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28 novembre 2024
Politique
PAR Ibra Pouye
LES TRENTE PREMIERS JOURS DE DIOMAYE
Entre réformes de l'administration, assainissement de la justice, lutte contre la corruption et redressement de l'agriculture, le nouvel exécutif affiche une ambition sans faille pour sortir le Sénégal de la précarité
Prise de fonction dans la foulée, à la bonne franquette et dans une ambiance moins festive à laquelle est habitué désormais le peuple. Parce qu’il est des urgences et que tout est urgence dans ce Sénégal-là. Dès sa prise de fonction, le mot rupture sonne tel l’hallali. Le signe d’une nouvelle ère de gouvernance marquée par la vertu et la sobriété. Gages de stabilité et de sécurité. En effet ce pays, le Sénégal, dont la santé est très fragile, a besoin de calme comme l’est le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Sans le génie de son peuple, le Sénégal allait tout droit dans le mur et tomberait dans l’abîme des démons qui ont très longtemps semé le désordre dans cette Afrique, abonnée aux guerres civiles, aux assassinats de civils et de politiques, aux coups d’État et tutti quanti. En effet, les Sénégalais savent choisir et ils ont choisi le tandem Diomaye-Sonko ; deux sœurs, Aguène et Diambogne, une sérère et une jola, liées à jamais par l’histoire d’une nation. Ainsi sont brassés les sénégalais dans leur ensemble et dans leur essence.
La rupture, les nominations aux postes de ministres et de directeurs généraux
Le Sénégal revient de très loin à l’aune d’une élection qui pouvait faire tanguer le pays mais que nenni. Parce que simplement ce peuple est habitué à voter et que l’administration est une machine rodée pour tout processus électoral. Rupture actée, place aux nominations de ministres et de postes-clés dans l’administration. Nul besoin de parler, il suffit de regarder pour comprendre que la rupture est en train d’être consommée tranquillement et sûrement par le gouvernement et par la population. Aux passations de service, la sobriété a fait place à la bamboula d’autrefois. Le président Faye, dans ses adresses à la nation et dans les différents conseils de ministre, ressasse les mots ; sobriété, disponibilité, probité, compétences et exemplarité. Un gouvernement de combat et non de mauvais fantassins. Parce que tout est urgence dans ce beau petit pays spécial. Face aux contempteurs du gouvernement en place, il est de bon aloi de leur dire et de leur répéter que savoir gouverner c’est gouverner avec celles et ceux ayant porté le combat même si l’ouverture est doctement prônée. Parce qu’une nation a besoin de toutes ses filles et de tous ses fils.
L’administration publique
Aussitôt investi, le président BDDF, comme l’appelle une bonne frange de la population, s’est adressé par lettre à l’ensemble des fonctionnaires et des agents de la fonction publique, leur demandant d’être les acteurs de la transformation de leurs environnements professionnels en les rendant plus sains et plus transparents dans toutes les politiques publiques. Une belle lettre et savamment écrite à saluer parce qu’elle est engagée et patriotique. Aux fonctionnaires et agents de l’État de l’appliquer sur le terrain même si l’abstrait a des fois quelques soucis à coller à la réalité du terrain. L’administration sénégalaise et la corruption, une vieille histoire.
La bombe foncière
Sentant le pays miné à tous les niveaux et ressemblant à une vieille friche, le président Bassirou Diomaye Faye a pris le soin de faire une visite inopinée dans une zone où le foncier est une bombe à retardement, Mbour4, une extension de la région de Thiès. Sur place, les images parlent d’elles-mêmes. Une razzia des terres par les anciens barons de feu le régime du président Macky Sall. Dans une indignation assez contenue, le président a déversé sa colère. Une colère saine sur les prédateurs terriens de l’ancien gouvernement et il répète que cela ne restera pas impuni. Les jours qui arrivent risqueront d’être tumultueux pour certains ayant perdu le sommeil du juste depuis quelques jours.
D’une justice de Coumba am nday ak Coumba amoul nday à une justice plus équitable
Parler de la justice, c’est parler des nominations ressemblant à des couperets. En effet, il faut savoir sanctionner froidement pour pouvoir avancer sinon les mêmes pratiques se répètent. Le tonneau des Danaïdes est un exemple frappant. Moderniser la justice, c’est lui ôter toutes les souillures et de l’éloigner des cercles politiques parce que la justice sénégalaise a toujours été inféodée au pouvoir en place. D’où la résilience du peuple ayant toujours bon dos. Pour promouvoir la bonne gouvernance et la reddition des comptes, le président mise sur une justice plus équitable voire plus juste. Savoir sanctionner est une demande sociale. Que tout voleur de deniers publics paie le prix de son forfait. Une société doit savoir sanctionner et pardonner aussi ou disparaître. L’impunité est un crime contre le peuple et cela le président le sait.
Nos amis, les lanceurs d’alerte
En effet, le président Bassirou Diomaye Faye ouvre une nouvelle ère avec la protection des lanceurs d’alerte dans ce pays qu’on qualifie de malentendu où tout est melting-pot. Il n’est point d’encourager la délation mais de rendre la gestion des deniers publics et des politiques publiques transparentes. Pour lui, l’argent du contribuable est sacré et nul n’a le droit de se l’approprier tout seul. Pour qui connaît le sénégalais, les mots transparence et bonne gouvernance ne font pas partie de son vocabulaire. D’où la nécessité urgente et absolue d’éduquer et de rééduquer les masses.
La baisse du coût de la vie, l’amélioration du panier de la ménagère et l’emploi des jeunes
Dans un pays où tout semble voué à l’échec et que les jeunes sont tentés par l’émigration clandestine, le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko veulent mettre le curseur sur la réduction du coût de la vie, l’augmentation du pouvoir d’achat des sénégalais et l’emploi des jeunes sensibles aux sirènes de l’émigration. Un bon processus de toutes ces réformes utiles passera in fine par la dissolution de l’Assemblée nationale d’ici la fin de 2024 et avec l’organisation de nouvelles élections. Et vivement les législatives avec une majorité du camp présidentiel à l’Assemblée nationale. Et le pays s’en portera mieux.
L’Afrique, une des priorités du projet
Dans le projet, l’on sent et sait que le continent africain reste une priorité pour l’exécutif. Quelques jours après son investiture, le président Faye s’est rendu concomitamment en Mauritanie, en Gambie et en Guinée-Bissau. Question de géopolitique oblige. D’abord les voisins africains et les hôtes étrangers après. Un Sénégal souverain et prospère dans une Afrique en progrès. Cela passe de commentaire et le peuple applaudit à faire rompre la passerelle.
Jeunesse et agriculture
Avant toute forme d’industrialisation, le Sénégal devrait avoir sa souveraineté alimentaire parce qu’il a trop misé sur l’import qui ne nous rapporte peu ou prou. Ce pays, pour se développer, ne doit pas être un pays de services. Nous ne sommes pas à l’image de la France qui peut se prévaloir de ses missions de service. Nous devons faire appel à cette jeunesse et l’encourager à envahir champs et villages par la création de coopératives de cultivatrices et de cultivateurs. Vivement les vacances patriotiques où le Premier ministre Ousmane Sonko devra jouer un rôle éminent, le bâton de pèlerin à la main. En effet, cette année, la distribution des semences est supervisée voire sous haute surveillance des forces de l’ordre et l’on comprend finalement comment en quatre ans, de 2019 à 2023, plus de 300 milliards de Cfa consacrés à l’agriculture ont été dilapidés voire volés.
Renégocier les contrats miniers
Champ de ruines et nébuleuse entourent les contrats signés entre l’État du Sénégal et quelques multinationales du pétrole et du gaz. Ce coup de Jarnac de Macky Sall marque le sceau de la haute trahison parce que renégocier lesdits contrats retarderait l’exploitation de ces gisements chers au développement du Sénégal et ferait souffrir davantage notre économie déjà à terre.
La France et l’exécutif sénégalais
L’histoire du Sénégal et de la France est jalonnée d’amour et de haine mais restera toujours sur fond de moi je t’aime moi non plus. Mais ce sont deux pays qui finiront toujours par se comprendre et que le mot de trop du colonisateur n’est plus et que malheur aux vaincus n’existe point dans ce 21e siècle. En tous les cas, la rupture d’avec les pratiques de l’ancien régime est consommée. Pour le moment, Emmanuel Macron attend comme dans la fièvre d’un samedi soir le président Diomaye Faye fouler le sol de l’Élysée. Mais ce président, très différent de ses prédécesseurs, préfère l’air sec de ses voisins qu’à celui de la France même si cette dernière est notre premier partenaire commercial et est bien ancrée chez nous.
Le duo Diomaye moy/est Sonko trace sa route et est loin de la clameur sournoise et des chiens qui aboient. On leur souhaite, on se le souhaite à nous, Sénégalais, de réussir le projet et que le Sénégal en sorte grandi, souverain et prospère dans une Afrique en progrès. Que ces trente premiers jours soient le fruit de ces cinq prochaines années et au-delà. Je ne saurais terminer sans dire merci à deux ainés, Kaccor bi, cette si belle plume savante encore en activité et à Pape M. Touré, ancien fonctionnaire international, jouisseur de ses bons vieux jours sous l’ombre des cocotiers, dans la douceur des niayes.
LE LOURD PRIX DE LA VÉRITÉ POUR LES JOURNALISTES AFRICAINS
Le "bon journalisme peine et vit péniblement" tandis que son antithèse prospère, "toujours compt[ant] sur la généreuse part du fruit de la corruption" octroyée par "une branche gangrenée du pouvoir politique"
(SenePlus) - Dans un éditorial percutant diffusé sur les ondes de RFI le 4 mai 2024, Jean-Baptiste Placca a soulevé une question fondamentale : qu'en est-il de la liberté de la presse en Afrique ? Prenant appui sur une interview accordée la veille par le journaliste camerounais Haman Mana à Christophe Boisbouvier, l'éditorialiste dresse un constat saisissant de la situation.
Le témoignage de Haman Mana, affirme Placca, "nous ramène à ce que l'on observe dans nombre d'autres pays sur le continent, le meilleur, de temps à autre, et le pire, trop souvent, malheureusement." Son propos révèle un journaliste courageux, une voix parmi les quelques-unes qui osent s'élever face à l'adversité.
Placca souligne qu'il faudra constituer une "masse critique" de ces voix dissidentes pour rendre à la presse africaine "la place irréversible qu'elle mérite." Mais l'existence même de ces journalistes est déjà, admet-il, "un motif d'espérance, dans un environnement où le pire, triomphant d'arrogance et de cupidité, a une fâcheuse tendance à vouloir éclipser le meilleur."
Reprenant la métaphore employée par Mana, il oppose ainsi "l'eau propre" d'un journalisme intègre à "l'eau sale" d'une "presse à gages" vénale. Cette dernière, dénonce Placca, déploie "à des fins mercantiles, [son] zèle et [son] talent au service de causes douteuses, sinon mafieuses".
Il salue le courage de Haman Mana d'avoir cité "le commanditaire présumé de l'assassinat de Martinez Zogo", le présentant comme l'incarnation de ces "mercenaires de la plume" dénoncés jadis par l'écrivain Mongo Beti.
Face à ces "Al Capone de la rotative", les véritables journalistes se doivent de "faire œuvre de salubrité publique" en dénonçant les détournements de fonds qui privent les populations des services essentiels. Mais en retour, poursuit Placca, "le journaliste de la 'presse à gages' s'emploie à jeter le discrédit sur [leur] travail".
Dans cette lutte inégale, le "bon journalisme peine et vit péniblement" tandis que son antithèse prospère, "toujours compt[ant] sur la généreuse part du fruit de la corruption" octroyée par "une branche gangrenée du pouvoir politique". Ce constat implacable résonne dans le destin tragique des journalistes qui "meurent courageusement pour la liberté de la presse", à l'opposé de ceux "prêts à tout pour des gains faciles et une gloire à bon marché".
Face à cette réalité d'une "réelle gravité", Jean-Baptiste Placca appelle à approfondir le débat, pour que la presse cesse d'être "un instrument au service de quelques intérêts égoïstes". Son ambition ? Qu'elle devienne au contraire "le moteur de l'État de droit, de la démocratie et du développement des nations".
par Amadou Tidiane Wone
RUPTURE
Aucun indulgence ne serait tolérable face à la désinvolture de certains responsables, clairement identifiés, en attendant que leur culpabilité soit établie. Après la jouissance et les réjouissances, il convient pour les bénéficiaires de payer la note
Rupture ! Ce mot magique est sur toutes les lèvres. Comme un appel pressant, une soif incompressible de défricher une voie d'avenir conforme aux énergies qui dorment sous le boisseau, de plus de 60 ans d’indépendance, dans la soumission mentale des élites… Un mot qui agit comme une incantation oratoire pour conjurer le mauvais sort et bannir, à jamais, un ordre ancien désuet et anachronique.
Rupture ! Ou comment transformer le Sénégal par le génie créateur de citoyens sénégalais décomplexés, en capacité d'inventer, et de mettre en œuvre, un modèle de progrès et de mieux-être, qui nous rassemble et nous ressemble. Loin des imitations caricaturales des modèles et des prêt-à-penser qui nous obstruent l’horizon. Telle est la trame de fond de l’exigence qui a enfanté le 24 mars 2024, date charnière de la première rupture actée par le peuple souverain d’avec le statu quo ante. Ne pas comprendre cela ou refuser d’admettre que le peuple sénégalais est mature et résolu à prendre son destin en mains, c’est oublier d’où l’on vient : le départ de Macky Sall du pouvoir, en dépit de toutes les manœuvres, apparentes et souterraines, a fait la preuve de la détermination de la jeunesse sénégalaise, force d’avenir. La fin de non-recevoir opposée à l’organisation de sa succession à sa convenance ; la mise à la retraite anticipée de toute une caste de politicards professionnels qui ont retardé l’essor de notre pays depuis si longtemps ; sont le signe que tout va changer et que rien ne devrait plus être comme avant.
La jeunesse sénégalaise a donné un signal fort, de détermination et d’adhésion au courant alternatif incarné par Pastef, porté par Ousmane Sonko et ses compagnons, consacré par l’accession à la magistrature suprême de Bassirou Diomaye Faye, 5ème président de la République du Sénégal. Cela est la réalité dont il nous faut tenir compte dans nos analyses mais surtout dans nos postures pour le quinquennat en cours.
Que veut le peuple ? Des emplois. Mais à quel prix ?
Au pris d’une rupture systématique d’avec les enrichissements, illicites ou sans cause, dont les rapports des corps de contrôle rendent compte à nausée… En attendant que la justice se saisisse pour situer les responsabilités dans les dérives, inadmissibles, notées quant à la gestion du bien commun. Aucun passe-droit, aucune indulgence ne serait tolérable face à la désinvolture de certains responsables, clairement identifiés, en attendant que leur culpabilité soit établie. Le peuple souverain n’admettra, sous aucun prétexte, la mansuétude face à des crimes économiques qui pourraient hypothéquer l’avenir de toute une nation. Et, sous ce rapport, il faut éviter la tendance au « Masla », compromis et/ou compromission, pour ménager la chèvre et le chou. Après la jouissance et les réjouissances, il convient pour les bénéficiaires de payer la note. Juste la note. Sans excès à rebours. Ni traque à géométrie variable comme nous en avons connu dans un passé récent. Mener une lutte, sans merci, contre la corruption qui est la sève nourricière de toutes les formes de brigandages économiques et sociales est une exigence majeure sortie des urnes le 24 mars 2024 : Ne l’oublions jamais.
Cela dit, et dans le même temps, il faut surtout construire l’avenir. Donner corps aux rêves de notre peuple : le nourrir par le travail de ses paysans, l’habiller par le savoir-faire de ses tisserands, et couturiers, construire des demeures écoresponsables par la création de chaînes de valeurs innovantes dans les matériaux et techniques de construction locaux. En un mot : développer notre pays. Tout cela est à notre portée. Aucun pays au monde ne se développe, de manière durable, sans la valorisation de son génie propre par la transformation qualitative de ses ressources humaines et naturelles. A cet égard, les créateurs africains et plus particulièrement sénégalais ont beaucoup de mérite. Il reste à apporter les leviers économiques à l’essor de filières entrepreneuriales endogènes qui soient le socle d’un tissu économique véritable. Compter sur nos propres forces, c’est le sens profond du mot indépendance…
Only the sky is the limit !
Pour dire que, moins de deux mois après le changement à la tête du pays, il appartient aux 54% des électeurs sénégalais, qui ont voté pour le changement, de convaincre les 46%... hésitants, que le temps de se retrousser les manches, à tous les niveaux, est venu. Rien ne nous tombera du ciel. Il nous faudra beaucoup de rigueur, et d’efforts soutenus, pour changer de cap et décoller. « Il n’y a pas de destins forclos, il n’y a que des responsabilités désertées… », aimait nous rappeler le poète Hamidou Dia.
C’est temps aussi, de mettre en garde certains politiciens professionnels qui se répandent, déjà, dans les médias pour y répandre la mauvaise parole : ils feraient mieux de prendre un peu de recul, pour prendre la pleine mesure du désaveu infligé le 24 mars 2024. Se donner le temps et les moyens de comprendre et… de changer. Car tout ce qui est arrivé était prévisible. Tant l’arrogance était devenue insupportable ! Tant l’insouciance et la vanité semblaient le gage d’une impunité définitive…
Aujourd’hui, nous devons transformer l’enthousiasme de la jeunesse de notre pays en force motrice dans tous les secteurs de la vie nationale. Le président de la République et son Premier ministre nous donnent, tous les jours, des raisons d’espérer et de croire que tout est désormais possible. En dépit de certains grincements de dents, par-ci par-là, la dynamique en cours est jugée bonne par la plupart des observateurs de bonne foi. La répartition des rôles au sommet est claire et lisible. Le gouvernement est à pied d’œuvre et la réactivité des ministres, qui n’hésitent pas à descendre sur le terrain, est à saluer. Leur exemple devrait être suivi, à tous les niveaux, pour rapprocher l’administration des administrés. Au jour le jour, les équipes se constituent. A un rythme satisfaisant. Mais, et il faut le dire clairement : les bastions tenus par les soutiens affirmés de l’ancien régime doivent faire peau neuve, et faire l’objet de nouvelles affectations. Les femmes et les hommes qui ont cru au changement, et combattu pour qu’il advienne, doivent être responsabilisés et mis à l’épreuve. Ce ne serait que Justice. Dans toutes les démocraties du monde, une alternance politique conduit à des changements profonds, tant dans l’administration centrale qu’à la tête de toutes les entreprises stratégiques. Notamment, lorsque les choix politiques des responsables qui les dirigent ne correspondent pas à ceux des nouvelles autorités. Aucune esthétique moralisante ne doit conduire à retarder la prise en charge de cet impératif.
Il demeure que les cadres administratifs ont vocation à servir l’État. Sous tous les régimes. Surtout lorsque leurs compétences sont avérées. Aucune discrimination ne doit les isoler ou les stigmatiser à priori. Bien au contraire. Mais le Sénégal est un petit pays, la haute administration publique et privée est un microcosme où l’on sait qui est qui. Le sens du discernement de nos autorités fera le reste. Au demeurant, et dans Le meilleur des mondes, certains responsables devraient avoir à cœur de rendre le tablier sans nul besoin de se le faire arracher. Question de point de vue.
En attendant, trouvons les voies et les moyens d’une défense en ligne de cette alternance, porteuse d’alternatives dans tous les domaines, et que personne ne nous en fasse douter. Cinq ans. C’est le temps que nous avons pour transformer l’essai et faire la preuve que, sur le continent africain, une… révolution… démocratique peut s’opérer par les urnes. Pour les générations montantes, ce serait le viatique le plus puissant et le plus refondateur pour l’avenir. Cinq ans, c’est peu. Mais nous pouvons et devons, pendant ce temps, rendre irréversible la volonté du peuple de toujours exiger mieux et plus de ses mandants.
Retourner en arrière, sombrer dans l’apathie des douze dernières années, malgré une frénésie infrastructurelle, ne doit plus être possible. A chacun d’entre nous de donner corps à cette résolution.
ON CONTINUE DE CONSIDÉRER NOS PRÉSIDENTS COMME DES PROPRIÉTAIRES DU PAYS
Me Doudou Ndoye n’en finit pas de dénoncer l’arrêt des opérations foncières et domaniales. Il décortique ce dossier dans l’émission «Questions directes» d'iTv
Bés Bi le Jour |
Alassane Samba DIOP & SYLLA |
Publication 04/05/2024
Me Doudou Ndoye n’en finit pas de dénoncer l’arrêt des opérations foncières et domaniales. L’ancien président de la Commission nationale pour la réforme foncière (Cnrf) estime que cette décision du président de la République a des conséquences économique et juridique graves. Il décortique ce dossier dans l’émission «Questions directes» de iTv.
«Je suis un vieil inspecteur des impôts et domaines d’abord. Je suis de la formation 1970 de Clermont Ferrand et j’étais major de tous les Sénégalais qui étaient làbas. Je connais très bien la fiscalité du Sénégal et les questions domaniales et j’ai été professeur de droit aussi à l’Université, avocat pendant 50 ans. J’ai écrit peut être autant que tout le monde, sinon plus, sur le foncier du Sénégal. J’ai passé tout mon temps à dire ce qui ne va pas dans le foncier jusqu’à ce que Macky Sall, président de la République, en 2012, m’invite au Palais pour me confier le foncier. Alors, pendant trois mois, j’ai préparé tout un système pour arriver à rassembler 90 personnes compétentes. C’est moi-même qui ai écrit et de ma main tous les décrets, alors que je n’étais qu’un avocat dans un cabinet. La commission que j’ai créée sous son autorité a été installée officiellement et a commencé à travailler. J’ai fini par démissionner. Le foncier n’est pas une bombe au Sénégal. C’est parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’est le foncier».
«Un problème économique gravissime»
«Un journaliste d’une radio m’a contacté pour dire : ‘’Me Doudou Ndoye, nous venons d’apprendre que le Président de la République a ordonné la suspension de tous les travaux sur le littoral.’’ Je lui ai dit : ‘’Qu’est-ce que vous me racontez ?’’ Il le répète. Je lui ai dit qu’il en a l’autorité parce que c’est le président de la République. Mais il n’en a pas le droit. Je le maintiens. En travaillant, j’ai découvert une circulaire du Directeur général des impôts et domaines qui dit, en s’adressant à ses agents de l’administration fiscale et domaniale : ‘’Messieurs les fonctionnaires qui dépendent de moi, tout ce qui concerne des attributions de parcelles, il faut l’arrêter. Tout ce qui concerne des cessions de terrains que l’Etat doit faire et qu’il est en train de faire il ne faut pas le finir. Tout ce qui concerne les autorisations pour céder des parcelles, on arrête. Tout ce qui concerne les autorisations qu’on devait vous donner pour hypothéquer les terrains, des titres fonciers de l’Etat qu’ils vous ont donnés en bail et qu’on doit vous autoriser à hypothéquer, on les arrête. Toutes les études cadastrales au Sénégal sur les sols pour donner un Nicad, on ne le fait plus.’’ La conservation foncière, c’est là où c’est plus grave. Le bureau d’enregistrement qui doit récolter de l’argent pour l’Etat en enregistrant ne doit plus fonctionner. Ils ont fait une liste des lieux concernés. C’est un problème économique gravissime. Ce n’est pas l’Etat ni les usagers, mais un problème d’emploi. Personne ne travaille dans ce pays et on dit on va développer l’emploi. Tous les candidats à la présidence de la République avaient promis des emplois».
«C’est juridiquement dangereux»
Mais tous ces projets de toutes ces zones, à mon avis si c’était fait, c’est à peu près 100 mille emplois au moins. Déjà combien de personnes avaient commencé à préparer des dossiers ? Ensuite, c’est juridiquement dangereux. Quand le Directeur général des impôts et domaines dit dans sa circulaire aux conservateurs ne faites plus rien. Ils appartiennent tous au ministre des Finances. Mais pour ce qui concerne le travail de conservateur, il ne dépend de personne, mais de la loi. Et la loi 2011- 07 du 30 mars 2011 sur le droit de la propriétaire foncière est on ne peut plus clair. Aucun ministre ne peut lui donner une circulaire, a fortiori un directeur général. Les notaires savent que ce que je dis est vrai. Le conservateur n’a pas le droit, lorsqu’un acte a été régulièrement fait et qu’on vient le lui proposer aux fins de l’inscription foncière, de dire : ‘’j’ai des instructions de mon directeur général de ne pas le faire. Il sera condamné par la justice s’il y a un préjudice’’». Un pays ne peut progresser sans la loi. On corrige avec les lois, mais pas en les violant. En le faisant on fait pire. Personne, au Sénégal, n’a fait autant de critiques sur le foncier que moi. Jusqu’à sacrifier mon temps et mon cabinet pour faire une réforme et démissionner. Je fais partie de ceux qui se sont battus pendant deux ans au moins pour que les dernières lois du Président Macky Sall ne fassent pas autorité. Pour que le Conseil constitutionnel les annule. Pour que ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir puissent participer aux élections et les gagner».
«Sur le littoral, toute personne qui touche à une construction commet un délit»
«Le Président Diomaye a une bonne volonté. Mais ce n’est pas parce qu’on a une bonne volonté qu’on sait. Etre inspecteur des impôts et domaines ne veut pas dire qu’on a travaillé sur le foncier. Sur le littoral, entre le village et Ouakam et l’hôtel Terrou bi, on l’appelait le «Kakalam». A l’époque, ce n’était que des rochers. Il n’y avait pas de plage là-bas. Après la zone maritime, c’est la zone terrestre qui était titrée. Un titre foncier au nom de l’Etat qui donnait des baux. Des baux emphytéotiques où les gens construisaient des maisons. Parce qu’à l’époque le Sénégal n’était pas riche. Les fonctionnaires n’avaient pas de richesse. Les hommes d’affaires n’existaient presque pas. Toute personne qui avait une maison était heureuse. Maintenant, quand on s’enrichit un peu plus, on construit un immeuble. Donc, c’est sur un terrain qu’on a reçu légalement avec un titre foncier donné par l’Etat. Et puis on vous donne une autorisation de construire légalement. Quiconque touche votre construction commet un délit au sens du Code pénal sénégalais».
«Ils sont jeunes, il faut les aider»
«Le rôle de la gendarmerie, c’est de contribuer à assurer l’ordre public. Lorsque la police ou la gendarmerie voit une infraction, si c’est en flagrant délit d’infraction grave, elle peut vous arrêter, vous amener chez le procureur de la République, qui vous fait juger. Mais, il a été créé au Sénégal, une direction spéciale rattachée au ministère des Forces armées qu’on appelle Dscos (Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol). Mais on lui demande de recevoir les plaintes et dénonciations et de faire des enquêtes, conformément aux lois et règlements en vigueur et on lui dit que la direction peut être mise en mouvement sur ordre de Monsieur Le Président de la République, du ministre des Forces armées ou sur demande des autres ministères et administrations. En termes clairs, elle n’a pas le droit d’arrêter une construction de qui que ce soit. Je l’affirme, c’est ma thèse. L’arrêt des travaux est une atteinte à la propriété. Si tout est régulier dans les papiers, vous avez porté atteinte à la propriété de quelqu’un, vous avez porté atteinte à la Constitution du Sénégal. On continue de considérer nos présidents comme des propriétaires du pays. Récemment, j’ai vu ceux qui avaient participé aux Assises nationales réclamer l’application des conclusions. Il faut reconsidérer, remodeler les pouvoirs du président de la République. Le président est mon président, nous avons voté pour lui. Ils sont jeunes, nous devons les aider. Mais, aider son président, ce n’est pas faire comme ça. Tout le monde l’a fait avec Macky Sall jusqu’à ce qu’il saute. Je ne suis pas ce genre d’homme. Si je veux aider quelqu’un, je lui montre la voie. Notre rôle, c’est de montrer actuellement la voie au président de la République.
AVEC LES COOPÉRATIVES, IL N’Y AURA PLUS D’INTERMÉDIAIRES ENTRE L’ETAT ET LES PRODUCTEURS
Le directeur de l’Union régionale des coopératives agricoles de Diourbel, Ibrahima Dème, Inspecteur de la coopération à la retraite, trouve que cette idée de Coopératives agricoles communales lancée par le nouveau régime est «une bonne chose».
Sonko et Diomaye sont des diaïstes et tentent de réussir là où le Président du Conseil a échoué. Parce que beaucoup sont convaincus que cet échec est aujourd’hui la cause de la situation du secteur.
Le directeur de l’Union régionale des coopératives agricoles de Diourbel trouve que cette idée de Coopératives agricoles communales lancée par le nouveau régime est «une bonne chose».
Ibrahima Dème argumente : «C’est très faisable parce qu’une chose pareille a été faite mais, il n’y avait pas la volonté politique de poursuivre cette trouvaille du président Mamadou Dia. Auparavant, c’étaient des coopératives rurales mais avec la communalisation universelle, ce sont des coopératives communales. Cela fait partie de l’intégration coopérative qui part de la base jusqu’au niveau national».
L’Inspecteur de la coopération à la retraite d’ajouter : «L’organisation coopérative doit se faire au niveau des communes avec des unions locales, ensuite créer des unions départementales, et après les unions régionales et enfin nationales. Il y avait des commissions ad hoc dans chaque village avec des activités diversifiées.
Avec la mise en place de ces coopératives, il ne sera plus question d’intermédiaires entre l’Etat et les producteurs. Les coopératives vont permettre de dégager les intermédiaires qui ne font que s’enrichir au détriment des producteurs et de l’Etat. Ce serait une bonne chose mais pourvu qu’on fasse revenir la direction de l’Action coopérative avec des services déconcentrés».
LA GAUCHE AU POUVOIR
Cette politique des coopératives communales est bien de la gauche
Cette politique des coopératives communales est bien de la Gauche. Madièye Mbodj l’avait dit dans un entretien avec Le Quotidien, en 2021 : «Sonko incarne la Gauche nouvelle contemporaine».
Puis Alla Kane, mi-avril dernier, dans un entretien avec Bés Bi relevait : «Les précurseurs de ce combat n’ont pas démérité. Et c’est l’occasion de leur rendre hommage dans cette consécration politique du 24 mars 2024. Parce que c’est également le fruit de l’engagement des figures emblématiques de la Gauche. Ils se sont donnés pour élever la conscience du peuple. On peut citer le Pra-Sénégal avec Amadou Makhtar Mbow et Abdoulaye Ly, la Ld/Mpt de Abdoulaye Bathily, le Rta-S de Momar Samb, le Pai de Majhemout Diop, Aj/Pads de Landing Savané et autres. C’est important d’engranger cette victoire dans leur action». Du Mamadou Dia aussi, une des références de Sonko et de son Pastef dont le siège porte le nom d’ailleurs «Kër Maodo».
Par Abdoulaye Sakou Faye
LE PASTEF À L’ÉPREUVE DU POUVOIR
En réalité, une bonne communication n’est pas synonyme forcement de matraquage médiatique à outrance, car d’ailleurs, la plupart du temps, dans ce cas, les effets sont souvent contre productifs
Sud Quotidien |
Abdoulaye Sakou Faye |
Publication 04/05/2024
Dans une précédente chronique, l’occasion nous a été donnée, d’aborder l’avenir de l’audiovisuel public sénégalais au lendemain de l’alternance du 24 Mars 2024. Cet exercice ancré sur les fondements qui sous-tendent les principes de notre profession et dont la Radiodiffusion Télévision Nationale a servi de laboratoire, plus que les autres médias d’État (APS, le Soleil), a suscité sur certaines plateformes digitales, des débats constructifs qui renseignent à suffisance sur l’acuité et l’actualité du sujet.
Aussi notre conviction de l’opportunité de ce débat a été confortée, lorsqu’ au détour d’une rencontre fortuite avec un confrère le jour même de la parution de nos écrits, nous avons eu connaissance de la publication d’un autre article de haute facture de deux brillants universitaires sénégalais. En effet dans un article intitulé : "Médias publics : ce qu’il ne faudrait plus jamais refaire", Ibrahima Sarr et Ndiaga Loum ont, de leur posture de chercheurs en sciences sociales, renseigné à suffisance, "par la connaissance scientifique à la fois empirique et théorique des médias », ce que par l’observation, notre modeste plume de journaliste a transcrit.
Par la suite, les échanges sur les plateaux de Télévisions ainsi que sur la blogosphère, qui ont suivi la nomination du nouveau Directeur Général de la RTS, ont été les preuves s’il en était encore besoin, que les citoyens et les professionnels des médias n’étaient pas insensibles au sujet.
Ainsi, le changement politique intervenu le 24 Mars 2024, terreau fertile d’une révolution médiatique dans les services publics de l’information, qui couperaient ainsi d’avec "ces pratiques de soumission et d’inféodation des journalistes des médias d’État", nous donne l’occasion dans cette nouvelle réflexion, de prolonger le débat sur la nature de la nouvelle communication gouvernementale, à l’aune du changement de posture des actuels tenants du régime. Notre vœu en s’attardant sur ces sujets, ne vise rien d’autre, qu’à terme le fruit de la réflexion issu de ce champ que nous investissons, à la faveur de nombreuses contributions qui nous l’espérons viendront l’enrichir, serve de référence à la recherche dans le vaste terrain de la communication. Nous sommes convaincus que l’alternance du 24 Mars 2024 au Sénégal, si elle est bien conduite, cette fois ci, après deux ratés de suite, sera le point de départ de nombreuses transformations, qu’il serait intéressant d’observer, d’analyser et pourquoi pas d’étudier, pas seulement dans le champ de la communication, mais dans tous les segments de la vie sociale et de l’activité économique du pays.
Le Président de la République, au cours du premier conseil des ministres de l’ère Faye Sonko, a ordonné "… le développement d’une Stratégie de communication gouvernementale innovante, basée sur l’anticipation, la précision des messages, mais surtout sur l’appropriation des politiques publiques par les populations…". Ainsi rapportées dans le communiqué issu de cette réunion du 09 avril 2024, ces directives présidentielles seront donc selon toute vraisemblance le bréviaire de la politique des nouvelles autorités en la matière.
Évoquons déjà le communiqué du conseil des ministres, rendu public après chaque réunion, lu à la Télévision Nationale et désormais largement partagé sur les réseaux sociaux. C’est le premier canal officiel écrit par lequel les autorités parlent aux populations en rendant compte chaque semaine de leurs activités et des grandes décisions prises par le Président de la République. Ces dernières années, nombreux sont ceux qui n’y prêtaient plus grande attention sinon qu’à y scruter les nominations dans les postes de direction de l’administration publique, tellement son contenu était devenu creux, sans parler des nombreuses coquilles intolérables à ce niveau.
Par contre le constat a été fait, le 09 Avril dernier, jamais un communiqué du conseil des ministres n’a été autant attendu et nous pensons ne pas être les seuls à y avoir prêté un tant soit peu d’intérêt. Simple effet de nouveauté ou pas, le document dont la lecture in extenso à la télévision nationale nous faisait changer automatiquement de chaine, a pris soudainement de l’importance à nos yeux. Pour le premier ainsi que pour ceux qui l’ont suivi d’ailleurs, nous n’avons pas été déçus. Les nombreuses annonces qui y ont été faites en primeur l’ont valorisé à nos yeux, reste à voir comment il sera désormais exploité par les médias publics, sachant que sa lecture in extenso à la Télévision Nationale n’est pas la meilleure façon de le rendre digeste pour le grand public. Dans d’autres pays, le document est commenté par le ministre porte-parole du Gouvernement devant les journalistes au cours d’un point de presse peu de temps après sa publication, mais nous laisserons le soin aux nouvelles autorités médiatiques et étatiques d’en décider étant entendu qu’une innovation dans ce sens serait déjà un signal fort d’une volonté de rupture d’avec les vieilles méthodes.
Par le passé, la communication a eu, assez souvent bon dos, pour justifier l’échec des politiques publiques des gouvernants. Combien de fois n’a ton pas entendu de la bouche d’une autorité, la phrase suivante : << on a bien travaillé mais on ne communique bien et assez ». La plupart du temps, ce manque et cette mauvaise communication dont se plaignent souvent les tenants du pouvoir pour justifier leur carence et se donner bonne conscience, s’assimilent plus à une communication verticale plutôt synonyme de propagande que leurs services n’auraient pas assez et bien fait, qu’à une vraie démarche en l’occurrence, qui viserait non pas à imposer une vision à la population, mais à lui laisser l’opportunité de juger par les faits de la pertinence, de la réussite ou de l’opportunité des décisions prises ou des réalisations faites. Autrement dit, les décisions prises, les actes posés ou les réalisations faites, portent en elles-mêmes, les germes de leur acception et de leur compréhension par les citoyens.
En réalité une bonne communication n’est pas synonyme forcement de matraquage médiatique à outrance, car d’ailleurs, la plupart du temps, dans ce cas, les effets sont souvent contre productifs. Ne dit-on pas, que trop de communication tue la communication. Dans un passé récent, Pastef dans l’opposition, par une presque parfaite "maitrise des contenus et du processus de diffusion des médias sociaux" a réussi sa communication. Aujourd hui au pouvoir, d’autres canaux de communication, APS, Soleil, RTS dont il peut user et abuser sont à sa disposition. Comment ces organes d’État vont-ils vivre la transition ? Comment l’État va t il s’y prendre pour faire jouer à ces instruments du service public leur rôle, sans saper leur crédibilité et subir en même temps les contrecoups d’une communication impertinente ? Comment la communication digitale de Pastef qui a fait mouche pendant qu’elle était dans l’opposition va-t-elle dorénavant être déclinée ? Tant qu’il s’agissait de convaincre les sénégalais d’adhérer à leur PROJET, la tâche était des plus facile et il pouvait compter sur les nombreux manquements des autorités sortantes, sans compter un ras le bol généralisé des populations, terreau à succès d’une communication pour ne pas dire d’une propagande sans limites. Aujourd’hui de leur station de dirigeants, la mission est autrement plus complexe. Il s’agit désormais de convaincre et de rassurer sans céder à la "tyrannie du temps", plus par les actes que par la parole ou l’image. Les actes de gouvernance qui seront posés, porteront en eux-mêmes les germes d’une communication réussie ; une communication donc par l’action, les supports médiatiques n’étant que les véhicules par lequel les populations sont mises au courant. Évoquons des cas pratiques : la semaine dernière, une occasion que les autorités n’ont pas saisie : les collecteurs mobiles de sang du Centre Nationale de Transfusion Sanguine sont allés en grève pour réclamer 4 mois d’arriérés de salaires. Le montant des arriérés étant évalué à 5 millions de francs CFA. Une gestion en mode fast tract de cette situation aurait été un signal fort en termes d’efficacité et de célérité dans le traitement des questions sensibles. 5000 frs CFA par jour de travail, c’est ce que réclamaient ces braves travailleurs, pour un cumul de 5 millions de frs CFA. Ce n’est pas la mer à boire. Qui plus est, une réponse positive dans l’immédiat à ce sujet, aurait écarté en plus le risque de mettre en danger la vie de personnes ayant besoin d’être transfusées faute de poche de sang suffisants. Certes toutes les revendications ne pourront pas être satisfaites à chaque fois ipso facto, mais en l’occurrence, un traitement diligent des autorités aurait valu mille discours compte tenu de la sensibilité de la question. Heureusement d’ailleurs que l’accident tragique qui couté la vie à une quinzaine de personnes la semaine dernière, ait eu lieu loin de Dakar.
Mais comme pour se racheter de cette occasion manquée, deux actes du Chef de l’exécutif ont pour ainsi dire corrigé ce ‘’manquement’’. D’abord le déplacement inopiné du Président Faye à Mbour 4 faisant suite aux mesures conservatoires prises sur le foncier, ensuite sa décision de se passer de la présence des autorités à la coupée de l’avion à son retour des déplacements officiels. Pas besoin de gâcher une demi-journée de travail de ces autorités civiles et militaires juste pour lui rendre les honneurs. Cela ne sera fait désormais qu’à son départ de Dakar, a tranché le Président Faye.
Deux actions unanimement saluées qui valent leur pesant sur l’image que les nouvelles autorités souhaitent renvoyer aux citoyens et qui sont autrement plus efficaces que tout autre discours ou initiatives médiatiques stricto sensu visant le même objectif. Aux autorités de savoir donc que, leur communication est entre leurs mains, rien ne pourra remplacer en l’occurrence les actes qu’ils poseront et surtout pas un usage déraisonné des médias publics. Ce temps est révolu.
Abdoulaye Sakou Faye est journaliste.
AMINATA TOURÉ ÉVALUE LES PREMIÈRES DÉCISIONS DE DIOMAYE FAYE
"Si l'on envisageait de pourvoir tous ces postes par un appel à candidature complet, conformément aux normes, cela prendrait au moins deux ans pour achever le processus de recrutement, sans même tenir compte des postes de direction des ministères"
L’ancienne Première ministre se dit rassurée par les premières décisions en tant que président de la République de Diomaye Faye qu’elle a soutenu dans le cadre de la coalition qui l’a porté au pouvoir le 24 mars dernier. Elles forment, selon elle, «les signes d’une gouvernance différente». «Moins de bling-bling protocolaire, la publication des rapports de contrôle, la ponctualité et l’efficacité exigées aux fonctionnaires, la prise à bras le corps de la question foncière», complète-t-elle. L’ancienne chef du gouvernement s’est confiée sur ce point dans un entretien paru ce vendredi dans L’Observateur et que nous vous proposons ci-dessous en intégralité. Elle y aborde d’autres sujets comme les premières nominations du nouveau chef de l’État, le faible nombre de femmes dans le gouvernement, son absence dans l’attelage dirigé par Ousmane Sonko…
Dans cet entretien réalisé, Aminata Touré, ancienne Première ministre et présidente du Mouvement pour l'intégrité, le mérite et l'indépendance (Mimi 2024), analyse les premiers actes de gestion du nouveau pouvoir. Candidate recalée à la Présidentielle 2024 et alliée du Président Bassirou Diomaye Faye, Mimi Touré invite les Sénégalais à être patients.
L’Observateur : Vous avez participé à la victoire de Bassirou Diomaye Faye, comment analysez-vous les actes déjà posés jusque-là ?
Aminata Touré : Il faut d’abord se féliciter du fait que notre démocratie a fini par triompher en dépit de tout se qui s’est passé. Le Sénégal a fait la Une de l’actualité mondiale pendant de longs mois et beaucoup d’amis du Sénégal ont eu peur de nous rejoignions le lot des pays africains instables. Finalement, nous avons tous été fiers que le processus démocratique ait été rétabli et que notre réputation démocratique ait été sauve. Comme un roseau, notre démocratie a plié sous le poids des multiples agressions de Macky Sall mais elle n’a pas rompu. Mais hélas, de jeunes compatriotes ont perdu la vie, une cinquantaine selon des organisations de défense des droits humains. Des centaines de détenus ont injustement souffert des affres de la prison pendant des mois. Et toutes ces personnes méritent justice.
Pour en venir directement à votre question, les actes posés par les nouvelles autorités vont dans le bon sens et nous souhaitons plein succès au Président Bassirou Diomaye Faye et au Premier Ministre Ousmane Sonko. Il faut dire qu’ils ne sont là que depuis exactement un mois et il faut quand même leur donner le temps de s’installer. Mais déjà les signes d’une gouvernance différente se manifestent comme moins de bling-bling protocolaire, la publication des rapports de contrôle, la ponctualité et l’efficacité exigées aux fonctionnaires, la prise à bras le corps de la question foncière. Je les encourage à persévérer dans la voie du changement car c’est le vœu de la grande majorité des sénégalais. A mes compatriotes sénégalais, je dirais aussi, comme pour paraphraser l’autre, nous devons être le changement que nous voulons voir en acceptant de changer de comportements et de mentalités, en respectant davantage les lois et règlements, en privilégiant le travail et en essayant de vivre avec nos moyens car le changement ne se fera pas seulement avec nos dirigeants mais aussi avec tous les secteurs de la Nation afin que le potentiel sénégalais dont on parle tant depuis des décennies se concrétise enfin à travers une productivité accrue, un bien-être partagé dans une société de bienveillance.
• Beaucoup s’attendaient à votre nomination dans le nouveau gouvernement, avez-vous été consultée ? Si oui, que vous a-t-on proposé ? Certains alliés de Pastef ont déjà été récompensés par des postes, pourquoi pas vous ?
Je me suis battue pour notre démocratie et mon combat qui a rejoint celui de très nombreux sénégalais a été récompensé par une belle victoire le 24 mars. C’est la meilleure des récompenses. Je suis une militante depuis l’âge de 14 ans et je ne m’engage pas en pensant au poste à occuper sinon le plus simple était de rester à BBY, accepter un 3ème mandat de Macky Sall et continuer à bénéficier des privilèges du pouvoir, à l’Assemblée nationale ou à un autre poste. Je me suis engagée par conviction dans des moments difficiles et quand les sénégalais nous ont donné raison contre le troisième mandat, contre le report de l’élection à dix heures de l’ouverture de la campagne électorale, la satisfaction a été grande. De plus, je pense qu’il est important d’avoir de nouvelles personnalités dans le nouveau gouvernement qui viendront avec une nouvelle énergie et de nouvelles idées. Nous ne sommes là que depuis quatre semaines et nous avons une grande coalition avec des talents multiples qui, je suis sûre, apporteront leurs contributions à différents niveaux de l’Etat.
• Les premières nominations effectuées ont suscité une certaine polémique, rappelant l’appel à candidatures promis, quel est votre avis ?
Dans un monde idéal, l’appel à candidature serait l’idéal mais laissez-moi vous dire qu’à l’heure où on se parle le portefeuille de l’Etat du Sénégal est ainsi composé : vingt (20) sociétés nationales, vingt(20) sociétés à participation publique majoritaires, vingt quatre (24) sociétés publiques minoritaires, quinze (15) établissements publics à caractère industrie et commercial, trois (3) établissements publics à caractère scientifique et technologique, quinze (15) établissements publics à caractère administratif, un (01) établissement public de formation professionnelle et technique, sept (07) Centre des Œuvres universitaires et sociales, quarante-six (46) agences d’exécutions et de structures administratives similaires ou assimilées, trente-neuf (39) établissements publics de Santé et quatre (4) établissements à caractère spéciale. Soit 188 postes de directions d’agence à pourvoir ! Si on voulait faire passer tous ces postes par appel à candidature dans les règles de l’art dans 2 ans on n’aurait pas fini l’exercice de recrutement, sans compter les directions générales des ministères. Or il y’a urgence à prendre en charge des besoins de sénégalais qui sont fatigués à l’extrême.
• N’est-on pas entrain de faire face à la réalité, loin des promesses électorales ?
Non, s’éloigner des promesses électorales serait de faire du népotisme, nommer des parents, amis ou militants incompétents. Il a fallu faire preuve de pragmatisme pour remettre rapidement le pays au travail. Certains postes pourraient être mis en appel à candidature, mais mettre TOUS les postes de directions d’agence et de ministères, plus de 300 postes à candidature, ce n’est ni réaliste ni réalisable à cette étape de notre pays où il faut urgemment prendre en charge la campagne agricole qui pointe son nez, le spectre des inondations, la jeunesse qui attend impatiemment, etc. Le plus important et je pense que c’est le cas, c’est de nommer des cadres dont la compétence ne souffre d’aucun doute.
• Après les premières nominations, d’aucuns parlent déjà de partage du gâteau, est-ce là le signe de la rupture systémique promise ?
Au USA, on parle de l’Administration Biden, de l’Administration Obama ou de l’Administration Trump, cela veut tout simplement dire que quand un président part, il part avec ses collaborateurs qui mettaient en œuvre sa vision et le nouveau président qui arrive arrive avec ses nouveaux collaborateurs. Les deux présidents désignent chacun une équipe de transition et les deux équipes font la passation des dossiers entre le mois de l’élection, novembre et le mois de janvier, mois de l’investiture du nouveau président. Les USA c’est quand même un pays démocratique. Lorsqu’on gagne, on gouverne avec ses compagnons de combat, chacun à son niveau de compétence et d’expertise car ces compagnons sont les plus aptes à mettre en œuvre votre mission et méritent d’être mis aux commandes pour réaliser le changement pour lequel ils se sont battus. Encore une fois chacun à son niveau de compétence et d’expertise. Ce n’est pas un partage du gâteau mais un partage de responsabilités entre personnes qui partagent une même vision. Vous connaissez un pays où une coalition gagne et ce sont d’autres qui dirigent ? Le plus important c’est de mettre des personnes compétentes et honnêtes.
Il y’a peu de femmes dans le gouvernement et les nominations de directeurs généraux, cela ne vous choque pas ?
Il va falloir effectivement que l’on fasse plus et mieux car il y’a suffisamment de femmes compétentes et engagées dans le pays. J’invite aussi les femmes intellectuelles à s’engager davantage en politique car, comme je l’ai dit plus haut, on gouverne avec ses compagnons de combat. En tout état de cause, je souhaite voir beaucoup plus de femmes dans les prochaines nominations en tant que militante de la parité.
• L’attente de la réduction des prix des denrées et du loyer se fait longue. Pensez-vous que ce soit facile ?
Loin s’en faut ! l’essentiel de notre inflation est importé puisque nous importons presque tout ce que nous consommons donc nous ne contrôlons pas les prix fixés par les pays qui fabriquent les produits que nous choisissons de consommer. Pour baisser les prix dans l’immédiat, il faudrait subventionner les prix ; pour cela, il faudrait trouver des niches d’économies dans le budget. Donc les mesures de réductions du train de vie de l’Etat, telles que amorcées, sont à saluer et encourager. Ce n’est pas un exercice simple face au urgences multiples dans tous les secteurs du pays. Il va falloir que nous soyons résilients et j’appelle nos concitoyens qui ont massivement voté pour le changement à accorder leur patience à la nouvelle équipe qui, comme je l’ai dit, n’est là que depuis 4 semaines.
• Avec la conjoncture économique mondiale et la tension financière au Sénégal, est-ce qu’il sera possible d’agir sur les prix des denrées ?
Je pense que le Président et le Premier ministre ont fait de la question de la réduction du coût des denrées une super-priorité et ils y travaillent. Il ne s’agit pas de faire des annonces politiciennes et de ne pas pouvoir tenir après deux ou trois mois ; c’est pour cela qu’il faut leur laisser le temps de trouver des solutions pérennes. Heureusement que nous ne sommes pas loin de nos premières productions de pétrole et de gaz et qu’avec une bonne gouvernance de nos ressources les sénégalais, les jeunes en particuliers, verront les retombées bientôt.
• La publication des rapports 2023 de la Cour des comptes et de l’Ofnac a révélé beaucoup de cafards de l’ancien régime, pensez-vous qu’une suite sera réservée à ces rapports ?
Ma réponse sur cette question est invariable : l’impunité en matière de mauvaise gouvernance doit définitivement prendre fin. Je pense qu’en toute sérénité, les lois et règlements en la matière doivent suivre leur cours normal. Que ceux qui ont pris l’argent public rendent compte comme c’est le cas dans tous les pays qui fonctionnent normalement. Je suis pour un audit annuel de tous les organes qui utilisent l’agent public. Ces audits accompagneraient la loi de règlement soumise chaque année par le ministère des Finances à l’Assemblée nationale, loi qui présente la manière dont les budgets votés l’année précédente ont été exécutés.
• L’avocat Me Ciré Clédor Ly a évoqué la possibilité d’accuser le président Macky Sall de haute trahison, qu’en pensez-vous, sachant que vous avez travaillé avec lui durant près de 10 ans ?
Je dois dire que j’ai été choquée par les tous derniers actes du Président Macky Sall qui dans les tous derniers jours de son mandat a tenu à engager financièrement notre pays à hauteur de centaines de milliards et en signant des décrets tout azimut. On ne fait pas cela à un pays qui vous a tout donné !
• Le problème de la cohabitation à l’Assemblée nationale est également agité, Pastef n’ayant pas la majorité, à votre avis comment le pouvoir devrait agir ?
Le pouvoir va présenter des projets utiles aux sénégalais et les députés qui ne sont pas des députés de Macky Sall mais des députés du Peuple sénégalais devraient voter les lois qui vont impacter favorablement nos compatriotes. En tout cas, c’est ce que je leur recommande de faire. Macky Sall est parti s’installer au Maroc, nous vivons ensemble au Sénégal et nous nous préoccupons tous ensemble du sort de nos compatriotes d’ici et de la diaspora quelque soient nos obédiences politiques respectives.
• Quelle relation entretenez-vous avec le Président et le Premier ministre ? Est-ce qu’ils vous consultent sur certains sujets ?
Nous entretenons de très bonnes relations ; nous nous sommes battus ensembles, nous avons gagné ensemble et nous souhaitons un succès jamais égalé à notre régime afin que toute l’espérance populaire se réalise au niveau de tous les segments de la Nation, tout particulièrement au niveau des jeunes, des femmes et des couches les plus vulnérables de notre pays.
• Comment voyez-vous votre avenir politique ? Allez-vous rester aux côtés de Pastef ou faire cavalier seul ?
Nous sommes dans notre grande coalition et nous souhaitons que la dynamique unitaire qui nous a porté au pouvoir se renforce et même s’élargisse afin que nous travaillons ensemble à réaliser nos promesses faites aux sénégalais.
LA CPI DÉNONCE DES MENACES CONTRE SON ENQUÊTE ISRAÉLO-PALESTINIENNE
Dans un communiqué alarmant publié vendredi, la Cour pénale internationale (CPI) a dénoncé les "tentatives d'entraver, d'intimider ou d'influencer indûment ses responsables" et appelé à une "fin immédiate" de ces agissements
(SenePlus) - Dans un communiqué alarmant publié vendredi, la Cour pénale internationale (CPI) a dénoncé les "tentatives d'entraver, d'intimider ou d'influencer indûment ses responsables" et appelé à une "fin immédiate" de ces agissements, selon les dépêches de l'AFP. Sans désigner nommément les auteurs de ces menaces, la mise en garde vise manifestement Israël, dans un contexte de vives tensions autour de l'enquête ouverte par la Cour sur d'éventuels crimes de guerre commis dans les territoires palestiniens.
"Cette indépendance et cette impartialité sont toutefois mises à mal lorsque des individus menacent de prendre des mesures de représailles contre la Cour ou contre le personnel de la Cour" en lien avec des "décisions" relevant de son mandat, a ainsi déploré le bureau du procureur en chef Karim Khan, cité par l'AFP.
Les services de M. Khan ont refusé de préciser qui était visé, mais tout porte à croire qu'il s'agit bien d'Israël. Comme l'a rapporté Le Monde, "des responsables israéliens ont déclaré au New York Times s'attendre à ce que la CPI délivre des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza".
Le président israélien Isaac Herzog a d'ores et déjà dénoncé "un danger pour les démocraties" si des dirigeants israéliens étaient inculpés par la Cour. Une étape que le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a jugé viser à "menacer les dirigeants et soldats d'Israël, essentiellement pour paralyser la capacité d'Israël à se défendre", selon les informations du quotidien français.
Signe des tensions extrêmes, la Maison Blanche elle-même, pourtant très critique de l'enquête de la CPI, a dû condamner "toute menace ou intimidation de responsables publics, dont des fonctionnaires de la CPI". Tout en rappelant que "les Etats-Unis ne soutiennent pas cette enquête" qu'ils jugent hors de leur ressort, comme l'a rapporté l'AFP.
Ce bras de fer inédit entre la Cour pénale internationale et l'Etat hébreu, sur fond d'escalade militaire à Gaza, illustre les défis croissants dans la mise en oeuvre de la justice pénale internationale. La menace de représailles brandie par Israël constitue une attaque sans précédent contre l'indépendance et l'autorité d'une institution certes imparfaite, mais gardienne des principes universels du droit humanitaire.
par Souleymane Gueye
LA DIGITALISATION DES PROCÉDURES ADMINISTRATIVE, UNE OPPORTUNITÉ CRUCIALE POUR SAUVER LA POSTE
Pour assurer son avenir dans un monde numérique, la Poste doit se réinventer en devenant un acteur clé de la modernisation des services publics
Dans un monde où la digitalisation des procédures administratives est en pleine expansion, la Poste au Sénégal se trouve à un moment charnière. Confrontée à des difficultés financières et à la menace de la faillite, elle doit se réinventer pour demeurer pertinente dans un paysage en constante évolution. La déclaration du Président Bassirou Diomaye Faye, le 3 avril 2024, selon laquelle "Nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives", souligne l'importance cruciale de cette transformation pour l'avenir du pays.
Lorsque l'on parle de digitalisation, le concept de "zéro papier" est souvent mis en avant. Toutefois, il est essentiel de comprendre que la digitalisation va bien au-delà de la simple substitution du papier par des données numériques. Elle vise à transformer les processus et les interactions, dans le but ultime de simplifier la vie des citoyens.
Dans ce contexte, la digitalisation des services administratifs peut jouer un rôle déterminant dans la réinvention de la Poste au Sénégal. Au lieu de se focaliser uniquement sur la dématérialisation des documents, il est impératif de prendre en compte l'intégralité du parcours du citoyen. Un aspect souvent négligé de ce parcours est la connexion entre le service demandeur et le citoyen lui-même.
Dans ce nouveau paradigme, le citoyen initie sa demande, qui est ensuite traitée dans un workflow défini. Une fois le document en sortie du workflow, un agent assermenté doit être en mesure de le délivrer au citoyen, garantissant ainsi l'authenticité et la sécurité du document. Cet agent, qui est un fonctionnaire de l'État, pourrait être le postier lui-même, déjà en service.
La Poste doit saisir cette opportunité pour se réinventer et jouer un rôle central dans la distribution des documents administratifs. Si elle peut être à l'avant-garde de cette transformation, c'est la meilleure option. Cependant, même si elle ne peut pas prendre la tête de ce chantier, elle peut au moins servir d'interface pour la distribution des documents, créant ainsi de nouvelles sources de revenus.
De plus, la Poste peut explorer d'autres moyens de financement dans ce nouvel écosystème numérique. Par exemple, elle pourrait envisager de proposer un abonnement à une application de stockage sécurisé des documents administratifs individuels, offrant ainsi aux citoyens un moyen pratique et sécurisé de gérer leurs documents avec un système de livraison à la demande.
En conclusion, la digitalisation du service public offre à la Poste au Sénégal une opportunité sans précédent de se réinventer et de prospérer dans un environnement en mutation. En utilisant la digitalisation comme un levier de croissance, la Poste peut jouer un rôle central dans la modernisation de l'administration publique et dans l'amélioration de la vie des citoyens sénégalais.