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22 novembre 2024
Société
L'ÉTAT CONFOND TAHIROU SARR
Le ministère de l'Urbanisme s'élève contre les propos xénophobes visant les étrangers dans la gestion de l'état civil sénégalais. La fraude documentaire, loin d'être généralisée, ne représente que 1,73% des demandes de carte nationale d'identité
Le ministère de l'Urbanisme s'élève, dans le communiqué suivant parvenu à notre rédaction, contre les propos xénophobes visant les étrangers dans la gestion de l'état civil sénégalais. Les chiffres officiels démontent les accusations : seuls 207 791 étrangers résident au Sénégal, soit 1,1% de la population totale. La fraude documentaire, loin d'être généralisée, ne représente que 1,73% des demandes de carte nationale d'identité. Le système est rigoureusement encadré par la justice, avec des contrôles réguliers des registres par les présidents de tribunal et les procureurs.
"Communiqué
Une personne du nom de Tahirou Sarr se signale, ces derniers temps, dans les médias et réseaux sociaux, par des sorties intempestives dirigées contre des étrangers, qui sont susceptibles de troubler la paix et la cohésion sociale dans notre pays. Face à ces dérives, il est apparu nécessaire pour le Département en charge de l'état civil de rétablir la vérité sur les affirmations faites par ce monsieur et qui sont totalement erronées.
Celles-ci tournent autour d'aspects relatifs, entre autres, à l'enregistrement des faits d'état civil concernant les étrangers dans les registres de l'état civil sénégalais et la vente des actes d'état civil.
- L'enregistrement des faits d'état civil intéressant les étrangers
S'agissant de l'enregistrement des faits d'état civil concernant les étrangers dans les registres de l'état civil du Sénégal, il convient de rappeler les dispositions de la loi n° 72-61 du 12 juin 1972 portant Code de la Famille, notamment l'article 43, qui prévoit que « toute naissance ou décès concernant un étranger se trouvant au Sénégal doit être obligatoirement déclarée à l'officier de l'état civil sénégalais » dans les formes et conditions prévues par ledit code.
L'enregistrement à l'état civil est ainsi une démarche obligatoire pour toute personne dont l'évènement d'état civil est survenu sur le territoire national. Ainsi, les étrangers, résidant ou séjournant temporairement au Sénégal, sont soumis aux procédures d'enregistrement des faits d'état civil les concernant auprès de l'état civil sénégalais au même titre que les nationaux.
Cet enregistrement vise surtout à régulariser le statut administratif de ces événements sur le territoire sénégalais. Les personnes assujetties sont astreintes à faire transcrire la naissance auprès de leur représentation diplomatique ou consulaire pour en assurer la reconnaissance dans leur pays d'origine.
La même démarche vaut pour le Sénégalais né à l'étranger et qui se fait déclarer dans les registres de l'état civil du pays hôte, dans la forme usitée par ce pays. Ces actes font foi et sont transcrits à l'état civil sénégalais.
Selon le dernier recensement général de la population et de l'habitat (RGPH-2023), parmi les 18 126 390 individus résidents au Sénégal, 207 791 sont de nationalité étrangère, soit 1,1 % contrairement aux chiffres avancés par monsieur SARR. Enfin, il importe de préciser que la seule naissance au Sénégal ne confère pas de droit la nationalité sénégalaise.
En effet, pour être Sénégalais par le droit du sol, il faut être né au Sénégal d'un père né au Sénégal ou d'une mère née au Sénégal, conformément aux dispositions de l'article premier alinéa premier de la loi n° 61-10 du 7 mars 1961 déterminant la nationalité sénégalaise.
- La vente des actes d'état civil de Sénégalais aux étrangers
Parmi les thématiques les plus abordées par monsieur Sarr, figure la vente des documents d'état civil de Sénégalais aux étrangers.
Il faut rappeler que la tenue de l'état civil au Sénégal est soumise à un contrôle strict des autorités judiciaires, en l'occurrence le président du tribunal d'instance et le procureur de la République. D'abord, tout registre doit être coté et paraphe avant toute utilisation par le président du tribunal d'instance. Ensuite, le juge, conformément aux dispositions de l'article 35 du Code de la Famille, procède une fois par an, et chaque fois qu'il l'estime nécessaire, à la vérification des registres de l'état civil de l'année en cours en se transportant dans les différents centres de son ressort.
Il en est de même du procureur de la République qui, en vertu dudit article 35, est tenu, lors du dépôt des doubles des registres de l'état civil au greffe, de vérifier leur état
Il y a lieu, par ailleurs, d'informer que des procédures judiciaires de reconstitution des actes de l'état civil détériores ou disparus sont prévues par les textes en vigueur, qu'il s'agisse d'un acte isolé, d'un registre ou * des deux registres, quelle que soit la cause de la détérioration, destruction ou disparition (mauvaise conservation, incendie, intempéries, actes de vandalisme etc.). Cette reconstitution, selon le cas, se fait soit par la voie judiciaire, soit par la voie administrative (disparition des deux exemplaires d'un registre).
Il est indéniable qu'il peut y avoir des cas de fraudes dans notre état civil. Il convient toutefois de souligner qu'ils sont particulièrement le fait d'individus véreux qui, parfois, se font passer pour des officiers ou agents de l'état civil et attribuent, moyennant rémunération, de faux numéros de registre et d'acte d'état civil.
Les personnes bénéficiaires de ces actes fictifs, de bonne foi pour certaines, ne peuvent, en toute légalité, se voir délivrer des copies et extraits de leurs actes.
Les procédures judiciaires prévues par les textes en vigueur permettent aux véritables titulaires des actes de l'état civil d'être rétablis dans leurs droits.
Cette fraude documentaire, selon des données reçues de la Direction de l'Automatisation des fichiers (DAF), ne représenterait que 1,73% des actes reçus en vue de l'établissement de la carte nationale d'identité et 0, 37% de tous les extraits de naissance reçus.
- Un vaste chantier de digitalisation en cours pour faciliter et sécuriser l'accès à l'état civil
Suivant la vision de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République du Sénégal, pour la dématérialisation des démarches administratives et sur instruction du Premier ministre Ousmane Sonko, le ministère de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des Territoires, à travers le l'Agence nationale de l'Etat civil, est en train d'accélérer le processus de modernisation de l'état civil.
En effet, pour réduire la fraude documentaire, voire l'annihiler, l'Etat du Sénégal s'est inscrit dans une démarche de mise en place d'un système d'état civil performant, moderne, fiable, sécurisé et accessible, ceci notamment grâce à la digitalisation.
Le processus entamé a permis :
- la numérisation et de l'indexation de plus de vingt-millions (20 000 000) d'actes d'état civil et leur migration dans le Registre national de l'Etat civil
(RNEC), créé pour centraliser les données d'état civil de tous les Sénégalais, lesquelles sont stockées dans les datacenters de l'Etat. Le nouveau logiciel de gestion des faits d'état civil (LGEC) mis à la disposition de trois cent soixante (360) centres d'état civil interconnectés à l'intranet gouvernemental, donne accès au RNEC et permet aux officiers et agents d'enregistrer et de délivrer des actes en toute sécurité. A ce jour, plus de mille cent (1100) officiers et agents de l'état civil ont été formés à son utilisation ; garantissent la protection des données à caractère personnel, la fiabilité et l'authenticité des actes ;
- la sécurisation du système d'état civil digitalisé avec l'élaboration d'une Politique de Sécurité du Système d'Information de l'Etat Civil (PSSI-EC) et de la Stratégie de protection des données à caractère personnel de l'état civil. De même, l'implémentation de la signature électronique et du QR code dans le LGEC, ainsi que la traçabilité de toutes les opérations effectuées dans l'application, l'identification de leurs auteurs, assurée par l'attribution d'un compte individuel et d'identifiant propre à chaque agent intervenant,
- la création d'une plateforme d'offre de services aux usagers permettant à toute personne de demander en ligne, par un traitement rapide et sécurise, copie ou extrait de son acte d'état civil. Le lancement de la phase test est prévu bientôt, des communes pilotes déjà identifiées.
Ainsi, l'introduction de ces procédés informatiques sont aujourd'hui autant de moyens mis en œuvre par le Gouvernement pour faciliter l'accès des usagers à l'état civil mais aussi pour lutter efficacement contre la fraude documentaire.
En définitive, nous appelons à plus de retenue et de responsabilité dans les messages véhicules sur les réseaux sociaux qui visent à stigmatiser des communautés et attiser la haine envers les étrangers. Nous rassurons aussi les Sénégalais sur les efforts qui sont en train d'être faits par l'Etat pour sécuriser leurs données d'état civil, tout en les rendant plus accessibles pour eux."
NOUVEL ACCORD ENTRE L’ASER ET SAGEMCOM
Cet accord a pour objectif d’électrifier 1.000 villages, représentant un ajustement significatif par rapport aux 706 localités initialement prévues.
Dans la lutte contre la précarité énergétique au Sénégal, Jean-Michel Sène, le Directeur Général de l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER), a signé un nouvel accord avec la société française SAGEMCOM. Cet accord a pour objectif d’électrifier 1.000 villages, représentant un ajustement significatif par rapport aux 706 localités initialement prévues.
Grâce à cette nouvelle renégociation, un total de 2.740 villages bénéficiera d’une électrification, ce qui permettra de réduire le nombre de localités non électrifiées de 8.071 à 5.331. L’ASER aspire à atteindre l’accès universel à l’électricité d’ici 2030. L’impact de cette initiative est considérable, avec une estimation de 350.000 habitants touchés, soit environ 50.000 ménages supplémentaires bénéficiant d’une source d’énergie fiable.
Le contrat, officialisé le 24 octobre 2023 et prolongé par une convention de financement approuvée le 14 février 2024, était évalué à 51,8 milliards de FCFA. En ayant adopté une démarche proactive pour rationaliser les coûts, l’ASER a mis en œuvre « une revue approfondie de ce projet », comme l’a déclaré Jean-Michel Sène.
Parmi les nouveautés apportées par cet accord :
– Accroissement des localités électrifiées : le nombre de villages à électrifier est désormais fixé à 1.000, touchant ainsi environ 350.000 habitants.
– Renforcement de l’implication locale: la part financière locale est portée à 50 %, conformément aux recommandations de l’OCDE pour les financements basés sur le crédit acheteur.
– Amélioration du suivi : la mise en place d’un Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES), l’engagement d’un bureau de supervision et de contrôle, ainsi que l’établissement d’un cadre de suivi institutionnel sont au programme.
– Développement des compétences locales : des étudiants en alternance seront intégrés au processus de formation, favorisant ainsi le transfert de compétences au sein des communautés.
Des ajustements financiers ont également été entrepris, tels que la « suppression des frais de transport international et de transit » et l’abandon de la construction de dorsales électriques initialement envisagées.
Jean-Michel Sène a souligné que ce partenariat renforcé démontre la capacité de l’agence à répondre aux priorités nationales tout en maintenant une gestion rigoureuse des projets. Il a affirmé que « cette initiative est une étape cruciale pour réduire les inégalités énergétiques entre les zones urbaines et rurales ».
Ce projet s’inscrit dans une vision globale visant à garantir un accès universel à l’électricité au Sénégal d’ici 2030, promettant ainsi un avenir énergétique meilleur et plus équitable pour tous.
FOCUS SUR LES MISSIONS DE LA BASE NAVALE NORD
Le contre-amiral Abdou Sène, chef d’état-major de la Marine nationale, a insisté, jeudi à Saint-Louis (nord), sur les missions de la Base navale Nord baptisée du nom du capitaine de vaisseau, Hamédine Fall.
Le contre-amiral Abdou Sène, chef d’état-major de la Marine nationale, a insisté, jeudi à Saint-Louis (nord), sur les missions de la Base navale Nord baptisée du nom du capitaine de vaisseau, Hamédine Fall.
S’exprimant lors de la cérémonie de baptême de ladite base navale, le contre-amiral Sène a rappelé que les nouvelles ambitions sécuritaires de l’État du Sénégal anticipent sur les mutations de son environnement géopolitique.
En mer, explique-t-il, elles prévoient de faire face aux défis liés au développement d’une industrie pétro-gazière offshore dans un contexte de multiplication des menaces dans l’ensemble du golfe de Guinée. À terre, elles visent principalement la protection du territoire nationale contre les menaces extérieures multiformes qui sévissent dans le Sahel.
Pour faire face à ces deux impératifs sécuritaires, dit-il, la base navale de Saint-Louis a une mission déjà encadrée par la Stratégie navale 2050. Elle doit principalement agir le long du fleuve Sénégal pour prendre en charge les problématiques de défense et de sécurité liées à cette importante voie de communication qui pénètre à l’intérieur du continent.
En outre, elle doit aussi, dans les limites de ses compétences territoriales, mener des missions de défense et d’action de l’État en mer (AEM) et servir d’appui opérationnel et logistique au patrouilleur opérant au large, a-t-il fait valoir.
La Base navale de Saint-Louis, poursuit-il, est donc une formation fluvio-maritime interagissant avec les zones militaires Nº2 et Nº4 tout en concourant à la sécurité de la zone économique exclusive du Sénégal.
Selon le contre-amiral Abdou Sène, les statistiques mises en exergue dans son discours par le commandant de la base démontrent la pertinence de la création de cette infrastructure navale.
Dans son allocution, M. Sène a évoqué, entre autres, la coopération exemplaire avec la Marine mauritanienne, dans le cadre de l’accomplissement de la mission commune visant à garantir un espace de paix et de co-prospérité entre les deux pays frères.
par Oumou Wane
FIN DES ACCORDS DE PECHE : BON VENT !
Le poisson devient de plus en plus rare de nos jours. Nos pêcheurs font des milliers de kilomètres pour des captures dérisoires. Ils sont confrontés aux dangers de la haute mer et ils y laissent parfois leur vie
Ce dimanche 17 novembre, en même temps que les Sénégalais éliront leur nouvelle Assemblée nationale, les bateaux européens cesseront de pêcher dans la zone économique exclusive du Sénégal.
Aucune relation entre les deux événements, j’en conviens, mais permettez-moi de voir dans cette coïncidence du calendrier, un symbole et même un symbole heureux : le temps des bascules !
Si l’Afrique veut se décoloniser enfin, elle doit sortir des tutelles dans lesquelles on l’a installée.
Tout à fait sincèrement, je ne suis pas une spécialiste de la pêche ni des ressources halieutiques, et je découvre, comme nous tous, que les bateaux battant pavillon européen cesseront de pêcher dans les eaux sénégalaises à partir de dimanche soir après le non-renouvellement d'un accord entre Bruxelles et Dakar.
L'accord en vigueur avec l'UE arrivant à expiration dimanche soir à minuit ne sera pas prolongé et je ne peux pas m’empêcher d’y voir là une bonne nouvelle. L’Union européenne s’est précipitée d’annoncer la fin de l’accord pour se donner bonne figure, mais elle savait ce qui l’attendait avec les nouvelles autorités au pouvoir au Sénégal et d’ailleurs la ministre des Pêches Fatou Diouf a dénié à l'UE l'initiative de la fin de l'accord. "L’État n’était pas encore dans une logique de négocier", dit-elle dans une vidéo sur les réseaux sociaux.
Officiellement : "Il ne serait pas cohérent pour l'Union européenne, qui a une politique de tolérance zéro à l'égard de la pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée) de renouveler un accord avec des pays qui ont été notifiés de ce type de difficultés".
Est-ce encore les mêmes poncifs qui reviennent dès qu’il s’agit de penser l’Afrique : continent de précarité, peuples sans histoire, tribalisme, misère, famine ?
Selon Jean-Marc Pisani, l’ambassadeur de l’Union Européenne pour notre pays, le Sénégal a encaissé 10 milliards F CFA en cinq ans. Ce qui correspond, d’après l’économiste sénégalais Magaye Gaye à une enveloppe annuelle dérisoire qui représente « à peine 2 % du budget du ministère de la Pêche du Sénégal ».
Le poisson devient de plus en plus rare de nos jours. Nos pêcheurs font des milliers de kilomètres pour des captures dérisoires. Ils sont confrontés aux dangers de la haute mer et ils y laissent parfois leur vie. Des accrochages avec des chalutiers sont fréquents, qui n’hésitent pas à renverser les pirogues dans leur sillage. Combien de pêcheurs sénégalais ont opté pour l’émigration au péril de leur vie ?
Non honnêtement, après quatre siècles d’humiliation et d’exploitation, l’Afrique doit reconquérir et revaloriser ce qui avait été mis à mal par les nations européennes.
Je me souviens, un président de la République française, avait avancé ici au Sénégal en 2007 que « l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire ». Et bien, le Sénégal, est aujourd’hui un modèle pour tout le continent et poursuit son chemin dans l’Histoire.
Plus que tout autre continent, l’Afrique et ses matières premières, fut la proie des colonisateurs et parfois le demeure aujourd’hui encore. Ce matin je lisais dans Médiapart qu’une entreprise française « éthique et équitable » abandonnait ses brodeuses sénégalaises sans autre forme de procès.
En effet, la CSAO, que nous connaissons bien, aurait fait travailler des dizaines d’ouvrières sénégalaises sans aucun contrat de travail. Lorsqu’un de ses ateliers a fermé, les travailleuses n’ont donc obtenu aucun dédommagement. L’entreprise estime qu’il s’agissait d’artisanes indépendantes.
Je veux rendre hommage à ces femmes et je demande à nos autorités de se pencher sur toutes ces formes d’inégalités, afin de remettre à l’honneur la juste valorisation et préservation des savoir-faire sénégalais.
Et pour revenir à nos pêcheurs, je félicite l’État sénégalais, qui tient ses promesses envers ses concitoyens. Nul doute que secteur après secteur le Sénégal confirmera qu’il est bien l’une des figures de proue du mouvement d’émancipation en Afrique.
Par Mbagnick DIOP
AUX URNES CITOYENS !
Après demain, dimanche 17 novembre 2024, vous serez nombreux à vous aligner devant les bureaux de vote d’ici et d’ailleurs, pour élire 165 députés censés substituer la souveraineté à la soumission
Après demain, dimanche 17 novembre 2024, vous serez nombreux à vous aligner devant les bureaux de vote d’ici et d’ailleurs, pour élire 165 députés censés substituer la souveraineté à la soumission. Aurez-vous l’embarras du choix face aux piles de bulletins confectionnés à l’effigie d’hommes et de femmes qui vous déclarent leur flamme ?
Le soubassement de votre choix ne doit pas être tracé à la dimension des photos et des professions de foi qui sentent le soufre. Quand vous accéderez dans l’isoloir, bulletins en main, pensez aux Sénégalais dont le sort doit être la préoccupation fondamentale de l’Assemblée Nationale. C’est une lapalissade que de vous rappeler les mensonges statistiques, les détournements de deniers publics, les répressions policières barbares du passé, les investissements inadéquats sur fond d’enrichissement illicite, tant du point de vue de leur montage financier que des chantiers inachevés dont les maîtres d’œuvre sont notoirement reconnus comme des escrocs. Ou alors, des voleurs d’Etat qui ne perdent rien pour attendre. Les scandales qui illustrent leur veulerie sont révélateurs d’un faisceau de corruption à des niveaux insoupçonnés.
Eu égard à autant de méfaits, votre main ne doit guère trembler pour introduire dans l’enveloppe et l’urne le bulletin qui correspond le mieux aux aspirations des citoyens sénégalais.
Le principe de la souveraineté nationale à bien des égards doit être à la fois la boussole et le flambeau qui aideront à sortir le Sénégal des ténèbres.
Le peuple en a assez d’une petite Assemblée nationale où des députés sans consistance, totalement inféodés à l’exécutif, votent des lois qui sont aux antipodes des intérêts vitaux du Sénégal. Le temps des scandales financiers et de la routine dans les choix économiques doit être à jamais révolu.
Place alors à une Assemblée Nationale forte de l’intelligence des députés, suffisamment imbus du caractère exigeant de leurs mandants, pour un Sénégal gouverné dans la paix, la justice, l’intégrité et l’ambition sur la voie du développement économique durable.
Par El hadji NDIAYE
NON À L’APOLITISME DES INTELLECTUELS
Le Pastef, parti somme toute, hybride s’écarte progressivement de son engagement de transformation sociale, voire systémique. Nous avons besoin de penseurs, de leaders d’opinion et de personnalités publiques défenseurs des intérêts du pays
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » - Gramsci.
Antonio Gramsci, dans ses Cahiers de prison, théorise le rôle fondamental des intellectuels dans la reproduction et la consolidation des idéologies dominantes. Cette conception veut que les intellectuels ne soient pas de simples observateurs passifs, mais des acteurs investis de la mission de défendre et promouvoir les intérêts de leur classe sociale. Qu’ils soient organiques ou traditionnels, ils deviennent les piliers de la cohésion idéologique qui soutient le pouvoir en place, incarnant ainsi les aspirations et la vision du groupe social dont ils émanent.
On peut se demander si cette conception gramscienne n’a pas été finement exploitée par le Pastef qui, avant même son accession au pouvoir, avait saisi l’importance du rôle des intellectuels organiques pour forger une idéologie propre. Au point que ses idées populistes, autrefois dissidentes, sont devenues hégémoniques dans le débat public sénégalais. Ce parti a su imposer un ensemble de concepts creux tels que “souveraineté”, “rupture”, “système”, “projet”, “transformation systémique”, qui se sont ancrés dans les esprits comme autant d’objectifs collectifs pour un changement radical de l’avenir de notre pays. Portées par le désenchantement face aux graves manquements du régime Benno Bokk Yakar, ces idées sont parvenues à capter le mécontentement populaire exacerbé par l’augmentation du coût de la vie, la montée des inégalités, le manque d’emplois, les scandales financiers, la violation des libertés et la persistance des pratiques clientélistes. En mobilisant une cohorte d’intellectuels, Pastef a œuvré à l’élaboration d’une vision alternative appelée « le projet » et à la mise en place d’une contre-hégémonie qui, jusqu’à mars 2024, semblait pour 53% des électeurs sénégalais, répondre aux attentes du peuple en quête de justice, de transparence et de… rupture.
Mais, à l’épreuve des faits, l’exercice du pouvoir a mis en lumière les carences du Pastef, révélant les contradictions entre ses idéaux et ses pratiques. À rebrousse-poil de ses promesses de campagne, ce parti, somme toute, hybride s’écarte progressivement de son engagement de transformation sociale, voire systémique du Sénégal. Les reniements, le recours au clientélisme politique, l’adoubement des transhumants , les présumés scandales et les difficultés économiques ont anéanti la confiance et l’élan populaire dont Pastef jouissait. Il s’en est suivi une érosion progressive de la crédibilité de ceux qui se voulaient les porteurs d’un changement radical, laissant dans leur sillage des craintes quant à leur capacité à gérer un État.
Dès lors, il revient aux intellectuels (enseignants, artistes, leaders religieux, influenceurs) habituellement perçus comme « neutres » et souvent apostrophés de la pire des manières par les patriotes de se muer en intellectuels organiques, engagés dans la défense des intérêts supérieurs de la nation sénégalaise. « Vivre signifie être partisans », écrivait Gramsci. Le Sénégal d’aujourd’hui a besoin de penseurs, de leaders d’opinion et de personnalités publiques qui défendent et promeuvent les intérêts de notre pays. Ces hommes et femmes doivent s’engager au-delà de la sphère purement intellectuelle, en participant activement aux luttes sociales et en œuvrant à la construction d’une nouvelle vision qui répond aux aspirations et valeurs de la société sénégalaise, afin de contrebalancer l’hégémonie exercée par le pouvoir actuel, lequel n’hésite pas à manipuler l’opinion publique et à réprimer toutes voix dissidentes.
Face au populisme ambiant et aux menaces, il est nécessaire de réinsuffler dans la conscience collective les valeurs essentielles du « vivre-ensemble », de ramener les repères culturels et moraux qui se sont effrités sous la pression d’un pouvoir orienté vers les intérêts d’un groupe au détriment du peuple. Il faut proposer une vision du Sénégal fondée sur la solidarité, la probité, l’intégrité et la vérité, qui rappelle que tout développement se doit d’être inclusif et respectueux des attentes de tous les citoyens.
Ainsi, la mobilisation des masses ne suffit plus. Cette « guerre de mouvement », certes très importante, doit être complétée par une « guerre de position » sur les plans éducatif, culturel et médiatique, laquelle s’inscrit dans la durée. Elle se joue sur le terrain des idées et ses acteurs sont les intellectuels. Afin de protéger l’identité nationale, il est indispensable de mettre en œuvre une vision fondée sur les besoins réels du Sénégal. Il y va du salut de notre nation. Il revient donc aux intellectuels de concevoir une contre-hégémonie qui dépasse une simple opposition mécanique aux slogans populistes. Cette contre-hégémonie doit offrir une vision inclusive, durable, orientée vers la justice sociale, l’émergence économique et respectueuse des identités culturelles spécifiques au Sénégal. C’est le moment du sursaut afin de produire et structurer une voie porteuse de renouveau et de cohésion, pour restaurer la confiance collective et garantir au Sénégal un avenir stable et prospère.
*ELHADJI NDIAYE
UN SCEPTIQUE DES VACCINS PRESSENTI À LA SANTÉ AMÉRICAINE
Trump a choisi Robert F. Kennedy Jr, pour diriger le Département de la Santé. Un choix qui alarme déjà la communauté scientifique, le candidat étant connu pour avoir diffusé de fausses infos sur les vaccins et contesté des pratiques médicales établies
(SenePlus) - Donald Trump, président élu des États-Unis, a annoncé jeudi 14 novembre, son intention de nommer Robert F. Kennedy Jr. à la tête du Département de la Santé et des Services sociaux (HHS). Une nomination qui soulève déjà de vives inquiétudes dans le milieu médical.
Sur son réseau social Truth Social, Trump affirme que Kennedy "restaurera les agences de santé de la nation selon les traditions de la recherche scientifique de référence", avec pour mission de "rendre l'Amérique à nouveau grande et en bonne santé". De son côté, Kennedy promet de "libérer les agences du carcan des entreprises" pour permettre aux Américains de "redevenir le peuple le plus sain de la Terre".
Pourtant, cette nomination potentielle suscite de fortes réserves. Le Dr Richard E. Besser, ancien directeur par intérim du CDC, cité par le New York Times (NYT), estime que la présence de Kennedy à ce poste "représenterait des risques incroyables pour la santé de la nation". La sénatrice démocrate Patty Murray va plus loin, qualifiant ce choix de "catastrophique" et "extrêmement dangereux".
Les inquiétudes se focalisent notamment sur les positions controversées de Kennedy en matière de santé publique. Le quotidien new-yorkais rappelle qu'il a diffusé de fausses informations sur les vaccins, s'est opposé à la fluoration de l'eau, a promu le lait cru malgré les avertissements de la FDA, et soutenu l'hydroxychloroquine contre le Covid-19 après que son autorisation d'urgence a été révoquée.
S'il est confirmé, Kennedy dirigerait un département de 80 000 employés répartis dans 13 divisions opérationnelles gérant plus de 100 programmes. Ces agences régulent notamment l'alimentation et les médicaments, décident des remboursements Medicare et Medicaid, et supervisent la recherche médicale sur des maladies comme le cancer et Alzheimer.
La confirmation de Kennedy par le Sénat reste incertaine. Si certains républicains, comme le sénateur Tommy Tuberville, soutiennent sa nomination, d'autres, comme la sénatrice Susan Collins, expriment des réserves. "Je trouve certaines de ses déclarations alarmantes", confie-t-elle au New York Times.
Ces derniers mois, Kennedy a modifié son discours, se concentrant davantage sur ce qu'il appelle "l'épidémie de maladies chroniques" et sur la nutrition. Le Dr Anand Parekh, cité par le journal, se dit "agréablement surpris" de voir Kennedy mettre l'accent sur la nutrition plutôt que sur ses thèmes habituels concernant les vaccins.
Mais la Dr Mandy Cohen, directrice du CDC, exprime son inquiétude au New York Times : "Même sans changer une seule réglementation ou directive, la diffusion de désinformation depuis une position de pouvoir est préoccupante."
par Henriette Niang Kandé
LEÇONS ET ENJEUX D’UN SCRUTIN ANTICIPÉ
Le Pastef a exploité une zone grise de 64 jours pour s'implanter partout, pendant que l'opposition se débattait dans l'urgence. Seule Sénégal Kese émerge avec un contrat de législature détaillé. Absence totale de femmes têtes de liste
La campagne électorale des législatives anticipées du 17 novembre prochain prend officiellement fin, ce soir, à minuit. Quarante et une listes, qui, si elles avaient investi des candidats dans toutes les régions électorales et aux scrutins majoritaire et proportionnel, titulaires et suppléants, auraient présenté 11480 candidats et candidates à la députation. Pour 165 sièges.
Une lecture un peu plus attentive de ces listes, mais qui ne s’est concentrée que sur les titulaires des listes proportionnelles, c’est-à-dire nationales, donne à tirer quelques constatations.
La première réside dans le fait qu’une seule sur les 41 listes officiellement validées par le Conseil constitutionnel, a investi des candidats dans tous les départements électoraux, y compris ceux de la diaspora. Il s’agit de celle de Pastef, le parti au pouvoir. Dans la foulée de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale en septembre, et la déclaration de la tenue d’élections législatives anticipées, le président de la République avait omis d’informer que le Conseil constitutionnel vers lequel il s’était tourné pour fixer la date de l’élection, avait aussi, dans sa décision rendue, décidé que les dispositions concernant le parrainage ne s’appliqueraient pas. La décision qui n’a pas été publiée au journal officiel, est restée « secrète » pendant 64 jours. Cette période a été mise à profit par le Pastef pour investir partout. L’opposition, elle, n’a eu que 10 jours pour le faire.
Ces 10 jours ont obligé les partis et coalitions de partis de l’opposition à se co-coaliser (TakkuWallu, Sam sa kaddu, Jamm ak Njariñ pour les plus connues) dans de nombreux départements. Les uns laissant aux autres la possibilité de faire gagner leurs alliés, dans les zones où ils pensent être majoritaires. Mercredi dernier, ils ont adopté le même plan, en direction de la Diaspora, ce qui signifie que les discussions n’ont pas cessé, même en pleine campagne, adoptant ainsi la logique de l’essaim plutôt que celle de preux chevaliers.
La deuxième constatation réside dans le fait qu’aucune d’elles n’a porté une femme en tête de liste nationale. Les mâles ambitions l’ont emporté et les réflexes continuent à se déployer sur une logique discriminatoire, malgré l’introduction, en 2010, de la loi sur la parité absolue, exigible à toutes les institutions, totalement ou partiellement électives. La mise en œuvre de cette loi avait suscité dans certaines catégories de la population, de grandes espérances. Elle était perçue comme un antidote à la crise de la représentation politique. Des arguments divers et variés avaient été présentés : celui du droit à l’égalité, (comme un droit fondamental), celui de la proportionnalité de la population, celui utilitaire (« se priver de la moitié des compétences de la société, c’est-à-dire celle des femmes, réduit l’efficacité d’action »), celui des intérêts et comportements spécifiques (la représentation des femmes recouvre les actions qu’elles entreprennent, non seulement au nom de l’électeur qu’elles représentent, mais aussi la nature dont le représenté lui-même aurait agi). Il se jouait alors le défi du renouveau des élites. On peut être dubitatif quant aux résultats de la prévision relative au bouleversement dans la classe politique avec l’application de cette loi.
La troisième observation est l’appellation des partis ou coalitions. Sur les 41 listes, 31 portent des identités à consonance wolof, (quelques-unes faisant fi de l’orthographe de cette langue pourtant codifiée), 2 en pular, 7 se distinguent par leur libellé en français. La prédominance du wolof, dans tous les domaines, qu’il soit privé et même officiel, aujourd’hui, est sans conteste. De plus en plus, le français, perd du terrain et, tire… la langue.
On ne peut s’empêcher d’indiquer cette originalité, relative à la liste And ci koolute nguir Sénégal, dont l’abréviation AKS est la même que celle des initiales du nom de sa tête de liste, Abdou Karim Sall. Hubris ? On peut le penser fortement. Abdou Karim Sall, dans nos mémoires, est celui qui, en 2009, alors ministre de l’Environnement, s’est rendu à Lompoul pour planter un arbre à l’occasion de la journée dédiée. En costume-cravate, debout sur une natte pour protéger ses chaussures de ville dont le cuir bêlait encore, donnait le top départ de ce qui était une tradition depuis plus de 30 ans. On ne peut également s’empêcher de rappeler, à son « crédit », le transfert dans son domaine privé d’oryx, (une espèce protégée de gazelles), en pleine période de Covid. A la bronca des défenseurs de la nature qui avaient demandé sa démission, il avait répondu, pour se défendre, que c’était dans un souci de protection de la consanguinité qu’il les avait transférées dans sa réserve personnelle. Last but not least, en juin 2023, maire de la commune de Mbao, et Directeur de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes, (ARTP), il inaugurait en grandes pompes, sur le territoire de sa commune, un «Garage de taxis clando», officialisant ainsi une catégorie de transports qui ne remplit aucun critère lui permettant de faire commerce de cette activité.
Une autre originalité relevée est celle de la liste RV Natangué, dont la tête de liste, M. Ousmane Kane est… sans profession. En tout cas, en ce qui le concerne, la case dédiée indique « néant ». Et il n’est pas le seul. Sur les 60 candidats, 16, (soit le quart) n’ont pas de profession. Depuis plusieurs années, l’irruption dans le champ politique de certains « corps étrangers », renseigne du niveau où s’est rendu le déclassement de la vie politique. Dans un pays normal, les candidats à la députation respectent le dispositif de « la file d’attente », qui socialise les candidats les candidats au métier politique, en leur inculquant le sens de la normalité et de l’Etat dans ses différents niveaux. Les aspirants politiques apprennent alors à attendre et à se valoriser, tout en côtoyant des cercles de sociabilités parallèles.
Les profils
Si la rhétorique n’est pas nouvelle, chaque campagne se joue en partie sur une demande de remplacement. Cette année encore le profil professionnel des candidats est quasi le même que pour celui de la législature précédente, écourtée de deux ans. On aurait pu penser qu’avec la « révolution » de mars 2024, la représentation changerait le visage de notre future Assemblée nationale. Il n’en est rien. La couleur est annoncée par un candidat à la députation qui a clairement publié les bans de « son mariage » la tête de liste de son parti (celui au pouvoir) et qui n’entend « jamais divorcer ».
Les listes indiquent des disparités entre les futurs députés, quant à leurs professions respectives. Des « professeur titulaire des Universités », en passant par des « inspecteur des impôts et domaines » ou des « journaliste », côtoieront des « sans profession », « bureaucrate », une « maraîcheuse » (liste Mankoo liggeyal Sénégal), qui partageront les bancs de l’hémicycle avec quelques personnes déjà rodées à la politique nationale.
Les commerçants, hommes/ femmes d’affaires, ménagères, occupent sur les listes, (à une ou deux exceptions près), plus du quart du nombre des investis. Viennent ensuite les enseignants (tous niveaux confondus), les cadres (administratifs, comptables, techniciens supérieurs). Le reste se partage entre les administrateurs de société/ entrepreneurs, cultivateurs, chauffeurs/transporteurs, éleveurs, mareyeurs. D’autres métiers sont représentés, parmi ceux qu’exercent les futurs représentants artisanaux, la boulangerie et la boucherie pour les métiers de bouche, la menuiserie et la peinture pour le bâtiment.
Sur la liste conduite par Moustapha Mbacké Dieng (Docteur en économie islamique), parmi 64 inscrits, 19 sont des chefs religieux, représentant le quart des potentiels futurs députés.
Peut-être qu’un examen plus systématique de la sociologie des députés de la XVème législature, permettra de caractériser l’évolution de la nature des profils et de montrer que l’espace politique et dans le cas précis, parlementaire, structuré par le temps passé en politique et la dynamique d’une carrière qui mettent aux prises différents profils : des profanes, des technocrates. Sans oublier quelques candidats aux professions « usurpées ».
Les exposés des contrats de législature des différents partis et coalitions de partis ont été qu’inaudibles, pour cause de violences verbales et quelques fois physiques, ayant émaillé le temps de la campagne. Des manifestations émeutières ont suivi des déclarations de guerrières et ont eu pour conséquences des atteintes aux personnes et aux biens. Même si, pour des raisons compréhensibles, les atteintes aux personnes, a fortiori lorsqu’elles sont létales, sont les plus sensibles et les plus commentées, parce que les plus choquantes, il n’en demeure pas moins que celles contre les biens, bien que différentes et variées, le sont tout autant. L’impact pour la société est grand.
Cependant, il est un sujet qui a traversé et a été soulevé par les acteurs des partis de l’opposition : celui de la loi d’amnistie. Votée par l’Assemblée nationale en mars 2024, avant la tenue de l’élection présidentielle, cette loi porte sur les faits liés aux manifestations politiques ayant ébranlé le pays entre février 2021 et février 2024. Si tous ont promis de la faire abroger en introduisant une proposition de loi, dès qu’ils seront installés à l’Assemblée nationale, la question a été posée essentiellement à Ousmane Sonko, tête de liste de Pastef, bénéficiaire de cette loi qui faisant le pas de la mémoire expurgée a conclu à l’oubli. Amnistie-Amnésie. Un fait sans retour et sans trace. Lui, si prolixe sur bien d’autres sujets, n’y a pas répondu. Tous les silences ne font pas le même bruit.
Les contrats de législature
Un des travers de la démocratie sénégalaise est le phénomène de la transhumance, qui renvoie à la manière d’un homme politique qui quitte le parti auquel il appartient, pour le parti au pouvoir ou en passe de l’être. Les transhumants, assimilés à des brouteurs se méprennent souvent sur eux-mêmes et ne deviennent que mépris pour les autres qu’ils viennent soutenir.
Dénoncé à la veille de toutes les élections, le phénomène a pris racine. Mais, un fait nouveau est apparu, qui ne s’était jamais produit auparavant : des candidats, inscrits en bonne position sur la liste nationale, ont tourné casaque, alors que la campagne était lancée, pour accompagner le directoire du parti au pouvoir. Dans leurs explications du pourquoi, suinte une «intelligence» de la mauvaise foi doublée d’une sidérante agilité de contorsion politique. Devenus une sorte d’abat-jour qui éclaire d’une lumière blafarde toutes les tares des régimes qui se sont succédé, les transhumants, anciens ou nouveaux, se montrent toujours à la porte de la mode en détaillant la réversibilité de leur garde-robe idéologique. Dans la transhumance, on voit également que l’égalité femmes-hommes progresse à grands pas dans l’espace politique.
Les unes et les autres, s’y partagent équitablement le poids de l’ineptie lourdingue.
La réforme du Code de la Famille a été évoquée. Pour «Défar sa goxx» qui la promet, car il est injuste que le père soit, dans une famille, le détenteur exclusif du monopole de l’autorité parentale. Pour plus d’équité, la mère doit avoir le même droit. A cela, il faut ajouter la valorisation du travail des femmes au foyer.
La coalition Sénégal Késé (tête de liste Thierno Alassane Sall) est celle qui, véritablement, a le mieux préparé cette campagne électorale. En 10 jours, elle a dressé une liste de candidats, répartis dans pratiquement tous les départements électoraux, sans qu’on ait entendu de voix s’élever pour manifester un quelconque mécontentement ou une frustration. S’il y en a eu, la « crise » a dû être bien gérée. C’est également la seule coalition dont on peut se procurer le contrat de législature, mis à la disposition du public. Parmi les réformes qu’elle proposera, on peut citer l’égalité dans l’autorité parentale pour le voyage des enfants, une réforme du Code électoral, de la loi d’amnistie, de l’Inspection générale d’Etat (IGE), une loi en faveur des travaux d’intérêt général, la mise en place de commissions d’enquête et celle à rendre opérationnelle et effective, la mission d’évaluation des politiques publiques.
La coalition dirigée par Amadou Ba (Jamm ak Njariñ) a fait sa campagne en déclinant les propositions qu’elle compte introduire : le vote du budget de l’Assemblée nationale au début de chaque session budgétaire (et la publication à chaque fin de session, du bilan financier), la réforme du fonctionnement des commissions, une proposition pour le service obligatoire militaire citoyen et civique (une nouveauté), l’extension du contenu local dans tous les secteurs d’activités économiques, une révision de la couverture maladie universelle, une proposition de loi pour la transformation semi-industrielle des matières premières à hauteur de 25% avant toute exportation, une autre visant à durcir la réponse pénale contre les offenses commises contre les convictions religieuses, une dernière étant une offre à l’accès à l’information et aux services publics et à la transparence de l’administration. La liste n’est pas exhaustive.
La coalition Samm sa kaddu elle, proposera une loi criminalisant l’homosexualité.
Pastef défendra, à l’Assemblée nationale, les 8 Pôles territoires, dont la description est contenue dans le Référentiel Sénégal 2050.
Le pôle de Dakar qui est actuellement macrocéphale, verra un développement maitrisé et redeviendra un carrefour culturel de rand international.
Le pôle de Thiès valorisera les industries extractives, d’agro-industries et de tourisme balnéaire.
Le pôle Centre fera valoir un développement durable avec la valorisation de son patrimoine culturel
Le pôle Diourbel-Louga, sera un foyer religieux d’envergure mondial, tandis que le Pôle Nord comme le Pôle Sud deviendront agro-industriels et compétitifs, et garantiront notre souveraineté alimentaire.
Le pôle Nord-Est produira des engrais et sera un bassin agropastoral moderne. Le dernier Pôle, celui du Sud-Est, deviendra un bassin économique dynamique et diversifié.
Un discours nouveau est apparu, tenu par la tête de liste des Nationalistes, qui met en garde contre la présence, l’expansion et l’extension d’une communauté étrangère, celle des Guinéens, qui à terme est un danger pour le Sénégal et les Sénégalais. Une de ses propositions est de faire obligation par la loi, de la détention de carte d’étranger. Une autre proposition sera d’interdire aux femmes libanaises, d’accoucher au Sénégal, comme il est interdit aux Sénégalaises vivant au Liban d’y donner la vie. Il prône l’application d’une réciprocité.
Tafsir Thioye, tête de liste, engage la coalition Sopi à moderniser l’Assemblée nationale et son administration, à renforcer la diplomatie parlementaire et la qualité de la représentation. Au plan législatif, des propositions seront faites pour promouvoir la coproduction législative avec une articulation des citoyens et de la société civile. Au plan du contrôle, les séances des questions orales et d’actualité seront organisées régulièrement.
Il est évident que là ne sont pas les seuls contrats de législature énoncés par les acteurs de cette campagne des législatives anticipées. Mais ce sont les seuls que nous avons pu avoir en notre possession. Souvent, il nous a été répondu que les contrats de législature n’étaient pas disponibles, parce que non rédigés. Cet état de fait nous interpelle quant à ce qu’est devenu notre rapport à l’écrit qui déteint sur les pratiques institutionnelles, où l’expression orale et Whatsapp sont devenus la règle, qui contrastent avec la réflexion sur des sujets importants d’action publique et l’exigence d’une présentation distinguée. Seulement, nous avons observé que pour tous ceux-là, la confusion était patente entre une campagne de législatives et une campagne présidentielle.
Dimanche, le peuple sénégalais ira choisir ses représentants à l’Assemblée nationale. La campagne électorale a clairement distingué deux conceptions de la politique qui se sont confrontées : l’une valorisant les coups, les menaces, les insultes, quand l’autre s’est évertuée à mettre en avant le bien commun, même s’il est caricatural de y voir une opposition entre des acteurs portés vers une élection, quoi qu’il en coûte et de l’autre des « idéalistes » vantant une conception pure, pragmatique de la politique. Tous se sont accordés sur une chose : le pays, malgré ses prétentions d’exceptionnalité, parait s’enfoncer dans un tunnel. Les divisions se multiplient et l’unité devient problématique. Malgré certaines fulgurances, c’est au citoyen sénégalais de se rendre aux urnes, pour remettre le pays dans son centre de gravité. Et sans concession
PARIS CONCLUT AU SUICIDE DE MAMADOU MOUSTAPHA BA
Alors que le parquet de Dakar poursuit ses investigations, la justice française est formelle : l'ancien ministre du Budget s'est volontairement jeté sous une rame de métro parisien. Une conclusion appuyée par des preuves vidéo, selon Africa Intelligence
(SenePlus) - Une enquête d'Africa Intelligence, publiée le 14 novembre 2024, révèle les divergences franco-sénégalaises dans l'affaire du décès de l'ancien ministre des Finances Mamadou Moustapha Ba, survenu à Paris début octobre.
Les autorités françaises privilégieraient clairement la thèse du suicide. Selon les sources judiciaires citées par Africa Intelligence, les enregistrements des caméras de vidéosurveillance du métro parisien montrent que l'ancien ministre s'est jeté sous une rame, "sans l'intervention apparente d'un tiers". L'identification du corps, rendue complexe par son état, n'a été possible qu'après le signalement de sa disparition par son épouse le 23 octobre.
La justice sénégalaise, elle, maintient le mystère. Après avoir reçu le rapport français dans le cadre de l'entraide judiciaire, le parquet de Dakar a ordonné le 10 novembre l'ouverture d'une enquête, évoquant des "éléments qui sont de nature à attester que la mort n'est pas naturelle". La découverte d'une supposée plaie à la gorge alimente les suspicions des magistrats sénégalais qui, contrairement à leurs homologues français, n'excluent pas la piste criminelle.
Le contexte politique ajoute une dimension troublante à ce décès. Quelques jours avant sa mort, l'ancien ministre avait exprimé, d'après Africa Intelligence, ses craintes sur une boucle WhatsApp réunissant d'anciens membres du gouvernement. Il y affirmait selon le magazine que son téléphone avait été "cloné" et qu'il était "sous surveillance", déconseillant à ses anciens collègues de le contacter.
Ces appréhensions survenaient dans un climat de tensions avec le nouveau pouvoir. Le 27 septembre, le Premier ministre Ousmane Sonko avait publiquement mis en cause l'ancien ministre, l'accusant d'avoir manipulé les chiffres des finances publiques sous la présidence de Macky Sall. Le chef du gouvernement dénonçait alors une "corruption généralisée", révélant que le déficit budgétaire réel atteignait 10,4% du PIB, contre les 5,5% officiellement annoncés, et que la dette publique s'élevait à 76,3% du PIB au lieu des 65,9% déclarés.
La dépouille de Mamadou Moustapha Ba a été rapatriée à Dakar le 4 novembre, puis remise à sa famille qui l'a inhumée le 13 novembre dans son fief de Nioro du Rip, pendant que se poursuivent les investigations sur les circonstances exactes de sa disparition.
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FRANCE-AFRIQUE, UNE CONFIANCE BRISÉE
Une vaste enquête démontre que le rejet de la France en Afrique francophone repose sur une analyse lucide des rapports de force. Des doubles standards diplomatiques à l'emprise économique, c'est tout l'héritage françafricain qui est remis en cause
(SenePlus) - Le rapport "De quoi le rejet de la France en Afrique est-il le nom ?"*, fruit d’une enquête menée dans six pays d’Afrique francophone (Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Niger et Tchad) par l'ONG "Tournons La Page" en collaboration avec le Centre de Recherches Internationales (CERI) de Sciences Po., met en évidence une opposition quasi unanime à l’encontre de la politique française sur le continent. Plus de 470 militants de la société civile ont été interrogés, complétés par des focus groups approfondis.
Le principal enseignement est clair : la défiance envers la France est profonde et systémique. Ce rejet n’est pas perçu comme une simple émotion ou un « sentiment anti-français » – une expression jugée inappropriée – mais comme une réponse rationnelle à des pratiques néocoloniales persistantes.
Les raisons d'une cassure
L’intervention militaire française, notamment au Sahel à travers l’opération Barkhane, est largement critiquée. Dans des pays comme le Niger, la présence des troupes françaises est perçue comme une forme d’occupation, aggravant plutôt que résolvant les crises sécuritaires. La méfiance est amplifiée par des épisodes tels que la reprise de Kidal au Mali, souvent interprétés comme des atteintes à la souveraineté nationale.
L’économie est au cœur des critiques. Le rôle des multinationales françaises et l’utilisation du franc CFA sont vus comme des outils de domination économique. Les contrats miniers, le commerce de détail dominé par des entreprises françaises, et la dépendance structurelle au système financier français alimentent un rejet grandissant, particulièrement chez les jeunes générations.
Les participants dénoncent les doubles standards dans la politique française. Alors que Paris se positionne en défenseur des droits humains, elle est souvent perçue comme soutenant des régimes autoritaires pour préserver ses intérêts économiques et stratégiques.
La montée des alternatives
Le rapport souligne une attraction croissante pour d'autres puissances, notamment la Russie. Dans l'opinion des participants, cette dernière est perçue comme une alternative crédible, en raison de son soutien militaire sans ingérence perçue dans les affaires intérieures. Toutefois, certains craignent que Moscou ne remplace simplement une domination par une autre.
Pour restaurer une relation de confiance, le rapport recommande une refonte complète de la politique africaine de la France :
- la fin despratiques perçues comme néocoloniales ;
- le plein respect des souverainetés nationales ;
- le soutien des transitions démocratiques sans manipulations.