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22 avril 2025
Politique
LE FOCAC, UN CADRE INNOVANT DE COOPERATION SUD-SUD
Le Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) devant s’ouvrir mercredi dans la capitale chinoise constitue un cadre innovant de coopération sud-sud, a souligné le chef de l’Etat sénégalais lors d’une interview diffusée lundi
Dakar, 2 sept (APS) – Le Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC) devant s’ouvrir mercredi dans la capitale chinoise constitue un cadre innovant de coopération sud-sud, a souligné le chef de l’Etat sénégalais lors d’une interview diffusée lundi sur la chaine de télévision publique sénégalaise, la RTS.
‘’Le FOCAC (prévu du 4 au 6 septembre) représente un cadre innovant de coopération Sud-Sud qui a déjà fait ses preuves’’, a-t-il déclaré dans l’entretien accordé à la chaîne de télévision d’information internationale en continu chinoise, CGTN.
Le président Bassirou Diomaye Faye arrivé dimanche en Chine pour une visite d’Etat de deux jours et une participation au FOCAC que le Sénégal co-préside.
”Le FOCAC est plateforme d’échanges fructueux et de partenariat dynamique pour répondre aux défis sino-africains. Il a depuis sa création en 2000 permis de consolider les relations entre nos deux régions ‘’, a-t-il dit, ajoutant que le FOCAC favorise également la mise en place de mécanismes concrets pour promouvoir le développement économique et social
‘’Le FOCAC, en ce sens, permet l’adoption d’initiatives et de plans d’actions, de mobiliser des ressources pour financer des projets structurants en Afrique en s’inspirant du modèle chinois’’, a fait savoir le président sénégalais.
Il n’a pas manqué d’insister sur l’importance de promouvoir un ‘’multilatéralisme’’ et une ‘’gouvernance mondiale inclusive’’, assurant en même temps que le forum permet de renforcer les voix de l’Afrique et de la Chine sur la scène internationale, en ce qu’il prône ‘’l’égalité, la confiance mutuelle, la coopération gagnant-gagnant, la solidarité et l’assistance mutuelle’’.
Le président de la République a également rappelé les diverses initiatives économiques de la Chine en Afrique, notamment la construction d’infrastructures et la mise en œuvre d’initiatives de développement par la Chine sur le continent.
‘’En tant que co-président et hôte de la 8e conférence ministérielle du FOCAC, en 2023, le Sénégal est témoin des importantes réalisations de ce partenariat, en particulier, dans les domaines des infrastructures avec l’initiative +Ceinture et route+’’, un projet stratégique chinois conçu en 2013 et visant à relier économiquement la Chine à ses partenaires, a reconnu le chef de l’État.
‘’Certes les défis restent immenses, mais le suivi des initiatives et programmés lancés par le président Xi Jinping montre l’engagement du leader chinois au côté de l’Afrique qui augure d’un partenariat plus fort et plus élevé’’, a ajouté le président Faye.
La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Sénégal, premier pays d’Afrique de l’Ouest à rejoindre l’initiative Ceinture et Route.
BBY GAGNE UNE BATAILLE… EN ATTENDANT
Le rejet du projet de loi par la majorité parlementaire de BBY s’inscrit dans la droite ligne d’une guerre ouverte entre l’Exécutif et le Législatif. Diomaye Faye est donc attendu pour apporter la riposte et siffler la fin de la récréation
Benno Bokk Yakaar a gagné hier une bataille importante dans la guerre qui l’oppose actuellement à l’Exécutif. Le rejet du projet de loi par la majorité parlementaire de BBY au Parlement s’inscrit dans la droite ligne d’une guerre d’abord feutrée puis devenue ouverte entre l’Exécutif et le Législatif. Le président Bassirou Diomaye Faye est donc attendu pour apporter la riposte et siffler la fin de la récréation !
Hier, les intervenants du camp de BBY ont expliqué leur choix du rejet de la proposition de loi visant la dissolution du HCCT et du CESE par le fait qu’ils sont victimes d’un manque de considération de l’Exécutif notamment du Premier ministre. Ousmane Sonko avait exigé que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale soit mis aux normes avant le 15 juillet, faute de quoi, il avait menacé de boycotter l’hémicycle et de faire sa DPG devant un jury populaire composé notamment, avait-il dit, « d’éminents universitaires, d’intellectuels, de membres de la société civile, de dignitaires religieux, d’élèves et d’étudiants ». Et surtout, surtout devant les citoyens ordinaires ou Sénégalais lambda. Une telle déclaration perçue par les députés de Benno Bokk Yaakar comme un manque de considération notoire du Premier ministre à l’endroit des élus du peuple. La riposte n’avait pas tardé puisque la majorité parlementaire avait poussé le bureau de l’Assemblée nationale à décider de boycotter le débat d’orientation budgétaire du samedi 25 juin. Cette décision a été prise lors de la réunion du bureau de l’Assemblée nationale qui devait clôturersa session unique 2023-2024. Le Bureau de l’Assemblée nationale “a décidé souverainement de sursoir aujourd’hui au débat d’orientation budgétaire (DOB). C’est pourquoi, vous avez vu tout à l’heure, le ministre des Finances et son équipe se sont retirés”, avait déclaré le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar, Abdou Mbow, ajoutant que la conférence des présidents a été informée de cette décision. Le bureau de l’Assemblée nationale qui se veut “conséquent” avait refusé de recevoir le ministre des Finances dans la mesure où le chef du gouvernement, en l’occurrence Ousmane Sonko, “avait refusé de se présenter devant la représentation nationale pour faire sa déclaration de politique générale”. Le président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yakaar (BBY) avait notamment déploré l’attitude du Premier ministre qui, selon lui, “avait (…) réduit l’Assemblée nationale à sa plus simple expression”.
La riposte de Diomaye Faye…
Seulement voilà, si BBY a gagné hier une importante bataille, ses députés n’ont hélas pas remporté la guerre contre l’Exécutif. Ils ne détiennent que l’arme parlementaire qui, aussi puissante fut-elle, ne saurait peser face à la puissance de feu détenue par le président de la République. C’est pourquoi même si, au sein de BBY, on est conscient que la riposte sera foudroyante, on estime que l’essentiel était de « sauver » une dignité parlementaire écornée. Désormais la balle du « cooki » (de la bataille) final est entre les mains du président Bassirou Diomaye Faye qui a déjà annoncé la couleur en demandant un avis au Conseil Constitutionnel. Les 7 Sages ont tracé la voie au président de la République en lui indiquant clairement qu’à partir du 12 septembre, rien ne peut empêcher qu’il puisse prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale qui aura fini de boucler deux années d’existence. Il lui suffira juste d’en informer le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale. La messe sera dite. La guerre entre l’Exécutif et le Législatif sera close par une reddition de ce dernier face à un adversaire trop puissant pour elle.
L’ASSEMBLÉE DIT NIET À DIOMAYE
Les débats précédant le rejet du projet de suppression du HCCT et du CESE ont mis en lumière des divergences profondes sur des questions sensibles telles que la gestion des fonds politiques et l'approche de l'État envers l'homosexualité
L’Assemblée nationale a rejeté hier, lundi 2 septembre, le projet de réforme constitutionnelle portant suppression du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Soumis au vote après de débats largement dominés par la question de la suppression des fonds politiques, de la déclaration de politique générale et la pénalisation de l’homosexualité, le texte a obtenu 83 voix contre et 80 pour, 02 voix ont été nulles.
L’Assemblée nationale refuse d’entériner la suppression du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Réunis en session plénière en vue de l’examen du projet de loi constitutionnelle portant suppression de ces deux institutions, les députés ont rejeté par 83 voix contre, 80 pour et 02 voix nulles, ce texte défendu par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Soumis au vote, après plusieurs tours d’horloge de débats portant sur plusieurs questions dont la suppression des fonds communs, des fonds politiques logés à la présidence de la République et à la Primature, mais sur la criminalisation de l’homosexualité, ce texte n’a pas donc obtenu la majorité des 90 voix requis. Lors des débats qui ont précédé ce vote historique, les députés de la majorité parlementaire Benno bokk yakaar ont évoqué plusieurs griefs pour justifier leur position. Ils ont notamment déploré la manière dont l’Assemblée nationale a été saisie par l’exécutif.
En effet, selon certains d’entre eux, l’Assemblée nationale, y compris son président, a appris cette réforme sur les réseaux sociaux au même moment que les Sénégalais, à travers le communiqué de la présidence de la République en date du 26 août dernier. Une démarche qui, selon eux, « tranche tant dans sa forme que dans son contenu, ainsi que ses motivations profondes avec l’élégance républicaine et l’impératif du respect mutuel entre les institutions ». Loin de s’en tenir là, ils ont également fait remarquer que la présentation de ce texte devait être précédée par la tenue de la déclaration de politique générale du Premier ministre. Mieux, ils ont souligné que, compte tenu du fait que cette réforme relève d’une promesse de campagne électorale, le Chef de l’État aurait dû y inclure la suppression des fonds communs, des fonds politiques logés à la présidence de la République et à la Primature, mais aussi la criminalisation de l’homosexualité qui étaient également des promesses de campagne électorale.
« La soumission de ce texte atteste de la légalité et la légitimité de cette législature à recevoir la Dpg du PM. Au lieu de s’acquitter de cet exercice républicain, l’exécutif nous sert ce projet de loi fallacieux sur la suppression de ces deux institutions que la majorité va rejeter en toute responsabilité. » a martelé Ibrahima Baba Sall. « L’exécutif ne devrait pas seulement viser la suppression de ces deux institutions mais les fonds politiques que le Premier ministre, Ousmane Sonko, qualifiait de haram (illicite) quand il était dans l’opposition. Ensuite, on a vu Ousmane Sonko dérouler le tapis rouge à Jean Luc Mélenchon, fervent défenseur de la cause Lgbt alors que Pastef a toujours accusé à tort le président Macky Sall de vouloir légitimer l’homosexualité. », a renchéri son collègue Karim Séne. Abondant dans le même sens, Nicolas Ndiaye par ailleurs Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld) a fait remarquer que « Pastef et son régime cherchent tout simplement, à travers ce texte, à mettre notre coalition en mal avec le peuple en disant qu’ils voudraient réduire les dépenses publiques mais que c’est nous qui ne voulons puisque » car « ils savent très bien qu’ils n’auront pas la majorité ». Poursuivant son propos, il a invité ses collègues à refuser de céder à ce chantage en votant contre ce texte. Pour sa part, Abdoulaye Wilane a accusé les nouvelles autorités d’être dans la manipulation et la ruse. « En démocratie, le pouvoir implique la responsabilité mais depuis qu’ils sont à la tête de la République, ceux qui nous dirigent sont dans la manipulation et la ruse. En tant que député socialiste, j’invite tous mes collègues à suivre la commission des lois en rejetant ce texte ». « Réviser la Constitution est un acte plus grave que la déclaration de politique générale », a indiqué Seydou Diouf de BBY avant de faire remarquer que l’existence du Hcct et du Cese n’a pas empêché le gouvernement sous Macky Sall de construire des hôpitaux, des universités. « Je l’ai dit et je le répète, je suis contre le populisme. Combien de lycées, d’écoles et d’autres infrastructures ont été construites par le budget de la République du Sénégal ? », a-t-il martelé. Prenant la parole en dernier, Abdou Mbow a annoncé qu’il va dès demain (ndlr-aujourd’hui), avec son groupe parlementaire déposer une motion de censure pour faire tomber le Premier ministre afin de provoquer l’ouverture d’une deuxième session extraordinaire.
De leur côté, estimant qu’ils avaient pris l’engagement lors de la campagne électorale des législatives de 2022 de supprimer ces deux « institutions budgétivores socialement rejetées et politiquement inutiles», les députés issus de l’inter coalition Yewwi askan wi-Wallu Sénégal ont fait bloc commun autour de ce texte. Car, selon eux, ces deux institutions n’ont jamais produit un avis sur lequel le Chef de l’Etat s’est appuyé pour engager une réforme majeure en vue d’améliorer les conditions socio-économiques des populations. « Nous sommes très à l’aise sur ce texte portant sur la suppression de ces deux institutions qui figurait sur notre programme de campagne », a indiqué Bara Guèye avant de lancer à l’endroit de ses collègues de la majorité parlementaire. « Vous n’avez pas le droit de refuser au président Diomaye ce que les enfants du président Wade n’avaient pas refusé au président Macky Sall en 2012 ». Prenant la parole un peu avant, Lamine Thiam, président du groupe parlementaire Wallu a indiqué que son groupe parlementaire votera ce projet pour rester cohérent avec sa position. « Le débat de ce soir est éminemment politique et non économique puisque ces institutions ont été créées par un régime qui a été balayé par le peuple », dira-t-il. « Une coalition qui a passé tout son mandat à emprisonner ses opposants n’a pas le droit de parler d’élégance. Si le président Diomaye voulait faire de la politique politicienne, il allait signer un décret mettant fin aux mandats du président Abdoulaye Daouda Diallo au Cese et Aminata Mbengue Ndiaye à la tête du Hcct puisqu’ils ont été nommés par décret à la tête de ces institutions », renchérit son collègue chef de file du groupe Yewwi Askan wi, Ayib Daffé.
Auparavant, c’est Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly qui a été le premier à ouvrir les hostilités en faisant remarquer à ses collègues de Benno : « Sachez que vos jours sont comptés. D’ailleurs, j’en profite pour demander à Monsieur le ministre de la Justice de dire au chef de l’Etat de procéder à la dissolution de l’Assemblée nationale le 12 septembre et de mettre tous ces gens en prison pour leur implication dans tout ce qui s’est passé, ces dernières années au Sénégal ». Abondant dans le même sens, Sanou Ndione de la plateforme Taxawu Sénégal a invité leurs collègues de Benno à ne pas ramer contre la volonté du peuple sénégalais qui s’est largement prononcé pour la suppression de ces deux institutions en votant pour le président Diomaye. « Ce sont les Sénégalais qui ont choisi le président de la République pour définir et exécuter la politique de la Nation à travers son gouvernement et non l’Assemblée nationale dont la mission est de voter les lois et contrôler l’action du gouvernement. Nous devons voter ce texte et laisser les Sénégalais apprécier à l’heure du bilan. Soyez grands. 12 ans durant, vous avez fait tout ce que vous voulez et personne n’a rien dit. Il ne faut pas que l’Assemblée nationale commette une deuxième erreur après le refus du débat d’orientation budgétaire ».
Prenant la parole, Pape Djibril Fall tout en annonçant qu’il va voter pour cette suppression, a prôné la stabilisation des institutions républicaines. « Il est temps de stabiliser définitivement nos institutions. Le président Diomaye ne doit pas supprimer pour supprimer », a-t-il fait remarquer tout en invitant ses collègues de Yewwi à dire la vérité aux Sénégalais et au président de la République parce que ce n’est pas avec le budget qui sera économisé de la suppression de ces institutions qu’on pourra régler les problèmes des Sénégalais.
Par Fadel DIA
MULTIPLE PHOTOS
QUAND LES VAINCUS ÉCRIRONT L’HISTOIRE
La commémoration de Thiaroye 44 doit être l’occasion d’une prise de parole pour bien signifier que « le temps de nous-mêmes » est arrivé, celui de nous réapproprier notre passé colonial, sans en occulter les zones d’ombre
«L’Histoire est écrite par les vainqueurs », aurait dit Winston Churchill, et quand le vainqueur a le monopole de ses sources, le risque est énorme qu’elle ne soit pas écrite par les faits. Les hommes et les femmes de ma génération avaient appris à l’école coloniale plus de choses sur le passé de ce qu’on appelait alors la Métropole que sur celui de leur propre pays et ce qu’ils savaient de celui-ci n’avait rien de glorieux.
Samory Touré était un bandit des grands chemins, El hadj Omar un fanatique et l’empreinte de cet enseignement était si prégnante que bien après notre indépendance, il y avait des Sénégalais pour encenser Faidherbe, l’affubler affectueusement du patronyme Ndiaye ou s’offusquer qu’Iba Der Thiam ait décidé de débaptiser le lycée qui portait son nom. Je ne crois pas pourtant qu’il y ait un « Lycée Bismarck » en France et la Place Waterloo est, à ma connaissance, sise au quartier Saint James à Londres et non au cœur des Champs Elysées à Paris.
C’est pour ces raisons que la décision des autorités sénégalaises de rendre hommage aux victimes de Thiaroye, sans solliciter l’aval, le soutien ou l’appui logistique de l’ancienne métropole, marque un tournant dans nos relations. La dernière fois qu’une cérémonie s’était tenue sur les mêmes lieux et à ce niveau de représentation c’était il y a dix ans, et comme c’était la règle, le représentant de la France était commis aux discours et aux grandes annonces, tandis que le rôle de la partie sénégalaise s’était limité à « potemkiniser » le site pour qu’il ne donne pas l’impression d’inaugurer un champ de pommes de terre. Nous avons toujours été les spectateurs de notre histoire coloniale, c’est l’ancien colonisateur qui donnait le ton, fixait le calendrier, proclamait les vérités, choisissait les héros et distribuait les hommages. Nous l’avons vu « cristalliser » les pensions qu’elle devait aux soldats africains qui avaient combattu dans ses armées, puis décider de les dégeler, avec une pointe de mesquinerie, sans jamais lui demander quel usage elle avait fait des retenues opérées sur les salaires et les primes des mutins de Thiaroye. Elle décerne à une poignée de Tirailleurs le titre glorieux de « mort pour la France », sans se donner la peine de nous dire pour qui étaient morts les dizaines de milliers de nos compatriotes qui gisent, dans des sépultures souvent anonymes, sur son sol ou en Syrie, en Lybie ou dans les Dardanelles. Elle vient seulement de décider d’accorder à ceux d’entre eux qui avaient servi sous son drapeau et qui sont encore en vie, tous plus qu’octogénaires, ce qu’elle présente comme un suprême privilège : ils pourront finir leurs jours près de leurs familles, alors qu’ils étaient jusque-là contraints de séjourner sur son territoire une partie de l’année, dans la solitude et l’ennui, sous peine de perdre le bénéfice de leurs pensions. C’est elle qui décide à quel évènement de notre histoire commune peuvent prendre part nos dirigeants et quelle y sera leur place. Ils ont été exclus de la commémoration du débarquement en Normandie et sont surreprésentés à celle, presque confidentielle, du débarquement en Provence. Si l’argument est que les soldats originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb étaient absents en Normandie alors qu’ils constituaient plus de la moitié des forces françaises débarquées en Provence, qu’on nous explique la présence à Omaha Beach de tous ces chefs d’Etat, rois et reines de pays européens qui n’avaient pas non plus participé au débarquement du 6 juin1944 et celle de l’Allemagne, invitée de marque à la cérémonie, alors qu’elle était de l’autre bord puisque l’ennemi c’était elle !
Cet impérialisme du troisième type n’est évidemment pas une marque française, il est dans la nature de toutes les anciennes puissances coloniales européennes. C’est sur la base de critères et de dates arrêtés par leurs soins qu’elles soldent leur passé colonial, en décidant de se contenter de « reconnaitre » les crimes et les horreurs qu’elles ont commis (François Hollande, en 2012, pour les « souffrances » subies par le peuple algérien ), ou de se résoudre à les « regretter » ( le roi des Belges, en 2022, pour « le rôle » de son pays dans la colonisation du Congo ), ou de concéder des « excuses » en bonne et due forme (le gouvernement des Pays-Bas, en 2018, pour leur « siècle d’or » de colonisation et d’esclavage, ou le Premier ministre belge, en 2022, pour l’assassinat de Lumumba etc.) On aura remarqué que ce sont encore elles qui, une fois déterminé le degré de leur compassion, choisissent l’autorité à laquelle incombe cette insupportable mission : le gouvernement (par une simple et anonyme déclaration), le Parlement, un ministre ou le chef du gouvernement, ou plus rarement, le président ou le roi. Il est en revanche totalement exclu de se prêter à une humiliante repentance, tout comme il est exclu - (à une exception près : l’Allemagne pour le génocide des Hereros) - de promettre des réparations…
Ce qui s’est passé à Thiaroye, il y a 80 ans, n’est pas qu’une banale insurrection de soldats floués, c’est l’acte fondateur de toutes les révoltes qui devaient nous conduire à nous libérer du joug colonial. Sa célébration par ses victimes doit être l’occasion d’une prise de parole pour bien signifier que « le temps de nous-mêmes » est arrivé, celui de nous réapproprier notre passé colonial, sans en occulter les zones d’ombre. On notera au passage que c’est déjà perceptible dans la sémantique : Il y a dix ans François Hollande parlait de « répression sanglante » alors que le communiqué du gouvernement sénégalais évoque un « massacre », ce qui implique un grand nombre de victimes dans l’impossibilité de se défendre.
Cette célébration ne peut pas, ne doit pas, être une commémoration à l’échelle d’un seul Etat, mais en communion avec tous les pays d’où étaient issus les Tirailleurs, qui étaient loin d’être majoritairement Sénégalais et dont même, disait-on, « la langue officielle » était le bambara !
On nous annonce la présence d’Emmanuel Macron ? Chiche ! Mais seulement s’il a la courtoisie d’attendre qu’on l’y invite, au lieu de forcer notre porte comme le font tous les présidents français chaque fois qu’ils sont élus. S’il ne cherche pas à faire de la com et à dénaturer la cérémonie en tirant la couverture sur lui. S’il a du nouveau à apporter, qui soit grand, désintéressé et généreux. S’il est prêt, éventuellement, à y côtoyer les chefs des juntes qui gouvernent le Mali ou le Burkina, sans distribuer des leçons, en spectateur repentant et respectueux des autres, et non plus en maître des cérémonies…
Mais qu’il soit présent ou non la cérémonie nous laisserait sur notre faim si elle n’était pas l’occasion d’affirmer, solennellement, notre volonté de ne plus laisser aux anciens colonisateurs le monopole de nous apprendre notre passé partagé en recourant à des experts et à des commissions dont ils déterminent les objectifs et dont les travaux sont soumis à leur seule appréciation. Ce serait une belle occasion d’affirmer que nous mettrons désormais en place nos propres instances d’investigation, avec le concours de spécialistes reconnus du monde entier, mais surtout avec nos propres experts, et pas seulement des historiens, qui s’appuieraient sur le vécu de nos populations et sur les archives qu’ils devront bien nous ouvrir ou nous restituer.
Alors l’histoire sera aussi écrite par les vaincus…
MACKY SALL APPELLE À UNE RÉINVENTION DE BENNO BOKK YAKAAR
Dans une lettre adressée à ses alliés, l'ex-président reconnaît la nécessité de dépasser la formule actuelle de Benno pour s'adapter aux réalités politiques changeantes. Il appelle à une réinvention de l'alliance, tout en exprimant sa gratitude pour les s
Dans une lettre marquée par "la lucidité et un diagnostic sans complaisance", l’ex-président de la République du Sénégal et leader de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY), Macky Sall, a répondu aux interrogations croissantes sur l’avenir de cette alliance politique. Après plus de 12 ans de succès électoraux et de contributions significatives au développement socio-économique du pays, BBY se trouve à un carrefour, nécessitant une réflexion approfondie sur sa pertinence dans le contexte politique actuel.
Macky Sall, dans son adresse à ses alliés, semble adhérer à la nécessité de « changer de fusil d’épaule » pour mieux affronter les défis contemporains. Reconnaissant l’importance de ce moment crucial, il appelle à dépasser la formule actuelle de BBY et à envisager de nouvelles stratégies pour s’adapter aux réalités changeantes. « Même si tous ne sont pas de cet avis, nous devons penser et accepter que nous devons aller au-delà de BBY et nous projeter maintenant dans le temps nouveau de l’action politique », a-t-il déclaré, répondant aux appels au réexamen de la coalition.
Cette prise de position intervient alors que la récente alternance politique a déclenché des débats internes au sein de BBY, certains membres exprimant le besoin urgent de réorganisation pour rester pertinent et efficace. Macky Sall a souligné que, bien que BBY ait été un symbole de fraternité et d’amitié, il est désormais temps de créer un cadre plus approprié, capable de répondre aux exigences politiques actuelles.
Dans son message, Macky Sall a également exprimé sa profonde gratitude envers tous ceux qui ont contribué au succès de BBY au fil des ans. Il a particulièrement salué les efforts des leaders, militants, femmes, jeunes, membres de la diaspora, et toutes les forces vives qui ont œuvré pour faire de BBY une coalition prospère. Une mention spéciale a été faite à Moustapha Niasse, pour son rôle déterminant dans la direction des instances de la coalition.
Alors que le Sénégal entre dans une nouvelle ère politique, l’ancien président invite BBY à se réinventer et à s’adapter aux nouvelles réalités. Cette réflexion collective sur l’avenir de la coalition est jugée essentielle pour maintenir son rôle central dans le paysage politique sénégalais. Le leadership de BBY est désormais confronté au défi de définir une nouvelle stratégie, afin de continuer à jouer un rôle clé, tout en respectant et honorant l’héritage de ses réussites passées.
LE HCCT ET LE CESE MAINTENUS
Les députés ont rejeté le projet de loi visant à supprimer les deux institutions, par 83 voix contre 80. Cette décision maintient le statu quo institutionnel, malgré les appels à la rationalisation du nouveau pouvoir
Le projet de loi visant à réviser la Constitution pour supprimer le Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a été rejeté par les députés. Ce rejet, initialement acté par la commission des lois, a été confirmé lors de la séance plénière avec un vote final de 83 voix pour le rejet contre 80 voix contre.
Cette décision signifie que le HCCT et le CESE, deux institutions du paysage institutionnel sénégalais, continueront d’exister pour le moment. Le débat sur leur suppression avait suscité des discussions intenses au sein de l’Assemblée, la proposition étant perçue par certains comme un moyen de rationaliser les institutions et de réduire les coûts, tandis que d’autres y voyaient un risque pour la représentation des collectivités locales et des divers secteurs socio-économiques.
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ABDOU MBOW VEUT FAIRE TOMBER LE GOUVERNEMENT
Le député de l'opposition promet de déposer dès demain une motion de censure contre le gouvernement accusé d'être "empêtré dans des scandales". Il pointe également le "refus" du Premier ministre de présenter sa déclaration de politique générale
Le député Abdou Mbow a fait une annonce retentissante ce lundi 2 septembre 2024, déclarant qu’une motion de censure sera déposée dès demain contre le gouvernement en place. Cette initiative vise à provoquer une chute du gouvernement et à remettre en question la gestion actuelle du pays.
Abdou Mbow, figure de l’opposition, a précisé que cette motion de censure est une réponse au refus du premier ministre de venir faire sa déclaration de politique générale. Selon lui, la situation actuelle ne permet plus de faire confiance à l’équipe en place, d’où la nécessité de ce geste fort.
« Je voudrai insister sur la violation de la constitution par le premier ministre qui n’a pas voulu faire sa déclaration de politique générale, qui n’a pas voulu que les institutions que nous incarnons soient respecter. Un gouvernement qui est aujourd’hui dans des scandales. Après tout ce constat dès demain à la première heure avec mon groupe, je vais déposer une motion de censure pour faire tomber le gouvernement » déclare-t-il
La motion de censure, qui sera déposée demain, devra être soutenue par une majorité des députés pour que le gouvernement soit effectivement renversé. Abdou Mbow a toutefois exprimé sa confiance en la capacité de l’opposition à rallier suffisamment de parlementaires pour faire aboutir cette démarche.
GUY MARIUS SAGNA ACCUSE AMADOU MAME DIOP DE GESTION OPACQUE DES FONDS DE L’ASSEMBLÉE
Le député a critiqué le président de l'Assemblée pour son application sélective du règlement intérieur, notamment en ce qui concerne le non respect des obligations financières en vigueur.
Le député Guy Marius Sagna s’en est pris, ce lundi, au président de l’Assemblée nationale suite au rappel de ce dernier concernant le Règlement intérieur de l’hémicycle, qui a conduit à l’évacuation des Sénégalais venus assister à la plénière.
Le parlementaire a tenu à rappeler au président son refus de respecter le règlement intérieur en ce qui concerne la présentation du bilan annuel des fonds de l’institution.
« Est-ce aujourd’hui que tu maîtrises les articles du règlement intérieur de l’Assemblée ? Est-ce aujourd’hui que tu te rends compte que l’Assemblée a un règlement intérieur à appliquer? C’est vrai que tout perturbateur de la séance doit être évacué. Mais cela fait deux ans que, toi Amadou Mame DIOP, tu gères l’argent de l’Assemblée sans fournir aux députés un bilan annuel comme l’exige le règlement. Aucun des députés que nous sommes ne sait où est passé l’argent de l’Assemblée », a fustigé le député.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL APPELÉ À LA TRANSPARENCE
La République des Valeurs réclame la divulgation de l'avis crucial sur la dissolution de l'Assemblée. Selon Thierno Alassane Sall, l'accès exclusif à ces informations par le pouvoir en place viole le principe constitutionnel d'égalité entre partis
(SenePlus) - Le parti La République des Valeurs "Réewum Ngor" a adressé ce lundi 2 septembre 2024, une lettre au Conseil constitutionnel, demandant la publication d'une récente décision concernant la possible dissolution de l'Assemblée nationale. Cette démarche intervient suite aux déclarations d'Ousseynou Ly, porte-parole de la présidence, qui a révélé que le président de la République avait saisi et obtenu l'avis du Conseil constitutionnel sur cette question cruciale.
Pour Thierno Alassane Sall, président du parti, le fait que seuls le président de la République, son Premier ministre, ainsi que d'autres acteurs politiques liés au parti Pastef détiennent les réponses à ces questions "constitue une rupture fondamentale de l'égalité entre les partis politiques, consacrée par la Constitution."
Le député à l'Assemblée nationale estime qu'"au-delà des partis politiques, les citoyens, au nom de qui l'ensemble des institutions prennent leurs décisions, doivent connaître l'interprétation exacte des dispositions en vigueur de la Constitution."
La lettre adressée au Conseil constitutionnel met en avant plusieurs arguments juridiques. Elle rappelle notamment la décision n°60/E/2024 du 5 mars 2024, dans laquelle les Sages ont précisé qu'il rendait des décisions en toutes matières. La République des Valeurs souligne ainsi que ces décisions s'imposent erga omnes, c'est-à-dire à l'égard de tous, et devraient donc être accessibles au public.
Le parti insiste sur l'importance de cette transparence, particulièrement lorsqu'il s'agit de l'interprétation des dispositions constitutionnelles. "La situation aurait été différente si la saisine portait sur un projet de révision, c'est-à-dire sur des intentions du président de la République qui ne sont pas encore inscrites dans notre Constitution," précise Thierno Alassane Sall.
Cette démarche s'inscrit dans un contexte politique plus large, où la question de la dissolution de l'Assemblée nationale est au cœur des débats. Elle soulève des interrogations sur l'équilibre des pouvoirs et le respect des principes démocratiques au Sénégal.
La Présidence de la République a informé avoir saisi le Conseil constitutionnel sur la date, à partir de laquelle, l’Assemblée nationale pourra être dissoute, ainsi que probablement sur d’autres sujets tout aussi importants.
ABDOUL MBAYE ET COMPAGNIE LANCENT LA COALITION SENEGAL KESSE
Les Législatives approchent... cinq organisations ont lancé une coalition dénommée «Sénégal Kessé/Pour une nouvelle ère démocratique au Sénégal». Il s’agit de Dr Mamadou Abibou Diagne, Abdoul Mbaye, Habibou Niang, Mor Tall et Ibrahima Thiam
Petit à petit, les coalitions se forment en vue de la bataille des Législatives anticipées. Abdoul Mbaye et quatre autres leaders ont lancé Sénégal Kessé/Pour une nouvelle ère démocratique au Sénégal. Une coalition qui souhaite «rassembler les forces vives du pays pour créer un véritable équilibre des pouvoirs».
Les Législatives approchent- on le saura après la dissolution de l’Assemblée- et les ambitions se signalent. Dans une déclaration parvenue à Bés Bi, cinq organisations ont lancé une coalition dénommée «Sénégal Kessé/Pour une nouvelle ère démocratique au Sénégal». Il s’agit de Dr Mamadou Abibou Diagne, Abdoul Mbaye, Habibou Niang, Mor Tall et Ibrahima Thiam. Ils disent œuvrer «pour un parlement fort, une justice indépendante et une presse libre et responsable, pour une démocratie sénégalaise respectée dans le monde». Partant de l'alternance démocratique du 24 mars 2024, ils considèrent qu’il faut «éveiller les consciences de nos concitoyens à ce que doit être la politique, à savoir un sacerdoce au service de son Pays et de son Peuple, et non un moyen d’organiser son accession aux honneurs et aux richesses publiques». Sénégal Kessé annonce déjà la couleur pour les élections prochaines. «L’Assemblée nationale doit devenir le véritable contre-pouvoir dont le Sénégal a tant besoin. En leur noble qualité de ‘’Honorables représentants du Peuple’’, les députés doivent jouer un rôle central dans l’accompagnement mais aussi le contrôle de l’Exécutif, garantissant ainsi une gouvernance transparente et impartiale au service des populations», estime le Conseil supérieur de cette coalition. Qui rappelle que «l’histoire récente nous rappelle que l’hyper-présidentialisation de notre régime politique a trop souvent conduit à une concentration excessive des pouvoirs entre les mains de l’Exécutif, et souvent d’un seul homme, au détriment de la démocratie et du bienêtre du Peuple. Les alternances ont fini par décevoir, trahissant les promesses électorales qui les avaient motivées.»
«Rassembler les forces vives pour créer un véritable équilibre des pouvoirs»
Parlant de leur coalition, les initiateurs se fonde sur trois piliers essentiels que sont : «L’intérêt du Sénégal et des Sénégalais avant tout : loin des calculs politiciens, notre engagement est de faire de l’intérêt général notre seule boussole, une opposition responsable et républicaine : nous refusons de sombrer dans l’opposition systématique et populiste. Notre mission est de veiller à la mise en œuvre d’une gouvernance au service de tous ainsi que l’élargissement de notre coalition : nous travaillons à rassembler les forces vives de notre pays pour créer un véritable équilibre des pouvoirs, seul moyen de renforcer la démocratie sénégalaise.»