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24 avril 2025
Politique
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DE LA DPG
Cet exercice crucial, où le Premier ministre expose sa feuille de route devant les députés, est désormais menacé par un imbroglio juridique et des tensions politiques. Mais qu'est-ce que la Déclaration de politique générale ?
La Déclaration de politique générale (DPG), pierre angulaire de la démocratie sénégalaise, se retrouve aujourd'hui au cœur d'une tempête politique. Mais qu'est-ce que le DPG et pourquoi est-elle si importante ?
Tradition républicaine ancrée depuis l'indépendance, la DPG est le moment où le Premier ministre nouvellement nommé présente devant l'Assemblée nationale les grandes orientations et les programmes de son gouvernement. C'est l'occasion pour les représentants du peuple d'évaluer, de débattre et potentiellement d'approuver la feuille de route gouvernementale.
Encadrée par l'article 55 de la Constitution, cette cérémonie est censée être un exercice de transparence et de responsabilité. Elle permet aux Sénégalais de comprendre la vision et les objectifs de leurs dirigeants pour les années à venir.
Cependant, la DPG 2024 est au centre d'une polémique sans précédent. Un règlement intérieur obsolète de l'Assemblée nationale, qui ne mentionne même pas le poste de Premier ministre, conduit à un blocage institutionnel. Le Premier ministre Ousmane Sonko refuse de présenter sa DPG, arguant de cette incohérence juridique.
Alors que le pays attend de connaître les orientations de son nouveau gouvernement, la DPG, censé être un moment d'unité nationale, est devenu le symbole des divisions politiques actuelles.
ROBERT BOURGI RAPPORTE SON ENTRETIEN TÉLÉPHONIQUE AVEC AMADOU BA
«C’est lui-même qui m’a appelé comme il le fait d’habitude. Il a été extrêmement correct, courtois, patriote, vis-à-vis des nouveaux dirigeants», a dit le franco-sénégalais.
C’est une toute fraiche conversation téléphonique avec Amadou Ba que Robert Bourgi rapporte. L’influent Franco-sénégalais rapporte, selon Bes Bi Le Jour, les propos de l’ancien Premier ministre sur la visite de Pape Alé Niang, ses relations avec Macky Sall, mais aussi avec Diomaye et Sonko.
Robert Bourgi parle encore. Et cette fois-ci, ce sont des confidences qu’il rapporte du candidat de Benno Bokk Yaakaar battu le 24 mars dernier. «Une longue conversation» qu’il a eue, ce jeudi, avec l’ancien Premier ministre. «C’est lui-même qui m’a appelé comme il le fait d’habitude. Il a été extrêmement correct, courtois, patriote, vis-à-vis des nouveaux dirigeants», a dit le franco-sénégalais. Robert rapporte quelques bribes de son entretien avec Amadou Ba. D’abord, sur le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, le néo opposant dit : «Je n’oublie jamais qu’ils ont été mes élèves, que j’ai été leur maitre. Je ne les ai jamais dénigrés. Ils m’ont toujours respecté. Je ne suis pas l’homme qui tire sur les nouveaux arrivants. Ils ont été élus, je me suis battu à la loyale et l’avenir parlera.»
«On me prête des propos que je n’ai jamais tenus…»
S’agissant de la rencontre entre le Directeur général de la Rts et l’ancien Pm pour «apaiser les tensions politiques», M. Bourgi ajoute que Amadou lui a confirmé la visite de Pape Alé Niang. «J’ai senti un Amadou très serein, pas du tout en conflit avec l’actuel régime. Il m’a dit : ‘’Grand frère, ils viennent d’arriver au pouvoir. Il faut les laisser faire leur politique, faire leur Déclaration de politique générale. Je ne suis pas de nature à faire dans les invectives, dans des attaques ad hominem. On me prête des propos que je n’ai jamais tenus.’’»
Amadou Ba : «(Macky) ne m’a pas appelé, je ne l’ai pas appelé»
Alors que l’on s’achemine vers des élections législatives, le candidat de Benno arrivé deuxième avec près de 36% semble s’éloigner de la maison Apr. S’il n’a pas encore créé un parti ou un mouvement, il semble dans cette logique de prendre son destin en main avec sa récente réflexion, prônant une «nouvelle responsabilité». Cette démarcation de Macky Sall semble nette aujourd’hui avec ces propos qu’il a confié à Robert Bourgi : «Je n’ai pas eu le patron (Macky Sall) depuis qu’il a quitté le pays. Il ne m’a pas appelé, je ne l’ai pas appelé. J’étais dernièrement au Maroc, je n’ai même pas cherché à le voir. Je suis Amadou Ba, j’existe. Mon parcours politique plaide pour moi et parle pour moi.»
UN EXERCICE PÉRILLEUX
En accordant une interview aux médias, Diomaye Faye prend le risque d'être confronté à des questions épineuses sur des sujets sensibles. Cette rencontre sera un test révélateur de la capacité du régime à gérer la contradiction
Adeptes des points de presse, les pontes du nouveau régime ne sont pas habitués à tenir de vrais face-à-face avec des journalistes professionnels, libres et indépendants. En accordant une grande interview à certains médias, Diomaye prend le risque de se faire challenger sur diverses questions.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, fera face à la presse ce samedi 13 juillet 2024 au palais présidentiel. A en croire la RTS, cette rencontre lui permettra, après cent jours passés au pouvoir, de répondre aux questions des journalistes et de communiquer directement avec la population sur l’état de la nation et ses perspectives. Parmi les sujets attendus, on trouve la bonne gouvernance, la baisse des prix de certains produits de première nécessité, la lutte contre la corruption et les missions d’audit.
Il faut noter que cet exercice est très utile aujourd’hui dans la mesure où la discussion est actuellement rompue entre le gouvernement et la majorité parlementaire. Or, l’hémicycle est par essence le lieu de débat entre les autorités et les représentants du peuple. Mais le Premier ministre Ousmane Sonko refuse toujours de tenir sa déclaration de politique générale (DPG) devant la représentation nationale. Il compte d’ailleurs l’effectuer devant un jury populaire si le règlement intérieur de l’institution n’est pas corrigé avant le 15 juillet pour prendre en compte les modalités d’organisation de la DPG. Et pour contrecarrer Ousmane Sonko, le bureau de l’Assemblée nationale a décidé de surseoir à la tenue du débat sur le budget.
Pourtant, cette session consacrée à la DPG pourrait constituer un grand moment de respiration démocratique avec des séries de questions réponses sur toutes sortes de sujets. Elle aurait pu même épargner le chef de l’Etat de l’exercice qu’il prévoit de tenir demain avec les journalistes. En effet, le Président Diomaye Faye sent le besoin de parler directement aux Sénégalais ; c’est parce qu’il craint que des canaux de communication ne soient obstrués. Le cas échéant, le travail qu’il est en train d’abattre n’aurait pas l’impact attendu.
Pour l’heure, il faut se rendre à l’évidence qu’au niveau sectoriel, les différents départements ministériels ne communiquent pas assez. Et au niveau de la primature, on est plus dans la gestion de crise soit pour gérer le problème des marchands ambulants ou pour divulguer des scandales fonciers et autres. Le Premier ministre n’est pas à vrai dire dans la communication publique avec une valorisation conséquente du travail abattu. Avec l’absence d’initiatives comme celle du régime présidentiel notamment “le gouvernement face à la presse”, le besoin de communiquer directement avec le peuple se fait sentir.
On peut se demander cependant si les autorités actuelles sont bien préparées à cet exercice. La réalité est que durant leurs dernières années d’opposition, elles se livraient plus à des points de presse qu’à des conférences de presse. Vu que leur stratégie était plus basée sur l’amplification de leurs discours savamment construits par leurs officines via les réseaux sociaux, elles ont abusé avec des points de presse sans possibilité d'être relancées et challengés couramment par des journalistes chevronnés.
Aujourd’hui, Bassirou Diomaye Faye prend le risque et compte aller au charbon pour vendre ses réalisations après cent jours de gestion et vendre de l’espoir. Force est de constater cependant que cet exercice peut s’avérer périlleux. Macky Sall, qui voulait révolutionner sa communication après ses discours du nouvel an en organisant des face-à-face avec des journalistes, en a fait les frais. Le 31 décembre 2019 à l’occasion d’un entretien avec des professionnels des médias au palais de la République, il a été piégé par le journaliste de RFM Babacar Fall avec une question fermée sur le troisième mandat. Celui-ci lui avait demandé de répondre par “Oui” ou par “Non” s’il allait briguer un troisième mandat. Le président Sall avait rétorqué : « Je ne répondrai ni par oui ni par non.» Une telle posture n’avait fait ensuite qu’amplifier le débat durant toute l’année pendant laquelle «pro et anti troisième mandat » se sont donnés en spectacle. Mais sa réponse avait été le catalyseur pour déclencher un nouveau mouvement anti-troisième mandat.
Du temps d’Abdoulaye Wade, cela s’est souvent passé de manière assez irrespectueuse. Le Pape du Sopi avait souvent en face des journalistes qui n’avaient pas froid aux yeux et qui n’hésitaient pas à le titiller. On se rappelle ses échanges avec Mamadou Ibra Kane qui l’avait interpellé en lui disant qu’il parlait beaucoup plus qu’il ne travaillait. Une question qui avait irrité à l’époque le président Wade. Il n’avait pas manqué d’ailleurs de le traiter d’insolent.
DIOMAYE, LA VOIE DU COMPROMIS POUR LA REVISION DE LA CONSTITUTION ?
Lors du dernier Conseil des ministres, le président de la République a évoqué une prochaine révision de la Constitution. Va-t-il recourir à un référendum ou passera-t-il par l’Assemblée nationale ? Dans les deux cas, il aura besoin des députés de BBY
L’annonce par le chef de l’État, au Conseil des ministres de mercredi dernier, de la révision de la Constitution, intervient dans un contexte où les députés de l’Opposition et leurs collègues de la majorité se livrent une bataille autour de la tenue ou non de la déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Quelle lecture faut-il faire d’une telle déclaration du chef de l’État ?
Dans le communiqué du dernier Conseil des ministres, tenu ce mercredi 10 juillet 2024, le chef de l’État a demandé au Premier ministre et ses ministres concernés de lui proposer un calendrier de mise en œuvre de réformes du secteur de la justice en droite ligne du programme législatif du Gouvernement. Et d’ajouter que cet agenda législatif doit viser notamment la révision de la Constitution et des cadres spécifiques. Une déclaration qui a attiré l’attention de plus d’un puisqu’intervenant dans un contexte de guéguerre entre députés de l’ancien pouvoir encore majoritaires à l’Assemblée nationale, et leurs collègues soutenant le nouveau régime. Ce bras de fer a été engagé après les conditionnalités posées par le Premier ministre avant d’aller faire sa DPG devant la représentation nationale. Et depuis, le débat fait rage entre les deux camps qui ne se font pas de cadeaux, chacun s’appuyant sur des articles du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui lui sont favorables et brandissant des armes politiques supposés pourvoir blesser l’autre. En effet, si les députés de Benno (ancienne majorité présidentielle) menacent d’abroger la loi permettant au chef de l’État de dissoudre l’Assemblée nationale et même de voter une motion de censure, leurs collègues de la mouvance présidentielle, eux, menacent de dissoudre l’institution parlementaire au plus tard le 12 septembre prochain, qui correspondra aux deux années de la présente législature. Dans le cadre de cette bataille, les députés de Benno ont boycotté le débat d’orientation budgétaire du ministre des Finances et du Budget. Ce en riposte au Premier ministre qui avait conditionné sa présence à l’Assemblée nationale à la modification du règlement intérieur, en menaçant de tenir sa Déclaration de politique générale devant un jury populaire.
Toutefois, un compromis semble avoir été trouvé puisque les députés de Benno ont, après avoir pourtant refusé toute modification de ce même règlement intérieur, décidé de voter la proposition de loi introduite par la députée du PDS Nafissatou Diallo. Laquelle permettra de rétablir dans le règlement intérieur de l’institution toutes les dispositions relatives à la fonction de Premier ministre. Lesquelles avaient été retirées dudit règlement intérieur lorsque cette fonction avait été supprimée par le président de la République sortant.
Le développement d’un pays c’est aussi la bonne marche de ses institutions. Pour ce qui est du nôtre, l’Assemblée nationale, qui en est la deuxième après l’Exécutif, est confrontée à une situation où la majorité qui y siège n’est pas au pouvoir. Une situation paradoxale qui voit les députés soutenant l’actuel président de la République être dans l’opposition au Parlement ! Dans un tel contexte, il y a lieu d’arrondir les angles pour éviter un blocage institutionnel dont les conséquences pourraient entraver la bonne marche du pays. C’est seulement en faisant preuve de cet état d’esprit républicain que nos autorités, aussi bien de l’exécutif que du parlement, parviendront à trouver un compromis pour se consacrer résolument à leurs missions de servir leur pays. Ainsi, après ce passage du communiqué du Conseil des ministres qui vise la révision de la Constitution, l’on peut se demander si finalement la majorité et l’opposition n’ont pas trouvé un compromis et enterré la hache de guerre. La majorité présidentielle souhaiterait pouvoir faire passer ses lois pour exécuter sa politique de développement économique et social et les députés de l’ancien régime, eux, rester dans l’hémicycle afin d’exister politiquement et de continuer à bénéficier des avantages.
Un compromis a-t-il été trouvé ?
Entre la sortie musclée du président du groupe parlementaire de Benno Book Yakaar, reprochant au Premier ministre de « fuir » le débat face aux députés, et celui du député du Pastef Guy Marius Sagna demandant à Ousmane Sonko de ne pas se présenter à l’hémicycle tant que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne sera pas corrigé, il était nécessaire de trouver un compromis. Et l’annonce par le président de la République d’une révision de la Constitution peut être perçue comme un signe de décrispation. Les deux camps antagoniques ont-ils trouvé un terrain d’entente ? Que peut gagner chacun dans ce cas de figure ? Choisira-t-on la voie du référendum pour adopter cette constitution ou passera-t-on par l’Assemblée nationale pour le faire ? Dans tous les cas, l’Assemblée nationale, quoi qu’il en soit, devient incontournable. Si on en tient aux explications d’un ancien parlementaire «l’article 51 de la Constitution prévoit que le président de la République, après avoir requis l’avis du Président de l’Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, peut soumettre tout projet constitutionnel au référendum». Mais concernant l’initiative de la révision constitutionnelle, «il appartient concurremment au Président de la République et aux députés (article 103 de la C) a-t-il précisé. Et d’ajouter que le Premier ministre peut proposer au Président de la République une révision de la Constitution (2eme alinéa). Mais dans tous les cas de figure, le référendum (projet ou proposition de loi) doit obligatoirement passer par l’Assemblée nationale. Et dans le cas d’espèce, l’opposition y est majoritaire. Donc ce privilège doit être pris au sérieux ». Poursuivant, l’ancien député explique que «si c’est un référendum, l’Assemblée nationale examine d’abord le projet, le retourne au président de la République avant son organisation. Au cas où celui-ci préfère une révision de la Constitution, le projet passe toujours par l’Assemblée nationale pour un vote qui doit recueillir les 3/5 des suffrages exprimés pour être adopté. Ceci pour montrer comment l’institution parlementaire peut peser de tout son poids aussi bien pour le référendum que pour la révision constitutionnelle. Et de souligner qu’en 2001, Abdoulaye Wade avait organisé un référendum pour pouvoir dissoudre l’Assemblée nationale contrairement à Macky Sall qui, en 2016, a procédé par des modifications. Ce qui ne lui donnait pas ce droit de dissolution de l’institution parlementaire ».
En attendant d’en savoir plus, aussi bien la majorité présidentielle que celle de l’Assemblée nationale, chacune détient des armes pour gêner l’autre aux entournures. C’est peut-être ce qui fait que les deux parties ont finalement trouvé un compromis. Toutefois, la politique étant ce qu’elle est, il vaut mieux observer pour voir ce que nous réserve la suite.
BABACAR BA ET MOUNDIAYE CISSÉ AUDITENT DIOMAYE
Si la volonté de réformes est saluée, les observateurs de la société civile soulignent la nécessité pour le président de la République de concrétiser rapidement ses engagements
Installé dans ses fonctions de 5e président de la République du Sénégal le 2 avril dernier après son élection avec 54,28% des suffrages au premier tour de la présidentielle du 24 mars dernier, Bassirou Diomaye Diakhar Faye boucle, en ce jour du vendredi 12 juillet, ses 100 premiers jours à la tête du pouvoir exécutif. Interpellés par Sud quotidien, Babacar Ba, président du Forum du justiciable et Moundiaye Cissé, Directeur exécutif de l’Ong 3D livrent leur diagnostic des premiers actes posés par le successeur du président Macky Sall dans le domaine de l’Etat de droit et de la gouvernance du pays.
Babacar Ba, président du Forum du justiciable : « Les actes posés par le nouveau régime au cours de ces 100 premiers jours, contribuent au renforcement de notre État de droit »
«Nous dirons que les actes posés par le nouveau régime au cours de ces 100 premiers jours, contribuent au renforcement de nôtre État de droit. À titre d’exemple, on peut citer : la tenue des Assises de la justice dont la participation des acteurs a permis de glaner des provisions pertinentes allant dans le sens de la réforme et de la modernisation de la justice sénégalaise au grand profit des justiciables. Aujourd’hui, on aura droit à une Cour constitutionnelle plus autonome et ouverte à d’autres profils que des magistrats, au lieu d’un Conseil constitutionnel. On aura aussi droit à un juge des libertés pour éviter le recours quasi-systématique à la détention préventive. Outre la tenue des Assises de la justice, nous pouvons compter également parmi les actes posés par le nouveau régime au cours de ces 100 premiers jours et qui contribuent au renforcement de notre État de droit, la demande de mise à jour du règlement intérieur de l’Assemblée nationale par le Premier ministre. Une mise à jour qui s’impose à la faveur de l’adoption par l’Assemblée nationale, le 10 décembre 2021, du projet de loi constitutionnelle n°38-2021 restaurant le poste de Premier ministre. Toujours parmi les actes posés par le nouveau régime au cours de ces 100 premiers jours et qui contribuent au renforcement de notre État de droit, nous pouvons également citer la finalisation du projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte. Les instructions ont été données par le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, au ministre de la Justice, Garde des Sceaux ».
Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l’ONG 3D : «On sent une volonté manifeste d’améliorer la gouvernance du pays mais...»
« Globalement, nous avons une note positive sur les premiers actes du régime en place. Nous avons noté des prémices en matière de gouvernance à travers des engagements. Je peux citer entre autres, les audits annoncés dans la gouvernance économique, les mesures visant la réduction du train de vie de l’Etat, il y’a aussi la publication des rapports des organes de contrôle et les suites judiciaires annoncées. Tout cela peut être considéré comme un bon signal en attendant la concrétisation de tous ces engagements. Autrement dit, joindre l’acte à la parole. En matière de gouvernance démocratique, il y a le dialogue en vue de la réforme du système électoral qui est également annoncé en vue de la modernisation et la rationalisation des partis politiques, l’inscription systématique sur les listes électorales à partir de l’âge de 18 ans, le changement annoncé de la Cena en Céni même s’il y’a quelques réserves à ce niveau.
Dans le secteur de la justice, nous pouvons citer également les dernières Assises de la justice avec leurs fortes recommandations et la volonté affichée du chef de l’Etat lors de la réunion du Conseil des ministres du 10 juillet dernier de matérialiser tous les accords consensuels. Je rappelle que dans ces accords, il y’a l’instauration du juge des libertés qu’on a toujours demandé mais aussi la réforme du Conseil supérieur de la magistrature en vue de renforcement de son autonomie et l’érection d’une Cour constitutionnelle à la place de l’actuel Conseil constitutionnel. Tout cela est autant de recommandations positives que le président de la République s’est engagé à matérialiser. Dans la gouvernance des ressources naturelles, il y’a également cette volonté exprimée par les nouvelles de revoir les contrats en vue de voir si l’intérêt du Sénégal a été bien pris en compte. Tout ceci me fait dire que le nouveau régime est dans la bonne voie. Il y’a une volonté manifeste d’améliorer la gouvernance. On sent également les ministres sur le terrain. On sent une volonté manifeste d’améliorer la gouvernance du pays. Ce qui reste maintenant, c’est de joindre l’acte à la parole pour matérialiser cette volonté mais aussi revoir certaines sorties du gouvernement sur les secteurs comme la presse, les magistrats ».
CES MARQUES-PHARES DES 100 JOURS DE DIOMAYE
Entre ouverture des assises de la justice, lutte contre l'accaparement foncier et bras de fer avec la presse, retour sur les actes marquants des débuts du nouveau président
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a fait cent (100) jours à la tête du Sénégal. Sa gouvernance est marquée par les Assises de la justice, adossées à la journée du Dialogue national tenu le 28 mai 2024, sous le thème de la «Réforme et la Modernisation de la Justice», qui ont abouti à des propositions de réforme qu’il entend appliquer ; une application qui résultera sur la création d’un juge des libertés et de la détention, l’amélioration des conditions de détention et une réduction des pouvoirs du Procureur de la République au profit du Parquet général afin de lutter contre les mandats de dépôt intempestifs, la création d’une Cour constitutionnelle à la place du Conseil constitutionnel, la révision de différents codes (Code pénal, Code de procédure pénal, Code de la famille…).
Pour cela, en Conseil des ministres d’avant-hier, mercredi 10 juillet, le président Faye a demandé, «au Premier ministre, Ousmane Sonko, au ministre de la Justice, Ousmane Diagne et aux ministres concernés, de lui proposer un calendrier de mise en œuvre des réformes du secteur de la justice en droite ligne du programme législatif du Gouvernement. Cet agenda législatif doit viser notamment la révisions de la Constitution et des Codes spécifiques».
L’action gouvernementale s’est aussi tournée vers la lutte contre l’inflation. Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, El Hadji Malick Ndiaye, a pris des mesures salutaires lors de la fête de la Tabaski pour gérer les transports des Sénégalais désireux de se rendre à l’intérieur du pays. El Hadji Malick Ndiaye a effectué, le samedi 15 juin, une descente à la gare routière des Baux Maraîchers pour s’enquérir du respect des tarifs du transport en cette veille de fête de Tabaski. Face à une forte spéculation avec la hausse vertigineuse des coûts du transport qui ont doublé voire triplé, pour certaines destinations de l’intérieur du pays, le ministre des Infrastructures et des Transport terrestres et aériens a déployé sur place plus de 100 bus de la société nationale de transport public Dakar Dem Dikk (DDD) pour faciliter les déplacements, à des prix imbattables. En plus des départs à partir du terminus de Liberté 5.
Cependant, les premières semaines du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye au pouvoir restent aussi marquées par le bras de fer entre l’Etat et les entreprises de presse. Le chef de l’Etat a mis un terme à l’effacement de la dette fiscale des médias, décidé par son prédécesseur Macky Sall. Le blocage des comptes de plusieurs médias a impacté la qualité du service.
La lutte contre l’accaparement foncier est également une marque de ces premiers 100 jours de présidence. La suspension des travaux sur la corniche de Dakar et la bande des filaos de Guédiawaye, a été décidée dès les premières heures du gouvernement. En outre, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a récemment annoncé également la suspension de permis d’occuper délivrés à Anse Bernard.
«Nous avons dans le cadre des travaux de cette commission découvert que ce site a été morcelé et vendu, en novembre 2023. Certains des bénéficiaires ont eu 5000 mètres carrés de parcelles, 3000 ou 2500 mètres carrés pour d’autres, alors que cette partie relève du domaine public maritime », avait déploré le Premier ministre, Ousmane Sonko qui a promis par ailleurs, un programme d’urgence pour rendre le site plus attractif. A Thiés, le lotissement polémique de Mbour 4 a été aussi suspendu.
LA GOUVERNANCE DIOMAYE À LA LOUPE
Baisse des prix, assises de la justice, coup d'envoi au dialogue régional mais aussi tensions sociales et échecs sur l'emploi : portrait en demi-teinte des débuts du nouveau chef de l'Etat à l'aune de son premier trimestre
Elu cinquième président de la République, dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a prêté serment, le mardi 2 avril 2024, au Centre International de Conférence Abdou Diouf (CICAD) - à Diamniadio. Après une centaine de jours aux commandes, retour sur quelques faits saillants de la gouvernance du plus jeune chef de l’Etat que le Sénégal indépendant ait connu.
«Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine.» La formule du serment prononcée et reçue par la Haute juridiction constitutionnelle, le Conseil constitutionnel, en présence de chefs d’institutions nationales, de chefs d’Etat et représentants de Gouvernement et plusieurs invités, le mardi 2 avril 2024 au Centre International Abdou Diouf (CICAD) - à Diamniadio, le président de la République nouvellement élu, Bassirou Diomay Diakhar Faye, entre officiellement en fonction.
Aussitôt, dans son discours d’investiture, il annonce la couleur, déclinant sa feuille de route : la réduction du coût cher de la vie, l’emploi des jeunes, la réconciliation de la justice avec les justiciables, la diplomatie… entre autres seront érigés en priorité, sous le signe du «Jub, Jubal, Jubbanti».
Une centaine de jours à l’épreuve de la réalité de l’exercice du pouvoir, force est de relever, au titres des faits marquants, notamment les décisions impactant directement «goorgoolu» et des acteurs majoritaires de la société sénégalaise, l’épurement de la dette paysanne (campagne arachidières précédentes, éleveurs), la mise en place des semences, l’organisation d’Assises sur la Réforme et la Modernisation de la Justice dont les recommandations issues des conclusions feront l’objet des prochaines révisions constitutionnelles, entre autres actions dans le domaine socioéconomique.
Quelques mesures et initiatives à impact social direct
Dans le secteur de l’économie pour lequel le chef de l’Etat a réceptionné, des mains du ministre sénégalais de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, le mercredi 12 juin 2024, un échantillon du premier baril de pétrole, produit au champ de Sangomar, situé à une centaine de kilomètres au large de Dakar, il s’est attaqué à la vie chère.
La cherté du coût de la vie étant aussi l’une des principales préoccupations des Sénégalais et le gouvernement, après plusieurs séances de négociations avec les acteurs concernés, a annoncé la baisse des prix des denrées, le mardi 13 juin. La mesure sera effective à partir du lundi 24 juin 2024. Une suspension de taxes d’un montant annuel de 53,4 milliards de F CFA a été faite pour soutenir la baisse, a déclaré le ministre du Commerce et de l’Industrie, Dr Serigne Gueye Diop. Les nouveaux prix ont été dévoilés à l’issue de la réunion du Conseil National de la Consommation, tenue le vendredi 21 juin 2024. Ces baisses concernent l’huile raffinée, l’huile de palme raffinée, le riz, le sucre cristallisé, la farine, le pain et le ciment.
Un autre acte posé par les nouvelles autorités, c’est la décision du ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, El Hadji Malick Ndiaye, avec le déploiement de plus de 100 bus de la société nationale de transport public Dakar Dem Dikk (DDD) à des prix défiant toute concurrence, pour faciliter les déplacements. Une mesure saluée par plus d’un. Toutefois, à la veille du pèlerinage à La Mecque 2024, le convoiement des pèlerins sénégalais aux Lieux Saints de l’Islam, a connu plusieurs couacs et retards de vols. Avant que les autorités ne reprennent les choses en mains. Ils auront réussi, néanmoins, à ramener le séjour des «oujaj» en terre saoudienne de 28 à environ 23 jours, soit 5 jours de moins que les précédents Hajj.
L’emigration irrégulière par la mer continue, en attendant des mesures idoines
Seulement, en plus du patronat et des chefs d’entreprises qui redoutent la «pression» fiscale, le rapport «heurté» avec des médias Sénégalais dont les comptes de certains sont bloqués par le fisc inquiète nombre d’observateurs. En attendant la résolution de l’équation du logement et de l’accès à l’habitat, avec le coût exorbitant du loyer, malgré des actes posés çà et là dont la suspension de certains lotissements et des travaux sur le Domaine public maritime et la mise en place d’une Commission Ad Hoc chargée de tirer au clair les impairs dans ce secteur.
En outre, s’agissant de la question de l’emploi des jeunes, les nouvelles autorités cherchent toujours la bonne formule. D’ailleurs, face à la vague de déguerpissements entamée par des municipalités, suscitant désarroi chez les marchands ambulants et tabliers concernés par la mesure, le Premier ministre, Ousmane Sonko, qui s’est rendu à Colobane, le dimanche 30 juin dernier, pour livrer le message de compassion du président Diomaye Faye aux vendeurs à la sauvette déguerpis, a prôné des sites de recasement au préalable, tout en activant la Délégation à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ), pour le financement des projets de ces «braves jeunes qui méritent d’être soutenus».
En attendant, le phénomène de l’émigration irrégulière par la voie maritime et le désert du Sahara, avec des centaines voire des milliers de morts sur ces routes de l’aventure périlleuse vers «l’Eldorado européen» continue. En atteste, en plus de nombreuses tentatives tuées dans l’œuf par les Forces de défense et de sécurité, avec des centaines de candidats interpellées ces dernières semaines par la Marine Nationale, la Gendarmerie, un drame survenu début juillet a ému plus d’un. Une embarcation en provenance du Sénégal et en partance pour l’Espagne a chaviré au large des côtes mauritaniennes, avec à son bord près de 90 jeunes à la recherche d’une vie meilleur en Europe. «Les garde-côtes mauritaniens ont retrouvé les corps de 89 personnes à bord d'un grand bateau de pêche traditionnel qui a chaviré, le lundi 1er juillet, sur les côtes de l'océan Atlantique», à 4 kilomètres de la ville de Ndiago (Sud-ouest de la Mauritanie), a rapporté l’Agence mauritanienne d'information (AMI), le jeudi 4 juillet dernier.
Rupture dans la diplomatie, en privilégiant le bon voisinage
Le nouveau chef de l'Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a fait de la diplomatie du «bon voisinage» un axe majeur de sa politique diplomatique. Contrairement à ses prédécesseurs qui ont réservé leur première sortie aux partenaires occidentaux notamment la France, il consacrera ces premières visites officielles «d’amitié et de travail» à la sous-région ouest africaine. C’est ainsi qu’il a effectué, tour à tour, des déplacements officiels d’abord en Mauritanie voisine, le jeudi 18 avril, suivie de la Gambie, le 20 avril 2024, de la Guinée-Bissau, le 30 avril 2024.
Après ces pays limitrophes du Sénégal, le président Diomaye Faye fera cap sur la Côte d’Ivoire, la locomotive de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), où il a été reçu à Abidjan dans la matinée du 7 mai dernier. Après l’UEMOA, place à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avec ses visites officielles, le jeudi 16 mai dernier, à Abuja, la capitale de la République Fédérale du Nigéria (qui assure la présidence de la CEDEAO) et à Accra au Ghana, le lendemain, vendredi 17 mai. Dans ce dernier pays, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue Nana Akufo-Addo au Jubilee House (Palais de la République), le chef de l’Etat sénégalais a exprimé son engagement pour la consolidation des acquis de la CEDEAO, entre autres.
Une CEDEAO qui «vit actuellement des moments difficiles» à cause des coups d’Etat dans quatre pays de la sous-région (Burkina Faso, Guinée, Mali et le Niger) et le départ annoncé (de la CEDEAO), depuis le 30 jan vier 2024, du Burkina Faso, du Mali et du Niger, trois pays à régimes militaires réunis au sein de l’Alliance des Etats du Sahel devenue, depuis samedi dernier, la Confédération des Etats du Sahel (AES). D’ailleurs, le lendemain dimanche 7 juillet, à l’issue du 65e Sommet de la CEDEAO tenu à Abuja, au Nigéria, les présidents Bassirou Diomaye Diakhar Faye du Sénégal et Faure Gnassingbé du Togo ont été désignés par leurs pairs pour arrondir les angles entre la CEDEAO et l’AES.
Par la suite, il s’est rendu, le vendredi 24 mai 2024, pour des visites de travail et d'amitié, au Cap-Vert et en Guinée. Quelques jours après, le président Faye sera reçu par ses homologues, chefs des juntes au pouvoir, du Mali et du Burkina Faso, le jeudi 30 mai 2024, respectivement à Bamako et à Ouagadougou. Le président Diomaye Faye était également à Freetown, en Sierra Léone, le jeudi 13 juin 2024, pour une visite d'amitié et de travail. Et la première visite du président sénégalais hors d'Afrique aura lieu le mercredi 19 juin. Il s’est rendu à cette occasion à Paris, en France, où il a pris part (le jeudi 20 juin) au Forum mondial pour la souveraineté et l'innovation de l'Alliance du vaccin (GAVI) et de l'Union africaine (UA), avant un déjeuner avec le président français Emmanuel Macron, le jeudi 20 juin, à l'Élysée. Un moment pour réaffirmer leur engagement pour «un respect mutuel, un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d'amitié», a souligné un communiqué.
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LE PACTE N'APPARTIENT NI À MADEMBA NI À MAPENDA
Non seulement le Pacte n’appartient à personne, mais il est « une urgence » pour l’avenir de ce pays, de l’avis de Mademba Ndiaye parce que les réformes institutionnelles sont une urgence en vue de proportionner les pouvoirs du président.
Le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique (PNBGD) devrait bénéficier d’une grande promotion auprès de toutes les franges de la société même si sa mise en œuvre par le régime se fait attendre de manière préoccupante. Cet outil consensuel de gouvernance devrait surtout être connu des porteurs de voix et peu importe si l’on n'a pas idée avec précision ou pas de ce qu’il contient. C’est l’avis du journaliste et consultant Mademba Ndiaye dans l’extrait dans une entrevue accordée à AfricaGlobe Tv. Il est surtout important de noter que le Pacte n’est la propriété de personne. Même si Sursaut citoyen se dit disposer à accompagner le pouvoir dans la mise en œuvre de son contenu.
On peut bien associer le pacte national de bonne gouvernance démocratique aux personnalités comme Dior Fall sow, Mamadou Lamine Loum, Mamadou Ndoye et tant d’autres de Sursaut citoyen pour la bonne et simple raison que ce sont eux qui ont souvent occupé le présidium pour organiser les discussions qui ont abouti à la réalisation de ce document.
Toutefois, il est important de garder à l’esprit que le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique (PNBGD) n’est pas la chose de ces personnalités d’expérience.
Il s’agit d’un document consensuel issu d’un large consensus d’une grande coalition des organisations de la société civile sénégalaise et signé par 13 des 19 candidats à la dernière présidentielle du 24 mars. Mieux encore, le Pacte est surtout issus de deux substrats que sont d’une part, les Conclusions des Assises nationales tenus en 2009 - et qui avaient vu la participation et la contribution des différentes forces vives de la nation-, et d’autre part, les recommandations de la Commission nationale de la réforme des institutions instituée à la demande expresse du président Sall, se fondant notamment sur les conclusions des Assises.
Malheureusement, l’ancien président ne semble n’en avoir rien fait de sa bonne intention pour reformer les institutions. Fort de ce constat, la société civile a décidé de remettre en selle les Assises dans un format plus synthétique tout en montrant sa disposition à accompagner les dirigeants dans la mise en œuvre du PNBGD.
Partant, le Pacte a donc toute sa légitimité et ne vise que l’intérêt général, le vivre-ensemble. Il n’est la propriété de personne, mais plutôt vise l’intérêt de chacun et de tous y compris ceux qui gouvernent le pays en ce moment puis ceux qui gouverneront demain.
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LA FUMÉE BLANCHE SE FAIT TOUJOURS ATTENDRE
Le Sénégal a-t-il besoin d’un nouveau consensus national? Que cache le silence autour du Pacte de Bonne gouvernance ? Les Assises de la Justice seraient-elles un jalon vers d’autres assises disparates pour contourner le Pacte ? L’analyse de Mademba
Les 13 candidats qui ont signé le Pacte national de Bonne gouvernance démocratique (PNBGD) pendant la campagne électorale semblaient l’avoir fait avec beaucoup d’enthousiasme. Le président Diomaye Faye y compris. Et fort heureusement, toutes les signatures sont faites sans réserve aucune.
Seulement le président Faye a bouclé récemment 100 jours au pouvoir et la fumée blanche annonciatrice d’un début de mise en œuvre, n’est aperçue nulle part dans le pays. Bien entendu, cela n’est pas bien grave puisqu’il a encore 100 autres jours devant conformément à l’horizon temporel de 200 jours qui avait retenu en commun accord avec les anciens candidats à la présidentielle du 24 mars 2024.
En effet, le Pacte prévoit que tout candidat ayant signé et qui serait élu, s’engagerait à le mettre en œuvre durant les 200 jours qui suivent sa prise de fonction comme président. C’est d’ailleurs une contre-proposition de certains candidats puisque les membres de Sursaut citoyen eux préconisaient un horizon de 100 jours. Théoriquement très court.
Mais quand bien même le président aurait encore quelques mois pour épuiser ses 100 autres jours, on doit à la vérité de dire que l’absence de signaux clairs jusqu’ici, pose question et incite à la réflexion. Le Pacte, ne serait-il pas en accord avec « Le Projet » de Pastef dont d’aucuns pensent que celui-ci n’est même pas encore finalisé ? Le président, hésiterait-il ? Le parti aurait-il pris le dessus sur la patrie (l’intérêt général) ? Surtout avec ces Assises de la Justice récemment tenues qui auraient dû être faite dans le cadre global du Pacte puisque a tout est prévu l’on est en droit de s’interroger. En tout cas la société civile observe sereinement.
Membre de Sursaut citoyen, Mademba Ndiaye craint d’ailleurs une flambée d’Assises de ceci ou de cela dans les prochains mois et années à venir de manière disparate alors que tout est dans le PNBGD. Lequel Pacte tire lui-même sa légitimité de deux substrats que sont les Conclusions des Assises nationales et du Rapport de la Commission nationale de la réforme des institutions conduite par le doyen Amadou Makhtar Mbow qui n’est pas n’importe quelle personnalité.
Que reprocherait donc le régime actuel au Pacte puisqu’aussi bien le Premier ministre Sonko comme le Président Diomaye ont participé aux Assises nationales en tant que représentants du syndicat des impôts et domaines dont ils sont issus comme l’a récemment rappelé le Pr Penda Mbow ?
Quoiqu’optimiste Mademba Ndiaye pense que le président pourrait être dans une dynamique de contournement pour créer un nouveau consensus autour de lui allant d’Assises en Assises en passant outre le Pacte. Ce serait bien dommage que cette hypothèse se confirme dans un futur lointain le long du magistère du président Diomaye.
Le Pastef a battu campagne sur le thème de la rupture. Mais Mademba Ndiaye se pose la question sur la faisabilité de cette rupture. Le Projet, peut-il réellement se substituer au PSE ? N’est-il pas plus raisonnable d’apporter les correctifs au PSE et le poursuivre ? D’ailleurs beaucoup se demandent si le « Projet n’est pas encore en construction, en cours d’amélioration.
Cela pose aussi la question, selon Mademba, de la propension des chef d’État en Afrique à concevoir des plans de développement en les personnalisant au lieu de faire des plans inclusifs, participatifs et ouverts qui permettent à tous les citoyens de se les approprier et surtout d’inciter les futurs dirigeants à les adopter et de continuer dans le même sillage. En clair, si le PSE de Macky Sall avait été participatif, le régime actuel n’aurait peut-être pas voulu le remplacer par son Projet. Même si l’attitude vis-à-vis du Pacte pourrait jusqu’ici pourrait battre en brèche ce postulat.
Mademba ne nie pas le fait qu’il est légitime que le président défende ses intérêts en tant que politicien, mais il doit aussi prendre en compte l’urgence des réformes institutionnelles qui sont aussi dans son intérêt. Sur un autre plan, le journaliste croit que le Pacte devrait faire davantage l’objet de promotion et de vulgarisation. Il faudra même arriver à faire en sorte que les candidats ne soient pas obligés de signer le PNBGD mais qu’il l’adoptent tout naturellement.
par Texte Collectif
APPEL À UNE LARGE CONCERTATION SUR L’AVENIR NUMÉRIQUE DU SÉNÉGAL
Le pays a l’opportunité de devenir un leader numérique en Afrique grâce à une mobilisation concertée et inclusive de toutes les forces vives de la nation
Le Sénégal est de nouveau à la croisée des chemins après une troisième alternance pacifique qui voit arriver au pouvoir une nouvelle génération caractérisée par une forte volonté de rupture. Cette nouvelle situation nécessite une grande mobilisation des forces vives de la nation dans tous les domaines pour définir et porter les transformations systémiques nécessaires.
Le nouveau régime a donné le ton avec les assises de la justice tenues du 28 mai au 4 juin 2024. Le président de la République a exprimé à plusieurs reprises la volonté de l’État de maîtriser notre destin numérique et de faire de la digitalisation des administrations et des services publics un axe fondamental de ses politiques publiques. Dans sa première adresse à la nation, il déclarait : « Nous entendons investir massivement dans la digitalisation des services et des procédures administratives. »
Objectifs stratégiques
Lors du Conseil des ministres du 12 juin 2024, abordant la question de la souveraineté numérique, le président de la République a réitéré sa détermination à faire du numérique un levier majeur de son action en demandant au gouvernement, entre autres :
● De procéder à l’actualisation du cadre juridique du secteur des télécommunications et du numérique ;
● De procéder au renforcement de l’aménagement numérique du territoire par un investissement massif dans les infrastructures pour une couverture adéquate du pays
● D’accélérer la digitalisation intégrale des administrations.
Importance de la Concertation
Il est dès lors évident que le numérique va devoir occuper une place prépondérante dans l’action gouvernementale dans les cinq années à venir. Pour ce faire, il est indispensable pour l’autorité étatique d’être à l’écoute de l’écosystème numérique, d’en faire un véritable allié et une force de propositions.
L’histoire récente du secteur des télécommunications au Sénégal nous enseigne que tous les moments charnières ont été l’occasion d’une introspection et d’une réflexion collectives qui ont toujours abouti à des résultats inestimables :
● En 1983, les Journées Sénégalaises des Télécommunications ont engendré une réforme gouvernementale audacieuse, qui a abouti au regroupement des télécommunications nationales et internationales dans une seule société nationale dotée de l’autonomie de gestion.
● En 1995, les concertations inclusives organisées par le Groupe de Réflexion sur la Croissance et la Compétitivité (GRCC) ont favorisé l’ouverture du capital de l’opérateur historique, SONATEL, qui est devenu un acteur clé sur le marché africain.
● En 2004, les concertations ont consacré la libéralisation totale du secteur des télécommunications.
Risques de l’absence de concertation
Ne pas organiser de concertations larges et inclusives présente plusieurs risques :
● Manque de cohésion : l’absence de concertation peut entraîner un manque de cohésion et de vision partagée, rendant la mise en œuvre des politiques numériques inefficace.
● Résistance au changement : sans l’implication des parties prenantes, les réformes peuvent rencontrer une résistance significative, ralentissant ou même bloquant les initiatives de digitalisation.
● Opportunités manquées : ne pas tirer parti de l’intelligence collective et des idées innovantes de l’écosystème numérique peut entraîner des occasions manquées de développement et d’innovation.
● Inadéquation des politiques : les politiques publiques risquent d’être mal adaptées aux besoins réels du terrain, ce qui peut conduire à des investissements inefficaces et à un faible retour sur investissement.
Appel à l’action
Très clairement, le secteur du numérique a une tradition de larges concertations à chaque fois qu’il s’est agi de passer un nouveau cap. C’est le cas aujourd’hui où toutes les intelligences et toutes les énergies doivent être mobilisées pour dessiner les lignes directrices des politiques et des stratégies aptes à replacer le Sénégal sur l’échiquier digital africain et en refaire une référence et un pôle d’attraction numérique.
Nous appelons le président de la République et le gouvernement à organiser rapidement de larges concertations sur l’avenir numérique du Sénégal. Ces concertations devront mobiliser l’ensemble de l’écosystème numérique et de la société civile pour que le numérique soit un véritable accélérateur de compétitivité et de croissance au service de nos populations.
Le Sénégal a l’opportunité de devenir un leader numérique en Afrique grâce à une mobilisation concertée et inclusive de toutes les forces vives de la nation. L’engagement politique, les expériences passées, une vision partagée et des objectifs stratégiques clairs sont autant d’atouts pour réussir cette transformation. En écoutant et en impliquant activement l’écosystème numérique, nous pourrons bâtir un avenir digital prospère pour le Sénégal, au bénéfice de tous ses citoyens.
Tel est le sens de cet appel à une large concertation que nous souhaitons ouverte, inclusive, participative et patriotique, pour l’avenir numérique du Sénégal.
ont signé:
Mamadou Aidara Diop, Syndicaliste Consultant.
Ibrahima Noueddine Diagne, membre de Africa Performance Institute.
Guimba Konate, Ingénieur des télécommunications ancien Ct au Ministère de la communication
Dr Moussa Diop, Enseignant chercheur spécialiste en sciences de la communication
Olivier Sagna, Professeur titulaire des Universités
Abdoulaye Sakho, Professeur Agrégé de Droit Privé, Spécialiste du Droit Economique
Makhtar Fall, Consultant Dg IAMG
Saikou Fall, Consultant spécialiste en cybersécurité et protection. de la vie privée.
Abdoulaye Khassoum Kebe, Consultant
Gabou Gueye, Syndicaliste
Basile Niane, Journaliste Consultant spécialiste du numérique
Ibrahima Gaye, Consultant , business Analyst
Seydou Badiáne, Co-fondateur Social Net Link
Joëlle Sow, Senstartup
Mouhamadou Lamine Badji, Secrétaire Général du Syndicat des travailleurs de Sonatel