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27 novembre 2024
Société
par Thierno Alassane Sall
SOMMES-NOUS ENCORE LE SÉNÉGAL ?
Un discours anti-étrangers prend racine de façon inquiétante au pays, il est attisé par des marchands de la haine. Ce discours est dangereux, et notre devoir est de le stopper avant qu’il ne s’ancre davantage
Un discours anti-étrangers prend racine de façon inquiétante au Sénégal, il est attisé par des marchands de la haine. Ce discours est dangereux, et notre devoir est de le stopper avant qu’il ne s’ancre davantage.
Mieux encore, il nous faut légiférer pour bannir la xénophobie ainsi que toutes les formes de racisme de notre société. La singularité du Sénégal, c’est la Teraanga, cet esprit d’accueil chaleureux et unique qui fait de notre pays une terre chère aux « hôtes et étrangers » qui vivent parmi nous et bien au-delà de nos frontières.
C'est le serment de notre hymne national qui veut rassembler l'Afrique. Le Sénégal a aussi une diaspora dispersée aux quatre coins du monde, qui a tissé des liens forts entre les continents.
Nos « frères et sœurs africains » sont chez eux au Sénégal, tout comme nous le sommes à Treichville, Kinshasa, Labé ou Maputo.
SONKO MENACE, MBAYE RIPOSTE
Le Premier ministre brandit la menace de la prison aux détracteurs de l'affaire général Kandé. Une sortie qui fait bondir son prédécesseur, prompt à rappeler les fondamentaux de la démocratie
En déplacement à Ziguinchor dans le cadre de sa campagne électorale, Ousmane Sonko a adopté un ton martial : "Les questions qui relèvent de la sécurité nationale, on ne badine pas avec. Ceux qui jetteront de l'huile sur le feu iront pourrir à Rebeuss", a-t-il déclaré, visant directement les opposants et journalistes accusés de diffuser de fausses informations.
La réaction d'Abdoul Mbaye ne s'est pas fait attendre. Dans une réponse cinglante, l'ancien Premier ministre a rappelé à son successeur les principes fondamentaux de l'État de droit : "S'il vous plaît Monsieur le Premier ministre Sonko, si le Sénégal est encore une République et non une dictature [...] vous n'êtes ni procureur ni juge de siège, et vous ne pouvez décider d'envoyer quelqu'un 'pourrir à Rebeuss'."
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SONKO VOIT ROUGE À PROPOS DU LIVRE SUR LA CASAMANCE
"Elle n'a pas à écrire sur le Sénégal". Le Premier ministre s'en est violemment pris à l'ouvrage "L'idée de la Casamance autonome : Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", y voyant des intentions cachées de la France
(SenePlus) - Le Premier ministre Ousmane Sonko a violemment réagi ce vendredi 1er novembre 2024 à la publication d'un ouvrage sur la Casamance, lors d'un meeting électoral à Ziguinchor. Dans le viseur du chef du gouvernement : "L'idée de la Casamance autonome : Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", un livre de l'historienne française Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au CNRS.
"J'en ai discuté avec le président de la République et ce livre-là, personne n'en fera la promotion ici au Sénégal. Ce livre ne sera ni autorisé ni commercialisé au Sénégal", a déclaré le Premier ministre face aux militants. La tension était déjà montée d'un cran après l'annulation, le 26 octobre dernier, d'une séance de dédicace prévue à la librairie "Aux 4 vents".
Le Premier ministre voit dans cette publication des intentions cachées, alors que la France avait déjà "clarifié la question de l'appartenance totale et intégrale de la Casamance au Sénégal" dans les années 1990 avec Jacques Charpy. "Puisqu'ils ne peuvent pas revenir sur leur témoignage et ne peuvent plus parler d'indépendance, ils glissent sur la notion d'autonomie", dénonce-t-il.
"Si cette Française veut écrire, elle n'a qu'à aller écrire sur la Corse ou la Nouvelle Calédonie qui demandent leur indépendance à la France", lance Sonko, avant de réaffirmer : "Nous sommes un État unitaire. Du nord au sud, de l'est à l'ouest, les mêmes réalités vont s'appliquer sur chaque portion du territoire national."
Face à ce qu'elle décrit comme un "climat potentiellement dangereux", l'historienne défend la nature scientifique de son travail dans un communiqué transmis à l'AFP. Elle dénonce des "commentaires malveillants et infondés" et assure que son livre "ne vise aucunement à rouvrir les fractures". Les éditions Karthala dénoncent quant à elles "une instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique".
Une réponse qui n'a visiblement pas convaincu le chef du gouvernement, qui attend plutôt de la France qu'elle livre "les archives de ses exécutions sommaires au Sénégal pendant la colonisation, les tortures qu'elle a menées, les travaux forcés" ou encore "les archives de Thiaroye 44".
Cette controverse fait écho à celle de 2010, lorsqu'un autre livre sur le conflit casamançais, "Le conflit de Casamance - Ce que disent les armes" de Jean-Claude Marut, également publié chez Karthala, avait été interdit. Un précédent qui illustre la sensibilité persistante de la question casamançaise, alors que cette région du sud, séparée du reste du pays par la Gambie, reste marquée par l'un des plus anciens conflits d'Afrique, ayant fait des milliers de victimes depuis le soulèvement indépendantiste de décembre 1982.
UN DUEL SUR LE FIL DU RASOIR
"Personne ne peut prédire qui va l'emporter". À quatre jours du scrutin présidentiel américain opposant Kamala Harris et Donald Trump, René Lake livre sur le plateau de VOA Afrique ce vendredi, les clés d'un sprint final à couper le souffle
Dans un entretien accordé ce vendredi 1er novembre à VOA Afrique, René Lake, journaliste et analyste politique basé à Washington, décrypte les dernières heures d'une campagne présidentielle américaine plus serrée que jamais. À quatre jours du scrutin, le duel Harris-Trump reste indécis.
"La course est extrêmement serrée", souligne-t-il, pointant le rôle crucial des sept "états charnières" capables de basculer dans un camp comme dans l'autre. Si les dernières compilations suggèrent un léger avantage pour Donald Trump, l'analyste rappelle le précédent de 2016, où Hillary Clinton dominait les sondages avant sa défaite finale.
Interrogé sur l'impact du dernier rapport sur l'emploi (seulement 12 000 créations en octobre), René Lake relativise : "65 millions d'Américains ont déjà voté par anticipation". Il met en avant la bonne santé globale de l'économie américaine, citant un Dow Jones à son record historique de 42 000 points ce matin même et rappelant que selon le quotidien The Economist, "l'économie américaine fait aujourd'hui l'envie du monde".
Sur les thèmes sensibles des droits des femmes et de l'immigration, l'invité de Jacques Aristide observe une dynamique intéressante : les femmes représentent 54% des votes anticipés contre 44% pour les hommes, un écart qui pourrait favoriser Harris. Concernant l'immigration, si Trump conserve un avantage dans l'opinion, la vice-présidente sortante tente de retourner le sujet en rappelant l'obstruction républicaine à une réforme bipartisane.
L'intervention de René Lake est à suivre en début du journal.
LES COMMISSAIRES DE KAFFRINE ET DE KOUNGHEUL RELEVÉS
Leur négligence dans la sécurisation du convoi de Pastef récemment attaqué est qualifiée de "faute lourde". Un message clair envoyé à toute la chaîne de commandement policière
Suite à l’attaque du convoi de la tête de liste nationale de Pastef, Ousmane Sonko, lors de son passage à Koungheul, le commissaire central de Kaffrine et le commissaire urbain de Koungheul ont été tous deux relevés de leur poste pour « faute lourde », selon notre source à Radio Sénégal, Ousmane Mbengue.
Ils leur est reproché de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour prévenir ces scènes de violence électorale.
Ainsi, le commissaire urbain de Koungheul, Seydi, a été affecté au commissariat central de Thiès comme adjoint au chef de service, tandis que le commissaire Fall, chef du commissariat central de Kaffrine, a été muté à la Direction générale de la Police nationale, relevant du ministère de l’Intérieur. La décision a été notifiée aux concernés.
Il convient de rappeler que le commissariat urbain de Koungheul dépend du commissariat central de Kaffrine.
LA DÉMOCRATIE COMME HÉRITAGE ET COMME HORIZON
D'Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Abdoulaye Wade, aucun président de la République n'a pu résister à la volonté populaire au Sénégal. Un avertissement que le nouveau duo au pouvoir aurait tort d'ignorer
(SenePlus) - Selon un éditorial de Marwane Ben Yahmed, directeur de publication de Jeune Afrique (JA), le Sénégal continue d'affirmer sa singularité démocratique en Afrique de l'Ouest, particulièrement à l'heure où les coups d'État militaires se multiplient dans la région.
D'après l'éditorialiste de JA, l'élection de Bassirou Diomaye Faye en mars dernier, avec 57% des suffrages et une participation massive, constitue "une troisième alternance politique" historique, démontrant la maturité démocratique du pays.
La spécificité sénégalaise, souligne le directeur de publication, réside dans la solidité de ses institutions : "Au pays de la Teranga, impossible de faire dire aux urnes autre chose que ce que les citoyens ont exprimé. Les institutions, à commencer par le Conseil constitutionnel, jouent pleinement leur rôle."
Cette culture démocratique, rappelle Jeune Afrique, s'est notamment manifestée lors des départs d'Abdou Diouf et d'Abdoulaye Wade. "Si les électeurs ne veulent plus de vous ou de vos dauphins désignés, malgré votre puissance financière et institutionnelle [...] la seule issue est... la sortie", écrit Ben Yahmed.
Concernant le nouveau pouvoir, l'éditorialiste observe que le tandem Faye-Sonko adopte une position ambivalente, entre "rupture nette et sens des responsabilités". Les premiers mois sont marqués par un "serrage de vis" caractérisé par une forte pression fiscale et des audits multiples.
L'opposition, note Jeune Afrique, commence à se réorganiser. Macky Sall, à la tête de la coalition Takku Wallu Sénégal, cherche à "brider l'action réformiste de ses anciens opposants", tandis qu'Amadou Ba tente d'incarner une "troisième voie".
Ben Yahmed conclut son analyse en rappelant que si le duo au pouvoir venait à décevoir, les Sénégalais sauront, comme ils l'ont toujours fait, exercer leur droit démocratique. "L'expérience mérite d'être vécue, c'est l'essence même de la démocratie", affirme-t-il.
L'ÉCOLE POUR TOUS RESTE UN MIRAGE
Un bond historique dans la scolarisation mondiale ne suffit pas à masquer les inégalités persistantes. Alors que seuls 3% des enfants des pays riches sont privés d'école, ce chiffre grimpe à 33% dans les nations les plus pauvres
(SenePlus) - L'UNESCO vient de publier jeudi son rapport annuel sur l'éducation mondiale, présenté à Fortaleza au Brésil, dressant un bilan en demi-teinte de la scolarisation dans le monde.
D'après les informations rapportées par l'AFP, le nombre d'enfants scolarisés a atteint un niveau historique avec une augmentation spectaculaire de 110 millions d'élèves entre 2015 et 2023, portant le total à 1,412 milliards d'écoliers.
Les taux d'achèvement des études montrent également une progression encourageante. Au niveau primaire, ils sont passés de 85% à 88%, tandis que le secondaire enregistre une hausse de 53% à 59%, représentant 40 millions de diplômés supplémentaires en huit ans.
Cependant, rapporte l'agence de presse, ces avancées sont assombries par un chiffre préoccupant : 251 millions d'enfants demeurent privés d'éducation, une diminution quasi insignifiante de 1% depuis 2015.
Les inégalités entre pays riches et pauvres restent criantes, souligne l'AFP. Dans les nations les plus défavorisées, un tiers des enfants et adolescents n'a pas accès à l'école, contre seulement 3% dans les pays les plus prospères.
L'AFP met en lumière des situations particulièrement alarmantes dans certains pays. En Afghanistan, où les normes sociales et la pauvreté aggravent l'exclusion scolaire, au moins 1,4 million d'adolescentes sont privées d'enseignement secondaire depuis le retour des talibans en 2021. Le Niger fait également partie des pays les plus touchés par ce phénomène.
Ce rapport, précise l'AFP, a été dévoilé lors de la réunion mondiale de l'UNESCO sur l'éducation, organisée dans le cadre de la présidence brésilienne du G20. L'objectif affiché est de "promouvoir le dialogue multilatéral" en réaffirmant le rôle de l'éducation comme "facteur d'égalité sociale et moteur du développement durable".
L'IMPUNITÉ DES MEURTRES DE JOURNALISTES ATTEINT DES SOMMETS ALARMANTS
En deux ans, 162 journalistes ont été assassinés dans le monde. L'équivalent d'une mort tous les quatre jours. Plus inquiétant encore, 85% des meurtres de journalistes depuis 2006 restent non élucidés
(SenePlus) - Selon une information de l'AFP, l'UNESCO publie ce samedi un rapport accablant à l'occasion de la Journée Internationale de la fin de l'impunité pour les crimes contre les journalistes. Le constat est sans appel : 85% des meurtres de journalistes recensés depuis 2006 restent non élucidés, rapporte l'agence de presse.
D'après l'AFP, la directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay, dresse un bilan dramatique : "En 2022 et 2023, un journaliste a été tué tous les quatre jours simplement pour avoir fait son travail essentiel de quête de la vérité." Elle ajoute que "dans la majorité des cas, personne ne sera jamais tenu responsable de ces meurtres."
Le bilan des deux dernières années est particulièrement lourd, indique l'AFP : 162 journalistes ont perdu la vie dans l'exercice de leur fonction. La moitié d'entre eux travaillaient dans des zones de conflit armé, où les journalistes locaux représentent 86% des victimes.
Toujours selon l'AFP, le Mexique arrive en tête des pays les plus meurtriers en 2022 avec 19 cas, suivi par l'Ukraine qui a enregistré 11 décès de journalistes. En 2023, l'État de Palestine a connu le plus grand nombre de victimes avec 24 journalistes tués.
L'agence de presse souligne que les femmes journalistes ont été particulièrement ciblées en 2022, avec dix assassinats. Parmi ces victimes, Maria Guadalupe Lourdes Maldonado López, abattue à la frontière américano-mexicaine, et Shirine Abu Akleh, tuée lors d'un raid israélien en Cisjordanie occupée.
L'AFP rapporte également que de nombreux journalistes sont assassinés à leur domicile ou à proximité, exposant leurs familles à des risques considérables. Hors zones de conflit, les victimes couvraient principalement des sujets sensibles comme le crime organisé et la corruption, ou trouvaient la mort en couvrant des manifestations.
Face à ce taux d'impunité préoccupant, conclut l'AFP, l'UNESCO appelle les États membres à intensifier significativement leurs efforts pour traduire en justice les responsables de ces crimes.
LA CHINE PRESSE SES FEMMES DE PROCRÉER
Des agents de l'État contactent systématiquement les femmes en âge de procréer pour les pousser à la maternité. Cette campagne nationale, lancée le 28 octobre 2023, mobilise des dizaines de milliers de fonctionnaires à travers le pays
(SenePlus) - En Chine, les autorités ont lancé une campagne téléphonique massive pour inciter les femmes à la maternité, un revirement spectaculaire après des décennies de politique de l'enfant unique.
Le contraste est saisissant. D'après RFI, les mêmes fonctionnaires qui, pendant des années, surveillaient les naissances pour les limiter, appellent désormais quotidiennement les femmes en âge de procréer pour les pousser à avoir des enfants. La question est directe et sans détour : "Êtes-vous enceinte ? Si vous ne l'êtes pas, pensez-y", rapporte la radio internationale.
Cette campagne d'une ampleur inédite mobilise des dizaines de milliers d'agents administratifs à travers le pays. Lancée le 28 octobre 2023, elle s'inscrit dans un contexte d'urgence démographique : la Chine a enregistré deux années consécutives de baisse de sa population et son taux de natalité a atteint un niveau historiquement bas en 2023.
La pression exercée sur les femmes provoque des réactions virulentes. RFI cite le cas de Wang, 36 ans, habitante de Guangxi, qui témoigne de l'insistance croissante des autorités locales : "Le fait d'avoir des enfants est une responsabilité sociale, il faut alors s'acquitter de l'obligation de bien les élever. S'il s'agit d'une responsabilité personnelle, alors respectez mes choix personnels. Arrêtez de m'exhorter tous les jours."
Face à ces pressions, certaines femmes n'hésitent plus à répliquer. Toujours selon RFI, Wang a ainsi interpellé le dernier agent qui l'a contactée : "Allez-vous payer pour m'aider ? Allez-vous accoucher à ma place ? Allez-vous m'aider à supporter les douleurs de l'accouchement et les séquelles, comme la prise de poids et la perte de cheveux ?" Une réponse qui illustre le fossé entre les objectifs démographiques de l'État et les réalités quotidiennes des femmes chinoises.
RFI souligne que cette campagne s'inscrit dans une série de mesures prises par Pékin pour tenter d'enrayer le déclin démographique. Mais jusqu'à présent, note la radio, ces initiatives ont eu "un succès limité". Le vieillissement de la population et la baisse continue du taux de natalité constituent un défi majeur pour les autorités chinoises.
Cette situation, rapporte RFI, représente un renversement historique pour un pays qui, pendant des décennies, a strictement contrôlé les naissances à travers sa politique de l'enfant unique.
LE LOGEMENT, BAROMÈTRE DU CHANGEMENT PROMIS
Alors que les précédentes tentatives de contrôle des prix ont échoué, le nouveau gouvernement prépare un Conseil interministériel crucial. La situation est devenue intenable pour la classe moyenne sénégalaise, poussée toujours plus loin en périphérie
(SenePlus) - D'après Des informations recueillies par Jeune Afrique (JA), le gouvernement prépare activement un Conseil interministériel sur la question du logement. L'enjeu est de taille : il s'agira, révèle le magazine, de traiter simultanément la baisse des loyers et l'accès aux logements sociaux, deux problématiques étroitement liées.
L'ampleur de la crise, détaillée par Jeune Afrique, se mesure aux chiffres de la Commission nationale de régulation des loyers (Conarel). Son président, Momar Ndao, confie au magazine que "61,5 % des locataires ont des difficultés à payer leur loyer". Une situation d'autant plus alarmante que le magazine rappelle que le salaire mensuel moyen au Sénégal reste inférieur à 125 000 F CFA, selon l'Agence nationale des statistiques et de la démographie (ANSD).
Le phénomène le plus inquiétant, note JA, est l'apparition d'une discrimination ouverte envers les locataires locaux. Le magazine cite des annonces explicites mentionnant "NB : pour étrangers", révélant une préférence assumée pour les locataires expatriés. Elimane Sall, président de l'Association pour la défense des locataires du Sénégal (ADLS), explique dans les colonnes du magazine : "Les bailleurs estiment que les Sénégalais sont de mauvais payeurs, contrairement aux étrangers qui peuvent payer plusieurs mois d'avance."
L'enquête de Jeune Afrique dresse une cartographie éloquente des prix. Dans le centre-ville de Dakar (Plateau), les loyers atteignent 400 000 à 500 000 F CFA pour un appartement de deux chambres, et 300 000 F CFA pour un studio. Même la périphérie n'est plus épargnée : le magazine rapporte qu'un studio proche des axes de transport peut coûter jusqu'à 150 000 F CFA.
Selon JA, la classe moyenne contribue involontairement à cette inflation. Jean Malou, ingénieur statisticien à l'ANSD, explique au magazine que les jeunes cadres, coincés entre l'impossibilité d'accéder à la propriété et le refus des logements précaires, acceptent des loyers élevés, alimentant ainsi la spéculation.
Le magazine rappelle que le précédent gouvernement avait déjà tenté de réguler le marché avec le décret 2023-382 du 24 février 2023, imposant une baisse échelonnée des loyers (15% pour les loyers jusqu'à 300 000 F CFA, 10% entre 300 001 et 500 000 F CFA, 5% au-delà) et un plafonnement des cautions. Mais Jeune Afrique souligne que ces mesures ont été largement contournées par les bailleurs.
L'enquête met également en lumière un phénomène de gentrification accélérée. Les quartiers desservis par les nouveaux transports en commun (TER et BRT) voient leurs prix grimper, créant de nouvelles zones d'exclusion pour les Sénégalais moyens, rapporte le magazine.
Face à ces défis, note Jeune Afrique, le gouvernement Sonko, qui a fait de la réduction du coût de la vie une priorité, devra trouver des solutions innovantes. Le prochain Conseil interministériel, conclut le magazine, aura la lourde tâche d'élaborer une régulation efficace, tout en préservant l'équilibre entre les intérêts des propriétaires et l'accessibilité au logement pour tous les Sénégalais.