«IL FAUT AIDER LA PRESSE POUR QU’ELLE NE SOMBRE PAS»
Mamadou Ibra Kane, directeur général d’Africom
L’aide à la presse, la publicité, les difficultés financières des entreprises de presse sont les principaux sujets débattus lors du panel organisé par «PressAfrik» et ayant réuni des acteurs des médias. Co animateur du panel portant sur la régulation des medias avec le journaliste Mamadou Biaye et le Directeur de la communication Ousseynou Dieng, le Directeur d’Africome Mamadou Ibra Kane est revenu sur l’absence de modèle économique de la presse sénégalaise.
Selon le président du Conseil des Editeurs et Diffuseurs de Presse (CDEPS), la presse à 100 francs fait du Sénégal le plus grand tirage francophone en Afrique au sud du Sahara avec 250.000 exemplaires par jour. «Cela fait que le Sénégal passe devant de grandes économies du contient comme la Côte d’Ivoire qui, à lui seul, pèse 40% du Produit Intérieur Brut de l’espace UEMOA et le Cameroun où le journal coûte 500 francs CFA », explique le directeur de publication des quotidiens sportifs «Stades» et «Sunu Lamb». Cependant, il en déduit que la presse sénégalaise ne peut pas se développer dans l’environnement actuel. «Il faut l’aider pour qu’elle ne sombre pas», plaide le sieur Kane qui estime par ailleurs que la plus grande partie de la vingtaine de quotidiens sénégalais sont dans l’illégalité. «Il n’existe pas de contrats, encore moins de bulletins de salaire pour les travailleurs», dénonce-t-il. Malgré les difficultés économiques auxquelles est confrontée la presse à cause du coût extrêmement bas des titres, M. Kane n’est pas favorable à la hausse du prix du journal. «Ce prix constitue la force de la presse sénégalaise», dit-il. Toutefois, il trouve inacceptable d’avoir, dans un petit pays comme le Sénégal, 23 quotidiens dont certains sont utilisés par leurs propriétaires comme un fonds de commerce et un instrument de lobby. Du coup, le directeur général de Africome affirme que «les maîtres chanteurs n’ont rien à faire dans le secteur de la presse».
Très en verve, il a mis le doigt dans la plaie en dénonçant le manque de liberté et d’indépendance dans les médias et citant l’exemple des journaux qui chantent les louanges du pouvoir. Faisant un exposé sur la publicité et l’aide à la presse, le directeur de la Communication Ousseynou Dieng soutient que le nouveau code de la presse prévoit de laisser les 60% de la publicité à la presse privée. Quant à la distribution de l’aide à la presse, dit-il, elle est laissée aux acteurs qui définissent les critères. Mais pour Mamadou Ibra Kane, il urge de changer la méthode de distribution de ces fonds aux patrons de presse. Il propose à l’Etat de mettre en place une banque pour financer les entreprises qui respectent les normes sociales et économiques. Pour le représentant du ministre de la Communication Yéro Moussa Diallo, des avancées remarquables sont notées dans ce sens. «Ce fonds va permettre aux autorités de savoir où va l’argent octroyé par l’Etat», affirme le secrétaire général du ministère de la communication, des TIC, des Télécommunications et de l’Economie numérique. Poursuivant, il indique qu’une sélection rigoureuse sera faite afin d’octroyer aux entreprises en règle des sommes plus conséquentes pour leur permettre de fonctionner avec un modèle économique performant.