COMIQUE DÉVOTION DES POLITICIENS
EXCLUSIF SENEPLUS -Touba est devenu en cette veille du Magal, le passage obligé des politiciens - Ils ont compris que dans la politique spectacle, la tromperie est un levier pour gagner la bataille de l’image
Tous se rendent à Touba pour les besoins du grand Magal du week-end prochain. Nos hommes politiques, en quête permanente de suffrages, ont engagé une opération de séduction envers les citoyen-talibés. Mais cela nécessite une dose de « dévotion » non dissimulée.
Touba est devenu, en cette veille du grand Magal, le passage obligé des politiciens professionnels. La politique, une activité à laquelle ils s’adonnent tous les jours de l’année. Et tout rassemblement de compatriotes est une occasion rêvée pour s’afficher. Tous chantent - comme de vrais talibés - les louanges du fondateur du mouridisme. Prêts à s’asseoir à même le sol pour montrer le respect à l’égard du Khalife général ou du porte-parole de la confrérie mouride. Parfois, sous le regard amusé des cameras qui immortaliseront l’instant fatidique d’une tromperie de haut vol.
Le propos n’est pas de dénier à tous leur « mouridité ». Mais les politiciens nous ont tellement habitués à leur cirque, que l’on a du mal à distinguer la bonne graine de l’ivraie. Ceux qui, le soir, devant leur petite lucarne, s’attendent à voir un acte de dévotion derrière la comédie de nos hommes politiques, n’ont pas assimilé la leçon de l’auteur du « Prince ». Même si la mine et la démarche de nos comédiens peuvent faire croire le contraire. Ils ont compris que dans la politique spectacle, la tromperie est un levier pour gagner la bataille de l’image. Machiavel nous enseigne que le politicien qui veut avoir la grande masse de son côté, doit afficher en permanence ces cinq qualités : paraître clément, fidèle, humain, religieux et sincère. Et toute parole qui sortira de sa bouche doit tenir compte de cette vérité. En plus, il doit, autant que faire se peut «ne pas s’écarter des biens ».
De toutes les façons, le politicien n’a rien à craindre puisque la grande masse ne voit que les apparences, seule la minorité s’intéresse à ce qui va au-delà. Même dans ce cas, le politicien peut dormir sur ses deux oreilles, puisqu’il ne viendra jamais à l’esprit de cette minorité de se soulever contre cette majorité.
Nos politiques sont bien entrés en scène et Touba n’est juste qu’un plateau de tournage d’une longue comédie. Puisque dans ce pays, on est en campagne permanente, opposition et pouvoir. Tous obsédés par la quête de suffrages et de popularité. Rien d’étonnant, si certains de ces politiciens choisissent, entre autres, ces rendez-vous religieux pour jeter aux médias quelques petites phrases dont le but est d’alimenter la revue de presse. Ils savent au moins une chose : Touba devient, en cette veille de Magal, la destination privilégiée. Et fait l’objet de couverture exceptionnelle de la part des médias qui tirent aussi leur épingle du jeu.
La ville religieuse est transformée en lieu d’application de campagne-test où l’on dévoile un bout du programme de la prochaine présidentielle. La stratégie consiste à se draper dans le manteau du religieux pour faire une offre politique.
Le Magal de Touba, tout comme le prochain maouloud de Tivaouane, le gamou de Médina Baye ou de Ndiasane, le pèlerinage marial de Popenguine etc., constituent des éléments de contexte pour comprendre le comportement des hommes politiques. Leur « dévotion » n’est qu’un épouvantail pour cacher leur jeu.
Les politiciens ont réussi la prouesse de montrer que l’habit fait bel et bien le moine, à Touba. Et entre le politicien et le religieux, il s’est passé quelque chose. Malheureusement, le citoyen-talibé se trouve au cœur d’une transaction politico-religieuse dont il n’est pas demandeur. Pour les politiciens, à Touba, il y a des choses qui se font tous bas !