L’ESPOIR D’UNE RECONCILIATION DES FORCES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ AVEC LES POPULATIONS EST PERMIS
Avec la nomination des généraux Jean-Baptiste tine et Birane Diop à l’intérieur et aux forces armées - Les hommes qu’il faut aux places qu’il faut ! Cet adage a été respecté dans la formation du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko.
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Ces dix dernières années, les forces de sécurité et de défense (Police et Gendarmerie) étaient au cœur de la République en se distinguant par un excès de zèle dans les opérations de maintien de l’ordre. Un zèle ressenti négativement par la population. Policiers et gendarmes se sont illustrés négativement dans une répression sauvage et barbare des manifestations de l’opposition, et plus particulièrement du parti Pastef. Arrestations musclées, y compris d’adolescents, passages à tabac, tortures suivies d’emprisonnements de longue durée, traque aux « déviants » voire aux mal-pensants sur les réseaux sociaux, déploiement ubuesque de chars de combat, de véhicules de transport de troupes mais aussi de poulets et de pandores lourdement armés à tous les coins de rues…tout cela avait fini par exaspérer la population. Et donc à rendre impopulaires la Police et la Gendarmerie à ses yeux. Avec la nomination salutaire et pleine d’espoir des généraux Jean-Baptiste Tine et Birane Diop respectivement aux ministères de l’Intérieur et des Forces armées, il semble que le nouveau président de la République, Bassirou Diomaye Faye, chef-suprême des Armées, entende placer l’Armée au cœur de la Nation. Autrement dit, restaurer la confiance perdue entre les populations, les policiers et les gendarmes. Ce qui ne sera pas une mince affaire tant le président Macky Sall a rompu le lien entre ces deux corps et les Sénégalais!
Les hommes qu’il faut aux places qu’il faut ! Cet adage a été respecté dans la formation du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. Et surtout au niveau des ministères très stratégiques, car liés à la sécurité et à la défense, comme celui de l’Intérieur avec la nomination du général Jean Baptiste Tine à la tête de ce département, et des Forces armées, ministère confié au général Birame Diop. Deux valeureux généraux connus qui se sont distingués respectivement à la tête de la Gendarmerie nationale et comme chef d’état-major général des Armées. Les deux généraux de la deuxième section promus qui font leur entrée dans ce gouvernement sont très appréciés pour leur rigueur, leur droiture, leur sens du commandement et leur caractère de militaires pour ne pas dire leur « militarité » (qu’on nous pardonne le néologisme !). Dans leurs feuilles de routes, entre autres missions, figurera celle de restaurer la confiance entre militaires, policiers, gendarmes, d’un côté, et populations de l’autre. Ils devront en quelque sorte placer l’Armée au cœur de la Nation puisqu’en matière de sécurité intérieure, la gendarmerie est sous tutelle du ministre de l’Intérieur, le général Jean-Baptiste Tine. Selon un ancien chef d’état-major général des armées (Cemga), le président de la République Bassirou Diomaye Faye ne pouvait avoir meilleurs profils pour occuper les fonctions de ministre de l’Intérieur et des Forces armées que les généraux Jean-Baptiste Tine et Birame Diop. « Donc deux hommes qu’il faut aux places qu’il faut ! Parce que ces dernières années, ces deux ministères clés étaient trop politisés au point que policiers et gendarmes faisaient trop de zèle pour faire plaisir à l’autorité politique. Comme quoi, réprimer dans le sang les manifestants etse glorifier d’avoir maintenu l’ordre public était de nature à sauver la tête du ministre. Ce alors qu’en matière de maintien de l’ordre, les blessés et les morts devraient être enregistrés dans le camp des forces de l’ordre et non le contraire » nous confie ce général à la retraite qui nous rappelle les années Sopi (1998-2000) où les manifestations post-électorales étaient très violentes mais durant lesquelles il n’y avait eu jamais eu de morts ou de blessés graves du côté des manifestants. « Avez-vous suivi les violentes manifestations de Paris avec les gilets jaunes ? La plupart des blessés étaient dans les rangs des forces de l’ordre et il n’y a bien sûr pas eu un seul mot » nous prend à témoin notre ancien Cemga.
Pour la petite histoire, il est bon de rappeler qu’au lendemain de notre indépendance (1960), le plus bel édifice qui faisait, et qui fait encore jusqu’à présent, la fierté de la nation tout entière, c’est l’Armée ! Une Armée républicaine, disciplinée et loyale, mais aussi professionnelle. Surtout, une Armée de métier sagement confinée par le président Léopold Sédar Senghor dans les casernes, faute d’ennemis parce que le Sénégal avait toujours entretenu de très bonnes relations avec ses voisins. Mis à part l’épisode de la lutte indépendantiste du Paigc en Guinée-Bissau où l’armée portugaise faisait souvent des incursions en Casamance pour pourchasser les combattants d’Amilcar Cabral.
« Armée/ Développement » sous Senghor
Cette paix à nos frontières sur fond de dictature silencieuse avait poussé le président Léopold Sédar Senghor à transformer notre Armée nationale en une Armée de Développement. Derrière ce concept, une politique qui consistait à faire participer les militaires au développement économique et social de notre jeune nation. Encore une fois, compte tenu de la stabilité politique du pays et de la sous-région, l’Armée sénégalaise, par le biais du Bataillon des travaux du génie, était donc engagée sur plusieurs fronts de développement. Appelé le corps ou l’arme des « cracks » et des « savants », le Génie militaire est composé, du moins pour sa partie encadrement, par de brillants officiers ingénieurs en ponts et chaussées ainsi que dans d’autres domaines du génie civil. A Dakar comme en Casamance, au Fouta comme dans le Baol ou dans n’importe quelle partie du territoire national, l’Armée construisait des barrages (Keune), des écoles, des lycées, des dispensaires, des pistes rurales, des forages, des ponts, plantait des arbres pour arrêter le désert etc.
Si le président Senghor avait à cœur de matérialiser son concept/slogan « Armée, un outil au service du développement », son successeur le président Abdou Diouf, lui, avait tout lieu d’être fier de son « Armée/Nation ». Deux notions différentes mais visant le même but : Mettre la Grande Muette au Service de la Nation. Pour montrer que l’Armée faisait partie intégrante de cette dernière, le président Diouf avait consenti beaucoup d’efforts pour promouvoir la solidarité et l’assistance des soldats à l’endroit des populations. Le Service de Santé des Armées symbolisait le mieux ce concept puisque, à travers tout le territoire national, l’essentiel des malades soignés dans les infirmeries et hôpitaux de garnisons sont des civils. D’ailleurs, l’actuel Cemga Mbaye Cissé a fait revenir la Santé militaire à l’orthodoxie.
« Armée/Démocratie » sous Wade
Hélas ! C’est avec l’arrivée du président Abdoulaye Wade au pouvoir en 2000 que l’Armée a commencé à être « politisée » au sens propre comme au sens figuré puisque les militaires avaient acquis le droit de vote. A l’opposé de ses prédécesseurs, Wade a choisi de mettre en œuvre le concept tout spécial « Armée et Démocratie ». Dieu sait qu’au début, ils étaient très nombreux les officiers, sous-officiers et hommes du rang à se perdre dans ce concept. Jusque-là enracinés dans l’ apolitisme et éloignés des choses politiques, les militaires ont connu le chemin des urnes sous le président Wade.
Cela dit, depuis notre accession à la souveraineté internationale, jamais les forces de défense et de sécurité (Armée, Police et Gendarmerie) n’ont été autant équipées, modernisées et bichonnées que sous le président Macky Sall.
« Police/Répression » et « Gendarmerie/Persécution » sous Macky
Comme l’avait si magnifié à l’époque « Le Témoin », sous le magistère du Président Macky Sall, les budgets ont été multipliés par plusieurs fois à des centaines de milliards cfa pour l’acquisition d’équipements et d’armements. Malheureusement dernière cette puissance militaire et policière se cachait la volonté de réprimer dans le sang les populations. Et surtout les manifestants de l’opposition incarnée par le « Pastef » d’Ousmane Sonko. Les arrestations et tueries de masse avaient fini par dévier la police et la gendarmerie de leur mission consistant à sécuriser les personnes et les biens. Ou alors à encadrer les manifestations d’ordre politique. Toujours est-il que sous le président Macky Sall était né le concept « Gendarmerie-Persécution » ou « Police-Répression » incarné par le ministre de l’Intérieur dès lors que les responsables des forces de sécurité et de défense ne faisaient qu’exécuter des ordres et faire appliquer de multiples interdictions décrétées officiellement par les préfets mais en réalité par le ministre de l’Intérieur. Des décisions encouragées et légalisées par le ministre de la Justice et suivies par leurs procureurs dans la chasse ou la « mort » à l’homme-opposant ! Certes, il y a des moments dans l’existence d’une Nation où il faut bander les muscles pour faire régner l’ordre public. Mais au rythme où les manifestants étaient tués ou blessés comme des animaux, on était plus dans une démocratie mais en pleine dictature sanglante.
Avec la nomination des généraux Jean-Baptiste Tine et Birane Diop respectivement aux ministères de l’Intérieur et des Forces armées, l’espoir d’une Police et d’une Gendarmerie enfin réconciliées avec le peuple est permis !