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28 novembre 2024
Politique
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LA CONVERGENCE INATTENDUE ENTRE DAKAR ET ABIDJAN
Génération et vision politiques les séparent. À 82 ans, Ouattara est un poids lourd libéral de la vieille garde africaine. Diomaye, 44 ans, se veut l'incarnation de la rupture panafricaniste. Pourtant, les deux font front commun face à la crise sahélienne
(SenePlus) - Malgré leurs différences générationnelles et idéologiques, les présidents sénégalais Bassirou Diomaye Faye et ivoirien Alassane Ouattara ont affiché leur "totale convergence de vue" lors de la visite du nouveau chef d'État sénégalais à Abidjan le 7 mai, d'après une analyse du journal Le Monde.
Cette rencontre intervient dans un contexte de crise politique sans précédent en Afrique de l'Ouest, après les coups d'État militaires au Mali, Burkina Faso et Niger. Selon Le Monde, "le Sénégal pourrait s'affirmer comme un médiateur avec les régimes putschistes du Sahel."
Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, se décrit comme un "panafricaniste de gauche" incarnant la rupture après son élection démocratique fin mars. À l'inverse, Alassane Ouattara, 82 ans, est un libéral de droite prônant la continuité à la tête de la Côte d'Ivoire pour un troisième mandat.
Comme le souligne Le Monde, "deux hommes que peu de choses rapprochent à première vue, mais à la tête des poids lourds francophones d'Afrique de l'Ouest".
Pourtant, les deux présidents ont mis en avant leurs visions communes. Ouattara a adressé ses "chaleureuses félicitations" à Faye, avec qui il partage une "convergence totale des points de vue" sur les questions internationales et régionales.
Faye a confirmé vouloir "œuvrer à dissiper les incompréhensions" avec la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), un "outil formidable d'intégration" à préserver selon ses dires rapportés par Le Monde.
"Bassirou Diomaye Faye semble vouloir se poser en médiateur pour empêcher les pays" du Sahel de quitter la Cédéao, analyse pour Le Monde Caroline Roussy de l'Institut de relations internationales et stratégiques.
Son élection démocratique à 44 ans et son discours de rupture pourraient faciliter le dialogue avec les juntes, qui partagent certaines de ses aspirations comme la fin du franc CFA.
"Bassirou Diomaye Faye est dans une position qui nécessite beaucoup d'intelligence diplomatique" pour ne pas "crisper" ces régimes, estime Mamadou Hady Dème, chercheur à l'université de Dakar, cité par le journal.
Alors qu'Ouattara entretient des liens glacials avec les juntes, c'est donc le Sénégal, "rare pays à pouvoir parler à tous", qui pourrait être la "clé de l'apaisement" régional, poursuit l'analyse. Une visite du Premier ministre sénégalais au Sahel est d'ailleurs prévue.
En choisissant Abidjan pour sa première visite non limitrophe plutôt que la France comme ses prédécesseurs, Faye illustre "la diplomatie de proximité" que veut privilégier Dakar, une "première rupture" notable selon M. Dème cité par Le Monde.
Les relations apaisées entre les présidents sénégalais et ivoirien semblent ainsi promettre un nouveau partenariat influent face aux défis régionaux en Afrique de l'Ouest.
par Ismaila Madior Fall
LES RÈGLEMENTS DE COMPTES PERSONNELS N'ONT PAS DROIT DE CITÉ À L'UNIVERSITÉ
Les syndicalistes du SUDES, qui ont écrit ce communiqué fustigeant ma démarche, sont ou ignorants des règles qui régissent le statut des enseignants chercheurs ou de mauvaise foi. Respectons les usages et la liberté académiques
La communication du porte-parole du Recteur de l'UCAD, le Professeur Mbaye Thiam a été éclairante sur la question mais il convient de faire les précisions suivantes :
Après avoir formé une cinquantaine de docteurs et des professeurs agrégés, présidé le concours d'agrégation de droit public du CAMES et accumulé une expérience gouvernementale décennale, j'ai considéré que, de retour à l'Université, je serai plus utile à la communauté universitaire en dirigeant des recherches sur divers sujets portant sur les politiques publiques et la gouvernance plutôt que de donner des enseignements sur les disciplines classiques que les professeurs que j'ai formés assurent de manière remarquable.
Mes activités d'enseignement à la FSJP pourraient alors se limiter à ce qu'ils souhaitent que je complète par des conférences de méthode et des cours sur des aspects pratiques non abordés par les enseignements théoriques.
A cet effet, j'ai introduit une demande auprès du Recteur dont seul un début d'instruction provoque des cris d'orfraie de syndicalistes à qui il faut rappeler l'histoire intellectuelle et la vocation pluridisciplinaire de l'IFAN, mais aussi la vocation hospitalière de celui-ci qui a fait sa réputation.
Les syndicalistes du SUDES, qui ont écrit ce communiqué fustigeant ma démarche, sont ou ignorants des règles qui régissent le statut des enseignants chercheurs ou de mauvaise foi. Le Recteur ne peut pas et ne veut pas m'affecter proprio motu à l'IFAN. Il ne peut que soumettre ma demande aux instances délibérantes des deux institutions (IFAN et FSJP) pour avis avant de prendre une décision y relative.
La FAC donne un avis favorable, l'IFAN de même, des syndicalistes ne peuvent pas s'y opposer. En cas de divergence d'avis, je m'acquitte de ma charge de professeur titulaire de classe exceptionnelle d'une demi-journée par semaine. Et j'ai tout mon temps libre à moi.
C'est une profanation des traditions universitaires et de la décence de ruer dans les brancards et de crier sur la place publique un avis d'opposition qu'on peut sereinement donner dans les instances appropriées.
Respectons les usages et la liberté académiques. Les règlements de comptes personnels n'ont pas droit de cité à l'Université.
par Nioxor Tine
PAS DE TRANSFORMATION SYSTÉMIQUE SANS REFONDATION INSTITUTIONNELLE
Porteur d'ambitions de changement, le nouvel exécutif est contraint d'avancer sur plusieurs fronts pour matérialiser sa vision et contrer les assauts de l'opposition
Un peu plus d’un mois après la constitution du gouvernement issu de la Coalition Diomaye Président, l’espoir, dont se réclamait frauduleusement l’ancienne majorité et qui s’était progressivement éteint, est en train de renaître. Certes, tout n’est pas pour le mieux, dans le meilleur des mondes, mais il y a quelques signes encourageants comme l’angle de traitement de questions aussi sensibles que la reddition des comptes, la question foncière y compris l’occupation illégale du domaine public maritime, la campagne agricole, les contrats de pêche, la question panafricaine…
Des efforts ont été faits pour ce qui est de la taille du gouvernement, même si des malentendus persistent, avec certains pans de l’élite féminine, sur le niveau de la représentation féminine dans l’Exécutif.
On ne peut manquer d’évoquer ces actes ambigus posés sur la question religieuse, pourtant clairement tranchée par le peuple, lors des différentes consultations électorales, depuis plusieurs années.
Pendant ce temps, les larges masses laborieuses, tout en mesurant l’ampleur de la tâche et conscientes, que l’équipe de Diomaye-Sonko n’en est qu’à ses premiers pas, se félicitent de ces courageuses mesures. Il n’y a que quelques mercenaires de la plume, dont certains voient leurs noms cités dans des scandales économiques et surtout fonciers, qui se muent en donneurs de leçons, accusant les nouvelles autorités de reniement de leurs engagements préélectoraux et continuant de les diaboliser, de plus belle, malgré le désaveu subi par leur camp politique.
Ce faisant, ils font semblant d’oublier, que c’est la résistance farouche du duo Sonko-Diomaye, à l’arbitraire du pouvoir de Benno-APR, qui a réussi à torpiller le scénario de la troisième candidature de Macky Sall et permis l’obtention de succès électoraux successifs jusqu’à l’admirable victoire à la présidentielle du 24 mars 2024.
Il s’agit, à présent, de passer du moment révolutionnaire de sédition au geste constitutionnel, par lequel le peuple consacre une nouvelle loi fondamentale, porteuse de rupture, instaurant la nouvelle ère de l’antisystème.
Car ne nous y trompons pas ! La marge de manœuvre du nouveau pouvoir reste étroite.
A première vue, le score flatteur engrangé par le président de la Coalition Diomaye Président ne laisse aucun doute sur la volonté du peuple de soutenir cette ambition de rupture d’avec la domination néocoloniale, marque de fabrique du Pastef, toutes ces dernières années.
Néanmoins, on ne peut manquer de noter une discordance entre l’influence politique considérable qu’exerce le Pastef sur la scène politique nationale et son niveau organisationnel mis à mal par la répression féroce et aveugle qu’il a subi. Il n’est pas exagéré de dire que les cadres du parti et plusieurs militants ne sont en fait que des rescapés de la machine carcérale étatique digne des pires dictatures.
De telle sorte qu’au vu des nobles ambitions annoncées, en termes de libération nationale et sociale, il y a lieu d’une part à ratisser encore plus large au sein de segments de la classe politique, acquis aux principes de la rupture avec l’ordre ancien et d’autre part à emmener le peuple à s’approprier des idéaux de souveraineté nationale, de respect des droits et libertés et de justice sociale.
N’oublions pas également que le parlement reste encore sous le contrôle de l’ancienne majorité du Benno-APR.
Ainsi, les prochaines législatives risquent d’être pleines d’incertitudes, d’autant plus difficiles pour le camp patriotique, qu’il ne devrait pas s’agir, cette fois-ci, de faire dans la continuité.
Pour rappel, on a assisté, lors de nos deux premières alternances, en 2000 et 2012, au « déménagement » massif ou transhumance de barons politiques et autres porteurs de voix, de l’ancien pouvoir vers le nouveau. De plus, les pouvoirs Sopi et Benno Bokk Yakaar n’ont pu disposer de majorités confortables au Parlement, que grâce au fameux système inique du raw gaddu consistant à privilégier le scrutin majoritaire à un tour par rapport à celui proportionnel. Cela leur permettait d’engranger un nombre d’élus sans commune mesure avec le pourcentage de voix obtenues.
Ainsi, lors de la deuxième alternance de mars 2012, quelques mois après son accession au pouvoir, lors des législatives du 1er juillet, la méga-coalition Benno Bokk Yakaar, perdait 12 points par rapport à son score aux présidentielles, avec 53,06% mais engrangeait 119 sièges. En avril 2001, le régime libéral était même devenu minoritaire avec 49,6%, des voix, en termes de vote populaire, mais recueillait quand même 89 députés.
Si le pouvoir Pastef et ses alliés veulent consolider leur nouveau pouvoir déjà victime de multiples assauts de la part d’anciens dignitaires du défunt régime de Benno Bokk Yakaar et de leurs auxiliaires, ils ne devraient plus pouvoir compter sur les vieilles recettes du système honni et se trouveraient donc obligés de résoudre des équations politiques très ardues. C’est dire que pour réussir la « transformation systémique », les nouvelles autorités n’y arriveront pas seulement, avec des mesures parcellaires, disparates et des experts technocrates.
Elles sont obligées de miser sur l’aboutissement heureux de la refondation institutionnelle, comme première étape, vers la matérialisation des autres composantes de l’héritage des Assises nationales.
LICENCES DE PECHES : LES MYSTÈRES D’UNE LISTE
La publication récente de la liste des bateaux autorisés à pêcher soulève plusieurs interrogations sur la transparence et l'équité du processus, certains navires étrangers ou entreprises semblant bénéficier d'un traitement de faveur
C’est désormais chose faite. La liste des attributaires de licences de pêche est depuis hier connue. En effet, la nouvelle ministre des Pêches a satisfait à l’exigence de transparence dans la conduite des affaires de l’Etat que prône le nouveau régime. «Conformément aux engagements des plus hautes autorités, je rends publique la liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise, à la date du 6 mai 2024. Cet acte répond au principe de transparence dans la gestion des ressources naturelles qui
constituent un patrimoine national», a indiqué Dr Fatou Diouf dans son avis. Elle a cependant précisé que cette liste ne tient pas compte des dossiers qui sont en cours de renouvellement.
Les mystères du Dr Fatou Diouf Ce qui témoigne d’un fait. La publication de la liste s’est faite dans la précipitation. Déjà sous le ministre Alioune Ndoye, 129 bateaux battaient pavillon sénégalais. Et Pape Sagna Mbaye en a attribué au moins une quinzaine. A peine un mois après son installation, la nouvelle ministre a publié une liste de 132 bateaux battant pavillon sénégalais. Ce qui montre, selon des sources dignes de foi, que la liste a été établie à la va-vite, donc bâclée. Autre mystère qui interpelle dans cette liste, c’est la prééminence de certains armements. C’est le cas par exemple de SOPASEN. Cette société
qui appartient à Saër Seck, ancien président de la ligue sénégalaise de Football professionnel et président de l’institut de Football Diambars et à l’homme d’affaire Adama Lam du patronat sénégalais alimente la suspicion dans le milieu de la Pêche. Puisque ces deux plus grands activistes dans le secteur maritime avec leurs partenaires français se sont taillé la part du lion en se retrouvant avec 20 licences dans des zones réservées principalement à la pêche artisanale. Une prééminence qui provoque une rupture d’équité dans l’attribution des licences de pêches.
Autre mystère qui interroge, c’est que des navires qui ne battent plus pavillon sénégalais depuis 4 ans figurent sur la liste. C’est comme les licences des bateaux YI FENG 15 et YI FENG 16. Il faut aussi dire que la liste des attributaires de licence de pêche confirme un rapport de l’Office national de lutte contre
la fraude et la corruption (Ofnac). En effet, dans son rapport de 2021, l’Ofnac révélait que parmi les 131 navires battant pavillon Sénégalais, « figurent des navires avec des noms à consonance chinoise mais appartenant à des sociétés de droit sénégalais, car naturalisés conformément au Code de la Pêche maritime ». Dans la liste publiée par la nouvelle ministre des Pêches, on y voit des noms d’armement à consonance chinois, coréen, espagnol et italien battant pavillon sénégalais alors qu’ils sont des sociétés de droit sénégalais.
Une enquête est en cours sur l’attribution des licences
Selon la liste, au total 19 navires étrangers ont été autorisés jusqu’au 2 mai 2024 à pêcher dans les eaux sénégalaises. Ils sont tous de l’Union européenne dont 11 battants pavillons espagnols et 8 battants pavillons français. Toutefois, précise le ministère des Pêches, sur ces 19 navires étrangers, deux ne sont pas des navires de pêche mais des navires d’appui aux senneurs. La période de validité des licences s’arrête pour la quasi-totalité des navires étrangers, le 17 novembre 2024 excepté le navire battant pavillon français et immatriculé CC 933 961. Dans la liste publiée par le ministère des Pêches, il est indiqué que sa licence court jusqu’au 31 décembre 2024. S’agit-il d’une licence ou d’une autorisation de pêche ?
Au Sénégal, les autorisations de pêche sont accordées pour une période de 6 mois, renouvelables une fois. Alors qu’une fois que la licence est délivrée, elle est renouvelable chaque année. Toujours est-il, selon une source du secteur de la pêche, qu’une enquête est déjà ouverte dans les services du ministère des Pêches sur l’attribution des licences de pêches. Car il y a un décalage entre le nombre déclaré et le nombre existant de pirogues dans les eaux sénégalaises.
ZIGUINCHOR, LES CONSEILLERS VONT SE RÉUNIR POUR REMPLACER OUSMANE SONKO
"Le Bureau municipal a bien reçu sa lettre de démission. C’est la raison pour laquelle nous allons nous réunir d’ici les prochaines heures pour constater sa démission afin que nous puissions prendre les dispositions pour désigner son successeur".
Le bureau du conseil municipal de Ziguinchor va se réunir très rapidement pour choisir son nouveau maire après la démission d’Ousmane Sonko.
Selon l’Observateur, «un des adjoints au maire va remplacer Ousmane Sonko. Ceci étant, après la prochaine session ordinaire, Sonko sera officiellement remplacé au sein du Conseil municipal ». Pour ce faire, une réunion d’urgence a été convoquée afin de procéder à l’élection du nouvel édile de la ville du Sud.
«Nous allons, nous bureau municipal de la mairie de Ziguinchor, très rapidement donner suite à la démission de notre maire Ousmane Sonko, aujourd’hui Premier ministre du Sénégal. Ce n’est pas une affaire d’administration. Le Bureau municipal a bien reçu sa lettre de démission. C’est la raison pour laquelle nous allons nous réunir d’ici les prochaines heures pour constater sa démission afin que nous puissions prendre les dispositions appropriées pour désigner son successeur», informe le canard.
A noter que le gouverneur de la région de Ziguinchor a déjà reçu la notification de la démission du Premier ministre à son poste de maire.
LES CADRES DE L’APR SE RÉUNISSENT CE VENDREDI POUR DÉFINIR LA POSTURE À ADOPTER
Deux mois après leur défaite, les cadres de l’Alliance Pour la République (APR) ont décidé de se réunir pour la première fois afin de discuter de la situation politique nationale et des résultats de l’élection présidentielle.
Après la présidentielle du 24 mars 2024, le parti au pouvoir ainsi que ses alliés digèrent encore leur défaite cuisante. Deux mois après, les cadres de l’Alliance Pour la République (APR) ont décidé de se réunir pour la première fois afin de discuter de la situation politique nationale et des résultats de l’élection présidentielle. Ce, dans le but de définir leur nouvelle posture d’opposants.
A ce titre, le coordonnateur de la Convergence des Cadres Républicains (CCR), Abdoulaye Diouf Sarr a convoqué la réunion des cadres de l’APR ce vendredi 10 mai.
Selon la loi, celui placé deuxième à l’élection présidentielle est naturellement le chef de l’opposition. Cependant, l’ancien président qui a décidé de rester le président de l’APR et de BBY semble ne pas laisser la place à Amadou Ba qu’il avait choisi comme candidat aux joutes pour le succéder.
LES GRANDS CHANTIERS DE MOUSTAPHA GUIRASSY
Le ministre de l’Education nationale a décliné lundi une dizaine d’axes stratégiques sur lesquels il compte s’appuyer pour ‘’faire évoluer le système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente’’
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Mbamba Guirassy, a décliné lundi une dizaine d’axes stratégiques sur lesquels il compte s’appuyer pour ‘’faire évoluer le système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente’’.
‘’Il s’agit de faire évoluer notre système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente pour enfin former à l’horizon 2035 un citoyen bien adossé à son socle endogène de valeurs africaines et spirituelles tout en étant préparés aux défis du développement durable, des sciences et technologies, du numérique et de l’intelligence artificielle’’, a-t-il expliqué.
Le ministre rencontrait lundi, à la sphère ministérielle de Diamniadio qui abrite le siège de son département, les inspecteurs d’académie (IA) et les inspecteurs de l’éducation et de la formation (IEF).
L’objectif était de ”partager la vision du Chef de l’Etat pour la transformation systémique, qui se résume à l’édification d’une société éducative”.
Devant les inspecteurs, le ministre a listé une dizaine d’axes stratégiques, parmi lesquels figure la valorisation de la profession enseignante pour une transformation systémique de l’éducation, l’amélioration du bien-être, de l’environnement et du cadre d’apprentissage de l’élève.
Il a évoqué également la nécessité de ‘’renforcer l’équité et l’inclusion sociale et scolaire mais aussi d’accélérer et généraliser l’introduction des langues nationales dans le système éducatif.
Moustapha Mbamba Guirassy estime que ‘’favoriser l’émergence d’une société éducative passe par le développement des ‘’daaras’’ (écoles coraniques), de l’éducation religieuse et d’autres modèles alternatifs’’
‘’Il faut également développer l’humanité et la citoyenneté de l’élève par l’éducation aux valeurs, promouvoir l’enseignement de l’anglais, des sciences et technologies, du numérique et du développement durable’’, a-t-il expliqué.
L’idée de ‘’promouvoir une politique inclusive d’excellence scolaire et éducative mais surtout de procéder à la réforme curriculaire’’, figure aussi parmi ces axes stratégiques, a-t-il rappelé.
Le nouveau ministre compte ‘’développer des modes de financements innovants et l’industrie de l’éducation tout en amélioration l’efficacité et la gouvernance du ministère’’.
Au cours de la rencontre, les responsables de l’éducation au niveau déconcentré ont présenté tour à tour leur circonscription scolaire, mais également leurs préoccupations d’ordre logistique, pour les infrastructures en fonction des localités et de leur spécificité.
La rencontre, qui s’est déroulée en présence de 59 IA et IEF, a été l’occasion pour le ministre de leur remettre des équipements sportifs pour les élèves, en guise de symbole pour une relance des activités sportives dans les établissements scolaires.
PAS DE REPIT POUR LE REGIME DE DIOMAYE
Publication des rapports cour des comptes, Ofnac - Comme il l’a annoncé lors de son adresse à la nation, le 03 avril dernier, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, veut rendre public la gestion des deniers publics
Comme il l’a annoncé lors de son adresse à la nation, le 03 avril dernier, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, veut rendre public la gestion des deniers publics. C’est ainsi que les corps de contrôle juridique et financier(Cour des comptes, l’Ofnac) ont publié leurs rapports, épinglant d’anciens ministres et directeurs généraux du régime de Macky Sall. Une démarche saluée par la classe politique ainsi que la société civile qui invitent le nouveau régime à aller au bout de sa logique. Ceci, en traitant les dossiers sans contrepartie et qu’il y ait dessuivis.
Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, Lsdh, Alassane Seck, salue le principe. Pour ce fervent défenseur des droits humains, ceci permettra de prévenir les futurs chefs d’entreprise des risques de sanction sur le détournement des deniers publics. Alassane Seck exhorte le régime de Bassirou Diomaye Faye à aller au bout après la publication de ces rapports. A l’en croire, ils (Ndlr) les gens du gouvernement) ont intérêt car, dit-il, le peuple sénégalais a décidé de leur porter sa confiance sur ce qu’ils ont longtemps prôné. C’est à dire un gouvernement de rupture. «Un rapport doit être public pour que nul n’en n’ignore. C’est important que ceux qui seront promus soient prudents. Parce que demain, il y aura des rapports sur leur gestion. Comme ils (Ndlr: Ousmne Sonko et son gouvernement) l’ont dit, le nouveau régime, c’est la rupture. Donc, il y aura une nouvelle forme de gestion plus ouverte, plus transparente à l’endroit des populations. Donc, s’ils vont jusqu’au bout de leur logique, c’est à saluer. Ceci permettra d’être beaucoup plus prudent pour quelqu’un qui pense avoir une position d’impunité. Il sera sanctionné après infraction », a détaillé le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, Lsdh, Alassane Seck
ALASSANE SECK, PRÉSIDENT DE LA LSDH : « Pourquoi le régime a intérêt d’aller jusqu’au bout »
M. Alassane Seck encourage et salue cette forme de gestion. C’est-à-dire que tous les rapports, surtout de l’Ofnac, soient publiés comme par le passé. Il insiste que le nouveau régime a intérêt à aller jusqu’au bout. « Les populations ont porté leur confiance sur eux. Parce que demain, ils auront des comptes à rendre. On leur a confié le pays pour suivre leur logique. C’est pourquoi ils ont appelé les gens à la rupture. Le mot est lâché. Il faut aller jusqu’au bout pour que les Sénégalais sachent qu’il n’y a pas de justice à deux vitesses. Il ne faudrait pas qu’il y ait d’état d’âme. On doit aller jusqu’au bout quelles que soient les conséquences », a beaucoup insisté le président de la ligue sénégalaise des droits de l’homme, Lsdh, Alassane Seck.
Moundiaye Cissé ONG 3D «Le Conseil constitutionnel doit servir d’exemple aux organes de contrôle. Elles doivent garder leur autonomie»
Le secrétariat exécutif de l’ONG 3D, Moundiaye Cissé, estime que les organes de contrôle ne devraient pas attendre qu’on leur demande de publier des rapports pour le faire. Parce que, souligne-t-il, la loi leur impose la publication de ces rapports. Selon lui, ces organes de contrôle doivent montrer leur autonomie, leur indépendance, voire suivre la voie tracée parle Conseil constitutionnel qui avait rejeté le report de la présidentielle et les conclusions du dialogue de l’ancien président Macky Sall. « Ce qu’il faudrait dire, c’est plus jamais de retard dans la publication des rapports. Que cela soit l’Ofnac ou la Cour des comptes et même l’inspection générale d’État (Ige). Donc ces rapports doivent être publiés à date échue. On ne doit pas attendre. Pourquoi attendre d’ailleurs que le président de la République demande qu’on les publie. Les organes de contrôle doivent garder leur autonomie. Elles doivent montrer qu’elles sont autonomes. Le Conseil constitutionnel a montré la voie. Le problème peut être situé à une question d’hommes. C’est-à-dire des hommes qui sont à la tête des organes-là et qui doivent faire preuve d’indépendance et de liberté» a-t-il exhorté.
Pour un traitement équitable des dossiers, mettre l’accent sur les recommandations des rapports, les risques de passer à côté des questions essentielles!
Moundiaye Cissé est pour qu’il y ait dessuivis et un traitement équitable des dossiers. Dans cette affaire, il considère qu’il ne faut pas aussi confondre reddition des comptes et règlements des comptes. Mieux, dit-il, ces rapports ne doivent surtout pas retarder le pays sur des questions essentielles: la réduction du coût de la vie, la question de l’employabilité des jeunes. A l’en croire, ces rapports n’ont pas seulement une vocation répressive, ils ont aussi une vocation pédagogique, une vocation d’amélioration de la gouvernance par l’amélioration des procédures de gestion. « Maintenant, les rapports sont publiés, il faut donner une suite à ces rapports. Sinon, ça crée une frustration. Pour tous les rapports publiés, il faut donner une suite en évitant de faire un traitement sélectif. Il ne faut pas qu’on donne l’impression que c’est un rapport dont le traitement constituera à sanctionner certains et l’impunité pour d’autres. Il faudra un traitement équitable de ces rapports. C’est pourquoi leur traitement doit être vraiment équidistant. L’autre aspect, que ces rapports ne nous retardent pas non plus pour oublier l’essentiel. Aujourd’hui, la priorité des Sénégalais, c’est qu’on règle la réduction du coût de la vie, (le panier de la ménagère), la question du chômage. Et qu’on aille vers des réformes approfondies pour qu’il ne soit plus possible de détourner des deniers publics. Dans ces rapports, il n’y a pas que des sanctions. Il y a également des recommandations pour améliorer la gouvernance» conclut le secrétaire exécutif de l’ONG 3D Moundiaye Cissé.
NGOUDA FALL KANE, ANCIEN IGE ‘’Voir au niveau de la Justice qu’est-ce qui a été fait pour donner suite à certains dossiers qui lui ont été transmis’’
L’ancien de l’Inspection générale d’État, (Ige), Ngouda Fall Kane, salue la démarche de transparence de publication de ces rapports. « La publication des rapports de contrôle est une chose. Maintenant, quelles sont les procédures qui conviennent de mettre en œuvre pour les publier ? C’est une question que nous nous posons. Ce qui est important aujourd’hui à mon avis, qu’il ne faut pas oublier, c’est le traitement diligent des dossiers qui sont transmis à la justice. C’est une forte demande. Il est bon de publier, mais il est aussi bon de voir du côté de la Justice quel est le traitement de ce volet des dossiers qui ont été transmis », précise Ngouda Fall Kane. Selon qui la publication uniquement de ces rapports ne suffit pas. Comme nos deux précédents interlocuteurs, il prône qu’il y ait des suites au niveau de la justice dans le traitement des dossiers. « Si la justice transmet à bonne date les dossiers, je dis c’est une excellente chose à laquelle d’ailleurs les autorités doivent s’atteler. La publication uniquement ne suffit pas, il faudrait qu’il y ait dessuivis de ces traitements de dossiers. Voir au niveau de la Justice qu’est-ce qui a été fait pour donner suite à certains dossiers qui lui ont été transmis. Publier, c’est important. C’est une démarche de transparence, mais il faut qu’il y ait des suivis au niveau de la Justice » souligne Ngouda Fall Kane ancien de l’Ige.
LA PALESTINE ET LE SILENCE GÊNANT DES UNIVERSITÉS SÉNÉGALAISES
A l’heure où des jeunesses européennes, américaines et asiatiques agissent pour la paix en Palestine/Israel, qu’exigent les étudiants sénégalais si prompts à envahir la rue et les ondes pour diverses causes ?
Il ne faut jamais cesser de condamner l’attaque du 7 octobre et les prises d’otages de civils israéliens perpétrées par le Hamas. Mais la riposte israélienne, son ampleur, son absence totale de discernement, les crimes perpétrés par l’une des plus puissantes armées au monde sur des civils dont une majorité d’enfants, sont indignes de toute forme d’humanité.
En sept mois, plus de 30 000 Palestiniens sont tués, la bande de Gaza rasée pour ne plus y permettre une possibilité de vie. La déshumanisation d’un peuple et la volonté de son effacement doivent faire réagir tous ceux qui croient encore en l’humanité.
Le gouvernement d’extrême-droite israélien, après avoir reçu un soutien inconditionnel de ses alliés traditionnels occidentaux, voit son image compromise et son isolement moral progressivement s’installer vu l’ampleur des crimes.
Les opinions publiques dans le monde face à la riposte massive et disproportionnée ont exprimé leur vive émotion face à ce que la Cour internationale de justice a qualifié de risque plausible de génocide. Nous sommes au 21e siècle, et cette barbarie qui s’installe devant les yeux du monde impuissant est intolérable.
Les jeunesses occidentales partout lèvent la voix pour dénoncer les crimes de guerre voire contre l’humanité commis par Benjamin Netanyahou et son gouvernement composé de suprémacistes juifs, ouvertement racistes, qui ont plusieurs fois appelé au nettoyage ethnique des Palestiniens.
Les universités américaines sont au cœur d’un tourbillon, avec des étudiants acquis à la cause palestinienne, qui appellent depuis des mois au cessez-le-feu malgré l’inertie d’un gouvernement Biden dont le soutien vis-à-vis d’Israël est absolu. Surtout que si cette guerre se poursuit, c’est aussi grâce au soutien de Washington, en fonds et en armes au gouvernement israélien. Face au caractère massif des protestations, vite les accusations d’antisémitisme ont émergé pour delégitimer une parole qui n’est pas hémiplégique et qui dit que les Palestiniens existent et ne doivent pas voir leur dignité d’exister bafouée.
En France également la polémique est vive. Les étudiants de Science-Po Paris manifestent pour l’arrêt des massacres à Gaza. Plusieurs conférences sont organisées dans les locaux de la prestigieuse institution et dans de nombreuses autres universités pour dénoncer l’ampleur des crimes de Netanyahou contre les civils palestiniens. Des troubles ont même été notés rue Saint Guillaume, générant un débat médiatique public national entre deux lignes distinctes. Tantôt accusés de soutenir le Hamas, tantôt faisant l’objet d’accusations d’antisémitisme, des jeunes étudiants prennent leur responsabilité pour élever la voix face à ce qui est devenu insupportable pour toute conscience un tant soit peu juste.
Dans notre pays, nous avons une tradition historique et diplomatique, depuis ininterrompue, de soutenir la cause palestinienne. Depuis Senghor, nous avons porté à l’Onu une voix exigeante sur la crise au ProcheOrient. Je me souviens, encore ces dernières années, de la hargne et de la redoutable efficacité, toujours avec une infinie délicatesse, des ambassadeurs Paul Badji, Fodé Seck et Cheikh Niang, qui ferraillaient aux Nations unies pour une paix et une solution à deux Etats.
A côté de l’Etat, que font les universités ? A l’heure où des jeunesses européennes, américaines et asiatiques agissent pour la paix en Palestine/Israël, qu’exigent les étudiants sénégalais si prompts à envahir la rue et les ondes pour diverses causes ?
Historiquement, l’Ucad a été un haut lieu de soutien au Peuple palestinien comme il l’a été pour le combat contre l’Apartheid. Notre pays a toujours été au cœur des convulsions du monde au nom de nos valeurs de paix, de tolérance et d’humanisme. Mais ces valeurs s’effritent et, outre la médiocrité qui a gagné les espaces de pensée, s’est installé un désintérêt vis-à-vis des grands principes universalistes. Nos universités fécondent de plus en plus des étudiants et des enseignants plus soucieux de la petite querelle politicienne locale, pour laquelle ils peuvent incendier un antre du savoir ou signer d’innombrables pétitions souvent sans intérêt autre que défendre des fascistes. Ils sont aussi désormais de plus en plus, dans la défense d’idées conservatrices et rétrogrades au lieu d’être des producteurs de nouveaux imaginaires progressistes conformes au sens de l’histoire.
Je suis surpris du mutisme de certains parmi nos illustres universitaires et penseurs sur un crime de cette ampleur et de cette gravité qui touche à ce que l’humanité a de plus essentiel, eux qui se disent pourtant parangons de la vertu et des grandes valeurs, et qui au nom de ces valeurs ont perturbé notre quiétude avec leurs tribunes massivement signées pour défendre une orientation politique rance animée par des gens à la moralité républicaine plus que douteuse.
Au regard du contexte international qui voit un chantage sur l’antisémitisme effectué sur de nombreuses voix critiques sur la politique israélienne, il est possible de comprendre le silence de nos intellectuels qui enseignent dans les établissements américains et européens.
S’ils soutiennent l’Etat hébreu, ils vont subir les assauts de nos compatriotes qui les taxeraient tout de suite de suppôts de «l’occident islamophobe». Et, à l’inverse, s’ils prennent publiquement position en faveur des droits légitimes du Peuple palestinien, leur faciès, leur origine voire leur foi religieuse seront instrumentalisés pour les harceler, jeter l’opprobre sur eux et peut-être exiger leur excommunication. Et ce sera leur mort sociale dans le champ intellectuel occidental avec ses conférences, ses rencontres et autres colloques.
En revanche, au moins depuis les amphithéâtres et les campus des facultés de notre pays, où ils ne peuvent pas brandir l’argument du risque de procès d’intention et de délit de faciès, les étudiants, les universitaires, la Société civile rentière de toutes les causes devraient davantage prendre position pour le Peuple palestinien. Pour la paix, pour deux Etats côte à côte dans des frontières sûres et reconnues, au nom du Droit international mais surtout au nom de la simple humanité.
Par Amadou Lamine SALL
NON, LA BIENNALE DAK’ART N’EST PAS HOSPITALISÉE
Radioscopie oui, autopsie non ! Le Dak’Art est bien vivant. Mais il faut toujours commencer par le commencement : remercier l’État du Sénégal !Ne jamais oublier ceux qui vous ont aidé à grandir
Radioscopie oui, autopsie non ! Le Dak’Art est bien vivant ! mais il faut toujours commencer par le commencement : remercier l’État du Sénégal !Ne jamais oublier ceux qui vous ont aidé à grandir. On dit souvent : « l’État n’a pas tout fait ». Avec le Dak’Art, il a tout fait. De 1990, date de sa création jusqu’à la prochaine édition de novembre 2024, près de 34 années se sont écoulées et l’État assume toujours le budget du Dak’Art. Ce n’est pas peu.
Moche, belle, pauvre ou riche, la Biennale a tenu, parce que l’État a tenu. Elle est née d’une volonté politique partie d’un rêve et d’une initiative du poète Amadou Lamine Sall et d’intellectuels qui le rejoindront dont le surdoué Moustapha Tambadou et l’écrivain Cheikh Hamidou Kane qui deviendra le 1er Président en exercice de la 1ère édition de 1990. Il y a eu surtout l’affirmation d’un homme : feu Moustapha KA, alors ministre de la Culture du Président Abdou Diouf. Les archives sont là pour tout attester. Une correspondance adressée au Président Abdou Diouf pourinstituer une « Biennale internationale des lettres et des arts », dans son appellation première, aura un écho favorable. Une réponse signée par un certain Jean Colin, Secrétaire Général de la présidence de la République de l’époque, nous donnera le feu vert.
L’année 1990 accueillit alors l’édition des Lettres. L’an 1992 celle des Arts, avant que Amadou Lamine Sall ne passe la main comme 1er Secrétaire Général en exercice. La Biennale devient alors une « Biennale de l’art africain contemporain », contre sa volonté, sous Madame le ministre feue Coura Ba Thiam. Son successeur, le brillant Rémy Sagna, fut d’une compétence hors norme. Pas un seul Secrétaire Général de la Biennale ne doit être omis dans les félicitations. Les ministres de la Culture également, même si certains nous laissent des souvenirs bien douloureux, à vite oublier.
Le Dak’Art est un tout. C’est l’œuvre d’une formidable famille depuis sa naissance. Pour l’histoire, nous avions convaincu le très chic et couru « BeauxArts Magazine » de Paris, dont le directeur de publication était Jean-Noël Beyler, de publier sous forme de numéro spécial, le catalogue de la Biennale des arts 1992, pour plus de rayonnement international. Même souvent en décomposition très avancée, le Dak’Art gagna et étonna le monde. Sa permanence, la foi des acteurs qui l’animent, la forte demande artistique africaine, l’encrage de la place de Dakar comme foyer ardent des arts depuis Senghor, la résonnance des galeristes dakarois, l’engagement admirable des critiques d’art nationaux, le travail colossal des journalistes culturels laissés à eux-mêmes, avec le nom du brave et inépuisable Alassane Cissé à retenir. Autant de dynamiques plurielles qui nourrissent la pérennité du Dak’Art.
Il est temps, désormais, que l’État du Sénégal dont nous ne cesserons jamais de louer l’action, accepte enfin de franchirle pas et de donner à la Biennale un statut décisif qui sied à ses missions, dû-t-il garder avec elle un cordon ombilical protecteur. Cela pourrait être sous la forme d’une « Fondation internationale d’utilité publique » dénommée, entre autres, « Fondation Art Mécénat International ». Cette proposition date déjà des années 92. Mais les États sont un peu comme les continents qui se déplacent plus lentement que les hommes. L’État est lent, comme figé. Combien d’études ont été financées sur le renouveau du statut de la Biennale pour aboutir à des rapports laissés aux rats dans les tiroirs des ministres ? En un mot, il ne s’agit de rien d’autre que de créer un outil performant et gagnant, un réservoir précieux de ressources humaines qualifiées, aptes à conduire le Dak’Art, à lui offrir l’opportunité d’aller capturer des financements internationaux hors de portée d’un État, pour mieux assurer l’avenir toujours chancelant mais incroyablement debout d’une Biennale unique en Afrique et désirée du monde.
Jean Loup Pivin, critique d’art, auteur d’essais sur les expressions contemporaines africaines, également fondateur de la célèbre « Revue Noire » écrit ceci : « …la survie de la Biennale ne viendra que dans son externalisation à une structure tiers sénégalaise avec un droit de regard sur la probité de sa gestion, soit avec un État qui continue mais arrête de faire croire qu’il sait faire… le Sénégal ne capitalise pas ce formidable engouement, mais au contraire le détruit. Sa gestion étatique remet en question sa crédibilité et interdit tout autre forme de financement… Qu’un pays, le Sénégal, s’investisse dans la propagation de sa vitalité reste à célébrer. Mais qu’il en finisse avec le bricolage organisationnel ». Enfin, Pivin fait sa propre évaluation de l’édition Dak’Art 2016, allant du choix des commissaires, aux productions et expositions, au colloque international « invraisemblable de désorganisation et sans traducteurs… aux torpeurs du Village des arts, un village atone, des artistes assoupis qui vous accueillent comme des marchands maladroits d’une galerie de misère … le non-retour des œuvres quand elles arrivaient à être dédouanées et exposées… un programme inaccessible … Il semblait qu’il n’y avait pas de pilote dans l’avion ». Oui, les critiques sont nécessaires, même quand elles font mal. Hélas, nous n’en avons pas la culture !
Le Dak’Art pourrait s’autofinancer si on lui accordait l’autonomie adéquate et laisser enfin l’État sénégalais souffler. Ce n’est pas l’argent qui manque chez les bailleurs. Il fait florès. La Biennale est « vendable ». Elle est crédible, créatrice d’emplois, de visibilité et elle rayonne. Ce qui a fait jusqu’ici défaut, c’est l’engagement concret de ministres en charge de la Culture qui n’ont jamais pris solidement en main le dossier de la Biennale et le porter sur le bureau du président de la République. Encore que ce dossier de réforme puisse être traité sans que l’on soit obligé d’aller déranger le Président qui a tant à faire. Parions que Madame le ministre Khady Diène Gaye la Joalienne et son branché Secrétaire d’État M. Bacary Sarr, s’y essayeront et réussiront. Juste les laisser prendre le temps de mieux comprendre pourtrancher. Il est également temps de surseoir à la fonction de « Président » du Dak’Art, pour dégrossir. Les évaluations sont incontournables. Elles reflètent la transparence et la rigueur d’un management ! Le « Comité dit d’orientation ou comité scientifique » de la Biennale devrait pouvoir être dirigé parle Secrétaire général lui-même avec à ses côtés le Directeur artistique et ses commissaires. Il arriverait même que le Président et le Secrétaire Général se marchent sur les pieds. D’ailleurs, à la vérité, ni l’un ni l’autre n’occupe des fonctions bien définies qu’un Arrêté ministériel tiède fixe sans définition stricte les missions.
Pour parler d’un certain Simon Njami deux fois Directeur artistique du Dak’Art, disons qu’il a parrapport à tous les précédents Directeurs artistiques de la Biennale, l’éclat, l’insolence oratoire et créatrice de nous secouer, de nous contrarier, de nous étonner, de nous montrer nos insuffisances créatrices. Il est écrivain, commissaire d’exposition, essayiste et critique d’art. Il est « polysémique » ! C’est cela la marque apportée par ce Directeur artistique audacieux, énigmatique, subtilement génial et si dérangeant. C’est bien avec lui que Dak’Art a innové avec des thématiques osées, décisives ! Il est venu réveiller les éternels retardataires et poussiéreux critiques classiques de l’art africain qui se suffisent du peu. En art, cela fait du bien de venir avec l’insulte et le coup de pied dans la fourmilière. N’était-ce pas cela la posture féconde et révoltée que l’éclectique et osé artiste sénégalais El Hadji Sy comme feu Mbaye Diop, avaient eu face aux peintres de la fameuse école de Dakar, sortie de la non moins géniale vision de Senghor ? C’est dans l’audace, le refus, la révolte, que l’art se tisse. C’est un don de saisissement et de provocation. C’est un court-circuit électrique, une foudre. Dans l’histoire de l’art et de ses surprises légendaires, on se souvient de Marcel Duchamp qui avait « envoyé une pissotière à un jury américain en déclenchant une révolution esthétique. » On pense aussi dans le contexte de l’aprèsguerre à cette émergence d’un art américain, une sorte « d’expressionisme abstrait » avec des peintres comme Jakson Pollock et Barnett Newman. Le Dak’Art est devenu un boulevard de feux verts. Il faut y mettre des feux rouges. On veut des accidents esthétiques spectaculaires ! C’est cela l’éclat de l’art contemporain ! Nous sommes en train de créer ensemble une nouvelle histoire de l’art africain avec le Dak’Art. Il nous faut alors des directeurs artistiques téméraires, singuliers, poliment irrévérencieux, libres, dérangeants, explorateurs d’espaces nouveaux. Faire également appel demain à des directeurs artistiques asiatiques, américains et sud-américains, afin d’ouvrir un regard toujours neuf sur le Dak’Art pour le réinventer sous le saisissement d’autres cultures qui l’enrichiront en dialoguant avec l’Afrique « prodigieuse ».
Il faut libérer le Dak’Art ! L’art a besoin d’infinis, de « coups d’état », de génocides plastiques, de meurtres esthétiques et de ruines habitables ! Au diable l’académisme des critiques d’art ! L’imposture artistique est même devenue un nouveau courant par l’incongruité d’œuvres qui nous perturbent par le surgissement de supports quirenversent notre vision tranquille de l’art. Les « installations » en font partie ! Aux critiques d’art de s’adapter aux nouveaux rites ! Aux galeristes de donner leur place aux « voyous », aux « violeurs », aux « marginaux » d’un art qui très vite a atteint ses limites de créativité courte et d’imitation. Les embouteillages des copistes sont devenus insoutenables. Nous sommes fatigués des « photocopies ». Nous voulons de nouveaux fous. Il nous faut de nouveaux « asiles » pour l’art africain contemporain. L’avenir est dans de nouvelles autoroutes artistiques et plastiques, sans tracés et sans péage ! N’oublions pas surtout la part fondamentale que doit prendre l’enseignement de l’éducation artistique dans nos écoles, juste pour faire naître des vocations. Elle devrait être une discipline obligatoire dans l’éducation nationale comme le latin l’était au temps de Senghor !
En art, le temps ne rattrape jamais les mauvais artistes déjà consacrés. Il les renforce. Il est des œuvres qui sont de véritables mensonges artistiques, mais on les fait gagner. Oui, on fabrique des artistes comme on fabrique des smartphones ! J’ai vécu cette incroyable aventure en rencontrant des galeristes qui font et défont le marché de l’art sur la place de Paris, Londres, New-York, Tokyo, la Havane, Johannesburg, Kinshasa. La Biennale a fait du Sénégal la capitale artistique et culturelle de l’Afrique et du monde. « Ce que la politique et la diplomatie n’ont pas su faire », Dak’Art l’a fait ! Ils viennent de partout, ils sont tous là les passionnés de l’art contemporain, jusqu’aux pernicieux et fidèles pilleurs et voleurs de patrimoine aux yeux bleus. Vivement, par ailleurs, la mise en fonction du musée d’art contemporain. Soyons ambitieux. Redonnons à l’Afrique sa place dans l’histoire de l’art. Elle a plus donné qu’elle n’a reçu. Nos artistes, sans injure, décolonisent en silence notre art et ses espaces de représentations. Nous sommes assez puissants et « divins » pour reconstituer et proposer au monde un art nouveau et des musées vivants. Nos artistes le prouvent. Le Dak’Art n’est plus seulement une Biennale, un pays. Le Dak’Art est ce qu’un continent peut apporter à d’autres continents dans l’émerveillement et le métissage artistique mondial. Si nos artistes ne dialoguent pas avec les autres créations esthétiques du monde, ils mourront. Tant mieux alors si la Biennale dialogue désormais aux confins des métissages, avec de meilleurs Picasso, de meilleurs Manet, des Gauguin plus fous encore, de meilleurs Manessier, de meilleurs Vinci.
Je repensais aux deux tableaux de Picasso revendus il y a peu, à 27 millions d’euros, soit près de 17 milliards FCFA et au Vinci récemment découvert et vendu à près de 450 millions de dollars, soit près de 270 milliards de FCFA. Comment devant le vertige de tels chiffres, ne pas replacer l’art dans sa dignité et les artistes dans leurs droits au respect, au confort, à la reconnaissance ? C’est si injuste cette dignité des mendiants dont on habille nos artistes en Afrique ! Un marché de l’art africain crédible et puissamment pensé et encadré par un partenariat syndiqué des plus puissantes institutions financières et bancaires africaines avec leurs homologues du Nord, pourrait faire rêver les héritiers de Pape Ibra Tall, Ibou Diouf, Bocar Diongue, Iba Ndiaye, Souley Keïta, Ndary Lo, l’éthiopien Zérihun Yetmgeta, le Zimbabwéen Tapfuma Gutsa, le Nigérian Muaina Oyélami, l’algérien Malek Salah. Le Dak’Art doit avoir cette ambition et ne pas s’arrêter à rien d’autre qu’à des expositions in et off, des colloques, des remises de distinctions et des prix si faiblement dotés et vite oubliés ! C’est d’ailleurs ici l’occasion de rechercher et de trouver toutes les œuvres primées depuis la Biennale des arts de 1992 à nos jours, pour les exposer dans notre prochain musée d’art contemporain avec un espace dénommé : « Regard sur les trésors nominés du Dak’Art depuis sa création ».
C’est ici, à Dakar et nulle part ailleurs, que la terre se donne rendez-vous pour voir, admirer, l’art africain contemporain. Les suites et les retombées économiques sont immenses et dépassent notre attente, sans que nous essayions d’en consigner les statistiques, ce qui a toujours fait notre faiblesse non usurpée. Comment, diable, dans notre maladive manque de rigueur et de prospective, arrivons-nous d’ailleurs, avec deux sous, une organisation boiteuse et plâtrée, à toujours étonner le monde ?
Quoiqu’il arrive, la prochaine édition de novembre 2024 sera encore une belle fête, même avec une claudicante organisation. C’est notre secret à nous les grands et prodigieux nègres ! Toutefois, la réussite existe toujours. Il suffit d’en payer le prix !