VIDEOSONKO, DE L'INSUBMERSIBLE CANDIDAT À L'HYPER PREMIER MINISTRE
«On n’a pas un hyper président, on a un hyper Premier ministre…On a tout fait pour arrêter Sonko. Il a souffert toutes les misères pour ne pas être candidat. Ça, ça ne peut pas ne pas impacter les institutions », soutient Alioune Tine (AfrikaJom Center)
L’actuel chef du gouvernement Ousmane Sonko n’est pas un Premier ministre ordinaire, mais un hyper Premier ministre, résultante du dysfonctionnement démocratie, selon Alioune Tine, président du think thank AfrikaJom Center. Si des Sénégalais fantasment sur le vrai détenteur du pouvoir exécutif, on peut le comprendre. C’est loin d’être un débat sur le sexe des anges. Au vu du parcours politique et de la personnalité d’Ousmane Sonko, bien des Sénégalais sont persuadés que c’est lui le boss. Et ce serait une erreur de considérer que Sonko est un invité à la table de Diomaye et tenu de savoir se tenir. Pour corriger cette incongruité, le président d'AfrikaJom Center plaide pour la mise en application du Pacte de bonne gouvernance démocratique.
Empêché par tous les moyens institutionnels de réaliser son ambition présidentielle, il s’est retrouvé hyper Premier ministre. Charismatique chef de file des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (Pastef), qu'il a fondé en 2014), Ousmane Sonko fut un opposant farouche, un empêcheur de tourner en rond du régime Sall dont il n’a de cesse de pointer les tares.
Courageux, voire téméraire, il a connu toutes sortes de persécution politique, consenti à des sacrifices au cours des 3 dernières années, à tel enseigne que nul ne l’imaginait aujourd’hui aux affaires puisque c'est à quelques jours de la fin de la campagne électorale, à la faveur du loi d'amnistie controversée, qu'il recouvre la liberté en même temps que l'actuel président.
Pourtant, une décade plus tôt, dans les liens de la détention, il entreprenait des grèves de la faim susceptibles de nuire à sa santé. Mais le risque pris et la bravoure affichée du chef ont été payantes. Il n’a pas pu se présenter, mais son choix et sa consigne de vote ont été suivis à la lettre. Son binôme est élu haut la main avec cinquante-quatre pour cent des suffrages.
Il savait fort bien là ou ses ennuis judiciaires avec Sweet Beauty, du nom de ce salon de massage, ou il a été accusé par Adji Sarr de viol, pouvait le conduire.
Stratège et habile, très tôt, Sonko avait désigné d'autres membres de son parti pour s’assurer de mettre quelqu’un en face du candidat du pouvoir et ainsi de parer à toute éventualité ou toute tentative visant carrément à empêcher son parti de prendre part au scrutin. C’est ainsi que Bassirou Diomaye Faye est positionné et sera élu dès le premier tour de la présidentielle le 24 mars dernier. Sans surprise, lui, Ousmane Sonko sera nommé Premier ministre.
En 6 mois de magistère, étant donné la personnalité et le leadership d’Ousmane Sonko, le fondateur de Pastef (des mauvaises langues ?) disent qu’en vérité, c’est lui qui est aux manettes au palais de la République au lieu de celui qui a été consacré par la légitimité du suffrage universel.
D’aucuns, le trouvent, en tant que Premier ministre, un peu trop envahissant à tort ou à raison dans des prérogatives du Président. Pour sûr, même s’il était établi que c’est le Premier ministre qui gouverne, cela ne devrait surprendre personne outre mesure de l’Avis d’Alioune Tine, Fondateur d’AfrikaJom Center.
« On n’a pas un hyper Président, on a un hyper Premier ministre. C’est le résultat des dysfonctionnements de notre démocratie. On a tout fait pour arrêter Sonko. Il a souffert toutes les misères pour ne pas être candidat. Ça, ça ne peut pas ne pas impacter les institutions. On ne peut pas dissocier à la fois tout le vécu de Sonko et le comportement qu’il a, à l’heure actuelle », soutient Alioune Tine.
Chef du gouvernement, il est presque impossible que son influence ne déteigne sur le fonctionnement du pouvoir. Sonko incarne le Pastef et la résistance. Ousmane Sonko a fait montre d’un courage inégalable face au pouvoir répressif de Macky Sall qui a tout fait pour l’empêcher de se porter candidat. Mais il a tenu ferme en cristallisant toute la charge qu’aurait dû porter toute l’opposition.
Il faut se rappeler que quelques mois plus tôt, Diomaye n’était pas du tout connu du grand public. S’il a été élu de manière claire et nette, c’est forcément l’aura de Sonko qui a ruisselé en lui. L’éditorialiste togolais de la chaine New World Tv, l’ambassadeur Sogoyou Keguewe disait fort à propos que «Même si c’est un crapaud que Sonko désignait pour participer a cette élection, il l’aurait gagné ». Cela en dit long sur ce que représente le Premier ministre sénégalais.
Selon ce vétéran des droits humains, c’est la résultante des dysfonctionnements institutionnels sous l’ancien régime. Il en veut pour exemple toutes les misères que le régime de Macky Sall à fait subir à Ousmane Sonko en utilisant les institutions comme la justice ou l’Assemblée nationale à sa guise.
Le fonctionnement de ses institutions est critiqué depuis des années. Le besoin de leur réforme en profondeur s'est toujours posé avec acuité. À cet effet, la solution n'est pas loin. C’est la mise en œuvre du pacte national de bonne gouvernance signé par le président Diomaye Faye comme 12 autres candidats, lors de la campagne électorale qui réglerait les pathologies démocratique du Sénégal.
Cet outil de gouvernance va impulser des réformes institutionnelles nécessaires, permettant que les choses soient clarifiées entre le Président et le Premier ministre, que d’autres prérogatives soient éventuellement transférées au Parlement et que le citoyen ait surtout son mot à dire dans l’action politique. Ce sera l’amorce d’une démocratie délibérative, participative, estime Alioune Tine.