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23 avril 2025
Société
LE DERNIER JOUR DE BARTH
Le régime a décidé de dépouiller Barthélemy Dias de tous ses mandats électifs : après sa radiation de l’Assemblée nationale, il sera révoqué de la mairie de Dakar aujourd’hui, toujours dans le cadre de sa condamnation dans l'affaire Ndiaga Diouf
Après l’Assemblée nationale, Barth’ va perdre la mairie de Dakar. Il lui sera notifié sa révocation ce vendredi. Une semaine noire !
Même agitée par les responsables de Pastef, la nouvelle va avoir l’effet d’une bombe politique. Le régime a décidé de dépouiller Barthélemy Dias de tous ses mandats électifs : après sa radiation de l’Assemblée nationale, il sera révoqué de la mairie de Dakar aujourd’hui. Il va recevoir la notification de la décision par le Préfet de Dakar. Hier, l’info sur sa convocation par la police avait circulé dans la journée, mais il ne s’agissait nullement d’une quelconque audition : l’autorité voulait lui remettre un document administratif frappé du sceau de la confidentialité que tout le monde devinait dans son entourage. Elle le fera à la mairie de Dakar très tôt ce vendredi, alors que l’édile de Dakar avait prévu de faire des visites de chantiers éducatifs et stratégiques dans sa ville, suivies d’un point de presse.
Aujourd’hui, ce programme va être chamboulé avec ce décret de révocation pris de manière accélérée. Il clôt un chapitre d’inimitié entre Barth’ et les nouvelles autorités. En attendant la prochaine bataille ? En tout cas, c’est une amitié décomposée à l’aune des intérêts politiques. Entre Sonko et Dias, ce fut le parfait amour du temps de Yewwi askan wi. Ton pied, mon pied, ils ont mené ensemble des combats politiques pour se défendre réciproquement dans le cadre du traitement de certains dossiers judiciaires qui les concernaient. Finalement, l’entente filiale ou fraternelle a volé en éclats avec l’organisation du dialogue national, qui a abouti à la candidature de Khalifa Sall à la présidentielle du 24 mars dernier.
En homme politique avéré, il voyait sans doute venir ? Hier, le maire de Dakar avait libéré un chèque de 25 millions F Cfa pour payer les dommages et intérêts dus à la famille de Ndiaga Diouf tué lors de l’attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur dirigée à l’époque par Dias-fils, qui avait échappé à une expédition punitive de nervis libéraux en 2011. Il avait été condamné à 6 mois ferme confirmé en appel et par la Cour suprême. C’est cette affaire qui le rattrape aujourd’hui et que l’Etat a décidé de réactiver pour le déchoir de ses mandats électifs. Lors de sa conférence de presse tenue le 9 décembre dernier, Barthélemy Dias affichait clairement son intention de rester à la tête de la Ville de Dakar. Avec des arguments à l’appui. «L’article 135 du Code général des collectivités territoriales stipule que la révocation d’un maire est possible uniquement en cas de condamnation pour crime. Or, j’ai été condamné pour un délit, pas pour un crime», précisait M. Dias. Il dénonce les «manœuvres» visant à le démettre de ses fonctions. «Ceux qui cherchent à manipuler les textes pour justifier une éventuelle destitution, je leur fais savoir dès maintenant que cela n’arrivera pas. Je n’irai pas plus loin, mais nous ne céderons pas d’un millimètre», martelait-il.
La messe est dite.
LAT DIOR ET LES RÉSISTANTS
Dans un discours érudit prononcé à Thiès, il a retracé les destins croisés des résistants à la colonisation, de Lat Dior au Bourba Jolof, en passant par Aline Sitoé Diatta. Il a souligné l'importance de la diversité des mémoires comme socle de la nation
Dans son discours, lors de l’inauguration de la statue de Lat Dior hier, jeudi 12 décembre 2024, à Thiès, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’est incliné devant la mémoire de toutes les figures historiques de la résistance coloniale.
Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye en est convaincu. «C’est dans la diversité des mémoires des terroirs constitutifs de la Nation sénégalaise, ouverte sur l’Afrique, que nous construirons un futur de dignité, de solidarité et de cohésion. L’occasion m’est ainsi donnée d’évoquer quelques-unes de ces vies du passé, comme la figure exemplaire du prince du Waalo Sidiyya Ndaté Yalla qui conduisit une insurrection violente contre la mainmise coloniale dans le pays de ses ancêtres. Il eut la clairvoyance d’appeler à une union de tous les États de la Sénégambie pour résister à l’intrusion coloniale».
Poursuivant son propos, il a retracé les faits d’armes du Bourba Jolof. «Quant au Jolof, il nous a donné le Bourba Alboury Seynabou Ndiaye, contemporain, allié et cousin du Damel du Kajoor que nous célébrons ce matin. Pendant plus de 10 ans, le Lion de Yang Yang a toujours répondu présent là où l’appelait le devoir. Ainsi, il prit part à la grande coalition que fut la Ligue Tijaan aux côtés de Saer Maty Bâ, l’héritier de l’almamy du Rip, de Mamadou Lamine Dramé du Bundu et d’Abdoul Bokar Kane, le grand électeur du Bosséa, Émir du Fouta, pour opposer la plus vive des résistances à la poussée impérialiste».
Et de relever : «L’occasion m’est également donnée ici de saluer la mémoire du premier Sultan de Dosso, Maïdanda Hamadou Saïdou Djermakoye. Au cours de son magistère, il a érigé dans l’enceinte de la grande mosquée de Dosso une sépulture digne du fils du Jolof. Ce faisant, il a posé un acte digne de son précoce engagement panafricain qui fait écho à celui du roi du Jolof mort en terre nigérienne».
Selon lui, ces deux destins, celui du Bourba et celui du Djermakoye incarnent à suffisance les idéaux du Panafricanisme qui doivent nous inspirer dans nos actions quotidiennes. «C’est de ce Gabou que partirent, cinq siècles auparavant, les Gelwaar fondateurs des États du Siin et du Saalum. La symbiose qui s’est alors forgée entre ces migrants venus du Sud et les Lamaan du pays Sereer a donné naissance à des valeurs fortes d’abnégation au travail, de droiture, d’humilité, de courage, de respect de la parole donnée et d’ancrage aux meilleures traditions ancestrales. Nous avons un bel exemple illustratif de ces valeurs avec le fameux témoignage en faveur de Cheikh Ahmadou Bamba apporté par le Bour Siin Kumba Ndoffène au péril de son pouvoir voire de sa vie, pour éviter au Cheikh un second exil».
Listant toujours les résistances, il a soutenu que, «parti du Firdu, province sous domination du Gabou, inspiré par Cheikh Oumar Tall, Alfa Molo Baldé a libéré le Fouladou avec le drapeau de l’islam. Son fils et successeur Moussa Molo, pris en tenaille entre les rivalités conquérantes de la France, de l’Angleterre et du Portugal, leur a opposé une forte résistance en jouant sur leurs rivalités».
Concernant toujours la partie méridionale du Sénégal, il a confié : «Quant à la Basse Casamance, elle nous donne à voir une longue résistance populaire contre l’intrusion coloniale. Village par village, les hommes et les femmes de cette région ont réussi à préserver l’intégrité de leur terroir jusqu’à la veille de la Grande Guerre. Aline Sitoé Diatta, la Dame de Cabrousse, a repris le flambeau qui ne s’est jamais éteint. L’histoire retiendra de cette figure historique décédée en déportation au Soudan en 1944, sa lutte farouche contre la remise en cause de la civilisation agraire du terroir, base de la souveraineté alimentaire».
Resistance pacifique à l’occupation coloniale : celle des religieux
Dans sa leçon d’histoire sur la lutte contre l’occupation coloniale, il (qui ?) n’a pas occulté la résistance notamment pacifique celle-là menée par des religieux. «Des hommes nouveaux ont repris l’étendard de la lutte à travers la formation de communautés religieuses adossées sur une spiritualité inaccessible aux armes du colonisateur. Ils ont fait échec à son projet d’aliénation culturelle analysé comme le plus grand danger porté par la colonisation. Cheikhna Cheikh Saad Bouh, Amary Ngoné Ndak Seck, Cheikh Abdoulaye Niasse, Cheikh Bouh Kounta, Seydi El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Seydina Limamou Laye Thiaw ont apporté une réponse efficace à la crise des sociétés sénégambiennes de la fin du XIXe siècle».
A son avis, «Cette réponse trouva ses assises sur la production d’une alternative intellectuelle et religieuse au projet colonial. Ils ont ainsi réussi à préserver l’essentiel, c’est-àdire la foi en Dieu, les valeurs cardinales du travail, de la droiture et de l’intégrité, nourri par es textes des penseurs soufis. Ils sont alors devenus les figures emblématiques de la résistance culturelle et non violente à la domination coloniale et le refuge de tous ceux qui, déboussolés par les turbulences politiques et sociales, cherchent refuge auprès d’un maître pour donner sens à leur vie. Cet héritage se perpétue, de génération en génération, dans les daara appelés à entrer en symbiose avec l’école attendue de la réforme à venir du système éducatif sénégalais». Dès lors, «Donner ce poids au Daara, c’est renouer avec la longue histoire du mouvement maraboutique tel qu’il apparait dans ces pages d’histoire. Sa plus grande victoire en terre sénégalaise est advenue au Fouta avec la révolution Toroodo de 1776 conduite par les deux grandes figures que sont Thierno Souleymane Baal et Abdoul Qadir Kane»
Le président Diomaye Faye de conclure à soulignant que, «Formés à Pire, à Koki, au Fouta Djallon, au Bundu et dans les Zawiya de la Mauritanie, les révolutionnaires ne se sont pas enfermés dans leurs livres au contenu maîtrisé. Ils ont élaboré et mis en œuvre un programme de transformation radicale du Fouta en instituant un système politique électif et décentralisé d’une étonnante modernité. Toutefois, c’est l’éducation qui s’érige comme levier principal de la transformation du système social, avec la mise en place d’un puissant réseau scolaire qui irrigue tout le Fouta, du Dimar au Damnga».
FAIRE NATION, C’EST EN PERMANENCE IMMORTALISER CES VIES EXEMPLAIRES
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a inauguré hier, jeudi 12 décembre, à Thiès, le monument à la mémoire de Lat Joor Ngone Latyr Joop, héros national et symbole de la souveraineté nationale.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a inauguré hier, jeudi 12 décembre, à Thiès, le monument à la mémoire de Lat Joor Ngone Latyr Joop, héros national et symbole de la souveraineté nationale. Tout en saluant «l’initiative louable» du Conseil municipal de Thiès, qui a permis l’érection de ce monument majestueux dédié à Lat Dior, «une figure centrale de notre panthéon national», un «héros» de la «résistance anticoloniale», le président Faye a rendu hommage à d’autres figures héroïques de l’histoire du Sénégal. «Faire nation, c’est en permanence immortaliser ces vies exemplaires», a-t-il souligné, appelant à l’éducation des jeunes générations sur ces valeurs d’honneur et de résistance.
Plus d’un siècle et demi après sa disparition, en mai 1863 (qui a donné cette date. Jusqu’à présent sa mort était datée le 27 octobre 1886), l’image du héros nationale de la lutte anticoloniale trône dans son fief. Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a inauguré hier, jeudi 12 décembre, à Thiès, le monument à la mémoire de Lat Joor Ngone Latyr Joop, héros national et symbole de la souveraineté nationale. L’érection de ce monument à la mémoire de Lat Joor Ngone Latyr Joop, «figure centrale de notre panthéon national» est une initiative salutaire du maire et du conseil municipal de Thiès. «Ses hauts faits d’armes dans la résistance anticoloniale en ont fait un héros national du Sénégal. Le Damel du Kajoor a tenu tête à la France coloniale durant plus d’un quart de siècle. Il a accompli cet exploit avec des moyens techniques et militaires relativement limités, dans un contexte d’offensive généralisée des puissances impériales européennes décidées à se partager l’Afrique, continent que le commerce atlantique de la traite des esclaves avait déjà durement éprouvé», a-t-il déclaré.
Selon le président Diomaye Faye, «Partout sur cette terre d’Afrique ce monument commémoratif aurait pu trouver sa place, mais nulle part mieux qu’à Thiès il ne pouvait être érigé. Il y fait écho à l’avenue éponyme du héros national, déjà située au cœur de son espace urbain. C’est bien de Thiès, à l’époque un village du Cangin, toponyme aujourd’hui déformé en Janxeen, que le Damel à peine élu rassembla son armée en vue de restaurer la souveraineté du Kajoor sur les provinces amputées du royaume par la colonie. Nombreux furent les combattants qui tombèrent au champ d’honneur en ce jour mémorable du mois de Mai 1863. Ce fut là le tout début d’une carrière politique exceptionnelle de plus d’un quart de siècle de luttes acharnées menées par Lat Joor Joop, pour la défense de la souveraineté de son pays». A l’en croire, fin stratège, doublé d’un homme politique avisé, «son refus de transiger sur la souveraineté du Kajoor l’a poussé à refuser la construction du chemin de fer par la colonie. Dékheulé où il rencontre son destin relève plus des divisions de la classe politique du royaume que de la puissance de feu de l’armée coloniale. Il y est tombé les armes à la main, faisant sienne la devise des preux : «on nous tue, on ne nous déshonore pas».
DIOMAYE FAYE SALUE LA MEMOIRE D’UN VALEUREUX CONTEMPORAIN DE LAT DIOR : KAAÑ FAYE
Pour le président de la République, cette cérémonie d’inauguration s’inscrit dans la longue tradition de célébration de ce héros de la lutte anticoloniale. «Les récits épiques transmis de génération en génération par les maîtres de la parole et les travaux des historiens de métier ont fourni de la matière à travailler aux artistes, aux dramaturges, aux poètes qui en ont tiré des œuvres créatrices de nos imaginaires collectifs». Et de rappeler : «A la suite du Président Amadou Cissé Dia qui a galvanisé la génération des indépendances avec son œuvre Les Derniers jours de Lat Dior suivi de La mort du Damel, Thierno Bâ nous a invité à vivre une valeur cardinale portée par le Damel dans la pièce de théâtre intitulée Lat-Dior - Le chemin de l'honneur». Le chef de l’Etat n’a pas manqué de saluer la mémoire d’autres valeureux figures de la résistance colonale au Kajoor. «Parce que nous sommes dans le Cangin, aux portes du Kajoor, nous ne pouvons pas manquer de saluer la mémoire d’un des valeureux fils du terroir, contemporain du Damel et dont les hauts faits d’arme dans la lutte anticoloniale sont certes moins connus, mais n’en sont pas moins héroïques. Je veux nommer Kaañ Faye qui a défié l’ordre colonial en verrouillant les voies de passage des caravanes des traitants de l’arachide entre le Bawol et la ville portuaire de Rufisque. Ont pris part à ses combats des hommes et femmes de valeur attachés à préserver de l’intrusion coloniale les terroirs du Lexar, du Joobas, du Paloor, du Ndut et du Saafi aujourd’hui polarisés par la ville de Thiès. La recherche devra exhumer les traces historiques de ces luttes pour en célébrer les acteurs et magnifier leurs œuvres».
Bref, dira-il, «il ne fait aucun doute que le déjà prestigieux panthéon national continuera de s’enrichir de monuments, d’œuvres d’art et d’ouvrages littéraires célébrant les hommes et les femmes qui, à l’image de Lat Joor Ngone Latir Joop, ont marqué de leurs empreintes indélébiles les plus glorieuses pages de notre histoire. Faire nation, c’est en permanence immortaliser ces vies exemplaires, rappeler à notre jeunesse les valeurs dont elles furent l’incarnation».
POUR BATIR UNE NATION SOUVERAINE ET OUVERTE AUX IDEAUX DU PANAFRICANISME : Enseigner et faire connaître à la jeunesse le long héritage des héros de la résistance coloniale
«L’État comme les collectivités locales ont pour mission d’enseigner et de faire connaître ce long héritage, dans toute sa complexité, pour inspirer les politiques de transformation de notre société», a martelé le chef de l’Etat. Bassirour Diomaye Diakhar Faye qui a inauguré la statue de Lat Dior hier, jeudi 12 décembre 2024, à Thiès, a indiqué que «l’initiative du maire Babacar Diop est à citer en exemple à tous les édiles des collectivités locales qui, en cohérence avec l’État, auront à concevoir et mettre en œuvre une politique novatrice de soutien aux industries culturelles. Accompagner les artistes et les créateurs culturels participe à bâtir notre patrimoine matériel et immatériel, levain incontournable de notre vivre ensemble. Au-delà de la dimension esthétique, l’œuvre que nous inaugurons aujourd’hui, à l’image de tant d’autres produits de l’imagination créatrice de nos artistes, cinéastes et littéraires, est porteuse d’une efficace fonction pédagogique, dans la transmission de nos valeurs et vertus les meilleures».
Mieux, a-t-il insisté, «L’école doit s’emparer de cette mémoire, quel qu’en soit le support, pour former en notre jeunesse les bâtisseurs d’une nation souveraine et ouverte aux idéaux du Panafricanisme.» Pour lui, le parrainage de nos rues, de nos places publiques, de nos infrastructures sportives et culturelles, de nos écoles et édifices publics et privés est appelé à davantage puiser ses noms dans ce patrimoine partagé, ce socle de références collectives sur lesquelles s’édifient notre imaginaire national et nos convictions patriotiques. «Continuer à faire patrie, c’est renforcer la perspective de l’unité à partir de toutes les sources qui alimentent la mémoire nationale, forte de sa diversité. Aujourd’hui nous célébrons Lat Joor Ngoné Latyr Joop dans une ville où se sont écrites des pages glorieuses de notre histoire», a-t-il fait savoir.
Il a également rappelé que Thiès est aussi la ville des cheminots qui se sont illustrés dans tous les combats pour la liberté et la justice sociale. «Ils ont payé au prix fort cet engagement militant. Sembène Ousmane a immortalisé la longue grève des cheminots de 1947, dans une œuvre devenue classique Les bouts de bois de Dieu. Moins connue est la grève de 1938 qui s’est achevée dans un bain de sang le 27 septembre. Un autre massacre colonial que vous avez immortalisé avec l’érection d’un monument au bout de l’avenue Aynina Fall, à l’entrée de la Cité Ibrahima Sarr, du nom des leaders de la grève de 1947. Nous étions au crépuscule du Front populaire. Les pogroms des heures sombres de la Deuxième Guerre mondiale assombrissaient l’horizon»
Revenant sur le massacre de Thiaroye 44, il s’interroge : «Est-il besoin de le rappeler ? Le conflit mondial s’est achevé, pour l’Afrique, avec le massacre des tirailleurs sénégalais à Thiaroye le 1er décembre 1944. Nous venons d’en commémorer le 80e anniversaire afin que jamais ne s’éteigne la contribution des hommes et des femmes d’Afrique à l’édification d’un monde toujours plus humain parce que plus juste».
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YORO DIA DÉNONCE L'AGENDA VENGEUR DU PASTEF
L'ancien porte-parole de Macky Sall critique les dix premiers mois de gouvernance de Diomaye. Entre immobilisme économique et discours souverainiste jugé creux, le journaliste pointe ce qu'il considère comme une dérive préoccupante pour le pays
Dans un entretien accordé mercredi soir à la TFM, l'ancien porte-parole de la présidence sous Macky Sall, Yoro Dia, a livré une analyse critique de la gouvernance des premiers mois du nouveau régime.
Pour cet expert des relations internationales, le parti au pouvoir serait davantage préoccupé par les règlements de compte que par le développement économique du pays. "La seule urgence de Pastef, c'est de satisfaire leur désir profond de vengeance", a-t-il déclaré, pointant l'absence d'inauguration de nouveaux projets depuis dix mois et dénonçant ce qu'il qualifie "d'armes de distraction massive " visant à détourner l'attention des questions essentielles.
L'ancien journaliste s'est particulièrement attardé sur la rhétorique souverainiste du nouveau pouvoir, qu'il considère comme « un refoulement d'un complexe d'infériorité ». Il a notamment évoqué l'approche économique du gouvernement, estimant que l'immobilisme actuel nuit gravement à l'économie nationale. "Le baobab est un symbole lourd et immobile, comme Pastef depuis 10 mois", a-t-il ironisé, faisant référence au nouveau symbole choisi par le régime dans le cadre de son rférentiel économique.
Sur le plan international, Yoro Dia a défendu la position traditionnelle du Sénégal comme pôle de stabilité en Afrique de l'Ouest, rappelant que le pays "rayonne dans le monde à grâce à ses diplomates" depuis l'indépendance. Il a fermement condamné les coups d'État dans la région, considérant que leurs auteurs "cherchent à masquer leur forfaiture par un vernis idéologique".
Concernant la situation économique, Yoro Dia met en garde contre ce qu'il perçoit comme une dégradation du climat des affaires, critiquant notamment l'arrêt "arbitraire" de certains projets et les tensions avec la presse. "L'économie se fonde sur la consommation, la consommation se fonde sur la confiance", a-t-il souligné, exprimant son inquiétude face à l'atmosphère d'incertitude qui règne selon lui dans le pays.
L'entretien s'est conclu sur un appel à la stabilité institutionnelle, Yoro Dia plaidant pour que le Sénégal s'inspire des démocraties établies où les institutions fondamentales ne sont pas remises en cause à chaque changement de régime.
PAR Majib Sène
MAMADOU LAMINE LOUM, UN GRAND COMMIS DE L'ÉTAT
Homme de méthode, de principe et d'engagement patriotique sans tâche, il chemine droit avec un cœur qui bat toujours à gauche, fatalement comme un lit d'espérance
Ceux qui ont l'habitude de fréquenter les arcanes du ministère de l'Économie et des Finances, ont souvent entendu parler de cet homme, un orfèvre des Finances. Né en plein cœur du Sine, précisément à Mboss dans la région de Fatick en 1952, il est un modèle de citoyen qui fait honneur à son pays.
Avec un brillant cursus scolaire et universitaire qui s'acheva à l'école d'administration et de magistrature, il est promu haut cadre des Finances. Il a gravi tous les échelons de ce ministère avant d'être nommé trésorier général, secrétaire d'État au budget, ministre des Finances et cerise sur le gâteau, Premier ministre du Sénégal en remplacement de Habib Thiam en 1998.
D'une grande intelligence, sobre et travailleur forcené, il a accompli ses différentes missions avec un succès digne des bâtisseurs d'empires. J'ai eu le privilège de le croiser dans les conseils interministériels et chaque fois il a fait sensation avec une maîtrise parfaite des grands dossiers économiques et financiers qu'il avait en charge.
Durant son magistère, il a réussi à faire redresser l'économie fortement agressée par l'effroyable ajustement structurel consécutif à la dévaluation du franc CFA. Sa sérénité trouve toute son implication dans les situations difficiles qu'il savait affronter dans des attitudes frontistes à l'image de nos paladins d'autrefois.
Issu d'une famille qui place l'honneur et la dignité au plus haut point, Mamadou lamine Loum se positionne comme un veilleur et un éveilleur de conscience dans une société souvent minée par des excès et des contradictions regrettables.
Homme de méthode, de principe et d'engagement patriotique sans tâche, il chemine droit avec un cœur qui bat toujours à gauche, fatalement comme un lit d'espérance. Irréprochable dans l'accomplissement de ses devoirs, il montre l'exemple d'un grand commis de l'État intègre avec la seule ambition de servir et toujours de bien servir son pays d'appartenance.
Son parcours de grand serviteur de l'État est parsemé de gloire sans aucun nœud de fragilité. Qu'il trouve ici l'expression de ma profonde et affectueuse sympathie.
par Mame Aby Seye
DONNER AUX JEUNES LES MOYENS D’AGIR
À l'heure où le continent compte près de 400 millions de jeunes entre 15 et 35 ans, l'expérience kényane de cartographie d'une bidonville baptisée Map Kibera pourrait bien tracer la voie d'une révolution continentale
L'Afrique, terre de jeunesse et d’opportunités Avec près de "400 millions de jeunes" âgés de 15 à 35 ans, l’Afrique dispose d’un atout stratégique unique. Pourtant, ce potentiel reste sous-exploité. Comment les intégrer pleinement dans les transformations durables ?
Map Kibera : la preuve par l’action
À Kibera, plus grand bidonville d’Afrique (500 000 habitants, Nairobi), l’initiative Map Kibera montre l’impact d’une jeunesse engagée.
En cartographiant, les infrastructures locales (écoles, centres de santé, sécurité), des jeunes ont permis :
- Une meilleure planification locale,
- La création d’activités économiques,
- Une lutte coordonnée contre l’insécurité.
Cette approche participative a réuni jeunes, autorités et populations autour d’une vision commune pour améliorer leur cadre de vie.
Des outils pour un vrai changement
Grâce aux technologies numériques et aux systèmes d’information géographique (SIG), les jeunes de Kibera ont acquis des compétences concrètes, devenant de véritables acteurs du changement et renforçant la cohésion sociale.
Le défi : la pérennité
Un tel modèle doit être "autonome" et s'appuyer sur une implication large dès le départ. Si Map Kibera a débuté avec 13 jeunes représentants des villages, une mobilisation plus large permettrait d’étendre son impact et d’assurer une appropriation durable.
Inspirer pour transformer
Map Kibera Trust prouve que la jeunesse peut être le moteur de solutions innovantes et inspirer d’autres communautés. Mais pour aller plus loin, les jeunes doivent être formés, responsabilisés et encouragés à prendre leur place dans les décisions stratégiques.
...Alors, comment reproduire ce type de réussite ailleurs en Afrique ?
L’ETAT SE PROJETTE VERS UNE AUTRE FAÇON DE GÉRER LES INONDATIONS
‘’On ne doit plus évacuer les eaux pluviales des quartiers à la mer, mais aller plutôt vers une approche plus circulaire qui consiste à réutiliser ces eaux dans l’agriculture ou l’alimentation des lacs et des bassins artificiels’’, a dit Cheikh T. Dièye.i
Dakar, 12 déc (APS) – L’Etat du Sénégal se projette, pour les cinq prochaines années, vers une nouvelle façon de gérer les inondations en tenant compte du changement climatique, a indiqué, jeudi, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye.
‘’On se projette, dans les cinq prochaines années, sur la nouvelle façon de gérer les inondations et la transformation systémique prônée dans la Vision Sénégal 2050, en prenant en compte les phénomènes météorologiques’’, a-t-il dit.
M. Dièye s’exprimait en marge d’une réunion du Comité national de gestion des inondations axée sur le bilan de l’hivernage 2024, les bonnes pratiques qui en ont été tirées et les perspectives pour l’année prochaine.
‘’Nous nous projetons sur les cinq ans à venir et même au-delà dans la gestion des inondations en mutualisant et en mobilisant davantage toutes les structures de l’Etat, mais aussi en faisant appel, à la suite du chef de l’Etat, à la mobilisation et à l’engagement des citoyens, comme lors des journées +Setal sunu réew+’’, a-t-il ajouté.
Concernant cette initiative présidentielle d’investissement civique et humain, le ministre a indiqué que ‘’les statistiques et les observations ont montré que les journées +Sétal sunu rééw+ ont grandement aidé dans la gestion des inondations’’.
‘’Cela veut dire que s’il n’y avait pas ces journées, on aurait, sans doute, beaucoup plus d’inondations et de problèmes durant l’hivernage’’, a-t-il laissé entendre.
Il a ainsi estimé qu’il s’agit ‘’d’un acquis important » à »consolider’’, en appelant à la base »nos communautés à venir en aide à nos concitoyens ».
Cheikh Tidiane Dièye a en outre annoncé des changements majeurs à apporter dans la gestion des activités d’évacuation des eaux pluviales, qui ‘’ne doit plus se faire sur le même paradigme’’.
‘’On ne doit plus évacuer les eaux pluviales des quartiers à la mer, mais aller plutôt vers une approche plus circulaire qui consiste à réutiliser ces eaux dans l’agriculture ou l’alimentation des lacs et des bassins artificiels’’, a-t-il suggéré.
Il a toutefois indiqué que tout cela est à l’étude jusque dans la vallée du fleuve, où l’Etat va réhabiliter des bassins de rétention et les lacs pouvant stocker des eaux du fleuve Sénégal en cas de débordement.
Se prononçant sur le bilan de l’hivernage 2024, le ministre a signalé que la plupart des grandes villes ont reçu des pluies extrêmes dépassant les prévisions météorologiques et ayant causé des inondations.
‘’Mais notre approche de gestion a permis de soulager les populations’’, a affirmé Cheikh Tidiane Dièye.
AFFAIRE NDIAGA DIOUF, UN CHÈQUE DE 25 MILLIONS ENVOYÉ À LA FAMILLE
Ce montant, entièrement financé par la sœur du maire de Dakar, illustre la solidarité familiale face aux défis financiers actuels de Barthélémy Dias, selon un communiqué.
Pour respecter la décision de la justice concernant l’affaire Ndiaga Diouf, les avocats de Barthélémy Dias ont annoncé avoir envoyé un chèque à la famille.
Celui-ci est de 25 millions de Francs CFA, li-t-on dans un communiqué du chargé de la communication du maire de Dakar, qui apporte d’ailleurs quelques précisions. Ce montant a été intégralement pris en charge par la sœur de Barthélémy Dias.
"En effet, en raison de ses contraintes financières actuelles, M. Dias n’était pas en mesure de régler cette somme par lui-même. Ce geste de solidarité familiale démontre une fois de plus la résilience et la dignité face aux épreuves auxquelles il est confronté", selon le document.
Le communiqué poursuit, affirmant que Barthélémy Dias réitérait son engagement dans la quête de justice, de transparence et de vérité, ce « malgré les nombreuses pressions et obstacles qu’il rencontre. Il remercie toutes celles et ceux qui continuent de lui témoigner leur soutien indéfectible dans ces moments difficiles ».
NEUF ANS, ENCEINTE ET SANS ISSUE
La petite Awa porte aujourd'hui l'enfant de son violeur, un maître coranique respecté de tous. Son cas n'est malheureusement pas isolé au Sénégal, où les viols d'enfants se multiplient dans l'indifférence des autorités
(SenePlus) - L'affaire relance le débat sur l'avortement thérapeutique. À Joal-Fadiouth, située à 100 kilomètres au sud de Dakar, une fillette de 9 ans attend un enfant après avoir été violée par son maître coranique. Une situation dramatique qui, selon Le Monde, met en lumière les défaillances du système judiciaire sénégalais et le silence assourdissant des autorités face aux violences sexuelles.
Le drame s'est noué dans le cadre de cours coraniques particuliers. L'agresseur présumé, Aliou S., un homme quadragénaire veuf et père de famille, jouissait d'une excellente réputation dans le quartier. "Tout le monde avait confiance en lui. Des adultes allaient apprendre la religion à son domicile", témoigne dans le quotidien français Souleymane Barry, le père d'Awa (pseudonyme).
Le calvaire d'Awa n'a été découvert qu'après quatre mois d'abus. Selon le commandant-major Diabang de la gendarmerie de Joal-Fadiouth, cité par Le Monde, l'agresseur "lui faisait boire une eau qu'il disait bénite pour améliorer la mémoire de l'enfant. Une fois droguée, il la violait."
Cette affaire n'est malheureusement pas isolée. L'Association des juristes sénégalaises (AJS) rapporte que "sur 331 victimes de viol recensées en 2022, 43% avaient entre 4 et 14 ans". Plus inquiétant encore, selon un rapport de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) cité par le journal du soir, le Centre de guidance infantile et familiale de Dakar a comptabilisé "97 cas de viols ou d'incestes sur mineures et 21 cas de viols suivis de grossesse, avec une moyenne d'âge de 11 ans" sur la seule période 2016-2017 dans la région de Dakar.
Face à ce drame, les nouvelles autorités sénégalaises, élues en mars, restent muettes. Malgré la signature du protocole de Maputo en 2004, qui prévoit l'autorisation de l'avortement dans les cas extrêmes, aucun gouvernement n'a osé légiférer sur la question, craignant les pressions religieuses. Certaines organisations, rapporte Le Monde, vont jusqu'à dénoncer l'avortement comme une pratique "importée de l'Occident" contraire aux "valeurs africaines".
Pour Awa et les autres victimes, le calvaire est double. Non seulement l'avortement leur est interdit, mais elles ne bénéficient d'aucun suivi psychologique. La famille Barry doit également faire face aux difficultés financières et à la stigmatisation sociale. "Les gens disent que c'est de ma faute si elle est enceinte. Ils viennent jusqu'ici pour me faire des reproches. Alors j'ai peur de sortir", confie la mère au Monde.
Malgré tout, la jeune fille tente de garder espoir : "Je ne veux pas que ça m'empêche d'étudier. Mon rêve a toujours été de devenir sage-femme pour aider les femmes pauvres à accoucher", déclare-t-elle au quotidien français.
L'agresseur, qui a reconnu les faits devant la foule et la gendarmerie, encourt la réclusion à perpétuité. Mais pour de nombreuses militantes féministes citées par Le Monde, le véritable enjeu reste l'évolution de la législation sur l'avortement, alors que ces délits représentent "la deuxième cause d'incarcération des femmes et des filles au Sénégal, après le trafic de stupéfiants."
DAOUDA DIOUSSE APPELLE À UNE RÉFORME DE L’ÉDUCATION ET À LA VALORISATION DE L’AGRICULTURE
Daouda Dioussé, journaliste et expert en questions migratoires, était l’invité de « Salam Sénégal », de la RSI, de ce mardi. Il a tenu à souligner que la migration irrégulière est un enjeu croissant au Sénégal révélant qu’il s’agit d’un véritable fléau…
Daouda Dioussé, journaliste et expert en questions migratoires, était l’invité de « Salam Sénégal », de la RSI, de ce mardi. Il a tenu à souligner que la migration irrégulière est un enjeu croissant au Sénégal, révélant qu’il s’agit d’un véritable fléau de notre époque. Selon lui, les migrants disposent d’une information abondante et souvent précise sur la situation.
Malheureusement, il a noté que l’État manque de ressources pour faire face à ce phénomène. Pour y remédier, l’expert en questions migratoires a insisté sur la nécessité d’améliorer le système éducatif national ainsi que la formation professionnelle. Il a également recommandé d’intégrer des enjeux contemporains tels que les changements climatiques et la cybercriminalité dans les programmes éducatifs, afin de permettre aux jeunes d’acquérir les outils nécessaires pour démystifier l’illusion de l’Europe.
Daouda Dioussé a souligné l’importance de promouvoir une indépendance d’esprit, qui doit d’abord être incarnée par nos autorités. De plus, il a affirmé qu’une évaluation des politiques d’employabilité est essentielle, et que les institutions doivent être robustes pour retenir les jeunes. Enfin, il a proposé que l’agriculture puisse représenter une solution viable face à cette problématique migratoire.