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11 février 2025
ENSEIGNEMENT DE ABBE JEAN BAPTISTE MANGA
Carême rythme avec l’exercice du chemin de croix. Pendant ces quarante (40) jours de jeûne, de prières, de partage, les chrétiens, chaque vendredi, s’adonnent à cet exercice de foi, sous la présidence d’un prêtre ou d’un laïc.
Carême rythme avec l’exercice du chemin de croix. Pendant ces quarante (40) jours de jeûne, de prières, de partage, les chrétiens, chaque vendredi, s’adonnent à cet exercice de foi, sous la présidence d’un prêtre ou d’un laïc. En cette troisième semaine du Carême, abbé Jean Baptiste Valter Manga, du Grand Séminaire Saint Jean Marie Vianney de Brin, dans le diocèse de Ziguinchor, revient sur l’importance de cet acte foi. Que représente le chemin de croix pour le chrétien ? Enseignement…
«Chaque année, les quarante (40) jours qui préparent les chrétiens à la célébration du mystère de la mort et de la résurrection de Jésus Christ, sont un temps favorable à divers exercices spirituels. Le chemin de croix est un de ces exercices.
Généralement, tous les vendredis les chrétiens se retrouvent à l’église ou dans un sanctuaire pour vivre ce moment de foi, sous la présidence d’un prêtre ou d’un laïc. Le chemin de croix est particulièrement développé le dernier vendredi de Carême, appelé Vendredi Saint, rappelant ainsi le dernier jour de la vie du Christ.
ORIGINES DU CHEMIN DE CROIX
Le chemin de croix, comme acte de dévotion privé ou communautaire, trouve son origine dans la volonté des chrétiens d’imiter le Christ et de vivre dans leur corps, en signe de communion, les derniers moments de celui-ci, notamment ses souffrances.
Son origine est liée à la ville de Jérusalem où Jésus a été condamné à être crucifié sur une croix et où il a donc vécu sa passion. Les chrétiens souhaitaient suivre le chemin de la passion du Christ sur les lieux où cette passion s’est déroulée des siècles auparavant. Quand l’Eglise passe de religion persécutée à religion admise et même officielle de l’empire romain avec la conversion de l’empereur Constantin en 313, le pèlerinage à Jérusalem prend de l’importance. De plus en plus de fidèles chrétiens se déplacent à Jérusalem la semaine de la passion afin de vivre le chemin de la croix, sur les pas du Christ. L’objectif était une véritable identification au Christ et une action de grâce pour ce qu’il a enduré pour l’humanité.
Aux XIVe et XVe siècles, les Franciscains (ordre créé par Saint François d’Assise en 1210), à qui est confiée la garde des lieux Saints de la Chrétienté en vertu d’un accord avec les Turcs, diffusèrent le chemin de croix en dehors de la ville de Jérusalem, notamment en Europe. L’idée de pratiquer le chemin de la Croix en dehors de son cadre ordinaire, à savoir Jérusalem, visait à permettre aux pauvres qui ne pouvaient pas se payer le voyage en terre Sainte, de vivre cet exercice spirituel dans leur propre terre. Les lieux de culte comme les églises devenaient du coup une Jérusalem où se reproduit la passion du Christ et que tout homme, quelle que soit sa condition et son cadre de vie, pouvait parcourir spirituellement le dernier chemin du Christ.
LES STATIONS DU «VIA CRUCIS»
Le chemin de la croix, «via crucis» en latin, est ponctué de divers étapes appelées stations, qui rappellent des moments marquants de cette marche. Certains de ces moments sont directement évoqués dans les évangiles, d’autres dans les textes apocryphes. Le nombre des stations a varié jusqu’à ce qu’il soit fixé à 14 au XVIIIe siècle par les Papes Clément XII et Benoît XIV. Toutefois, depuis 1958, la mise en place d’un chemin de Croix au sanctuaire marial de Lourdes en France a ajouté une quinzième station pour le faire terminer sur l’espérance en la Résurrection avec la Vierge Marie, la Mère de Jésus que celui-ci confia, à travers l’apôtre Saint Jean, à l’Eglise, du haut de la croix, avant sa mort.
LE VENDREDI SAINT, JOUR PAR EXCELLENCE DU CHEMIN DE CROIX
S’il a été étendu à d’autres jours comme les vendredis de Carême ou à l’occasion de circonstances particulières comme les pèlerinages, le chemin de croix du Vendredi Saint garde toute la symbolique de cet exercice spirituel. Dans beaucoup d’églises, l’on fait en sorte que l’heure de son exécution se rapproche des heures de la passion du Christ, suivant les indications temporelles des évangiles D’autres choisissent même de le vivre de façon plus intime, à travers un jeu de rôle des différents acteurs de la passion du Christ. Cet exercice est généralement appelé chemin de croix vivant. A Rome, par exemple, le Pape Jean Paul II s’est particulièrement illustré dans la pratique du chemin de croix le Vendredi Saint. Tant qu’il avait ses forces, il portait lui-même la croix. Tout en conservant le nombre de stations (14), il avait modifié le contenu des stations qui n’ont pas de références bibliques exactes, comme les trois chutes de Jésus, sa rencontre avec sa mère ou encore celle avec Véronique. Il les remplace alors par d’autres thèmes comme celui de Jésus au jardin des Oliviers, le reniement de Pierre, la promesse du paradis au bon larron. Le Pape Jean Paul II voulait ainsi montrer l’extraordinaire richesse du chemin de la croix pour la réflexion et la prière. Chaque année, il invitait une personne ou un groupe à proposer le texte qui accompagne le chemin de croix ; conviant même à cet exercice des non chrétiens. Le chemin de la croix reste sans aucun doute l’une des piétés populaires qui attirent le plus de monde, surtout en ce temps de Carême. Que cet exercice spirituel nous aide toujours à nous rapprocher du Christ dans sa souffrance, nous rendant sensible à la souffrance des autres, et dans sa glorification, qui sera aussi la nôtre au terme de notre vie. Bonne marche vers Pâques à la suite du Christ».
UNE LOI QUI REVOLTE LES FAMILLES DES VICTIMES A ZIGUINCHOR
Ziguinchor est l’une des régions très éprouvée et affectée par les manifestations sociopolitiques qui ont secoué le pays entre mars 2021 et juin 2023 et même récemment courant févier 2024.
Ziguinchor est l’une des régions très éprouvée et affectée par les manifestations sociopolitiques qui ont secoué le pays entre mars 2021 et juin 2023 et même récemment courant févier 2024. Une quinzaine de morts, de jeunes manifestants tués par balles, Bignona et Ziguinchor ont payé un lourd tribut à cette crise politique. La loi d’amnistie en gestation plonge déjà les parents et proches des victimes de ces manifestations dans le désarroi total. Révoltés, meurtris, ils s’expliquent difficilement la pertinence d’une telle loi.
Et lorsque Malick Mansal (oncle du jeune Ibrahima Goudiaby tué en juin dernier lors des manifestations à Ziguinchor) évoque la question, c’est pour exprimer toute sa désolation sur cette loi. «Nous n’avons pas encore fini de pleurer notre enfant tué qu’on nous sert une loi pour effacer ces crimes. Jusque-là rien. L’enquête n’a encore rien déterminé. Pire, aucune autorité n’est venue pour nous présenter des condoléances», s’offusque M. Mansal.
Même symphonie pour un autre parent d’une autre victime. Youssouf Sano, le père de Lamine Sano tué à Ziguinchor, est catégorique : «Nous ne comptons pas sur ce régime pour élucider ces crimes. Mon fils a été lâchement tué par balle, ici, à Ziguinchor. A 25 ans, il est parti à la fleur de l’âge. Et là, on nous parle d’amnestie pour faire table rase sur tout. C’est impitoyable», se désole le père Sano qui dit n’avoir aucun espoir quant au blocage de cette loi à l’Assemblée nationale. «Nous savons que cette loi va passer, comme lettre a la poste, à l’assemblée nationale. Car la majorité va voter cette loi sans se soucier des victimes», martèle-t-il.
Partagées entre révolte et désolation, les familles des victimes de ces manifestations ne cachent pas leur amertume, face à ce qu’elles qualifient de loi regrettable. «Cette loi d’amnistie pouvait prospérer si elle ne concernait pas les crimes commis sur des jeunes innocents qui n’avaient que le seul tort de sortir manifester pour éviter que leur avenir soit sceller par des décisions malheureuses…», peste Malick Mansal.
Le plus grand décompte macabre de ces manifestations de mars 2021, malheureusement, a été fait à Ziguinchor. Rien que dans la commune de Ziguinchor, dix (10) jeunes ont péri dans ces manifestations sociopolitiques qui ont également engendré des morts à Bignona. Dans la capitale du Fogny justement, cinq (05) jeunes sont morts entre 2021 et 2023.
A cela s’ajoute de nombreux dégâts matériels, des écoles saccagées et incendiées dans la commune de Ziguinchor, des stations à essence vandalisées, des maisons attaquées ; l’amplitude de dégâts à été très élevée à Ziguinchor et sa région. Et dans ce contexte de vote de loi d’amnistie, des voix discordantes continuent de résonner dans cette partie sud où les parents des jeunes tués lors des manifestations sont abasourdis et déçus par le triste sort qui a été réservé à leurs proches qui ont péri dans ces manifestations.
ALIOUNE TINE INVITE L’ETAT A «SE SERVIR DES PAROLES DE L’EGLISE POUR FIXER UNE DATE»
L’Eglise est sans ambiguïté. Elle demande la tenue des élections avant le 2 avril, conformément à la décision du Conseil constitutionnel. La position constante de l’Eglise Catholique sur l’actualité du pays a été saluée par bon nombre de Sénégalais.
L’Eglise est sans ambiguïté. Elle demande la tenue des élections avant le 2 avril, conformément à la décision du Conseil constitutionnel. La position constante de l’Eglise Catholique sur l’actualité du pays a été saluée par bon nombre de Sénégalais.
Abondant dans le même sens, Alioune Tine, de Afrikajom Center, invite les autorités étatiques à se référer sur les propositions de cette frange de la société sénégalaise pour fixer une date et tenir l’élection présidentielle. A en croire le membre de la société civile, «c’est la voix du peuple».
Selon le fondateur de Afrikajom Center, «Les paroles claires et nettes de l’Église Catholique dans ces moments historiques continuent de résonner très fort dans le cœur des Sénégalais. Les autorités publiques devraient s’en servir pour décider de la date de l’élection présidentielle. C’est la voix du peuple et celle de la raison. C’est la voie de la sagesse, de la paix et de la stabilité du Sénégal», a publié Alioune Tine sur X.
Le fondateur de Afrikajom Center invite les autorités publiques «à se servir des paroles de l’Église Catholique pour décider de la date de l’élection». Selon Alioune Tine, «c’est la voix du peuple et celle de la raison». Pour rappel, lors de son intervention au dialogue national, le président du Conseil national du Laïcat du Sénégal (CNLS), Philippe Abraham Birane Tine, qui a parlé au nom de l’Eglise Catholique, relativement à l’actualité actuel du pays, a souligné la nécessité de tenir le scrutin à date. «Nous pensons qu’il est important de poursuivre le processus (électoral, ndrl). Il peut arriver des erreurs, mais elles ne doivent pas remettre en cause ce qui a été fait. C’est pourquoi nous demandons que le processus soit poursuivi. Nous voulons aussi la tenue des élections avant le 2 avril 2024. C’est bien possible. Le processus a été engagé. Si on s’entend sur le principe, nous devons nous donner les éléments pour y aller», a dit le président du CNLS.
CE N’EST PAS AU DIALOGUE DE DECIDER A CE QU’ON OUVRE LE PROCESSUS
Ndiogou Sarr, enseignant chercheur en droit constitutionnel à la faculté de droit Ucad, est formel
«Je pense qu’il est toujours bon de dialoguer et quand on dialogue, c’est pour effectivement arriver à des consensus. Seulement, j’ai un peu de réserves par rapport à ce dialogue initié par le chef de l’Etat. En tant que juriste constitutionnaliste, bien que la politique soit tellement encrée dans le cadre même du droit, mais je pense que le processus a été enclenché depuis longtemps. Le Conseil Constitutionnel a eu à pendre position, à donner une décision qui est exécutoire, qui s’impose à tout le monde, aux pouvoirs publics et à tous les citoyens.
Maintenant, le président a dit qu’il va transmettre les conclusions au Conseil pour voir ce qu’il va décider mais d’emblée, je peux vous dire que ce n’est pas au dialogue de décider à ce qu’on ouvre encore le processus. Le processus a été finalisé par une décision de justice qui est exécutoire et qui s’impose à tout le monde. Je ne vois pas donc comment le Conseil Constitutionnel qui a déjà enclenché un processus qu’il a validé jusqu’à donner la liste des candidats, pourrait se dédire et revenir éventuellement sur ce processus».
«Donc, si le Conseil suit sa logique, je pense que l’ouverture de ce processus ne pourra pas être possible. Ensuite, sur la date du 2 juin proposée, je rappelle également que le Conseil avait demandé au président de la République de saisir les autorités compétentes pour arrêter la date avant la fin de son mandat. La fin de son mandat c’est le 2 avril. Le 2 avril je pense que Macky Sall ne sera plus président du Sénégal. Il devait arrêter une date avant le 2 et comme il n’a pas exécuté la décision de justice qui a été donné, par conséquent, le juge Constitutionnel qui a été saisi d’un recours en carence déposé les 16 candidats, doit pouvoir retenir une date qui s’impose à tous au regard de ses compétence de juge des élections »
MACKY SALL AU DEFI DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Après deux jours de conclave, le dialogue national initié pour échanger sur le processus électoral de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier et la nouvelle date issue des conclusions est loin de créer l'unanimité
Après deux jours de conclave, le dialogue national initié par le chef de l’État Macky Sall pour échanger sur le processus électoral de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier et la nouvelle date issue des conclusions est loin de créer l’unanimité. Le contenu de certaines propositions de ces conclusions qui remettent en question les décisions déjà rendues par le Conseil constitutionnel concernant cette élection peinent à passer. On risque même de connaitre une crise institutionnelle tant redoutée surtout si le Conseil Constitutionnel venait à nouveau à prendre le contre-pied des « dialogueurs ».
Les conclusions du dialogue national initié par le chef de l’État Macky Sall pour échanger sur le processus électoral de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier et la nouvelle date de cette élection peuvent-elles prévaloir sur les décisions rendues par le Conseil constitutionnel dans le cadre cette élection ?
La question mérite bien d’être posée au regard du tapage médiatique autour des principales propositions formulées par la commission en charge des questions politiques et dirigée par l’actuel ministre de l’Intérieur, Me Sidiki Kaba. En effet, cette commission semble tout simplement vouloir remettre en question le pouvoir régalien des «7 Sages» dont les décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. Et ce, en préconisant entre autres la poursuite du processus électoral en cours avec les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel, la réouverture des candidatures des candidats dits spoliés avec la possibilité de leur réintégration dans la course, la date du 2 juin prochain pour la tenue de la présidentielle et le maintien au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat.
CANDIDATURE DE KARIM WADE ET CELLES DES SPOLIES FRAPPEES PAR L’AUTORITE DE LA CHOSE JUGEE
Une des principales propositions de la commission en charge des questions politiques et dirigée par le ministre de l’Intérieur, Me Sidiki Kaba, la révision des dossiers de candidatures du fils de l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade et celles des candidats dits spoliés est quasiment impossible. Et pour cause, le Conseil constitutionnel qui est le seul juge compétent à «recevoir les candidatures» et à «établir la liste des candidats après avoir vérifié la recevabilité des candidatures» a déjà rendu sa décision concernant ces cas. Et au regard de l’article 92 alinéa 3 qui précise que les «décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles», les dossiers de candidature de Karim Wade et ceux des candidats dits spoliés sont donc frappés par l’autorité de la chose jugée. Autrement dit, elles ne peuvent plus être réintégrées dans le cadre de cette élection présidentielle. La preuve, interpellé sur cette question de la réintégration de ces candidats déjà éliminés de le Conseil constitutionnel par nos confrères du quotidien l’Observateur dans leur publication d’hier, le Pr Amath Ndiaye, maître de conférence titulaire en droit public à l’UCAD, n’est pas allé par quatre chemins : «Je vois mal, par rapport à quelle démarche et par rapport à quelle procédure, ils vont pouvoir retenir des critères pour décider parmi les «spoliés» qui va rejoindre le groupe des partants.
Finalement, on va créer une quatrième catégorie, c’est-à-dire des recalés doublement spoliés. Cela va encore nous installer dans une situation inexplicable». Poursuivant son éclairage, l’enseignant chercheur en droit à l’université de Dakar a indiqué au sujet de la procédure de réintégration des candidats que l’article 34 de la Constitution n’évoque que le cas de décès, d’empêchement définitif ou de retrait d’un candidat entre l’arrêt de publication de la liste des candidats et le premier tour. «Juridiquement, il n’y a aucune possibilité pour le Conseil de revenir sur sa liste parce qu’on n’est pas dans les hypothèses qui sont énumérées par la Constitution, même si c’est un dialogue», a-t-il ajouté.
POURQUOI LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A INVALIDE LA CANDIDATURE DE KARIM WADE
Contrairement aux membres du collectif dits des candidats spoliés, Karim Wade qui avait été écarté de la course lors de la présidentielle de 2019 du fait de sa condamnation à 5 ans de prison ferme pour enrichissement illicite assorti d’une amande de 138 milliards de francs CFA était bien parti pour être au rendez-vous de cette élection. Pour rappel, son dossier de candidature qui a été déposé, dans la nuit du vendredi 22 décembre 2023 dernier a été même validé dans un premier temps par le Conseil constitutionnel. Seulement, dans la journée du 16 janvier dernier suite à un débat dans les réseaux sociaux sur l’effectivité de la renonciation à sa nationalité française du fait que son nom figurait toujours dans les listes électorales de la commune Versailles 78, lui-même est monté au créneau pour publier un décret portant sur sa renonciation à sa nationalité française signé ce même jour du 16 janvier 2024 par le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal nommé par le président Emmanuel Macron le 9 janvier 2024. Face à cette situation, le candidat Thierno Alassane Sall a donc décidé de saisir d’un recours le Conseil constitutionnel pour faire constater à Wade fils de la violation des dispositions de l’article 28 de la constitution qui dit : «Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise... ». Or, Karim Wade était encore français à la date du vendredi 22 décembre 2023 au moment où il déposait sa candidature. Dans sa liste définitive des candidats pour la présidentielle du 25 février publiée le 20 janvier, le Conseil constitutionnel a retiré le nom de Karim Wade en estimant que la déclaration sur l’honneur attestant qu’il n’avait plus sa double nationalité et qu’il a fournie dans son dossier déposé en décembre est «inexacte».
CE QUE LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A DEJA DIT SUR LA DUREE DU MANDAT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Tout comme pour les candidatures de Karim Wade et celles des autres candidats dits «spoliés», le Conseil constitutionnel s’est déjà prononcé sur la question de la durée du mandat du président de la République dans sa décision du 15 février dernier. En effet, le 8 février les députés Mouhamed Ayib Salim DAFFÉ et Samba DANG, agissant en leur nom et au nom de 38 autres députés et leurs collègue député Babacar MBAYE, agissant en son nom et au nom de 16 autres députés, avaient saisi d’un recours le Conseil constitutionnel d’un recours. Dans cette requête, ces parlementaires demandaient au Conseil constitutionnel de «déclarer contraire à la Constitution la loi n° 4/2024 adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 5 février 2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution» d’ordonner la poursuite du processus électoral et «d’ajuster, si besoin, la date de l’élection présidentielle pour tenir compte des jours de campagne perdus».
Dans le même temps, des candidats retenus par le Conseil constitutionnel dont El Hadji Mamadou Diao, Thierno Alassane Sall et Daouda Ndiaye et Bassirou Diomaye Faye l’avaient également saisi pour la légalité du décret no 2024-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Dans son considérant 14, le Conseil constitutionnel a clairement rappelé qu’il «a déjà décidé, d’une part, que la durée du mandat du président de la République ne peut être réduite ou allongée au gré des circonstances politiques, quel que soit l’objectif poursuivi ; que le mandat du président la République ne peut être prorogé en vertu des dispositions de l’article 103 précité ; que la date de l’élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat ; que d’autre part, la loi attaquée introduit dans la constitution des dispositions dont le caractère temporaire et personnel est incompatible avec le caractère permanent et général d’une disposition constitutionnelle».
CE QUE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DISAIT AUX CANDIDATS «SPOLIÉS» PAR RAPPORT AUX DÉCISIONS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le 25 janvier dernier, en marge d’une audience qu’il avait accordée à une délégation de ces candidats dits «spoliés», le chef de l’État avait profité de cette tribune pour rappeler «l’impossibilité pour lui de faire réexaminer par le Conseil constitutionnel les dossiers de candidature à l’élection présidentielle déjà rejetés par cette institution, dont les décisions» insiste-t-il «ne sont susceptibles d’aucune voie de recours». «En réponse à la requête qui lui a été adressée, le 15 janvier 2024, le Président de la République, a reçu, ce mercredi 24 janvier 2024, une délégation représentant le Collectif dit de la quarantaine de candidats aux dossiers de parrainage invalidés. Le Chef de l’Etat a salué la démarche républicaine des requérants et recueilli les préoccupations des représentants du Collectif, tout en rappelant notamment que le Conseil Constitutionnel, par sa décision n° 2/E/2024 du 20 janvier 2024, a déjà proclamé la liste définitive des candidats admis à se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Le Président de la République, garant du fonctionnement normal des institutions, a également précisé aux participants que, c’est la Constitution, en son article 92, qui dispose que «les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles», a rappelé le chef de l’État, selon un communiqué signé par le ministre, porte-parole et coordonnateur de la communication de la présidence de la République, Yoro Dia.
CES ACTES DU PRÉSIDENT MACKY SALL QUI SÈMENT LES GERMES DU CHAOS AU SÉNÉGAL APRÈS LA FIN DE SON MANDAT LE 2 AVRIL PROCHAIN
Dire que la situation que traverse actuellement le Sénégal fait craindre le pire est un secret de polichinelle,. En effet, la persistance du chef de l’État à ne pas se conformer aux décisions du Conseil constitutionnel et à passer outre les limites de ses prérogatives constitutionnelles font planer le chaos dans le pays. Alors qu’il avait hérité d’un pays quoique tendu par la crise de la troisième candidature de son prédécesseur mais gouvernable, Macky Sall semble aujourd’hui tout faire pour plonger le Sénégal dans une crise institutionnelle à travers des actes qu’il pose ces derniers jours. En témoigne, quand les députés l’avaient saisi d’une proposition de loi modifiant l’article 31 de la Constitution, le président Macky Sall tout en sachant qu’en touchant que la modification de cet article allait également avoir des incidents sur les articles 27 et 103 de la Constitution qu’il avait lui-même fait inscrit dans les clauses d’éternité, autrement dit, qu’on ne peut plus modifier, n’a rien dit sinon à prendre acte. Auparavant, c’est lui-même qui est monté au créneau pour annoncer à dix heures du démarrage de la campagne électorale, avoir pris un décret abrogeant celui convoquant le corps électoral alors qu’il n’a pas le droit de poser cet acte au risque de violer les dispositions de ces articles 27 et 103 de la Constitution et plongé le Sénégal dans une crise institutionnelle.
LE PROFESSEUR AGRÉGÉ EN DROIT, KADER BOYE AVAIT ALERTÉ SUR LE CHOAS QUE MACKY SALL VEUT SEMER
Interpellé par Sud quotidien le 23 février sur l’hypothèse du maintien au pouvoir de Macky Sall au-delà du 2 avril prochain évoquée par certains de ses camarades qui convoquent l’article 36 de la constitution, le Professeur agrégé en droit, Kader Boye par ailleurs, ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) avait alerté sur ce risque du chaos qui guette le Sénégal. En effet, précisant d’emblée que «l’article 36 vise un cas très simple qui est la normalité. C’est au cas où il y a eu élection présidentielle et qu’il y a eu un candidat qui a été élu prête serment. Après avoir pris le serment, il y a un jour de plus et puis le président sortant lui transmet les pouvoirs et s’en va». L’ancien doyen de la fac droit de l’Ucad avait prévenu que le refus du président de la République de respecter la décision du Conseil allait non seulement créé les conditions «d’un conflit ouvert» mais aussi «installer le chaos» au Sénégal. «C’est ça le chaos qu’il veut faire. Ou il (le président de la République, Ndlr) démissionne, ou bien il va dire, on reste là et on va dissoudre le Conseil constitutionnel. Et le conseil va lui rétorquer que vous n’êtes plus président ! Le cas échéant, il y aura un conflit ouvert. S’il ne tient pas l’élection présidentielle avant le 2 avril, il va installer le chaos».
CAROLINE ROUSSY, DIRECTRICE DE RECHERCHE À L’INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES (IRIS) QUALIFIE MACKY SALL D’UN «ROI QUI SAIT QU’IL VA MOURIR ET VEUT PRÉCIPITER SON PAYS DANS SA CHUTE»
Toutefois, l’ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop et Président de la plateforme «Le Sursaut citoyen», Groupe de réflexion et d’action, n’est pas le seul observateur de la scène politique sénégalaise, a déploré ce double jeu dangereux auquel s’adonne l’actuel chef de l’Etat en cette fin de son mandat. Invitée de l’émission « Le Débat » sur la chaine de télévision d’information continue française : France 24, Caroline Roussy, Directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et responsable du programme Afrique n’avait pas hésité de qualifier le dialogue initié par le chef de l’Etat le 26 et 27 février «d’une mascarade». «Ce qui se passe au Sénégal est une mascarade. De toute façon, les 19 candidats sont la liste officielle du Conseil Constitutionnel et la plupart ont choisi de ne pas participer. Donc, un dialogue national pour faire quoi ?. Si les implications n’étaient pas assez dramatiques pour les Sénégalais, je vous dirais qu’on est en plein dans une pièce de théâtre où le Roi va mourir, il sait qu’il va mourir et il précipite son pays dans sa chute».