EXCLUSIF SENEPLUS - La Biennale transforme l'école ARUBA en un écrin où dialoguent les œuvres des maîtres disparus et contemporains. Les designers sénégalais y démontrent que l'art peut sublimer l'architecture
Ce samedi 16 novembre 2024, la Biennale de Dakar a connu un de ses plus forts moments et offert aux Dakarois et étrangers de passage, une de ses plus belles expositions dans un endroit qui a le mérite poser la problématique entre architecture, urbanisme et beaux-arts, dans toute son acuité, à savoir, l’école Supérieure d’architecture, d’urbanisme et des beaux-arts de Dakar, ARUBA.
Il s’est agi dans ce lieu d’une rare beauté d’exposer des grands maîtres de notre peinture, parfois disparus comme Félicité Kodjo, Amadou Sow, Ibrahima Kébé ou Souleymane Keïta, ou d’une grande actualité créatrice comme Abdoulaye Konaté, Soly Cissé, Serge Corréa, Moussa Traoré, Chalys Lèye, Birame Ndiaye ou d’accueillir un collectif de designers sénégalais dont les créations valorisent l’architecture, et posent avec talent l’idée d’urbanité, étincelle vivante de l’urbanisme s’il en est.
Les invités furent saisis de cette présence d’architectes et d’urbanistes de renom qui à l’instar de Sawalo Cissé, illustrent ce que fut cette célèbre école de Dakar d’architecture et des beaux-arts de l’époque Lods, symbole esthétique d’une certaine idée de Dakar, ville qui par la poétique de son nom et de son architecture inspira le titre d’un de ses plus beaux albums à John Coltrane.
L'art de l'architecte et celui de l'urbaniste sont ici étroitement liés ; aucun architecte ne peut ignorer tes contraintes urbanistiques de l'implantation du logement ; aucun urbaniste ne peut ignorer les contraintes spécifiques du logement qui permettent soit leurs groupements, soit leurs dispersions.
Cette exposition est vivante et vivace d’élégance et de poésie, et exprime par le choix même des exposants, ce que les concepteurs de ARUBA, amenés par Emile Diouf, Abib Diène, Chérif Diattara, Saabibou Diop ou Coly Faye, souhaitent inculquer à leurs étudiants : Une ville se pense. Tandis que la nôtre est à panser.
Faites un tour à ARUBA, vous en serez émerveillés par le talent de nos artistes exposés, et aussi part la collection privée des œuvres de Abib Diène et Emile Diouf entre autres, et vous serez conquis par cet environnement propice à la création et au travail d’urbanisme nécessaire au développement de nos villes, pour que la pensée qui y est diffusée nous éloigne de l’idée que nos architectes aujourd’hui soient rémunérés au kilo de béton.
ARUBA nouveau concept est le lieu où l'art et l'architecture entretiennent un lien étroit et complexe, tissant un dialogue continu au fil des époques. L'architecture, bien que souvent considérée comme une discipline scientifique pour sa part technique, est indéniablement un art dans sa dimension créative.
En visitant cette exposition, vous découvrirez que le programme d'architecture d’ARuBA-Sup est conçu pour former les futurs leaders du domaine, en leur offrant une solide base théorique et pratique, tout en mettant l’accent sur l’innovation, la durabilité, et l’expertise technique. Vous comprendrez alors qu’en mettant l'accent sur les concepts de durabilité, d'inclusion sociale et d'innovation, ARUBA offre une formation complète aux futurs urbanistes à la gestion des espaces urbains, au développement durable, et aux pratiques d’aménagement du territoire.
Parce que l'accent est mis sur la créativité, l'innovation et le façonnage des matériaux, il s‘agit de permettre aux étudiants de développer des compétences artistiques, techniques et pratiques appliquées à la conception architecturale et urbaine.
Vous qui rêvez encore de toutes les beautés de nos espaces urbains traversés par les talents de nos artistes et architectes urbanistes, faites un tour au Point E, Rue A angle Avenue Cheikh Anta Diop, vous serez réconciliés avec vos désirs d’urbanités et de civilités urbaines.
par Abdoul Aziz Diop
LA QUATRIÈME DISSOLUTION ET LES SUIVANTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Les Sénégalais constateront, peu après l'installation des nouveaux députés, l'équivalent d'une deuxième dissolution de l'Assemblée par celui qui en assurera seul le contrôle sous très bonne escorte de son groupe de "jeunes politiciens"
« En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil constitutionnel sur la bonne date, le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale, sur l’opportunité, je dissous l’Assemblée nationale. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024.» Cette messe avait été dite le 12 septembre 2024 par le président Bassirou D.D. Faye qui, du coup, obligea la communication politique à prendre une toute autre tournure dont la redoutable connotation anti-démocratique en dit long sur les résultats par bureau de vote à l’étranger et au Sénégal plus que favorables à la coalition Pastef dirigée par l’irascible Ousmane Sonko au terme d’une campagne électorale d’une rare violence et d’une innommable inélégance. Aux militants et sympathisants de Pastef et aux médias qui expliquent tout par la nécessité d’une conformité de la majorité présidentielle avec la majorité parlementaire, le spécialiste et homme politique - candidat malheureux à la députation - oppose une analyse dont les ressorts sont ceux de la communication politique qu’il enseigna sans interruption pendant dix bonnes années.
Tous paresseux !
Si la communication politique se définissait seulement de manière extensive par toute communication ayant pour objet la politique, on ne s’en servirait pas comme outil puissant d’analyse des communications puisque les contenus ne suffiraient pas à tout expliquer comme c’est le cas en 2024 et avant dans nos médias tous canaux confondus (presse écrite, radio, télévision et Internet). De manière restrictive, les spécialistes définissent la communication politique par l’espace où s’échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s’exprimer publiquement sur la politique - la vraie bien sûr - et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique à travers des sondages (WOLTON, 1997). Mais que savons-nous des valeurs sous-jacentes et des jugements dont l’ensemble constitue l’opinion publique en l’absence de sondages transparents dont on connaît les commanditaires et qui sont rendus publics par des instituts de sondages légalement constitués ? Rien ou presque ! Il n’est donc pas étonnant que le vide créé sur lequel personne ne s’arrête pour le combler au profit des trois acteurs du même espace - celui de la communication politique - soit pour beaucoup dans les très faibles effectifs - moins de 50 % des inscrits - qui s’expriment valablement aux élections législatives depuis longtemps déjà.
Dans leurs relations incestueuses avec les hommes politiques, les journalistes, tous paresseux, n’ont plus que moins d’un électeur sur deux à orienter vers les acteurs politiques de leur choix en discriminant les mouvements, les partis, les coalitions de partis et les démocrates bénévoles qui les animent. Sur 41 listes de candidats, les journaleux ne retinrent que les 4 qu’ils parvinrent à imposer à l’opinion dont le cumul des handicaps profitent aux moins méritants du mouvement des idées ou ce qu’il en reste.
Illusionnisme
Diomaye Faye peut maintenant dissoudre les assemblées consultatives que sont le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) après les avoir décapitées sur injonction de Sonko. Les législatives pliées pour Pastef font, elles, suite à la dissolution de l'Assemblée nationale. Les Sénégalais constateront, peu après l'installation des nouveaux députés, l'équivalent d'une deuxième dissolution de l'Assemblée par celui qui en assurera seul le contrôle sous très bonne escorte de son groupe de « jeunes politiciens nouvellement promus » pour railler l’intelligence politique qui fortifie les cités les mieux organisées du monde. Et de quatre en sept mois en attendant les dissolutions qui viennent.
L'anti-institutionnalisme du percepteur, déjà à son paroxysme, sera à nouveau servi quand Ousmane Sonko tiendra sa promesse de campagne des législatives en obtenant tout ce qu'il veut du ministre de la Justice, de son procureur, maître des poursuites, et du ministre de l'Interieur « content » des bulletins de vote défraîchis et méconnaissables de bon nombre d’adversaires du 17 novembre 2024. Toutes les raisons de désespérer du Sénégal seraient alors réunies. Mais on peut encore compter sur Ousmane Sonko dont l'incompétence technique, la cupidité et l'accélération subséquente de la misère des Sénégalaises et des Sénégalais obligeront le plus grand nombre de jeunes et de moins jeunes à prendre enfin l'initiative de sa propre survie en se séparant, le moment venu, de l'illusionniste à qui plus rien ne pourrait être pardonné. Mon vœu n’est naturellement pas celui-là quand je revois les files d’électrices et d’électeurs qui pensent aujourd’hui encore que leur Sonko ne fera enfin violence en se conformant à la Constitution du pays organisé qui depuis hier soir, après minuit, pense enfin le voir au travail et rien qu’au travail. Mais avec quelle sagesse du chef impulsif bien prompt à déclarer la guerre sans oser la faire sans l’aide des institutions désormais dans sa poche des Danaïdes ?
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ENTRE LE COUP DE CŒUR ET LE COÛT DE L’ŒUVRE
Dans cette entrevue réalisée dans le cadre de la 15 édition de l’art africain contemporain de Dakar, le peintre Omar Lionel Sow, dit O’Lio se dévoile à cœur ouvert a AfricaGlobe Tv. Artiste autodidacte, O’lio a trois décennies d’expérience derrière lui et
Dans cette entrevue réalisée au village des arts, dans le cadre de la 15 édition de l’art africain contemporain de Dakar, le peintre Omar Lionel Sow, dit O’Lio, se dévoile à cœur ouvert à AfricaGlobe Tv. Artiste autodidacte, O’lio a trois décennies d’expérience derrière lui et a parcouru le monde avec son art.
Le Dak’art 2024 bat son plein. Le village des arts vibre aussi au rythme de cette grand-messe de l’art africain contemporain. Occasion de découvrir des artistes qui ne sont pas toujours au-devant de la scène. C’est dans ce cadre que nous rencontre O’Lio, un peintre aguerri.
Trouvé dans son atelier au village des arts, sis a Yoff, O’Lio a accepté de nous parler de son parcours, ses débuts, de l’œuvre d’art et des artistes, mais aussi du rapport qu’entretiennent les Africains avec l’art. Si enfant, il a toujours eu l’art dans les veines et gribouillait presque partout, cet artiste d’intuition, en fréquentant les grands noms de la peinture, des devanciers expérimentés, a pu affiner son propre pinceau et trouver sa technique grâce au couteau.
Du point de vue de la technique de création, O’Lio dit ne pas faire d’esquisses. quand vient l’inspiration, il prend son couteau et fonce. D’ailleurs c’est avec un couteau qu’il travaille en général, le pinceau ne servant qu’à faire des finitions et à signer l’œuvre.
En parlant du rapport et de l’acquisition des œuvres d’art par les Africains, Omar Lionel Sow soutient que tout est dans le coup de cœur que l’on peut avoir
Selon lui en effet, devant une toile, tout le monde peut avoir un coup de cœur. Seulement, très souvent en Afrique, entre le coup de cœur et le coût de l’œuvre, l’écart peut être abyssal. Puisque c’est une question de moyens. Très souvent, le prix que le visiteur est prêt à débourser est en deçà de la valeur réelle de l’œuvre. Et pourtant il peut avoir un réel coup de cœur pour une œuvre. L’autre observation que fait cet peintre c’est que l’africain se donne le temps de discuter le prix
L’artiste regrette par contre, la mauvaise compréhension que bien d’hommes et femmes politiques au Sénégal ont parfois de ce que c’est que la culture. Parce qu’il le faut le savoir, l’art ne se résume pas à la musique et la danse. La musique n’est pas l’art, la musique est un art. Ou sont les autres expressions artistiques ?
LA NOUVELLE MAJORITÉ FACE AU DILEMME BUDGÉTAIRE
Si Pastef peut désormais gouverner sans entrave, le budget 2025 s'annonce comme son premier test grandeur nature : il faudra concilier l'orthodoxie financière réclamée par le FMI avec les attentes sociales des Sénégalais
(SenePlus) - La probable majorité absolue de Pastef à l'Assemblée nationale confronte le président Bassirou Diomaye Faye à un délicat exercice d'équilibriste entre les attentes populaires et les exigences du FMI, rapporte Reuters.
Si cette victoire législative offre au nouveau pouvoir les coudées franches pour mettre en œuvre son ambitieux programme sur 25 ans, le premier défi sera d'ordre budgétaire dans un contexte de crise fiscale, selon l'agence de presse.
"Les électeurs recherchent des solutions rapides au chômage, à la hausse du coût de la vie et à la limitation des services publics dans les zones rurales reculées", souligne Wendyam Lankoande, consultant chez Africa Practice, cité par Reuters.
La tâche s'annonce ardue. Un audit gouvernemental de septembre a révélé que la dette et le déficit budgétaire du Sénégal étaient bien plus importants que ce qu'avait annoncé la précédente administration. Conséquence : le programme du FMI de 1,9 milliard de dollars convenu en juin 2023 est suspendu.
Les négociations pour relancer les décaissements pourraient s'étendre jusqu'à mi-2025, précise Reuters. "Nous considérons la majorité de Pastef comme un développement positif car elle ouvre la voie au président Faye et au Premier ministre Sonko pour commencer à travailler sur un budget 2025 globalement aligné sur les exigences du FMI", analyse Leeuwner Esterhuysen, économiste principal chez Oxford Economics Africa.
Toutefois, l'expert prévient : "Certaines de ces exigences ne seront pas nécessairement bien accueillies par les citoyens sénégalais." Il estime cependant que le FMI pourrait faire preuve de souplesse, semblant entretenir de bonnes relations avec la nouvelle administration.
"Nous pensons que le gouvernement pourrait retarder la mise en œuvre de mesures drastiques comme la suppression des exonérations de TVA sur les intrants agricoles ou l'augmentation des prix de l'électricité des ménages, tandis que les subventions énergétiques seront progressivement supprimées pour limiter l'impact sur les consommateurs", projette Esterhuysen.
Cette victoire législative de Pastef a déjà eu un impact positif sur les marchés : Reuters note que la dette souveraine du Sénégal a vu son prix augmenter lundi, alors que la plupart des autres obligations des nations africaines perdaient du terrain. Le rendement de son obligation en dollars 2033 a baissé d'environ 10 points de base à 9,28% vers 11h45 GMT.
L'ART, L'HISTOIRE ET LE DROIT AU SERVICE DE LA MÉMOIRE
L’avant-première du documentaire Amoonafi a été accueillie au cinéma Pathé de Dakar, jeudi dernier. En effet, ce film retrace l’histoire de l’art et du droit au Sénégal, telle que vécue et racontée par Me Bara Diokhané
L’avant-première du documentaire Amoonafi a été accueillie au cinéma Pathé de Dakar, jeudi dernier. En effet, ce film retrace l’histoire de l’art et du droit au Sénégal, telle que vécue et racontée par Me Bara Diokhané, « l’avocat des artistes ». Amoonafi est un voyage entre mission, passion et transmission de l'art.
Le documentaire Amoonafi, à l’écran depuis jeudi dernier au cinéma Pathé de Dakar, porte une vision multidisciplinaire. En effet, il tisse des récits intimes à travers des interviews poignantes, des images d'archives précieuses et des performances artistiques marquantes. C’est une œuvre à la croisée de l'histoire collective et des quêtes individuelles. Mais au-delà, elle met en lumière des trajectoires marquées par la mission de construire des ponts culturels, la passion pour les arts et la transmission de savoirs intemporels. La parole est donnée à des avocats, artistes, galeristes, hommes politiques, témoins et acteurs majeurs. Ensemble, ils convoquent la mémoire collective et retracent les premiers pas du droit lié au marché de l'art au Sénégal.
Ainsi, le réalisateur du film, Bara Diokhané, pionnier incontesté et figure emblématique de ce domaine, s’impose comme l'une des références les plus solides du Sénégal, voire la référence incontournable. Amoonafi plonge donc le cinéphile dans une histoire enrichissante et lui fait découvrir l’évolution d'un secteur à la croisée de l'art et du droit. Maître Bara Diokhané nous en dit plus : « J’espère que le message de transmission de l'histoire invite à identifier notre propre démarche par nos propres moyens. Je pense que c'est une démarche qui invite à une réflexion. » D’après lui, transmettre l'histoire ne consiste pas seulement à conserver et partager des faits. C'est aussi une invitation à réfléchir sur les leçons du passé et leur pertinence pour construire l'avenir afin de nourrir la conscience collective et renforcer les liens entre les générations.
Le réalisateur Thione Niang souligne quant à lui le rôle de Maître Diokhané auprès des artistes, en précisant que le fait qu’il fasse un récit sur les pères fondateurs de l’art au Sénégal est plus qu’instructif. « Ce film a été très éducatif, car il nous montre tout ce que Maître Bara a fait pour la culture, son rôle dans la musique sénégalaise. Je ne savais pas que derrière des géants de la musique comme Youssou Ndour, il y avait des acteurs. Il parle également du rôle des Africains et des Américains du Sénégal, ainsi que de son engagement avec la diaspora africaine. » C’est pour lui un récit à saluer, car son engagement auprès de la diaspora africaine a permis de renforcer les liens historiques et culturels entre ces deux communautés.
Par ailleurs, ce travail contribue non seulement à la reconnaissance des racines africaines des populations afro-descendantes, mais aussi à la promotion d’un dialogue interculturel essentiel. D’un autre côté, il souligne la reconnaissance et la célébration des pères fondateurs de l’art au Sénégal, mis en avant par le réalisateur. « Ici, on n’arrive pas à célébrer nos héros de la culture. Aujourd’hui encore, nous avons des héros de la culture qui sont méconnus du public ; cependant, à travers ce film, on les retrouve. » Il cite par exemple l’artiste peintre, poète, dramaturge, philosophe et essayiste Joe Ouakam. « Je quitte ce cinéma très inspiré. Quand je me rappelle de Joe Ouakam, je suis frustré de voir comment l’endroit où il travaillait est devenu alors qu’on aurait dû en faire un musée et que l'État devait le sauvegarder pour les générations futures. Mais ce travail n’a pas été fait par l’État, » regrette-t-il. Il souligne que ce film est un appel à la préservation et à la valorisation des contributions des figures historiques qui ont consacré leur vie à la culture et au développement, et rappelle l’importance de telles œuvres pour éduquer les générations actuelles et futures.
Une synergie entre plusieurs expressions artistiques
Le film ne se limite pas à la simple valorisation de son patrimoine culturel ou de son identité. En effet, il transcende les dimensions individuelles artistiques pour s’inscrire dans un processus collectif de transmission, de réflexion et de prise de conscience. Entre la poésie, le cinéma, la peinture, la musique et bien d’autres, c’est pour l’auteur une façon de raconter l’histoire artistique du Sénégal. Pour lui, ce corpus artistique doit servir de base. « J'ai abordé la poésie, la musique, la peinture, la sculpture, le cinéma, etc. Parce que c'est le Sénégal, c’est l’art du Sénégal. Pour faire en sorte que ce fait historique puisse servir de base, » nous explique le réalisateur Bara Diokhané. Il était question pour lui que ces disciplines artistiques diversifiées puissent également montrer qu'il y a une connexion entre elles afin qu’elles soient transmises aux générations.
Ainsi, Amoonafi met également l’accent sur le déguerpissement, la destruction des monuments historiques et le statut de l’artiste. Pour M. Diokhané, c’est un message important pour les artistes. « Je pense qu'il est important que nous donnions de l'importance à nous-mêmes et à notre histoire. Les artistes ne sont pas valorisés ici alors que, peut-être, dans d'autres pays, les artistes sont traités comme des rois. » En tant que juriste, précise-t-il, « je m’intéresse à la pratique des artistes. Donc, à travers la peinture, le cinéma, etc., il faut avoir une approche assez holistique de notre histoire de l’art. Mais encore, faut-il l'écrire. Je n'ai jamais encore vu un livre sur l'histoire de l’art du Sénégal. » Rappelant que le Sénégal a son histoire, car c’est Dakar qui a abrité le premier Festival mondial des arts nègres, qui a été le premier musée d'art contemporain d'Afrique. Le Grammy Award de Youssou Ndour est un échantillon qui prouve que le Sénégal est un pays fertile en création artistique. Par ailleurs, il appelle à un accompagnement politique avec des lois pour faire avancer les choses. Pour mieux accompagner les artistes et tirer les bénéfices de la production artistique sénégalaise, « les acteurs politiques doivent comprendre quels sont les enjeux. Quelles sont les lois qu’ils peuvent proposer pour faire avancer les choses, pour mieux protéger les artistes et pour mieux tirer un bénéfice économique de la production artistique sénégalaise. Je pense que ça sera une bonne chose, car cela va contribuer à améliorer le statut social des artistes et le statut économique, » conclut le réalisateur.
Par conséquent, au moment où se tient la Biennale, l’importance de raconter sa propre histoire devient cruciale, car Dak’Art est un événement dédié à la culture et à la célébration artistique. Ce film invite à redonner une place centrale aux archives locales, aux témoignages oraux et aux récits transmis de génération en génération afin de faire valoir l’identité culturelle.
LE PARI PERDU DE BARTH À DAKAR
Le maire de la capitale, qui rêvait de transformer cette élection en tremplin vers 2029, a vu sa stratégie voler en éclats face à la vague Pastef. Sa déroute, jusqu'à son propre bureau de vote, illustre la consolidation du pouvoir dans la région
Barth’ a perdu son pari dakarois. Le leader de Samm sa kaddu, qui a joué à imposer un duel à Sonko, a été battu dans la capitale. Même dans son propre bureau de vote ! C’est une leçon électorale pour le maire de Dakar qui voulait transformer l’essai de ces Législatives pour les prochaines locales, et aussi sans doute pour la présidentielle de 2029. Mais, toutes les stratégies qu’il a échafaudées ont volé en éclats après le triomphe de Sonko dans toute la région de Dakar. Surtout qu’il voulait construire son ascension à partir de Dakar pour aller à la conquête du reste du pays.
Il devra repasser. De toute façon, cela aurait été une surprise pour les suiveurs de l’actualité que Pastef perde ces élections 8 mois après l’élection triomphale de Diomaye.
La tradition a été respectée. Les élections législatives qui suivent généralement la présidentielle, sont toutes gagnées par le parti au pouvoir. Celles de ce 17 novembre n’ont pas dérogé à la règle. Pastef semble, au regard des tendances, gagner dans les grandes villes du Centre, rafler la mise au Sud, perdre le Nord, principalement le Fouta. Et mettre la main sur Dakar. En attendant la confirmation des résultats, Pastef peut se targuer d’avoir fait une bonne opération. En effet, à l’annonce des élections, ils n’étaient pas nombreux ces observateurs qui pouvaient miser sur une défaite de Pastef. Les enjeux étaient ailleurs. S’il était certain que Sonko allait rafler le Sud, des doutes subsistaient dans le Centre du pays, à Dakar et sa banlieue.
Alioune Sall, qui a tourné le dos à son frère pour s’allier avec Amadou Ba, n’avait pratiquement pas de concurrent à Guédiawaye. Pikine, qui d’ordinaire était un bastion du Pds, semble confirmer son choix de la présidentielle. Avec la sortie de Cheikh Oumar Diagne, Touba semblait vaciller. Tous ces départements ont basculé, confirmant ainsi leur choix à la dernière Présidentielle. S’il y avait vraiment un département qui nourrissait l’espoir des opposants, c’était Dakar. Son maire y jouait sa survie politique par procuration. En effet, Barthélemy Dias, en dirigeant la liste nationale de Samm sa kaddu, a soigneusement évité un combat contre son adjoint, Abass Fall de Pastef. Pour autant, le leader des «Patriotes» a les faveurs des tendances. Si elles se confirment, Abass Fall peut légitimement lorgner le fauteuil de Dakar dans 2 ans lors des locales.
par Mohamed Gueye
OBSERVATIONS SUR LE TRIOMPHE DE SONKO
Plus qu’à la présidentielle de mars 2024, Ousmane Sonko a fait de la victoire de son parti un triomphe personnel. Il a voulu réaffirmer sa forte emprise sur l’appareil de son parti et ses orientations, mais aussi le caractère incontournable des décisions
Plus qu’à la présidentielle de mars 2024, Ousmane Sonko a fait de la victoire de son parti un triomphe personnel. Il a voulu réaffirmer sa forte emprise sur l’appareil de son parti et ses orientations, mais aussi le caractère incontournable des décisions qui vont influer sur nos vies pendant au moins les cinq prochaines années, sinon plus.
On peut dire que le triomphe est sans conteste. Les résultats provisoires des élections législatives publiés hier, à la fermeture des bureaux de vote, indiquent une victoire écrasante du parti dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Pastef/Les Patriotes n’a, semble-t-il, fait nulle concession à ses adversaires dans la lutte pour la conquête du Parlement. Aucun département ne semble avoir échappé à la boulimie de M. Sonko et de ses amis. Et s’il est encore très tôt pour faire des prévisions, on pourrait néanmoins augurer qu’au moins 100 députés vont être aux ordres du Premier ministre. Et si cela se réalise, on peut faire plusieurs observations à partir de la nouvelle configuration de la chambre basse.
Sonko «encombrant» mais plus inutile
La première observation est que Ousmane Sonko a fini d’établir sa totale hégémonie sur la scène politique sénégalaise. Pour notre bien ou le mal de notre pays, rien ne pourra plus se faire dorénavant sans son sceau. Et le triomphe électoral qu’il a ainsi dessiné, lui donne le loisir de décider de son avenir proche ou lointain. Il pourrait ainsi, si telle était sa volonté, quitter la Primature, où il vit avec l’incertitude d’un sort lié à un décret -chose que certains observateurs jugent irréalisable, mais on ne sait jamais…- pour se réfugier au Perchoir de l’Assemblée, et occuper de facto la place de la deuxième personnalité de l’Etat. Ce poste stratégique ne diminuerait en rien l’influence qu’il exerce sur le gouvernement dont la plupart des ministres, sinon tous, sont ses obligés.
L’autre position, pas si inconfortable que cela, serait de mettre à la présidence de l’Assemblée, un de ses hommes liges, à travers lequel il pourra contrôler l’action de «ses» députés, et continuer à maintenir sa proximité physique avec le Président Bassirou Diomaye Faye dont on a tendance à croire qu’il ne se contente pas de lui murmurer à l’oreille, mais plutôt qu’il lui chuchote ses actions.
La seconde observation est que le Peuple sénégalais est resté constant et logique dans ses choix. Malgré une campagne dure et impitoyable, où les acteurs ne se sont pas fait de cadeaux, où ses adversaires ont dévoilé une face des moins reluisantes de Ousmane Sonko, les électeurs n’ont pas voulu se dédire et lui ont renouvelé la confiance qu’ils lui avaient portée en mars 2024. Ils n’ont pas voulu «lui donner la tête et retirer la langue», comme on dit. Et cela est une leçon.
Ses détracteurs disaient qu’il fallait libérer le Président Faye de «l’emprise néfaste de Ousmane Sonko». En privant ce dernier de la majorité à l’Assemblée, on réduisait ce dernier à son rôle préféré d’opposant au pouvoir, qu’il semble affectionner. En plus de créer un équilibre institutionnel, on rognait les ailes au leader de Pastef, en permettant au chef de l’Etat de prendre des décisions sans avoir à s’en remettre à son Premier ministre. Juste ou pas, ce calcul est totalement remis en question. Les Sénégalais ont décidé de donner à Ousmane Sonko les moyens de mener sa politique, pendant les 5 années à venir, avec toutes les conséquences que cela va emporter dont la première est que le duo Sonko mooy Diomaye reste soudé. Et ses opposants devront avaler la couleuvre de voir aux côtés de Diomaye, un Sonko, toujours «encombrant», mais pas «inutile» pour ses amis.
Macky et ses comptes avec Amadou Ba
L’autre observation est que, dans l’opposition, la bataille du leadership reste encore d’actualité. Les 35% récoltés par Amadou Ba à la Présidentielle de mars ont été balayés et le jeu est refait. Tel que les tendances se dessinaient dans la soirée d’hier, il n’était pas certain que sa Coalition Jamm ak njariñ se retrouve à la seconde position, derrière Pastef. Dans beaucoup de localités, elle a été fortement chahutée par les listes de Samm sa kaddu dirigée par Barthélemy Dias et Takku Wallu conduite par Macky Sall. Ainsi, à Fatick et dans le Fouta, Macky Sall vient largement en tête pour l’opposition, devançant même Pastef dans certains centres de vote.
Cette configuration donne raison à ceux qui ont pensé que Macky Sall n’avait qu’une seule ambition en se portant à la tête d’une liste électorale concurrente de celle de Amadou Ba, c’était de régler définitivement les comptes d’une querelle née de la dernière Présidentielle, et incidemment, tenter de casser définitivement les ambitions politiques de son dernier Premier ministre. Il faudra à ce dernier faire preuve d’autant ou plus d’agilité politique pour, d’abord, ne pas mourir politiquement, mais surtout, pouvoir rebondir avec force malgré les deux revers qu’il vient de subir.Il doit surtout tenir compte du fait que l’arène politique va se renouveler grandement d’ici les cinq prochaines années, quand les électeurs seront à nouveau appelés à exprimer leurs suffrages.
Barth’ dans le flou
La même observation est valable pour le maire de la Ville de Dakar, Barthélemy Toye Dias. Sèchement battu dans le département de Dakar et jusque dans son bureau de vote, il a encore été une fois victime de la «sonkomania» ambiante. La première fois, à la Présidentielle, il n’a pas été en mesure d’aider son champion, Khalifa Sall, dont il était le directeur de campagne, à résister à la déferlante de «Sonko mooy Diomaye». Comme beaucoup, il a pensé que les électeurs, en voulant en finir avec Macky Sall, ont opté pour un «vote utile», qui écartait le leader de Taxawu Senegaal.
Mais hier, c’était à lui de relever le gant, d’autant plus qu’entre Sonko et lui, la rivalité transcendait dorénavant les clivages politiques. Entre eux, l’affrontement tournait à la violence physique, et le fils de Jean-Paul Dias avait à cœur de démontrer qu’il n’était pas redevable à Pastef d’être devenu maire de la capitale. Sa déroute électorale doit le pousser à revoir de manière urgente sa stratégie politique ; car c’est pour lui une question de vie ou de mort.
S’il a pu se présenter aux élections malgré sa condamnation dans la mort de Ndiaga Diouf, il n’est pas dit que ses anciens amis, qui cherchent à le détrôner de la mairie de Dakar, ne vont pas trouver des artifices pour le faire tomber. Disciple de Khalifa Sall, les tribulations de ce dernier sous Macky Sall ne doivent pas avoir été effacées de sa mémoire. Et l’histoire pourrait se répéter pour lui. Plus grave encore, pour lui qui a le regard à l’Horizon 2029, une majorité parlementaire de Pastef ne lui chercherait-elle pas des cafards pour l’éliminer de la course à cette échéance, mettant ainsi prématurément fin à une carrière politique qui jusque-là s’annonçait prometteuse ?
Macky Sall a eu raison pour le parrainage
Par ailleurs, la forte déroute des nombreuses autres listes démontre une nouvelle fois qu’il est plus que temps de réformer les institutions de ce pays. On ne peut comprendre qu’avec plus de 300 partis officiellement reconnus, il n’y en ait pas un qui soit en mesure de s’aventurer seul à demander leurs suffrages aux électeurs. Même Ousmane Sonko a dû massivement recourir à des transhumants, race qu’il a toujours honnie, pour s’assurer une victoire dans des zones où son implantation n’était pas profonde. Pire, avec la suspension du système de parrainage, nous nous sommes retrouvés obligés de choisir entre 41 listes. Le plus drôle étant que même les mandataires dans les bureaux de vote comprenaient que personne ne pouvait tenir les 41 bulletins dans ses mains, et donnaient l’option de ne prendre que 5 bulletins. D’ailleurs, certaines listes, en dehors des inter-coalitions, n’avaient même pas de mandataires dans certains bureaux.
A ces 41 listes pour lesquelles on a confectionné des listes, accordé du temps d’antenne et accordé des équipes de journalistes, combien auront obtenu 0, 5% des suffrages ? La caution qu’ils ont payée n’a pu couvrir les dépenses occasionnées pour leur donner la parole, quand certains véhiculaient des thèses xénophobes et particulièrement dangereuses pour la cohésion nationale. Il n’est pas moralement et matériellement acceptable que des choses de ce genre continuent d’élection en élection. Il est plus que temps de revoir le mode de sélection des candidats aux suffrages des Sénégalais. Et hormis cela, voir si les partis qui n’osent pas se présenter à des élections sous leur propre bannière méritent encore longtemps de concourir aux suffrages de leurs concitoyens, et d’abuser des ressources des contribuables. Le parrainage imposé en son temps par Macky Sall, quoiqu’imparfait, avait eu le mérite de nous éviter ce genre de spectacle décourageant pour une démocratie qui a besoin de se renforcer.
Par Hamidou ANNE
LE PEN, TRUMP, SONKO ET LEURS JUGES
Les populistes n’invoquent la Justice que quand celle-ci est en indélicatesse avec d’autres citoyens, leurs adversaires
J’ai suivi avec grand intérêt, ces derniers jours, le procès de Marine Le Pen et ses collaborateurs au sujet de délits supposés d’emplois fictifs au Parlement européen. En effet, il est reproché à la cheffe du parti français d’Extrême-droite, un système organisé de fraude qui faisait supporter les salaires de ses collaborateurs politiques par le Parlement européen. Le préjudice constaté est de 7 millions d’euros. En attendant la peine, les procureurs ont requis cinq ans de prison, ainsi que cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Ceci signifie que si les juges suivent les procureurs, elle serait inéligible pour la présidentielle 2027 dont elle est la grandissime favorite. L’intéressée a réagi, arguant «une atteinte à la démocratie», l’organisation de sa «mort politique», l’inféodation du Parquet à l’Exécutif, etc.
Elle dénonce une Justice «aux ordres», qui voulait l’empêcher de concourir au suffrage universel. «Mais, au-delà de moi, c’est le peuple français qui, en réalité, est empêché (…) de voter pour la candidate qu’il souhaite», ajoute-t-elle. J’ai tout de suite reconnu le refrain de la chanson de la victime brimée soi-disant par le «système». Marine Le Pen ainsi que tous les populistes usent et abusent de la rhétorique du complot quand ils sont devant la Justice et risquent une condamnation.
Après son départ du pouvoir en 2020, Donald Trump a fait l’objet de dizaines d’accusations. Il a été condamné pour certaines. Naturellement, le truculent président américain a lui aussi accusé les juges, arguant que les procès étaient «truqués» et que les juges étaient «corrompus». Aucune remise en cause, aucune tenue, mais l’usage de la défense de rupture, avec toujours en première ligne le prétexte d’un système inique qui voudrait annihiler la voix du peuple. Trump avait dit à l’issue d’une condamnation que le vrai procès sera pour le 5 novembre, avec le jugement du peuple souverain. Il faut reconnaître qu’il a remporté celui-là, malgré les accusations nombreuses dont certaines très graves, malgré l’attaque du Capitole du 6 janvier et malgré les propos hallucinants tenus quasi quotidiennement contre les magistrats, l’Administration, ses adversaires et toutes celles et tous ceux qui refusaient de se plier à ses désidératas.
La logique populiste est implacable, et elle est éculée. Ils ne sont coupables de rien et sont victimes de tout le monde. Tout le «système» est mis en place pour freiner leur montée politique et les combattre par l’usage détourné des lois. Au Sénégal, ce scénario a été éprouvé pendant trois années de procédures judiciaires, qui ont visé un homme dont l’irresponsabilité n’a pas de limite. Si Marine Le Pen, par exemple, fait l’objet d’accusations concernant l’usage de fonds publics au préjudice de l’Europe, notre bonhomme lui a été sous le coup d’affaires toutes privées.
D’abord visé par une plainte au pénal d’une compatriote, il a été sommé devant un tribunal d’apporter les preuves de ses accusations. Dans les deux cas, il a été condamné à la suite d’accusations privées. Dans les deux cas, il a refusé de faire face à ses accusateurs. Dans les deux cas, il a refusé de faire face à la Justice de son pays. Ses arguments, comme ceux de Trump et Le Pen aujourd’hui, ont consisté à invoquer la rhétorique du complot, de l’abus de pouvoir et de la volonté de l’empêcher d’être candidat. Il a appelé au «Mortal Kombat» pour ne pas se présenter devant un juge, qualifié de partisan, avant que son collègue et successeur, lui, ne reçoive le sobriquet de «lâche». L’histoire est facétieuse : celui qui disait détenir toutes les preuves du complot qui le visait, en huit mois d’exercice, n’en a sorti aucune. Au contraire, les rodomontades, les menaces, les accusations, le bruit permanent sont notre quotidien avec lui depuis le 2 avril 2024. Celles et ceux qu’il accusait de complot vaquent calmement à leurs occupations.
Les populistes n’invoquent la Justice que quand celle-ci est en indélicatesse avec d’autres citoyens, leurs adversaires. De vieilles vidéos de Mme Le Pen sont ressorties, où elle accusait toute la classe politique française de «piquer dans les caisses», sauf son parti. Trump a accusé les démocrates de toutes sortes de forfaits dont les plus farfelus, sans jamais apporter la moindre preuve. Notre bonhomme, lui, est coutumier des déclarations grossières et outrageuses, et a usé de la rhétorique du «système» du «Tous pourris !», mais se montre si léger quand il s’agit d’éclairer l’opinion sur les scandales présumés de l’Onas et de l’Aser. Pour Trump, Le Pen ou Sonko, la logique est la même : nous sommes victimes du système quand nous sommes appelés à la barre, mais dans l’exercice de nos responsabilités publiques, nous n’allons rendre aucun compte parce qu’au fond, nous sommes la Justice. Ce qui change seulement, c’est qu’aux Etats-Unis et en France, la presse, la Société civile et les intellectuels sont en général attentifs au devoir de responsabilité qui leur incombe
Chez nous, le larbinisme, la couardise et l’opportunisme ont élu domicile dans ces milieux, et ce depuis longtemps.
LE PASTEF FAIT CARTON PLEIN
Les premières projections donnent 129 sièges sur 165 au parti présidentiel. L'opposition, avec seulement 20 sièges répartis entre Samm Sa Kaadu (5) et Takku Wallu (15), se trouve réduite à sa plus simple expression, en attendant le reste des répartitions
(SenePlus) - Selon les projections du statisticien Mamadou Yauck, publiées dimanche 17 novembre à minuit, le Pastef obtient une majorité absolue historique à l'Assemblée nationale. Le parti au pouvoir raflerait 129 sièges sur les 165 à pourvoir, soit largement au-dessus de la majorité absolue fixée à 83 députés.
Ces premières estimations révèlent un véritable raz-de-marée en faveur du parti du Premier ministre Ousmane Sonko, tandis que l'opposition se trouve fortement fragmentée. La coalition Samm Sa Kaadu n'obtiendrait que 5 sièges, et Takku Wallu 15 sièges. Les 16 sièges restants demeurent encore à pourvoir.
Face à l'ampleur de ces résultats provisoires, les principales forces d'opposition ont rapidement concédé leur défaite. La coalition Samm Sa Kaadu et l'ancien Premier ministre Amadou Ba ont admis leur revers quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote.
Autre enseignement de ce scrutin : la participation s'établit à 49,72%, selon les projections de Mamadou Yauck. Un taux qui témoigne d'une mobilisation importante des électeurs pour ces législatives anticipées.
Cette configuration, si elle se confirme dans les résultats officiels, donnerait au parti au pouvoir une marge de manœuvre considérable pour faire adopter ses projets de loi au Parlement.
Par Abdoulaye THIAM
L’OURAGAN SONKO !
Il n’y aura donc pas de cohabitation. Seuls quelques départements ont résisté à la razzia qui se dessine. Il s’agit des départements de Matam, Kanel, Ranérou, Dagana, Ndioum entre autres
Tel un tsunami, la liste du Parti Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité) a balayé tout sur son passage à l’issue du scrutin des élections législatives anticipées d’hier, dimanche 17 novembre. L’ouragan Ousmane Sonko n’a fait qu’une bouchée de ses adversaires. De Dakar à Ziguinchor; de Saint-Louis à Tambacounda, le président du Pastef, non moins Premier ministre, a démontré partout ou presque sa puissance et sa suprématie.
Comme lors de la présidentielle du 24 mars dernier, ce parti porté sur les fonts baptismaux en 2014, a confirmé son ancrage dans le pays et surtout dans les cœurs des jeunes sénégalais. Une victoire nette et sans bavure qui porte l’empreinte d’une seule et unique personne. Il s’agit de Ousmane Sonko. Ses erreurs de communication contre le régime dont il est pourtant le Chef du Gouvernement, ses sorties au vitriol appelant à l’application de la loi du talion contre Barthelemy Dias, n’ont pas pesé sur la balance. Les attaques ad hominem de ses adversaires, non plus. Les électeurs sénégalais ont décidé en toute responsabilité de plébisciter Ousmane Sonko qui détient maintenant les pleins pouvoirs pour dérouler sa vision Sénégal 2050 «Pour une nation souveraine, juste, prospère et ancrée dans des valeurs fortes ».
Seuls quelques départements ont résisté à la razzia qui se dessine. Il s’agit des départements de Matam, Kanel, Ranérou, Dagana, Ndioum entre autres.
Il n’y aura donc pas de cohabitation. Au contraire, le peuple, détenteur de la souveraineté l’a exprimée dans ce scrutin aux allures d’un référendum pour ou contre Ousmane Sonko.
Par ailleurs, il faut aussi relever que le Premier ministre tient ainsi sa revanche. Empêché à tort ou à raison, par tous les moyens, de prendre part à la présidentielle du 24 mars dernier, l’actuel Premier ministre avait «parrainé», le secrétaire général du Pastef pour le porter à la tête de la magistrature suprême. Un fait inédit au Sénégal, voire en Afrique, qui a augmenté le capital sympathie pour Ousmane Sonko qui est apparu dans plusieurs élections comme le faiseur de «rois», notamment lors des dernières élections municipales et législatives
Disposant désormais d’une majorité plus que qualifiée et de tous les leviers, Sonko qui consolide sa légitimité, aura la lourde responsabilité de remettre le Sénégal sur les rails de l’émergence.