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2 avril 2025
Société
L'ONU RECOMMANDE L’ABROGATION DE LA LOI D’AMNISTIE
La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la torture, Alice Jill Edwards, a achevé hier une visite officielle au Sénégal. Dans un communiqué publié à l’issue de son séjour, elle a formulé plusieurs recommandations, notamment l’abrogation de la loi...
La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la torture, Alice Jill Edwards, a achevé hier une visite officielle au Sénégal. Dans un communiqué publié à l’issue de son séjour, elle a formulé plusieurs recommandations, notamment l’abrogation de la loi d’amnistie couvrant les évènements survenus entre mars 2021 et février 2024.
Alice Jill Edwards a exhorté le gouvernement sénégalais à revenir sur cette loi, arguant qu’il a « l’obligation d’établir la vérité sur ces événements, de rendre justice et d’accorder des réparations aux victimes ». Cette position s’inscrit dans une démarche plus large de lutte contre l’impunité et de respect des droits humains.
Au cours de sa visite, la rapporteuse s’est intéressée à l’application de la loi par les forces de l’ordre, notamment la police et la gendarmerie, en matière de contrôle des foules et d’enquêtes. Elle a souligné la nécessité de revoir les pratiques en vigueur et d’assurer une meilleure conformité avec les standards internationaux en matière de droits de l’homme.
« Je demande instamment au Sénégal d’abroger la loi d’amnistie qui accorde une immunité de poursuites aux personnes qui auraient été impliquées dans le recours à une force excessive et dans d’autres violations des droits de l’homme commises lors des manifestations entre mars 2021 et février 2024 », a déclaré Mme Edwards. Elle a insisté sur le fait que « le gouvernement a l’obligation d’établir la vérité sur ces événements, de rendre justice et d’accorder des réparations aux victimes dans les meilleurs délais ».
Par ailleurs, Alice Jill Edwards a appelé le gouvernement sénégalais à envisager son adhésion à l’Alliance pour un commerce sans torture, une initiative internationale visant à réglementer l’utilisation, la production et le commerce d’équipements destinés à l’application de la loi.
Elle a conclu en annonçant qu’un rapport détaillant ses observations et recommandations sera présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en mars 2026.
LE FILS DE PATRICE LUMUMBA A DAKAR
Roland Lumumba, président de la Fondation Patrice Emery Lumumba Global est à Dakar dans le cadre de la préparation du concours et gala gastronomique panafricain, qui se tient à partir du 14 février 2025.
Roland Lumumba, président de la Fondation Patrice Emery Lumumba Global est à Dakar dans le cadre de la préparation du concours et gala gastronomique panafricain, qui se tient à partir du 14 février 2025. Cette initiative dont la deuxième édition est organisée en Afrique promeut le consommer local pour la souveraineté et l’émancipation des peuples africains à travers la culture et l’économie.
La diplomatie du ventre est un des leviers utilisés par la Fondation Patrice Émery Lumumba pour promouvoir le panafricanisme. Roland Lumumba renforce ainsi l’engagement de la Fondation en faveur de l’unité africaine et du développement solidaire. Pour ce faire, elle organise un concours gastronomique panafricain. Un événement unique qui célèbre le patrimoine culinaire africain qui traverse tous les événements importants, notamment les mariages, naissances et ou deuils qui se terminent autour d’un repas.
Dakar accueille la première édition du concours sur le continent. L’initiative vise à faire aussi la promotion du consommer local et la production bio. Ce qui est un gage d’une alimentation saine. La fondation soutient aussi l’éducation à travers la «Lumumba Academy», une initiative digitale de formation pour les jeunes talents africains. L’entité s’est, en outre, engagée pour les causes humanitaires. A ce titre, Roland Lumumba s’est prononcé sur la crise actuelle à l’Est du Congo. Selon lui, la Fondation s’est mobilisée pour aider les réfugiés et les enfants victimes de la guerre. Des initiatives concrètes ont permis d’apporter, dit-il, un soutien direct aux populations les plus vulnérables.
Les enjeux politiques et panafricanistes ne sont pas en reste. Héritier de Patrice Emery Lumumba, symbole de l’unité africaine, Roland Lumumba pense qu’il faut davantage de solidarité africaine pour apporter des réponses à des crises notamment, la situation actuelle en République démocratique du Congo. Pour l’avocat «on n’a pas à s'entretuer pour régler nos problèmes que ce soit au Congo ou ailleurs en Afrique.».
Plus qu’un simple événement culinaire, le concours gastronomique panafricain, dont la première édition avait lieu à Bruxelles, est un projet de transmission, de mémoire et d’unité. Son message résonne avec les valeurs portées par Lumumba (l’indépendance, la souveraineté et l’émancipation des peuples africains à travers la culture et l’économie).
PAR Thierno Alassane Sall
AVEC LES MISES EN ACCUSATION SÉLECTIVES, ON EST MAL PARTIS
À quoi sert la Cour des comptes, au budget conséquent et aux pouvoirs importants, si ce n’est pour n’agir de manière sérieuse que sur commande ? Le Sénégal dispose-t-il de contrôleurs vraiment autonomes ?
Le rapport de la Cour des comptes sur l’état des finances publiques conforte ceux qui, comme nous, à la République des Valeurs, avons régulièrement exprimé, de manière insistante, des réserves motivées, tant par des articles de presse qu’à travers des déclarations à l’Assemblée nationale ou en d’autres instances, sur la sincérité des informations livrées par le gouvernement.
Il apparaît au grand jour que notre administration fonctionne presque comme celle du Zaïre sous Mobutu ou de la République Centrafricaine sous Bokassa.
Si ce carnage, érigé en finalité de la gouvernance, a pu prospérer, c’est bien parce que les règles les plus élémentaires applicables aux finances publiques ont été allègrement violées par plusieurs échelons censés assurer les contrôles a priori. Les responsabilités doivent être situées à tous les niveaux, tant publics (directions et services concernés des finances et du budget) que privés (banques), et les sanctions les plus élevées appliquées.
Il reste que ce rapport suscite une incrédulité chez nombre de citoyens, car la Cour des comptes a, de manière régulière, donné le quitus au gouvernement : la dernière fois en date concerne l’exercice 2022. Le projet de loi de règlement 2023 avait même été inscrit à l’ordre du jour de la dernière session extraordinaire de la 14e législature, avant d’être retiré in extremis, pour des raisons encore plus évidentes aujourd’hui.
La question qui se pose est de savoir à quoi sert la Cour des comptes, au budget conséquent et aux pouvoirs importants, si ce n’est pour n’agir de manière sérieuse que sur commande ? Existe-t-il donc, dans ce pays où les risques liés au dérapage des finances publiques sont élevés, comme en de nombreux pays d’Afrique, des instances de contrôle a posteriori vraiment indépendantes ?
Cette question se pose également pour l’Assemblée nationale, qui a voté à l’aveugle les lois de règlement, sans jamais se donner les moyens de soulever le couvercle de la marmite gouvernementale, qui exhalait déjà des odeurs sulfureuses. Il est temps, comme je l’ai demandé il y a quelques jours à l’Assemblée nationale, que cette institution se réinvente et s’approprie la plénitude de ses missions constitutionnelles.
Autrement, ce rapport n’aura servi que de faire-valoir à une commande du nouvel exécutif, qui, naturellement, n’acceptera pas de faire preuve de la même transparence lorsque le temps viendra de solder ses propres comptes. Déjà que, pour la gestion du régime passé, un tri sélectif des dossiers se déroule sous nos yeux. Des personnalités ayant accepté de se rallier au nouveau régime bénéficient d’une coupable clémence, alors même que des rapports de corps de contrôle les incriminent.
Tant que tous les présumés fautifs ne seront pas traités avec le même battage médiatique et la même rigueur judiciaire, la justice n’aura pas été exercée. L’histoire des deux premières alternances nous apprend en effet que la traque des biens mal acquis s’est souvent soldée par des règlements de comptes à grand fracas, sans que les deniers réputés détournés n’aient été recouvrés.
Cette fois également, avec les mises en accusation sélectives, on est mal partis.
par Abdoul Aziz Diop
DES ORIGINES DE L’IDENTITÉ TRANSGRESSIVE ET DE SES ÉRUPTIONS
Sorti de son dilemme, la Cour des comptes a-t-il fait sortir le citoyen lambda du sien depuis cinq mois au moins ? Seuls les vrais patriotes, loin des jeux politiques, oseront dire : « Place aux besoins du peuple, non à la vengeance politique ! »
Depuis le 2 avril 2024, il ne se passe rien dans les allées du pouvoir et au sommet de l’État qui devrait surprendre ou estomaquer les justiciables que nous sommes tous. Deux dates, pas plus, suffisent à nous rappeler qu’ayant fait semblant de n’avoir rien vu et entendu, nous serions plus honnêtes avec nous-mêmes en trouvant « normal » aujourd’hui ce que nous considérions comme « normal » en août 2016 et mars 2021 pour n’avoir été qu’un petit nombre à nous indigner par la parole et l’écrit.
Le 29 août 2016, le « décret portant révocation sans suspension des droits à pension d'un fonctionnaire » stipule en son article premier que « Monsieur Ousmane Sonko, Inspecteur des Impôts et des Domaines principal de 2e classe 2e échelon (…) est révoqué sans suspension des droits à pension pour manquement à l'obligation de discrétion professionnelle prévue à l'article 14 de la loi n°61-33 du 15 juin 1961 ». L’alinéa 1 dudit article est on ne peut plus claire puisqu’« indépendamment des règles instituées dans le Code pénal en matière de secret professionnel, tout fonctionnaire est lié par l’obligation de discrétion professionnelle pour tout ce qui concerne les documents, les faits et informations dont il a connaissance dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions ».
À son actif et à sa décharge, le législateur fait interpréter la disposition explicite par différents codes dont le Code général des Impôts et des Domaines auquel le fonctionnaire révoqué était tenu de se conformer dans l’exercice de ses fonctions. Que dit le Code ? En son alinéa 1 l’article 601 du Code général des Impôts et Domaines fait savoir expressément que « sous réserve de l’obligation qui leur est imposée par le Code de procédure pénale, les agents des Impôts et des Domaines intervenant dans l’assiette, la liquidation, le contrôle ou le recouvrement des impôts, droits, taxes et redevances, sont tenus, dans les termes de l’article 363 du Code Pénal, de garder secrets les renseignements de quelque nature qu’ils soient, recueillis dans l’exercice de leur fonction ».
Ce n’est que « lorsqu’une plainte régulière a été portée par l’Administration contre un assujetti et qu’une information a été ouverte, [que] les agents des Impôts et Domaines sont déliés du secret professionnel, vis-à-vis du juge d’instruction qui les interroge sur les faits faisant l’objet de la plainte ». À supposer que le révoqué ne s’était pas imprégné de tout ce qui est dit plus haut, Ousmane Sonko aggrave son cas à la parution de son livre intitulé « Solutions : Pour un Sénégal nouveau » (Compte d’auteur, 2018) dans lequel (Chapitre II), il dit accueillir sa « radiation » avec « soulagement car, écrit-il, j’avais moi-même entrepris le projet de sortir de l’Administration qui, après quinze ans (…) devenait une contrainte pesante pour mes activités politiques, du fait du corset de sujétions ». Celui qui aurait dû démissionner, préféra une première opération transgressive grâce à laquelle il accéléra son ascension dans un contexte où le calme plat céda la place à la surenchère politique correspondant, en quelque sorte, à une demande d’agitation démocratique par l’opinion à quelques mois de l’élection présidentielle de février 2019.
La suite, bien connue, se passa de commentaire jusqu’à la survenue, le 2 mars 2020, du premier cas de Coronavirus au Sénégal. Le pays venait de rentrer dans le tourbillon de la pandémie de Covid-19. L'état d'urgence assorti d'un couvre-feu nocturne de 21H00 à 05H00 est instauré le 5 janvier 2021 pour les régions de Dakar et Thiès où se concentre la grande majorité des contaminations. La mesure est reconduite pour un mois le 20 janvier. Le samedi, 20 février 2021, le gouvernement du Sénégal annonce une prolongation pour un mois du couvre- feu nocturne. En clair, cela veut simplement dire qu’à compter du 20 février 2021, et ce jusqu’au 20 mars 2021, interdiction est faite aux populations des régions de Dakar et de Thiès de circuler de 21H00 à 05H00. En droit facile, le but de la mesure avait été de permettre aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de protéger les populations de la grave crise sanitaire à laquelle faisait face le monde entier. C’est le moment choisi par Ousmane Sonko pour sortir nuitamment de chez lui, violant le couvre-feu et attestant par là même du second acte transgressif d’où découlent les déferlements de violences sans précédent de mars 2021 et de juin 2023.
À deux reprises, la violation de la loi égale pour tous dévoile l’identité transgressive d’un opposant politique encore loin du contrôle du pouvoir. Celui-ci lui tomba entre ses mains en avril 2024 puis, en guise de renfort politique, en novembre 2024 quand furent connues les tendances lourdes du scrutin législatif anticipé du 17 novembre 2024.
Pour obtenir la majorité écrasante dont il ne se sert depuis le début de la quinzième législature que pour lever l’immunité parlementaire des députés de l’opposition, Ousmane Sonko démarre prématurément sa campagne électorale par un point de presse pour informer l’opinion nationale et internationale des dérives et errements financiers dont les gouvernements de l’ancien président Macky Sall sont déclarés coupables par le Premier ministre, le même homme. Énième transgression de la loi qui fait que « la responsabilité de la Cour des Comptes est de réaliser l’audit du rapport sur la situation des finances publiques produit par le gouvernement, conformément au Code de Transparence dans la Gestion des Finances publiques et à la loi organique n°2012-23 du 27 décembre 2012 sur la Cour des Comptes ».
Mais jamais auparavant, la Cour des comptes n’a fait face au dilemme cornélien, l’obligeant à choisir entre le gouvernement en validant son rapport et le Premier ministre Ousmane Sonko dont les chiffres sur le déficit public, l’encours de la dette (principal augmenté des intérêts) et la disposition des ressources publiques en général par l’État faussaire du Sénégal ont déjà fait le tour du Sénégal, des zones UEMOA et CEDEAO, du reste de l’Afrique et du monde, rendant notre pays intérieurement, bilatéralement et multilatéralement infréquentable à la suite d’une cascade de dégradations sans précédent. Résultat des courses : le 12 février 2024, la Cour des comptes fait buzz, et pour longtemps encore, en démultipliant dont son rapport d’audit les griefs faits à notre administration faussaire par le nouveau chef même de ladite administration. Sorti de son dilemme, la Cour des comptes a-t-il fait sortir le citoyen lambda du sien depuis cinq mois au moins ? Pas du tout à l’analyse !
Le grand dilemme citoyen
Lorsque le rapport d’audit de la Cour des comptes nous est tombé entre les mains, nous avons parcouru les pages qui feront encore faux et mauvais débat jusqu’à la fin du mois de février 2025 au moins, en consultant la table des matières. Stupéfié par ce que nous avons lu, nous en faisons l’économie en cinq images dont celle de la page de garde dans un post publié sur notre page LinkedIn et intitulé : « La Cour des comptes a parlé : la messe et la prêche sont dites. » Déception au bout de 19 heures : pas plus de 1344 impressions, attestant du faible intérêt pour le post.
Constatant l’absence des signatures du président de la Chambre des Affaires budgétaires et financières de la Cour et du Greffier à la fin du rapport de la haute juridiction, nous en faisons état dans un deuxième post publié sur le même réseau professionnel LinkedIn. Explosion : plus de 18319 impressions au bout de 19 heures comme pour dire à qui veut l’entendre que dans cette affaire Ousmane Sonko, suspecté de mensonge d’État et considéré comme structurellement incompétent, ne peut en aucun cas avoir gain de cause. N’en déplaise à la très consciencieuse, la très compétente et la très respectable Cour des comptes.
Frappé de stupeur, l’enseignant, homme politique exceptionnel et ancien député Samba Diouldé Thiam écrit, dans un court article publié dans les colonnes de Le Public Quotidien, daté du 13 février 2025, que « la Cour a rendu une copie conforme. J'avais déjà exprimé les hypothèses qui attendaient cette Très Honorable Dame (TDH) prieuse et veilleuse sur l'usage des ressources publiques : contredire Sonko qui n'avait aucune qualité politique légale pour rendre public l'état de nos finances ou le [conforter] ». La sentence de notre magnifique aîné dans la vie et en politique, Samba Diouldé Thiam - cet homme bien - se passe de commentaire : « On ne vous en veut pas, simplement notre pays continue d'avoir très mal, la haine du vaincu vaut bien la peine que l'on punisse le Sénégal, en dégradant sa belle gueule d'exception sénégalaise. » Titre explicite de l’article : « La Cour des Comptes a produit un document commandité publiquement par le Premier ministre et maître du destin des sénégalais(es). »
« Maître du destin des sénégalais(es) » ! Pas autant que cela à notre grand soulagement. C’est que la croissance exponentielle (voir courbe en illustration d’article) des impressions, dans un post demandant à la Cour des comptes de faire signer son rapport d’audit en ligne sur son site par son président de chambre mandaté et son greffier, en dit long sur le ras-le-bol prématuré d’une opinion désabusée.
Des origines d’une identité transgressive aux instants du grand désaveu populaire de la transgression permanente, bien malins sont celles et ceux, mus par le seul amour du Sénégal, loin des tracas et combines politiciennes, qui sauront se faire entendre en disant simplement : « Stop, c’est le temps du Sénégal qui a faim et soif et non de la justice des vainqueurs ! »
Par Henriette Niang KANDE
CUPIDON A-T-IL (ENCORE) RATÉ SA CIBLE ?
En amour comme en politique, les promesses sont une constante. Ces petites phrases magiques qui électrisent les urnes, font briller les yeux, émouvoir les cœurs. Mais, comme disait si bien Charles Pasqua, "les promesses n'engagent que ceux qui y croient"
Aujourd’hui c’est la Saint-Valentin… Un grand moment (ce n’est pas le seul bien sûr !) pour (re) déclarer son amour. Mais, ce jour peut être également, l’occasion de se poser, sans téléphone, ni distraction pour discuter. Discuter vraiment pour ranimer la flamme avant qu’elle ne devienne un tas de cendres froides. Dans une romance démocratique, eh bien, c’est pareil. Parce qu’un couple, c’est comme un jardin. Si on ne l’arrose pas, il devient un terrain vague
Depuis toujours, comme les hirondelles annoncent le printemps, les promesses (amoureuses ou électorales) fleurissent. Les candidats rivalisent d’imagination pour séduire leur cible, qui, naïve mais fidèle, se laisse prendre au jeu ou retourne aux urnes à chaque scrutin, quand il s’agit d’élections. Une fois installés les élus, qu’ils soient du cœur ou politiques semblent atteints d’une mystérieuse amnésie : les promesses s’évaporent plus vite qu’un verre d’eau en plein désert. Mais qu’importe, quelques années plus tard, on remet ça !
En politique, une fois le bulletin glissé dans l’urne, la magie opère… dans l’autre sens. Les engagements sont vite oubliés, et les électeurs, mi-amnésiques, mi-résignés, attendent patiemment le prochain tour pour se faire rejouer la même comédie. Finalement, on se dit que c’est un peu comme les soldes : on espère toujours faire une bonne affaire, mais on repart souvent avec un produit défectueux.
Souvenez-vous, il y a onze mois, c’était l’euphorie. Des files d’électeurs devant les bureaux de vote, des débats animés dans les grand’ places, sur les plateaux de télévision, sur les affiches ou les tags peints aux murs, il n’y avait que des déclarations d’amour. « L’avenir, c’est nous » ! « Changement ! «, « Rupture » ! « Oust, les voleurs de la République ». Les électeurs, lassés des vieilles figures et des rengaines habituelles, avaient cru en ce souffle nouveau. Ils ont voté comme on tombe amoureux : avec le cœur et un soupçon d’aveuglement. Il y a presqu’un an, le gouvernement et une très grande partie des électeurs formaient un joli couple, plein d’espoirs et de belles intentions. Aujourd’hui, on pourrait croire que Cupidon avait une flèche en plastique.
La lune de miel avait commencé par une rotation synchrone : 54% d’électeurs parfaitement alignés. Mais voilà, qu’un certain frémissement s’invite, révélant des zones d’ombre. Le décalage du romantisme s’amorce : hier passion, aujourd’hui discussion sur les choix. Court-on le risque de l’effacement de la pleine lune de miel des premiers jours, pour assister à … une éclipse et à la désillusion ?
Il faut dire que onze mois, c’est à la fois très long et très court. Suffisamment long pour commencer à regretter certaines décisions ("Pourquoi j’ai choisi ce type ? Il ne mérite pas mon vote"), mais trop court pour que la fameuse clause de "c’est moi, pas toi" fasse son entrée dans les discours. Il n’a pas fallu longtemps pour que le vernis commence à craquer. Le premier signe ? Les petites cachotteries. Les réunions à huis clos, les décisions prises en douce, en faveur des « enfants d’avance » (doomu jiitlé) ou de leurs familles, sécurisés par une ceinture d’immunité, et indemnisés ou secourus (c’est selon), qui se sont « sacrifiés » pour que le Projet-mariage soit célébré, légalisant un arbitraire de faveurs dispensées selon des critères où le lancer de cocktails-molotovs et la bave aux lèvres ont importé davantage que la compétence. Oubliant (ignorant plutôt, par manque de culture générale) cette recommandation de Chamfort : « il faut être juste avant d’être généreux ». Il y en a un à qui on avait reproché d’avoir mis le coude sur des dossiers « sensibles ». Concernant ceux d’aujourd’hui, ce sont des corps qui sont affalés sur des dossiers, les couvrant entièrement de leurs corps et d’une totale discrétion. Passons surles relations « incestueuses » à travers des conventions, entre deux ministères d’un même gouvernement. Les citoyens, jusque-là patients, ont commencé à lever un sourcil en voyant l’émergence vestimentaire et économique, de quelques-uns qui enflent, donnant l’impression que le pays a donné naissance à un « nouveau modèle de baudruches ». Puis les annonces contradictoires sont arrivées, comme un mauvais jeu de ping-pong..
Prenons le cas de Soda Marème, citoyenne impliquée. Lors des lives, et autres prises de parole de son leader, elle était sous le charme de ce « guerrier qui n’avait peur de rien ni de personne » et qui avait tout pour plaire : une belle éloquence, des slogans accrocheurs et une collection de casquettes qui donnaient envie de lui faire confiance. « Je l’ai écouté et je me suis dit : « Ça, c’est un homme pour qui je pourrais voter les yeux fermés. Son discours lumineux éclairait même le soleil. C’est la raison pour laquelle, même quand le « complot » a fait qu’il n’a pas pu être candidat, j’ai voté sans sourciller pour celui qu’il nous avait indiqué. Eh bien, je n’aurais pas dû ! », soupire -t-elle devant le fond d’un bol de thiébou dieune, qui ne l’était que de nom. Car depuis l’élection, le « guerrier » semble avoir oublié une promesse sur deux, et le « takko inattendu », qui tenait la chandelle sans jamais avoir pipé mot, est dépassé parles « mesures ambitieuses » devenues « complexes », et manque d’oxygène pour cause de « marge de manœuvre » étroite.
En amour comme en politique, les promesses sont une constante. Ces petites phrases magiques qui électrisent les urnes, font briller les yeux, émouvoir les cœurs. Mais, comme disait si bien Charles Pasqua, « Les promesses n'engagent que ceux qui y croient ». Une formule d’une vérité crûment ironique, un clin d’œil aux désillusions que la réalité réserve souvent à nos espoirs les plus fous. Alors, pourquoi continue-t-on d’y croire ?
Promettre, c’est un peu comme vendre un produit miracle. Ça ne coûte rien, c’est facile à emballer et, surtout, ça fait rêver. Prenez un politicien, par exemple. Lorsqu’il vous promet des loyers et les produits de grande consommation en baisse, une éducation gratuite pour tous et la fin des enchevêtrements mécaniques autour des ronds-points de Dakar, il sait très bien qu’il est en train de peindre un arc-en-ciel dans le ciel gris des soucis quotidiens. Mais, au fond, il se dit que personne n’irait probablement pas lui demander des comptes une fois élu ou nommé. C’est là toute la beauté de la promesse : elle est fugace, éphémère, et son expiration est toujours bien trop floue pour être contrôlée.
Et nous, pauvres récepteurs de ces déclarations enivrantes, que faisons-nous ? Eh bien, nous croyons. Pourquoi ? Parce que l’espoir est un antidote puissant à la morosité ambiante. Nous croyons toujours mordicus, que cette fois-ci, ce sera différent. Que la nouvelle mesure économique nous rendra riches. Que le formulaire à remplir sur le site d’un ministère ou d’un service public nous aidera enfin à voir notre projet financé. Nous croyons, parce que croire est une gymnastique mentale qui permet de supporter le poids de nos déceptions passées.
Le hic, c’est que les promesses ont un ennemi juré : la réalité. Celle-ci a une fâcheuse tendance à venir poser ses gros sabots sur nos rêves les plus doux. À ce moment-là, la belle promesse se transforme en un souvenir évasif, voire en une blague entre amis : « Tu te souviens quand ils avaient dit qu’ils allaient résoudre les problèmes en deux mois ? ». (Rires gênés). Mais, attention, n’accablons pas trop vite ceux qui promettent : ils avaient peut-être sincèrement envie d’y croire eux aussi ! Il parait que cela s’appelle le « syndrome du regret démocratique », un mal qui touche en général les citoyens dès que leurs élus commencent à prendre des décisions. C’est un classique.
Alors, que faire ? Arrêter de croire en tout ? Certainement pas. Mais peut-être adopter un soupçon de scepticisme, ce petit recul salvateur qui permet de prendre les choses avec une pointe de légèreté. Et si, un jour, quelqu’un promet monts et merveilles, on a le choix. Soit répondre avec un sourire complice : « Je t’ai entendu… mais laisse-moi voir poury croire vraiment ». Soit appliquer ce vieux dicton qui enseigne qu'il ne faut pas tirer sur une ambulance. Mais quand les brancardiers en profitent pour faire des bras d'honneur à la portière, on aurait tort de se gêner… On le leur rend. Tout simplement. Parce, si malgré tous les efforts, l’amour est en soins palliatifs, la plus belle preuve de maturité est de reconnaitre que c’est fini. Même si, lors de prochaines élections, il reste toujours qu’on peut tomber en amour de candidats pleins de promesses qu’ils oublieront six mois après !
Une chose est sûre. Il y en a ce soir, à l’image de Soda Marème, qui préfèreront rester célibataires. Ce 14 février s’annonçant sous le signe d’un diner en tête-à-tête …avec un malaise.
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LA GRANDE RÉFORME DES FINANCES PUBLIQUES
"Chaque franc dépensé devra être justifié". Le gouvernement a dévoilé ce jeudi, un plan de transformation radicale de sa gouvernance financière, allant de la digitalisation au contrôle renforcé, en passant par la responsabilisation individuelle
(SenePlus) - Suite à la publication d'un rapport critique de la Cour des comptes sur la gestion de la dette et du déficit budgétaire pendant la présidence de Macky Sall (2019-2024), le ministre des Finances sénégalais Cheikh Diba a présenté ce jeudi 13 février 2025 un vaste programme de réformes visant à redresser la gouvernance financière du pays.
Dans une déclaration qui marque un tournant dans la gestion des finances publiques sénégalaises, le ministre a dévoilé un plan structuré autour de trois axes majeurs, témoignant d'une volonté de transformation profonde du système.
Le premier axe concerne le renforcement du contrôle budgétaire et la modernisation des processus. "Cette modernisation permettra d'améliorer la qualité et la fiabilité des données financières, de faciliter leur accessibilité et d'assurer la sincérité des comptes publics", a souligné le ministre Diba. Une innovation majeure sera l'introduction d'un système d'information intégré pour la gestion des finances publiques, accompagné par la nomination d'un agent comptable dédié au suivi des projets financés sur ressources extérieures.
Le deuxième volet de la réforme s'attaque à la gestion de la dette publique, un point particulièrement sensible relevé dans le rapport de la Cour des comptes. "Le retour à l'orthodoxie en matière de gestion de la dette par une centralisation des fonctions de négociation, d'utilisation et de gestion de la dette publique" constituera le pilier de cette transformation, selon les termes du ministre. Cette centralisation vise à résoudre les problèmes liés à la dispersion actuelle des compétences dans l'administration de la dette.
Le troisième axe met l'accent sur la transparence et l'efficacité. Une innovation significative sera "l'instauration d'une déclaration de responsabilité personnelle de tous les agents impliqués dans la production de l'information financière", a précisé le ministre.
Dans un discours empreint de gravité, le ministre Diba a insisté sur l'importance historique de ces réformes : "Il ne s'agit pas d'un simple exercice de constatation, mais du début d'une transformation profonde et irréversible de la gouvernance financière au Sénégal". Il a notamment souligné que "chaque franc dépensé doit désormais être justifié" et que "chaque engagement budgétaire doit être optimisé".
"Nous devons cette rigueur aux Sénégalais. Nous devons cette transparence à nos partenaires. Nous devons cette exemplarité à l'histoire", a-t-il conclu.
BARGNY, LA COUR SUPRÊME REJETTE L'ARRÊT IMMÉDIAT DE LA CENTRALE À CHARBON
Un verdict qui divise la communauté entre frustration et espoir, alors que les contestataires restent mobilisés pour obtenir son démantèlement.
La Cour suprême a déclaré recevable la requête des habitants de Bargny visant l'annulation de la centrale à charbon, mais a rejeté leur demande d'arrêt immédiat de son activité. Une décision qui suscite à la fois frustration et espoir au sein de la communauté, bien déterminée à poursuivre le combat contre cette installation jugée néfaste pour leur environnement et leurs activités économiques.
Ce jeudi 13 fevrier 2025, plusieurs femmes transformatrices de produits halieutiques, des défenseurs des droits environnementaux ainsi que des acteurs du développement se sont rassemblés devant la Cour suprême pour suivre le verdict tant attendu concernant la centrale à charbon de Bargny.
La juridiction a reconnu la recevabilité de leur requête visant à annuler la centrale. Cependant, elle a rejeté leur demande d’arrêt immédiat de son exploitation. Un verdict qui a plongé certains dans la déception, tandis que d'autres y voient une avancée dans leur combat.
"Nous considérons cette décision comme une première victoire, mais nous ne comptons pas en rester là", affirme Daouda Gueye,président du rapen luttant contre la centrale. Selon les habitants, l'installation constitue une menace majeure pour leur santé et leur environnement. De plus, elle freine considérablement les activités économiques de plus de 1 000 femmes, notamment dans la transformation des produits halieutiques.
Face à cette situation, les contestataires annoncent la poursuite de la mobilisation pour obtenir le démantèlement de la centrale. "Nous irons jusqu’au bout pour préserver notre cadre de vie et nos moyens de subsistance", martèle Fatou samba, présente au rassemblement.
Le combat des habitants de Bargny s’inscrit dans une lutte plus large pour la justice environnementale et la préservation des droits des populations locales face aux impacts industriels;un combat que mene l'ong LSD.
PLUS DE 6 TONNES DE PRODUITS IMPROPRES À LA CONSOMMATION INCINÉRÉES
Lors de cette incinération à Sédhiou, près de 1,9 tonne de chanvre indien et 4 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation ont été détruites, pour une valeur totale estimée à 154 553 000 FCFA.
Les forces de défense et de sécurité et le service régional du commerce ont incinéré, jeudi, à Sédhiou, plus de six tonnes de produits impropres à la consommation.
L’opération s’est déroulée en présence de l’adjoint au gouverneur chargé du développement, Ba Ousmane Danfakha.
»Lors de cette incinération, près de 1,9 tonne de chanvre indien et 4 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation ont été détruites, pour une valeur totale estimée à 154 553 000 FCFA’’, a déclaré M. Danfakha.
Il a rappelé que ces produits sont composés d’aliments, de médicaments et d’autres substances interdites, représentant un danger réel pour la santé publique.
Selon le gouverneur de Sédhiou, cette opération témoigne de la vigilance et de l’engagement sans faille des services de l’État dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et la commercialisation de produits dangereux.
À travers cette action, les services déconcentrés réitèrent leur engagement à protéger les citoyens et à assainir l’environnement économique et social de la région.
Les autorités appellent à une collaboration continue entre les différents acteurs pour renforcer la sécurité et la santé publique dans la région de Sédhiou.
LE MALAISE CHEIKH DIBA
Son silence prolongé sur l'audit des finances publiques, alors même qu'il en a été l'interlocuteur principal auprès de la Cour des comptes, soulève des interrogations. Le ministère des Finances voit son pouvoir décisionnel se réduire
Le ministre des finances et du Budget a été le principal interlocuteur de l’équipe de la mission d’audit de la Cour des comptes sur les finances publiques sur la gestion 2019-2024. Malgré les révélations du Premier ministre, Cheikh Diba s’est jusque-là gardé de commenter en tout cas publiquement la gestion du régime précédent avec qui il a collaboré.
Silence radio! Jamais un ministre des Finances au Sénégal n’a été en retrait sur un dossier qui concerne les finances publiques. Malgré cette polémique qui tient le Sénégal en haleine depuis le 26 septembre 2024 avec l’annonce du Premier ministre qui, lors d’une conférence du Gouvernement, avait révélé des « maquillages de chiffres » par le pouvoir sortant, Cheikh Diba a brillé par son silence. Il s’est jusque-là gardé d’évoquer le sujet. En tout cas, pas en public. Pourtant le Sénégal l’attendait sur l’état des lieux des finances publiques commandité par le régime en place qui venait juste d’égrener 5 mois au pouvoir. Car, il a eu à occuper sous le régime de Macky Sall, l’influente direction de la Programmation budgétaire au ministère des Finances. Mais, en lieu et place de l’argentier de l’Etat, c’est le chef du gouvernement qui s’y est collé. Cheikh Diba n’était même pas à la table du gouvernement qui se livrait, selon les termes du Premier ministre, à un exercice de vérité. Ousmane Sonko était accompagné de « l’alter égo » du ministre des Finances et du Budget en l’occurrence le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr.
Ousmane Sonko était aussi entouré des ministres de la Justice et de l’Enseignement supérieur. Cette absence qui ne cesse de soulever de questions traduit-elle un malaise ? La prééminence du ministère des Finances au sein du gouvernement semble se rétrécir de plus en plus. En effet, le Premier ministre l’a dépouillé d’une de ses missions. Ousmane Sonko a décidé de centraliser toutes les dépenses d’investissements. Désormais, toutes les dépenses de l’Etat doivent être validées par le locataire du petit Palais.
Vers un isolement progressif de Cheikh Diba
Toujours est qu’il a été le principal interlocuteur de la Cour des comptes pour l’élaboration de l’audit. D’ailleurs, c’est Cheikh Diba, par ses services, qui a préparé le rapport qui a été envoyé, le 18 septembre 2024, à la Cour pour certification. C’est pourquoi, après la publication du rapport d’audit, le ministre des Finances et du Budget sera encore attendu. Va-t-il briser le silence aujourd’hui lors de la conférence de presse annoncée par le gouvernement ?
En tout cas, cité par le chroniqueur de Walfadjri, Pape Sané dans un scandale portant sur 8 milliards de Fcfa, il a, devant l’Assemblée nationale, tenue une sortie qui s’apparente à des adieux. En tout cas, en attendant qu’il soit blanchi par la Justice, les révélations portées contre lui jurent d'avec les principes sur lesquels le régime en place s’est engagé. D’ailleurs, lors d’une sortie, quelques jours après son installation, le chef de l’Etat avait appelé les membres du Gouvernement à « être irréprochables ».
« Si l’un d’entre nous, en toute responsabilité et en toute connaissance de cause, décide, dans l’intimité de son bureau, de transgresser, il ne peut entraîner personne dans une solidarité gouvernementale. Ce n’est pas notre rôle et nous devons tous le comprendre. Ce sont des choix et ils doivent être assumés par leurs auteurs», avait fait valoir le Président Bassirou Diomaye Faye. En tout état de cause, le ministre des Finance semble être à l'étroit dans ce gouvernement où il est plus perçu comme un résidus de l'ancien régime.
LE TROUPEAU TRAHI DE L'INTERIEUR
Le vol de bétail, véritable fléau pour le secteur de l’élevage au Sénégal, est parfois pratiqué par des éleveurs eux-mêmes, selon plusieurs témoignages recueillis auprès des acteurs de la filière.
Le vol de bétail, véritable fléau pour le secteur de l’élevage au Sénégal, est parfois pratiqué par des éleveurs eux-mêmes, selon plusieurs témoignages recueillis auprès des acteurs de la filière. Cette pratique, aux conséquences souvent dramatiques, freine le développement du secteur et plonge de nombreuses personnes dans la précarité.
Le soleil de janvier darde ses rayons sur le marché hebdomadaire de Dinguiraye. En cette matinée du samedi 25 janvier 2025, ce « louma » du département de Nioro du Rip, dans la région de Kaolack (Centre), vibre déjà au rythme des transactions.
Dans cet espace poussiéreux cerné de murs ocres, plusieurs centaines de bovins à la robe claire se côtoient sous un ciel d’azur. Le vent sec de l’harmattan, chargé de particules, balaie le marché. Les éleveurs, reconnaissables à leurs amples boubous et leurs turbans soigneusement noués ne laissant apparaître que leurs yeux, négocient avec de potentiels clients.
Sous un majestueux arbre offrant une ombre généreuse contre la chaleur, des groupes d’hommes discutent prix et qualités des bêtes. Des bergers, bâtons à la main, tentent de maintenir l’ordre dans leurs troupeaux, tandis que les beuglements des vaches se mêlent aux conversations animées.
Cependant, il suffit d’une simple allusion au phénomène du vol de bétail pour que les langues se délient. Les voix s’élèvent, se chevauchent, chacun voulant partager son témoignage. Sa colère. Ce fléau, loin d’être exclusivement le fait d’individus extérieurs au milieu de l’élevage, révèle une réalité inquiétante : il est souvent orchestré par des acteurs internes au secteur, fragilisant de manière insidieuse l’ensemble de la filière.
A Dinguiraye, l’histoire d’Aliou Ba est sur toutes les lèvres. « Le 2 janvier dernier, un individu de mon village, accompagné de deux complices, est venu aux alentours de 22 heures voler mes trente bœufs, certains avec leurs veaux, d’une valeur estimée à plus de 20 millions de FCFA. Il m’a complètement ruiné », lâche-t-il d’une voix où perce une rage contenue.
La pilule est d’autant plus amère à avaler que malgré toutes les preuves dont il dispose, le présumé voleur, « détenteur de plus de 50 vaches », est toujours libre.
De passage au marché hebdomadaire, Aliou Diallo, venu de la localité voisine de Ndoffane, livre un témoignage des plus invraisemblables. « C’est mon propre oncle qui, en mai 2023, a volé mes deux vaches et leurs veaux », affirme-t-il, avant d’ajouter qu’il a fini par les retrouver en suivant les traces de leurs sabots jusqu’à leur lieu de détention.
À plusieurs kilomètres de Dinguiraye, le soleil est déjà haut à Ndramé Escale, bourgade frontalière nichée à quelques encablures de la Gambie. Dans son marché hebdomadaire, beuglements et hennissements se mêlent dans une symphonie familière.
Dans ce vaste espace où la terre rouge contraste avec le bleu intense du ciel, une foule bigarrée s’active déjà. Les bovins, fidèles au rendez-vous, occupent la partie extrême du marché, mais les équidés font la singularité de ce louma frontalier. Les propriétaires de chevaux et d’ânes n’hésitent pas d’apostropher les visiteurs en vantant les qualités de leurs montures.
Alors que le soleil poursuit sa course dans le ciel sénégalais, l’atmosphère, jusqu’alors animée par les négociations et les retrouvailles hebdomadaires, change imperceptiblement. Les visages se ferment, les regards se font plus graves suite à l’évocation de la problématique du vol de bétail.
El Hadj Mamadou Sow, président de l’association des éleveurs de Ndramé Escale, pointe du doigt une méthode aussi vicieuse que destructrice, orchestrée, selon lui, par des bergers itinérants. « Il arrive que nous laissions nos animaux paître dans la brousse. Mais lorsque des éleveurs nomades traversent la zone, certains n’hésitent pas à s’approprier une partie de notre troupeau et partir avec. Dans ce cas, il devient très difficile d’engager la moindre recherche », se désole-t-il, l’air impuissant.
A Missirah Wadène, commune située dans le département de Kounghel (Centre), où sévit également le mal, Aly Dicko, s’exprimant au nom de la communauté d’éleveurs mauritaniens qui s’y est établie, ne mâche pas ses mots quand il s’agit de désigner les malfrats. « Le vol de bétail est un problème interne à la communauté. Les voleurs sont souvent des voisins, et la population, complice, ne les dénonce pas. Combien de voleurs y a-t-il à Missirah ? Ils sont connus de tous, mais personne ne les dénonce », fustige-t-il.
Cheikhna Ba, coordonnateur du comité communal de lutte contre le vol de bétail à Ngainthe Pathé, dans le département de Koungheul, abonde dans le même sens et affirme : « Les voleurs, nous les connaissons tous. Ils sont parmi nous. »
Ces différents témoignages sont confirmés par Dr Ibrahima Thiam, spécialiste en production animale au Bureau régional de la FAO, basé à Dakar. « Il est important de souligner que le problème du vol de bétail est avant tout un problème local. Les voleurs sont issus des communautés elles-mêmes », tranche-t-il.
Une complicité tacite qui entrave les efforts de lutte
Des témoins, des traces, des récits concordants, il n’en manque guère. Mais dans ce monde rural où les liens familiaux sont sacrés, porter plainte contre un proche relève très souvent de l’impensable.
« L’absence de la culture de la dénonciation au sein des populations constitue le principal frein aux efforts déployés. La plupart des gens savent qui sont les responsables, mais choisissent de se taire. Cette omerta complique considérablement cette lutte, malgré toutes les dispositions prises par l’État pour y remédier », regrette Abdoulaye Diop, le sous-préfet de Ndiédieng, dans le département de Kaolack.
« Nos plaintes n’aboutissent jamais. Un voleur appréhendé ne passe que quelques jours en prison. A quoi bon dans ce cas de porter l’affaire en justice ? », rétorquent en chœur certains éleveurs qui demandent la criminalisation effective de ce délit et le durcissement des peines d’emprisonnement.
Le 22 mai 2017, l’État du Sénégal avait pourtant fait voter une loi criminalisant le vol de bétail avec pour objectif de réduire, voire éradiquer ce fléau. Mais, les résultats escomptés se font encore désirer.
« Le constat que nous avons fait, comme tout le monde d’ailleurs, est que l’application de cette loi pose problème. Ceci est peut-être dû à plusieurs facteurs. D’abord, il y a l’insuffisance des ressources judiciaires et sécuritaires pour enquêter sur le vol de bétail. Ensuite, il y a la méfiance envers le système judiciaire. Enfin, les coûts élevés des démarches administratives et des procédures judiciaires qui peuvent être excessivement chers », explique Dr Astou Fall, Coordonnatrice de la Cellule de Prévention et de Lutte contre le vol de bétail (CLCVB), au ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage.
Quoi qu’il en soit, estime Dr Ibrahima Thiam, « il est essentiel de plaider pour une évaluation des aspects législatifs et réglementaires relatifs à la criminalisation du vol de bétail. Quelles mesures ont été prises jusqu’à présent et quelles sont les contraintes rencontrées dans l’application de la législation ? Ce premier pas est crucial car le vol de bétail est un problème transversal. »
Le maire de Ndiédieng, Abdoul Aziz Mbodj, partage cet avis. « L’objectif principal d’une loi pénale est la persuasion. Si les résultats ne suivent pas, la première proposition est de s’arrêter et d’évaluer ladite loi », plaide-t-il.
Une criminalité aux lourdes conséquences socio-économiques
Les implications économiques de cette forme de criminalité sont énormes. Le vol de bétail entraîne des pertes financières considérables pour les éleveurs, affecte la stabilité économique des communautés rurales, et compromet les moyens de subsistance de nombreuses familles.
La pratique, très répandue au centre du pays, est loin d’être un phénomène circonscrit dans cette zone. À Vélingara, commune située dans le sud-est, des malfrats ont emporté en une seule nuit 24 vaches, plongeant une veuve et sa famille dans la précarité, relate Dr Thiam.
Selon les données de la FAO, au Sénégal, les éleveurs perdent annuellement 3,2 millions de dollars américains, soit deux milliards de FCFA à cause de cette pratique. En moyenne, cela représente 22 000 à 30 000 têtes de bétail (bovins, ovins, caprins et équidés) par an.
« L’élevage se meurt au Sénégal à cause du vol de bétail et ça risque d’être catastrophique pour l’économie du pays », alerte Abdoulaye Ba, secrétaire général du marché au bétail de Dinguiraye.
A Ndiédieng, de nombreux jeunes ont déserté le secteur pour devenir marchands ambulants dans la capitale, à Dakar, regrette l’édile de la commune, Abdoul Aziz Mbodji. Ce dernier fait par ailleurs savoir que beaucoup de personnes hésitent désormais à investir dans l’élevage par crainte de voir leur cheptel disparaitre du jour au lendemain.
Pour Demba Ba, président de l’Association des éleveurs de Mbirkilane, dans la région mitoyenne de Kaffrine (Centre), « si le Sénégal importe des vaches et moutons à l’occasion des grands événements religieux, c’est à cause du vol de bétail », affirme-t-il, assurant que « si nous arrivons à y mettre un terme, d’ici 3 ou 5 ans, nous n’allons plus importer. »
Si le phénomène reste préoccupant au Sénégal, il l’est davantage dans les autres pays de la sous-région. Au Mali, par exemple, entre 2019 et 2022, le nombre d’animaux volés a atteint le chiffre record de 887 250 têtes de bovins et 446 000 petits ruminants, soit 6,4 millions USD ou 3,84 milliards de FCFA/an.
La situation est encore plus critique au Burkina Faso avec 8 millions de têtes volées entre 2017 et 2021, et plus encore au Nigéria avec le chiffre astronomique de 432 millions USD, selon les estimations faites par l’Association des éleveurs de bétail Miyetti Allah du Nigéria (MACBAN, sigle anglais) en 5 ans.
En termes d’économie illicite, le vol de bétail (22 %) constitue ainsi, en Afrique de l’Ouest, le troisième fléau après le trafic d’armes (56 %) et l’enlèvement contre rançon (39 %), devançant le commerce illicite (20 %) et le commerce illicite de pétrole (20 %).
Des pistes de solutions en gestation
Pour faire face à cette endémie, la FAO s’engage à soutenir l’État du Sénégal en mettant en œuvre sept recommandations majeures. Celles-ci comprennent entre autres la création d’une coalition sous-régionale pour lutter contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest, ainsi que l’implication des communautés locales et l’utilisation d’innovations technologiques adaptées.
S’y ajoutent l’harmonisation des systèmes nationaux d’identification et de traçabilité du bétail, l’élaboration d’un programme régional sur l’identification et la traçabilité, le renforcement des cadres juridiques et le plaidoyer pour des financements dédiés à cette problématique.
El Hadj Aboubacar Bitèye, président de l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail (ANLCVB)/@APA
En attendant la concrétisation de ces différentes solutions, El Hadj Aboubacar Bitèye, tente d’agir à travers l’Association nationale de lutte contre le vol de bétail (ANLCVB), qu’il a créée en 2010. Grâce à ses efforts, quelque 11 803 têtes volées ont été retrouvées, soit 55 % des 21 430 recensées par l’association.
Établie dans une cinquantaine de localités par le biais de comités de vigilance, l’ANLCVB fonctionne grâce à ses propres ressources et parvient, tant bien que mal, à apporter sa contribution. Cependant, elle doit encore se doter des moyens nécessaires pour atteindre ses ambitions.
« Les comités de surveillance sont à bout. Nous avons besoin d’être reconnus par l’État et d’avoir plus de moyens de déplacement pour mener à bien notre mission », lance Babou Sow, président du Comité de vigilance à Missirah Wadène, dénonçant au passage la « non-implication » des chefs de village dans ce combat.
Même si leur apport dans cette lutte n’est plus à démontrer, les membres de l’ANLCVB doivent être davantage encadrés pour parer à tout abus. « Nous ne devons pas permettre à ces comités de s’arroger des prérogatives qui ne sont pas les leurs et qui relèvent des forces de défense et de sécurité. Pour cela, il faut qu’ils soient formés afin qu’ils ne se livrent pas à des actes qui seraient de nature à atteindre à la dignité des suspects », conseille le maire de Ndiédieng, Abdoul Aziz Mbodj.
Les autorités administratives ont, quant à elles, assuré de leur entière disponibilité pour participer « à cette œuvre d’utilité publique. » En Conseil des ministres du 12 février 2025, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye a ainsi souligné « l’impératif » de mettre en œuvre les « dispositifs » de prévention et de coercition « de lutte contre le vol de bétail ». De quoi faire meugler d’espoir les bovins.