HABIB BEYE, DE LA RÉVÉLATION À L'AMBITION DÉVORANTE
Du franc-parler à l'arrogance, il n'y a parfois qu'un pas que l'ex-international sénégalais semble prêt à franchir. Tout juste libéré de ses fonctions au Red Star, l'ancien capitaine de l'OM clame haut et fort se sentir "prêt pour la Ligue 1"
(SenePlus) - Dans un entretien avec le quotidien sportif L'Équipe vendredi 10 mai 2024, Habib Beye, tout juste libéré de ses fonctions d'entraîneur au Red Star après trois saisons réussies, s'est livré sans détour sur son avenir et ses ambitions. L'ancien consultant vedette de Canal+ entend bien poursuivre son ascension fulgurante dans les bancs de touche.
"Je me sens prêt à aller en Ligue 1", a lâché celui qui fut capitaine de l'OM par le passé, revendiquant une "ambition très élevée". Une déclaration forte qui en dit long sur les nouvelles aspirations de l'entraîneur de 46 ans.
Derrière le verbe haut se cache pourtant une véritable métamorphose chez Beye. "Je suis devenu un réel manager", avoue l'intéressé, qui se décrit comme "devenu autocentré" lors de sa carrière de joueur. "Quand tu deviens entraîneur, il faut te centrer sur les autres, prendre soin de 26 joueurs et de ton staff."
Un apprentissage que le technicien semble avoir parfaitement négocié, à en croire les "messages de remerciement" de ses anciens joueurs qui l'ont particulièrement touché. "Ma plus grande fierté, elle est là", lâche Beye avec une émotion à peine contenue.
Humilité et arrogance, un subtil équilibre
Pourtant, l'homme n'est pas du genre à se décrire comme un naïf débutant. Bien au contraire, son assurance et sa confiance en luitranchent avec les poncifs habituels des jeunes entraîneurs en devenir. "Beaucoup des nouveaux entraîneurs n'ont pas beaucoup d'expérience non plus. Mais bizarrement, j'ai l'impression que cette question-là, on se la pose beaucoup avec moi", relève-t-il avec une pointe d'agacement.
La raison ? Selon Beye, son image médiatique pèserait sur la perception de ses réelles capacités à diriger une équipe au plus haut niveau. "Parce que je suis consultant Canal+ et que les gens font toujours un rapport entre 'OK, c'était un homme de télé qui a pris une équipe de National et l'a fait monter. Mais il ferait mieux d'aller faire deux piges en L2 pour aller en L1'."
Une remise en cause que le principal intéressé balaie d'un revers de manche : "Aujourd'hui, je l'assume, je me sens prêt à aller en L1 et je l'ai démontré dans mon travail."
Un discours offensif pleinement assumé, qui détonne dans le milieu feutré du football français. "Mon métier m'a amené à prendre des positions, sur des sujets parfois très sensibles. Il est difficile aujourd'hui d'avoir un avis tranché sans être perçu comme un donneur de leçons", philosophe Beye.
Vers un choc des ambitions ?
Justement, ses prises de position assumées sur des sujets sociétaux comme le ramadan font debat. "Quand je m'exprime sur le ramadan ou le carême, c'est quelque chose de vécu. [...] Je ne parle pas de choses que je ne vis pas", se défend le Francilien.
Un engagement de tout instant que Beye assume pleinement, persuadé que cela ne devrait pas lui fermer de portes. "Il y a un dirigeant qui peut se dire aussi : 'Ce garçon a une intelligence sur ce sujet qui me plaît'", veut croire celui dont le verbe haut pourrait pourtant refroidir certains décideurs.
Qu'importe, l'ancien consultant affiche la couleur sans trembler : "Je n'ai pas dit à mes conseillers : 'Messieurs, en dessous du top 10, vous ne me parlez pas de ce qu'il se passe'. Ça n'aurait pas de sens." Seul un "vrai projet" de jeu constituerait un frein à ses ambitions pour le technicien qui se plaît à être "à contre-courant" des idées reçues.
Un petit pas pour sa carrière naissante d'entraîneur principal, mais un bond de géant pour ses rêves les plus fous ? Beye ne masque en tout cas pas son désir d'un jour rallier l'Olympique de Marseille, son club de cœur dont il fut le capitaine : "Si l'OM m'appelle, mais j'y vais en courant ! Je n'ai aucun problème à le dire."
Reste à savoir si les prétendants sauront convaincre ce ambitieux qui carbure à la remise en question permanente : "Ce ne serait pas un échec de ne jamais entraîner l'OM, ça voudrait dire que la rencontre n'a jamais eu lieu." Chez Beye, l'ambition ne connaît décidément aucune limite.