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24 avril 2025
Politique
RÉFORMES EN MARCHE, MALGRÉ LES OBSTACLES
Interrogé sur sa promesse de suppression d'institutions comme le HCCT et le CESE, Bassirou Diomaye Faye a souligné la nécessité de modifier la Constitution pour y parvenir
Le chef de l’Etat a assuré, samedi soir, qu’il tenait toujours à sa promesse de rationalisation du train de vie de l’Etat et à la politique de reddition des comptes pour plus de transparence dans la gestion publique.
Interrogé en conférence de presse sur sa promesse de supprimer certaines institutions comme le HCCT et le CESE, Bassirou Diomaye Faye a déclaré qu’il n’avait pas changé d’avis sur ces questions, rappelant que ces institutions sont prévues dans l’ordonnancement institutionnel.
Pour les supprimer, il va falloir changer la Constitution, a-t-il dit en wolof.
Concernant la reddition des comptes, le chef de l’Etat a assuré qu’il était attaché à la transparence dans la gestion des affaires publiques.
‘’Les corps de contrôle font leur travail’’, a-t-il dit, assurant qu’il ne mettra son coude sur aucun rapport produit par ces corps de contrôle.
Toutefois, Bassirou Diomaye Faye a précisé qu’il n’était pas dans une logique de ‘’vengeance’’.
DIOMAYE PROMET DES SOLUTIONS DURABLES AU CHÔMAGE
Le président de la République a déclaré ce samedi que les pouvoirs publics ont établi une stratégie globale fondée sur l'adéquation formation-emploi et la valorisation des filières pourvoyeuses d'emplois
Le chef de l’Etat a assuré, samedi soir, qu’il avait une claire conscience des attentes de la jeunesse sur question de l’emploi, assurant que le gouvernement travaille à y apporter des solutions.
Interrogé en conférence de presse sur la question de l’emploi des jeunes, Bassirou Diomaye Faye a déclaré qu’il avait une claire conscience des attentes de la jeunesse sur cette question.
La stratégie du gouvernement face à cette problématique repose sur la formation, la requalification en adéquation avec les besoins du marché.
Le chef de l’Etat a souligné que le secteur privé aussi sera mis à contribution.
Selon lui, il y a aussi lieu de renforcer le secteur primaire pour absorber le maximum de main-d’œuvre.
DIOMAYE DEMANDE L'APAISEMENT ENTRE L'EXÉCUTIF ET LE LÉGISLATIF
Le chef de l'État a échangé avec le président de l'institution parlementaire et demandé au premier ministre de surseoir à la déclaration de politique générale en attendant le toilettage du réglementent intérieur de l'Assemblée nationale
Le président de la République a déclaré, samedi soir, avoir échangé avec le président de l’Assemblée nationale, pour trouver une solution au différend entre le Premier ministre et les députés sur la question du Règlement intérieur de l’institution parlementaire.
‘’J’ai échangé avec le président de l’Assemblée nationale’’, a dit Bassirou Diomaye Faye, interrogé en conférence de presse, sur ce différend entre le Premier ministre et les députés.
Le chef de l’Etat espère que les députés se réuniront bientôt pour une mise à jour du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et permettre au Premier ministre de faire sa Déclaration de politique générale.
Il dit également avoir demandé au Premier ministre de surseoir à la Déclaration de politique générale qu’il avait prévue de faire devant un Jury populaire, le 15 juillet.
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DIOMAYE DONNE LE TON
Le président jette un regard sans concession sur l'état du Sénégal. À l'en croire, le pays a besoin d'un sévère assainissement. Il prône la fin de l'opacité, une chasse aux dépenses superflues et des réformes en profondeur
(SenePlus) - À l'occasion de sa première conférence de presse en tant que président de la République, Bassirou Diomaye Faye a dressé un bilan sans complaisance de ses 100 premiers jours à la tête du pays. Face aux journalistes Souleymane Niang, Abdou Kogne Sall, Pierre Edouard Faye, Ndèye Arame Touré, Migui Maram Ndiaye, Fatou Sakho et Ndèye Mariam Ndiaye, le chef de l'État n'a pas mâché ses mots concernant la situation économique et sociale qu'il a héritée.
"Les indicateurs économiques étaient au rouge ou à la limite orange à ma prise de fonction le 2 avril 2024", a déclaré Bassirou Diomaye Faye, conférant d'emblée un ton grave à son allocution. Le nouveau dirigeant semble résolu à rompre avec les pratiques dispendieuses du passé, comme en témoigne sa volonté de "rationaliser le train de vie de l'État" conformément à ses promesses de campagne.
Cependant, Bassirou Diomaye Faye se défend de toute logique vindicative : "Je ne suis pas dans une logique de vengeance". Il entend plutôt instaurer une véritable culture de la transparence et de la reddition des comptes, marquant ainsi une rupture avec les dérives de la gestion précédente. "Les corps de contrôle font leur travail", assure-t-il, "je ne mettrai mon coude sur aucun rapport produit par ces corps."
Sur le plan institutionnel, le président ne dévie pas de sa ligne de conduite. Interrogé sur la suppression d'institutions coûteuses comme le HCCT et le CESE, il rappelle la nécessité d'une réforme constitutionnelle : "Pour les supprimer, il va falloir changer la Constitution."
L'un des défis majeurs du nouveau régime reste la lutte contre le chômage des jeunes. Bassirou Diomaye Faye affirme avoir "une claire conscience de cette problématique" et mise sur une stratégie impliquant formation, requalification et développement du secteur privé. "Il y a aussi lieu de renforcer le secteur primaire pour absorber le maximum de main-d'œuvre", ajoute-t-il.
Dans un registre plus inattendu, le président s'est livré à un vibrant hommage à son Premier ministre Ousmane Sonko, qualifié d'"excellent" et présenté comme "le meilleur Premier ministre de l'histoire du Sénégal". Une marque de confiance surprenante au vu des tensions actuelles entre le gouvernement et l'Assemblée nationale sur la question du Règlement intérieur. Un différend que Bassirou Diomaye Faye assure vouloir résoudre "en échangeant avec le président de l'Assemblée".
En somme, ces 100 premiers jours ont donné le ton d'un mandat placé sous le signe de l'assainissement, de la rigueur et de la transparence. Un vent de rupture qui, s'il se confirme, pourrait bien marquer un tournant dans la gouvernance du pays. Comme le rappelle si bien l'adage wolof, "Ngueunara ngueunari bougonatou béppi" - une nouvelle natte ne peut être compactée qu'après avoir été battue.
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FRAYEUR À UN MEETING DE TRUMP
Au beau milieu de son discours en Pennsylvanie, l'ancien président américain a dû être évacué d'urgence par le Secret Service. Le candidat républicain, visiblement blessé, a été vu avec du sang sur l'oreille après des détonations
(SenePlus) - Le meeting de campagne de Donald Trump à Wilkes-Barre, en Pennsylvanie, a viré au chaos lorsque l'ex-président républicain a dû être précipitamment évacué de la scène. Des images saisissantes ont capturé l'ancien locataire de la Maison Blanche entouré d'agents du Secret Service après que des détonations ont été entendues dans les rangs de ses partisans.
Selon des journalistes de l'AFP présents sur place, Trump venait à peine de commencer son discours lorsque le tumulte a éclaté. "On a vu beaucoup de gens se jeter à terre, l'air confus. J'ai entendu les coups de feu, ça sonnait comme quelque chose entre des pétards et un pistolet de petit calibre", a témoigné John Yeykal, un sympathisant du milliardaire new-yorkais.
Dans des scènes rappelant les pires cauchemars sécuritaires, les agents du Secret Service ont promptement plaqué au sol le candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle de novembre. Quelques instants plus tard, Trump s'est relevé, le visage marqué par une traînée de sang sur son oreille droite.
Malgré la tension palpable, l'ex-président n'a pas perdu son caractère combatif. Encadré par un imposant dispositif de sécurité, il a quitté l'estrade en levant le poing, sous les ovations de ses fidèles partisans. Un geste de défiance qui en dit long sur l'âpreté de la campagne à venir face au président démocrate sortant, Joe Biden.
Cet épisode rocambolesque survient à quelques jours seulement de la convention républicaine où Trump doit être investi officiellement comme le candidat du parti pour briguer un second mandat.
DIOMAYE FACE AU MUR DE LA MAJORITÉ PARLEMENATIRE
Déterminé à mener à bien les réformes promises, le président évoque une révision constitutionnelle nécessaire. Mais entre une majorité hostile et des manœuvres parlementaires complexe, quelles options s'offrent à lui ?
Bassirou Diomaye Faye ne peut rien faire sans procéder aux réformes constitutionnelles. En Conseil des ministres, le président a évoqué une révision constitutionnelle Sans préciser si ce sera par voie parlementaire ou référendaire. Dans les deux cas, il aura besoin d’un compromis avec la majorité. Peut-être que c’est l’objet de l’audience qu’il a accordée au président de l’Assemblée nationale. Une question se pose : A-t-il consulté Amadou Mame Diop pour un référendum pour éviter le blocage de ses réformes par Benno qui se braque.
Le président de la République vient de boucler cent jours à la tête du pays. Il est attendu sur beaucoup de sujets dont ceux relatifs aux réformes de la justice et des institutions. Lors du Conseil des ministres du mercredi 10 juillet 2024, Bassirou Diomaye Faye a annoncé que dans le cadre du «Projet de transformation systémique du Sénégal», il s’agit de s’inscrire dans «l’engagement primordial à asseoir un Etat de droit, une République exemplaire et une Nation solidaire à travers des institutions fortes et une justice crédible qui agrée le Peuple sénégalais au nom duquel elle est rendue». Dans ce sens, il a demandé «au Premier ministre, au ministre de la Justice et aux ministres concernés de lui proposer un calendrier de mise en œuvre des réformes du secteur de la justice en droite ligne du programme législatif du Gouvernement», soulignant que «cet agenda législatif doit viser notamment la révision de la Constitution et des Codes spécifiques».
La voie parlementaire et la dictée de Benno
Alors, curiosité : Le chef de l’Etat n’a pas donné un délai. Et puis, cette révision de la Constitution ne peut se faire sans une majorité assurée. L’article 103 de la Constitution dispose : «L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République et aux députés. Le Premier Ministre peut proposer au président de la République une révision de la Constitution. Le projet ou la proposition de révision de la Constitution est adopté par l’Assemblée nationale selon la procédure prévue à l’article 71 de la présente Constitution. La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum. Toutefois, le projet ou la proposition n’est pas présenté au référendum lorsque le Président de la République décide de le soumettre à l’Assemblée nationale. Dans ce cas, le projet ou la proposition n’est approuvé que s’il réunit la majorité des trois cinquièmes (3/5) des suffrages exprimés.» Or, c’est Benno bokk yaakaar qui contrôle aujourd’hui l’Assemblée, sauf à sortir un coup de génie pour lui arracher des élus. Voilà pourquoi Diomaye Faye n’a pas une grande marge de manœuvre pour la voie parlementaire surtout.
Diomaye a-t-il consulté le président de l’Assemblée pour un référendum ?
L’autre possibilité qui s’offre au président Faye, c’est tout simplement de prendre la voie référendaire. Etant entendu que l’Assemblée ne peut être dissoute avant septembre. Cependant, confient des juristes qui ne veulent pas en parler à ce stade, le cas échéant, «les institutions seraient, de fait, dissoutes». Mais l’article 87 de la Constitution précise dans tous les cas que «le mandat des députés n’expire qu’à la date de la proclamation de l’élection des membres de la nouvelle Assemblée nationale». Le scénario redouté d’un référendum se trouve dans l’article 51 de la Constitution qui dispose : «Le Président de la République peut, après avoir recueilli l’avis du président de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, soumettre tout projet de loi constitutionnelle au référendum. Il peut, sur proposition du Premier Ministre et après avoir recueilli l’avis des autorités indiquées ci-dessus, soumettre tout projet de loi au référendum.» Alors, Amadou Mame Diop a-t-il été consulté pour un référendum ? Grosse interrogation. Le président de la République pourrait édifier les Sénégalais sur cette question ce samedi, lors de son face à face avec la presse nationale.
«Compromis inévitable»
L’un dans l’autre schéma, Diomaye Faye est condamné à faire valoir le grand jeu, un «compromis inévitable» avec l’opposition majoritaire, comme l’a souligné l’ancien parlementaire Alioune Souaré. Dans un contexte de blocage - le mot n’est pas fort - puisque la majorité a fait annuler le Débat d’orientation budgétaire et le Premier ministre conditionne sa Déclaration de politique générale (Dpg) à la mise à jour du Règlement intérieur seul le dialogue institutionnel peut éviter des crises. Et c’est le sens de l’audience que le chef de l’Etat a accordée hier au président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop. Si rien n’a encore suinté de cette entrevue, l’hypothèse d’un accord avec Benno est avancée pour faire passer certaines réformes constitutionnelles par voie parlementaire. A partir de ce moment, l’article 71 dispose qu’«après son adoption par l’Assemblée nationale à la majorité absolue des suffrages exprimés, la loi est transmise sans délai au président de la République pour promulgation». Au pouvoir de trouver encore cette «majorité absolue».
TEST GRANDEUR NATURE POUR LE PRESIDENT DIOMAYE
Prévu à 21 heures au Palais de la République, ce premier entretien du chef de l’Etat s’annonce crucial du fait des nombreuses questions encore en suspens au-delà du bilan des premiers actes de sa gouvernance.
Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye va s’adresser aux Sénégalais, ce samedi, à travers son premier entretien avec six représentants d’organes de presse locale. Prévu à 21 heures au Palais de la République, ce premier entretien du chef de l’Etat s’annonce crucial du fait des nombreuses questions encore en suspens au-delà du bilan des premiers actes de sa gouvernance.
Test grandeur nature pour le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Élu 5e président de la République, dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 dernier avec 54,28% des suffrages, le successeur du président Macky Sall qui a bouclé hier, vendredi 12 juillet, ses premiers cents jours aux commandes du Sénégal fera face ce jour, samedi, à six représentants d’organes de la presse locale pour son premier entretien. Il s’agit de la Radiotélévision sénégalaise (Rts), de l’Agence de presse sénégalaise (Aps), des médias privés dont le Groupe futurs média (Gfm), Walfadrji et Sud communication à travers la radio Sud Fm, et le site d’information Sanslimite.sn.
Prévu à 21 heures au Palais de la République, ce rendez-vous, très attendu par de nombreux Sénégalais s’annonce crucial pour l’actuel chef de l’Etat. Et pour cause, au-delà du bilan des premiers actes de sa gouvernance à travers les mesures mises en œuvre par le Gouvernement de son Premier ministre, Ousmane Sonko, sur la base de ses orientations au cours de ces trois mois de gestion, l’actuel chef de l’Etat est attendu sur plusieurs autres questions dont certaines faisaient partie des thèmes centraux de sa campagne électorale.
Parmi celles-ci, nous pouvons citer entre autres la non effectivité de la mesure d’appel à candidature pour la nomination aux postes de Directeurs généraux, le retard dans la mise en œuvre de la politique de reddition des comptes à travers des poursuites judiciaires contre toutes les personnes accusées de mauvaise gestion des deniers publics par des rapports d’organes de contrôle public, le gel des biens frauduleusement acquis par d’anciens fonctionnaires publics pour ne citer que celles-là.
Lors de ce premier entretien avec la presse nationale, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye sera également attendu sur les grandes orientations de son magistère. En effet, avec le blocage de la déclaration de politique générale de son Premier ministre du fait de la carence du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dont le bureau ne semble pas presser à corriger, l’actuel chef de l’Etat devra, en lieu et place de son Premier ministre, Ousmane Sonko, monter au front pour dégager lui-même les principaux axes de sa gouvernance au cours des quatre prochaines années.
Toujours concernant l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat sera également très attendu lors de cet entretien sur la question de son maintien ou sa dissolution après le bouclage de la période des deux ans fixés par certains spécialistes au mois de septembre prochain.
EN MATIERE DE GOUVERNANCE, LE PROCESSUS DECISIONNEL NE S’ACCOMMODE D’AUCUNE PRECIPITATION
Abdoul Aziz Tall, diplômé en Sciences politiques de l’Université de Montréal, ancien ministre et ancien directeur de Cabinet du président de la République, sonne l’alerte et décline des recommandations dans le sens d’une gestion «Jub, Jubal et Jubanti».
Abdoul Aziz Tall est formel. «En matière de gouvernance, le processus décisionnel ne s’accommode d’aucune précipitation». A la veille de la première sortie du nouveau président de la République face à la presse, ce samedi 13 juillet, après 100 jours au pouvoir, Sud Quotidien est allé à sa rencontre. Diplômé en Sciences politiques de l’Université de Montréal, l’ancien ministre et ancien directeur de Cabinet du président de la République sonne l’alerte et décline des recommandations allant dans le sens d’une gestion «Jub, Jubal et Jubanti». Entretien.
Après 100 jours d’une nouvelle gouvernance, quelle appréciation faites-vous du changement opéré le 24 mars dernier ?
Le profond désir de changement était manifeste. L’ampleur et le caractère inédit des résultats obtenus par le président élu, Bassirou Diomaye Faye, dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars, attestent éloquemment du désir ardent que les Sénégalais avaient d’opérer une rupture. Mais l’originalité de cette élection est le fait qu’elle aura permis aux Sénégalais d’obtenir par la voie des urnes ce que sous d’autres cieux, on n’a pu réussir que par des coups de force militaire. Nos nouveaux dirigeants tiennent le même discours en termes de souveraineté, de désir de changement, de réappropriation de nos ressources naturelles, que celui qui résonne un peu partout en Afrique qui tient plus à son émancipation, en plus de bénéficier de la compétence distinctive d’une vraie légitimité populaire. Il y a eu malheureusement un lourd bilan de morts, de blessés et d’emprisonnements aux multiples conséquences, avant qu’on en arrive à la victoire par les urnes. C’est l’occasion de regretter les nombreuses victimes de ces luttes dont les sacrifices n’ont pas été vains.
Je reformule ma question. Quel bilan peut-on tirer, selon vous, des 100 premiers jours du nouveau pouvoir?
Parler de bilan sur une période de 100 jours par rapport à une gouvernance d’un État qui doit durer cinq ans, me paraît à la fois inapproprié et prématuré. On ne saurait demander à un entraîneur dont l’équipe vient à peine de rentrer sur l’aire de jeu pour s’échauffer, de vous livrer les résultats du match qui doit durer en principe 90 mns. En revanche, il est permis, comme votre brillant confrère Mamadou Oumar Ndiaye du Témoin l’a fait récemment, d’identifier des actions dont l’appréciation renseigne sur les chances d’obtenir les résultats souhaités au moment de tenir un bilan. De ce point de vue, on peut remarquer qu’il y a des citoyens qui considèrent que les décisions du nouveau gouvernement sont lentes à prendre. On peut comprendre parfaitement leur impatience légitime par rapport à leur désir d’obtenir des solutions immédiates à leurs problèmes. Cela dit, en matière de gouvernance, le processus décisionnel ne s’accommode d’aucune précipitation avec un risque de goût d’inachevé, avec des solutions irréalistes et sans lendemain. En effet, il est établi en management des organisations que lorsqu’un dirigeant prend des décisions au rythme des rafales d’une mitraillette, il est fort à parier qu’il a peu de chance d’atteindre la bonne cible. C’est vous dire que la prise de décision est un aspect tellement important dans le Management d’une organisation que certains théoriciens en la matière n’hésitent pas à l’assimiler à la définition de ce concept. Il est donc vital de réfléchir sur toutes les conséquences qu’une décision peut générer avant sa mise œuvre. De ce point de vue, la prudence qui est de mise aujourd’hui par le gouvernement peut bien s’expliquer. En revanche, vouloir critiquer le gouvernement actuel sur des problèmes structurels qu’il a hérités de gestion antérieure comme par exemple la question des inondations ou le phénomène de l’immigration clandestine, du chômage des jeunes et autres, relève simplement d’une démarche purement politicienne, si ce n’est une méconnaissance du fonctionnement d’un Etat ou les deux . Tout le monde sait qu’il existe des problèmes structurels hérités des précédents régimes, qui se sont longtemps sédimentés et qu’on ne saurait résoudre d’une simple baguette magique. La crédibilité d’une critique doit reposer sur la bonne foi de celui qui l’émet.
Dans une récente contribution, vous avez appelé à un changement des comportements des citoyens pour accompagner la volonté de rupture. Considérez-vous cet aspect parmi les chantiers prioritaires du nouveau régime ?
Les changements de comportements devraient être un des chantiers prioritaires du gouvernement. Il ne sert à rien d’avoir toutes les ressources du monde capables de transformer structurellement un pays et adossé à un programme si séduisant soitil, si l’on n’a pas comme soubassement un peuple discipliné et organisé, doté de valeurs civiques et du sens des responsabilités individuelles et collectives. Aujourd’hui, il y a malheureusement trop de désordre, d’anarchie et d’indiscipline qui se sont accumulés dans notre pays au fil des années. On a l’impression que chacun fait ce qu’il veut et se c o m p o r t e comme bon lui semble, tout en considérant son attitude comme faisant partie de l’expression de la liberté et de la démocratie. Les nouvelles autorités semblent décidées à s’attacher en priorité à cette mission de restauration des valeurs civiques, de changements des comportements. A cet égard, les récentes mesures de déguerpissements des artères des grandes villes sont à encourager. Dans le même ordre d’idées, l’Etat devrait mettre fin à l’anarchie qui règne dans la circulation, à l’occupation irrégulière de l’espace public par des ateliers et garages de toutes sortes, les barrages systématiques des rues, sans autorisation préalable de l’autorité, lors des cérémonies familiales, les nuisances sonores etc. L’argument selon lequel on a le droit de travailler pour subsister ne saurait justifier certaines pratiques comme l’occupation anarchique des artères destinées à la circulation des automobiles ou la violation de l’intimité de ses concitoyens. Ce qui se passe autour de certains marchés où les populations riveraines ont des difficultés d’accéder à leur propre domicile du fait de l’envahissement de leur espace privé est inacceptable. Les pouvoirs publics ont l’obligation de mettre fin à cette forme d’agression dont ces citoyens sont victimes. Le droit de chacun de nous s’arrête là où commence celui des autres. Tout recul face aux pressions de toutes sortes, d’où qu’elles émanent, serait perçu comme une capitulation de nature à fragiliser l’autorité de l’Etat pour toutes les mesures salutaires qu’il est appelé à prendre à l’avenir. Évidemment, toutes ces actions de remise en ordre devront être accompagnées par une communication préalable et par des mesures tendant à atténuer leur impact négatif au plan social sur des personnes concernées.
Justement, la communication a toujours été le talon d’Achille des gouvernements précédents. Que pensez-vous de la méthode du nouveau régime ?
À travers un changement de paradigme, il serait opportun et judicieux de mettre en place une agence de communication gouvernementale (ACG) en lieu et place de l’actuel bureau d’information gouvernementale (BIG). Naturellement, cette entité devrait être pourvue de ressources conséquentes afin qu’elle puisse assurer avec efficacité et performance les objectifs d’image et de notoriété inhérents à l’exercice gouvernemental. Par ailleurs, cette agence de communication gouvernementale jouerait un rôle d’aiguilleur pour les médias d’Etat, notamment en termes de pro positions de contenus stratégiques. Autre suggestion, c’est surtout éviter de couper les liens avec les populations au prétexte qu’on est débordé par son travail. C’est la plus grosse menace qui pèse sur la qualité des rapports entre les citoyens et les délégataires de pouvoirs publics. C’est l’occasion d’encourager. Il faut rester en contact avec les populations et surtout faire l’effort de répondre à leurs courriers. Le président Abdou Diouf avait fait de la réponse aux courriers qui lui étaient adressés un impératif, une exigence liée au sacerdoce. Il ne manquait aucune occasion de le rappeler à ses ministres et à leurs collaborateurs.
Le gouvernement vient d’engager des audits dans tous les secteurs publics et parapublics. Ne craignez-vous pas que l’objectif soit de museler les tenants de l’opposition actuelle ?
L’audit est une procédure de contrôle qui fait partie intégrante du dispositif managérial de toute organisation. Il permet à tout moment d’étudier les conditions de fonctionnement d’une organisation par rapport à ses diverses composantes : finances, ressources humaines, production, communication, marketing, etc. L’audit est un outil essentiel de la reddition des comptes. Malheureusement, ce concept est aujourd’hui chargé négativement en raison de l’utilisation qui en a été faite par le passé. À savoir un moyen de chantage, de menace ou de punition d’adversaires politiques à travers des poursuites judiciaires.
Est-ce à dire que vous craignez que la même utilisation soit faite des audits engagés par les nouvelles autorités, une fois terminés ?
Deux raisons me font penser qu’il n’en sera pas ainsi. D’abord, le fait que les audits soient confiés à deux corps de contrôle dont la réputation de sérieux, de rigueur et de neutralité ne souffrent d’aucun soupçon. En l’occurrence l’IGE et la Cour des comptes. Il y a donc une présomption favorable que ces audits seront menés dans les règles de l’art. Mais un audit est composé de plusieurs phases avant que les conclusions définitives ne soient livrées à l’autorité. D’où la nécessité là encore de faire preuve de patience. Maintenant, concernant l’exploitation des résultats, s’il n’y a aucune faute ou anomalie détectée, la personne faisant l’objet de l’audit est félicitée. C’est des cas qui existent bel et bien, même si l’on n’en parle pas souvent. Dans l’hypothèse où il y aurait des fautes liées à des malversations, détournements ou autres anomalies, les conclusions sont soumises à la justice. Jusqu’à ce que celle-ci se prononce, la personne incriminée bénéficie d’une présomption d’innocence. A ce niveau, je pense que les Assises de la justice dont les conclusions viennent d’être remises au chef de l’Etat, appellent entre autres, au renforcement de l’indépendance de la justice. Et je crois que les magistrats qui seront nommés prochainement feront preuve de respect de l’orthodoxie liée à leur fonction pour ne pas se laisser éventuellement influencer par qui que ce soit, comme certains peuvent le penser. Ensuite, je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je pense qu’il n’est pas dans l’esprit des nouvelles autorités de chercher à punir délibérément des adversaires politiques à travers des pratiques qui ont été toujours décriées par le passé. Enfin, l’actuel Garde des sceaux, ministre de la Justice (Ousmane Diagne-Ndlr) est un homme viscéralement attaché aux valeurs qui fondent sa profession de magistrat. Il en a déjà donné la preuve par le passé, à un moment où c’était loin d’être évident.
Quid des nominations ? Ne craignez-vous pas que les mêmes pratiques antérieures soient poursuivies?
Jusque-là, il faut avouer que le tempo est correct, même si certaines relèveraient d’une réelle récompense. Maintenant, il faut considérer que la compétence n’est pas le seul critère qui puisse présider à des nominations. La confiance et la proximité sont à prendre en considération. Certains considèrent que le rythme des nominations est lent. Certes ! Mais, il faut savoir que l’administration publique sénégalaise compte près de 300 Directions générales, Directions et Agences. A ce jour, je ne pense pas que la moitié de ces organes ont été affectés par des changements de Direction. Deux raisons peuvent l’expliquer. Soit, l’on est à la recherche de profils adéquats à travers une sélection de candidats, ou simplement parce qu’il existe des organismes pour lesquels l’on n’estime pas la nécessité d’opérer des changements au niveau de la direction pour l’instant. Cela relève évidemment de la discrétion du chef de l’Etat.
Sur le cas spécifique de la RTS, pensez-vous que les mesures du nouveau Directeur Général soient en conformité avec l’orthodoxie ? Ne craignez-vous pas qu’elles débouchent sur une crise ?
Dans la théorie, comme dans la pratique managériale, il est de bon ton de comprendre la logique des mesures conservatoires ou d’urgence liées parfois à la gestion de la trésorerie héritée. C’est plus ou moins le cas à la RTS. À ce propos, à la veille d’élections, il faut éviter de prendre certaines décisions au regard de l’éthique et de la courtoisie républicaines qui engageraient éventuellement son successeur. Si cette règle n’est pas respectée, il ne faudrait pas s’étonner que certaines décisions soient remises en cause. En 2000, le président Diouf avait donné des instructions fermes aux départements ministériels stratégiques de ne pas prendre des décisions qui engageraient et gêneraient même son éventuel successeur, s’il lui arrivait de perdre le pouvoir. Donc, dans le cas d’espèce, cette situation pourrait ne pas être particulièrement spécifique à la RTS. Dans tous les cas, il vaut mieux gérer dès à présent un conflit que de devoir poursuivre sa gestion avec des dysfonctionnements pathologiques.
Quels changements pourrait-on attendre du fonctionnement de l’Administration publique ?
En plus des changements attendus sur les comportements de l’ensemble des citoyens, le fonctionnaire de l’Etat doit se considérer d’abord c o m m e un serviteur de sa c o m m u - nauté. Les Anglais ont trouvé le terme approprié pour désigner un fonctionnaire en parlant de “civil service” dans le sens de “serviteur de l’Etat” avec toute la charge affective associée au patriotisme. Occuper une fonction conférée par la République, c’est surtout assumer la posture républicaine, en termes de valeurs, de repères et de références basées sur l’éthique, la transparence, la solidarité, la rigueur, le respect des droits humains. Les usagers du service public ont de plus en plus des exigences en matière de traitement. Aujourd’hui, Ils veulent être considérés davantage en clients en lieu et place de simples sujets qui viennent quémander un service public dont ils sont légitimement destinataires. Dans cette logique, il est primordial de poser un regard particulier dans la gestion de l’accueil et la prise en charge diligente des dossiers introduits par les citoyens. L’image positive du service public, c’est aussi et surtout le bannissement de la corruption dans tous les secteurs d’activités. À ce sujet, des sanctions exemplaires doivent être prises pour dissuader tout agent public qui serait tenté de se livrer à de telles pratiques. Au niveau des services de police et de gendarmerie, la brigade prévôtale doit être réhabilitée et renforcée dans ses prérogatives. L’un dans l’autre, même si elles en sont parfaitement conscientes, il convient de rappeler aux nouvelles autorités la nécessité de mettre le turbo, surtout sur les questions à haute valeur et portée sociales. En définitive, l’homo senegalensis est épris de paix et de justice. Il demande justice, de l’empathie, du respect et de la considération.
Les rapports entre le président de la République et son Premier ministre font l’objet de supputations dans le sens d’y entrevoir des conflits. Qu’en pensez-vous?
S’il y a des individus qui souhaitent et travaillent à l’entretien et à la survenue de malentendus et d’une crise de confiance entre le président de la République et son Premier ministre, alors cela serait franchement indécent. Au-delà même des considérations politiciennes, un croyant ne devrait jamais scruter, provoquer ou souhaiter la discorde entre des personnes unies et en bonne entente. Une telle entreprise n’est souhaitable ni pour la démocratie, ni pour la santé de nos institutions encore moins pour la stabilité politique du pays. Vouloir jeter du sable dans le couscous, juste pour que nous soyons tous privés de dîner relève simplement de manœuvres abjectes. Le Président de la République et le Premier ministre sont conscients qu’ils doivent poursuivre leur mission en parfaite intelligence. Par conséquent, il faut se garder de toute interférence extérieure, de jouer aux oiseaux de mauvais augure. C’est encore le lieu de rappeler cette maxime de mon homonyme Abdoul Aziz Sy Dabakh, qui nous mettait en garde face au danger qu’il y a pour soi-même et pour sa communauté d’être dans une même embarcation dont on souhaite à tout moment le naufrage.
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LA GUERRE EST DÉCLARÉE ENTRE MANSOUR FAYE ET ALIOU SALL
Les tensions étaient manifestement latentes, elles explosent désormais au grand jour. Le frère de Macky Sall et ancien édile de Guédiawaye balance ses vérités sur le maire de Saint-Louis, accusé d'avoir conduit à la perte de l'ex-président
(SenePlus) - La relation était-elle déjà tendue entre l'ex-maire de Guédiawaye et le maire de Saint-Louis ? Dans un entretien accordé à RFM ce vendredi 12 juillet 2024, Aliou Sall n'a pas mâché ses mots pour décrire sa réalation avec Mansour Faye : "Nous ne sommes pas amis. Je ne lui ai jamais rendu visite. Lui aussi n’est jamais venu chez moi".
Plus encore, Aliou Sall accuse Mansour Faye de l'avoir "envoyé des filles pour des marchés de communication" lorsqu'il était à la CDC. Des allégations graves qu'il justifie en soulignant : "Quand j’ai reçu ces jeunes femmes, je les ai toutes éconduites, en leur disant que je ne leur donnerai pas le marché, vu leur habillement vulgaire".
Aliou Sall se dit étonné des attaques de Mansour Faye à son encontre : "Je ne comprends pas pourquoi Mansour Faye se permet de tenir des tels propos à mon endroit, bien que je peux dire énormément de choses sur lui".
Mais le frère du président ne s'arrête pas là et accuse l'ancien ministre d'avoir "entaché le parcours du président Macky Sall" à travers "la manière dont il a géré ses charges publiques" et "son arrogance".
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ALIOU SALL LÂCHE SES VÉRITÉS
L'ancien maire de Guédiawaye révèle le peu de contacts qu'il a eu avec son frère, Macky Sall, en 12 ans. Il dément aussi avec véhémence toute accusation de trahison en expliquant n'avoir jamais vraiment fait partie de la garde rapprochée présidentielle
(SenePlus) - Invité vendredi de l'émission "Rfm matin" ce vendredi 12 juillet 2024, Aliou Sall n'y est pas allé de main morte pour régler ses comptes avec ceux qui l'accusent de "trahison". Visiblement irrité par les attaques de Mansour Faye, l'ancien maire de Guédiawaye, récemment démissionnaire de l'APR, a livré une interview cash où il a levé le voile sur ses relations très distantes avec son grand frère, l'ex-président Macky Sall.
"En 12 ans, j'ai eu à peine trois entretiens en tête-à-tête avec Macky Sall et je n'ai mis les pieds chez lui que deux fois. Je ne fais clairement pas partie de son cercle politique restreint", a-t-il lâché d'entrée, citant cette proximité très limitée pour réfuter l'idée d'une quelconque "trahison". Pire, il accuse Mansour Faye et sa famille d'avoir "poussé Macky Sall dans des impasses" comme le fameux projet de troisième mandat qu'il a lui-même "combattu à visage découvert".
Les révélations ne s'arrêtent pas là. Aliou Sall affirme également entretenir des rapports très froids avec Marième Faye Sall, qu'il ne considère que comme "l'épouse de son frère". Surtout, il confirme ne rien devoir à Mansour Faye, laissant entendre que les rumeurs de tensions entre les deux clans sont fondées. Autant de déclarations choc qui jettent une lumière crue sur les luttes intestines qui mineraient l'ancienne famille présidentielle.
Autre révélation de taille : Aliou Sall explique publiquement pourquoi il a soutenu Amadou Ba contre la volonté de la mouvance présidentielle. Selon lui, c'était le choix le plus judicieux et rationnel face à la menace d'une victoire de l'opposition radicale. Une prise de parole cash où le frère de Macky Sall signe clairement sa rupture avec le clan Faye et assume ses positions discordantes sur les grandes orientations politiques de ces dernières années.