VIDEOLE CIRQUE DES NOUVEAUX « ILLUMINES »
Les images choquantes et dégradantes qui déferlent sur les réseaux sociaux n’ont échappé à personne : une scène grotesque où des hommes, alignés derrière un imam, prient en langue wolof.

Les images choquantes et dégradantes qui déferlent sur les réseaux sociaux n’ont échappé à personne : une scène grotesque où des hommes, alignés derrière un imam, prient en langue wolof.
Cette mise en scène où les sourates du Saint Coran sont traduites de manière approximative, voire risible, et accompagnées de gestuelles qui frôlent l’irrespect, interroge profondément sur l’évolution de la religion dans notre pays. Cette farce religieuse, loin d’être une exception, s’inscrit dans une série d’événements qui témoignent d’une tendance inquiétante au Sénégal : l’exploitation du divin par des individus sans scrupules, prêts à tout pour asseoir leur pouvoir et se faire une place sous le soleil des croyants. Ce n’est donc pas la première fois que de telles scènes surgissent, mais cette fois-ci, l’humiliation semble aller plus loin. Il y a quelques années, une autre scène tout aussi dérangeante a fait la une : des individus vêtus de blanc, membres d’une secte menée par un certain Habib Diawané, avaient été arrêtés en plein « tawaf » autour de la Grande mosquée de Touba. Les exemples de tels « illuminés » sont nombreux au Sénégal : Zeyda Zamane, Omar Diop, Al Hassan Mbacké Rouhou Lahi Daba de Kolda… des faux prophètes qui ont tous tenté de se frayer un chemin dans la sphère publique avec des discours creux et des promesses aussi fallacieuses qu’absurdes.
Tous ces prétendus envoyés de Dieu ont voulu briser les fondements mêmes de notre foi, en s’attaquant à la pureté des enseignements du Saint Coran. Ces nouveaux prédicateurs ne respectent rien de sacré. Ils se réapproprient la foi à leur manière, pour mieux manipuler une population souvent en quête de réponses face aux difficultés de la vie quotidienne avant d’être démasqués au grand jour. Le cas Koukandé, cet illusionniste devenu célèbre sur la toile grâce à ses prétendus pouvoirs mystiques, en est un exemple parfait. Cet homme, qui avait juré de fendre l’Atlantique un premier jour de l’an, a vu ses ambitions démasquées et ses escroqueries mises à jour. Mais même après sa condamnation, son nom continue d’être associé à un culte de la personnalité sur les réseaux sociaux. Ce n’est plus simplement une question de charlatanisme : il s’agit d’une manipulation médiatique, un cirque où la foi devient une marchandise à vendre. Aujourd’hui, un nouveau cap semble être franchi.
Avec la complicité de certains médias, Koukandé, toujours aussi insubmersible, semble s’aventurer dans un domaine encore plus dangereux : celui des chants religieux.
Dans une tentative pour s’attirer la sympathie des croyants, il s’attaque désormais à des hymnes sacrés, comme le « Xilaassu Zahab » de Seydi El Hadji Malick Sy, pour les altérer et les dénaturer. Cette manœuvre n’a rien de spirituel : c’est une tentative délibérée de manipuler les émotions des croyants, de « fendre » leur cœur pour mieux se faire une place dans leur esprit. Ce phénomène n’est pas seulement une menace pour la pureté de notre foi, mais il soulève également de nombreuses questions sur la responsabilité des autorités religieuses, des médias et de la société en général.
Pourquoi permet-on à ces individus de se dévoiler sous des airs de dévotion, alors que leurs actes et leurs discours ne sont que le reflet d’une manipulation éhontée de la croyance ? Qu’attendons-nous pour mettre fin à cette dérive qui transforme la foi en un business juteux pour des opportunistes sans scrupules ? Il est grand temps de se poser les bonnes questions, de revenir aux fondements de notre foi et de rappeler, avec force et conviction, que la religion n’est ni un spectacle, ni une marchandise à vendre. Il est urgent de protéger notre héritage spirituel et de mettre un terme à l’exploitation de la naïveté des croyants. Le Sénégal mérite mieux que ces charlatans, ces faux prophètes et ces faiseurs de miracles. Il est temps de rappeler que la foi, ce n’est pas un jeu.