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21 avril 2025
Société
LA PEINE DE MORT, SOLUTION OU REGRESSION FACE A LA CRIMINALITE ?
La peine de mort a été abolie au Sénégal en 2004, par la loi n° 2004-38 du 28 décembre 2004. Quant à la dernière exécution par ce procédé, il remonte au mois de juin 1967 avec la mise à mort d’Abdou Ndaffa Faye.
Pumar dit Boubacar Wane NDONGO |
Publication 23/01/2025
La peine de mort a été abolie au Sénégal en 2004, par la loi n° 2004-38 du 28 décembre 2004. Quant à la dernière exécution par ce procédé, il remonte au mois de juin 1967 avec la mise à mort d’Abdou Ndaffa Faye.
Et même avant cela, une seule personne avait été exécutée, en avril de la même année. Deux exécutions en 44 ans d’existence. Mais face aux nombreux meurtres recensés dernièrement dans la banlieue et au Sénégal, de nombreuses voix se lèvent pour demander le retour de la peine de mort.
Les semaines se suivent et les meurtres font l’actualité. Face à cette série de crimes violents, plusieurs voix se lèvent pour demander le retour de la peine de mort. Ils pensent, en effet, que cette mesure serait assez dissuasive pour que tuer constitue une barrière infranchissable. C’est ce que pense l’Imam Diop. « Il faut chercher des punitions à la hauteur des crimes, de fortes répressions. Quand quelqu’un commet un homicide volontaire, préparé et tout, on doit le tuer.
Si les gens ne craignent pas Dieu, ils craignent la mort. Ceux qui font ça, on doit les tuer. Si les gens savent que s’ils tuent, ils le seront eux aussi, ils ne tueront plus. C’est dissuasif. J’ai toujours été pour la peine de mort. Ceux qui ont aboli la peine de mort au Sénégal l’ont fait simplement pour sauver des gens mis en cause, des criminels. Toutefois, il ne faut pas mettre tous les auteurs d’homicide dans le même sac, certains sont involontaires.
Ceux-là peuvent mériter la clémence. L’Islam préconise de tuer ceux qui sont auteurs d’homicides volontaires, prémédités », défend l’imam Diop. Celui-ci précise en outre que même dans les cas où quelqu’un tue son prochain par imprudence (accident de la route par exemple), il y a une peine appliquée par l’Islam. La personne doit en effet affranchir un esclave, et si elle n’en a pas, elle doit jeûner durant deux mois consécutifs, sans oublier de dédommager la famille endeuillée à hauteur de 100 chameaux.
Chez le Sénégalais lambda de la banlieue, cet avis est largement partagé. A Keur Massar, non loin du marché, un étal vend du petit déjeuner. Petits pois, mayonnaise, thon, sont au menu. Les discussions vont bon train entre l’actualité sportive, celle politique, et le double meurtre de la Cité Technopole qui a ébranlé l’opinion publique. Et ce dernier fait semble éveiller le besoin de voir revenir la peine capitale. « L’Etat doit faire revenir la peine de mort. C’est un besoin urgent pour que ces nombreux crimes s’arrêtent », assène l’un des protagonistes du débat, appuyé dans son argumentaire par son voisin.
Un retour en arrière
Nonobstant cette ruée dans les brancards, d’autres ne sont pas de cet avis. Ils réfutent l’idée selon laquelle prendre une vie pourrait compenser la perte d’une autre. Benoît Tine, criminologue, est contre le retour de la peine de mort. Selon l’enseignant, il y a d’autres mécanismes qui peuvent aider à endiguer la criminalité. « La peine de mort, n’a pas un effet dissuasif et elle ne rend pas justice aux victimes ; c’est de la vengeance ; c’est de la violence qui s’ajoute à la violence. A mon avis, la peine de mort n’est pas une solution, et pour plusieurs raisons », débute-t-il.
Selon lui, cette sentence qui a existé au Sénégal et qui n’a été utilisée que deux fois avant son abolition en 2004, n’est pas une solution. Il ajoute que la plupart des pays du monde ont arrêté d’y recourir alors que dans les pays où elle existe, les meurtres sont légion. « L’État c’est nous. Qui sommes-nous pour ôter délibérément la vie à quelqu’un d’autre ? Ça va à l’encontre des droits des plus fondamentaux, le droit à la vie, protégé par nos législations et nos religions. Je pense au 5ème commandement : « tu ne tueras point ». Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. La peine de mort, c’est nier tous les progrès de ces derniers siècles. C’est un retour en arrière ; c’est l’homme à l’état de nature ; c’est œil pour œil, dent pour dent ; c’est la loi du talion », renchérit Monsieur Tine.
Selon des chiffres d’Amnesty International datant de fin 2023, 112 pays dans le monde ont aboli la peine de mort, alors que 55 pays maintiennent toujours cette sentence. En Afrique subsaharienne, par exemple, en 2023, 38 personnes ont été exécutées par la peine capitale, contre 11 en 2022. Sur le continent, quatre pays ont pris des mesures législatives pour l’abolition de la peine de mort en 2023.
QUELLES SOLUTIONS POUR ENDIGUER LA CRIMINALITE DANS LA BANLIEUE ?
Face aux nombreux crimes perpétrés dans la banlieue, des voix s’élèvent pour dénoncer, mais aussi pour proposer des solutions afin que les populations puissent dormir sur leurs deux oreilles.
Oumar dit Boubacar Wane NDONGO |
Publication 23/01/2025
Face aux nombreux crimes perpétrés dans la banlieue, des voix s’élèvent pour dénoncer, mais aussi pour proposer des solutions afin que les populations puissent dormir sur leurs deux oreilles.
Dans l’imaginaire collectif, la banlieue est source de crimes. Et malheureusement, les faits donnent parfois raison à cette idée reçue. Même si elle n’est pas la seule partie du Sénégal à enregistrer des crimes, de nombreuses morts violentes y ont été enregistrées ces derniers mois, et ces dernières années. Face à cela, populations et observateurs souhaitent trouver des solutions. Pour le psychosociologue Abdoulaye Cissé, la clé doit venir d’en haut. « Ce qu’il faut faire, à mon avis, c’est plutôt de renforcer la sécurité dans la banlieue avec une présence remarquée des forces de défense et de sécurité dans les zones criminogènes. Si des structures à orientation sociale doivent être installées, ce sera plutôt dans les établissements scolaires.
Cela existait avant avec notamment l’affectation d’un assistant social au sein de l’établissement ce qui permettait de régler énormément de problèmes y compris des germes de violences. L’Etat a également mis en place des mécanismes avec les maisons de justice, les maisons de la jeunesse, les centres conseils pour adolescents, les centres départementaux d’éducation sportive et populaire entre autres, mais leurs missions ne sont pas très connues par les populations », souligne M. Cissé. Toutefois, l’Etat ne peut en aucun cas tout faire tout seul. Abdoulaye Cissé prône en effet une participation de tous afin d’endiguer ce fléau. Selon lui, il doit y avoir « une éducation de base au sein de la famille, la reprise par l’école de sa double vocation (éducative et instructive).
Il serait également primordial de faire recours à nos valeurs traditionnelles de solidarité, d’entraide et de don de soi pour l’autre. Abdoulaye Cissé constate aussi que le « jòm » et le « ngor » font défaut dans nos manières de faire et d’agir et les derniers événements le démontrent à suffisance. « L’individuel doit être au service de la communauté et vice-versa. Pour dire in fine que le salut du peuple ne réside que dans cela, les valeurs cardinales acquises dans les instances de base de socialisation à savoir, la famille et l’école.
Le jour où l’on réussira à donner à ces deux instances de base leur lustre d’antan, il n’y a aucun doute que certains comportements et pratiques violents diminueront dans notre société. Le jour où la société redeviendra ce qu’elle était en termes notamment de valeurs immatérielles et que les discours violents et haineux disparaîtront sur la place publique, la violence diminuera sans conteste », reste persuadé Abdoulaye Cissé.
Les forces de l’ordre attendues au tournant
Benoît Tine, criminologue, a lui aussi une idée de ce qui pourrait contribuer à faire baisser les crimes. « La société sénégalaise banalise le crime. La violence est en train de s’incruster durablement dans la société sénégalaise. Il n’y a pas de solution miracle. La solution ou l’alternative n’incombe pas aux seuls politiques. On ne peut pas non plus « mettre un gendarme derrière chaque citoyen ». Les populations ne doivent plus être considérées seulement comme bénéficiaires de la sécurité, mais surtout comme des acteurs à part entière dans la mise en œuvre des politiques sécuritaires. Les décideurs devraient associer les populations à la gestion de la (leur) sécurité. La nécessité d’un partenariat « État-Population » pour lutter contre l’insécurité, l’incivisme et la violence s’impose », propose M. Tine.
Chez les principaux concernés, les habitants de la banlieue, c’est un plaidoyer qui est lancé. Assis sous un arbre près du marché Ndiarème, non loin du Lycée Seydina Limamoulaye, Idrissa a un téléphone dans les mains, les écouteurs dans les oreilles. Il confie écouter le bulletin d’information de 12h. La question de la criminalité dans la banlieue l’interpelle. Lui qui est né et qui a grandi à Guédiawaye, rêve que son terroir soit enfin débarrassé du sobriquet de zone criminogène. « Les jeunes qui volent, agressent jusqu’à commettre des homicides, tout cela aurait pu être évité. Si ces gens-là avaient poursuivi leurs études, trouvé un emploi, rien de cela ne serait arrivé. Ce n’est pas pour leur trouver une excuse, mais ces jeunes sont seulement mus par un besoin d’argent.
C’est vrai que les autorités font des efforts, mais on en attend un peu plus », renseigne Idrissa. Une autre zone criminogène dans la banlieue est celle du Technopole. Cette avenue recense de nombreuses agressions. « On ne se sent pas en sécurité. La vérité c’est que la police est complètement dépassée par la population de Pikine. La démographie augmente sans cesse, alors qu’on n’a pas assez de postes de police. Les actes de banditisme sont monnayés courante aux environs du Technopole, les malfaiteurs se cachent dans les parages car ils ne sont pas inquiétés. Il n’y a aucune sécurité ici. On devrait au moins avoir un poste de police à la Cité Technopole pour éviter certains actes de banditisme notoires », déplore Laye, un voisin d’Aziz Dabala, qui a été assassiné chez lui à Pikine il y a quelques mois.
A la fin du mois d’août 2024, les autorités policières ont fait une sortie pour rassurer les populations. Le commissaire Mouhamed Guèye, alors chef du Bureau des relations publiques de la police nationale, avait, en effet, assuré que les forces de l’ordre allaient prendre le problème à bras le corps avec le renforcement des effectifs sur le terrain. Quelques heures plus tard, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Jean Baptiste Tine, avait essayé de calmer les inquiétudes. « Il y a eu des morts, des meurtres (…). Nous voulons rassurer la population, que personne n’ait peur de sortir, de vaquer à ses occupations. Nous sommes là pour les protéger », promet-il.
ENTRE PAUVRETE ET URBANISATION, LES RACINES DES CRIMES ODIEUX
Les crimes violents se multiplient au Sénégal, en particulier dans la banlieue dakaroise.
Oumar dit Boubacar Wane NDONGO |
Publication 23/01/2025
Les crimes violents se multiplient au Sénégal, en particulier dans la banlieue dakaroise. Criminologues, psychosociologues, autorités religieuses et populations locales s’accordent pour pointer une dégradation des valeurs fondamentales, amplifiée par la pauvreté et la promiscuité. Ce cocktail explosif, mûri sur plusieurs années, éclate aujourd’hui au grand jour, suscitant l’inquiétude et interpellant les autorités étatiques.
Dans la nuit du mardi 31 décembre au mercredi 1er janvier, Malika a été secouée par une sordide affaire de viol suivi de meurtre. Une fillette de 12 ans, Souadou Sow, plus connue sous le nom de Diary Sow, a été retrouvée morte dans l’appartement d’un voisin proche de la maison familiale.
Entre juillet et août 2024, 16 meurtres ont été enregistrés au Sénégal, selon le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Jean Baptiste Tine. Lors de son voyage au nord du pays entre fin août et début septembre 2024, il a évoqué cette série noire. La banlieue dakaroise n’a pas été épargnée par ce fléau, marqué par une succession d’homicides.
Une série macabre
En début d’année, Abdou Diaw a été égorgé à la Sogas (ex-Seras). Quelques jours plus tard, à Thiaroye-Sur-Mer, un pêcheur, Baye Cheikh Diop, subissait le même sort avant que les populations ne lynchent son meurtrier. Un adolescent a également été tué à Guinaw Rails pour un simple vélo. Des agressions mortelles ont été recensées à Pikine, Guédiawaye et Yeumbeul. La liste s’allonge avec le double meurtre d’Abdoul Aziz Ba, alias Aziz Dabala, et de son colocataire Boubacar Gano, dit Waly, à la Cité Technopole de Pikine.
Toutes ces affaires ont un dénominateur commun : leur atrocité. Cette recrudescence de violences terrifie les populations, qui appellent à des mesures fermes pour enrayer ce phénomène inquiétant.
Urbanisation et déliquescence des valeurs
Le professeur Benoît Tine, socio-criminologue à l’Université Assane Seck de Ziguinchor, analyse cette vague de crimes. « Ce qui choque le plus, c’est que les auteurs de ces actes sont souvent inconnus des forces de l’ordre. Ces présumés criminels ont un casier judiciaire vierge et exercent parfois des métiers honorables. Ce sont des citoyens lambda, hors de tout soupçon. Cela montre que nous sommes tous, potentiellement, des criminels », explique-t-il.
Selon lui, la violence dans la banlieue est principalement due à des frustrations économiques. « Les meurtres sont souvent la conséquence de frustrations liées au chômage, à l’injustice sociale, aux inégalités et à la pauvreté. Ceux qui passent à l’acte cherchent à obtenir illégalement ce qu’ils ne peuvent acquérir de manière légale. »
M. Tine met également en cause l’urbanisation galopante. « La société sénégalaise est en pleine mutation. Le monde rural se dépeuple tandis que les villes accueillent une population croissante. Cette urbanisation favorise la violence sous toutes ses formes : physique, verbale, sexuelle, économique, sociale, etc. En ville, il faut se battre ou disparaître, comme dans une jungle où les plus forts écrasent les plus faibles. »
Le lien social s’effrite, les valeurs traditionnelles disparaissent, laissant l’individu vulnérable. « Cette crise des valeurs plonge l’individu dans une solitude extrême. La violence ne se dirige pas seulement contre autrui, elle peut également être tournée contre soi-même », conclut le professeur Benoît Tine.
La pauvreté, racine du mal ?
Abdoulaye Cissé observe également avec intérêt cette vague de crimes dans la banlieue dakaroise, que ce soit à Guédiawaye, Pikine, Thiaroye, Keur Massar… Psychosociologue de profession, il est habitué à déceler les mécanismes de fonctionnement individuel, mais aussi de groupes. Autant dire que cette série mortifère l’intrigue et l’interpelle. « En ce qui concerne les crimes recensés dernièrement en banlieue dakaroise, l’argent demeure le principal mobile dans une société fortement matérialiste et au sein de laquelle l’avoir prime sur l’être.
Pour de modiques sommes d’argent, les gens n’hésitent plus à passer à l’acte. Et la société, en elle-même, est en partie responsable de cela puisque l’individu n’est apprécié et considéré que par rapport à ce qu’il « a » et non ce qu’il « est ». C’est à ce niveau où la responsabilité de la société est engagée », analyse-t-il. Pour lui, une société qui ne vous considère que par rapport à ce que vous avez financièrement est une société qui pousse ses enfants à aller chercher cette richesse n’importe comment. « L’exemple le plus patent est le phénomène du « barça » ou « barsak ».
Autrement dit, la personne a pris l’option ultime qui ne lui offre que deux issues, soit la réussite projetée (barça) ou la mort inéluctable (barsak) pour espérer « exister » ultérieurement dans une société plus que mercantiliste », analyse-t-il. Abdoulaye Cissé déplore donc la primeur de l’argent sur tout le reste. Ainsi, pour exister dans la société, il faudrait avoir les moyens, ou alors risquer de se faire écraser par les plus nantis. Le psychosociologue prône le retour aux valeurs sociales de base de la société sénégalaise, condition sine qua non d’un endiguement de la violence, notamment dans la banlieue.
« Pour revenir à la banlieue, tous les crimes recensés ces dernières années ont été commis pour de l’argent (honorable Fatoumata Makhtar Ndiaye, Fatou Kiné Gaye et l’affaire Aziz Dabala et son colocataire). Le seul et unique mobile demeure l’argent à la veille d’événements ou de cérémonies d’ordre social ou religieux. Par rapport aux profils des auteurs, il s’avère qu’ils sont toujours dans l’entourage proche des victimes soit c’est un parent, un « ami », un collègue de travail, entre autres. Quelqu’un qu’on n’aurait jamais soupçonné, et cela, de nombreuses études et recherches scientifiques l’ont démontré. Voilà où nous en sommes actuellement dans notre pays », souligne encore M. Cissé.
Une éducation vacillante
Néanmoins, il ne s’agit pas seulement d’incriminer l’argent, ou de tout mettre sur le dos de la pauvreté. D’autres facteurs peuvent expliquer la banalisation de la vie humaine. Si tuer est devenu aussi facile de nos jours, c’est qu’il y a un aspect mental et comportemental qui pose question. Assis dans son salon à Hamo 4, à Guédiawaye, Imam Diop indexe les parents et autres personnes tutélaires. Ces derniers, dépositaires de l’éducation des enfants, ont failli dans leur mission. Et selon lui, cela ne date pas seulement d’aujourd’hui. C’est simplement que la bombe a choisi ce moment pour exploser. Sous sa djellaba blanche, de la même couleur que sa barbe et ses cheveux, il tire la sonnette d’alarme. « Ce que je pense de tous ces crimes, c’est la négligence de l’éducation, à tous les niveaux : sur le plan religieux, familial, au niveau de la société aussi.
Avant, les personnes âgées rectifiaient leurs enfants concernant de nombreux comportements, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. L’enfant est libre de faire ce qu’il veut, de s’habiller n’importe comment, de dire tout ce qu’il pense…sur le plan religieux, on sait qu’on a un héritage religieux extraordinaire dans ce pays-là », déplore l’imam. « Je pense que les guides religieux de toutes les obédiences doivent insister sur l’essentiel, le respect de certaines valeurs. Il faut faire une critique sociale en convoquant les savants, puis les envoyer dans les médias pour transmettre les bons messages, sensibiliser les populations. Vous savez, quand une personne craint vraiment Dieu, elle évite de faire du tort à autrui », et de rappeler que, selon le Coran, « Quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution sera l’enfer, il y demeurera éternellement, et Dieu le frappe de sa colère, le maudit et il aura un châtiment énorme » (Coran, Les Femmes, 93), développe-t-il.
Par Oumar dit Boubacar Wane NDONGO
APRES L’ATTAQUE À MAIN ARMÉE, RIU BAOBAB TENTE DE SAUVER LES MEUBLES
Après le braquage perpétré à Riu Baobab sis à Pointe Sarène, le calme est revenu. Les opérations continuent de se dérouler normalement, assurent les responsables du réceptif hôtelier via un communiqué.
Après le braquage perpétré à Riu Baobab sis à Pointe Sarène, le calme est revenu. Les opérations continuent de se dérouler normalement, assurent les responsables du réceptif hôtelier via un communiqué. Ces derniers parlent «d’acte isolé qui ne reflète pas la réalité de la sécurité et de l’hospitalité au Sénégal».
Dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier 2025, les populations de Pointe Sarène se sont réveillées dans la panique. Cela, à cause de l’attaque à main armée contre le réceptif hôtelier Riu Baobab. Plus de 72 heures après, les hauts responsables de l’hôtel ont sorti un communiqué pour essayer de rassurer les populations, les clients, ainsi que les collaborateurs. En toute chose, malheur est bon, semblent-ils dire. En effet, l’incident a renforcé la détermination de cet hôtel à maintenir un environnement sécurisé et à offrir des services de qualité conformes à ses standards internationaux, afin que les hôtes puissent continuer à profiter de leur séjour dans un cadre paisible et protégé, à la hauteur de leur confiance.
A travers ce document, les responsables de l’hôtel Riu Baobab tiennent à rassurer que la situation est parfaitement sous contrôle et que les opérations de l’établissement se poursuivent normalement.
«Après l’incident, le ministre du Tourisme du Sénégal, accompagné d’une forte délégation gouvernementale, a personnellement visité l’hôtel. Cette visite a permis de réaffirmer l’engagement des autorités sénégalaises à assurer la sécurité des sites touristiques et à maintenir la réputation du pays en tant que destination hospitalière et sécurisée», notent les responsables de cet hôtel.
En plus de cette visite, ils indiquent qu’une équipe de gendarmes est présente 24 heures sur 24 au sein de l’établissement. «Ces agents travaillent en étroite collaboration avec l’équipe de sécurité de Riu pour garantir la tranquillité et la sécurité des hôtes et du personnel, et ce jusqu’à nouvel ordre», ajoute la direction. Pour ailleurs, déclarent les dirigeants du réceptif, «cet acte isolé ne reflète pas la réalité de la sécurité et de l’hospitalité au Sénégal. Les enquêtes menées par les autorités locales se poursuivent activement afin d’identifier et d’appréhender les responsables. Parallèlement, des mesures supplémentaires ont été mises en place, notamment le renforcement du personnel de sécurité dans les espaces de l’hôtel, ainsi qu’à l’occasion des événements spéciaux et des conférences».
Toutefois, les responsables réitèrent leur engagement et soutien aux clients, tout en exprimant «les regrets les plus sincères pour les désagréments causés par cet incident».
Pour rappel, cette attaque spectaculaire a été perpétrée par une vingtaine de malfaiteurs. Cet acte audacieux a suscité une vive inquiétude parmi les résidents et le personnel de l’établissement qui sont restés sous le choc. Les assaillants, selon certains témoins, lourdement armés, ont surpris et neutralisé le personnel chargé de la sécurité de l’hôtel en les ligotant. Leur intrusion a provoqué une vive tension parmi les hôtes et participants à une soirée de clôture organisée par le Consortium africain de conseil et d’organisation (Caco), un bureau de conseil en ingénierie et filiale de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Selon des témoignages, les malfaiteurs ont effectué des tirs de sommation pour sécuriser leur opération.
Mais c’était sans compter avec la détermination du personnel de l’hôtel qui a vite alerté la gendarmerie. D’ailleurs, l’intervention rapide des gendarmes de la Brigade de proximité de Nianing a permis de mettre fin à cette attaque, après un échange de tirs avec les assaillants
Malgré la réactivité des Forces de l’ordre, les bandits ont réussi à s’échapper en coupant les grillages de l’hôtel. Selon certains témoins, ils ont emporté une somme estimée à 12 100 000 de francs Cfa, ainsi que des objets de valeur. Les vitres de deux pickups ont également été endommagées. Pour l’instant, l’évaluation des pertes reste en cours, selon une autorité de la Gendarmerie nationale. Ce joyau touristique ciblé par les malfaiteurs a été inauguré par le Président Macky Sall. L’hôtel Riu Baobab représente un fleuron du tourisme sur la PetiteCôte. Avec ses 522 chambres déjà fonctionnelles et un programme global prévoyant 1024 chambres pour un investissement total de plus de 92 milliards de francs Cfa, cet établissement est une vitrine de l’attractivité touristique du pays. Mais, cet incident relance le débat sur la sécurité le long de la Petite-Côte où les agressions contre les touristes et les résidents deviennent récurrentes. En plus de cela, le phénomène de débarquement de drogue sur le littoral aggrave la situation. C’est pourquoi le dispositif de sécurité devrait être renforcé pour prévenir de tels actes et assurer la tranquillité dans cette région stratégique
UN MANQUEMENT DU SENEGAL A SES OBLIGATIONS INTERNATIONALES
Dans un rapport intitulé « loi d’amnistie au Sénégal : Déni de justice » sorti en ce mois de janvier, Africkajom Center dirigé par Alioune Tine et le Rule of Law Impact Lab de l’université de Standford pointent un manquement du Sénégal à ses obligations
La loi d’amnistie adoptée en mars 2024 au Sénégal sur les faits liés aux manifestations politiques ayant secoué le pays entre février 2021 et février 2024 continue d’être décriée. Dans un rapport intitulé « loi d’amnistie au Sénégal : Déni de justice » sorti en ce mois de janvier, Africkajom Center dirigé par Alioune Tine et le Rule of Law Impact Lab de l’université de Standford pointent un manquement du Sénégal à ses obligations internationales. Parmi les recommandations faites au Sénégal, il y a la garantie « des poursuites pénales efficaces contre les auteurs de violations flagrantes des droits de l’homme »
«La loi d’amnistie viole les obligations internationales du Sénégal pour quatre raisons », c’est la conclusion tirée par Afrikajom Center et le Rule of Law Impact Lab de l’université de Stanford dans son rapport intitulé « Loi d’amnistie au Sénégal : Déni de justice » publié en ce mois de janvier. « Premièrement, la loi ne prévoit pas de recours effectif pour les victimes de violations des droits de l’homme, y compris des réparations et un mécanisme permettant aux victimes de faire entendre leur cause. Deuxièmement, la loi ne protège pas le droit des victimes et des peuples à la vérité sur les violations des droits de l’homme. Troisièmement, la loi viole l’obligation du Sénégal de poursuivre et condamner les auteurs de violations flagrantes des droits de l’homme. Enfin, l’amnistie sénégalaise est une amnistie générale ou inconditionnelle, qui exempte de poursuites de vastes catégories d’auteurs de violations graves des droits de l’homme. Les auteurs n'ont pas à satisfaire à des conditions préalables pour pouvoir bénéficier de la loi, notamment celles visant à garantir individuellement la divulgation complète de ce qu'ils savent sur les crimes couverts par l'amnistie. De telles amnisties sont contraires au droit international », explique-t-on dans le document.
Les signataires rappellent que le Sénégal a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), la Convention contre la torture (CAT), la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) et le traité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et pour se « conformer à ses obligations internationales », ils ont fait savoir que « la République du Sénégal devrait garantir le droit à un recours effectif des victimes de violations des droits de l’homme liées aux manifestations politiques qui ont eu lieu entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024 ». Selon eux, « cela inclut le droit des victimes à un recours effectif devant un tribunal ainsi qu’à obtenir réparation ».
Pour le Rule of Law, Impact Lab de la Standford Law School et Africajom Center, le Sénégal devrait aussi « garantir le droit des victimes et des sociétés à connaître la vérité sur les violations des droits de l’homme liées aux manifestations politiques qui ont lieu au Sénégal » aux mêmes dates. Ils recommandent également au Sénégal de « garantir des poursuites pénales efficaces contre les auteurs de violations flagrantes des droits de l’homme, notamment les homicides, la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradations et les détentions arbitraires ».
Pour rappel, près de 80 personnes ont trouvé la mort dans les manifestations politiques entre 2021 et 2024 au Sénégal. Adoptée en mars dernier à 94 voix pour, 49 contre et 3 abstentions, la loi d’amnistie couvre « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle, compris entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques, y compris celles faites par tous supports de communication, que leurs auteurs ont été jugés ou non ».
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LA DIFFERENCE D’AGE, UNE ÉQUATION INSOLUBLE DANS LES RELATIONS AMOUREUSES
L’amour est un sentiment qui défie tout raisonnement. Il laisse parler non pas la tête mais le cœur. Cependant l’âge peut devenir plus qu’un chiffre créant des équations à plusieurs inconnus
L’amour est un sentiment qui défie tout raisonnement. Il laisse parler non pas la tête mais le cœur. Cependant l’âge peut devenir plus qu’un chiffre créant des équations à plusieurs inconnus.
Un couple qui s’affiche heureux et comblé le jour de leur mariage n’a rien d’extraordinaire. C’est presque une banalité. Mais cela a suffi pour alimenter les débats non pas sur l’évènement, mais sur le profil des mariés. Une femme d’environ la cinquantaine apparait sur les réseaux sociaux avec son mari âgé d’une vingtaine d’années. Un sourire béat sur les lèvres, la mariée est sur un petit nuage avec son doux et tendre comme pour narguer les mauvaises langues. La photo a fait le tour de la toile et les commentaires n’ont pas été tendres. Si certains internautes se sont montrés plus conciliants rappelant la sacralité et l’importance du mariage, d’autres se sont offusqués de la différence d’âge. La danseuse Ndèye Guèye a aussi eu à essuyer les revers de son mariage avec un homme plus jeune. En 2015, la célèbre danseuse, âgée à l’époque de 39 ans, a dit oui au lutteur de 23 ans Papa Boy Djinné. Les critiques acerbes ont poussé la danseuse à défendre son ménage.
Ces cas de figure n’ont rien de nouveau, d’après le sociologue Souleymane Lo. « Une relation où la femme est plus âgée est souvent jugée « contre-nature » et perçue comme un manquement aux normes sociales. Pour en décourager le phénomène, la société a souvent recours à la stigmatisation et aux moqueries. C’est ainsi que ces couples non conformes aux attentes (notamment où la femme est plus âgée) sont souvent sujets aux railleries, jugements ou exclusion sociale. Car ils remettent en question l’ordre social établi », analyse-t-il.
La faible tolérance de la société sénégalaise envers ces couples peut être expliquée par le poids des normes sociales et des attentes culturelles selon le sociologue. « La femme âgée incarne le rôle d’une figure maternelle, ce qui rend la relation « inconfortable » ou « taboue » aux yeux de certains, car elle brouille les frontières entre rôles familiaux et conjugaux », indique Souleymane Lo
Mille défis
« En amour, il n’y a pas d’âge », a-t-on coutume de dire. Mais pour Fary Sy (nom d’emprunt), cela ne s’est pas confirmé lors de sa dernière relation. La jeune fille, âgée de plus d’une vingtaine d’années, a eu une courte relation avec un homme qui avait deux fois son âge. Fary s’est heurtée aux regards désapprobateurs de ses proches. « Il y avait ma famille et mes amis qui étaient contre ma relation avec lui à cause de son âge et de sa situation matrimoniale. Cependant, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Je n’ai pas choisi de tomber amoureuse de quelqu’un de plus âgé », confie-t-elle. Malgré cet amour, les disputes ont fini par avoir raison de leur idylle. « Nous n’avions pas les mêmes centres d’intérêt, les mêmes préoccupations et priorités. Nous nous disputions parfois pour des caprices et il me disait que j’avais le comportement de sa fille de 12 ans », narre-t-elle.
Mouhamed Fall a aussi dû laisser partir une de ses copines du fait de leur différence d’âge. « Je suis déjà sorti avec une femme plus âgée que moi. Elle avait quatre ans de plus, mais cela était problématique pour elle », avoue le quadragénaire. Il souligne avoir fait la cour à cette femme pendant des mois et des mois. « Elle était réticente à accepter mes avances, car j’étais moins âgé. Cela m’avait fait beaucoup de peine, car ce n’était pas très important pour moi », se défend-il. Cependant le regard social a fini par avoir raison de cette relation. « Ça n’a pas abouti, car cette différence était difficilement surmontable pour elle. Elle avait du mal à se projeter avec moi, malgré mes efforts pour la rassurer et lui prouver mon amour », confie-t-il avec amertume
Plus âgé et alors ?
L’âge n’a jamais été un problème pour Julia Sagna. Cette dernière affirme même qu’elle a toujours choisi de sortir avec des hommes plus âgés. « Je ne voulais plus sortir avec un homme qui n’avait pas plus de 5 ans que moi », soutient-elle sous le ton de la confidence. La quadragénaire a vu son souhait exaucer et s’est mariée avec un homme d’un âge plus avancé. « Je suis mariée avec une personne qui a onze ans de plus que moi. La différence d’âge n’a jamais été un souci », avoue-t-elle. Au contraire, Julie précise que cet écart a été le ciment de leur couple. « J’appréciais sa sagesse et mes délires et ma maturité intellectuelle l’impressionnaient. Nos discussions étaient plutôt équilibrées et je trouve qu’on se complétait bien », révèle-t-elle. Du cinquante-cinquante !
« Mon mari a 16 ans de plus que moi. Cependant la différence d’âge n’a jamais été un écueil à notre amour », a confié Khoudia Thiam (nom d’emprunt). Un « mental d’acier » a permis à la jeune femme de faire fi du regard social. « J’ai arrêté depuis longtemps de me préoccuper de ce que pensent les gens », indique-t-elle sans sourciller.
Pour Khoudia, du moment où ses proches ont validé son union, le reste n’a point d’importance. « Mes proches sont compréhensifs et ont tout de suite accepté l’homme de ma vie », fait-elle savoir tout sourire. Une belle façon de prouver que l’âge n’est qu’un chiffre !
LA DIFFICILE MUE DU PASTEF
La formation qui a porté Bassirou Diomaye Faye à la présidence fait face à un défi majeur : transformer une force contestataire en parti de gouvernement. Une équation complexe qui met à l'épreuve le leadership d'Ousmane Sonko
(SenePlus) - Le parti au pouvoir, le Pastef, apparaît traversé par des tensions qui révèlent la difficile transition d'une force contestataire vers un parti de gouvernement. Cette formation politique, qui a conquis le pouvoir dans la ferveur militante, doit aujourd'hui composer avec les exigences de l'action publique.
L'épisode récent de la nomination d'Aoua Bocar Ly au Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) est symptomatique des défis auxquels fait face le Pastef. Comme le rappelle Jeune Afrique, les militants se sont immédiatement mobilisés sur les réseaux sociaux, exhumant d'anciennes déclarations hostiles de l'intéressée envers le parti sous l'ère Macky Sall. Face à cette fronde, Ousmane Sonko a dû intervenir personnellement, rappelant que "le temps de l'État n'est pas celui des militants."
Cette vigilance militante s'était déjà manifestée lors de la nomination de Samba Ndiaye à la tête d'une agence nationale. Le président Bassirou Diomaye Faye avait alors dû justifier publiquement ce choix en expliquant : "Nous avons annoncé des appels à candidature et nous ne nous bornons pas aux gens qui font partie de Pastef. [...] Les Sénégalais nous ont fait confiance grâce à notre Projet, et ce Projet inclut tous les Sénégalais."
Le magazine révèle que le Pastef traverse une période de transformation profonde. Le parti continue de fonctionner avec un bureau politique provisoire, sans charte ni règlement intérieur. Le poste de secrétaire général, qu'occupait Bassirou Diomaye Faye avant son arrestation en avril 2022, est aujourd'hui assuré par intérim par le député Ayib Daffé.
Ansoumana Sambou, membre du secrétariat national à la Communication, reconnaît ces "tâtonnements" mais les justifie : "Dès notre arrivée au pouvoir, nous avons réfléchi à la manière de gouverner et de continuer à animer le parti, tout en observant une certaine neutralité vis-à-vis des affaires publiques."
Selon Jeune Afrique, le Pastef s'appuie sur une "armée de l'ombre" impressionnante : plus d'un millier de cadres, chercheurs et professeurs d'université qui continuent de produire notes conceptuelles et recommandations pour le chef de l'État. Cette expertise technique contraste avec l'image d'un parti uniquement contestataire.
La figure d'Ousmane Sonko reste centrale dans l'organisation. Premier ministre et chef du parti, il conserve une influence considérable, comme le souligne Ansoumana Sambou : "Le Projet pourra se dérouler tant que personne ne remettra en question la place de leader d'Ousmane Sonko." Cette situation soulève des questions sur la dynamique du duo exécutif, même si un conseiller présidentiel cité par le magazine assure qu'Ousmane Sonko "ne sera jamais un fusible ou un laquais du président."
JA met en lumière une particularité remarquable du Pastef : son mode de financement. Les campagnes électorales sont directement financées par les militants, particulièrement ceux de la diaspora. Les rassemblements sont devenus payants, avec des tarifs allant "de 1 000 à 1 million de F CFA pour assister au dernier méga-meeting d'Ousmane Sonko à la Dakar Arena."
Un cadre du parti cité par Jeune Afrique résume l'ambition de transformation : "Le Sénégal a eu une tradition de parti-État [...] Sous les régimes précédents, l'État avait fusionné avec le parti, dont il ne représentait qu'un appendice et un moyen de subsistance. Nous estimons au contraire que c'est au parti de servir l'État."
Cette ambition se heurte cependant à la réalité du terrain. Mamadou Oumar Sall, militant depuis 2018, rappelle le rôle de vigilance des sympathisants : "Notre leader n'est pas un demi-dieu qui décide de tout. [...] C'est à nous de dénoncer tout manquement aux principes du parti ; c'est aussi ça le rôle de la jeunesse patriotique."
Le Pastef se trouve ainsi à la croisée des chemins, devant concilier son héritage militant avec les exigences de la gouvernance, tout en préservant ses idéaux de transformation politique et sociale.
PLUS DE 10 MILLIONS DE MENACES INFORMATIQUES VISANT DES ENTREPRISES BLOQUÉES
Lors d’un atelier de sensibilisation, les représentants de Kaspersky ont alerté sur l’évolution rapide des cyberattaques et partagé des conseils pratiques pour renforcer la cyberhygiène des professionnels.
Kaspersky, une entreprise internationale de cybersécurité, a déclaré, mercredi, à Dakar, avoir identifié et bloqué plus de 10 millions de menaces informatiques visant des entreprises sénégalaises en 2024.
‘’En 2024, nous avons identifié plus de 10 millions de menaces sur des entreprises sénégalaises, qui ont été bloquées par Kaspersky’’, a déclaré Gladys Salmouth, le responsable de la communication de cette société pour l’Afrique du Nord, du Centre et de l’Ouest.
Mme Salmouth intervenait à un atelier de sensibilisation à la cyberhygiène, organisé par Kaspersky au profit de professionnels des médias.
Cette rencontre est l’occasion de ‘’faire le point’’ sur les cybermenaces au Sénégal, selon elle.
‘’Nous voulons partager des conseils pratiques de cyberhygiène pour vous aider à vous protéger des risques les plus courants’’, a dit Gladys Slamouth aux professionnels des médias réunis pour l’atelier.
Les attaques liées au ‘’protocole de bureau à distance’’ étaient les plus fréquentes au Sénégal en 2024, a-t-elle signalé sur la base des données fournies par Kaspersky.
Mme Salmouth a fait état de 600.668 attaques dénombrées pour cette catégorie.
Le nombre d’attaques profitant de la vulnérabilité ou des failles de sécurité des logiciels s’élevait à 293.089, a-t-elle indiqué, ajoutant qu’il y a eu, au Sénégal et durant la même année, 71.865 attaques portant sur les vols de mot de passe.
Gladys Salmouth recommande des mesures simples aux entreprises et aux particuliers, pour les aider à éviter les ‘’menaces’’ et les ‘’attaques’’.
‘’Vérifier l’expéditeur d’un mail avant de cliquer sur un lien, ne pas répondre précipitamment, se méfier surtout des deepfakes (les enregistrements vidéo ou audio réalisés ou modifiés à l’aide de l’intelligence artificielle)’’, conseille-t-elle.
Les agents de la société Kaspersky ont rappelé, lors de l’atelier, que les menaces liées à la cybercriminalité évoluaient vite.
‘’Lorsque vous achetez une solution de sécurité informatique, elle fonctionne dès que vous l’installez. Elle fonctionnera toujours, mais sachez aussi que les menaces évoluent’’, a dit Pascal Naudin, un responsable du service commercial de Kaspersky.
Il recommande aux entreprises de faire évoluer leur système de protection informatique en même temps que les menaces.
‘’Si vous restez figés, des personnes malintentionnées cherchent des failles pour vous attaquer. Une fois qu’elles en trouvent, elles les exploitent. Il est important, donc, d’être à jour’’, a recommandé M. Naudin.
ULTIME INVITATION DE DAOUDA NGOM
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, a invité les agents de son département ministériel, mardi, à Dakar, à combattre la corruption et à faire davantage preuve de transparence dans l’exercice de leurs fonctions.
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, a invité les agents de son département ministériel, mardi, à Dakar, à combattre la corruption et à faire davantage preuve de transparence dans l’exercice de leurs fonctions.
‘’Cette transparence doit s’appliquer à toutes les échelles de décision’’, a soutenu M. Ngom en intervenant à l’ouverture officielle d’un atelier consacré à la ‘’cartographie des vulnérabilités à la corruption dans la gouvernance du secteur de l’environnement au Sénégal’’.
‘’La transparence est un instrument privilégié de lutte contre la corruption’’, a-t-il souligné lors de cet atelier de deux jours organisé par son ministère, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) et la GIZ, l’agence gouvernementale allemande chargée de la coopération internationale.
L’atelier fait partie des activités du projet ‘’Doolel Admin’’, qui est mis en œuvre par l’État du Sénégal.
La redevabilité exige que tous ceux qui occupent un poste public rendent compte de leurs actes, sur les plans administratif, comptable, financier ou technique, a rappelé Daouda Ngom aux agents du ministère de l’Environnement et de la Transition écologique.
À son avis, le respect de l’obligation de rendre compte de l’exercice de leurs fonctions renforce la confiance entre les agents publics et les usagers des services de l’État.
Daouda Ngom affirme avoir signé, le 28 novembre 2024, une circulaire administrative invitant les directeurs généraux, les directeurs, les chefs de service, ainsi que les responsables des projets et programmes à faire leur déclaration de patrimoine auprès de l’OFNAC.
Le but de cette décision est d’améliorer la gouvernance du secteur de l’environnement, selon M. Ngom.
Il affirme avoir lancé une initiative en vue de la mise en place d’une plateforme de dématérialisation des procédures de délivrance des autorisations d’exploitation forestière, des permis de coupe, de circulation ou de dépôt, pour éviter ‘’les actes répréhensibles’’.
‘’La mise en œuvre de cette mesure va permettre de prévenir les risques de corruption (…) liés à ces procédures’’, a assuré Daouda Ngom.
Il a salué l’organisation de l’atelier, dont le but est de sensibiliser les agents du ministère et de ses démembrements aux effets néfastes de la corruption, de procéder à la ‘’cartographie des vulnérabilités à la corruption’’ dans le secteur de l’environnement.*
Serigne Bassirou Guèye, le président de l’OFNAC, estime que ‘’cet atelier est d’autant plus opportun qu’il va déboucher sur l’élaboration d’une bonne cartographie des risques et d’un recueil de recommandations fortes et susceptibles d’être exploitées en vue d’une amélioration significative de la gestion des ressources publiques’’, dans les services chargés de l’environnement.
L’environnement, comme d’autres secteurs, n’est pas à l’abri ‘’des pratiques de fraude et de corruption’’ qui compromettent les efforts collectifs fournis pour la préservation de la biodiversité et des écosystèmes, a signalé M. Guèye.
‘’La gestion des ressources naturelles, l’exploitation des mines, la délivrance des permis d’exploitation forestière, les projets de gestion des déchets et la gestion des fonds destinés à la lutte contre les changements climatiques peuvent être vulnérables à la corruption’’, a-t-il dit.
Le président de l’OFNAC est d’avis que la corruption est un obstacle majeur à l’atteinte des objectifs de développement durable et à la gestion responsable des ressources naturelles.
‘’C’est pourquoi la lutte contre la corruption dans ce secteur devient un impératif, si nous voulons réellement préserver notre patrimoine écologique…’’, a-t-il ajouté.
À la fin de l’atelier, tous les agents du secteur de l’environnement doivent être en mesure d’identifier non seulement les pratiques avérées de corruption, mais aussi les risques de fraude et de corruption, ainsi que les ‘’vulnérabilités’’ à ces fléaux, selon Serigne Bassirou Guèye.
LA FRANCE REND SES CLÉS AU SÉNÉGAL EN SEPTEMBRE
Cette échéance aurait été évoquée lors d'une visite de courtoisie du général Pascal Ianni, chef du commandement pour l'Afrique, auprès du chef d'état-major sénégalais, le général Mbaye Cissé, la semaine dernière
(SenePlus) - Le Sénégal s'apprête à fermer définitivement les dernières bases françaises sur son territoire. Selon les informations de RFI, cette décision majeure prendra effet en septembre 2025, marquant ainsi la fin d'une présence militaire permanente française dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Cette échéance a été évoquée lors d'une visite de courtoisie du général Pascal Ianni, chef du commandement pour l'Afrique, auprès du chef d'état-major sénégalais, le général Mbaye Cissé, la semaine dernière. Bien que le calendrier ne soit pas encore définitivement arrêté, septembre 2025 apparaît comme l'horizon privilégié pour la remise du camp Geille, dernière base militaire française d'importance au Sénégal, aux forces armées sénégalaises.
La présence militaire française au Sénégal compte actuellement plus de 200 militaires et leurs familles stationnés au camp Geille, situé dans le quartier de Ouakam au centre-ville de Dakar, ainsi qu'une vingtaine de personnels sur la base de Rufisque, en périphérie de la capitale. Comme l'explique une source militaire française citée par RFI, le choix de septembre s'explique par des considérations pratiques : "Les mouvements de mutation au sein de l'armée se font à l'été" et des "raisons familiales et logistiques" justifient cette période.
Le processus de désengagement est déjà en cours, puisque trois autres emprises militaires françaises - les bases Maréchal et Saint-Exupéry près du port, ainsi que la base Protet dans l'enceinte navale sénégalaise - sont déjà vides et fermées depuis le premier semestre 2024, selon les déclarations de l'armée française à RFI.
L'avenir des relations militaires franco-sénégalaises reste à définir. Des discussions techniques doivent reprendre prochainement, même si aucune date n'a encore été fixée. Les deux parties se disent confiantes, mais le principal enjeu réside désormais dans la définition des futures modalités de coopération militaire entre les deux pays.
Cette décision s'inscrit dans un contexte plus large de reconfiguration de la présence militaire française en Afrique, marquant un nouveau chapitre dans les relations entre la France et ses anciens territoires sur le continent africain.