SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
1 décembre 2024
Politique
LE SÉNÉGAL BIENTÔT ACTIONNAIRE DE TV5MONDE ?
Le Sénégal fait partie des sept pays africains pressentis pour entrer au capital de la chaîne publique francophone. La participation du Gabon, le Congo-Brazzaville, la RDC et du Cameroun connus pour leur répression de la liberté de la presse fait débat
(SenePlus) - TV5 Monde, la chaîne publique francophone, envisage d'ouvrir son capital à sept pays africains selon les informations de Télérama. Une démarche qui soulève de vives inquiétudes, quatre de ces pays - le Gabon, le Congo-Brazzaville, la RDC et le Cameroun - étant connus pour leur répression de la liberté de la presse.
Dans le cadre de son plan stratégique 2025-2028, le groupe audiovisuel public souhaite faire entrer sept pays africains au sein de son actionnariat selon Télérama. Parmi eux figurent la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Gabon, le Congo-Brazzaville mais aussi la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Bénin.
« Cette chaîne ne peut pas rester celle de la francophonie du Nord qui s'adresse au monde et notamment aux pays du Sud. Il faut que dans les années qui viennent – j'espère le plus rapidement possible –, on puisse ouvrir notre gouvernance et "Notre financement à des États africains. C'est essentiel, politiquement et stratégiquement", a justifié Yves Bigot, président de TV5 Monde, cité par Les Échos en janvier.
Selon Télérama, ce projet baptisé "convergences francophones" a reçu l'aval de l'Élysée, qui y verrait "une main tendue de la France dans une période où le ressentiment envers le pays n'a jamais été aussi exacerbé".
Yves Bigot a d'ores et déjà rencontré certains chefs d'État concernés, comme Denis Sassou-Nguesso, président autoproclamé depuis plus de 40 ans du Congo-Brazzaville, ou encore Félix Tshisekedi, "élu" en 2018 président de la RDC lors de 'un examen qualifié de "putsch électoral" par l'opposition.
Cette ouverture du capital soulève cependant de vives critiques. " Solliciter une junte militaire (le Gabon) et deux pays (le Cameroun et le Congo) dirigés par les mêmes hommes depuis des décennies et dont l'actualité est régulièrement émaillée d'assassinats et de détentions arbitraires de journalistes soulève des inquiétudes légitimes quant au futur de l'information sur cette chaîne publique", a déclaré Arnaud Froger de Reporters sans frontières (RSF) cité par Télérama.
Dans les rédactions de TV5 également, l'inquiétude règne. "L'ouverture à la francophonie au Sud est une évidence, mais pas avec n'importe quel État et avec un minimum de transparence", résume un journaliste anonyme à Télérama. Les rédacteurs en chef Afrique ont intégré la direction dans une note sur "les éventuelles conséquences éditoriales" et la "cohérence avec la ligne éditoriale et les valeurs déontologiques" de la chaîne.
"Cette charte est une diversion, et je ne vois pas comment elle va empêcher une dictature d'être une dictature", avance un autre journaliste anonyme à Télérama, faisant référence à un renforcement de la charte déontologique proposée par la direction.
Le calendrier de cette décision laisse également perplexe selon Télérama, avec une annonce prévue dès le 5 octobre 2024, en marge du Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts.
Rien ne semble pouvoir l'empêcher, alors que ces nouveaux actionnaires (à hauteur de 600 000 euros par pays selon Télérama) se verront offrir un accès aux programmes, des coproductions ainsi qu'une diffusion de leurs journaux télévisés nationaux.
Les partenaires historiques de TV5 comme la Belgique, la Suisse et le Canada, qui n'ont pas été consultés sur ce virage stratégique, pourraient toutefois avoir leur mot à dire lors du conseil d'administration du 30 avril qui s'annonce agité d'après Télérama.
par Cheikh Omar Diallo
LA SUPPLÉANCE DES DÉPITÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans la doctrine Macky, le statut du député se traduit depuis 2022 par la possibilité à lui offerte de reprendre son siège après la fonction ministérielle. Amadou Ba, Mariama Sarr, Diouf Sarr, etc. peuvent redevenir députés
Les ministres de Macky Sall se recyclent en députés
Dans le corpus législatif sénégalais, le suppléant remplace le député empêché à court terme et non pas de manière définitive. En clair, les ministres de Macky Sall précédemment élus députés en 2022 peuvent librement regagner leur siège après la défaite de leur candidat à la présidentielle, Amadou Ba, le 24 mars 2024.
Telle est l’économie de la suppléance prévue dans la loi organique du 4 mai 2019 qui prévoit que tout autre parlementaire nommé ministre pourra reprendre automatiquement sa place à l’hémicycle, s’il n’exerce plus de charge ministérielle.
Ainsi donc, s’ils le veulent, Amadou Ba, Mariama Sarr, Abdoulaye Diouf Sarr, Fatou Diané, Abdoulaye Seydou Sow, Daouda Dia, Me Oumar Youm entre autres peuvent redevenir députés.
Sous le bénéfice de cette affirmation, il faut rappeler que l’incompatibilité entre la fonction ministérielle et le mandat parlementaire entraînait ipso facto le remplacement définitif du député par son suppléant, qui, à son tour, conservait le siège jusqu’au terme du mandat. Avec cette incompatibilité proclamée, le système politique sénégalais consacrait ainsi un dogme intangible de rang constitutionnel.
Mais aujourd’hui, dans la doctrine Macky Sall, le statut du député se traduit depuis 2022 par la possibilité à lui offerte de reprendre son siège après la cessation de sa fonction ministérielle, conformément à l’article 54 de la Constitution du 22 janvier 2001. Ce fait juridique vient tempérer la reconnaissance du dogme « incompatibilités entre fonction gouvernementale et mandat parlementaire ».
Dans le même ordre d’idées, en cas de vacance du siège de député pour cause d'empêchement [nomination ou maladie], le suppléant désigné exercera pleinement la fonction de député pendant la durée de l'empêchement. En clair, on ne peut suppléer un titulaire que s’il y a incompatibilité entre le poste de député et la fonction occupée. Le suppléant pourra alors siéger mais quand le titulaire cessera ses fonctions précédentes, le suppléant lui cèdera la place.
En octroyant un titre révocable et précaire au suppléant, l’intention du prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye était de reconnaître et de consacrer la primauté élective du député élu, devenu ministre.
Possiblement des anciens ministres regagneront leur fauteuil à la place Soweto. Ministre aujourd’hui député demain ; ministre hier, député aujourd’hui.
C’est alors que le suppléant cessera d’être député suppléant ; tandis que le député suppléé redeviendra député de plein droit.
Faux suppléant : « vrai garde-place »
Passons rapidement sur la « tragédie sociale, familiale et personnelle » qu’est la déchéance politique du « simple suppléant » pour nous arrêter sur le principe de la séparation stricte des pouvoirs qui s’en trouvera fortement atténué. Ce qui incidemment consacrera, le caractère temporaire de la suppléance et par la même occasion, accentuera l’idée de suppléant « garde-place ».
Pour rappel, au lendemain de l’indépendance du Sénégal, la compatibilité entre la fonction ministérielle et le mandat parlementaire était une pratique constitutionnelle acceptée. En permettant ainsi aux parlementaires de devenir ministres, sans cesser de siéger l’Assemblée nationale, les Mamadou Dia, Valdiodio Ndiaye, Alioune Badara Mbengue, Karim Gaye, Emile Badiane et Demba Diop, entre autres ont cumulativement été des ministres-parlementaires. Une coutume législative inspirée des IIIe et IVe république en France.
Cela dit, c’est l’avènement de la Ve république voulue par le Général Charles de Gaulle qui fixe, pour la première fois, le régime des incompatibilités et des inéligibilités des députés prévu dans la Constitution du 4 octobre 1958. Par héritage constitutionnel, depuis plus de cinquante ans, le législateur sénégalais l’avait inséré dans le corpus juridico-politique.
Au passage, il faut noter qu’au Royaume-Uni, le Premier ministre et ses ministres sont tous membres du parlement (chambre des communes). De ce fait, l’élu britannique n’a pas de suppléant. En cas de décès, démission ou destitution, il est procédé à une élection partielle appelée by-election. Une pratique toujours en cours.
Docteur Cheikh Omar Diallo est enseignant-chercheur en Sciences Juridiques et Politiques, fondateur l’Ecole d’Art oratoire et de leadership.
L’APPEL DE DIOMAYE À L’UNION EUROPÉENNE
Aux côtés du Premier ministre, Sonko, et de son directeur de Cabinet Mary Teuw Niane, le Président Diomaye a livré, ce lundi, le contenu de ses pourparlers avec le Président du Conseil européen.
Aux côtés du Premier ministre, Sonko, et de son directeur de Cabinet Mary Teuw Niane, le Président Diomaye a livré, ce lundi, le contenu de ses pourparlers avec le Président du Conseil européen. Dans une déclaration conjointe, les deux hommes ont mis l’accent sur les perspectives de la coopération entre le Sénégal et l’Union européenne.
«Nous voulons bâtir un partenariat repensé, rénové et fécondé par une vision partagée d’un ordre international plus juste et reflétant les réalités du monde actuel», a exposé Diomaye au sujet de la «dynamique novatrice» que son régime entend «imprimer» aux relations avec les bailleurs de fonds.
Sur ce, il dira avoir évoqué avec son hôte de «la réduction graduelle du déficit budgétaire» comme priorité sur lequel les amis et partenaires du Sénégal sont invités à accompagner son gouvernement. «Elle passera par l’amélioration de la qualité des dépenses publiques, une fiscalité plus efficace pour une meilleure mobilisation des ressources intérieures. Un mécanisme de paiement de impôts là où se créée les richesses et une lutte contre les flux financiers illicite», s’est engagé le chef de l’Etat.
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
LA SYMBOLIQUE DE LA RUPTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Laisser la présidence régenter la foi, les corps de contrôle et le Bureau d’intelligence et de prospective économique, n’est-ce pas une manière de renforcer le présidentialisme avec des ramifications insoupçonnés d’un État mal nourri ?
Déconstruire - Reconstruire deux mamelles qu’il est difficile de séparer dans le contexte politique du Sénégal et deux armes redoutables pour la renaissance. Il s’agit là de l’enjeu pour satisfaire la demande sociale d’un peuple meurtri par la gouvernance la plus tortueuse de notre histoire.
Contrairement aux autres élections empreintes de “dégagisme”, celles de 2024 portent la marque du vote affectif et réactif contre un système de prédation et d'accaparement. Traduisant la radicalité autour de l’anti-système que la jeunesse a bien ingérée par son engagement sans faille. Le discours sur l’anti-système aura été le dividende de la victoire. Ce dividende a un prix pour une rupture systémique à la hauteur des attentes des masses. Ce choix « d’anti… » implique la dé-construction du modèle néo-colonial qui prévalait. Un nouvel imaginaire socio-politique décomplexé est à reconstruire par les nouvelles autorités pour mieux coller aux aspirations des populations en vue d’un progrès social véritable. Nous avons là une opportunité pour Déconstruire - Reconstruire le modèle qui a conduit à la faillite de notre gouvernance.
Diomaye et Sonko désormais au pouvoir, tous leurs actes sont scrutés sur la matérialité de leur posture médiatique anti-système et les ruptures. Ils doivent faire face aux adversités de l’ancien régime, de l’impérialisme des institutions de Bretton Wood et des lobbies multidimensionnels qui gangrènent notre société.
Tous les symboles du désenchantement politique se cristallisent pour nourrir un espoir de rupture systémique. Le projet qui est un mythe fondateur de nouvelles espérances justifie une sédimentation des signes de rupture annoncée.
Le choix d'un gouvernement au profil technocratique et politique avec 25 ministres au lieu de 10 est-il un vrai signe de rupture ? La rupture fondamentale réside plus dans le contenu des politiques publiques et non dans la cosmétique des modèles et principes technocratiques.
Le dernier communiqué du Conseil des ministres qui accorde une large place aux directives du président de la République reprend le même format « présidentialiste » et soulève beaucoup d’interrogations. L’essentiel du communiqué porte sur les instructions présidentielles dont le point fort reste la publication des rapports des corps de contrôle. Le déplacement dans les foyers religieux est interprété comme de la courtoisie sociale mais ne doit pas se traduire par des promesses comme le faisait l'ancien système. Il prend la forme d’une continuité et non d’une rupture pour la poursuite de modernisation des foyers religieux en termes d’infrastructures de base (voirie, eau, assainissement, électricité).
Les signes d’une timide hyperprésidence se manifestent par la création d’une « direction des Affaires religieuse » au sein de la présidence, composée du bureau des Affaires religieuses et de celui de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabes. Le ministère de l’Intérieur, le ministère du Travail et de l’emploi et le ministère de l’Éducation nationale ne sont-ils pas les structures les plus habilitées pour ces taches ?
Laisser la présidence régenter la foi, les corps de contrôle et le Bureau d’intelligence et de prospective économique, n’est-ce pas une manière de renforcer le présidentialisme avec des ramifications insoupçonnés d’un État mal nourri ?
Qui trop embrasse mal étreint ! La rupture symbolique doit pénétrer tous les segments de notre corpus social et justifier une mobilisation sociale volontaire autour de l’enterrement des vieilleries de l’état néo-colonial. Il est urgent de se tourner vers la renaissance africaine si chère à Cheikh Anta Diop.
par El Hadji Mamadou Tounkara
LE SÉNÉGAL ET LA SORTIE DU FRANC CFA : EUPHORIE OU SURRÉALISME
Les problématiques de notre tissu économique ne résident pas sur la souveraineté monétaire mais sur l’économie réelle : la diversification industrielle, la restructuration du secteur informel et la revalorisation du secteur primaire
El Hadji Mamadou Tounkara |
Publication 22/04/2024
Le débat sur le franc CFA et la sortie éventuelle du Sénégal font le tour des bancs publics et catalysé par l’accession du nouveau régime souverainiste.
Force est de reconnaître que le Sénégal comme la plupart des pays de l'Afrique de l’Ouest ont des économies relativement diversifiées. Autrement dit, il s'agit des pays importateurs de produits finis majoritairement constitués des biens de consommation finale et intermédiaire.
Or des études empiriques ont montré que dans les économies très faiblement diversifiées ou mono-exportatrices, la dépréciation du taux de change a un impact limité sur l'ajustement du solde courant par les quantités.
En effet, les gains de compétitivité apportés par la dépréciation ne permettent pas de stimuler les volumes d'exportations, qui sont presque exclusivement composés de matières premières, dont les prix sont fixés en devises sur les marchés internationaux.
De plus, la substitution de produits domestiques aux importations est limitée par le manque de développement de certains secteurs hors matières premières. L'augmentation des prix d'importation provoquée par la dépréciation du taux de change entraîne une hausse de l'inflation et une contraction de la demande intérieure. En particulier, la production des secteurs qui ont besoin de biens intermédiaires importés, est affectée par la hausse des prix d'importation. Par conséquent, pour un pays producteur de matières premières très peu diversifié ou mono-exportateur, un régime de change fixe – si l'ancrage de la devise domestique est crédible présente l'avantage de permettre une plus grande stabilité dans le temps du pouvoir d'achat à l'importation.
Toutefois, la pérennité d'un régime de change fixe n'est possible que si la banque centrale conserve des réserves de change suffisantes pour faire face à d'éventuelles pressions à la dépréciation. Ces réserves doivent être accumulées en haut de cycle, lorsque les prix des matières premières sont élevés et que le pays accumule des excédents courants. Si les réserves sont insuffisantes pour maintenir l'ancrage face à des pressions à la dépréciation, les autorités recourent dans certains cas à des contrôles de capitaux plus ou moins stricts pour rationner l’offre de devises.
En cas d'épuisement des réserves, les autorités seront contraintes de dévaluer la monnaie, voire d'assouplir le régime de change, comme l'ont fait un certain nombre de pays ces dernières années.
De plus, le Sénégal sera bientôt exportateur de gaz et de pétrole, la stabilité monétaire sera un enjeu crucial dans la capitalisation des retombées économiques et financières.
Certes l’arrimage avec l’Euro peut réduire l’efficacité et le rendement des politiques de diversification industrielle car du fait de l'ancrage à l’Euro, le franc CFA est considéré comme une monnaie forte va entraver la compétitivité des pays membres voire les inciter à l’importation des produits étrangers via le commerce bilatéral avec les pays de l’Europe au détriment du commerce Sud-Sud et avec les pays émergents.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la sortie de la zone franc n’aurait pas d’impact significatif dans le court ni dans le moyen terme car les défis de l'économie réel plombent l’effet du gain de l’instrument de change sur la compétitivité et l’efficacité des politiques de change.
Il faudrait donc travailler et mettre l’accent sur la diversification industrielle et la substitution des importations en mettant en œuvre une politique économique basée sur la production et consommation locale jusqu'à atteindre un seuil cible d’autonomie de diversification industrielle.
Le modèle de la Chine basé sur un régime à taux de change affaibli est un paradigme digne d’un pays exportateur. En effet, le régime de change flexible est plus avantageux aux pays ayant un panier d’exportation riche et diversifié et non aux pays “importateurs” comme le Sénégal et qui n’ont pas atteint la diversification industrielle. Comme le disait J.B SAY “la monnaie ne peut être désirée pour elle-même, car elle n'est qu'un voile, de l'huile dans le rouage des échanges économiques”.
Bien que ce sujet de souveraineté monétaire soit une promesse électorale ; les lois et fondamentaux économiques ne nous permettent pas de tirer les épingles du jeu.
Les vrais problématiques de notre tissu économique ne résident pas sur la souveraineté monétaire mais plutôt sur l’économie réelle : la diversification industrielle, la restructuration du secteur informel (productif et improductif) et enfin la revalorisation du secteur primaire.
El Hadji Mamadou Tounkara est spécialiste en stratégie internationale économique et financière, Expert en lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du Terrorisme – diplômé de l’Institut Supérieur d’Economie et de Management de l’Université de Nice.
Sources :
Rapport du ministère français de l’économie et des finances (2017) « Quel impact de la politique de change pour les pays exportateurs de matières premières »
Augier, P., O. Cadot and M. Dovis (2009) « Imports and TFP at the Firm Level »
Auty, R. (2000), «How Natural Resources Affect Economic Development »
Cabellero, R. J., and K. Cowan (2006) «Financial integration without the volatility»
LA JEUNESSE EN PHASE DE RÉAPPROPRIATION DE L’ESPACE POLITIQUE SÉNÉGALAIS
La scène politique a littéralement changé de configuration depuis bientôt dix ans avec l’avènement d’un nouveau discours politique trempé dans les idéaux souverainistes qui fondent les aspirations des populations actuelles
Ngor Dieng et El Hadji Farba Diop |
Publication 22/04/2024
La conquête du pouvoir telle qu’elle soit, où qu’elle s’opère, est impulsée par le dynamisme de la jeunesse, surtout lorsque celle-ci est idéologiquement formée. Au Sénégal, la majeure partie des acquis sur le plan démocratique et socio-économique ont été obtenus au prix de sacrifices, d'engagements, de détermination et de luttes acharnées. La scène politique sénégalaise a littéralement changé de configuration depuis bientôt dix ans avec l’avènement d’un nouveau discours politique trempé dans les idéaux souverainistes qui fondent les aspirations des populations actuelles. Les masses populaires, s’exprimant un peu partout en Afrique, apprivoisent aujourd'hui, les contours ou les possibilités de rebâtir un système de gouvernance socio-politique juste et égalitaire pour « sortir de la grande nuit », d'après l’idée partagée par Achille Mbembe dans un ouvrage éponyme.
Cet espoir qui anime les populations africaines en général et particulièrement celles sénégalaises, semble susciter une certaine sensibilité et parfois des mouvements de révolte lisibles dans le discours des citoyens, surtout auprès de la jeunesse, accusée à tort de « génération zélée ». Quand on analyse les réactions révolutionnaires de cette nouvelle génération de jeunes africains, plusieurs éléments peuvent aider à comprendre leur posture dans le contexte actuel de l’évolution de nos sociétés. En effet, l’Afrique a subi pendant des siècles une série de domination multiforme, qui a servi à réduire la dignité de l’homme noir au néant, à chosifier le noir, à l’humilier, à l’exploiter jusqu’à la dernière goutte de sueur, à le réduire à l’esclavage, à le vider de sa substance culturelle et à le tuer moralement et physiquement dans son propre milieu de vie.
Cette histoire douloureuse que l’on veut faire oublier par la magie du pardon et de la réconciliation a laissé des séquelles dans la conscience des africains, qui accusent les envahisseurs occidentaux au demeurant, de crime contre l’humanité et d’avoir été, en partie, les auteurs de leur retard de développement. À la suite du désastre causé par la succession des périodes d’occupation et de domination occidentales, la forme de création de nos États post-indépendants n’a pas permis d'assurer une gouvernance socio-politique efficace face aux défis de l’époque et aux urgences de développement. Le mimétisme politique exercé par les élites africaines à la tête de leurs pays depuis les indépendances, a conduit à un échec consommé qui a plongé les populations dans une chute abrupte vers les versants du sous-développement. Les facteurs bloquants émanent d'un contraste socio-économique parfois soumis au diktat des puissances étrangères et des institutions financières internationales (Banque mondiale, FMI) et d’une opacité dans le modèle de gestion des affaires publiques. Pourtant, de fortes ambitions ont porté les actions de changement et ont fait apparaître « les Soleil des indépendances » (A. Kourouma, 1968) dans un contexte où les défis structurels étaient orientés vers la construction d’États démocratiques forts, d’une réadaptation d’un système socio-politique en phase avec nos réalités intrinsèques, et l'adoption d'un système de gouvernance prenant en compte d’une part, de nouveaux paradigmes économiques basés sur l’industrialisation, conjuguée à une meilleure exploitation des ressources et d’autre part, de proposer sur le plan géostratégique, un modèle de diplomatie décomplexée.
Les décennies ayant suivi le « retrait » de la puissance coloniale aux affaires, sont marquées par un désenchantement total, caractérisé par des conflits internes (crises politiques, guerres tribales, rebellions…), un système gabégique, des pouvoirs dictatoriaux, des censures médiatiques, des économies dépendantes, une pauvreté endémique sans oublier un retard technologique inquiétant. Ces tares ont ponctué la trajectoire de la majorité des États africains post-indépendants avant d'être plongés dans un écosystème de mondialisation où les intérêts économiques fécondent les types de relations entre pays et entités politico-économiques. Dans ce jeu des acteurs à l'échelon mondial, l'Afrique semble subir le poids des décisions souvent arbitraires, malgré qu'elle soit désignée par les puissances mondialistes comme « l'avenir du monde » mais un avenir, semble-t-il, sans les Africains. Comment un continent de plus de 30 millions de km² avec une population de plus d'un milliard d’habitants, majoritairement jeune, des ressources minières, forestières et hydrauliques en abondance, peut-il se soumettre à un système d’aide au développement depuis les indépendances alors qu’il est le grenier du monde ?
Axelle Kabou, dans les années 1990 a posé l’hypothèse suivante : Et si l'Afrique refusait le développement ? Elle soutient dans ces propos que : « les Africains restent largement persuadés que leur destin doit être pris en charge par des étrangers", que "les prétentions civilisatrices de l'Occident ne s'arrêtent pas avec les indépendances. » Cette idée défendue par l’auteur de « Comment l'Afrique en est arrivée là ? » publié en 2014, fait allusion à un aveux d’impuissance et un complexe d’infériorité face à l’hégémonie occidentale et à leur invasion culturelle, subtilement implémentée à travers divers faisceaux de communication, de stratégie d’actions et de discours. Ce fut le procédé d’influence à grande échelle adopté par l’occident et qui a servi à attiser une posture de méfiance et de révolte du côté de la jeunesse africaine. Qu’en est-il de l’écosystème socio-politique sénégalais et de ses mutations ?
Les mouvements ou phénomènes sociaux marquent l’irruption de masse d’associations de jeunesse dans l’espace public sénégalais. Ces phénomènes, différents dans leur nature tout comme dans leurs modes d’action et leurs finalités, prennent place cependant dans un horizon commun : ils s’inscrivent dans une dynamique d’affirmation générationnelle et d’émergence d’une conscience citoyenne. Cette volonté, de la part de la jeunesse, d’une prise en main de son destin par elle-même, est le moteur de ces expériences diverses qui ont tout sens de l’initiative, de leur capacité créatrice, et de leur habileté à se constituer en rempart et en une force de conscientisation, de résistance et de combat. Ces mouvements se dressent incontestablement comme révélateur d'une nouvelle perception citoyenne et militante, et comme catalyseur dont la célérité de leurs actions à eu une portée salvatrice majeure lors des soubresauts politiques qui ont émoussés les deux alternances démocratiques qu’a connues le Sénégal.
Cette forme de percée citoyenne, souvent ponctuelle voire conjoncturelle, a été portée par différentes générations qui se sont révélées sur des séquences historiques selon les contextes de l’époque. Il s’agit des mouvements militants dont la vitalité trouve sa source dans un état d’esprit de patriotisme, de rupture et la démarche des organisations politiques. Cette éclosion citoyenne et militante marque le surgissement d’une jeunesse en souffrance, révulsée par l’image de dégradation de l’écosystème socio-politique et économique, parasité par le fléau de la mal gouvernance. Déjà en 2012, le mouvement « Y’en a marre » s’est révélé comme un des fers de lance de l’insurrection démocratique qui a conduit à la deuxième alternance de l’histoire politique du Sénégal. Selon le penseur Vigneron, ce sont ces « mouvements contestataires urbains en Afrique de l’Ouest qui se sont développés sur le terreau de l’aggravation de la pauvreté infra urbaine et de la déstructuration des solidarités traditionnelles ». Mais ce qui singularise par-dessus tout l’action du groupe « Y’en a marre », et qui avait fait de lui le centre de gravité des forces vives à une époque charnière, c’est que la mobilisation est portée par un groupe de rappeurs qui, à travers leur talent musical, communique une énergie de résistance ayant gagné la masse populaire par le truchement de ce que le philosophe Nietzsche, appelle la contagion des affects. Le génie militant de “Y’en a marre” ne se résume pas seulement à convaincre à travers un discours revendicatif mais les acteurs avaient séduit également par une rhétorique qui illustre parfaitement un nouveau type de sénégalais (NTS) pour mettre en évidence la responsabilité citoyenne des sénégalais, souvent versés dans le confort et leur laxisme légendaire.
Lors du parachèvement de la seconde alternance, réussi sous la coupole d’une initiative d’ensemble portée par la jeunesse en quête d'un rayonnement démocratique au Sénégal, les rêves de voir un nouveau modèle de management étatique se sont effondrés avec un régime qui s’est annoncé dans la rupture mais a fini dans la continuité des mêmes us et coutumes d’un système de gouvernance étriqué. Les compétitions politiques se sont transposées dans un environnement bouillonnant où le scénario observé émanait d’une volonté affirmée de réduire l’opposition à sa plus simple expression, de cloisonner une partie de la société civile et de briser les soupapes qui garantissent l’équilibre démocratique. Cette réalité socio-politique tangible a été le germe d’une nouvelle appropriation des questions politiques par une jeunesse consciente, mieux avertie grâce aux outils redoutables du numérique.
Comme la nature a horreur du vide et face à la répétition des tares liées à la gouvernance du régime du président Sall, le champ politique a vu la naissance du parti politique Pastef (2014), dont le leadership est incarné par un nouveau modèle d’acteur politique, brandissant un discours souverainiste voire révolutionnaire qui épouse la fibre patriotique d’une large masse juvénile, vraisemblablement trempée dans les idéaux progressistes et panafricains. C’est ce prototype de nouveau type de citoyen qui s’identifie au projet politico-social et à « l’idéal partefien », que le très sulfureux journaliste Cheikh Yerim Seck, appelle dans son fameux livre à polémiques, “d’homo pastefensis” ; terme caricatural perçu comme un jugement de valeur. D’autres jeunes leaders politiques et d’activistes ont gagné la sympathie de la jeunesse car étant porteurs également d’un discours en phase avec leurs ressenties dont la réplique semble se généraliser dans les pays voisins en proie à l’impérialisme français voire occidental. Est-ce la prémisse d’une rupture définitive ou d’une réinvention sociale et politique ?
La troisième alternance démocratique survenue au Sénégal en mars 2024 et ayant porté le tandem révolutionnaire Sonko-Diomaye à la magistrature suprême, la volonté affichée de la nouvelle équipe dirigeante de procéder à une « rupture systémique » par rapport au mode de gouvernance des affaires publiques, mais aussi dans nos rapports avec nos voisins et les grandes puissances étrangères, l’influence que peut avoir le nouveau régime dans le reste de l’Afrique nous diront plus, dans les années à venir, sur l’avenir des pays d’Afrique en général, les pays francophones d’Afrique en particulier.
Nous devons choisir entre l'afro-libéralisme et le socialisme panafricain. Nous encourageons le président à oeuvrer en faveur d'une rupture avec l’impérialisme, d’une redistribution équitable de la richesse et de l’intégration africaine
Citoyen.ne.s africain.e. s, camarades de lutte pour la libération et l'unité de notre continent,
Aujourd'hui, nous nous rassemblons autour d'un appel crucial, un appel au panafricanisme de gauche. Au fil des décennies, l'écho de notre histoire résonne, portant le cri de notre peuple pour la libération nationale et l’unité africaine. Dans cette quête, le panafricanisme se dresse comme notre boussole, une idéologie ancrée dans la vision d'une Afrique émancipée et unie.
Nous sommes à la croisée des chemins, confrontés à un choix déterminant : suivre la voie du libéralisme ou embrasser le socialisme panafricain. C'est un débat entre les intérêts des marchés et ceux des peuples, entre l'individualisme et la solidarité, entre les camps néocolonial et souverainiste, entre les bourgeoisies néocoloniales et les classes laborieuses.
Le panafricanisme est bien plus qu'une simple idéologie ; c'est aussi une vision de libération. Les mots immortels de Kwame Nkrumah, "Africa must unite", résonnent en nous, nous appelant à l'action pour notre libération et notre unité.
Dans cette quête, nous devons choisir entre l'afro-libéralisme, qui favorise une intégration économique souvent au détriment de notre souveraineté et de l’épanouissement de notre peuple, et le socialisme panafricain, qui place les besoins concrets de nos peuples au centre de notre action, inspiré par des figures telles que Thomas Sankara, Mamadou Dia, Julius Nyerere, Amilcar Cabral et Cheikh Anta Diop.
Thomas Sankara, défenseur infatigable des droits des femmes, des jeunes et de l'écologie, nous rappelle l'importance de placer le peuple au cœur de notre développement.
Mamadou Dia, quant à lui, incarne la pratique du socialisme africain, avec sa conviction en une Afrique unie, émancipée et autosuffisante. À titre illustratif, sa circulaire du 21 mai 1962 dégageait sa doctrine socialiste à travers le modèle des coopératives. Selon lui, la réussite du modèle coopératif dépend des modalités que l’on assigne aux choix socialistes. Il précise dans ladite circulaire que le mouvement coopératif ne doit pas être limité à la seule cellule de base et que l’évolution vers un système de solidarités sous-régional et régional est primordiale [1]. Mamadou Dia a réitéré cette vision africaine lors du colloque de Dakar du 8 décembre 1962 sur les politiques de développement et les diverses voies africaines du socialisme. Il en a profité pour montrer l’importance du rejet des structures coloniales [2]. Des liens peuvent être établis entre ce discours et le déclenchement de la cabale politique qui a conduit à son arrestation et à son emprisonnement quelques jours après.
Julius Nyerere, avec son concept d'Ujamaa, nous montre la voie vers l'égalité et l'autosuffisance à travers des initiatives telles que les coopératives agricoles. Ujamaa, signifiant "économie coopérative", nous enseigne que les populations locales peuvent coopérer les unes avec les autres pour subvenir aux besoins essentiels de la vie et pour construire et entretenir nos propres entreprises, et en tirer profit ensemble. Cette vision a été déclinée en détails lors de la déclaration d’Arusha le 5 février 1967. Nyerere exposait les pièges de l’économie de marché, de l’accumulation du capital ainsi que des programmes des institutions internationales néolibérales [3]. Nous pouvons donc tout naturellement qualifier ces politiques d’éléments constitutifs du panafricanisme de droite.
Amilcar Cabral, par son organisation méthodique des zones rurales, montre l’importance de la dimension scientifique pour atteindre les objectifs du socialisme. Son modèle était articulé autour des tabancas (communautés villageoises) qui géraient les activités éducatives, sanitaires et agricoles [4]. Pour se passer de la monnaie coloniale, les tabancas faisaient du troc pour développer l’économie solidaire.
Nous entendons également l'appel de Cheikh Anta Diop, nous mettant en garde contre les illusions de l'intégration économique sans une organisation politique solide. Il nous exhorte à embrasser un fédéralisme africain, rétablissant les liens entre nos peuples pour garantir notre survie collective. Pour Cheikh, les histoires locales doivent être décloisonnées afin de mettre en avant l’unité du continent. Selon lui, la vanité d’être Wolof, Bambara, Toucouleur, etc. [...] doit faire place à la fierté d’être africain [5], surtout que ces cloisons n’existent que par ethnicisme. Soixante ans après nos indépendances politiques des années 60, le fait d’être sénégalais, malien, guinéen, kényan, etc. est une réalité qui n’est qu’un point de départ du lien entre libération nationale et unité africaine. Unis dans notre diversité, nous forgerons un avenir meilleur pour les générations à venir loin des xénophobes au nationalisme stérile qui instrumentalisent la « question identitaire » à des fins purement politiciennes et électoralistes.
Ainsi, nous nous engageons dans cette quête pour l'unité africaine, guidés par les voix inspirantes de Nkrumah, Sankara, Nyerere, Mamadou Dia, Cabral et Cheikh Anta Diop. Le panafricanisme de gauche est notre chemin vers un avenir de liberté et d'union.
Dans notre quête d'un panafricanisme de gauche authentique, il est impératif de reconnaître et d'embrasser le rôle essentiel des femmes dans la construction d'une société égalitaire et juste. L'inclusion des femmes et la promotion de l'égalité des sexes sont des piliers fondamentaux de cette vision. Pour réaliser pleinement les aspirations de notre peuple, il est crucial de remettre en question et de transformer les structures patriarcales qui persistent dans nos sociétés. Cela passe par une réforme profonde du Code de la famille, garantissant aux femmes des droits égaux et une autonomie réelle. En plaçant les droits des femmes au cœur de notre action, nous affirmons notre engagement envers une transformation sociale véritablement progressiste et inclusive. En effet, une véritable révolution panafricaine de gauche ne peut être réalisée que si elle intègre totalement les luttes pour l'émancipation des femmes, faisant ainsi avancer non seulement l'unité africaine, mais aussi la justice sociale dans toute sa diversité.
Nous nous réjouissons de constater que le président nouvellement élu du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, se réclame du panafricanisme de gauche et que son programme de gouvernance compte s'articuler autour de cet idéal. Nous encourageons vivement le président Faye et son gouvernement à mettre en œuvre des politiques en faveur d'une rupture avec les différentes ramifications de l’impérialisme, d’une redistribution équitable de la richesse et de l’intégration africaine. De même, nous saluons l'initiative de ce nouveau régime d'avoir créé un ministère dédié à l'intégration africaine. Cette démarche témoigne d'une volonté affirmée de renforcer les liens entre les nations africaines et de promouvoir une coopération mutuellement bénéfique. Nous espérons que les actions de ce gouvernement contribueront à contrer les discours xénophobes et anti-panafricanistes qui commencent à émerger, même s'ils demeurent marginaux.
En travaillant ensemble dans un esprit de solidarité et de collaboration, nous sommes convaincus que nous pouvons surmonter les défis qui se dressent sur notre chemin vers une Afrique libre, unie et progressiste.
Pour une Afrique libre, pour une Afrique unie, pour une Afrique de gauche !
Références bibliographiques
[1] Mamadou Dia, 21 mai 1962. Instruction circulaire numéro 032.
[2] Laurent Correau, 26 janvier 2009. Mamadou Dia, l’homme de refus. RFI.
[3] Amzat Boukari-Yabara, 20 avril 2018. Walter Rodney: un historien engagé, 1942-1980. Présence Africaine.
[4] Roland Colin, 2012. La pensée et la pratique sociale et politique d’Amilcar Cabral sur les chemins de l’histoire. Présence Africaine.
[5] Cheikh Anta Diop, 1990. Alerte sous les tropiques: articles 1946-1960: culture et développement en Afrique noire. Présence Africaine.
Signataires (par ordre alphabétique)
Ali Ali, militant anticapitaliste et écologique.
Khady Badiane, étudiante et révolutionnaire
Abdoulaye Djiby Barry, étudiant en histoire à l’UCAD
Amadou Woury Barry, étudiant en histoire contemporaine à l’Université de Tours
Florian Bobin, Chercheur en histoire.
Hugues-Alexandre Taliane Castanou, Ingénieur génie civil, chercheur indépendant et Militant de gauche
Bathie Samba Diagne, historien-scénariste
Mamadou Diao Diallo, Journaliste d'investigation.
Ousmane Tanor Dieng, politiste et juriste en droit public des affaires, militant de Gauche
Dame Diop, étudiant en histoire des relations internationales et stratégiques à l’UCAD
Saliou Diop, Doctorant UCAD
Serigne Modou Dia Diop, Militant de Gauche
Sëriñ Mama Fall, Maître Ès Philosophie, Militant Panafricain
Fallou Gueye, chercheur et linguiste en France
Marieme Soda Gueye, ingénieur en systèmes d’information (data scientist), militante féministe et patriote
Mouhammadou Moustapha Gueye, économiste chercheur
Serigne Modou Bousso GUEYE, juriste, spécialiste du droit privé
Souleymane Gueye, Ingénieur Projets Numériques
Usman Noreyni Gueye, communicant et militant anticapitaliste
Mamadou Lamine Bara Kane, communicant, spécialiste de la communication des entreprises et des organisations.
Serge Koue, Informaticien
Abdallah Mbaye, reporter citoyen et étudiant en science politique au Canada
Omar Ndiaye, juriste en droit international privé et diplomatie
Abdou Aziz Ndao, Étudiant en littérature africaine et post coloniale à l’UCAD et militant anticapitaliste.
Maimouna Ba Niang, étudiante en science politique et en relations internationales
Khalifa Ab. Pouye, concepteur de formations, militant pour un Renouveau démocratique
Abdoulaye Seck, économiste chercheur à l’Université du Québec et à l’Université Queens.
Amidou Sidibé, agent de développement, membre de la Ligue Panafricaine Umoja au Sénégal
Ndeye D. Tall, féministe, étudiante en sociologie
Moussa Thiaw, Spécialiste du Secteur Public, militant de la gauche
LA DÉLICATE ÉQUATION DE LA RENÉGOCIATION DES CONTRATS PÉTROLIERS
La remise en cause annoncée des contrats pétroliers par Diomaye Faye fait grincer des dents les compagnies étrangères. Ces dernières braquent les projecteurs sur les risques d'un possible bras de fer pour l'investissement futur dans le pays
(SenePlus) - Le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars dernier, entend bien marquer son mandat dès le départ. Parmi ses premières annonces, il a promis "un audit du secteur minier, gazier et pétrolier" ainsi que la renégociation des contrats d'hydrocarbures jugés "très défavorables" au pays par son mentor Ousmane Sonko, nommé Premier ministre. Une option qualifiée de "risquée" par de nombreux experts cités par Le Monde.
Le Sénégal, classé parmi les 25 pays les moins développés au monde, mise gros sur ses récentes découvertes gazières et pétrolières pour opérer un décollage économique. Selon Petrosen, la société pétrolière publique sénégalaise, les revenus combinés des deux principaux gisements devraient atteindre en moyenne 700 milliards de francs CFA (1,06 milliard d'euros) par an sur 30 ans.
Mais pour le nouveau pouvoir, les contrats signés par l'ex-président Macky Sall avec les compagnies pétrolières sont loin d'être avantageux pour le pays. "Certains intellectuels complexés font croire qu'il est impossible de les renégocier", dénonçait Ousmane Sonko pendant la campagne, cité par l'AFP.
Du côté des compagnies, on prône la "sacralité des contrats". "Les meilleurs résultats sont avec les Etats qui travaillent en partenariat avec l'industrie, respectent la sacralité des contrats et créent une certitude en matière d'investissement", plaide Christine Forster, porte-parole du groupe australien Woodside Energy exploitant le champ pétrolier de Sangomar.
L'ex-président Macky Sall met lui aussi en garde contre une renégociation. "Franchement penser qu'on peut changer les contrats déjà signés avec les compagnies n'est pas possible. Ce serait désastreux pour le Sénégal", assurait-il mi-mars à Bloomberg. Selon l'ancien pouvoir, l'Etat percevrait jusqu'à 60% des revenus de l'exploitation à venir.
Pour Ibrahima Bachir Dramé, ancien responsable de Petrosen, "il n'existe pas de manière explicite des clauses qui prévoient des renégociations dans les contrats pétroliers". Quant au gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim, développé avec la Mauritanie, "il faut inéluctablement prendre en compte la partie mauritanienne", rappelle-t-il à l'AFP.
La renégociation semble plus aisée pour des projets en phase de développement comme le gisement gazier de Yakaar-Teranga, sans "gros investissements" déjà engagés selon M. Dramé.
A l'inverse, l'économiste Papa Demba Thiam assure que "la plupart des contrats miniers ou d'hydrocarbures sont renégociés" à travers le monde, citant 40 à 92% des contrats renégociés en 1 à 8 ans en Amérique latine et Caraïbes. "On brandit l'épouvantail des risques...C'est une forme de chantage politique et moral sur les pays sous-développés", dénonce-t-il auprès de l'AFP.
Au Sénégal, la Constitution affirme que "les ressources naturelles appartiennent au peuple". Avec le Covid et la guerre en Ukraine, "toutes les conditions sont réunies pour justifier une renégociation", plaide M. Thiam. Mais une source du FMI rassure : les autorités "veulent s'assurer que les contrats sont conformes aux codes. On ne prend pas ça comme une chasse aux sorcières".
Si renégociation il y a, M. Dramé insiste sur la nécessité de la "bien préparer" pour éviter les lourdes amendes, les compagnies pouvant saisir "les tribunaux internationaux" en cas de litige.
FIN DE PRIVILÈGES : LES EX-MINISTRES APPELÉS À RENDRE VOITURES ET LOGEMENTS DE FONCTION
Les ex-ministres sont priés de restituer leurs véhicules de fonction aujourd’hui et de quitter les logements de fonction dans 2 mois.
Après les passations de service, le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko passent à la vitesse supérieure. Selon L’OBS, la Présidence de la République a adressé un courrier à tous les anciens ministres de l’ex-Président Macky Sall pour la restitution de toutes les voitures de fonction de l’Etat qu’ils détiennent. La correspondance leur a été remise vendredi dernier. Le délai de rigueur court jusqu’à ce lundi 22 avril 2024.
Passé ce délai, renseigne le journal, l’Etat usera des moyens légaux pour récupérer les véhicules. Déjà, plusieurs anciens ministres sont en train de faire le nécessaire pour garer demain les véhicules au lieu indiqué avant de bénéficier d’un quitus. Des sources proches de la Présidence confient que le Secrétariat de la Présidence détient la liste de toutes les personnes bénéficiaires de véhicules de l’Etat (le nombre, la marque et l’année de livraison).
Une manière de mettre en garde ceux qui tenteraient de ne restituer qu’une voiture au lieu de deux ou trois. Les mêmes interlocuteurs renseignent que des voitures de l’Etat remises à des personnes qui ne font pas partie de l’ancien Gouvernement seront aussi reprises.
L’Etat a également ordonné aux anciens ministres de libérer les logements de fonction qu’ils occupent dans un délai de deux (2) mois, à compter de la date de réception de la lettre. Une mesure qui entre dans la gestion du patrimoine bâti de l’Etat.
FIN DE PRIVILÈGES : LES EX-MINISTRES APPELÉS À RENDRE VOITURES ET LOGEMENTS DE FONCTION
Les ex-ministres sont priés de restituer leurs véhicules de fonction aujourd’hui et de quitter les logements de fonction dans 2 mois.
Après les passations de service, le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko passent à la vitesse supérieure. Selon L’OBS, la Présidence de la République a adressé un courrier à tous les anciens ministres de l’ex-Président Macky Sall pour la restitution de toutes les voitures de fonction de l’Etat qu’ils détiennent. La correspondance leur a été remise vendredi dernier. Le délai de rigueur court jusqu’à ce lundi 22 avril 2024.
Passé ce délai, renseigne le journal, l’Etat usera des moyens légaux pour récupérer les véhicules. Déjà, plusieurs anciens ministres sont en train de faire le nécessaire pour garer demain les véhicules au lieu indiqué avant de bénéficier d’un quitus. Des sources proches de la Présidence confient que le Secrétariat de la Présidence détient la liste de toutes les personnes bénéficiaires de véhicules de l’Etat (le nombre, la marque et l’année de livraison).
Une manière de mettre en garde ceux qui tenteraient de ne restituer qu’une voiture au lieu de deux ou trois. Les mêmes interlocuteurs renseignent que des voitures de l’Etat remises à des personnes qui ne font pas partie de l’ancien Gouvernement seront aussi reprises.
L’Etat a également ordonné aux anciens ministres de libérer les logements de fonction qu’ils occupent dans un délai de deux (2) mois, à compter de la date de réception de la lettre. Une mesure qui entre dans la gestion du patrimoine bâti de l’Etat.