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23 avril 2025
Politique
par l'éditorialiste de seneplus, ibe niang ardo
LES TOUT-PETITS DAMNÉS DU SYSTÈME
EXCLUSIF SENEPLUS - La violence dans notre société prend racine dans l'inégalité des chances offertes aux enfants, dont les talibés. Cette situation banalisée par le Sénégal choque pourtant des visiteurs étrangers
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 14/07/2024
Il est beaucoup question de Système de nos jours. Les hommes politiques l’invoquent aussi bien pour damner nos déficits que pour susciter nos espoirs. Et effectivement, ils n’ont pas tort. Un État moderne ne peut exister sans un système en son sein. C’est cela qui fait que nous formons un corps vivant dynamique (un système) propulsé par un jeu de sorts et ambitions, dans une trajectoire théoriquement bien ferrée et dirigée vers une destination rêvée.
Mais ce système pour nous aurait déraillé depuis que le colon, chef de gare, a sifflé le départ en 1960 - les rails ayant été sciemment minés. Comprenez-moi, je suis fils de cheminot et j’ai grandi proche des trains et rails. Par conséquent depuis 1960 nous nous sommes habitués à une incompréhensible violence qui ne peut s’expliquer que par le cumul de défaillances et vaines tentatives de nous en sortir. Une répétition sempiternelle de la même sanction de nos politiques de développement d’un régime à un autre : “Échec et mat”! Sans jamais s’en indigner et avec cela un cortège de violence qui s’endurcit sous le voile d’un étrange stoïcisme. De ce système, je m’intéresse aujourd’hui à un seul pan, en dehors des priorités publiques qui se prétendent inclusives : les enfants en bas âge abandonnés à leur sort de mendiants errants dans les rues nuits et jours.
Quelle grave banalisation de la violence dans notre société
L’histoire édifiante que je m’en vais vous raconter, pour en tirer avec vous les leçons, s’est passée ici il y a un mois et j’en suis moi-même acteur.
Un couple de retraités que nous avions connu mon épouse et moi en Suisse et dont le mari était à la tête d’une très importante société européenne, était arrivé au Sénégal dans le cadre d’un tour d’Afrique. Une fois chez nous, dernière étape du tour, tout s’était si bien déroulé jusqu’au moment où la dame, face au nombre d’enfants constatés dans la rue, ne pouvant plus se retenir d’émotion, fut prise de sanglots, déclenchant ainsi un traumatisme qui a gâché le reste du voyage. Sur le moment, je ne pouvais m’expliquer de si intenses émotions pour “si peu”, car il n’y avait pas eu d’agression physique de la part de ces marmots, habitué que je suis que la violence ne commence qu’à partir de ce moment.
Un mois plus tard, de retour chez eux, le mari contacte mon épouse pour lui faire part de leur intention de contribuer à la prise en charge de ces enfants avec des fonds qu’ils ont décidé d’octroyer à une ONG, à elle d’identifier, capable de les utiliser à bon escient. Ils n’avaient donc pas oublié, leur sensibilité ayant été réellement mise à rude épreuve par cette situation paradoxalement banalisée par nous, parents de ces enfants. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Avec l’aide diligente de mon épouse, la convention de financement avec une ONG de la place est aujourd’hui signée, engageant leur fondation familiale mondialement connue dans un financement gratuit. J’ai compris alors combien la situation des enfants en bas âge mendiants dans la rue était d’une extrême violence. Aussi devons-nous en prendre la pleine mesure au lieu de tourner le regard ailleurs, aidés en cela par le terme euphémique de “talibé”. Ces victimes de notre société n’en sont pas moins membres à part entière, d’égale dignité et droit que n’importe quel autre fils du pays, fut-il haut dignitaire. Et quand abandonnés comme ils sont à ce cruel sort, ils sont torturés, violés et tués, quelles qu’en soient les circonstances, chacun de nous commet solidairement un fratricide ou un parricide. Soixante-quatre ans d’indépendance, cinq présidents qui se sont succédés et toujours une aggravation de la situation en lieu et place d’une solution. Tant qu’on n’a pas trouvé une solution fondée sur une éducation égalitaire de qualité pour l’ensemble de nos enfants sans exception, nous demeurons dans un perpétuel système, générateur par défaut de désordre et violence.
Dans une société humaine, les sorts et activités sont liés les uns les autres
Juste ! Il y a une interconnexion de tout ce monde qui n’exclut rien qui en fasse partie. Ce phénomène des enfants dans la rue est là depuis le temps de Senghor et il faut se poser la question de savoir où sont passés ceux qui alors avaient cinq ans, il y a quinze ans et avant. Notre encombrement des rues vient plutôt de là. Nombre d’entre eux, vous pouvez les retrouver “coxeurs” dans tous les lieux où s’activent des marchands ambulants où dans les marchés et les garages de transports en commun. Ils se sont connectés à cette communauté sans normes, snobée par l’élite et qui joue sa survie en comptant surtout sur la force d’une masse critique intimidante, plutôt que de se conformer tout simplement aux règles. Enfin, ces enfants défavorisés ne sont pas des idiots. Ne pas leur offrir les mêmes opportunités que leurs concitoyens privilégiés est une ultime tare qui plombe notre système économique. L’effectif des filles dans nos écoles, la place des femmes dans notre économie aujourd’hui, alors que ce genre était proscrit d’enseignement tout comme ces mendiants il y a à peine quelques décennies, suffit à valider mon propos.
Cette situation obère nos chances de juguler la montée de la violence dans nos cités, car elle est la base d’un écosystème social tapis de souffrance rageante et d’injustice.
À ces pauvres enfants, pourvu que la récente alternance politique soit pour eux et notre pays le rendez-vous avec la chance de tourner définitivement cette page de notre histoire.
Au président de la République, je voudrais l’inviter humblement à prendre cette situation pour chose inacceptable, incompatible avec l’écosystème moderne juste et émancipateur que l’on attend de son magistère, sans quoi il ne réussira qu’à faire pire que ses prédécesseurs.
Ibe Niang Ardo est président du Mouvement citoyen Jog Ci.
ABDOULAYE BATHILY, ENVOYÉ SPÉCIAL DU CHEF DE L’ETAT
Le président Bassirou Diomaye Faye a déclaré avoir convaincu le professeur Abdoulaye Bathily de devenir son envoyé spécial sur les questions Internationales
Dakar, 14 juil (APS) – Le président Bassirou Diomaye Faye a déclaré avoir convaincu le professeur Abdoulaye Bathily de devenir son envoyé spécial sur les questions Internationales.
‘’J’ai pu convaincre le professeur Abdoulaye Bathily (pour faire de lui) mon Envoyé spécial pas seulement sur cette mission de médiation dans laquelle la CEDEAO m’a impliqué, mais aussi sur d’autres missions pour lesquelles, j’aurai besoin de son expérience, de sa respectabilité et de sa stature’’, a dit le président Faye, samedi soir, en conférence de presse.
Le président Bassirou Diomaye Faye a fait cette annonce en répondant à une interpellation sur sa mission de médiation auprès de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), qui ont décidé de quitter la CEDEAO et de constituer une confédération.
Avant d’accepter ce poste d’Envoyé spécial Abdoulaye Bathily ‘’m’a régulièrement conseillé par rapport aux prises de position’’, a dit Bassirou Diomaye Faye, en soulignant que le Sénégal était un vivier de ‘’grands hommes’’ qui aiment fondamentalement leur pays.
Le chef de l’Etat a d’ailleurs rendu hommage à ces ‘’grands hommes, connus ou moins connus, vivants ou illustres disparus qui se sont beaucoup sacrifiés. En reposant sur eux, on peut bâtir des consensus forts au niveau national, dans la sous-région mais aussi au niveau international’’.
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L'AVENIR DE L'AFRIQUE SE JOUE DANS L'UNITÉ
Babacar Ndiaye évoque les récents coups d'État en Afrique de l'Ouest comme une grave menace à l'unité régionale. Pour le diplomate, la dislocation du continent accroîtrait sa vulnérabilité face aux chocs exogènes
Ce dimanche 14 juillet 2024, l'émission "Objection" de Sud FM a accueilli Babacar Ndiaye, diplomate chevronné et chercheur principal à Timbuktu Institute. Son intervention a dressé un tableau saisissant les enjeux géopolitiques actuels pour l'Afrique, en particulier l'Afrique de l'Ouest.
Ndiaye a souligné l'urgence pour le continent de resserrer ses rangs face aux turbulences mondiales. « La fragmentation de l'Afrique est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre », a-t-il déclaré, pointant du doigt les récents coups d'État militaires qui menacent la stabilité de la CEDEAO.
Le diplomate a également abordé la crise migratoire, qu'il qualifie de « métaphore de l'échec des politiques de jeunesse ». Il appelle à une approche holistique pour épuiser ce phénomène qui prive le continent de son capital humain.
Face à la guerre en Ukraine et à ses répercussions sur l'Afrique, Ndiaye se met en garde contre le risque d'une nouvelle « balkanisation » du continent. Il exhorte les dirigeants africains à renforcer l'unité régionale et à se concentrer sur la résolution des problèmes internes.
« L'avenir de l'Afrique se joue maintenant », conclut Ndiaye, soulignant l'importance cruciale pour le continent de parler d'une seule voix sur la scène internationale.
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ABDOURAHMANE DIOUF FAIT LE POINT SUR LES DOSSIERS BRÛLANTS ET CONTROVERSÉS
Le ministre s'est employé à justifier l'action du gouvernement Diomaye, tout en reconnaissant l'ampleur des chantiers à mener dans l'enseignement supérieur
Ce dimanche 14 juillet 2024, Abdourahmane Diouf, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, était l'invité de l'émission "Grand Jury" sur RFM. Dans un entretien fleuve, il a dressé un bilan sans fard des 100 premiers jours du gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, tout en défendant avec vigueur les actions entreprises.
"Nous avons hérité d'un passif considérable", a martelé Diouf, justifiant ainsi les importantes levées de fonds et l'endettement du nouveau gouvernement. "Nous sommes comme un bon père de famille qui doit faire face aux dépenses urgentes", a-t-il argumenté, promettant une gestion plus rigoureuse des finances publiques à l'avenir.
Sur le front de l'enseignement supérieur, le ministre a abordé plusieurs dossiers brûlants. Il a notamment évoqué les résultats du baccalauréat, annonçant un taux de réussite d'environ 50%, soit près de 74 000 nouveaux bacheliers à orienter. Diouf s'est engagé à trouver une place pour chacun d'entre eux, tout en reconnaissant le défi que représente la dette de 14 milliards de francs CFA envers les établissements privés.
Le ministre n'a pas éludé les controverses, notamment celle concernant la nomination des recteurs d'universités. Il a fermement défendu la nécessité de respecter les procédures d'appel à candidatures, y compris à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, promettant que "le gouvernement prendra ses responsabilités" face aux réticences.
"Nous ne sommes pas dans la dissertation, mais dans l'action", a conclu Abdourahmane Diouf, illustrant la volonté du gouvernement Diomaye de marquer une rupture avec les pratiques passées. Une ambition qui ne manquera pas d'être scrutée de près dans les mois à venir.
TRUMP CIBLÉ PAR UN TIREUR, LA SÉCURITÉ DÉPASSÉE
L'ancien président a été touché par une balle à l'oreille droite en plein meeting. Une personne présente a été tuée et deux autres blessées grièvement. Le suspect a été abattu par le Secret Service. Des questions majeures sur les défaillances de sécurité
(SenePlus) - Donald Trump a échappé de justesse à un attentat lors d'un meeting de campagne samedi, une attaque qui redéfinira sans aucun doute la course à la Maison Blanche tout en soulevant de sérieuses interrogations sur les failles de sécurité entourant le candidat républicain.
Selon des sources de Reuters, Trump a été touché par une balle à l'oreille droite au début de son discours. Immédiatement couvert par ses agents de sécurité, il est rapidement réapparu, le visage maculé de sang, serrant le poing en l'air et articulant silencieusement "Combattez ! Combattez ! Combattez !".
"J'ai été touché par une balle qui a traversé la partie supérieure de mon oreille droite. Il y a eu beaucoup de saignement", a déclaré plus tard Trump, 78 ans, sur sa plateforme Truth Social.
Le FBI a identifié dans la nuit le "sujet impliqué" comme étant Thomas Matthew Crooks, 20 ans, de Bethel Park en Pennsylvanie, un électeur républicain selon les registres de l'État. Le suspect a été abattu par le Secret Service selon les premières informations.
Une personne présente au meeting a été tuée et deux autres blessées grièvement. Les forces de l'ordre n'ont pas encore établi le mobile de cette attaque.
"Il n'y a pas de place pour ce genre de violence en Amérique. Nous devons nous unir en tant que nation pour la condamner", a réagi le président démocrate Joe Biden, que Trump doit à nouveau affronter en novembre.
Cette attaque soulève d'énormes questions sur les défaillances de sécurité du Secret Service, chargé d'assurer la protection à vie des anciens présidents comme Trump.
"Comment un sniper avec un fusil complet a-t-il pu ramper jusqu'au toit le plus proche du meeting sans être repéré ?", s'est indigné le militant conservateur Jack Posobiec sur X (anciennement Twitter).
Les tirs semblent être venus de l'extérieur du périmètre sécurisé. Lors d'un briefing, des responsables du FBI ont admis être surpris que le suspect ait pu tirer plusieurs coups de feu.
La commission de surveillance de la Chambre des représentants, contrôlée par les républicains, a convoqué la directrice du Secret Service, Kimberly Cheatle, pour témoigner le 22 juillet. "Les Américains exigent des réponses sur la tentative d'assassinat contre le président Trump", a-t-elle déclaré.
Cette attaque ravive les craintes d'une escalade de la violence politique alors que le pays semble profondément divisé à l'approche de l'élection de novembre. Selon un récent sondage Reuters/Ipsos, deux Américains sur trois redoutent des violences post-électorales.
"Cette attaque horrifique n'a pas sa place dans notre pays et doit être condamnée unanimement et avec force", a dénoncé le speaker républicain de la Chambre Mike Johnson, tandis que le leader démocrate du Sénat Chuck Schumer se disait "horrifié".
Certains alliés républicains de Trump estiment que l'attaque était politiquement motivée, accusant les démocrates d'attiser un "climat de violence" par leur "hystérie" sur les dangers d'une réélection de l'ancien président.
Bien que sérieusement entaché par des poursuites judiciaires, Trump fait figure de favori pour l'investiture républicaine qu'il devrait décrocher lundi à la convention de Milwaukee. Les investisseurs parient déjà sur un regain de ses chances de reconquérir la Maison Blanche après cette démonstration de sa détermination à "combattre".
ROKIA TRAORÉ DÉFIE LA JUSTICE EUROPÉENNE
Arrêtée à Rome fin juin alors qu'elle s'apprêtait à monter sur scène, l'artiste croupit en prison depuis plus de 20 jours. La chanteuse malienne de 50 ans conteste désormais les conditions de son procès devant la Cour européenne
(SenePlus) - Rokia Traoré, célèbre chanteuse malienne de 50 ans et ambassadrice de bonne volonté pour l'agence des réfugiés des Nations Unies (HCR), a été arrêtée le 20 juin dernier à l'aéroport de Fiumicino à Rome, en vertu d'un mandat d'arrêt européen. Condamnée en son absence à deux ans de prison en Belgique en octobre 2022 dans une bataille juridique pour la garde de sa fille, elle fait désormais appel auprès de la Cour de justice de l'Union européenne pour s'opposer à son extradition vers la Belgique, a déclaré son avocate italienne Maddalena Del Re à Reuters.
"Mme Traoré a été condamnée en Belgique sans la certitude qu'elle ait eu connaissance du procès. Pire encore, le procès s'est déroulé sans avocat pour assurer sa défense", a expliqué Me Del Re. Selon elle, cela constitue un motif d'opposition à l'extradition, et elle a donc saisi la Cour européenne, compétente en la matière.
Depuis son arrestation à Fiumicino, où elle s'était rendue pour donner un concert aux abords du Colisée, l'artiste de renom est détenue dans la prison de Civitavecchia, près de Rome. Un premier rebondissement s'est produit cette semaine, le parquet de la cour d'appel de Rome acceptant qu'elle puisse bénéficier d'une assignation à résidence si elle trouve un logement dans la capitale italienne.
Les ennuis judiciaires de Rokia Traoré ont débuté en 2020, lorsqu'elle a été arrêtée en France sur la base d'un mandat d'arrêt belge, pour ne pas avoir remis sa fille à son ex-compagnon belge, le père de l'enfant, comme l'exigeait une décision de justice. Libérée sous conditions quelques mois plus tard, elle avait rallié le Mali à bord d'un vol privé avec sa fille aujourd'hui âgée de 9 ans, bravant l'interdiction de quitter la France.
LE PIÈGE D'UN QUATRIÈME MANDAT D’ADO
"Les Ivoiriens feraient bien de s'inspirer du Sénégal, où en 2012 l'opposition unie a battu Abdoulaye Wade, qui voulait faire réinitialiser son décompte de mandats" estime Ken Opalo, professeur associé à l'université Georgetown
(SenePlus) - La Côte d'Ivoire, principal producteur mondial de cacao, fait face à un avenir incertain selon Ken Opalo, professeur associé à l'université Georgetown, dans une tribune publiée par Bloomberg. En visant un controversé 4e mandat présidentiel, Alassane Ouattara "menace de plonger le pays dans un nouveau cycle de crises politiques", alerte l'analyste.
"Pour ces raisons, l'Union africaine, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et les autres partenaires étrangers d'Abidjan - dont la France - devraient utiliser leurs liens diplomatiques étroits pour convaincre Ouattara de laisser le pouvoir à la fin de son mandat actuel", plaide Opalo.
Les enjeux économiques sont colossaux selon lui. Entre 2012 et 2019, la Côte d'Ivoire a affiché une croissance annuelle moyenne de 8,2%, devenant l'un des moteurs de la région. Sous Ouattara, le revenu par habitant est passé de 1654 dollars en 2010 à 2729 dollars en 2023. "Toutes ces réalisations seraient mises en péril si l'ordre politique venait à s'effondrer", prévient le professeur.
Ce regain économique cache toutefois des fragilités politiques persistantes, révélées par un récent sondage d'Afrobaromètre. Si 60,8% des Ivoiriens approuvent Ouattara, 65,3% se disent insatisfaits de la démocratie. Plus inquiétant, plus de 65% estiment que l'armée a le droit d'intervenir en politique en cas d'abus de pouvoir.
"Ces chiffres devraient inquiéter tous ceux qui veulent que le constitutionnalisme prévale après le départ d'Ouattara", commente Opalo, évoquant aussi le boycott de la présidentielle de 2020 par l'opposition, qui a érodé sa légitimité.
L'analyste rappelle que la Côte d'Ivoire n'est pas à l'abri des violences politiques, avec un coup d'État en 1999 et deux guerres civiles depuis. "Permettre une élection présidentielle ouverte en 2025 serait le signal ultime que le pays a finalement échappé à l'instabilité qui le ronge depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993", estime-t-il.
Au-delà, une crise ivoirienne pourrait déstabiliser une région déjà fragilisée par l'insurrection djihadiste au Sahel. "Un coup d'État dans la capitale économique Abidjan ou un conflit fournirait une ouverture pour la violence venant du Nord, qui pourrait alors se propager à l'Ouest vers le Liberia et la Guinée", met en garde Opalo.
Le professeur dénonce aussi "le défi persistant de la consolidation démocratique" en Afrique, les organisations régionales condamnant les coups d'État militaires mais fermant les yeux sur les "coups constitutionnels" via des réformes ad hoc de la limitation des mandats.
"L'alternance au pouvoir est la véritable pierre de touche de la maturité politique", insiste Opalo, estimant qu'Ouattara dispose d'alternatives crédibles comme l'ex-président Gbagbo ou l'ancien patron de Credit Suisse Tidjane Thiam.
"Les Ivoiriens feraient bien de s'inspirer du Sénégal, où en 2012 l'opposition unie a battu Abdoulaye Wade, qui voulait faire réinitialiser son décompte de mandats", conclut le tribune. Un avertissement appuyé alors que plane le spectre d'une rechute dans l'instabilité pour ce pilier économique d'Afrique de l'Ouest.
RENDRE AUX ENFANTS AFRICAINS LA PAROLE À L'ÉCOLE
« les Africains sont les seuls au monde à commencer leur éducation avec une langue qui n'est pas celle qu'ils parlent à la maison »
(SenePlus) - La qualité de l'éducation en Afrique reste un sujet brûlant, notamment sur la place à accorder aux langues locales dans l'enseignement. C'est ce problème épineux que Gilles Yabi, responsable du Think Tank Wathi, a décortiqué lors de sa chronique hebdomadaire sur RFI.
Selon lui, l'enseignement dans les langues officielles héritées de la colonisation est un frein majeur aux apprentissages. "Les enfants apprennent mieux et sont plus susceptibles de poursuivre leurs études lorsqu'ils commencent leur scolarité dans une langue qu'ils utilisent et comprennent", souligne-t-il, citant un rapport de la Banque mondiale de 2021.
Son invité Hamidou Seydou Hanafiou, docteur en linguistique, abonde dans ce sens : "Les Africains sont les seuls au monde à commencer leur éducation avec une langue qui n'est pas celle qu'ils parlent à la maison".
Pourtant, malgré ce constat partagé par de nombreux experts, l'enseignement en langues locales peine à s'imposer. Gilles Yabi dénonce "l'absence de volonté politique, les changements réguliers d'orientation stratégique et l'incapacité des États à prendre le relais des financements extérieurs".
Cette réticence trouve parfois ses racines au sein même de l'appareil étatique selon le Dr Hanafiou : "Des hauts fonctionnaires sont parfois les plus hostiles à l'enseignement dans les langues premières. Il est difficile d'obtenir des résultats lorsqu'on applique des politiques auxquelles on ne croit pas".
Au-delà du simple apprentissage, l'enjeu est de taille pour Gilles Yabi : "C'est la préservation du riche patrimoine linguistique des pays africains qui est en jeu". Une vision partagée par le représentant de l'ambassade d'Irlande, qui a rappelé l'importance de valoriser sa langue nationale malgré la colonisation britannique.
L'animateur conclut avec lucidité : "Les peuples africains ne sont pas les seuls à avoir été victimes du crime de la colonisation. On s'en relève par l'obsession du bien-être des populations, le travail de longue haleine, la tempérance et l'adaptation au monde réel". Un message clair : les solutions toutes faites n'auront pas raison de ce défi éducatif de taille.
RÉFORMES EN MARCHE, MALGRÉ LES OBSTACLES
Interrogé sur sa promesse de suppression d'institutions comme le HCCT et le CESE, Bassirou Diomaye Faye a souligné la nécessité de modifier la Constitution pour y parvenir
Le chef de l’Etat a assuré, samedi soir, qu’il tenait toujours à sa promesse de rationalisation du train de vie de l’Etat et à la politique de reddition des comptes pour plus de transparence dans la gestion publique.
Interrogé en conférence de presse sur sa promesse de supprimer certaines institutions comme le HCCT et le CESE, Bassirou Diomaye Faye a déclaré qu’il n’avait pas changé d’avis sur ces questions, rappelant que ces institutions sont prévues dans l’ordonnancement institutionnel.
Pour les supprimer, il va falloir changer la Constitution, a-t-il dit en wolof.
Concernant la reddition des comptes, le chef de l’Etat a assuré qu’il était attaché à la transparence dans la gestion des affaires publiques.
‘’Les corps de contrôle font leur travail’’, a-t-il dit, assurant qu’il ne mettra son coude sur aucun rapport produit par ces corps de contrôle.
Toutefois, Bassirou Diomaye Faye a précisé qu’il n’était pas dans une logique de ‘’vengeance’’.
DIOMAYE PROMET DES SOLUTIONS DURABLES AU CHÔMAGE
Le président de la République a déclaré ce samedi que les pouvoirs publics ont établi une stratégie globale fondée sur l'adéquation formation-emploi et la valorisation des filières pourvoyeuses d'emplois
Le chef de l’Etat a assuré, samedi soir, qu’il avait une claire conscience des attentes de la jeunesse sur question de l’emploi, assurant que le gouvernement travaille à y apporter des solutions.
Interrogé en conférence de presse sur la question de l’emploi des jeunes, Bassirou Diomaye Faye a déclaré qu’il avait une claire conscience des attentes de la jeunesse sur cette question.
La stratégie du gouvernement face à cette problématique repose sur la formation, la requalification en adéquation avec les besoins du marché.
Le chef de l’Etat a souligné que le secteur privé aussi sera mis à contribution.
Selon lui, il y a aussi lieu de renforcer le secteur primaire pour absorber le maximum de main-d’œuvre.