ITINÉRAIRE D’UN ÉLECTRON LIBRE
Sans doute, au regard de son pedigree, Famara Ibrahima Sagna est du calibre des hommes d’Etat - Banquier, financier, auteur, politique et non politicien, réputé homme de poigne et de caractère, il a fait ses preuves comme un efficient négociateur
Administrateur civil parmi les premiers formés par le pouvoir colonial français finissant, haut fonctionnaire dans son pays et à l’international, plusieurs fois à la tête de ministères de souveraineté et de premier plan, avant de finir par être le quatrième personnage de l’Etat, en tant que Président du Conseil économique et social (Ces), devenu Conseil économique, social et environnemental (Cese), Famara Ibrahima Sagna n’est pas que cela. Banquier, financier, auteur, politique et non politicien, réputé homme de poigne et de caractère, il a fait ses preuves comme un efficient négociateur, parce qu’électron libre, comme il se définit, qui a donné au Sénégal son premier Gouvernement de majorité présidentielle, il y a près de trente ans.
De Famara Ibrahima Sagna, sa biographie officielle et autorisée que nous exploitons in extenso (si ce n’est le chapeau ci-dessus de ce texte, le titre, les sous-titres et quelques légères réécritures) nous dit ce qui suit : il naît le 26 novembre 1938 à Ziguinchor. Dans la capitale du Sud, il fait ses études primaires, avant de poursuivre au secondaire et au supérieur à Dakar et à Paris. Ancien élève de l’Institut des Hautes Etudes d’Outre Mer de Paris (nom donné par la France à l’ancienne Ecole Nationale de la France d’Outre Mer à partir de 1958), en Section Administration générale, il est de la Promotion Charles de Gaulle (15 juin 1961). A la base juriste de formation (Droit public), Administrateur civil, Famara Ibrahima Sagna devient également analyste financier après une formation post-universitaire en France et aux Etats-Unis.
Des premiers Administrateurs civils
Administrateur Civil, il occupe, aussitôt de retour au Sénégal, en 1962, des fonctions d’autorité dans l’Administration, sous Maître Valdiodio Ndiaye, minsitre de l’Intérieur. Il commence à la Direction des Affaires Politiques et Administratives du ministère de l’Intérieur comme Administrateur mis à la disposition du Directeur. Par la suite, il occupe, dans le cadre de cette Direction, successivement les fonctions suivantes : Chef de Service de la Police des Associations, des Débits de Boissons, des Jeux et des Secours ; Chef de Service de l’Administration générale, l’actuelle Dagat (Direction générale de l’Administration Territoriale ; et Directeur adjoint. Famara Ibrahima Sagna devient le premier Sénégalais Directeur de la Protection Civile, en juillet 1963, et effectue une formation rapide à l’Ecole Nationale de la Protection Civile de Nainvilles-les-Roches, en France, et une mission d’information auprès du Préfet Raoul, son homologue français.
Il crée le corps des sapeurs pompiers
A son retour au Sénégal, il est celui qui met sur pied le corps des sapeurs pompiers, avant de quitter le ministère de l’Intérieur que dirige Abdoulaye Fofana pour rejoindre celui de l’Enseignement Technique, Professionnel et de la Formation des Cadres, et devient Directeur de Cabinet du ministre Emile Badiane. Il est, par la suite, affecté au ministère des Finances que dirige Jean Colin, comme Adjoint au Directeur du Mouvement Général des Fonds, pour répondre à son ambition de se reconvertir à l’économie et aux domaines. Après des fonctions d’autorité tenues dans l’Administration centrale, Famara Ibrahima Sagna, sur sa demande, retourne en formation post-universtaire en France et aux EtatsUnis, en vue de se spécialiser en analyste financier.
De Valdiodio à Collin, en passant par Emile Badiane et Abdoulaye Fofana
C’est ainsi qu’il est admis au Centre d’Etudes Financières, Economiques et Bancaires de Paris (Cefeb) dont il est le Président de l’Association des Etudiants et Stagiaires (12ème Promotion 1968). Il entre par la suite à l’Institut du Fonds Monétaire International (Fmi), à Washnigton, pour un Cycle d’Analyse et de Politique Financière), avant d’être contractuel pour une période de deux ans de formation dans les services de cette institution de Bretton Woods. Après ces séjours en Occident, Famara Ibrahima Sagna revient au cœur de la gestion des affaires de l’Etat pour occuper des postes de premier plan : Président Directeur général de la Société nationale de garanties et d’assistance (Sonaga) ; Directeur général de la Banque nationale pour le développement du Sénégal (Bnds) ; Administrateur de l’Administration de la Zone franche industrielle de Dakar (Zfid). Ensuite, s’ouvre, pour lui, une longue et riche carrière ministérielle : ministre du Développement rural (Agriculture, Elevage et Pêche) ; ministre du Développement industriel et de l’Artisanat (Industrie, Mines et géologie, Energie et Artisanat) ; de l’Intérieur ; de l’Economie, des Finances et du Plan ; de l’Economie, des Finances, du Plan et de l’Intégration africaine.
Riche carrière internationale
Sa carrière internationale n’en est pas moins éloquente : de 1971 à 1973, ensuite de 1979 à 1986, il est Conseiller auprès de la Délégation du Sénégal aux Assemblées annuelles communes du Fmi et du Groupe de la Banque Mondiale ; en 1972, il est Délégué du Sénégal à la Conférence des ministres des Finances du Groupe des 77 tenue à Caracas, pour mettre en place le Comité des 24 destiné à faciliter la participation des pays en développement aux négociations du Comité des 20 sur la réforme du système monétaire internaitonal ; observateur pour le Sénégal pour le Comité des Suppléants et au Comité ministériel du Comité des 24 du Groupe des 77 des Institutions de BrettonWoods ; Gouverneur suppléant pour le Sénégal auprès du Groupe de la Banque mondiale de 1974 à 1978 ; Premier Administrateur (membre du Comité de Direction) pour le Sénégal auprès de la Banque ouest africaine de développement entre 1975 et 1980 ; Premier Gouverneur pour le Sénégal auprès de la Banque islamique de développement (Bid)) de 1977 à 1978 ; Gouverneur suppléant pour le Sénégal auprès de la Banque islamique de dévelopopement (Bid) entre 1977 et 1978 ; Rapporteur général de l’Assemblée constitutive de l’Association des institutions africaines de financement du développement (1976 à 1980) ; entre 1986 et 1988, il est Chef de la Délégation du Sénégal aux Assemblées générales de la Fao ; Chef de la Délégation du Sénégal aux Assemblées générales du Fonds international pour le développement agricole (Fida) ; Président du Conseil des ministres de l’Agence pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest (Adrao) ; en 1987, il préside le Conseil des ministres du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au sahel (Cilss) ; l’année suivante et jusqu’en 1989, il est le Chef de la Délégation du Sénégal à la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) ; de 1991 à 1993, il est Gouverneur pour le Sénégal, cumulativement auprès du Fmi et du Groupe de la Banque Mondiale ; Président du Conseil des Gouverneurs de la Bad et du Conseil des Gouverneurs du Fonds africain de développement ; enfin, Président de l’Union des Conseils économiques et scoiaux et institutions similaires d’Afrique, et fellow de l’Association internationale des banquiers.
Ministre de l’Intérieur, démissionnaire du Ps pour être équidistant
Famara Ibrahima Sagna est aussi doté de la carrure d’un vrai homme politique. Entré au Parti socialiste (Ps), en janvier 1984, à la demande du Secrétaire général, le Président Abdou Diouf, il devient, à la suite du Congrès extraordinaire de ce parti, les 20, 21 et 24 janvier 1984, Secrétaire national du Bureau politique chargé des Affaires économiques et Président de la Commission des Affaires économiques et financières du Comité central. Devenu ministre de l’Intérieur en 1990, il démissionne du Ps pour tenir la balance égale entre toutes les formations politiques du pays, et n’appartiendra plus à aucun parti politique. C’est ainsi qu’il organise la réconciliation nationale grâce à cette démission portée à la connaissance des partis et de l’opinion. Le dialogue fructueux avec l’opposition et la médiation entre Maître Abdoulaye Wade et Abdou Diouf sont les conséquences de cette réconciliation qui aboutit à la formation d’un Gouvernement de majorité présidentielle, le 08 avril 1991, dans lequel il devient ministre de l’Economie, des Finances et du Plan.
Il amène Wade à Diouf, et le quitte à cause de Habib Thiam
Par la suite, Famara Ibrahima Sagna, tenant compte de certaines difficultés relationnelle avec le Priemer ministre, adresse une lettre au Président de la République, le 30 novembre 1992, pour faire connaître sa décision d’arrêter sa participation au Gouvernement si, en cas de victoire de Abdou Diouf aux élections de 1993, Habib Thiam devrait être maintenu. Après ces élections présidentielle et législatives de 1993, Abdou Diouf décide de maintenir son Premier ministre. Famara Ibrahima Sagna, à son tour, n’hésite pas à quitter le gouvernement pour convenances personnelles. Mais, des négociations amicales entre le Président Abdou Diouf et lui aboutissent à une proposition de nomination comme Président du Conseil économique et social. Après consultation de ses parents et de ses amis, Famara Ibrahima Sagna accepte le poste. Il est nommé le 02 juin 1993, et devient ainsi le quatrième personnage de l’Etat
Auteur prolixe
Last but not least, Famara Ibrahima Sagna est une plume qui a, à son actif une bibliographie conséquente : «Des pionniers de Rochdale à l’Union des coopérateurs de Picardie», qui est son mémoire d’élève administrateur rédigé en 1960, à Amiens, après son stage de Préfecture au Cabinet du Préfet de la Somme, Henry Larrieu ; une étude de cas intitulée «La Zone Franc et l’Uemoa ; «La dévaluation du Franc malien (travaux pratiques au Fmi) ; «Kaléidoscope de ma vie administrative» ; «Mémoire d’un électron libre témoin de l’histoire du Sénégal de 1962 à 2009» ; «Kaléidoscope des Etats féodaux précoloniaux du Sud Sénégal avant la conquête coloniale et l’organisation administrative du territoire baptisé Casamance par le pouvoir colonial» ; «Constitution initiale du corps des Administrateurs civils du sénégal indépendant (1958 – 1961)».