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1 décembre 2024
Politique
ASSEMBLEE NATIONALE, LA NOUVELLE SECRETAIRE GENERALE DU SYNDICAT DES TRAVAILLEURS INSTALLEE
Sokhna Diagne, nouvelle secrétaire générale du Syndicat des travailleurs de l’Assemblée nationale, affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), a été officiellement installée vendredi trois jours après son élection
Dakar, 26 avril (APS) – Sokhna Diagne, nouvelle secrétaire générale du Syndicat des travailleurs de l’Assemblée nationale, affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), a été officiellement installée vendredi trois jours après son élection, a constaté l’APS.
La cérémonie d’installation de Sokhna Diagne, interprète à l’hémicycle, titulaire d’un doctorat en lettres, option anglais, a été organisée à la salle des commissions de l’institution parlementaire.
À cette occasion, Sokhna Diagne s’est engagée pour les quatre prochaines années à ”tout mettre en œuvre” pour concrétiser entre autres préoccupations majeures des travailleurs, ”l’installation d’un statut de fonction publique parlementaire, le projet d’habitat un agent un toit, la couverture sanitaire, ainsi que de meilleures conditions de vie et de travail”.
Elle a sollicité l’engagement et le soutien total de tous les travailleurs, pour un travail d’équipe et collégial, en vue de mener à bien ces défis, dans un contexte actuel de mutations sociales, pour une transformation sociale, dans le respect mutuel au profit exclusif des travailleurs de l’Assemblée nationale.
”Pour un syndicalisme d’inclusion et de transformation sociale dans un monde en perpétuelle évolution”, était le thème principal de ce congrès.
FADILOU KEITA, LA GRINTA DE VENTOLA
Ce n’est pas pour rien que Sonko a fait de lui le Coordonnateur du Nemmeeku Tour. Il devait déjouer tous les plans ourdis pour empêcher cette tournée nationale populaire qui indisposait le régime de Macky Sall.
Bés bi-Le jour |
Malick SY |
Publication 26/04/2024
Cadre de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), Fadilou Keita reste donc dans «sa» maison. Mais désormais en tant que Directeur général. A 40 ans, le successeur de Cheikh Issa Sall, qu’il a connu, est parmi les hommes de confiance de Sonko. Bés bi revient sur le «destin tracé» d’un fils d’un grand commis de l’Etat …
C’est cela le destin. Il vient quand on ne l’attendait pas. Là où ne l’imaginait pas. Fadilou Keita est donc le nouveau Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Il reste. Le chef de l’Etat n’a pas cherché loin pour rétribuer cet homme de confiance de Ousmane Sonko. En confiant les rênes de cette grosse boîte qui brasse des milliards et finance nombre d’initiatives de l’Etat, le nouveau régime a misé sur un homme qui connait la matière et la maison. Ironie du sort, Fadilou Keita n’avait pas encore rejoint son poste de chef de la division de la promotion immobilière de la Cdc. L’analyste financier a été royalement ignoré par son prédécesseur qui avait refusé de donner suite aux correspondances qu’il lui avait envoyées. Parce que son séjour en prison lui avait coûté le blocage de son salaire pendant près d’un an. Et pourtant… «Fadilou Keita et Me Tall de Pastef se sont connus à la Cité Fayçal», confie un ami en commun. Et puis, Me Abdoulaye Tall, porte-parole de Pastef, habitait alors chez Cheikh Issa Sall, Dg de la Cdc que vient de remplacer Fadilou Keita. Or, les deux Mbourois, Cheikh Issa Sall (maire) et Me Tall (responsable Pastef local) sont de véritables adversaires politiques. Il se dit qu’il partage le même quartier d’ailleurs et qu’il y aurait un pacte de non-agression entre les familles. Mais la politique a ses règles. «Ousmane Sonko et Cheikh Issa Sall étaient de grands amis et c’est à cette occasion que Me Tall a connu Sonko. Keita n’a pas connu Sonko à cette époque à la cité Fayçal», témoigne un autre. Cette grande amitié a justement été mise à rude épreuve par leur différend. On se souvient encore de cet enregistrement de discussions entre Sonko et Cheikh Issa Sall qui a atterri sur la place publique parce que le second avait voulu défendre le maire de Saint-Louis. Et encore le destin… C’est Cheikh Issa Sall qui avait refusé de délivrer une attestation de dépôt de la caution de son «ami» Sonko.
Le stratège du Nemmeeku Tour
Le Premier ministre voue, d’après certaines indiscrétions, «une confiance aveugle» à Fadilou Keita. Mais il n’est pas le seul, car ce jeune qui a fait ses études en management et gestion en France est respecté pour «ses compétences» et ses «idées novatrices». «Il a grandi en partie à la Cité Fayçal du temps où sa maman, Nafy Ngom Keita était à l’Ige, sous Wade. Quand Macky a pris le pouvoir, elle a été nommée à l’Ofnac et ils ont déménagé en ville», précise-t-on. «Fadilou ? Un stratège», murmure un ami d’enfance. Ce n’est pas pour rien que Sonko a fait de lui le Coordonnateur du Nemmeeku Tour. Il devait déjouer tous les plans ourdis pour empêcher cette tournée nationale populaire qui indisposait le régime de Macky Sall. Membre du cabinet du leader de Pastef, Fadilou Keita avait été poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles et emprisonné pendant presque une année. Il lui a été reproché d’avoir accusé «sans preuves», à travers une publication sur sa page Facebook, l’Etat du Sénégal dans la disparition du gendarme Didier Badji et la mort de Fulbert Sambou dont le corps sans vie avait été repêché près des falaises du Cap manuel. Le premier était affecté à sa mère Nafy Ngom Keïta. Lui-même avait déclaré qu’au vu de ses relations avec Didier Badji, il ne pouvait contrôler ses émotions.
Lui aussi polygame
Sa barbe blanche ne colle pas avec son âge. Il est né en 1984. Réputé intègre et pieux, il a eu comme première épouse la fille de Feu Oustaz Barham Diop, grand érudit de l’Islam, conférencier et ancien secrétaire particulier de Cheikh Ibrahima Niass dit Baye. Et comme c’est la «règle» chez les Pastéfiens, à l’image de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, Fadilou aussi a pris une seconde épouse.
Eleveur de «laadoum»
Président de l’Alliance sénégalaise pour le développement et l’amélioration des races (Adam), Fadilou Keïta n’est pas de cette… race d’homme de «compromissions», souffle un pastéfien. A sa sortie de prison, il disait au micro de Maïmouna Ndour Faye parlant des rapports entre son mentor et Barthélémy Dias : «Avant les élections locales, nous nous sommes réunis en comité très restreint avec Ousmane Sonko. Ce jour-là, je lui avais dit de ne pas donner Dakar à Barthélemy Dias car il allait nous trahir. Parce qu’il n’était pas stable dans ses propos. Et il y avait un budget très important en jeu… Et je l’avais dit devant des témoins ! À l’époque, Ousmane Sonko m’a dit de ne pas faire opposition compte tenu du compagnonnage avec Barthélémy». Sa maman, l’Ige Nafy Ngom Keita est pressentie à l’Ofnac, qu’elle avait quitté après un clash avec Macky Sall. Elle devrait participer à cette traque et ces audits annoncés par les nouveaux tenants du pouvoir.
Ventola, son surnom
Son fils, Fadilou Keïta, a une idée sur cette question. «C’est en découvrant le contenu des rapports publiés qu’on trouve une réponse à l’acharnement dont nos concitoyens ont été victimes depuis des années. Voilà pourquoi le régime de Macky Sall nous a traqués, emprisonnés et tués. Audelà des slogans, la reddition des comptes et la recevabilité doivent être le fil conducteur des actions et pratiques devant mener à plus de justice, de transparence et de respect visà-vis du peuple souverain. Par ailleurs, publier et/ou transmettre des rapports déjà disponibles aux corps de contrôle n’est en rien antagonique au fait de devoir mettre les bouchées doubles dans l’amorce des ruptures attendues à tous les échelons de la gouvernance», avait jugé, sur sa page facebook, l’homme de confiance du leader de Pastef. C’est dire… Ventola (c’est le surnom que lui avaient donné ses amis) est d’attaque. Nicola Ventola est un ancien attaquant italien de la fin des années 90 début 2000. «Fadilou avait toujours ce maillot quand on jouait au foot», témoigne un autre ami à lui. C’est un esprit de grinta italienne aussi qui va gérer la Cdc.
LES PROMESSES DU CHANGEMENT MISES À L'ÉPREUVE
Les premiers choix opérés par le président Diomaye Faye suscitent déjà la polémique au Sénégal. Si certains regrettent le non-respect des promesses électorales, d'autres soulignent le parcours des personnalités nommées
Moins d’un mois après sa prise de fonction, Bassirou Diomaye Diakher Faye cherche des combinaisons pour honorer ses promesses électorales faites aux Sénégalais. Depuis la formation de son gouvernement, le 5 avril dernier, la communication bat son plein. Cependant les actes concrets tardent à se manifester, alimentant l’impatience de compatriotes désireux de voir le changement promis se concrétiser. La non-application de la promesse d’appel à candidatures a installé la polémique. En effet, lors du Conseil des ministres de ce mercredi, on a assisté à une fournée de nominations directes sans donc passer par ce fameux appel à candidatures !
Moins d’un mois après la prise de fonction du nouveau président de la République, les attentes persistent quant à la mise en œuvre effective des réformes annoncées et de la rupture tant promise par le candidat Bassirou Diomaye Faye durant sa campagne électorale. Selon certains de nos compatriotes, ces promesses d’instaurer un appel à candidatures systématique pour certains postes clés de l’administration suscite des attentes importantes, notamment après les déclarations de Ousmane Sonko, leader de Pastef les patriotes, et du président élu lui-même. Ce mode de recrutement était censé être la pierre angulaire de la réforme des institutions et garantir une égalité d’accès aux emplois publics, comme stipulé dans le programme électoral intitulé «Le Projet» de la coalition «Diomaye Président».
Lors de son premier Conseil des ministres, le président Diomaye Fall a d’ailleurs chargé le Premier ministre, Ousmane Sonko, de préparer un projet de décret pour mettre en œuvre cet appel à candidatures pour certaines fonctions importantes dans les secteurs public et parapublic. De même, le Président a demandé au Premier ministre et au ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal, d’accélérer l’élaboration d’un projet de loi visant à garantir l’égalité des chances dans l’accès à la fonction publique.
Cependant, les nominations intervenues cette semaine ne semblent pas être en accord avec ces engagements, ce qui a déclenché une polémique dans l’opinion. Les mesures individuelles prises lors du dernier Conseil des ministres ont concerné la nomination de plusieurs personnalités à des postes stratégiques, suscitant des doutes quant au respect des promesses électorales et à la volonté réelle de rompre avec les pratiques politiques du passé.
« Trahison des promesses électorales » : les réactions de citoyens
Dans les rues animées du marché Tilène, au cœur de la Médina, El Hadj Matar Cissé, coiffeur de profession, exprime son désarroi suite aux récentes nominations effectuées par le gouvernement. Pour lui, ces nominations vont à l’encontre des engagements pris par le nouveau président lors de la campagne électorale et soulèvent des questions quant à la sincérité des dirigeants. « Il faut saluer la volonté du Président par rapport à la rupture promise, mais il faut être aux aguets et dénoncer quand on voit que des promesses sont en train d’être trahies », confie le coiffeur exprimant ainsi son soutien à la politique de rupture promise tout en exprimant sa méfiance à l’égard des hommes politiques.
El Hadji Cissé se dit particulièrement surpris par ces nominations, rappelant les promesses de Ousmane Sonko concernant l’introduction d’un processus d’appel à candidatures pour les postes de directeurs, directeurs généraux et chefs d’agence, avec des comités chargés d’examiner les dossiers de manière impartiale. Pour lui, cette approche aurait permis de sélectionner les meilleurs candidats en fonction de leurs mérites professionnels, sans favoritisme ni parti pris.
Le coiffeur exprime sa déception personnelle, expliquant qu’il avait fondé des espoirs sur cette innovation pour retrouver un emploi correspondant à ses compétences et à son expérience professionnelle. « Je suis coiffeur, mais j’ai un master en droit public et six ans d’expérience professionnelle. J’avais l’espoir de participer à des appels à candidatures pour retrouver un travail à la hauteur de mes compétences », confie-t-il, laissant transparaître sa frustration.
Le visage marqué par l’amertume, ElHadj Cissé exprime un sentiment de désillusion quant à la situation politique actuelle. « Tous les politiciens sont les mêmes. Depuis un mois rien ne bouge à part des discours et aujourd’hui je suis déçu. Je perds espoir avec ces nominations politiques que le gouvernement a effectuées », conclut-il, illustrant ainsi le scepticisme de nombreux citoyens face à la réalisation des promesses électorales.
Babacar Mall espère un changement malgré tout
Babacar Mall, un jeune étudiant résidant près du lieudit Poste Médina partage le point de vue du coiffeur Cissé sur les récentes nominations gouvernementales tout en exprimant à la fois sa prudence et sa reconnaissance envers ceux qui ont participé activement à la lutte pour le changement. « Pour moi, ce gouvernement vient tout juste de commencer, attendons de voir. Ils ont cinq ans devant eux et les Sénégalais ont changé. Si nous ne voyons pas les promesses se réaliser, la rue est à nous », déclare-t-il, demandant ainsi une attitude d’observation vigilante face aux actions du nouveau gouvernement.
Babacar Mall critique néanmoins les nominations politiques, soulignant le non-respect de la promesse d’appel à candidatures pour les postes clés de l’administration. Cependant, il souligne également l’importance de reconnaître le sacrifice et l’engagement des personnes nommées, qui ont été des pionniers de la lutte pour le changement, malgré les risques encourus. « Ces personnes nommées à ces postes sont les pionniers de la lutte pour le changement. Elles ont mené le combat au risque de leur vie, ont été emprisonnées, radiées de leurs fonctions pour certaines d’entre elles. Si on ne les laisse pas gérer, ce serait de l’ingratitude et une injustice totale à leur endroit », affirme-t-il, mettant en avant le mérite de ceux qui ont porté le flambeau de la contestation. Babacar Mall prend l’exemple de Pape Alé Niang pour illustrer son propos, soulignant que malgré son propre engagement dans les luttes estudiantines, il reconnaît que des hommes comme Pape Alé Niang ont assumé un rôle de premier plan dans des moments difficiles. «Pape Alé Niang, je dis qu’il a plus de mérite que moi, même si je n’ai raté aucun combat à l’UCAD. Lui s’est exposé, a pris parti et a assumé de mener le combat très difficilement. Aujourd’hui, sa nomination était une demande sociale », conclut Baba Mall soulignant ainsi la nécessité de récompenser les sacrifices consentis durant la lutte pour le changement.
Mère Ramatoulaye Bangoura entre déception et reconnaissance
Ramatoulaye Bangoura, une septuagénaire qui gère une agence de Multiservices près du boulevard de la République, exprime sa déception face aux premières nominations effectuées par le Gouvernement, tout en reconnaissant le mérite des figures de proue du combat pour la rupture qui ont été promues. « Je suis un peu déçue de ces premières nominations à coloration partisane, néanmoins je reconnais le mérite de ces figures de proue du combat pour la rupture qui ont été promues », déclare-t-elle, exprimant ainsi un sentiment mitigé entre déception et reconnaissance.
Selon « Mère » Ramatoulaye Bangoura, la promesse d’appel à candidatures était un espoir pour la jeunesse compétente et diplômée, dépourvue de bras longs ou de relations politiques. « Aujourd’hui, c’est bien qu’ils soient nommés, mais imaginez que cette situation fasse penser à nos enfants qu’il faut se battre et aller en prison pour réussir. C’est cela qui me tracasse et c’est ce que je dis dans les discussions depuis ce matin », explique-t-elle, la tête courbée, témoignant ainsi de son inquiétude face aux messages que ces nominations pourraient envoyer aux générations futures. Dans un contexte où les attentes étaient élevées, « Mère » Ramatoulaye Bangoura exprime sa surprise et son étonnement face à ces premières nominations.
Mame Fatou Dia entre des critiques constructives et attente de résultats concrets
Mame Fatou Dia, infirmière travaillant juste au rez-de-chaussée du parking public d’un grand centre commercial du centre-ville, exprime sa surprise et sa déception concernant les récentes nominations, en référence à la promesse électorale faite par Ousmane Sonko. «Pour moi, les politiciens ont un vrai problème avec la vérité une fois arrivés au pouvoir, mais cela ne me surprend plus car nous, Sénégalais, sommes habitués à cela », déclare-telle tout en exprimant un sentiment de résignation face aux politiciens. D’après Mame Fatou Dia, son principal souci réside dans les résultats concrets. Selon elle, certains des profils nommés, des ministres aux directeurs généraux, manquent d’expérience réussie et de diplômes avérés dans les domaines où ils ont été nommés à des postes de haute responsabilité. « J’espère seulement qu’ils seront à l’image des Américains. On dit que le diplôme n’est pas important, mais les résultats. Alors, je les jugerai sur leurs performances », confie l’infirmière. Cependant, Mame Fatou déplore également le sentiment que la formation du gouvernement semble être une affaire propre à Pastef plutôt qu’à l’ensemble du Sénégal. Elle conclut avec humour en plaisantant sur son potentiel engagement politique et son intention de déchirer ses diplômes d’infirmière, soulignant ainsi son désir de voir une véritable prise en compte de l’intérêt national dans les décisions que prennent les dirigeants du pays.
Diversité des opinions attentes et préoccupations
Soumaïla Diarra, un acteur culturel proche du centre culturel Blaise Senghor, exprime son inquiétude quant au caractère « oligarchique » des nominations effectuées cette semaine par le Gouvernement. Selon lui, ces nominations ne sont pas simplement politiques, mais témoignent d’une montée en puissance d’une grande oligarchie qui pourrait avoir des conséquences désastreuses si les résultats escomptés ne suivent pas. « Nous assistons à la formation d’une grande oligarchie qui risque de faire très mal au pays si les résultats ne suivent pas », déclare-t-il, soulignant ainsi le risque d’une concentration excessive de pouvoir entre les mains d’une élite restreinte. Pour Soumaïla Diarra, les discours politiques actuels laissent à désirer et en porte-à-faux avec la vérité, car les actions posées par le gouvernement semblent aller à l’encontre des promesses électorales faites par les nouveaux dirigeants. Il conclut en citant un proverbe bambara « Ni yamin ibi ka nônô bila aka kumun, ibê dôta kênê de kan....», pour exprimer son scepticisme quant à la sincérité des dirigeants actuels. « J’espère seulement qu’ils ne décevront pas les Sénégalais ainsi que le reste de l’Afrique », conclut-il.
Djibril Thiam, un forgeron trouvé en pleine activité, partage un point de vue différent car disant être intéressé par les résultats concrets plutôt que sur les critères de sélection des dirigeants des sociétés nationales. Pour lui, peu importe le profil des personnes nommées pourvu que les résultats soient au rendez-vous. « Pour moi, qu’ils nomment même des fous, je n’ai pas de problème avec ça. Je suis à 200% pour Pastef mais j’attends des résultats », déclare-t-il, soulignant ainsi son engagement envers le parti tout en exprimant son exigence en matière de résultats concrets. Djibril admet que les nominations ont toujours eu une dimension politique, mais il reconnaît également que l’absence de respect des promesses électorales peut susciter des frustrations au sein de la base du parti. Il conclut en affirmant que si les résultats ne sont pas au rendez-vous, il montera lui-même en première ligne pour mener la lutte contre Pastef.
Le point de vue du socio-anthropologue A. Diouf
Pour finir, A. Diouf, un socio-anthropologue, décortique ce débat passionné provoqué par les nominations des premiers directeurs généraux de sociétés nationales et d’agences sans passer par la procédure d’appel à candidatures en évoquant une dynamique de la politique politicienne qui semble dépasser toutes les générations. « De 1960 à nos jours, tous les opposants ont promis monts et merveilles aux populations assoiffées de changement mais, une fois au pouvoir, ils constatent que la réalité est tout autre, les obligeant à réviser leurs promesses électorales », analyse-t-il. Pour Diouf, le parti Pastef est confronté à la difficulté d’effectuer cette transition politique, ayant recouru à la méthode politique du populisme, une tendance appréciée dans la géopolitique mondiale actuelle. Cependant, l’épreuve du pouvoir s’avère être le premier adversaire du populisme politique car les réalités sont bien différentes entre la posture d’opposant et celle de gestionnaire d’un Etat. Les nouvelles générations panafricanistes, radicales ou souverainistes manquent souvent des compétences intellectuelles et de l’expérience nécessaires pour diriger un pays. « C’est un noble combat mais qui devient impossible car la plupart de ces combattants trahissent leurs serments », déplore-t-il. Le socio-anthropologue A. Diouf souligne également la formation de puissantes sectes incassables qui, une fois au pouvoir, s’efforcent de réprimer toute voix dissidente. Cette dynamique n’est pas unique au Sénégal mais se retrouve dans de nombreux pays africains et du monde entier. « Nos gouvernants ont l’opportunité de revoir leur stratégie dès maintenant », encourage Diouf. Selon lui, le gouvernement d’Ousmane Sonko pourrait bénéficier d’une ouverture et d’une inclusivité accrues afin de tirer profit de toutes les expertises disponibles pour réaliser les attentes de l’électorat. « Nous leur souhaitons bon vent mais les exhortons à abandonner le populisme, les postures d’opposants, et à endosser le rôle de « Père de la nation» plutôt que celui de «Père des Pastefiens », conclut-il.
CHEIKH SECK, DEPUTE MAIRE DE NDINDY, « LIVRE » AU PROCUREUR DE DIOURBEL
Pour rappel, c’est Matar Sylla, responsable du parti politique Alliance pour la République (APR), qui avait saisi l’Ofnac d’une plainte le 2 décembre 2020 contre le maire pour « détournement de fonds publics, de corruption et de surfacturation»
Le responsable du Parti socialiste et fervent défenseur de l’ancien président de la République au sein de l’Assemblée nationale, Cheikh Seck par ailleurs maire de la commune de Ndindy fait également partie des personnalités qui ne dormiront plus du sommeil du juste après la publication du rapport 2022 de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).
Et pour cause, l’Assemblée de l’Ofnac a décidé́, après sa délibération lors de sa séance du 11 mai 2022, de transmettre le rapport d’enquête au Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Diourbel. Pour rappel, c’est Matar Sylla, responsable du parti politique Alliance pour la République (APR), qui avait saisi l’Ofnac d’une plainte le 2 décembre 2020 contre le maire pour « détournement de fonds publics, de corruption et de surfacturation».
Dans sa plainte, Matar Sylla remettait en question le montant de cinquante (50) millions de FCFA, à dépenser par le maire Cheikh Seck au titre du budget consolidé d'investissement de 2019. Ces dépenses qui comprennent la construction d'une case de santé, l'acquisition d'équipements sanitaires, la construction d'un logement pour le personnel du poste de santé, ainsi que le coût de construction de souks et d'échoppes seraient volontairement exagérées.
Après investigation, les enquêteurs avaient conclu dans le rapport 2021 que des preuves de détournement de fonds publics ont été trouvées à la rencontre d’une certaine Ndèye Ngoné Ndiaye.
9 DOSSIERS MENTIONNES DANS LE RAPPORT 2021 REMIS AU PROCUREUR
L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a procédé hier, jeudi 25 avril, à la publication de son rapport d’activité pour l’année 2022.
L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a procédé hier, jeudi 25 avril, à la publication de son rapport d’activité pour l’année 2022. Dans ce nouveau rapport, l’Ofnac informe que certaines affaires, au nombre de 09 et dont la plupart concerne des responsables de l’ancienne coalition au pouvoir, mentionnées dans son rapport d’activités de l’année 2021, ont connu leur dénouement durant l’année 2022, suite à leur examen par l’Assemblée de l’OFNAC.
Au nombre total de 09 rapports d’enquête, toutes ces affaires qui concernent pour la plupart des élus de l’ancienne coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, ont ́eté transmis aux autorités judiciaires chargées des poursuites. Il faut préciser que bon nombre de ces dossiers ont été instruits suite à des plaintes de dénonciations auprès de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). C’est le cas du dossier concernant le maire de la commune de Sindia, Thierno Diagne, maire de la commune de Sindia et membre de l’ancienne coalition au pouvoir. Le 10 janvier 2017, l’Ofnac a été saisi d’une dénonciation anonyme portant sur des malversations supposées dans sa gestion. Dans cette lettre de dénonciation, le maire Thierno Diagne est accusé de détournement de deniers publics, d’escroquerie portant sur des deniers publics et de blanchiment de capitaux à l’occasion du versement, par la Coopérative d’habitat des agents de la Sonatel. Après délibération lors de sa séance du 13 avril 2022, l’Assemblée de l’Ofnac a décidé́de transmettre le rapport d’enquête le concernant au Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Thiès.
Les autres dossiers transmis à la justice par l’Ofnac après délibération de son Assemblée relevées dans ce rapport 2022 sont entre autres, celui du président de la Chambre des métiers de Diourbel qui est entre les mains du Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Diourbel. Il y a aussi l’affaire du maire de la Commune de Faoune, Ibrahima Ba qui est remis au Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Sédhiou de même que celle relative à des faits de corruption et de vente illégale de terrain impliquant Donacien Kanfany qui est aussi déposée sur la table du Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Ziguinchor.
Outre ces affaires, il y a aussi celles concernant le maire de la commune de Pékesse dont le rapport d’enquête a été déposé sur la table du Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Thiès. Toujours dans cette liste des dossiers validés par l’Assemblée de l’Ofnac et remis à l’autorité judiciaire, il y a l’Affaire de détournement de deniers publics, de faux et usage de faux, d’occupation de terrain sans droit ni titre, de comptable de fait et de faute de gestion impliquant Mamadou Sow maire de la commune de Gandé. Après en avoir délibèré lors de sa séance du 11 août 2022, l’Assemblée de l’Ofnac a décidé de transmettre le rapport d’enquête de cette affaire au Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Louga.
FONDS-COVID : L’OFNAC S’EN MÊLE
L'organe anti-corruption confie le dossier à la justice, après des manquements présumés dans l'acquisition et le transport de vivres durant la pandémie. Son rapport d'activités 2021 avait déjà soulevé d'importantes soupçons de fraude
Après la Cour des comptes qui avait épinglé la mal gouvernance du fonds de riposte Covid relativement à des « fautes de gestion et des infractions pénales » commises durant les années 2020-2021, tout en réclamant l'ouverture d'une information judiciaire contre au moins dix responsables, c’est au tour de l’Ofnac de jouer sa partition dans cette affaire qui avait interloqué les Sénégalais. Dans son rapport d’activités 2022 parcourue hier, jeudi 25 avril 2024, la structure indexe des délits dans l’acquisition et la prestation de services de transport de vivres dans la lutte contre la pandémie Covid19. Avant de saisir le procureur de la République.
Revoilà remise au goût du jour la gestion ténébreuse des fonds de riposte contre la Covid-19. Et cette fois, c’est l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) qui s’en mêle et qui met en selle Dame justice. Pour cause, parmi les affaires soulevées par l’Ofnac dans son rapport 2021 et qui ont connu un dénouement dans ce rapport 2022, on relève celle relative à l’acquisition et àla prestation de services de transport de vivres et autres produits dans la lutte contre les effets de la pandémie Covid-19, impliquant l’actuel député maire de Tivaouane, Demba Diop, plus connu sous le nom de Diop Sy et sa fille.
En effet, dans ce nouveau rapport, l’Ofnac informe que son Assemblée, après délibération lors de sa séance du 13 avril 2022, a décidé́ de transmettre le rapport d’enquête au Procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar. Il faut rappeler que dans son rapport d’activité 2021, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) qui avait été saisi par deux dénonciations à l’initiative de Guy Marius Sagna, à l’époque mandataire du mouvement « FRAPP/France Dégage » et Dr Babacar Diop, leader des FDS, après investigation sur cette affaire, avait dit avoir noté des manœuvres de fraudes de la part des accusés. « Il existe des présomptions de banqueroute frauduleuse contre Demba Diop « Sy » telle que prévue à l’article 230 de l’Acte uniforme sur les procédures collectives et d’apurement du passif, et qui a de mauvaise foi, « exercé la profession de dirigeant en violation d’une interdiction prévue par un Acte uniforme ou par toute disposition légale ou réglementaire d’un Etat partie » (article 233, 4°) » avait-on indiqué dans ce rapport 2021 rendu public le mardi 10 mai 2022.
Fort ses investigations, l’Ofnac a décidé par conséquent, ainsi qu’il en a fait état dans son rapport 2022, de livrer le dossier de Diop Sy au Procureur de la République de Dakar. Pour rappel, presque mille milliards de FCFA avaient été mobilisés pour la riposte Covid-19 par les bailleurs et l’État sénégalais, soit plus de 1 milliard d’euros. Seulement, selon la Cour des comptes, la gestion du fonds de riposte Covid a été émaillée par des «fautes de gestion et des infractions pénales » présumées et commises durant les années 2020-2021. Idem par des conflits d’intérêts et entorses au Code des marchés.
Selon le rapport de ladite Cour, près de 19 milliards de FCFA avaient ainsi été alloués à des dépenses sans lien avec la Covid-19. La Cour des comptes avait fini d’ailleurs par réclamer l'ouverture d'une information judiciaire contre au moins dix responsables, en particulier des directeurs des affaires générales et de l’équipement (Dage) de ministères. Une requête que le pouvoir de Macky Sall avait mise sous le coude.
LE PREMIER MINISTRE DEVRAIT COMMENCER PAR ASSAINIR L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
Abdoul Aziz Tall, ancien Directeur général du Bureau Organisation et Méthodes (BOM), liste les urgences gouvernementales du Premier ministre Ousmane Sonko et lance un appel au retour à l’orthodoxie administrative
Une vraie démocratie a davantage besoin d’oxygène que de lacrymogènes». Ces propos tenus dans les colonnes de Sud Quotidien, le 18 novembre 2021, par le ministre Abdoul Aziz Tall, avait interpellé plus d’un au sommet de l’Etat. En perspective du séminaire gouvernemental, cet ancien directeur de cabinet du Président de la République, non moins ancien Directeur général du Bureau Organisation et Méthodes (BOM), diplômé en Sciences politiques de l’Université de Montréal, liste les urgences gouvernementales du Premier ministre Ousmane Sonko et lance un appel au retour à l’orthodoxie administrative. Dans cette nouvelle interview, il soutient que le «Premier ministre devrait commencer par assainir l’administration publique».
Monsieur le Ministre, le nouveau gouvernement dirigé le Premier ministre Ousmane Sonko, formé après l’élection de Bassirou Diomaye Faye à l’issue de la Présidentielle du 24 mars dernier, prône la rupture d’avec le mode de gouvernance de ses prédécesseurs. Quelle réaction avez-vous à propos de ce changement de régime ?
D’abord rendre grâce à Dieu d’avoir épargné le Sénégal, qui a traversé des situations troubles au point que tout le monde lui prédisait le chaos. En particulier, depuis 2021, le pays était plongé dans une situation très tendue, d’ébullition, marquée par un nombre de morts, d’arrestations jamais égalé dans son histoire politique et des procès à retentissements avec menaces de troubles qui avaient fini de placer chaque Sénégalais dans un état de stress permanent. Le choix de la date de l’élection a connu des épisodes inédits, marqués par un bras de fer entre le Conseil Constitutionnel et le Président de la République sortant qui a fini par céder à la décision des «sept Sages». Mais, durant cette période, le peuple sénégalais a démontré sa capacité de résilience, de patience mais surtout de maturité citoyenne et politique, en mettant définitivement fin à ce climat malsain, le 24 mars 2024. Son objectif était seulement d’avoir une date et de sceller définitivement le sort du régime du Président Macky Sall. Le vote a été massif et la victoire du président élu, sans bavure. En résumé, il faut retenir que le Sénégal n’a pas usurpé sa réputation de pays de tradition démocratique.
En tant qu’ancien Directeur général du BOM, et pour avoir été plusieurs fois acteur dans le processus de création d’une architecture gouvernementale, comment appréciez-vous la formation du nouveau gouvernement dirigé par M. Ousmane Sonko ?
Il est admis d’évaluer la formation d’une équipe gouvernementale à travers deux critères majeurs : le contenant et le contenu. Sur le contenant, il s’agit de voir si la configuration présente une cohérence par rapport aux objectifs assignés au gouvernement. Les besoins et attentes visés par le décideur sont, à cet égard, l’efficacité et surtout l’efficience. L’efficacité fait référence aux résultats à atteindre, alors que l’efficience se réfère plutôt aux moyens utilisés pour atteindre lesdits résultats. De ce point de vue, j’estime que c’est un travail d’orfèvre qui a été fait, au regard des objectifs qui avaient été fixés de limiter le nombre de départements ministériels à 25. Il est bien vrai que la perfection n’existe dans aucune œuvre humaine, mais, à mon avis, les architectes de ce gouvernement méritent d’être félicités. Sur le contenu maintenant, je pense qu’à ce niveau également le casting qui a été fait est rassurant, au regard des profils qui ont été choisis. Manifestement, ils ont tous un parcours professionnel qui les prédispose à occuper une fonction ministérielle. Je me félicite surtout du choix porté sur les ministères régaliens (Justice, Forces Armées, Affaires Étrangères et Intérieur).
Pourtant, certains ont considéré qu’en regroupant plusieurs départements ministériels dans un seul, il pourrait se poser des problèmes d’efficacité.
C’est une approche très réductrice de la fonction ministérielle que de penser ainsi. Un Ministre assure la coordination d’activités, de missions dévolues à son département. Sous ce rapport, il est attendu de lui une capacité managériale, un leadership avéré pour conduire une équipe de travail, assurer le suivi des activités de ses collaborateurs et, de par son style participatif, être en mesure de les motiver, tout en apportant à chaque fois que de besoin les mesures correctives, en cas de difficultés ou de déviation par rapport aux objectifs qui lui sont assignés.
Bref, il doit maîtriser les conditions d’une bonne délégation. C’est l’occasion de rappeler que ce n’est pas la première fois que le Sénégal a connu un gouvernement aussi serré. Pour autant que je me souvienne, en 1987, au retour d’une mission que nous avions effectuée à Washington, les institutions de Bretton Woods nous avaient suggéré de réduire le nombre de ministères à 20, au moment où leur nombre était un peu plus d’une trentaine Le BOM, sous l’égide de l’orfèvre en Sciences Administratives et en Organisation et Méthodes, feu Wahab Talla, avait soumis au Président Diouf une architecture gouvernementale composée exactement de 20 ministères, à côté desquels l’on avait créé quatre Délégations de mission. Celles de la Réforme du secteur parapublic, (DRSP), de l’Emploi, (DIRE), de l’Informatique (DI) et de l’Organisation de la conférence islamique (OCI).
À titre d’exemple, c’est ainsi qu’on avait regroupé tous les ministères dont les missions étaient apparentées : Économie, Finances, Industrie et Commerce étaient réunis dans un seul département. Le Tourisme et l’environnement également formaient une seule entité. La logique de ce couplage résidait à l’époque au fait que la visite de nos Parcs nationaux constituait la principale attraction du secteur touristique au Sénégal. La Jeunesse et le Sport formaient également un seul ministère. De même que les ministères de la Culture et la Communication. Le système éducatif, de la maternelle à l’université, était sous l’autorité du Professeur Iba Der Thiam. En 1990, le nombre de départements ministériels avait été réduit à 18, lors d’un remaniement où le Ministre Djibril Ngom avait été le seul entrant. Tout ça pour dire qu’il faut éviter le fétichisme de la taille. L’éclatement peut répondre davantage à des considérations politiciennes, d’équilibres régionaux ou autres, qu’à des préoccupations de rationalité, d’efficacité et d’efficience. En Europe du Nord, qui compte parmi les pays dont les PIB font partie des plus élevés au monde, il n’est pas rare de trouver des gouvernements qui ont moins d’une quinzaine de Ministres.
Selon vous, quel devrait être le premier chantier du nouveau gouvernement ?
À ce titre, Monsieur le Premier ministre devrait commencer par assainir l’Administration publique, en s’appuyant sur des expertises dotées d’expérience pratique avérée. On ne saurait redémarrer un véhicule dont la machine est grippée, sans l’avoir au préalable remis en état de fonctionnement normal. L’assainissement de l’administration publique doit impérativement commencer au niveau de la Présidence de la République elle-même, avec la restauration de la technostructure qui doit être le principal support du processus décisionnel du chef de l’Etat.
A cet égard, l’IGE (Inspection générale d’Etat, ndlr), le BOM, le Contrôle financier doivent retrouver leur mission traditionnelle de vérification, de contrôle et d’aide à la prise de décision du Président de la République. Le nombre de conseillers techniques devra être limité et leurs titulaires choisis selon des critères qui se référent, entre autres, à leur expertise dans le domaine où ils sont censés servir le chef de l’Etat. L’objectivité et la neutralité attendues de l’exercice de leur mission exigent qu’ils s’éloignent de tout militantisme politicien. Toute cette pléthore de postes qui n’ont jamais existé en si grand nombre avant 2000 dans l’organisation présidentielle, devra être reconsidérée (Ministre conseiller, Conseiller spécial, Ambassadeur itinérant, Chargé de mission etc.). La Présidence de la République doit retrouver toute sa solennité à travers, entre autres, un choix rigoureux des fonctionnaires et agents appelés à y servir. C’est l’occasion pour moi de saluer le maintien en poste de l’actuel Secrétaire général de la Présidence de la République, un homme du sérail dont je connais personnellement les qualités professionnelles, pour avoir travaillé avec lui, quand j’assurais la fonction de Directeur de Cabinet de Monsieur le Président de la République. Cela dit, l’appel à candidatures pour certains postes de responsabilité, est une étape qu’il faut magnifier. Toutefois, une sélection aux postes de responsabilité ne peut se faire sans qu’au préalable des fiches descriptives de poste soient élaborées.
Ce sont ces fiches qui renseignent sur les exigences attendues de tout candidat à un poste de responsabilité. C’est le référentiel à partir duquel tout candidat peut postuler, s’il estime détenir les aptitudes et attitudes exigées pour occuper une fonction. Toujours parmi les priorités, il devrait figurer en bonne place le pointage des effectifs de l’Administration publique, afin d’avoir une idée précise sur le nombre exact d’agents de l’État dont le nouveau pouvoir a hérité et de détecter éventuellement des irrégularités tels que des emplois fictifs ou autres anomalies.
Pensez-vous qu’il en existe, des emplois fictifs ?
Je ne saurais l’affirmer, a priori. Cela dit, cette opération de pointage relève d’une approche et d’une technique très délicates, qui ne sont pas forcément à la portée de tout spécialiste en Ressources humaines. La Présidence de la République l’avait déjà réalisée au moins à deux reprises, avec succès, dans le cadre d’une mission conjointe IGE/BOM. Ce qui avait valu à l’époque à ces deux institutions les félicitations du Président de la République. Des pays africains avaient même envoyé leurs cadres au BOM pour venir s’inspirer de l’expertise du Sénégal en la matière. Ces missions de pointage des effectifs avaient permis en effet de dénicher de nombreux cas d’irrégularités et de faire réaliser aux finances publiques des économies substantielles sur la masse salariale. La maîtrise des effectifs et de la masse salariale devrait donc faire l’objet d’un suivi particulier de la part de Monsieur le Premier ministre ou de Monsieur le Président de la République lui-même, à travers le Secrétariat Général de la Présidence et le ministère en charge des Finances.
A ce propos, il est impératif de redynamiser la CCEMS (Cellule de Contrôle des Effectifs et de la Masse Salariale) et de la loger à la Primature, ou au Secrétariat Général de la Présidence de la République, en raison du caractère stratégique de sa fonction, mais surtout, pour lui donner tout le poids institutionnel qui s’attache à sa mission. Il faut nécessairement veiller à ce qu’il y ait, autant que faire se peut, une adéquation entre les effectifs de notre Administration, la masse salariale, d’une part, de même que l’efficacité, l’efficience dans la productivité du service public, d’autre part. Les dysfonctionnements constatés sont nombreux. Il y a lieu donc d’aller vite pour un retour rapide à l’orthodoxie en matière d’administration publique.
Il convient d’éviter les erreurs du premier gouvernement de la première alternance, avec un «cocktail» hybride de technocrates et de politiciens qui n’avaient aucune expérience préalable du fonctionnement du service public
Afin d’harmoniser les méthodes de travail, les ministres et hauts fonctionnaires devraient, à mon avis, suivre un Séminaire gouvernemental de renforcement de capacités qui porterait notamment sur des thèmes tels que : Les styles de leadership ; La Délégation; La Gestion des conflits ; La Communication stratégique et la prise de parole en public ; La Gestion du temps ; L’Amélioration continue ; Le Management responsable ; La Conduite de réunion ; La Rédaction administrative; Les Règles protocolaires, et éventuellement, d’autres thèmes dont la maîtrise n’est pas toujours évidente, quel que soit par ailleurs le niveau académique et l’expérience professionnelle des personnes concernées.
Au niveau des services publics qui reçoivent du monde tels que les hôpitaux, les Centres de santé, les Commissariats de Police et Brigades de Gendarmerie, les régies financières, les transports routiers, un programme de renforcement de compétences en matière de communication interpersonnelle et de gestion de l’accueil et prise en charge des usagers/clients du service public me paraissent indispensables pour accompagner la nouvelle dynamique que l’on veut insuffler à notre administration. L’administration publique doit se réconcilier avec les citoyens qui doivent être perçus davantage comme des clients que comme de simples usagers. Le mécontentement populaire trouve souvent ses racines dans la manière dont les citoyens sont traités au niveau du service public. Les attentes sont très fortes et les citoyens ne font pas toujours preuve de patience. Le temps presse. Il faut donc éviter les tâtonnements, l’improvisation et l’amateurisme. Cela dit, le nouveau pouvoir doit certes faire face aux urgences, mais les citoyens eux-mêmes devraient également avoir des attitudes et comportements qui soient en corrélation avec leurs exigences en matière de gouvernance publique. L’un dans l’autre, il est vital d’opérer un glissement stratégique du monde virtuel du clic à celui réel du déclic qui puisse rassurer le citoyen et booster l’élan collectif vers le progrès.
par Par Oumar Dia
L’HOLOCAUSTE DES PALESTINIEN.N.E.S, LA BARBARIE OCCIDENTALE ET SON AVATAR ISRAÉLIEN
Depuis 1492, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s
L’objectif de ce texte est de montrer qu’au moins depuis 1492, année de la prétendue « découverte » de l’Amérique par l’Europe blanche, de l’expulsion des Juifs et des Arabes d’Espagne, du début de la domination et de l’extermination de l’humanité non-européenne, l’Occident a de façon invariable promu et exercé un barbarisme extra-européen à chaque fois qu’il a été amené à rencontrer des humains qui d’après ses propres canons n’en étaient pas véritablement parce que non-Blanc.he.s. On m’objectera à juste raison : quel rapport avec l’holocauste en cours en Palestine perpétré par un peuple qui fut lui-même une très grande victime de la barbarie occidentale ? Si a priori l’évocation de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident semble sans rapport avec l’holocauste des Palestinien.n.e.s, un examen attentif de son mode de déploiement et de ses différentes formes d’adaptation montre qu’il en est tout autrement.
Depuis 1492, l’ordre du monde est rythmé par une domination occidentale privilégiant les Blanc.he.s comme personnes à part entière et réduisant les non-Blanc.he.s au statut de sous-humain.e.s, voire de non-humain.e.s. Sur le plan moral, le fondement de ce système de domination occidentale consacrant, selon l’expression de Charles Mills, la suprématie blanche sur tous les autres peuples est à trouver dans cette sorte de conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs selon laquelle tou.t.e.s les humain.e.s ne se valent pas. C’est cette conscience morale à double standard qui a été transposée aujourd’hui de façon décomplexée dans le cadre de l’extermination des Palestinien.n.e.s par les Israélien.ne.s. Par exemple, pour Israël et ses soutiens occidentaux, la liberté d’un.e. otage palestinien.ne ne vaut pas celle d’un.e otage israélien.ne. Et la vie d’un.e palestinien.ne ne vaut pas non plus celle d’un.e israélien.ne. Fondant leurs actions et leurs pratiques sur une sorte de contrat racial pour parler comme Charles Mills et qui privilégierait les Blanc.he.s et les Juifs blanchis en échange d’une absolution de l’Europe de sa responsabilité dans l’Holocauste des Juifs, l’Occident d’abord, puis Israël européanisé se sont criminellement attribués le droit de perpétrer sur des non-Blanc.he.s des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Ce droit criminel, qui était détenu exclusivement par l’Occident depuis 1492, a été étendu en 1948 à Israël à l’occasion de sa création marquée par l’une des réécritures les plus significatives du Contrat racial. Bref, pour se racheter de l’Holocauste des Juifs commis non pas dans des contrées extra-européennes et sur d’autres peuples comme les précédents holocaustes mais sur des citoyen.ne.s européens même s’ils étaient traités en inférieurs, l’Occident a tout simplement passé un marché tacite mais cynique avec Israël qu’il a européanisé et dont il a blanchi les citoyens.ne.s. Devenu ainsi membre à part entière du camp des barbares et profitant de l’extension du contrat racial aux Juifs devenus ainsi des Blanc.he.s naturellement privilégiés, Israël acquit le droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des Palestinien.n.e.s réduit.e.s à l’état de peuple colonisé. Mais pour prouver le lien entre l’holocauste des Palestinien.e.s par Israël et ceux de 1492 à 1948 par l’Occident, faisons un détour historique par les grands moments de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-européens.
1492 est, avons-nous rappelé, le point de départ historique de la barbarie extra-européenne sur les peuples non-Blancs. Fondée, comme l’écrit à juste raison Susan Opotow dans Moral, Exclusion and injustice, sur une moralité de l’exclusion où certains individus ou groupes sont perçus comme étant à l’extérieur des limites dans lesquelles les valeurs morales, les règles et les considérations d’équité sont appliquées, l’idée clairement eurocentriste et fausse d’une « découverte de l’Amérique » par l’Europe ne pouvait donner lieu dans son incarnation historico-politique qu’aux pires génocides et aux pires holocaustes sur les populations non-européennes trouvées ou transportées sur place. Réduite, conformément à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs au statut de sous-personnes, la population autochtone des Amériques allait être massacrée par les envahisseurs blancs à 95%. Le nombre de victimes de ce premier et plus grand holocauste (cf. David Stannard, American Holocaust) de l’histoire de la barbarie occidentale extra-européenne est estimé par certains à près de cent (100) millions de victimes. Après avoir complètement décimé la population autochtone des Amériques, l’Occident barbare institua la traite transatlantique en esclavagisant des Africain.e.s déporté.e.s de leur terre natale à destination de l’Amérique où des Blanc.he.s naturellement privilégié.e.s avaient besoin d’esclaves à leur service. Le bilan de l’esclavagisation des Africain.e.s, qui peut être considéré comme un holocauste au ralenti comparé à celui dont les populations autochtones d’Amérique avaient été préalablement victimes, est estimé entre trente (30) et soixante (60) millions de victimes. À ces deux plus grands holocaustes qui n’avaient posé aucun problème à la conscience morale blanche à double standard, il faut ajouter les dix (10) millions de morts du colonialisme belge au Congo, l’extermination presque complète des Aborigènes en Australie et des Bochimans en Amérique du Sud, le demi-million de morts du massacre colonial français en Algérie, etc. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne en vigueur depuis 1492, tous ces holocaustes avaient été perpétrés ailleurs que dans le périmètre auto-désigné de la civilisation, à savoir l’Europe. Ce qui les faisait passer pour normaux auprès des membres de la race supérieure à savoir les Blanc.he.s. Pour justifier ces abominables holocaustes, les Blanc.he.s privilégié.e.s qui en vivaient et en tiraient profit avançaient comme raison la prétendue non-humanité des peuples qui en avaient été les victimes ; présentées comme des « vermines » ou des « bestioles » dont il était de leur devoir « moral » de les éradiquer. C’est la même logique qui allait prévaloir lors du génocide des Juifs d’Europe traités, comme les Autochtones d’Amérique et les Africain.e.s esclavagisé.e.s, de sous-humains ou de non-humains pendant une très longue période par une Europe blanche raciste et antisémite. Nous savons que pendant la deuxième guerre mondiale, six (6) millions de Juifs avaient été exterminés dans les camps et ghettos d’Europe (et non hors d’Europe) ainsi que des millions de membres d’autres races « inférieures » comme les Roms, les Slaves, etc. Mais la particularité de l’Holocauste des Juifs par rapport aux holocaustes antérieurs, c’est que pour la première fois depuis 1492, la barbarie européenne était exercée en Europe même. Si l’Holocauste des Juifs par ce qui était jusqu’alors la « blanchité » est incontestable et n’est donc pas à minimiser, c’est à tort qu’il est régulièrement présenté par les bourreaux des Juifs eux-mêmes réécrivant le contrat racial comme le plus grand, voire l’unique holocauste de l’histoire. Quand, à son sujet, l’historien américain Arnaud Mayer s’interroge en écrivant Why did the Heavens not darken ? (Pourquoi les cieux ne se sont pas assombris ?), il fait très clairement un choix sélectif et discriminatoire. Une telle interrogation, sélective et discriminatoire, trahit ce que Charles Mills décrit comme un « eurocentrisme climatique qui ne reconnaît pas que le ciel ne souriait jusque-là qu’à la seule Europe ». Le caractère sélectif et discriminatoire de l’approche de Mayer dans sa hiérarchisation inversée des holocaustes perpétrés par l’Europe blanche est attesté par ces propos extraits de son ouvrage Why did the Heavens not darken ? dans lesquels il déclare : « Le malheur qui frappa les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale semble, à première vue, unique dans son époque et sans précédent dans l’histoire. On est porté à croire que ce malheur fut si extraordinaire et si atroce qu’il dépasse complètement les bornes de toute autre expérience humaine. S’il en est ainsi, il ne sera jamais possible aux historiens de le reconstituer et de l’interpréter, encore moins de le comprendre ». Ces propos de Mayer ne constituent pas seulement une inversion de la hiérarchie des différents holocaustes mais trahissent également une amnésie blanche quant au véritable bilan de la barbarie européenne sur des non-Blanc.he.s. L’amnésie manifestement délibérée de Mayer va d’ailleurs jusqu’à l’amener à se poser la question de savoir comment il peut y avoir de la poésie après Auschwitz. Cette question, liée au projet post-1945 de réécriture du Contrat racial qui excluait jusque-là les Juifs du système de privilèges de la blanchité et du droit criminel de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, est clairement discriminatoire en ce qu’elle fait l’impasse sur d’autres holocaustes pourtant pires que la Shoah. Pour les descendants de tels holocaustes, l’autre question qui ne peut pas ne pas être posée d’après Charles Mills et que Mayer semble délibérément ignorer dans sa démarche discriminatoire est : « comment a-t-il pu y avoir de la poésie avant Auschwitz, après les charniers en Amérique, en Afrique, en Asie, etc. ? » A cette question légitime des descendants des victimes des pires holocaustes de l’histoire, d’éventuels rescapés du génocide des Palestinien.n.e.s ajouteront probablement celle-ci : comment peut-il continuer à y avoir de la poésie après la « solution finale » de Netanyahu à Gaza ?
Liée à la conscience morale et politique à double standard des agents moraux blancs et/ou des Juifs blanchis, la question discriminatoire de Mayer de savoir s’il n’était pas indécent de s’adonner à de la poésie après Auschwitz visait en réalité un double objectif : d’une part, absoudre l’Occident de sa culpabilité totale dans l’Holocauste des Juifs d’Europe et d’autre part européaniser Israël en blanchissant ses citoyen.ne.s. Une telle lecture peut être confortée par les déclarations de Netanyahu de 2016 dans lesquels il affirmait que Hitler n’avait pas l’intention d’exterminer les Juifs d’Europe et que l’idée lui avait été plutôt suggérée par le Mufti de Jérusalem. S’il faut concéder à Mayer que compte-tenu de la nature intrinsèquement barbare de l’Occident vis-à-vis de tout ce qui ne lui ressemble pas, le « judéocide » n’était pas quelque chose de fortuit, c’est-à-dire une anomalie dans le développement de la blanchité, il y a lieu de lui opposer que sa présentation comme unique en son genre obéit à une raison cachée, inavouée et inavouable : l’emploi du contrat racial envers des Européens (même de seconde zone) et de surcroît sur le sol européen. S’il est hors de question de diminuer l’horreur de l’Holocauste des Juifs ou de le relativiser, on ne peut pas, par contre, en toute honnêteté adhérer à l’idée de son caractère prétendument singulier. L’Holocauste des Juifs est certes un des maux absolus dont les Humain.e.s ont été capables mais il faut reconnaître que son identité conceptuelle ne se distingue pas de tous les autres holocaustes perpétrés par l’Occident raciste et antisémite depuis 1492. Elle est intrinsèquement liée à ces derniers, tout comme à celui que mène aujourd’hui Netanyahu en Palestine.
Dans son Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire écrivait d’ailleurs à propos de l’amnésie blanche découlant du double standard implicite de l’« indignation » européenne face au nazisme : « C’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on (les Européens) en a été le complice : que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absout, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce-que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non-européens (…) Le crime d’Hitler est d’avoir appliqué à l’Europe des procédures colonialistes dont ne relevaient jusqu’ici que les Arabes d’Algérie, les coolies de l’Inde et les nègres d’Afrique ».
C’est probablement la conscience que la barbarie extra-européenne, qui est l’une des identités les plus fortes de l’Occident, s’était pour une fois produite du fait du nazisme sur le sol même de l’Europe auto-désignée comme l’espace par excellence de l’humanité qui a amené les européens à s’indigner du seul holocauste des Juifs, à le condamner et à le présenter malhonnêtement comme unique et sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Mais n’ayant au fond jamais renoncé au contrat racial qu’il a institué et qui privilégie les Blanc.he.s et tous ceux qu’il aura décidé de blanchir, il a passé une sorte de deal diabolique avec les descendants des victimes de la Shoah en soutenant la création d’Israël sur les terres palestiniennes et en blanchissant les Juifs. Avec cette conversion d’Israël à l’occidentalisme et à ses tares et des Juifs à la blanchité, nous avons assisté à l’avènement de nouveaux barbares en renfort de la barbarie occidentale en pratique depuis 1492. Et conformément au dogme de la barbarie extra-européenne et donc coloniale de l’Occident qu’il a définitivement adopté, Israël a acquis par la force le droit de commettre des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sur des populations qui ne sont pas blanches : les populations palestiniennes. Donc, l’Holocauste des Palestinien.n.e.s n’est rien d’autre que le point paroxysmique de la colonisation israélienne depuis 1948 contre laquelle les victimes ont légitimement et naturellement opposé une résistance multiforme dans le cadre de leur lutte non moins multiforme de libération. Ce qui veut dire que le Hamas, comme toute autre organisation de la résistance palestinienne, n’est pas une organisation terroriste mais un mouvement de résistance. Et comme l’enseignait Mandela qui avait créé la branche armée de l’ANC, c’est toujours l’oppresseur qui détermine la forme de résistance de l’opprimé. L’opprimé, quel que soit la forme de sa résistance, a droit à la solidarité et au soutien effectif des peuples anciennement opprimés. Nous savons que quand l’Occident barbare a voulu d’une Amérique sans ses Autochtones et d’une Australie sans ses Aborigènes, il a fini, au prix d’horribles holocaustes certes, par les obtenir. Converti à l’occidentalisme, Israël cherche également depuis 1948 à obtenir une Palestine sans les Palestinien.n.es et il est aujourd’hui sur le point de l’obtenir. Compte tenu du poids de l’histoire des quatre (4) derniers siècles où elle a été directement et tragiquement confrontée aux affres de la barbarie occidentale, l’Afrique ne peut pas se permettre le luxe de l’indifférence ou de la neutralité face à l’Holocauste des Palestinien.n.e.s. Pourquoi ? Parce que tout simplement le prochain grand chantier de la barbarie occidentale pourrait être de faire advenir, même au prix macabre d’une solution finale à la Netanyahu, une Afrique sans les Africains. Moralement et existentiellement donc, l’Afrique a l’obligation d’être du côté de la résistance multiforme des organisations de libération palestiniennes. L’Afrique du Sud, qui incarne dans ce cas et de la meilleure des façons l’honneur de l’humanité, en a déjà donné l’exemple. J’espère que le Sénégal ne va pas tarder à suivre cet exemple en mettant au moins immédiatement fin à ses relations diplomatiques avec Israël.
Oumar Dia est maître de conférences titulaire, Université Cheikh Anta Diop.
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LA PREMIÈRE RÉACTION DE WALY DIOUF BODIAN, NOMMÉ DG DU PORT
Il est aujourd’hui le nouveau patron du Port autonome de Dakar. Quelques heures après sa nomination, il a réagi sur les ondes de la Rfm et décliné ses ambitions.
Waly Diouf Bodian est aujourd’hui le nouveau Patron du Port autonome de Dakar. Quelques heures après sa nomination, il a réagi sur les ondes de la Rfm. Il a décliné ses ambitions.
« Je me considère comme quelqu’un qui est en mission et qui va devoir, comme ceux qui viennent d’être nommés à des stations de responsabilité, nous évertuer à donner corps au projet qui a été proposé aux sénégalais.
Le Port est une structure importante. Pour pouvoir décliner une feuille de route, il va falloir s’imprégner de ce qui s'y passe.
Nous sommes des fonctionnaires aguerris. Je suis dans l’administration sénégalaise depuis 20 ans, à la Direction générale des impôts et domaines. Je crois qu’au niveau du Port, nous pourrons apporter notre touche pour garder la structure dans une logique de performance.»
CENTIF, QUATRE NOUVEAUX MEMBRES PRENNENT FONCTION
Les nouveaux membres de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ont prêté serment ce jeudi devant la Cour d’Appel de Dakar.
Quatre nouveaux membres de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ont pris fonction. Ils ont prêté serment ce jeudi 24 avril 2024 devant la Cour d’appel de Dakar.
Les nouveaux membres de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) ont prêté serment ce jeudi devant la Cour d’Appel de Dakar. Il s’agit d’Alioune Niokhor Diouf, magistrat hors hiérarchie, ancien directeur adjoint des affaires criminelles et des grâces, Mandjibou Lèye, Commissaire de Police principal, ancien commissaire central de Guédiawaye, Moulaye Dicko, commissaire de police principal, ancien Chef de la Brigade économique et financière à la Division des investigations criminelles (Dic) et Babacar Amadou, lieutenant-colonel des Douanes.
La Centif est composée de six (6) membres nommés par décret, à savoir : Un (1) haut fonctionnaire issu, soit de la Direction Générale des Douanes, soit de la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Trésor, soit de la Direction Générale des Impôts et Domaines, ayant rang de Directeur d’administration centrale mis à la disposition de la Centif par le Ministère chargé des Finances. Il en assure la présidence ; un (1) magistrat spécialisé dans les questions financières mis à la disposition de la Centif par le ministère chargé de la Justice ; un (1) haut fonctionnaire de la police judiciaire mis à la disposition de la Centif par le Ministère chargé de la sécurité ; un (1) chargé d’enquêtes, inspecteur des services des Douanes mis à la disposition de la Centif par le Ministère chargé des Finances ; un (1) chargé d’enquêtes, officier de police judiciaire mis à la disposition de la Centif par le Ministère chargé de la sécurité et un (1) représentant de la Bceao, assurant le secrétariat de la Centif.Les membres de la Centif qui exercent leurs fonctions, à titre permanent, pour une durée de trois (3) ans, renouvelable une fois.
La Centif , rappelons-le, est une cellule de renseignements financiers de type administratif, placée sous l’autorité du Ministre chargé de l’Économie et des Finances. Dotée d’un pouvoir de décision autonome et d’une autonomie financière (budget propre), il est présidée par un cadre supérieur issu des régies financières ayant au moins le rang de Directeur d’une administration centrale, nommé par décret.
La Centif a été mise en place par le décret n° 2004-1150 du 18 août 2004 portant création, organisation et fonctionnement de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières, remplacé par le décret n°2019-1498 fixant les règles d'organisation et de fonctionnement de la Cellule nationale de Traitement des Informations financières.
Cette loi vient en appoint à la loi uniforme n° 2004-09 du 6 février 2004 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux. Il s’agit de la réponse du Sénégal à la mobilisation internationale réaffirmée par la volonté clairement traduite au plan sous régional (Uemoa, Cedeao) par le Giaba, de lutter contre la criminalité financière.
Cette loi a trois (3) objectifs : prévenir le blanchiment de capitaux, détecter en vue de sa répression le blanchiment de capitaux et permettre la coopération internationale autour de la lutte contre le blanchiment de capitaux.
La Centif occupe une place centrale dans le dispositif national de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (Lbc/Ft). Ses missions sont à la fois opérationnelles et stratégiques.
Au plan opérationnel, la Cellule exerce ses missions à travers les principales fonctions suivantes : la réception des déclarations de soupçon, des demandes d’informations émises par les cellules de renseignement financier (Crf) étrangères, des demandes d’informations transmises par des autorités nationales agissant dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux; le recueil de toutes informations transmises spontanément ou à sa demande par les cellules de renseignement financier (Crf) étrangères ou par des organismes et services de l’Etat ; le traitement des informations reçues ou collectées ; la transmission d’un rapport au Procureur de la République lorsque les opérations financières objet de déclarations d’opérations suspectes mettent en évidence des faits susceptibles de constituer une infraction de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme ; la communication des informations collectées ou traitées à des organismes et services de l’Etat, dans les limites fixées par la loi ou des restrictions imposées par les structures auprès desquelles elles ont été obtenues et l’élaboration de rapports périodiques (trimestriel et annuel) sur ses activités.
Au plan stratégique, la Centif participe à l’élaboration des politiques et stratégies nationales de lutte contre le le blanchiment de capitaux. Elle réalise ou fait réaliser des études sur des tendances observées en matière de blanchiment de capitaux, de financement du terrorisme ou d’activités délictueuses connexes. Elle assure le secrétariat permanent du Comité national de coordination de la lutte contre le blanchiment de capitaux qui est un cadre mis en place pour identifier les actions permettant de mettre en œuvre la politique de l’Etat en matière de lutte contre les activités criminelles, notamment celles financières.
D’importantes prérogatives ont été conférées à la Centif afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle, notamment : un pouvoir de décision autonome sur les matières relevant de sa compétence ; une autonomie financière ; un droit de communication étendu lui permettant d’accéder à toutes informations nécessaires à la conduite de ses investigations ; l’inopposabilité du secret professionnel et un droit d’opposition à l’exécution d’une opération suspecte pour une durée maximale de 48 heures. La cellule a, en outre, la possibilité de demander au juge d’instruction de proroger le délai d’opposition qui ne peut dépasser vingt-quatre heures.