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21 avril 2025
Politique
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SÉNÉGAL, L’ILLUSION DÉMOCRATIQUE
Un exécutif hypertrophié dont le chef se mêle de tout et ne répond de rien, des députés qui se croient tenus de servir le prince au lieu du peuple, une justice à l'indépendance questionnable. Entretien avec le professeur Abdoulaye Dieye
Quoique l’ordre constitutionnel au Sénégal n’ait jamais été rompu depuis les indépendances en 1960, contrairement à presque tous les autres pays du continent, la démocratie sénégalaise traîne tout de même quelques tares congénitales qui ont pour noms : l’hyper présidentialisme, la difficulté de contrôle de l'action gouvernementale par le Parlement, la quasi-absence de l'empreinte du citoyen dans l'action publique ou encore la persistance de la mauvaise gouvernance, pas souvent sanctionnée et qui rend de facto, inutile le travail des corps de contrôle, faute d’une obligation de reddition des comptes non politisée. De plus en plus d’observateurs exposent ces tares démocratiques. C’est le cas du Pr Abdoulaye Dieye, enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, membre de Sursaut citoyen et expert ayant travaillé sur l’élaboration du Pacte national de bonne gouvernance.
Un exécutif hypertrophié dont le chef se mêle de tout et ne répond de rien, un parlement qui peine à contrôler l'action du gouvernement auquel il se croit obligé d'être soumis, y compris contre les intérêts du peuple et les prescriptions de la loi, une justice à l'indépendance questionnable, le citoyen souverain qui, pour toute réponse à ses revendications, reçoit de généreux coups de cross et de matraque au meilleur des cas, si ce n’est des balles mortelles au pire des cas… Des organes de contrôle qui font un travail sérieux et dont les rapports ne sont pas suivis d’effets quand il est fait état de mauvaise gestion. Ce sont autant de tares de la démocratie sénégalaise et qui mérite cette correction. C’est dans la perspective de cette modernisation de la démocratie que l’idée du Pacte est né. Un outil de bonne gouvernance signé par plus de la moitié des candidats à la dernière présidentielle, dont le président élu.
Seulement, après la signature, la mise en application doit suivre ou tout au moins, le président et/ou ses collaborateurs auraient du prendre langue avec les initiateurs afin d’étudier les modalités de mise en œuvre. Mais curieusement, le président n’a pas l’air de s’en préoccuper. Dans cette entrevue accordée à SenePlus autour du Pacte, le Pr Abdoulaye Dieye regrette le silence anesthésiant du président Diomaye Faye qui n’a pas daigné tout au moins donner une réponse à deux correspondances à lui adressées par la coalition de la société civile qui a élaboré le pacte de bonne gouvernance démocratique. En clair, pour l’universitaire, c’est moins le non-démarrage de la mise en œuvre que la distance que le président semble prendre vis-à-vis de la société civile qui fait ce travail intellectuel pour le pays.
Le Sénégal doit se rendre à l’évidence d’une chose. Avec ses élections régulières et ses alternances entamées depuis 2000, après 40 ans du pouvoir socialiste, ce n’est pas suffisant pour être une grande démocratie, le pays a beau être cité comme modèle de démocratie. Le pays de la teranga peine à passer le cap de cette démocratie formelle, procédurière et électoraliste. Certaines personnalités dont des sachants se montrent plus exigeantes et critiques envers l’expérience démocratique du pays. Pour le Pr Abdoulaye Dieye, d’apparence, le Sénégal donne l’air d’une démocratie majeure. Mais il n'en est rien, car la réalité est bien plus nuancée même si le prof de droit reconnaît que des instruments juridiques et institutionnels sont en place pour que le pays soit une grande démocratie.
La réalité est que, entre le prévu et le vécu, l’écart est loin d’être ténu. Il est au contraire abyssal. C’est fort de ce tableau qu’il y a quelques mois, au cours d’une réunion de Sursaut citoyen, Me Mame Adama Gueye assenait sans ambages que : « Nous n’avons pas de démocratie, nous n’avons pas d’État de droit, nous n’avons pas de justice…». Ce réquisitoire contre l’organisation institutionnelle du Sénégal rejoint peu ou prou la critique du Premier ministre malien Choguel Kokala Maiga qui lors de la visite du PM sénégalais Ousmane Sonko, à Bamako a affirmé que « la démocratie sénégalaise est théorique ». Toutes ces critiques ne sont pas irrecevables.
Cependant, le Sénégal a une opportunité unique de se repositionner pour atteindre l’idéal démocratique. Et la solution est vite trouvée. C’est le pacte national de bonne gouvernance démocratique. Un document synoptique préconisant la refondation des institutions. Le Pacte qui émane des conclusions des Assises nationales de 2009 et du rapport de la commission nationale de réforme des institutions de 2013.
par Madieye Mbodj
LAMINE SENGHOR, INTERNATIONALISTE, ANTICOLONIALISTE ET ANTI-IMPÉRIALISTE INTRÉPIDE
Son parcours, de Joal-Fadiouth aux congrès internationaux, témoigne d'une vision révolutionnaire qui dépasse les clivages. Alors que se profile l'anniversaire de Thiaroye 44, redécouvrir Senghor c'est renouer avec un idéal d'émancipation universelle
15 septembre, jour anniversaire, entre autres, de la naissance de Lamine Ibrahima Arfang Senghor (1889) et de la publication du Manifeste du PAI (1957). Et dans moins de 03 mois, le 1er décembre 2024, la commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs africains de Thiaroye.
C’est un fait, dans les années 20, la IIIème Internationale Communiste (I.C), fondée par le dirigeant révolutionnaire russe Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine, est le seul mouvement politique organisé internationalement qui soutient le mot d’ordre de l’indépendance immédiate de toutes les colonies. Dans ce sens, l’I.C est allée jusqu’à stipuler clairement à l’article 8 des 21 conditions d’adhésion définies par le 2ème congrès de juillet 1920 que, « dans la question des colonies et des nationalités opprimées, les Partis des pays dont la bourgeoisie possède des colonies ou opprime des nations, doivent avoir une ligne de conduite particulièrement claire et nette. Tout Parti appartenant à la IIIe Internationale a pour devoir de dévoiler impitoyablement les prouesses de ’’ ses ‘’ impérialistes aux colonies, de soutenir, non en paroles mais dans les faits, tout mouvement d'émancipation dans les colonies, d'exiger l'expulsion des colonies des impérialistes de la métropole, de nourrir au cœur des travailleurs du pays des sentiments véritablement fraternels vis-à-vis de la population laborieuse des colonies et des nationalités opprimés et d'entretenir parmi les troupes de la métropole une agitation continue contre toute oppression des peuples coloniaux. » Position réaffirmée et précisée lors du 5ème congrès tenu en 1924.
C’est dans cette période qu’est créée par le Parti Communiste Français (PCF), en 1921, l’Union Inter Coloniale, en application des directives du 2ème Congrès. C’est dans ce contexte que Lamine Senghor, tirailleur sénégalais, grand blessé, démobilisé au lendemain de la guerre 14-18, recruté comme facteur des PTT à Paris, s’engage avec abnégation dans la vie militante et adhère au PCF au milieu de ces années 20. Il faut d’ailleurs signaler que le congrès anti-impérialiste de Bruxelles de février 1927 durant lequel la participation de Lamine Senghor fut particulièrement remarquable et remarquée aux côtés de Mme Sun Yat sen, Nehru, J.T. Gumede, Hafiz Ramadan Bey, Henri Barbusse, Albert Einstein, entre autres, a été organisé par le communiste allemand Willi Münzenberg, ami personnel de Lénine. Militant communiste soucieux de son indépendance, de son autonomie de pensée et d’action, Lamine Senghor déclarait le Dimanche 13 avril 1926, en réponse à une question du camarade Camille Bloncourt : « Je ne renie pas mon passé et me flatte d'avoir été un propagandiste dévoué au communisme et de n'avoir jamais marchandé ma peine, ni mon temps, ni mon argent. Je reste membre de l'Union Inter-Coloniale mais le CDRN [Comité de Défense de la Race Nègre] doit rester indépendant. » A travers ces propos, il mettait clairement en garde contre les tendances au chauvinisme et au paternalisme largement présentes au sein du PCF et défendait fermement la position d’autonomisation des mouvements anticolonialistes, noirs en particulier, par rapport au PCF.
Il partageait ces positions avec Thiémoko Garang Kouyaté, proche compagnon communiste de premier plan avec lequel il a fondé le CDRN puis la Ligue de Défense de la Race Nègre (LDRN), et qui a partagé son combat jusqu’à sa mort. Continuateur de Lamine Senghor, Thiémoko Garang Kouyaté a créé en 1933 la Ligue de lutte pour la Liberté des Peuples du Sénégal et du Soudan en tant que, dit son Manifeste, « organisation des peuples, des ouvriers et des paysans révolutionnaires du Sénégal et du Soudan », avec pour but « de diriger l’action commune contre la domination sanglante des autorités françaises et des capitalistes français. Elle organise et dirige les ouvriers et les paysans dans la lutte contre la faim, les salaires de misère, le travail forcé, les impôts, contre l’obligation de fournir une quantité déterminée de denrées, elle lutte pour la liberté nationale complète et l’indépendance du Sénégal et du Soudan ». Tout comme Lamine Senghor, Garang Kouyaté a dû lui aussi faire face à des difficultés et divergences avec les communistes au sein du PCF et du Komintern. En 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut arrêté par les nazis et déporté au camp de Mauthausen en Autriche où il mourut le 4 juillet 1944.
Revenons au récit de La Violation d’un pays : « "La Reine République" gouvernait ses concitoyens, tandis que le "Roi Colonialisme" administrait les sujets de ses domaines à l'étranger. Un beau jour, une jalousie se réveille dans l'esprit d'un de ses frères nommé "Germain Bourgeois" qui réclame à la reine une partie de ses domaines étrangers voisins des siens. » Tels sont les germes de la 1ère Guerre mondiale relatés dans La Violation d’un pays. Mais Lamine Senghor a bien intériorisé l’enseignement marxiste, selon lequel la guerre engendre la révolution : « Tout le monde était mécontent. La colère monta ... monta ... et monta telle qu'un jour, les citoyens pâles voulant se révolter contre leur reine, pensèrent que s'ils n'entraînaient pas les autres esclaves, les défenseurs de la “couronne” les embrigaderaient pour en faire des contre-révolutionnaires. Ils envoyèrent des émissaires qualifiés dans tous les pays d'esclavage, pour organiser leur révolte, en leur faisant comprendre combien ils ont été trompés et spoliés. Vous voyez ! disaient-ils, vos mutilés de la guerre pour la Reine sont payés un sixième de ce qu'est payé un mutilé de chez nous, de même mutilation, même blessure ou même maladie ; les veuves de nos camarades tués sur le champ de bataille sont payées ainsi que nos orphelins, tandis que ceux de vos camarades passent derrière la caisse ! .. »
Cet appel de Lamine Senghor à la prise de conscience de ses frères de race se trouve déjà dans son discours de Bruxelles, dans lequel il met en garde les supplétifs de l'ordre colonial qui s'en vont combattre des peuples pareillement colonisés, et dans lequel il souligne en même temps la nécessité de l'unité internationaliste des ‘’damnés de la terre’’ : « … On envoie des nègres à Madagascar; on envoie des nègres en Indochine parce que c'est très près de la Chine qui lui donne un excellent exemple révolutionnaire. (S'adressant aux Chinois, Senghor leur dit : J'aurais voulu vous embrasser, camarades, car vous donnez un, bon exemple révolutionnaire à tous les peuples soumis au joug des colonisateurs ; je voudrais qu'ils s'inspirent tous de votre esprit révolutionnaire.) Camarades, les nègres se sont trop longtemps endormis mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s'est réveillé ne se rendormira plus. » D’autant plus vrai que s’exprime la solidarité internationaliste de combat entre les peuples opprimés et exploités : « L’oppression impérialiste que nous appelons colonisation chez nous et que vous appelez impérialisme ici, c’est la même chose camarades ; tout cela n’est que du capitalisme, c’est lui qui enfante l’impérialisme chez les peuples métropolitains. Par conséquent, ceux qui souffrent de l’oppression coloniale là-bas doivent se donner la main, se serrer les coudes avec ceux souffrant des méfaits de l’impérialisme métropolitain, porter les armes et détruire le mal universel qui n’est autre que l’impérialisme mondial.
Camarades, il faut le détruire et le remplacer par l’Union des peuples libres. Plus d’esclaves ! » Plus aucun doute, la guerre engendre la révolution, l’avenir est radieux, le conte de Lamine Senghor le relate si bien : « La colère gronda et re-gronda dans les cœurs, monta et remonta !!! Elle remonta tellement qu'elle finit par éclater un beau matin (un vendredi 13) le même Jour, à la même heure, chez les bronzés, chez les jaunes et chez les “moins pâles”, la révolution éclata de concert avec les citoyens pâles, les vrais nationaux de la Reine. Les royaumes renversés, la reine fut envoyée pécher des huîtres dans la mer du néant et le roi Colonialisme fut livré à l'ange de la mort. Le soleil venait de se lever et c'était le jour de la libération. Les esclaves devinrent libres ! Les citoyens de chaque pays dirigèrent le Gouvernement de leur état. Ils formèrent l'alliance fraternelle des pays libres. Vive la révolution !!!! »
La Violation d’un pays de Lamine Senghor fonctionne comme un récit qui trace et retrace d’une façon simple, vivante et pédagogique teintée d’optimisme révolutionnaire, à la fois l’histoire de la colonisation et le processus des résistances a la domination, à l’oppression et à l’injustice, jusqu’à la prise de conscience de la nécessité de la révolution mondiale pour l’avènement d’une véritable civilisation de liberté, d’égalité et de fraternité humaine.
Lamine, Senghor, on le voit clairement, est un tout militant, à la fois défenseur de la cause des tirailleurs et plus généralement des Noirs, combattant anticolonialiste, anti-impérialiste, internationaliste et communiste, aucune de ces dimensions n’étant isolée des autres. Comme il le souligne lui-même, « les nègres se sont trop longtemps endormis mais méfiez-vous ! Celui qui a trop bien dormi et qui s'est réveillé ne se rendormira plus. » Une telle prise de conscience a besoin de l’arme de la connaissance, laquelle passe commandes ou s’approvisionne auprès du pharmacien, du libraire et de l'humanité, pour paraphraser Lamine Senghor.
Et Cheikh Anta Diop de renchérir à travers cette injonction à l’endroit de la jeunesse africaine : « Formez- vous et armez- vous de science jusqu’aux dents ». Nelson Mandela n’enseigne pas autre chose : « L’éducation est l’arme la plus puissante dont nous puissions disposer pour changer le monde ». Il s’agit de changer un monde charriant fait le mercantilisme néolibéral à tout-va, un monde où tout se vend et où tout s’achète, comme aime à le dire notre l’inusable camarade et doyen Jo Diop, un monde en porte à faux avec les valeurs incarnées, naïvement peut-être, par les habitants de Mbin Jam décrits dans La violation d’un pays, « dans ce pays-là où l’on ignorait ce que c'était que de vendre et d'acheter …» Défense intransigeante des Noirs dans l’égalité avec toutes les races, respect absolu des peuples et des nations ainsi que de leur droit inaliénable à l’autodétermination, à la souveraineté, à la liberté et à la justice, refus de la domination et de l’exploitation, promotion du progrès, de la paix universelle et de l’épanouissement dans la dignité, en un mot l’humanitude sociale érigée en vertu, telle est la voie de l’émancipation humaine, tel est le message sans âge de Lamine Ibrahima Arfan Senghor. Malgré des tentatives de dénigrement de la part de certains agents de renseignements de la police coloniale chargés de le surveiller, nul patriote africain ne mériterait plus que lui, à notre avis, de voir le Musée des Civilisations Noires de Dakar porter son nom.
Né le 15 septembre 1889, il a quitté très tôt Joal- Fadiouth, son royaume d’enfance. Au terme d’une vie trop brève, faite de sacrifices, d’abnégation et d’engagement militants, Lamine Senghor est décédé le 25 novembre 1927 à Fréjus, dans Le Var (France), laissant orphelines sa femme Eugénie Marthe Comont et sa fille Marianne. En mai 1928, dans un hommage posthume publié dans la revue « La race nègre », ses camarades de combat rappelleront que Lamine Senghor avait été un « sincère africain » et qu’il était mort en « soldat de sa race ». Et feu notre camarade poète Jiléen de proclamer : « Quand retentirent les coups de pilon annonciateurs de l’aube /Il fut des premiers à capter le message /Et à le propager ».
(Extraits de ma Communication : « La violation d’un pays et l’actualité du combat politique et culturel de Lamine Senghor », à l’occasion des panels de commémoration du 90e anniversaire de la disparition de Lamine Senghor - à Dakar le 25 novembre 2017 à l’Espace Harmattan, et à Joal le 16 décembre 2017 au Complexe culturel TannoMaak).
Madieye Mbodj est Professeur de lettres à la retraite, membre fondateur du Front Culturel Sénégalais / Làngug Caada Senegaal.
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LE CODE NOIR SUR GRAND ÉCRAN
"Ni chaînes ni maîtres" propulsent le spectateur au cœur de l'enfer de l'esclavage, sans concession ni artifice. Simon Moutaïrou signe un premier long-métrage ambitieux qui ose affronter les démons du passé colonial français
Le 18 septembre 2024, le cinéma français s'apprête à vivre un moment historique avec la sortie de "Ni chaînes ni maîtres". Premier long-métrage consacré à l'esclavage dans l'Hexagone, ce film audacieux du réalisateur Simon Moutaïrou plonge le spectateur au cœur du XVIIIe siècle sur l'île Maurice.
L'histoire suit un esclave en fuite, incarné par la star sénégalaise Ibrahima Mbaye, dans sa quête désespérée pour retrouver sa fille et mener la résistance contre l'oppression coloniale. Face à lui, Camille Cottin campe une chasseuse d'esclaves impitoyable, tandis que Benoît Magimel incarne un propriétaire de plantation conforme à la lettre le tristement célèbre Code noir.
Fruit de deux années de recherches minutieuses, "Ni chaînes ni maîtres" ose montrer sans fard la brutalité de l'esclavage tout en évitant l'écueil du sensationnalisme gratuit. Le film s'inspire notamment des écrits du poète Édouard Glissant pour explorer le concept de "marronnage", cette fuite vers la liberté qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
Avec ce projet ambitieux, le cinéma français rattrape enfin son retard sur ses homologues américains dans le traitement de cette période sombre de l'Histoire. "Ni chaînes ni maîtres" s'annonce comme une œuvre percutante, destinée à marquer les esprits et à éduquer les nouvelles générations sur un chapitre longtemps occulté du passé colonial français.
LE BLD-TAKKU ACCUSE
La coalition fustige l'inaction gouvernementale face aux drames récurrents qui frappent le pays. Elle dénonce également le « populisme » du nouveau pouvoir et ses méthodes jugées arbitraires
Le Bloc des Libéraux et Démocrates - Takku dresse un tableau sombre de la situation nationale, pointant du doigt les failles du nouveau gouvernement. De l'émigration clandestine à la dissolution de l'Assemblée Nationale, le bloc n'épargne aucun sujet brûlant à travers le communiqué ci-après :
"La Conférence des Leaders du Bloc des Libéraux et Démocrates - Takku s'est réunie à la Permanence du Parti LDR-YEESAL et par la suite en ligne. Après avoir examiné les différents points de l’ordre du jour, consacrés à son organisation et aux perspectives politiques, le BLD - TAKKU s'est penché sur la situation nationale marquée par la résurgence des inondations, la recrudescence des accidents sur nos routes et le fléau récurrent des naufrages en mer des jeunes candidats à l’émigration irrégulière.
Le BLD - TAKKU présente ses condoléances attristées aux familles des victimes, souhaite un prompt rétablissement aux innombrables blessés. Le BLD - TAKKU constate qu'en dépit des prises de position et déclarations fantaisistes attaquant les familles religieuses, critiquant l'ancien gouvernement, les autorités actuelles se rendent à l'évidence de la complexité d'un fléau à l'échelle mondiale causé principalement par le déséquilibre des rapports économiques mondiaux.
Le BLD-TAKKU exige du gouvernement qu’il trouve urgemment des solutions à la problématique de l’emploi des jeunes et de la sécurité routière comme promis lors de la campagne électorale, dans le fumeux Projet qui est devenu une arlésienne.
Le BLD - TAKKU demande aux autorités de situer les responsabilités au niveau de toutes les échelles de gouvernance qu’à celui des acteurs concernés et punir les auteurs et complices de ces agissements occasionnant des drames traumatisant la Nation toute entière.
Le BLD - TAKKU considère que le populisme a atteint ses sommets quand le président de la République n'a que la délation à promouvoir comme seul moyen d’endiguer le phénomène de l'émigration irrégulière. Une telle posture sape le socle de notre vivre ensemble et encourage la haine et la justice populaire. L’interdiction de sortie du territoire national faite aux dignitaires du gouvernement sortant sans aucun mandat de la justice en est une illustration. Le BLD se solidarise avec les frères et sœurs victimes de cette mesure arbitraire et brutale.
Abordant les questions liées aux perspectives politiques, le BLD - TAKKU inscrit son action politique dans le sens d’un renforcement de l’opposition et des coalitions politiques en cours de formation pour faire face à la dissolution de l’Assemblée Nationale et envisager les prochaines élections législatives devant aboutir à la 15ème législature. Dans la même veine le BLD -TAKKU condamne l’inélégance et le parjure qui ont caractérisé la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République.
En conséquence, le BLD-TAKKU appelle à la constitution d'un large front pour la transparence des élections et poursuit son projet politique en validant le rassemblement de toutes les forces vives de la Nation y compris la Société civile.
Le BLD - TAKKU a rendu hommage à la Oumah islamique, condamné fermement les attaques contre nos confréries, présenté ses compliments à tous les foyers religieux engagés dans l'organisation du Maouloud et souhaite aux pèlerins un bon voyage dans la paix et la sécurité."
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L'ARCOP FORGE L'AVENIR ÉTHIQUE DES MARCHÉS PUBLICS
La deuxième promotion d'assistants en passation des marchés publics a reçu ses attestations. Ces 130 nouveaux professionnels rejoignent désormais les rangs des gardiens de la transparence
La magistrate Henriette Diop Tall, Coordonnatrice générale de la cellule d’enquête et d’instruction des recours à l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), a invité des assistants en marchés publics, mardi 10 septembre 2024, à Dakar, à accorder beaucoup d’importance à l’éthique et à l’intégrité professionnelles, dans l’exercice de leurs fonctions.
‘’L’éthique et l’intégrité occupent une place primordiale dans la commande publique’’, a rappelé Mme Tall en parlant de ce sujet aux auditeurs de la deuxième promotion de l’Institut de régulation de la commande publique, le centre de formation de l’ARCOP.
C’était lors d’une cérémonie de remise d’attestations à ces nouveaux professionnels des marchés publics.
La collaboration qu’entretiennent la direction de l’emploi et l’Institut de régulation de la commande publique a permis de former quelque 300 jeunes assistants à la règlementation des marchés publics, dont 130 pour la nouvelle promotion, a-t-on appris lors de la cérémonie.
Ne jamais céder aux ‘’tentatives de corruption’’
Henriette Diop Tall a insisté sur les règles d’éthique, la transparence et la redevabilité, en s’adressant aux récipiendaires.
Elle leur a recommandé de promouvoir l’‘’achat public responsable’’ et d’éviter ‘’la prise illégale d’intérêts’’, durant toute leur vie professionnelle.
Les auditeurs ont été invités aussi à faire preuve d’‘’égalité dans le traitement des candidats en mettant en avant le principe de neutralité’’ et à ne jamais céder aux ‘’tentatives de corruption’’.
Ils sont appelés à exercer leur métier sur la base de ‘’règles d’éthique bien prises en compte par le législateur’’ sénégalais et la réglementation communautaire, celle en vigueur dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine, a rappelé Mme Tall.
La formation dispensée à ces professionnels des marchés publics a duré six mois et comprenait 35 modules enseignés en cent trente heures, a dit Lamine Samb, le chef de la division chargée de la formation à l’Institut de régulation de la commande publique.
Cette formation à distance a permis d’initier les auditeurs à la dématérialisation des procédures, aux partenariats public-privé et à l’environnement juridique de la commande publique, a-t-il ajouté en parlant au nom de l’équipe pédagogique.
Une ‘’amélioration constante’’ des ressources humaines
Les auditeurs ont étudié aussi les mécanismes de contractualisation et le règlement des différends. Les formateurs ont attiré leur attention sur les mauvaises pratiques susceptibles d’affecter la commande publique.
La directrice des ressources humaines et de l’administration générale de l’ARCOP, Khadidiatou Dia Ly, a rappelé la mission de ce démembrement de l’organisme public chargé de la commande publique.
Mme Ly assure que cette direction dont elle tient les commandes ne cesse de travailler à une ‘’amélioration constante’’ des ressources humaines chargées des marchés publics sénégalais.
C’est pour y arriver que la direction des ressources humaines et de l’administration générale procède à ‘’l’accréditation de spécialistes de la commande publique’’ et à ‘’la professionnalisation des acteurs’’ de ce secteur et des finances publiques, a-t-elle dit.
C’est à ce titre que des formations diplômantes ont été élaborées par l’ARCOP, avec la collaboration d’établissements d’enseignement supérieur publics, dont les universités Cheikh-Anta-Diop de Dakar, Iba-Der-Thiam de Thiès (ouest) et Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), selon Mme Ly.
Le programme jeune assistant entre dans le cadre des efforts entrepris par l’ARCOP pour la promotion des acteurs de l’économie sociale et solidaire notamment les jeunes et les femmes. Il constitue un puissant un levier pour lutter contre le chômage et renforcer leur employabilité pour une meilleure insertion dans le monde du travail.
Cette formation des assistants en marché public est une application de cette volonté de l’Etat de doter les acheteurs publics de ressources humaines de qualité, pour renforcer la transparence, la célérité et le professionnalisme du système de la commande publique au Sénégal qui est évalué à quelques trois mille (3000) milliards de FCFA.
Le programme participe aussi à la politique de professionnalisation des acteurs de la commande publique menée par l’institution en vue de doter le système de ressources humaines de qualité aptes à dérouler les procédures dans les meilleures conditions de transparence, de célérité et économie du marché.
par Thierno Alassane Sall
PENDANT QU’IL EST ENCORE TEMPS
L'histoire récente du Sénégal ou celle d'autres pays nous apprend pourtant à être très exigeants dans cette quête de Justice, surtout quand l'agenda judiciaire se superpose au calendrier électoral. La force d’un État réside dans son respect du Droit
Cela commence toujours avec les meilleures intentions : au nom de la justice et de l'intérêt général, il est impératif de traquer tous ceux qui ont indûment profité de l’argent public. L'histoire récente du Sénégal ou celle d'autres pays nous apprend pourtant à être très exigeants dans cette quête de Justice, surtout quand l'agenda judiciaire se superpose au calendrier électoral.
Car pour satisfaire la vindicte populaire, on s’autorise souvent à malmener la liberté et à détourner le droit. C’est ainsi qu’au Sénégal, le régime actuel suit les traces du Tunisien Kaïs Saïed, piétinant la démocratie sans sourciller.
Des juges sont punis par des affectations arbitraires aux airs de vengeance ; l’Assemblée nationale est paralysée par la ruse et le mensonge ; une partie significative de la presse est diabolisée et accusée d’être alliée à l’opposition. Dans le même temps, des citoyens sont privés de leur liberté de mouvement, dans l’opacité la plus totale, en violation flagrante des principes fondamentaux du droit.
Pour reprendre les mots de Martin Luther King, ce dont nous nous souviendrons à la fin, ce ne sera pas tant des actes des partisans du nouvel ordre, mais du silence des défenseurs de la liberté. C'est pour cette raison que je ne saurais garder le silence devant le cri du cœur de Manar Sall, que je ne connais pas par ailleurs.
La force d’un État réside dans son respect du Droit, et non dans la soumission de ce dernier à la "sainte" volonté des tenants d’un "Projet" que personne ne peut définir. Notre histoire récente en témoigne.
PAS DE PARRAINAGE POUR LES LÉGISLATIVES ANTICIPÉES
La décision du Conseil constitutionnel, motivée par des contraintes de temps, redéfinit les règles du jeu électoral. Elle pourrait ouvrir la voie à une participation plus large des partis politiques et des candidats indépendants
(SenePlus) - Face à l'interrogatoire du président de la République sur la date légale de dissolution de l'Assemblée nationale, les "sept sages" ont apporté une réponse qui bouleverse le processus habituel.
Le Conseil constitutionnel a notamment statué que « les dispositions relatives au parrainage ne peuvent être appliquées aux élections législatives anticipées ». Cette décision, lourde de conséquences, s'appuie sur une analyse des délais prévus par le Code électoral et la Constitution. « L'articulation de ces délais avec celui prévu cité à l'article 87 de la Constitution ne laisse qu'une marge de temps de 5 à 30 jours, insuffisante pour la collecte et la mise en place du dispositif juridique et technique de vérification des parrainages», explique le Conseil dans sa décision.
Cette conclusion découle d'un examen de l'article L.176 du Code électoral, qui prévoit des délais précis pour la réception des listes de parrainage et l'étude de la recevabilité des dossiers de candidature. Selon cet article, "au plus tard 88 jours avant celui du scrutin, le ministre chargé des élections institut par arrêté une commission de réception", chargé de recevoir les listes de parrainage "85 jours au plus et 60 jours au moins avant celui du scrutin ".
Face à cette incompatibilité temporelle, le Conseil constitutionnel a fait prévaloir le principe de la hiérarchie des normes. "Il y a lieu de dire que les dispositions relatives au parrainage ne peuvent être appliquées aux élections législatives anticipées", affirme-t-il, consacrant ainsi la suprématie des dispositions constitutionnelles sur celles du Code électoral.
Cette décision pourrait avoir des répercussions majeures sur le processus électoral à venir. En effet, l'élimination du parrainage pour ces élections anticipées pourrait ouvrir la voie à une participation plus large des partis politiques et des candidats indépendants.
L'ATEL DÉNONCE LA DÉMARCHE UNILATÉRALE DU GOUVERNEMENT
L'Alliance pour la Transparence des Elections crie à l'absence de concertation dans le cadre des législatives. L’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir, indique ce regroupement de plus de 70 personnalités
L'Alliance pour la Transparence des Elections tire la sonnette d'alarme sur le risque de dérive autoritaire dans l'organisation des prochaines élections législatives. Invoquant la tradition de concertation instaurée depuis 1992, l'alliance exhorte, dans la déclaration ci-après, le président de la République à renouer avec le dialogue.
"Depuis l'instauration du Code électoral Kéba Mbaye en 1992, le Sénégal a acquis une précieuse expérience dans l'organisation d'élections paisibles avec des résultats acceptés par l'ensemble des parties prenantes. Le pilier fondamental de cette expérience réside dans le principe de la concertation, accordant à chaque partie prenante le droit de participer à toutes les phases du processus électoral. À chaque étape, des concertations inclusives sont organisées par les instances compétentes du ministère de l'Intérieur, permettant aux intervenants de forger des consensus sur les questions cruciales, depuis l'évaluation du précédent scrutin jusqu'à la proclamation des résultats du nouveau scrutin. Tel est le fondement de notre tradition électorale, mondialement reconnue comme un modèle à suivre.
Rien ne peut justifier une atteinte à cette longue tradition de concertation et de consensus. Or, nous observons avec un profond regret que depuis l'élection présidentielle, aucune concertation n'a été initiée à ce jour. Il est pourtant impératif et urgent que cela soit fait.
Selon l’article 4 de la Constitution, « les partis politiques et les coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage dans les conditions fixées par la Constitution et la loi ». L’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir. La Constitution exige l’implication de toutes les parties prenantes. Ainsi, les partis politiques et les organisations de la société civile, qui agissent pour la transparence du processus électoral, ne peuvent tolérer que le refus de la concertation ouvre la voie à l'opacité et à la fraude, permettant ainsi de fausser l'expression des citoyens et de confisquer le pouvoir législatif au bénéfice d’intérêts partisans. Laisser libre cours à cette stratégie destructrice sous fond de populisme, c’est tolérer que les acquis démocratiques, obtenus parfois au prix de vies humaines soient remis en cause.
Forts de cette conviction profonde, nous, partis et organisations signataires, décidons de conjuguer nos efforts pour faire face à toute tentative de remise en cause des acquis démocratiques de notre pays.
Nous exhortons le peuple sénégalais à se mobiliser et à se tenir prêt à participer massivement aux actions de lutte qui seront entreprises en cas de nécessité, pour la préservation de ces acquis démocratiques. Ensemble, nous engagerons le combat pour un processus électoral concerté, consensuel et équitable, digne du Sénégal et de son prestige parmi les nations démocratiques.
Nous invitons Monsieur le président de la République à faire convoquer sans délai, en rapport avec la Direction Générale des Élections et toutes les parties prenantes, le processus habituel de discussions afin d'aborder, en particulier, les défis découlant de l'anticipation des élections législatives.
Il convient de noter que toute initiative prise hors de ce cadre constituerait une violation flagrante de l'article 2 du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne gouvernance, qui requiert le consensus d'une large majorité avant toute modification de la législation électorale dans les six mois précédant un scrutin.
Il est impératif d'examiner sans délai, de manière concertée et consensuelle, les nombreux défis, notamment l'impossibilité de bénéficier du délai de 150 jours prévu dans le code électoral pour la collecte et de 85 jours pour le dépôt des parrainages (articles L57, L175 et L176). En plus, depuis le 25 février 2024, plus de quatre cent mille jeunes ont atteint l’âge de la majorité et doivent être inscrits sur les listes électorales. Il en va de même de la répartition des sièges entre les départements dans le scrutin majoritaire selon le critère objectif du nombre d’habitants et le nombre de sièges à pourvoir via le scrutin proportionnel, à l’échelle nationale, au regard du recensement de la population en 2023.
Nous mettons en garde le pouvoir en place contre toute démarche solitaire concernant le cadre électoral, qui risquerait de compromettre sérieusement la stabilité politique de notre pays. Au-delà des élections législatives, d’autres sujets nécessitent tout autant un dialogue entre les forces vives de la Nation. Les réformes institutionnelles ayant fait l’objet de consensus confirmé par le résultat de la dernière élection présidentielle devraient être mises en œuvre, sans tarder.
Nous appelons la communauté internationale, ainsi que les communautés africaines, qui n'ont cessé de magnifier l'exemplarité démocratique du Sénégal, à demeurer vigilantes quant au respect des principes fondamentaux de l'État de droit, qui sont désormais menacés dans ce pays."
Premiers signataires :
Ababacar BA, ADS/PAPA ;
Amadou BA, Nouvelle Responsabilité ;
Mamadou Lamine BA, PLC-DJ ;
Ibrahima BADIANE, UFN ;
Salif BADJI, KISAAL ;
Abdoulaye BALDE, UCS ;
Bamil BALDE, Action patriotique sénégalaise ;
Samba BATHILY, PCDS ;
Thierno BOCOUM, AGIR ;
Alassane CISSÉ, Nouveau Parti ;
Bassirou DIAKHATÉ, ADS ;
Ibrahima H. DEME, ETIC ;
Mamadou DEME, Coalition Moobal Senegal
Modou DIAGNE FADA, LDR/Yessal ;
Mohamed Moustapha DIAGNE, Synergie Républicaine ;
Mariama DIAW, ARD ;
Pape DIOP, BOKK GIS GIS ;
Pape Momar DIOP, AAML ;
Khadim DIOP, Khidma
Seydou DIOUF, Ppc
Victor Sadio DIOUF,MFA ;
Abdoulaye DRAME, And pencoo Rewmi ci deug ;
Abdou FALL, Andu Nawle ;
Babacar GAYE,Manko Mucc ;
Babacar GAYE,MPCL
Bougane GUEYE DANY, Geum Sa Bopp :
Serigne Mody
Tombo GUÈYE,MPACT ;
Aïssata KANE,Mouvement So Cap
Adji Mergane KANOUTE, UDS/A ;
Cheikh Mbacké LO, And-Jëf
Mamadou MASSALY, UNR ;
Abdoul MBAYE, SENEGAL KESSE
Aminata MBENGUE NDIAYE, Parti socialiste
Théodore MONTEIL, Alternative citoyenne/Disso
Moustapha NIASSE, Alliance des Forces de Progrès
Hamady NDAO, Euleuck Sénégal ;
Anta Babacar NGOM, Arc
Aly Ngouille NDIAYE, Coalition AN 2024
El Hadj NDIAYE DIODIO, Taaru Sénégal
Elhadji Omar NDIAYE, Forces des Forces citoyennes pour l’émergence du Sénégal ;
Nicolas NDIAYE, Ligue Démocratique
Pathé NDIAYE, Pdrs
Ameth NDIR, Sénégal mieux et autrement ;
Dior Diongue NDOYE, Pari sur l’avenir ;
Magatte NGOM, NIDA ;
Abdou Aziz PAYE, Prs
Mahmoud SALEH, APR
Thierno Alassane SALL, République des Valeurs/Réewum Ngor ;
Khalifa Ababacar SALL, Taxawu Sénégal :
Moussa SARR, Ndfd
Oumar SARR, Parti des Libéraux et Démocrates/Ánd Suqali ;
Oumar SARR n°2, PAREL ;
Pape SARR, Ld Debout
Samuel SARR, LSS ;
Bathie SECK, Far Yoon Wi ;
Idrissa SECK, REWMI ;
Samba SY, Pit
Aïssata TALL SALL, OSER L’AVENIR ;
Fatou THIAM, Alur
Madina THIAM, Taxawu Fal Khalifa
Omar THIAM, UPAS
Ousseynou THIAM, Pt
Thierno Birahim THIOMBANE, ASD JEF REK ;
Ousmane THIONGANE, DRS Yeug Sénégal ;
Hélène TINE,Mset
Moussa TINE, AD Pencoo
Mbaye TOURE, And Bok Defar
Samba WAGNE, Mpc/Adr
par Abdou Latif Coulibaly
LE PRÉSIDENT ABDIQUE SES RESPONSABILITÉS
Le détournement de procédure utilisé pour perpétrer un coup en dessous de la ceinture des institutions n’honore personne, et fragilise l’Etat. Diomaye a choisi la facilité en enfilant le costume d’un monarque républicain régnant sans gouverner
Le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, abdique ses responsabilités, en décidant volontairement de transférer toutes ses prérogatives à son Premier ministre. Il change la nature de notre armature institutionnelle, en devenant un monarque régnant pour laisser le Premier ministre conduire le destin de cette nation. Cette nouvelle organisation institutionnelle éprouve encore de la pudeur à décliner son nom et son identité. Le président Faye a choisi la facilité en enfilant le costume d’un monarque républicain régnant sans gouverner. Une légitimité populaire ne saurait justifier une telle hérésie politique en l’état actuel de notre démocratie. Elle mérite mieux que ce qui se passe sous le nouveau régime.
On critiquait souvent la mainmise sur tout d’un président omnipotent, on en arrive aujourd’hui, par la volonté d’une seule personne, à l’ère d’un Premier ministre qui, au-delà de son omnipotence, est un omniscient. Une tragédie, j’allais dire. Monsieur le président de la République, avec le respect que nous vous devons, vous me permettrez de relever que vous ne paraissiez pas à l’aise, dans votre vaine tentative de démontrer, qu’en arrivant au pouvoir, le 2 avril dernier, vous avez trouvé un pays en ruine. Le discours stigmatisant sur la gestion financière, les attaques contre la gouvernance sortante et autres arguments n’ont pas pu aider à rendre crédible l’argumentaire. Ce fut laborieux, pour ainsi dire. Croyez-le bien. Vous étiez davantage moins crédible, quand vous avez essayé de justifier, pourquoi vous avez raison de dissoudre l’Assemblée nationale, alors que vous l’aviez, vous-même, convoquée, pour entre autres, recevoir et débattre de la Déclaration de Politique générale de votre Premier ministre, Ousmane Sonko.
Ce dernier s’est obstinément refusé de présenter cette DPG. Par peur de quoi ? Sommes-nous tentés de nous interroger. Nul ne sait vraiment. Nous nous demandons ce qui se passe derrière cette crainte, non explicitement manifestée, de venir confronter les députés. Il nous paraît évident qu’il y a une irrationalité certaine qui taraude l’esprit du Premier ministre au point de l’amener à organiser légalement un non débat, avec la complicité de son patron supposé. Excellence, en écoutant votre adresse à la nation, diffusée sur les antennes des télévisions locales et les médias électroniques, en ce début de soirée du jeudi 12 septembre 2024, nous avons bien compris et saisi clairement la dimension du parjure dont vous vous êtes rendu coupable, en décidant de ne pas « respecter, encore moins de faire respecter la Constitution » du pays. Cette phrase emblématique que nous citons se présente pourtant comme l’un des termes les plus significatifs du texte légal sur lequel s’appuie le serment que prononce tout chef d’État entrant en fonction au Sénégal.
Vous êtes apparu sur les écrans, en laissant constater une colère intérieure, au moment où vous preniez la parole. Nous supposons que vous avez été mis dans cet état, par les parlementaires qui vous auraient manqué de respect. Selon vous, ils vous auraient forcé les textes, en s’arrogeant des pouvoirs qui relèveraient de façon stricte de votre domaine de compétence, tel que défini par des dispositions pertinentes de la Constitution.Nous soulignons que nul ne vous contestera le fait que la Constitution vous réserve le pouvoir exclusif de dissoudre l’Assemblée. Et a fortiori celui de convoquer les députés en session extraordinaire, entre deux sessions ordinaires du parlement. Il vous réserve en même temps une place quasi prépondérante dans la détermination de l’agenda des parlementaires. Il n’empêche, il nous plaît de souligner à votre attention qu’une décision présidentielle est délicate.
Elle est trop importante en ce qu’elle peut s’avérer lourde de conséquences, pour le futur et la stabilité d’un pays. C’est pour cette raison, qu’elle doit se garder de procéder d’une quelconque ruse, encore moins d’une roublardise hasardeuse. Elle doit surtout éviter de se fonder sur une soif inextinguible de vengeance ou sur l’envie d’humilier. Elle ne doit nullement procéder de circonstances pouvant laisser croire aux citoyens concernés, qu’elle est le produit d’une ruse malicieuse qui écrase. Nous disons cela, en pensant aux mots de l’académicien français Jean D’Ormesson, quand le journaliste, romancier et essayiste publie un ouvrage intitulé : Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (2016) . L’auteur écrit : « Confucius le savait déjà à l’époque de Platon et de Sophocle, il faut prendre garde aux mots. Une langue qui faiblit, c’est un pays qui vacille ». Face à votre décision prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale, nous avons envie de dire que, quand c’est la langue d’un chef de l’Etat qui faiblit, elle fait vaciller son pays et le met en danger d’instabilité.
Excellence, la vôtre a dramatiquement faibli, ce jeudi 12 septembre quand vous avez volontairement décidé de défier l’opinion nationale, en reniant votre parole donnée. Vous avez offert à vos partisans une occasion de jubilation. Ils crient victoire, en savourant les délices d’un plat de vengeance glacé. Contre qui, vous et eux avez-vous gagné ? Qu’est-ce que vous avez finalement gagné ? A mon avis, vous n’avez rien gagné qui vaille. En revanche, nous savons ce que vous, Monsieur le président de la République, avez perdu. Ce que vous avez perdu n’est pas estimable, car votre décision a touché à la substance de la qualité d’un bon guide : la crédibilité. Nous doutons que vous ayez triomphé contre vos opposants. Par contre, nous restons persuadés que les coups ont surtout fait mal à nos institutions.
Ce sont justement elles qui se sont senties agressées, malmenées et tournées en bourrique. L’institution présidentielle en a également pris un sacré coup. La parole reniée du chef de l’Etat, dis-je, est une catastrophe. Le président a laissé croire par une malicieuse ruse insensée que la convocation de l’Assemblée nationale en session extraordinaire était nécessaire et sincère, car procédant de bonnes et louables intentions. Oh que non ! Vous avez laissé au peuple, seul dépositaire de la souveraineté nationale – c’est lui qui vous a donné mandat pour défendre ses intérêts, en toute circonstance-, le sentiment que la session extraordinaire convoquée irait à son terme. En épuisant la totalité des points inscrits à son ordre du jour, y compris celui prévoyant un débat sur la DPG. Un ordre du jour librement fixé par le président de la République, lui-même qui a joué avec les nerfs des citoyens avant de les mettre devant le fait accompli.
Le détournement de procédure utilisé pour perpétrer un coup en dessous de la ceinture des Institutions n’honore personne, et fragilise l’Etat. Le débat budgétaire (manqué) méritait une belle vengeance qui passera par un malicieux leurre, même pas subtile, imaginé et exécuté par la plus haute autorité du pays. Vous avez volontairement affaibli votre parole, en décidant de faire plaisir à un camp, le vôtre. Vous avez décidé d’accompagner, à la limite de la déraison votre Premier ministre qui avait envie de prendre une implacable revanche sur les représentants du peuple. Ceux-là qui ont eu l’outrecuidance d’exiger de lui qu’il remplisse son devoir impérieux prescrit par la Constitution : présenter devant eux une DPG, devaient payer. C’est ce que le premier Ousmane Sonko disait autrement, non sans une certaine perfidie, quand il déclarait que « les députés seraient préoccupés par d’autres choses, plutôt que de s’occuper à voter une motion de censure contre lui, le 12 septembre ». Le président se soumettra, sans aucune réserve, à cette envie de vengeance clairement exprimée par son Premier ministre.
Excellence, Monsieur le président de la République, vous avez décidé de sauver la face devant le refus obstiné du Premier ministre de vous obéir. Vous avez préféré perdre la face devant l’opinion nationale, plutôt que de gouverner en exigeant de lui qu’il obéisse à vos instructions, telles que celles-ci sont apparues dans le décret ayant convoqué la session extraordinaire du parlement. Nous conclurons notre propos en citant le philosophe Sénèque, qui en parlant de l’art de gouverner, dit ceci : « La colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise ». C’est dire que la colère fondée sur un désir de vengeance, tentant de briser nos institutions, pourrait, tôt ou tard, produire un effet de boomerang contre tous ceux qui l’ont provoquée, pour devenir ainsi une avalanche dévastatrice qui tue.
par Abdoul Aziz Diop
LE PROJET EST UN ANTI-INSTITUTIONNALISME NON ÉCRIT
EXCLUSIF SENEPLUS - « Le Projet » est en fin de compte un dégagisme brouillon dont l’actuel ministre de la Santé indique le mode opératoire : « Quand je reçois un CV, je vérifie s’il est de Pastef, parce que ma priorité ce sont les gens de Pastef »
Dans son adresse de dissolution de l’Assemblée nationale, prononcée le 12 septembre 2024, le président élu Bassirou D. D. Faye invoque « Le Projet » en ces termes : «[La majorité parlementaire a] décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en œuvre du Projet sur la base duquel j’ai été élu.» Il n’est plus moralement, techniquement et politiquement admis de douter de l’existence, réelle ou virtuelle, théorique ou pratique, de tout ce qui se rapporte à un vocable dès lors qu’il figure dans le discours officiel le plus couru depuis l’élection du président Faye. Pour celles et ceux qui en doutent encore, « Le Projet » existe bel et bien. D’aucuns veulent naturellement savoir s’il existe sur le papier ou dans la pratique au quotidien depuis un peu moins de six mois. Ils feront alors mieux de s’orienter vers les faits que vers le type de support pour en cerner la vraie nature.
Anti-institutionnalismes
Il existe deux types d’anti-institutionnalisme : un de bon et un de très mauvais. Aux États-Unis d’Amérique, les « protestations anti-institutionnelles du mouvement des droits civiques » visaient salutairement l’éradication des entraves officielles aux droits civiques des Afro-américains dont les principaux sont les droits de vote, à un procès équitable, à l'éducation, d'accès aux services publics, etc. À l’opposé se situe un anti-institutionnalisme très mauvais qui correspond exactement à celui des Patriotes africains du Sénégal pour la transparence, l’éthique et la fraternité (Pastef) dont le grand maître à mal penser Ousmane Sonko agit et fait agir ses partisans et sympathisants de bonne et de mauvaise foi. Pour les partisans et sympathisants de bonne foi, le penseur du « Projet » est au service de la bonne cause commune même lorsqu’il s’énerve contre lui-même, parle mal, se fourvoie dans l’improvisation, raconte des histoires, se fait prendre en flagrant délit d’incompétence, accuse qui il veut, diffame, diffuse de fausses nouvelles, multiplie les annonces destinées à des oreilles bien connues et surtout se moque des institutions de la République aux convocations desquelles il ne défère pour rien au monde de peur de dévoiler au grand jour son impréparation chronique.
À l’actif, pour Sonko naturellement, de la haine des institutions incarnées par des hommes et des femmes, hors de tout contrôle de Pastef, figurent évidemment le limogeage des présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), l’évitement rocambolesque du vote d’une motion de censure par la majorité parlementaire, la dissolution de l’Assemblée nationale juste pour permettre à M. Sonko de ne pas faire la déclaration de politique générale trop conforme à la normalité et à la rationalité institutionnelles pour être écrite, distribuée, commentée et/ou analysée par les observateurs et les médias.
Autant de manifestations confortent l’existence du « Projet » non écrit, mais dont l’exécution méthodique incombe au président élu sous la dictée du Premier ministre qui n’hésite pas à en dévoiler, quand l’occasion se présente, quelques lignes à l’attention d’un grand public dont les franges médusées se demandent ce qui arrive au pays où circule, bien avant l’heure, le résumé du discours à peine annoncé du président de la République. Loin de s’en offusquer, le chef suprême des Armées s’en accommode. « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. » Par « transformation systémique », il faut comprendre le grand chambardement institutionnel dont le point d’achèvement s’approche au rythme de l’informalisation interne aux structures de substitution. Pour la plupart des commissions créées par Ousmane Sonko ! Une chose est sûre : visiblement pris de court, le ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires, Moussa Bala Fofana, a trop peu mûri sa proposition de remplacement du HCCT « budgétivore » par des pôles territoires, administrativement plus coûteux à la collectivité, pour en être fier.
Sauvegarde
« Le Projet » est en fin de compte un dégagisme brouillon dont l’actuel ministre de la Santé, Ibrahima Ly, indique le mode opératoire : « Quand je reçois un CV, je vérifie s’il est de Pastef, parce que ma priorité ce sont les gens de Pastef.» Il ne fait alors plus aucun doute que le système reposant sur l’État-nation, les institutions publiques et la démocratie est contraire au « Projet ». En période de crise, le recours à la violence à l’encontre des adversaires du « Projet » remporte déjà l’adhésion de militants et de sympathisants de Pastef dont l’intolérance dans les réseaux sociaux frise la démence comme du temps où ils s’opposaient au président Macky Sall.
Pendant l’exercice du pouvoir, les dispositions constitutionnelles qui arrêtent le pouvoir sont purement et simplement ignorées quand leur application s’impose. C’est ce qui fait que la déclaration de politique générale, antinomique au « Projet », non écrit par convenance de son géniteur Sonko, avait été pour ce dernier une question de vie ou de mort. Mais pendant combien de temps encore le fugitif échappera-t-il à la guillotine des laissés-pour-compte du « Projet » subi sous sa forme actuelle au lieu d’être choisi en connaissance de cause dans sa forme écrite ? D’ici la proclamation définitive des résultats des législatives anticipées du 17 novembre 2024, nous en connaîtrons de bons bouts qui détermineront la conduite la meilleure des démocrates pour la sauvegarde des institutions de la République.