LE PRESIDENT DIOMAYE FAYE TATE LE TERRAIN DE LA PAIX EN CASAMANCE
Les nouvelles autorités sont jusque-là peu bavardes au sujet du règlement du conflit casamançais qui demeure un des plus gros dossiers sur lesquels les Sénégalais les attendent. Cependant, ce silence pourrait être feint car un important travail se fait

Les nouvelles autorités sont jusque-là peu bavardes au sujet du règlement du conflit casamançais qui demeure un des plus gros dossiers sur lesquels les Sénégalais les attendent. Cependant, ce silence pourrait être feint car un important travail se fait dans l’ombre.
En fait, si l’on se fie à des sources qui suivent de près l’évolution de ce dossier, le président Bassirou Diomaye Faye a rencontré, le week-end dernier, l’amiral Farba Sarr et son groupe qui font partie des acteurs qui œuvrent depuis des années pour le retour de la paix en Casamance. Nos interlocuteurs se sont toutefois gardés de nous faire l’économie de cette rencontre qui s’est déroulée dans la plus grande discrétion. Mais l’on peut imaginer que le nouveau président a rencontré ce groupe à titre consultatif pour comprendre certains paramètres et disposer d’éléments d’informations fiables lui permettant de prendre le bon bout au moment de mettre en place son plan de paix qui lui permettrait d’avoir des résultats probants. Pour rappel, l’amiral Farba Sarr et son équipe étaient les représentants de l’Etat dans le processus qui avait conduit à la signature de l’accord de paix d’août 2022 entre certaines franges du Mfdc (Mouvement des forces démocratiques de Casamance) et le régime du président Macky Sall. Cet accord avait été suivi par un dépôt des armes par des combattants de la faction du maquis de Diakaye (Front nord). Ce dépôt avait eu lieu le 13 mai 2023 dans la localité de Mongone qui fut pendant longtemps le second quartier général de cette faction quand celle-ci était dirigée par le commandant Kamougué Diatta. Les armes rendues avaient été incinérées au mois de décembre dernier à la périphérie de Ziguinchor en présence d’organisations non gouvernementales qui accompagnent le processus de paix comme le Malao (Mouvement contre les armes légères en Afrique de l’ouest), les autorités de l’Etat et les ex-combattants de Diakaye, la faction signataire de cet accord.
Implication d’autres groupes sous Macky Sall
Signalons qu’outre l’amiral Sarr et son groupe, plusieurs autres groupes d’acteurs sont impliqués dans le processus de paix depuis l’arrivée du président Macky Sall au pouvoir en 2012. Il s’agit notamment du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC), dirigé par l’ancien ministre d’Etat Robert Sagna qui regroupe de nombreux cadres casamançais de premier rang et des organisations locales très au fait des soubassements de ce conflit. Ce groupe a réussi à sillonner tous les coins et recoins de la Casamance, de Diogué à l’embouchure du fleuve Casamance à Gouloumbou à la limite territoriale entre la région de Kolda et celle de Tambacounda, dans sa recherche inlassable de paix.
Hélas tous ces groupes travaillaient en ordre dispersé et sans une synergie d’actions entre eux. Sur le terrain, on assiste même à une rivalité de ces acteurs. Ce qui a été souvent décrié par de nombreux observateurs qui estiment que ce manque de synergie est l’une des causes du retard d’un retour d’une paix durable en Casamance. Toutefois, certains soutiennent que cette dispersion des forces prétendant tous œuvrer pour la paix en Casamance aurait été voulue et même orchestrée par le président Macky Sall, pour des raisons que lui seul sait. Ce dernier, en même temps qu’il travaillait avec tous ces groupes, aurait été toujours méfiant vis-à-vis de certains d’entre eux.
Quelle sera la stratégie du président Diomaye Faye et son gouvernement dans la gestion de cet épineux dossier pour éviter les faux-pas du passé qui ont empêché ses prédécesseurs de trouver une solution définitive à ce conflit ? Attendons de voir.