à dénoncer les "erreurs graves" de Donald Trump sur le dossier iranien.
Leon Panetta, ancien directeur de la CIA et secrétaire à la Défense, offre une analyse perspicace citée par RFI : "C'était un idéaliste, il voulait faire de bonnes choses. Mais j'ai senti qu'il n'avait jamais eu assez de pragmatisme pour pouvoir négocier, ce qui est inévitable à Washington si vous voulez faire quelque chose."