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28 novembre 2024
Politique
KEUR MASSAR SE CLOCHARDISE
L'emballement démographique et l'absence d'urbanisme ont transformé la localité en une lieu où règnent le désordre et la loi du plus fort. Reportage au cœur de cette commune confrontée à une crise d'aménagement aigüe
Devenu le département le plus populeux de la banlieue dakaroise, la ville de Keur Massar pouponne. Avec un boum démographique, couplé à une occupation anarchique, cette ville se clochardise davantage. La preuve par l’espace public aménagé sous l’autopont qui est devenu un souk. Marchands ambulants et conducteurs de motos Jakarta et sans-abris se disputent les places dans une insécurité qui inquiète les riverains.
A l’entrée de la ville, tous les axes sont bloqués. Des queues de véhicule à perte de vue occupent le tapis goudronné de la ville. Des sacs d’ordures sont exposés tout le long de la chaussée. Sur l’autopont, des fils d’embouteillage se dessinent. A la station de Keur Massar, le temps semble suspendu. Ici, personne ne bouge. Même pas les motos qui ont souvent la malice de se faufiler entre les véhicules. Sur l’axe Keur Massar- Tivavone Peul, le décor est le même. Le désordre est le maître-mot. Même les passages piétons sont occupés.
Il est 12h à Keur Massar, un ciel ensoleillé couvre la ville. La place publique aménagée sous l’autopont est prise d’assaut par les tabliers, les conducteurs de motos Jakarta et les marchands ambulants. Les riverains, impuissant, en pâtissent. Une situation que déplore Ramatoulaye Dièye. Debout dans sa tenue traditionnelle, les nu-pieds très stylés avec des languettes. Une pierre rouge minutieusement taillée est juste placée sur le nœud de la chaussure. La dame a le visage trempé de sueur. Le maquillage s’effondre sous l’effet de la chaleur. «Vous trouvez ça normal ? Que la petite place aménagée sous l’autopont soit occupée par des commerçants et des conducteurs de moto. C’est du n’importe quoi», s’étrangle-t-elle de colère. Ce sentiment de désolation est largement partagé par les usagers. «Il est temps que les autorités prennent à bras le corps la situation chaotique de Keur Massar. Ce n’est pas possible ! Les commerçants, après avoir occupé les chaussées, veulent aussi occuper la place publique réservée aux populations», déplore Moussa Sène étudiant à l’université Cheikh Anta Diop qui attend désespérément un bus.
Les sans-abris ont dénaturé l’espace sous l’autopont
Il est 1h du matin. Des sans-abris campent le décor. Ils ont étalé à même le sol des cartons sur lesquels ils passent la nuit. Fourré dans un blouson sombre, Fallou Diop, jeune clochard de 22 ans, a déposé un sachet plastique rempli de d’habits juste à côté. «Bro, j’ai ma famille à Malika montagne. Dans ma maison familiale, il n’y a que deux chambres. J’ai trois petites sœurs donc je ne peux pas partager la chambre avec eux», raconte le jeune homme au visage cicatrisé. De l’autre côté du pont, vers la voie qui mène à la grande surface de la ville. Un autre Sdf est en train d’aménager sa petite surface. Le jeune ne parle ni la langue wolof ni le français. «Je travaille dans une société de la place mais je n’ai pas de quoi louer une chambre. Il y a moins de deux que j’ai commencé à travailler. Mais tu sais avec cette histoire de caution de trois mois c’est vraiment difficile pour moi. Je suis originaire d’un village dans la région de Tambacounda», retrace S. Camara. Le jeune homme n’ignore pourtant pas l’insécurité dans le 46e département. «J’étais victime de vol et depuis lors, je mets mon argent dans mes parties intimes. On m’avait volé mes 5000 francs. Ce n’est qu’à mon réveil que je me suis rendu compte que l’on m’a volé mon argent», raconte-t-il.
L’insécurité sous l’autopont et l’appel aux autorités
Des groupes de jeunes commerçants arpentent les couloirs du rond-point de la station de Keur Massar. Ils occupent l’espace aménagé sous l’autopont. Un véritable marché noir. Ils vendent toutes sortes de produits. Des portables, des chaussures, des bijoux et autres matériels électroniques. Certains ont étalé leurs marchandises à même le sol. D’autres ont fabriqué des tables sur lesquelles sont exposés les produits. Sur les lieux, une jeune dame, accompagnée de sa petite fille, attend quelqu’un. Elle s’indigne du décor : «Comment les autorités peuvent-elles laisser ces commerçants transformer Keur Massar en un marché noir. Nous n’avons plus un espace de vie !» Dans la foulée, un passager raconte une histoire qui a failli tourner au drame : «Dans la semaine, un jeune homme a été poignardé au couteau pour une banale histoire de portable. Si les autorités ne réagissent pas à temps, j’ai peur que l’irréparable se produise parce que l’insécurité est palpable.»
LE PRESIDENT N’A PAS LE POUVOIR… D’ORDONNER L’ARRET DE CONSTRUCTIONS
L'avocat Doudou Ndoye critique l'intervention de Bassirou Diomaye Faye sur la corniche. Il s'oppose au pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat et plaide pour le respect de l'État de droit
Après les révélations de l’architecte Pierre Goudiaby Atépa, selon lesquelles le président de la République Bassirou Diomaye Faye, a fait arrêter toutes les constructions sur la corniche, Me Doudou Ndoye a réagi sur la question, sur les ondes d'Iradio.
Selon l’avocat, «le président de la République n’a pas le pouvoir, par sa seule voix, en dehors des formes prévues par les lois et règlements, d’ordonner l’arrêt de constructions, légalement autorisées dans le cadre de lois et règlements».
Pour justifier sa position, il a indiqué que «le président de la République, comme je disais du temps du Président Macky Sall, n’est pas la loi. Chaque décision doit être fondée sur les prescriptions de la loi. Ce n’est pas une question de personne, c’est une question de respect la démocratie et de l’état de droit».
Sur la question fondamentale de l’occupation du littoral, Me Doudou Ndoye a indiqué que cela a été soulevé maintes fois. «L’Etat du Sénégal a pris des dispositions qui ont conduit à la catastrophe écologique de notre littoral. Alors, pour remédier à cela, il nous faut encore, une fois plus, réétudier les lois du Sénégal et les conditions de leurs applications, pour arriver aux changements équitables que réclame notre pays» a-t-il suggéré. Il a par ailleurs indiqué qu’il y a lieu d’étudier toutes les lois du Sénégal qu’on a eu dans l’occupation du sol, notamment de notre littoral et faire en sorte que les droits fonciers des individus, de la collectivité, les droits relatifs à l’écologie et que tous les droits qui se trouvent dans nos très nombreuses lois, soient mieux connus et bien appliqués, conformément à la constitution.
Sur le décret déclassifiant la bande des filaos, l’avocat a indiqué qu’il cela est un épiphénomène dans l’ensemble des énormes problèmes que posent la gestion et l’administration de nos terres. «J’ai dit en 2013, sous le régime du président Macky Sall, qu’il était possible de faire un changement profond dans le droit des terres du Sénégal et nous étions en train de le faire, malheureusement pour des raisons que je connais bien, cette histoire a été arrêtée», a révélé Me Doudou Ndoye. Mais tient-il, à rassurer, «il est encore temps de faire ces réformes foncières qui ne s’appliquent pas seulement à la bande de filaos, mais qui s’appliquent à tout le Sénégal»
UN VENT DE REBELLION SOUFFLE AU PDS
Les dissensions internes au sein du parti libéral sont de nouveau mises à nu avec la sortie virulente de Doudou Wade. Ce dernier dénonce la gestion unilatérale du parti et prédit une possible implosion si rien n'est fait
La sortie très virulente de Doudou Wade contre la gestion de sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (Pds), témoigne d’un malaise au sein des Libéraux. A l’en croire, il y a un conflit qui oppose deux groupes. Loin de s’inscrire en faux, le porte-parole adjoint du Pds indique que ce vent de rébellion est alimenté par un groupe qui voulait vaille que vaille que le parti soutienne Amadou Ba lors de la présidentielle de 2024.
Une fronde ou une rébellion ? En tout cas, Doudou Wade n’a pas hésité de prédire une implosion du Parti démocratique sénégalais dans lequel il est toujours membre. En effet, dans une sortie, avant-hier à «Rewmi Fm», l’ancien président du groupe parlementaire du Pds s’est étalé sur la gestion de la formation politique de l’ancien Président Me Abdoulaye Wade. Il va de soi, selon lui, que la destitution de Tafsir Thioye de ses responsabilités de porte-parole du Pds évoque un malaise. «C’est évident qu’il y a des problèmes au sein du Parti démocratique sénégalais. Mais, il n’y a pas un conflit entre deux groupes opposés. Il y a des gens qui ne jurent que par le Parti et veulent que tout soit fait dans les règles du parti», a-t-il révélé.
Vidant son sac, Doudou Wade soutient que la destitution de la responsable du Pds à Gossas ne s’est pas faite en conformité avec les textes du parti. Au sein du Pds, dit-il, le président ne peut pas destituer un responsable de son poste. La destitution est dévolue à des structures du parti sur la saisine du président, a fait remarquer le cousin d’Abdoulaye Wade. «Mais actuellement, il y a 6 individus au Pds qui usurpent l’entête du parti pour destituer des responsables. Parmi ces individus, il y a des secrétaires généraux qui se croient comme des potentats. Le Pds est comme une armée mexicaine qui risque d'imploser. Le Parti se dirige vers une rébellion», vocifère Doudou Wade.
Ulcéré, il ajoute : «Dans ce groupe d’individus qui se croient être le parti, il y a un seul individu qui se croit le plus intelligent qui fait tout ce que bon lui semble. Cet individu accepte tout et fait tout pour quelqu’un». Sous ce registre, il a appelé les militants du Pds à prendre leurs responsabilités pour éviter que «le parti implose». Dans l’interview, il a laissé entendre que sa conviction est que son parti (ndlr, Pds) n’est pas assez structuré pour concocter une équipe avec un maillage national. «Un parti ne se gère pas comme un drone. Il faut une posture à adopter avec une gestion de proximité. On ne peut pas diriger par l’éloignement», a-t-il tancé Karim Wade sans le citer. Gallo Tall, porte-parole adjoint du Pds : «il y a un vent de rébellion qui est dû à un groupe de personnes qui ont voulu vaille que vaille que le Parti démocratique sénégalais soutienne Amadou Ba»
Le Pds, à en croire Gallo Tall, est en train de se restructurer et ceux qui ont la légitimité de le faire sont à l’œuvre. En réalité, ajoute le porte-parole adjoint du Pds, les gens qui ont été nommés pour mener le travail de restructuration du parti sont en train de le réussir. A ses yeux, c’est de la peine perdue que de vouloir prendre les places de ceux qui ont été nommés pour mener le travail de restructuration. «Dans ce parti, c’est Karim Wade qui fait tout. C’est lui qui finance. Depuis 2012, le parti est géré par les hommes qu’il faut y compris Doudou Wade. Personne ne sait ce qui l’anime réellement pour faire ces critiques», a-t-il indiqué.
Par contre, le porte-parole adjoint du Pds note que dans chaque parti politique, il peut y avoir des problèmes qui se règlent à l’interne. «Les gens doivent savoir raison garder. Nous ne cachons pas qu’il y a des problèmes dans notre parti. Mais nous sommes en train de les régler», a avoué Gallo Tall non sans ajouter qu’ «il y a un vent de rébellion qui est dû à un groupe de personnes qui ont voulu vaille que vaille que le Parti démocratique sénégalais soutienne Amadou Ba. L’ensemble de nos militants et le Secrétaire général ont refusé cela. Nous ne pouvons pas soutenir quelqu’un qui nous a égorgés. Ce serait de la malhonnêteté».
Sur la destitution de certains de leurs camarades responsables de fédération départementale, il note que le militant a le devoir de suivre la ligne du parti. Si un manquement a été constaté, c’est à la base de se réunir et de voir les sanctions à prendre, a-til ajouté. «Le remplacement incombe à la base qui peut déclencher le processus. Aucun texte du parti n’interdit à la base de destituer un responsable. Et la décision a été soumise au parti pour la décision finale», explique Gallo Tall.
ATEPA, L’HOMME DES PRÉSIDENTS
Sans poste gouvernemental, ni statut politique d’envergure, le célèbre architecte et par ailleurs patron du club des investisseurs du Sénégal demeure, malgré tout, l’une des personnalités les plus influentes du pays
Sans poste gouvernemental, ni statut politique d’envergure, Pierre Goudiaby Atepa demeure, malgré tout, l’une des personnalités les plus influentes du Sénégal. L’architecte a traversé les âges en murmurant ainsi aux oreilles de tous les chefs d’Etat sénégalais, de Senghor à Diomaye en passant par Diouf, Wade et Macky.
Depuis dimanche, Pierre Goudiaby Atepa oriente le débat public. Invité de l’émission «Point de Vue» sur la RTS, l’architecte en profite pour remettre au goût du jour son combat de toujours contre les constructions sur le littoral. Il révèle dans la foulée que depuis vendredi dernier, excepté les travaux d’aménagement entamés par l’Etat pour le public, les autorités ont stoppé toutes les constructions sur le littoral. Si cela a pu être fait sans tambour ni trompette et avec célérité, c’est certainement parce que l’architecte, qui a un bon cote chez «Diomaye et Sonko» et qui connaît bien la problématique, a su murmurer à leurs oreilles pour leur rappeler cette promesse faite par Sonko pendant qu’il était dans l’opposition. Depuis des années, Atepa alerte sur le danger qui guette le littoral sénégalais en violation de la loi sur le domaine public maritime, particulièrement tout le long de la corniche de Dakar. Aujourd’hui que ses «nouveaux amis» sont au pouvoir, il doit certainement user de son influence pour régler ce problème crucial.
Entre Sonko et Atepa, les relations sont devenues solides même si beaucoup de choses ont longtemps éloigné les deux hommes. L’architecte a été toujours proche des gens du système alors qu’Ousmane Sonko est l’incarnation aujourd’hui de l’antisystème au Sénégal. Mais leur rapprochement n’est pas surprenant vu qu’il partage leur Casamance et l’engagement pour certaines causes (la préservation du littoral, la lutte contre les mandats de trop, …).
Après le lancement en avril 2023 des grands chantiers du Programme phare d’Ousmane Sonko à Ziguinchor, dénommé «Burok», un projet estimé à 5 milliards de francs, Pierre Goudiaby Atepa s’était levé pour assurer qu’il allait se charger de trouver des partenaires pour son financement. Et Atepa a été là pour soutenir Ousmane Sonko quand il était persécuté par le régime. Lorsque le siège de Pastef a été attaqué et saccagé à Yoff, Atepa a remis à l’état-major de la formation un de ses immeubles sur la VDN pour en faire une permanence. Puis, il a soutenu le leader des Patriotes aussi bien à la présidentielle de 2019 que celle de 2024. D’ailleurs si Sonko et Diomaye ont été libérés à la veille du scrutin présidentielle de 2024, c’est parce que l’architecte a été au cœur des négociations.
En effet, sans la solution de crise dont il a été à l’origine avec d’autres médiateurs bien sûr, il serait très difficile que Bassirou Diomaye arrive au pouvoir. Et tout porte à croire qu’Atepa n’est pas prêt à s’éloigner des affaires publiques malgré ses 76 ans. Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye le 24 mars 2024, l’architecte multiplie ses sorties pour exprimer sa confiance en la capacité du Président Faye à être un leader exemplaire, en raison de son entourage et du soutien national qui l'entoure. Mieux, l'architecte exhorte les Sénégalais à être patients non sans les appeler à un retour au travail et à la politique du développement, mettant en avant l'importance de la cohésion nationale et du travail acharné pour sortir le pays de la pauvreté. Il estime de ce fait que la réalisation de grands projets structurants prendra du temps, mais que cela est nécessaire pour un véritable changement. UN HoMME PoLITIQUE SANS AUrA… Par ailleurs, il faut avouer qu’Atepa a toujours été influent auprès des régimes qui se sont succédé dans le pays. Il a toujours réclamé ouvertement être un ami de Macky Sall même si ce dernier, furieux contre le collectif des cadres casamançais qu’il dirige, les a qualifiés d’escrocs lors d’une intervention télévisée sur la RTS. Cette déclaration faisait suite à une lettre adressée au Président concernant la situation d’Ousmane Sonko. Sous Abdoulaye Wade, il a été pratiquement le concepteur de tous les projets d’envergure de l’homme parmi lesquels le Monument de la Renaissance Africaine. Proche de Wade, il avait tout fait pour le dissuader de faire un troisième mandat. Mais celui-ci n’avait jamais voulu l’écouter. Finalement, il a été battu par son ex dauphin Macky Sall. Pierre Goudiaby Atepa n’est pas également loin d’Abdou Diouf dont il est très proche de la famille. Préparant la présidentielle de 2019, dont il allait se retirer d’ailleurs avant le dépôt des candidatures, Atepa était allé à la rencontre de l’ancien chef d’Etat sénégalais (1981- 2000), Abdou Diouf, pour consultation afin de bien se lancer dans la conquête du pouvoir. Il a été également un proche collaborateur de Léopold Sédar Senghor.
Faisant un témoignage après le décès de Bruno Diatta, Atepa disait clairement qu’avec ce dernier, il faisait partie des rares Sénégalais à avoir travaillé avec les quatre Chefs d’Etat (Senghor, Diouf, Wade et Macky). Il faut dire en outre qu’Atepa est un homme politique qui, jusqu’en 2019, se réclamait d’une troisième voie ; loin du pouvoir comme de l’opposition. Il disait vouloir refonder la manière de faire la politique au Sénégal. Dans son livre programme, «Sénégal-Rek, Ensemble pour une refondation», il annonçait qu’une fois élu, il ferait un mandat unique de transition. Des propositions y sont également faites pour une bonne exploitation des hydrocarbures découvertes au Sénégal. L’architecte estime ainsi qu’il est possible de créer 1 million d’emplois avec le pétrole découvert au Sénégal. Pour ce faire, il avait promis, une fois élu, de créer un Petropolis, une ville nouvelle des métiers du pétrole à Potou (Louga) qui permettra la création des emplois en question. Tout ceci confirme davantage qu’il n’est pas qu’architecte ; mais que c’est un homme politique qui a des ambitions pour le Sénégal avec un projet clair. Toutefois, il ne dispose pas d’une aura politique à l’instar de tous les chefs d’Etat qu’il conseille ou avec qui il collabore. A vrai dire, Pierre Goudiaby Atepa aime la politique mais la politique ne l’aime pas !
L’ETAT SE PENCHE SUR LE «TONG TONG» DE MBOUR 4
Lotissement sous un parfum de scandale au temps où Abdoulaye Seydou Sow était ministre de l’urbanisme et du logement
Les nouvelles autorités étatiques sont visiblement déterminées à mettre la lumière sur les scandales fonciers dans lesquels sont cités les caciques de l’ancien régime. Parmi les zones dont le directeur général des Impôts et domaines, Abdoulaye Diagne, a ordonné l’arrêt des constructions figure Mbour 4, à Thiès, qui avait fait l’objet d’un véritable «tong tong» au temps où Abdoulaye Seydou Sow était ministre de l'Urbanisme, du Logement et de l'Hygiène publique.
On en sait un peu plus sur la suspension de toutes les constructions sur le littoral décrétée par les nouvelles autorités étatiques. Mais il faut souligner que cette mesure ne se limite pas tout simplement à Dakar, elle concerne également d’autres zones situées dans la région de Thiès dont le lotissement dit «Mbour 4» qui a été un véritable tong tong». Dans une note signée par le directeur général des Impôts et Domaines Abdoulaye Diagne, les autres zones et opérations foncières concernées sont le lotissement dit BOA à Dakar, le lotissement dit «Hangar des pèlerins» à Dakar, le lotissement dit EOGEN 1 et 2 à Dakar, le lotissement dit Terme sud à Dakar, le lotissement dit Recasement 2, le lotissement dit Cité Batterie à Dakar, le lotissement dit «EGEBOS» à Dakar, le lotissement dit «Diamalaye» à Dakar, la zone du littoral du département de Dakar (Corniche Ouest et Corniche-Est), ainsi que le Plan d'urbanisme de détails de Guédiawaye.
Cette mesure concerne également «le Plan d'urbanisme de détails de Malika, les pôles urbains de Diacksao Bambilor, Deni Birame Ndao et Daga Kholpa, la partie de la zone du Lac Rose se situant hors du titre foncier de la DGPU, le Plan d'aménagement de la Nouvelle Ville de Thiès, le site de Pointe Sarène à Mbour, hors zone SAPCO». Dans ce lot figurent aussi «la zone de Ndiébène Gandiol sur l'assiette foncière du titre foncier 136/SL, à Saint-Louis».
Cette mesure résulte, selon Abdoulaye Diagne, d’une volonté des Hautes Autorités de l'État qui estiment nécessaire d'établir une situation exhaustive du foncier dans les zones géographiques les plus sensibles, dans lesquelles la paix sociale est menacée par des conflits en cours ou à venir. D’après la note signée par le directeur général des Impôts et Domaines, les mesures de suspension concernent les actes et procédures «au niveau de la Direction des Domaines, toute attribution de parcelle dans les zones susvisées ; au niveau des bureaux des domaines, toute instruction de demande de bail, de cession définitive, d'autorisation de céder, d'autorisation d'affecter en hypothèque ; au niveau des bureaux du cadastre, toute instruction de demande de morcellement, d'implantation de parcelles et d'établissement de plan avec NICAD ; au niveau des bureaux de la conservation de la propriété et des droits fonciers, toute instruction de demande d'inscription ou de morcellement ; au niveau des bureaux de recouvrement, toute demande d'enregistrement de baux ou d'actes de vente dans ces zones».
Toutefois, lit-on dans le courrier, l'autorité a particulièrement insisté sur la nécessité de préserver les droits légitimes des particuliers. Aussi, les chefs de service sont-ils appelés, à chaque fois que de besoin, à procéder, sur la base d'éléments objectifs, à une analyse au cas par cas des dossiers qui pourraient bénéficier d'une dérogation. A cet effet, et en accord avec l'autorité, un comité ad hoc sera mis en place pour définir les modalités de soumission, de traitement et de validation de ces cas dérogatoires. Au demeurant, les actes administratifs qui sont déjà en instance d'approbation au niveau de la Direction générale des Impôts et des Domaines seront d'office soumis au comité ad hoc. Dans les autres localités et zones non concernées, les instructions des dossiers domaniaux se poursuivront dans le strict respect des textes et procédures», précise la note.
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LE CRÉPUSCULE DU FRANC CFA
« Battre sa monnaie » pour recouvrer la pleine souveraineté : quel chemin emprunter ? Dialo Diop, Demba Moussa Dembélé et Abdoulaye Seck ont confronté leurs visions pour le nécessaire divorce d'avec le franc CFA
Invités de marque pour cet épisode consacré à la question brûlante de la souveraineté monétaire du Sénégal et de l'Afrique de l'Ouest : Dialo Diop, Demba Moussa Dembélé et Abdoulaye Seck ont livré une analyse percutante sur les voies de sortie possibles du franc CFA .
Emblème du néocolonialisme français, le franc CFA continue 60 ans après les indépendances à entraver le développement économique et politique de la région. "Une faillite multidimensionnelle" pour Dialo Diop, vice-président du Pastef, tandis que l'économiste Dembélé pointe "un goulot d'étranglement" profitant à l'ancien colonisateur.
Face à ce constat, plusieurs alternatives ont été explorées. L'ECO, future monnaie unique de la CEDEAO, peine à émerger tant les défis de convergence sont importants. Réformer l'UEMOA en revoyant les règles de sa banque centrale ? Une piste difficile selon les intervenants. Une sortie nationale non concertée du franc CFA pour le Sénégal est envisageable mais avec d'importantes préalables économiques et institutionnelles.
L'hypothèse d'un rattachement à l'alliance monétaire naissante des pays du Sahel a également été avancée. Mais l'option idéale, de l'avis de tous, reste le fédéralisme politique et monétaire panafricain, même si l'objectif semble lointain.
LE PRÉSIDENT BASSIROU DIOMAYE FAYE ATTENDU À BISSAU CE MARDI
Ce voyage ‘’s’inscrit dans le cadre du renforcement des liens historiques de bon voisinage et de brassage socio-culturel entre le Sénégal et ses voisins’’
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, est attendu, mardi, en Guinée Bissau, pour une visite de travail et d’amitié, a-t-on appris de source officielle.
Dans un communiqué, le Bureau d’information gouvernementale (BIG) souligne que ce déplacement fait suite aux premiers voyages du chef de l’Etat en Mauritanie et en Gambie.
Ce voyage ‘’s’inscrit dans le cadre du renforcement des liens historiques de bon voisinage et de brassage socio-culturel entre le Sénégal et ses voisins’’, selon la même source. Elle souligne que ce déplacement traduit, par ailleurs, la place de choix qu’occupe l’axe Dakar-Bissau dans les priorités diplomatiques du président Bassirou Diomaye Faye.
Le BIG rappelle que le Sénégal et la Guinée Bissau entretiennent de profondes relations de coopération.
Les échanges entre les deux pays frères touchent pratiquement tous les domaines, note le Bureau d’information gouvernementale, soulignant que ‘’de la sécurité, à la culture, en passant par le très stratégique secteur de la pêche, Dakar et Bissau ne cessent de consolider leurs liens historiques très forts, encadrés par de multiples accords’’.
Il signale qu’au plan commercial, la Guinée Bissau figure parmi les pays clients du Sénégal en Afrique, avec des exportations estimées, en poids net, à 108 257 tonnes en 2022, soit 55, 201 milliards FCFA (NACE 2022). Ce qui représente une amélioration de +33,5%, par rapport à l’année 2021.
LES PROCÉDURES FONCIÈRES SUSPENDUES DANS PLUSIEURS ZONES
Le ministère des Finances vient de donner l'instruction de bloquer tous les dossiers fonciers dans 18 zones à risque du pays. Boa, Hangar des pèlerins, le littoral dakarois... Plus aucune nouvelle attribution de parcelle ni demande de bail ne sera accepté
(SenePlus) - Le ministère des Finances et du Budget du Sénégal vient de donner l'instruction de suspendre provisoirement l'instruction des dossiers domaniaux et fonciers dans certaines zones géographiques sensibles. Cette décision fait suite à une recrudescence préoccupante des litiges fonciers ces dernières années, menaçant la paix sociale.
Dans une note de service confidentielle, le Directeur général des Impôts et des Domaines détaille les 18 zones concernées par ces mesures restrictives. Il s'agit notamment des célèbres lotissements comme Boa, Hangar des pèlerins ou encore Eogen à Dakar, mais aussi de vastes territoires comme le littoral dakarois, le Lac Rose ou le site de Pointe Sarène à Mbour.
"Les hautes autorités estiment nécessaire d'établir une situation exhaustive du foncier dans ces zones à risque, où la paix sociale est menacée par des conflits en cours ou à venir", peut-on lire dans le document officiel.
Concrètement, les services des domaines et du cadastre n'effectueront plus aucune nouvelle attribution de parcelle, instruction de demande de bail ou encore de morcellement dans ces périmètres. "Au niveau des bureaux de recouvrement, toute demande d'enregistrement de baux ou d'actes de vente dans ces zones" est également suspendue, précise la note.
Cette offensive des autorités vise à "préserver les droits légitimes des particuliers". Toutefois, un comité ad hoc étudiera au cas par cas les dossiers susceptibles de bénéficier d'une dérogation, sur la base d'"éléments objectifs".
Jusqu'à la réalisation d'un vaste état des lieux, le Sénégal montre donc sa détermination à remettre de l'ordre dans un secteur foncier gangrené par les dérives spéculatives et les occupations illicites. L'architecte Pierre Goudiaby Atépa, révélait dimanche 28 avril 2024 ce moratoire sur les constructions côtières.
"Les gens vont acheter un terrain qui vous appartient à 2450 francs le mètre carré. On se fait octroyer un bail. On s'organise pour le faire déclasser. Ils prennent ce titre foncier, ils l'amènent à la banque qui leur donne 1 million le mètre carré. Ils revendent à 1,5 million. C'est scandaleux !", avait-il décrié sur la RTS, réitérant son engagement à lutter contre l'accaparement systématique du littoral au profit d'intérêts privés.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
L'ÉQUITÉ EN TOUTE PRIORITÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment adresser et satisfaire la demande sociale éminemment souverainiste en exécutant un budget et des programmes de financement qui ne sont pas les vôtres ?
Comment adresser et satisfaire la demande sociale éminemment souverainiste en exécutant un budget et des programmes de financement qui ne sont pas les vôtres ?
Autrement dit, comment se débarrasser de l’habitus (Bourdieu, P.)[1] mackyéen ? Le nouveau pouvoir fait face à une impatience sociale légitime dont le baromètre est donné par le début de levée de boucliers qui enfle avec une surenchère de doléances qui pleuvent de partout. Aucun segment de la vie sociale de la sphère publique et des relations internationale n’est en reste. C’est la guerre de positionnement (FMI, SFI, UE, BAD et les diplomaties du pétrole et du gaz).
Le défi d’une souveraineté intégrale, de la mise en place des manières de faire gravées dans l’éthique et de la conciliation des intérêts collectifs et individuels, est programmatique et séquentiel.
L’ideal démocratique qui est une aspiration profonde des masses repose sur le référentiel de la Constitution qui est un construit de surplomb dont le peuple ne peut s’approprier. Le peuple a toujours été l’otage des élites porteuses de valeurs d’égalité et de liberté non internalisées par les populations comme une valeur universelle.
Le dernier communiqué du Conseil des ministres est présidentialiste. La dynamique de conquête et de conservation structure encore la toute puissance publique.
Aujourd’hui tous les médias publics comme privés jouent leur partition présidentialiste dans le reportage des activités des nouvelles autorités et de leur CV. Les décrets présidentiels de nomination aux postes civil et militaire réinventent les mêmes modalités de partage et de récompense des compagnons. C’est la poursuite de l’entre soi en politique.
Est-il pertinent de tenir un Conseil des ministres, une tradition bien française (!), toutes les semaines et non une fois par mois, et partager sur les sites du gouvernement avec une adjonction d’une version audiovisuelle en langues nationales ? Le format du communiqué même pose un problème dans sa longueur et son contenu directif.
Ces artifices du pouvoir alimentent le sentiment d’un pouvoir de « buur ». Qui ne se rappelle pas les affiches géantes (Dazibao) de Macky placardées partout pour cristalliser dans les masses le culte du timonier.
Quoi de plus normal me diriez-vous, l’autoritarisme est une donnée sociologique permanente avec des cycles récurrents.
La déferlante contre le « système » et ses acteurs présomptueux et arrivistes a administré la preuve que nul ne peut pérenniser un système de concussion s’appuyant sur une majorité électorale artificielle et non sur une réalité sociologique.
Toutefois, ce dividende pour une rupture systémique a pour contrepartie la satisfaction des attentes des masses. Qu’on ne s’y trompe pas. La demande exprimée n’est pas matérialiste. Elle formule le respect des élus vis-à-vis de leurs électeurs. Elle exige la décence dans la prise de parole. Elle réclame l’humilité des gouvernants en tout temps et en tout lieu. Répondre à la demande sociale, c’est donner à chacun ce qui lui revient de droit. C’est l’équité.
[1] L'habitus est pour lui le fait de se socialiser dans un peuple traditionnel, définition qu'il résume comme un « système de dispositions réglées ».
BARTH’ VEUT RENCONTRER DIOMAYE
Le maire de la Ville de Dakar souhaite éviter les obstacles notés dans l’exécution des projets de la municipalité de la capitale. C’est ce qui motive son souhait de rencontrer le président de la République.
Barthélemy Dias veut rencontrer Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Le maire de la Ville de Dakar souhaite éviter les obstacles notés dans l’exécution des projets de la municipalité de la capitale. C’est ce qui motive son souhait de rencontrer le président de la République.
C’est un souhait que le maire de la Ville de Dakar a voulu partager avec les conseillers municipaux. Barthélemy Dias nourrit le vœu de rencontrer Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Lors de la dernière réunion du Conseil municipal, le maire de la capitale en a fait l’annonce. Cette démarche vise, selon l’édile de Dakar, à présenter au chef de l’Etat les grandes lignes de sa politique municipale, ainsi que les obstacles rencontrés dans l’administration de la ville. Elle s’inscrit dans une continuité de la pratique de Barthélemy Dias, qui avait déjà adopté cette approche avec l’ancien Président Macky Sall.
Quoi que normale, cette volonté du maire de la capitale de s’entretenir avec le président de la République ne va pas manquer de provoquer des éclats de rire au sein du nouveau parti au pouvoir, Pastef. En effet, Barthélemy Dias a été, à un moment, proche de Ousmane Sonko au point d’accomplir des actes qui auraient pu lui valoir «la Cour d’assises». Cette proximité a duré le temps d’une rose. Barth’, ayant voulu s’entretenir avec Macky Sall pour apaiser la tension entre le président de la République d’alors et l’opposition, en avait parlé à Ousmane Sonko. Qui n’avait manifesté aucun refus. Mais à l’annonce du dialogue national devant redessiner le parrainage et rendre l’éligibilité aux personnes ayant déjà purgé leurs peines, Ousmane Sonko s’en était offusqué. Dans une sortie, le «Patriote» en chef avait, en effet, accusé Barthélemy Dias de «Judas» et avait soutenu n’être pas au courant des échanges nocturnes entre le maire de Dakar et le président de la République d’alors, Macky Sall.
Dias-fils ne s’était pas fait prier pour apporter une réplique aux relents de menaces. Et Sonko lui avait opposé le silence. C’est par cet acte que le divorce entre Pastef et Taxawu Senegaal a été scellé. Khalifa Ababacar Sall a été, par la suite, hué lors d’un meeting de Yewwi askan wi (Yaw) à la Place de la Nation par des membres du parti Pastef.
A l’annonce de la candidature de Diomaye, Barthélemy Dias en avait ajouté une couche en disant que «l’élection présidentielle est sérieuse. On n’élit pas un président d’Asc». Il n’y a pas l’ombre d’un doute que cette phrase va être ressassée !