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8 février 2025
CAN 2023, L'ÉTAT DU SÉNÉGAL VA RAPATRIER LES SÉNÉGALAIS BLOQUÉS À ABIDJAN
Un communiqué du ministère des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a annoncé le rapatriement de 68 Sénégalais bloqués à Abidjan (Côte d'Ivoire), depuis l'élimination des Lions.
iGFM (Dakar) Un communiqué du ministère des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l'Extérieur a annoncé le rapatriement de 68 Sénégalais bloqués à Abidjan (Côte d'Ivoire), depuis l'élimination des Lions, en huitièmes de finale de la CAN 2023. Une situation causée par une faute de ressources financières, précise le communiqué ci-dessous.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
Macky Sall a demandé au Premier ministre et aux ministres concernés de tenir une concertation-revue avec la communauté universitaire afin de trouver les voies et moyens rapides d’assurer le déroulement normal des enseignements.
Le Conseil des ministres s’est tenu ce mercredi 14 février 2024 au Palais de la République, sous la présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Macky SALL.
A l’entame de sa communication, le Président de la République, en ce mercredi des Cendres, a souhaité à la communauté chrétienne, un excellent mois de Carême : période de pénitence, de solidarité et de prières pour la paix et la stabilité du Sénégal.
Le Chef de l’Etat a ensuite adressé ses chaleureuses félicitations au Khalife général des Layènes, Serigne Mamadou Matar LAHI et à la Communauté Layène, suite au succès des célébrations de la 144ème édition de l’Appel de Seydina Limamou LAHI, qui s’est déroulée les 10 et 11 février 2024.
Revenant sur le développement de l’Enseignement supérieur et la transformation du système éducatif, le Président de la République a rappelé la priorité qu’il accorde au secteur de l’Education en général. A cet égard, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de veiller au bon fonctionnement des Universités publiques afin de consolider les performances de notre système d’Enseignement supérieur et la qualité du capital humain national.
Le Président de la République a notamment souligné l’impératif de promouvoir un climat scolaire et universitaire serein, ainsi que la nécessité d’une mutualisation des programmes, des ressources humaines et des fonctions support des universités en vue d’une optimisation des ressources financières mobilisées pour asseoir l’excellence universitaire dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE).
Le Chef de l’Etat a, dès lors, demandé, au Premier Ministre et aux Ministres concernés, de tenir une concertation-revue avec la communauté universitaire afin de trouver les voies et moyens rapides d’assurer le déroulement normal des enseignements et le déploiement adéquat des œuvres sociales.
Le Président de la République a, par ailleurs, rappelé l’importance primordiale qu’il accorde à la finalisation intégrale des infrastructures de l’Université du Sine-Saloum El Hadji Ibrahima NIASS (USSEIN) et au lancement des travaux de construction de l’Université Souleymane NIANG de Matam et de l’Université du Sénégal oriental.
Enfin, le Chef de l’Etat a demandé aux Ministres en charge de l’Education nationale, de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de faire un point hebdomadaire, en Conseil des ministres, sur la situation pédagogique et sociale dans les écoles et universités.
Revenant sur les préparatifs de l’exploitation de nos ressources en hydrocarbures, le Président de la République a salué l’arrivée dans les eaux territoriales sénégalaises du navire FPSO (Floating Production Storage and Offloading ou FPSO) ou unité flottante de production, de stockage et de déchargement Léopold Sédar SENGHOR dans le cadre du projet Woodside SANGOMAR FPSO Sénégal.
Le Chef de l’Etat a félicité le Gouvernement, notamment les Ministres chargés des Finances et du Pétrole, PETROSEN HOLDING SA et toutes les parties impliquées, pour le pilotage réussi de cette opération de grande envergure, avec ce bâtiment qui lance le processus d’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières.
Le Président a ainsi demandé au Premier Ministre de tenir une réunion d’évaluation avec tous les acteurs publics et privés concernés, notamment le Secrétariat du COS - PETROGAZ, en vue d’assurer la mise en opération optimale du FPSO Léopold Sédar SENGHOR.
Sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Chef de l’Etat est revenu sur les sujets suivants :
• la modernisation de la liaison maritime Dakar-Gorée et les travaux du mémorial de Gorée : en félicitant le Ministre des Pêches et de l’Economie maritime et le Directeur général du Port autonome de Dakar pour le pragmatisme et les diligences accomplies en vue de la modernisation, dans la sécurité et la sûreté, des transports maritimes entre Dakar et l’île-mémoire.
Le Président de la République a, en outre, demandé aux Ministres en charge du Patrimoine historique, des Finances et de l’Economie de prendre toutes les dispositions pour accélérer les travaux d’édification du Mémorial de Gorée, qu’il a lancés le 06 janvier 2024 ;
• l’exécution des mesures de sécurité routière : en demandant au Premier Ministre, et aux Ministres chargés de l’Intérieur, des Forces armées et des Transports terrestres, d’une part, de faire l’évaluation de l’état d’application des mesures de prévention et de sécurité routières prises l’année dernière et, d’autre part, de renforcer le déploiement des forces de sécurité au niveau des axes routiers les plus concernés par les accidents.
Dans sa communication, le Premier Ministre est revenu sur le suivi de la coordination de l’activité gouvernementale en évoquant :
• la rencontre avec les représentants des centrales syndicales ;
• la réunion du Comité des Chefs d'Etat et de Gouvernement des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies ;
• le suivi des travaux du TER.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES
• le Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire a fait une communication sur le suivi de la campagne de commercialisation de l’arachide 2023/2024, la campagne de contre saison froide 2023/2024 et les exportations de produits horticoles ;
• le Ministre, auprès du Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, chargé des Sénégalais de l’Extérieur a fait une communication sur sa participation à la conférence ministérielle de Haut niveau sur les Pays à revenu intermédiaire (PRI) tenue à Rabat le 6 février 2024.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
• le projet de loi portant organisation de l’action de l’Etat en mer ;
• le projet de décret portant changement de dénomination de la commune de Darou Mousty qui porte désormais le nom de « Daroul Mouhty ».
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris la décision suivante :
• Docteur Cheikh Tacko DIOP, Médecin en Santé publique et Economiste de la Santé, est nommé Directeur général de l’Agence de la Couverture Maladie universelle, en remplacement du Docteur Bocar Mamadou DAFF, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Fait à Dakar, le 14 février 2024
Le Ministre du Commerce, de la Consommation
et des Petites et moyennes Entreprises,
Porte-parole du Gouvernement
Abdou Karim FOFANA
Texte Collectif
DE QUEL DIALOGUE PARLE-T-ON ?
Ni de farouches guerriers aveugles refusant tout dialogue, ni des saints naïvement pacifistes. Se diviser en partisans et adversaires du dialogue, c’est ajouter de la confusion à la « confusion » qu’évoque Macky pour justifier son décret d’abrogation
Dans le combat contre le coup d’État de Macky Sall intervient un débat : les forces qui luttent contre cette forfaiture doivent-elles répondre ou non à l’appel au dialogue du président Sall ? Rappelons qu’une telle question a déjà servi à casser dans un passé récent un large et dynamique front de lutte contre le pouvoir En sera-t-il de même cette fois-ci encore ou les forces en lutte auront-elles l’intelligence de tirer les enseignements des erreurs commises afin de les éviter ?
Bien poser les termes du débat
Si la question posée est d’être pour ou contre le dialogue en principe, elle est abstraite et vide de sens, donc mal posée. Nous ne sommes ni de farouches guerriers aveugles refusant tout dialogue, ni des saints naïvement pacifistes disposés à dialoguer quelles que soient les conditions. Se diviser sur cette base en partisans et adversaires du dialogue, c’est ajouter de la confusion à la « confusion » qu’évoque Macky Sall pour justifier son décret d’abrogation. Le vrai débat est de savoir de quel dialogue sommes-nous partisans ou adversaires dans le contexte actuel.
La stratégie de Macky Sall
Macky Sall et ses complices ont annoncé et déroulé une stratégie dont la feuille de route est limpide : i) accusations de corruption du PDS contre deux juges du Conseil Constitutionnel, ii) appui de la majorité présidentielle à la demande du PDS pour la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire, iii) signature du décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral par le président Sall sous le prétexte d’une crise institutionnelle, iv) vote par la majorité présidentielle et les députés du PDS de la loi constitutionnelle reportant les élections présidentielles du 25 février au 15 décembre 2024 et prolongeant du même coup le mandat présidentiel jusqu’en début 2025.
La réponse du peuple sénégalais
Face à ce coup d’État constitutionnel de Macky Sall, tous les secteurs du peuple sénégalais sensibles à la démocratie, mouvements citoyens, syndicats de travailleurs, organisations patronales, universitaires, juristes, artistes, … se sont levés pour dire non, jusques et y compris dans les propres rangs du pouvoir en place. Autant donc le président Sall a terni l’image d’un Sénégal démocratique, autant la mobilisation exemplaire de notre peuple rejetant massivement l’atteinte portée contre sa souveraineté suscite fierté et espoir. Nous sommes ainsi présentement engagés dans une lutte dont l’enjeu majeur et l’objectif fondamental consistent à sauver notre système démocratique et notre État de droit, plus spécifiquement la souveraineté de notre peuple dont l’expression libre pour le choix à date échue de ses dirigeants vient d’être confisquée.
Alors de quel dialogue est-il question dans un tel contexte ?
Ce dialogue a été annoncé par le président Sall en même temps que la signature du décret suspendant le processus électoral. Il fait donc partie du package conçu et mis en œuvre pour réaliser le coup d’État constitutionnel. Il est à son service et sa fonction est manifeste : briser l’élan actuel de lutte notamment en divisant le front démocratique, créer un rapport de forces plus favorable à la forfaiture que présentement, faire entériner de fait le coup d’État dans un processus dit de dialogue mais dont seuls Macky et ses complices sont maîtres des objectifs, de l’ordre du jour, du calendrier et de la prise de décision finale.
Du dialogue pour la démocratie, l’État de droit et la souveraineté du peuple…
Tout d’abord, tout dialogue sérieux avec Macky Sall exige dans la situation actuelle de nécessaires préalables : libération de tous les détenus politiques, arrêt de toutes les restrictions et violations contre l’exercice des libertés publiques, retour à l’ordre démocratique. Ensuite, ce dialogue ne peut se dérouler que dans le respect strict de la Constitution qui doit se traduire par le retrait des mesures constitutives du coup d’État constitutionnel (le décret et la loi en cause) et la pleine reconnaissance des attributions du Conseil constitutionnel dans son rôle d’arbitre du processus électoral. Une fois que celui-ci aura fixé la nouvelle date de l’élection présidentielle tenant compte de la date-limite du mandat actuel (2 avril 2024), l’objectif du dialogue national sera alors de discuter des modalités de la poursuite du processus électoral et, éventuellement, des mesures à prendre pour rassurer les différentes parties prenantes.
…Ou alors vers un dialogue alternatif ?
Si Macky Sall ne veut pas s’engager dans ce dernier dialogue, tous les secteurs essentiels du peuple actuellement engagés dans la lutte pour la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit pourront et devront promouvoir ensemble un dialogue alternatif. L’objectif sera, dans une première étape, de soutenir le Conseil Constitutionnel afin qu’il puisse dire le droit. Si pour une raison ou pour une autre, celui-ci refuse de dire le droit ou que Macky refuse d’appliquer la décision de droit prise, alors l’objectif sera de préparer et de conduire la transition à la fin du mandat du président Sall, c’est-à-dire à partir du 2 avril 2024. Il s’agira notamment de mettre en place une assemblée constituante dont les membres seront les représentants de ces différents secteurs. Elle tiendra lieu de Parlement national et sera chargée de définir le cadre légal de la transition, d’élire la direction qui gouvernera le pays durant la période de transition et d’organiser les élections présidentielles.
Malado Agne, juriste, UCAD, Dakar
Félix Atchadé, médecin, Paris
Hawa Ba, sociologue et journaliste, Dakar
Elhadji Alioune Badara Ba, journaliste, Dakar
Mame Penda Ba, professeur de science politique, UGB, Saint-Louis
Selly Ba, sociologue, universitaire, Dakar
Cheikh Badiane, haut fonctionnaire international, Genève
Abdoulaye Barry; linguiste, maître de conférences titulaire, Université de Gambie.
Samba Barry, juriste, membre fondateur d’Aar Sunu Election, Dakar
Abdoulaye Bathily, professeur des universités à la retraite, UCAD, Dakar
Alymana Bathily, écrivain, sociologue des médias, Dakar
Kader Boye, juriste, ancien recteur de l’UCAD, ancien ambassadeur à l’Unesco, Dakar
Thiaba Camara Sy, administrateur de société, Dakar
Youssouf Cissé, conseil stratégie et développement, Dakar
Alioune Diatta, journaliste, Dakar
Oulimata Diatta Tricon, docteur en chirurgie buco-dentaire, La Cadière d’Azur
Sékouna Diatta, enseignant-chercheur à la faculté des Sciences et Techniques, UCAD, Dakar
Paul Dominique Corréa, sociologue, Dakar
Demba Moussa Dembélé, économiste, Dakar
Mamadou Diallo, historien, doctorant, Columbia University, New York
Abdoulaye Dieye, juriste, professeur à l’UCAD
Abdoulaye Dieng, sociologue, enseignant-chercheur à la retraite, Fastef, UCAD, Dakar
Babacar Buuba Diop, chercheur, professeur des universités, Dakar
Bachir Diop, agronome, Saint-Louis
Moustapha Diop, informaticien, Dakar
Massamba Diouf, enseignant chercheur à la faculté de médecine de l’UCAD, Dakar
Thierno Diouf, géographe, Bruxelles
Amadou Fall, historien, professeur à la retraite, UCAD, Dakar
Babacar Fall, haut fonctionnaire à la retraite, Dakar
Rokhaya Daba Fall, agropédologue, New York
Dior Fall Sow, ancienne avocate générale, TPI pour le Rwanda, Dakar
Diomaye Ndongo Faye, consultant en stratégie développement politique, Princeton, New Jersey
Makhily Gassama, écrivain, ancien ministre
Mansour Gueye, informaticien, Paris
Thierno Gueye, expert en droit international et en gestion des conflits, Dakar
Annie Jouga, architecte, Dakar
Falilou Kane, consultant en finances, Dakar
René Lake, journaliste, Washington
Mohamed Nabi Lo, informaticien, Paris
Mohamed Ly, médecin, spécialiste de santé publique, Grand Mbao
Pierre Thiam, chef et expert en gastronomie, auteur et chef d'entreprises, New York
Samba Traore, professeur des universités, ancien Directeur UFR SJP, UGB, Saint-Louis
DES CANDIDATS RECALÉS RÉCLAMENT UNE RÉFORME DE LA LOI ÉLECTORALE
Le Front démocratique pour une élection inclusive refuse le dialogue national voulu par Macky Sall et réclame une concertation sur la réforme de la loi électorale. Cheikh Tidiane Gadio dénonce les "limites" du texte
Des candidats à l’élection présidentielle membres du Front démocratique pour une élection inclusive (FDPEI) proposent au président de la République, Macky Sall, d’organiser une concertation nationale en lieu et place du dialogue national annoncé, dans le but de réviser surtout la loi électorale.
‘’Au président de la République nous lançons un appel à organiser dans les meilleurs délais, non pas un dialogue national, mais une concertation nationale sur la réforme de la loi électorale et des institutions chargées de sa mise en œuvre, et la relance du processus de l’élection présidentielle’’, a dit Cheikh Tidiane Gadio, leader du Mouvement panafricain et citoyen Luy Jot Jotna.
Il prenait part à une conférence de presse du FDPEI, une entité de l’opposition regroupant plusieurs candidats qui se disent spoliés par le Conseil constitutionnel lors du contrôle des parrains collectés pour la constitution de leur dossier de candidature.
‘’La loi électorale du Sénégal a atteint ses limites. Outre les 20 candidats ayant fait valider leurs parrains, 40 autres estiment qu’ils devraient réussir ce contrôle eux aussi. Il faut réviser’’ la loi électorale, a soutenu M. Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères.
S’exprimant au nom du FDPEI, il estime qu’une concertation nationale devrait conduire à ‘’une gestion concertée de la transition, de la mise en place d’une feuille de route pour la réconciliation nationale, pour une élection présidentielle apaisée, crédible et inclusive’’.
De même, a-t-il ajouté, ‘’la controverse sur la durée de la transition devrait trouver un compromis acceptable et raisonnable pour tous, pendant [cette concertation nationale]’’ prônée par les responsables du Front démocratique pour une élection inclusive.
M. Gadio juge que c’était ‘’une erreur grave de confier le contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel’’.
‘’D’autres instances plus habilitées’’ que cette institution à le faire devraient s’en charger, a-t-il proposé en donnant l’exemple de la Commission électorale nationale autonome.
‘’Le Sénégal a atteint le summum, avec un nombre impressionnant de candidats à la présidentielle’’, d’où la nécessité, selon lui, de ‘’voir le profil de ceux qui veulent diriger le pays’’.
Selon Cheikh Tidiane Gadio, ce problème doit être résolu dans les meilleurs délais pour que les citoyens puissent élire un président de la République ‘’le plus vite possible’’.
‘’Si les gens s’empressent d’aller à l’élection, ils le feront avec un fichier électoral qui comporte des irrégularités’’, a prévenu Mamadou Diop Decroix, un membre du FDPEI.
Le Front démocratique pour une élection inclusive dit par ailleurs attendre du président de la République ‘’des gestes forts d’apaisement’’ consistant par exemple à libérer les personnes arrêtées pour des activités ou des manifestations politiques.
Le Sénégal fait face à une crise politique depuis que Macky Sall a annoncé, le 3 février dernier, avoir annulé le décret convoquant les Sénégalais aux urnes le 25 février prochain pour l’élection d’un nouveau président de la République.
En prenant cette décision, il a invoqué des soupçons de corruption concernant des magistrats parmi ceux qui ont procédé à l’examen des 93 dossiers de candidature et jugé recevables 20 d’entre eux.
S’adressant à la nation, le chef de l’État a appelé à ‘’un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé et réconcilié’’.
L’Assemblée nationale a voté, deux jours plus tard, une proposition parlementaire reportant l’élection présidentielle au 15 décembre prochain. Lors du vote, des députés protestant contre cette proposition et le report du scrutin ont été expulsés de l’hémicycle par la Gendarmerie nationale.
Des candidats au scrutin présidentiel et des députés ont saisi le Conseil constitutionnel en vue de l’annulation de la décision du président de la République et l’organisation du vote à la date initialement prévue.
PAR Mamadou Lamine Sarr
L’EXIGENCE D’UN RENOUVEAU SOCIÉTAL ET POLITIQUE
Au-delà de la dégradation de la confiance des citoyens envers les institutions de ce pays, le report de cette élection constitue également un échec de toute la classe politique de ces deux dernières décennies
Il arrive souvent dans l’histoire ou dans l’évolution d’une Nation des moments où sa devise est mise à l’épreuve, contestée, remise en cause par ses propres citoyens. Le Sénégal a connu cela à plusieurs reprises et se retrouve une nouvelle fois dans cette situation. Notre belle et grande devise « un peuple, un but, une foi » a traversé différents moments historiques qui ont participé — pour le meilleur et pour le pire — à la consolidation de notre Nation. La crise politique de 1962, les évènements de 1968, la crise de 1988, les évènements de 1989, les alternances politiques en 2000 et 2012, pour ne citer que ceux-là, sont autant de moments pendant lesquels notre devise a été mise à l’épreuve. Malgré les importantes pertes humaines, matérielles et immatérielles qu’elles ont causées, ces différentes crises ont été gérées dans le temps grâce essentiellement aux éléments suivants : le sens aiguisé du dialogue de la société sénégalaise, le sens de la responsabilité des différents acteurs politiques et de la société civile, la responsabilité d’une armée républicaine et le rôle majeur de régulateur — ou de facilitateur — de la sphère religieuse et traditionnelle. Ainsi, malgré les difficultés et les problèmes de différentes natures, le pays a su se reposer sur ses fondements pour s’ériger une image d’une démocratie — du moins électorale — et d’un pays relativement stable.
Seulement, tel un lion rassasié, nous nous sommes reposés sur nos lauriers et avons cru qu’une devise, aussi belle soit-elle, est un assemblage de mots. Au-delà des mots et de leurs significations, une devise représente une quête, une volonté commune, un idéal qui doit être entretenu par toutes les composantes de la Nation. Depuis des décennies, nous n’avons pas su extirper de notre devise toute la force qu’elle recèle pour combattre les fortes inégalités économiques qui gangrènent la société sénégalaise ; de la politisation de la fonction publique ; de l’injustice sociale ; des imperfections et des tares de notre système judiciaire ; de l’explosion d’internet et des réseaux sociaux et de leurs impacts sur notre jeunesse ; du clientélisme et du favoritisme notamment dans la classe politique.
Toutes ces dimensions de la crise sociétale que traverse notre pays ces dernières années se sont ainsi cristallisées dans le champ politique, notamment dans la relation entre le pouvoir et l’opposition. On a alors assisté de plus en plus à une polarisation de la société sénégalaise en général et du monde politique en particulier. Les évènements de mars 2021 et de juin 2023 ont été les points culminants de cette polarisation et de la tension politique et sociale au Sénégal. Cette tension avait un peu baissé avec la décision du Président de la République de ne pas briguer un troisième mandat, mais sa récente décision de reporter le scrutin du 25 février prochain a complètement replongé le pays dans l’incompréhension et dans l’inquiétude.
En effet, l’annonce ce samedi 3 février par le président de la République du report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 constitue non seulement un antécédent dans la vie politique de notre État, mais aussi une preuve du recul démocratique de notre nation. Au-delà de la remise en cause légitime de sa légalité, une telle décision reflète l’état de notre système politique et de notre démocratie. La prétendue crise institutionnelle entre les membres d’un parti politique et le Conseil constitutionnel sous des soupçons de corruption ne constitue pas à notre sens une raison solide et valable pour reporter une des élections les plus importantes de notre histoire politique. Un système politique et démocratique ne peut être mis en branle uniquement sur des soupçons et ceci ne fait que participer à la fragilisation de notre système politique et de notre socle démocratique. La souveraineté du peuple doit être au-dessus de toute considération personnelle ou partisane et il est nécessaire que tous les acteurs politiques soient pleinement conscients de cela et qu’ils agissent et parlent avec une grande éthique.
L’élection présidentielle est le plus important rendez-vous électoral de notre pays. C’est un rendez-vous entre le peuple et son destin, un rendez-vous entre le peuple et son guide pour une durée déterminée. Ces dernières années, les Sénégalais ont subi des crises politiques et sociales qui ont menacé la stabilité de ce pays et ils considéraient ce scrutin du 25 février comme une occasion pour exprimer clairement leur volonté, leurs ambitions et pour renouveler la souveraineté populaire. Le report de cette élection constitue indubitablement une violation de la volonté du peuple d’exprimer sa souveraineté par les urnes. Ce report a surtout de graves conséquences sur la confiance des citoyens sénégalais envers leurs institutions. On a assisté ces dernières décennies à une dégradation de cette confiance et la décision du chef de l’État est loin de favoriser la réhabilitation de cette confiance. La base du contrat social de tout État, plus particulièrement pour un État comme le Sénégal qui se trouve dans un processus de démocratisation, est la confiance des citoyens envers les institutions.
Au-delà de la dégradation de la confiance des citoyens envers les institutions de ce pays, le report de cette élection constitue également un échec de toute la classe politique de ces deux dernières décennies. La stabilité politique et sociale, la consolidation de l’État ainsi que le renforcement du processus de démocratisation ne peuvent avoir lieu sans un esprit républicain et un sens de la responsabilité de l’ensemble des acteurs politiques. Nombre de ces acteurs, plus particulièrement les partis politiques, n’ont pas eu cet esprit républicain et n’ont pas eu le sens de la responsabilité dans les différentes crises de ces dernières années qui nous ont conduits à cette situation sans précédent. Les acteurs politiques n’ont pas eu la bonne lecture de la tension politique et sociale que traverse notre pays que la décision du président vient renforcer.
Cette tension politique et sociale est une résultante de ces différentes menaces dont nous n’avons pas pu (ou voulu ?) faire face. Il serait simpliste et irresponsable de croire que la situation actuelle est uniquement une opposition entre partisans de différents mouvements ou coalitions politiques. Les causes sont plus profondes que cela et actuellement le pouvoir comme l’opposition ne semblent pas avoir la bonne lecture. D’une part, le pouvoir considère les différentes manifestations comme étant l’œuvre de l’opposition ou « de forces occultes » avec qui il ne semble pas vouloir traiter. D’autre part, l’opposition pense que ces expressions populaires sont de son fait et qu’elles traduisent l’ambition et la détermination de ses partisans.
Le pouvoir et l’opposition n’ont pas compris que ces revendications sont le fait d’une jeunesse frustrée et sans espoir d’un avenir meilleur. Ils n’ont pas compris que les contestations sont l’expression d’une partie de la population qui n’a pas d’étiquette politique et dont les aspirations vont au-delà d’une personne du pouvoir ou de l’opposition. Ils n’ont pas compris qu’il y a une bonne partie de la population qui est peut-être silencieuse, mais qui est prête à sanctionner durement le pouvoir comme l’opposition à travers les urnes. Le pouvoir et l’opposition n’ont tout simplement pas compris que l’enjeu les dépasse et qu’il concerne les hommes et les femmes qui composent cette Nation, qui la chérissent.
Les acteurs politiques n’ont pas saisi que la jeunesse sénégalaise a énormément évolué ces dernières décennies. Les jeunes sont de plus en plus exigeants et ils sont des acteurs d’une transformation sociale enclenchée depuis les années 2000. Le développement de la technologie, l’explosion d’internet, la dynamique des réseaux sociaux sont des éléments qui ont modifié la nature et l’action de la jeunesse, ainsi que leur rapport avec l’État. On peut regretter le manque d’engagement politique de beaucoup d’entre eux, mais une grande majorité d’entre eux a une conscience politique qu’ils expriment à travers d’autres canaux que l’engagement politique classique. Les jeunes sont dans les associations de toute nature ; ils sont dans les mouvements culturels et religieux ; ils militent pour des enjeux locaux comme globaux ; ils sont parties prenantes de la communication et de l’information à l’ère du numérique ; la jeunesse sénégalaise tente de créer, d’entreprendre, de s’adapter à la nouvelle réalité mondiale et en ce sens elle est porteuse d’une dynamique sociétale à laquelle nos gouvernants devraient accorder une attention toute particulière.
Le report ou l’annulation du scrutin présidentiel du 25 février nous interpelle également sur l’avenir de notre régime politique. Le présidentialisme au Sénégal garanti par la Constitution fait du chef de l’État l’acteur central ou principal de la vie politique avec des prérogatives extrêmement importantes. Du processus électoral à la nomination de certains juges et magistrats, en passant par la politique étrangère, le président de la République détient entre ses mains un pouvoir décisionnel qui marginalise le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire, même si ces derniers ont des prérogatives de contrôle prévues par la constitution.
Le régime politique d’un État comme le nôtre n’est pas appelé à être figé, il doit être en évolution, questionnée en cas de nécessité au grès de certains bouleversements nationaux et internationaux, mais toujours au nom d’une éthique que nous devons tous observer et développer. La situation actuelle du pays et du monde doit nous amener à interroger notre système présidentiel afin de l’améliorer ou de le remplacer par un autre et ceci uniquement pour le peuple et par le peuple. Ce n’est donc pas un tabou de remettre en question un régime politique en place depuis notre indépendance afin de consolider la souveraineté du peuple.
Il y a des choses qu’un pays en phase de démocratisation comme le Sénégal ne peut se permettre au moment où l’Afrique de l’Ouest traverse des turbulences dont notre pays est loin d’être épargné. Dans un pays démocratique qui se respecte, les débats entre les acteurs politiques ne se concentrent pas sur le fichier électoral, sur un point de la constitution, sur la participation d’un candidat du pouvoir ou de l’opposition. La responsabilité, l’éthique et l’intérêt national doivent être au cœur de l’engagement des acteurs politiques, tout comme le dialogue permanent et le consensus sont les crédos de la société en général et de la sphère politique en particulier. Pour cela, il est donc important que l’éthique et la morale soient les bases des actes et des paroles des acteurs politiques et sociaux. De plus, le chef de l’État, garant de la constitution, ne doit pas laisser le moindre doute sur sa posture qui doit être au-dessus de toute partisanerie.
Dans un pays démocratique qui se respecte, on ne restreint pas les libertés individuelles et collectives et on ne limite pas les activités des citoyens pour une affaire de justice. De même, les citoyens ne doivent pas avoir le sentiment d’une justice partiale ou à deux vitesses. Dans un pays libre et ambitieux, les acteurs politiques s’affrontent à travers des propositions de projets sociétaux avec comme seul juge le peuple. Oui, le peuple, car c’est de lui et de son avenir dont il s’agit. Les présidents et les opposants viennent et passent, mais le peuple demeure.
En tant qu’intellectuels (même si ce terme nous parait galvaudé de nos jours), nous faisons un rappel sur ce qui nous unit et nous interpellons la Nation entière sur son état et son avenir. En tant qu’intellectuels, nous ne pouvons que rappeler au pouvoir qu’en 1998, le président d’alors avait confié l’organisation et la supervision des élections à des militaires respectés, patriotes et républicains. En tant qu’intellectuels, nous ne pouvons que rappeler à l’opposition que durant cette même période, l’opposition avait accepté cette main tendue du pouvoir et que ceci a permis la première alternance du pays. Nous ne pouvons que rappeler au pouvoir qu’un des grands regrets du premier Président de ce pays aura sans doute été le sort de son ami et compagnon de lutte à la suite d’accusations de coup d’État. Nous ne pouvons que rappeler à l’opposition que malgré les évènements de 1988 et de 1993, le troisième président de ce pays a conquis le pouvoir par les urnes après 26 ans de lutte, de marginalisation, d’emprisonnement. Ce pays a besoin d’une majorité qui prend de la hauteur face aux situations de tension et d’une opposition responsable qui propose une alternative à la société.
La décision du président la République de reporter l’élection présidentielle est un épisode marquant de notre histoire politique et elle présage de lendemains incertains pour notre Nation. Il nous plait de croire qu’il y a des hommes et des femmes qui se réveillent chaque matin au Sénégal et dont l’unique ambition est de servir la Nation dans leurs différents domaines d’activités. Il nous plait de croire qu’il y a des hommes et des femmes de ce pays dont l’objectif unique est d’assurer la sécurité et le bien-être des Sénégalais. Il s’agit donc d’hommes et de femmes qui ont pour ambition de faire vivre la devise de ce pays « un Peuple, un But, une Foi ».
Dr. Mamadou Lamine Sarr est Enseignant-chercheur en Science politique à l’Université Numérique Cheikh Hamidou Kane (UNCHK)
Signataire du Manifeste des 117+
LES DESSOUS DE LA SIGNATURE DU TEXTE CONTROVERSÉ PAR DIOUF
Macky a proposé à Diouf de cosigner avec son successeurWade un texte appelant au dialogue et au respect des grands principes républicains. Le texte validant implicitement le 15 décembre pour la présidentielle aurait été signé sans le consulter
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/02/2024
Inquiet de la montée des tensions dans le pays suite au report de l'élection présidentielle, Abdou Diouf aurait tenté, la semaine dernière, de joindre le président Macky Sall, qu'il considère comme le mentor, pour discuter de la situation. Cependant, ses appels sont restés sans réponse, selon des informations rapportées par Le Témoin ce mercredi 14 janvier 2024.
Ce n'est que lundi matin que la présidence sénégalaise, et non Macky Sall lui-même, a proposé à Abdou Diouf de cosigner avec son successeur Abdoulaye Wade un texte appelant au dialogue et au respect des grands principes républicains. Abdou Diouf a donné son accord.
Quelques heures plus tard, Hamidou Sall, ancien conseiller d'Abdou Diouf devenu conseiller de Macky Sall, lui a fait parvenir un texte que l'ancien président a signé "les yeux fermés" et sans en référer à son entourage, rapporte Le Témoin. Il ne s'est aperçu qu'après coup que ce texte validait implicitement la date du 15 décembre pour la présidentielle.
Alertés par les nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, les enfants d'Abdou Diouf l'ont interpellé. C'est ce qui l'a poussé à publier un communiqué rectificatif, mardi 13 février.
AFFAIRE KRÉPIN DIATTA, LA FÉDÉRATION SÉNÉGALAISE DE FOOTBALL RÉAGIT
La FSFa réagi à l'affaire Krépin Diatta qui aurait été sanctionné par la Confédération Africaine de football (CAF) suite à ses propos tenus, en zone mixte, après l'élimination des Lions en huitièmes de finale de la CAN
iGFM (Dakar) La Fédération sénégalaise de football (FSF) a réagi à l'affaire Krépin Diatta qui aurait été sanctionné par la Confédération Africaine de football (CAF) suite à ses propos tenus, en zone mixte, après l'élimination des Lions en huitièmes de finale de la CAN 2023.
"Suite à la parution ce jour d'un article de presse faisant état de sanctions prises par le jury de la CAF contre M. Krépin Diatta, international sénégalais et à la sollicitation de confirmation de différents organes, la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) informe le public que le joueur a fait effectivement l’objet d’une procédure d’enquête disciplinaire ouverte par la CAF sur des propos d’accusation de corruption de la CAF que lui ont prêtés des organes de la presse françaises qui l’ont enregistré à son insu et hors interview en zone mixte au moment où il échangeait avec une tierce personne", a indiqué l'instance via un communiqué, ce mercredi en fin d'après-midi.
"Krépin a répondu à la CAF par écrit..."
Et d'ajouter : "Assisté par le Département juridique de la FSF, le joueur a d’abord répondu par écrit à la demande d’explications de la CAF sur les échanges qu’il a eu avec la personne en question (telles que relayées par la presse française) et qui ne figurait d’ailleurs parmi les officiers media désignés pour ce site de compétitions ni ce match de Yamoussoukro", a ajouté la FSF, avant de reconnaître l'action d'être entendu. "Le joueur a par la suite fait l’objet d’une audition par le jury disciplinaire le lundi 5 février 2024 et a réfuté les allégations portées contre lui sur des accusations de corruption de la CAF."
"Aucune notification officielle d'une quelconque sanction"
La Fédération sénégalaise de football (FSF) a cependant précisé que "depuis lors, ni Krépin Diatta ni la FSF n’ont reçu de notification officielle d’une quelconque décision concernant cette affaire et n’ont pas eu connaissance d’une publication par la CAF d’une décision sur cette affaire par quelque moyen que ce soit."
En conclusion, "la FSF informe l’opinion qu’elle suit le dossier dans le strict respect des règles disciplinaires de la CAF et en étroite collaboration avec son joueur qui n’a jamais eu à connaître dans sa carrière des écarts de comportements sujets à sanctions. Elle avisera de toute suite à donner une fois qu’une décision sera prise par les instances compétentes de la CAF."
Pour rappel, Krépin avait déclaré face à un officiel de la CAF : "Vous êtes des corrompus".
Par Hamidou ANNE
ON NE DISCUTE PAS AVEC UN FASCISTE, ON LE COMBAT
Les politiciens comme les foules n’ont pas de mémoire. Les uns parce qu’ils préservent des intérêts ponctuels, les autres car elles cèdent trop souvent aux fantasmes changeants.
Parcourir récemment l’œuvre de Robert Badinter, qui vient de nous quitter, m’a raffermi dans mes convictions sur ce que devrait être un Etat et comment devraient être les hommes d’Etat. Quand en 1981, dans la ferveur de l’arrivée de la Gauche au pouvoir, il porta l’abolition de la peine de mort, c’était une conviction qui se faisait homme. En lisant son discours devant l’Assemblée nationale avec éloquence et force conviction, il savait que 62% de ses compatriotes étaient favorables à la peine capitale. Mais, l’humanisme et les valeurs s’élèvent au-dessus des contingences d’un temps. La politique, c’est l’action transformatrice, parfois en dépit du bruit des commentateurs et des foules nombreuses de pétitionnaires. Préserver son pays d’un saut fatal vers les abîmes vaut d’ignorer les rodomontades de ceux qui jamais ne se sont salis les mains, campant sur une pureté factice et une neutralité douteuse. Un Etat n’a pas à se faire l’écho des désidérata des foules. Au nom de la raison d’Etat, et parce que celle-ci aussi injuste qu’elle n’y paraît, est gage de notre sécurité collective et de notre pérennité comme Nation, il nous faut toujours agir pour préserver le sacré : la République.
Dans un temps complexe où les houles font tanguer le navire, où tout ne peut être dit car tout ne saurait être dit au nom encore une fois de la raison d’Etat, le pouvoir s’exerce dans une grande solitude. C’est cette solitude qui confère une tendresse parfois pour les hommes d’Etat, en ce sens qu’ils doivent décider devant des injonctions et intérêts contradictoires et face à des menaces que le commun des citoyens ignore.
Le pouvoir est un lieu qui attire les curieux, les courtisans, les ambitieux et les intrigants. Il agrège tous les fantasmes du dehors. C’est également une station précieuse d’observation des vanités du monde et du temps qui passe, des retournements et des ingratitudes des hommes et de l’inanité finalement du politique face aux imprévus et aux insatisfactions propres aux peuples. Ma proximité avec des hommes d’Etat m’a aussi appris une autre chose, peut-être plus touchante que le reste : le pouvoir est un lieu de la solitude. Les palais ne sont pas des lieux de faste, ou que peu ; ils sont des cercueils dans lesquels un Homme se meut face à un peuple et à ses responsabilités. La nuit, quand les collaborateurs sont retournés à leur quotidien, quand les courtisans sont partis imaginer des mots de flatterie du lendemain, on est seul face aux fantômes du monde de ceux-là dont le métier est de décider. Et qui savent que de leur décision dépendent des vies. Ils sont seuls, étrangement seuls, et sauf quand il faut se partager les privilèges. Gouverner tient en une fatale responsabilité : décider sans pouvoir dire ce qui de toute façon n’est guère disable et ensuite affronter le vacarme des uns et les postures des autres.
Aussi dure soit-elle cette responsabilité précieuse, fille du suffrage universel, est à assumer jusqu’au bout. C’est à l’histoire ensuite d’acquitter les gouvernants. Elle saura dire si nous avons été à la hauteur des défis de notre temps. L’acte de gouverner est indétachable de la responsabilité grave de prendre des décisions impopulaires mais indispensables pour préserver le sacré : la Répu¬blique.
Gouverner ainsi c’est ne céder ni à la jacasserie politicienne, ni aux furies des masses, ni à l’injonction des foules, même sous le chantage facile du mot démocratie galvaudé par toutes les bouches. «La Constitution, rien que la Cons¬titution et toute la Constitution.»
Les politiciens comme les foules n’ont pas de mémoire. Les uns parce qu’ils préservent des intérêts ponctuels, les autres car elles cèdent trop souvent aux fantasmes changeants. Le président du Conseil constitutionnel français disait récemment, les yeux dans les yeux, au chef de l’Exécutif que le Conseil constitutionnel n’était pas «une chambre d’écho des tendances de l’opinion». L’opinion, je m’en suis toujours méfié, comme du reste des universitaires opportunistes qui brandissent les grands principes, en usent et en abusent pour cacher une misère intellectuelle qui a gagné les facultés, une absence de colonne vertébrale et une attraction pour les ors du pouvoir.
Une convergence entre les foules, les politiciens, les opportunistes et les membres d’une vile Société civile est toujours dangereuse pour la République. Car au fond, s’enchevêtrent un affairisme et des arrangements douteux sur le dos des intérêts vitaux du Sénégal. Par exemple, à chaque fois que Pierre Goudiaby Atepa et Alioune Tine sont dans une pièce, il faut fuir car n’y seront débattus que les modes d’emploi de l’intrigue et des basses œuvres. Ils ne sont que dans la conspiration contre le Sénégal.
C’est au fond pour tout cela qu’il est douloureux d’être républicain dans notre pays. On est seul, cible des tireurs embusqués de chaque camp et de ceux qui n’ont aucune peine à verser dans les compromissions. Je n’évoque même plus les jugements sots du tribunal des réseaux sociaux et des caprices de gens qui tueraient leur mère pour cinq minutes d’attention et une gloire numérique fugace.
Notre pays est fracturé. Il nous faut refaire nation autour d’un nouveau récit collectif. Les morts, les blessés, les jeunes emprisonnés parfois pour des motifs d’une grande légèreté ne peuvent constituer une fatalité. La religion de mon temps est faite depuis longtemps : toute discussion doit être restreinte au sein de l’arc républicain. Les membres d’un parti dissous dont le projet était insurrectionnel ne peuvent être des interlocuteurs.
Ousmane Sonko dont je m’étais interdit de parler depuis son placement en détention, est un fasciste. Et un fasciste, on ne discute pas avec lui, on le combat avec toute la vigueur que propulse en nous notre attachement à la République.
Effacer ses forfaits, c’est autoriser désormais quiconque a une ambition nationale de brûler, piller, saccager, diffamer, injurier et multiplier les outrages aux juges, généraux, représentants de l’Etat. C’est provoquer un ressac de l’Etat et un effacement de ce qui spirituellement nous unit : la République.
Or, je pensais, et je le pense toujours, qu’être digne du Sénégal, c’est de marcher sur les traces des lois existantes pour obtenir les suffrages de ses concitoyens. L’insurrection au nom d’ambitions personnelles déshonore ses auteurs et devrait recouvrir sur eux le voile de l’indignité nationale.
Normaliser dans l’espace public la présence de fascistes, c’est assécher la République de sa crédibilité et lui soustraire cette mystique immanente qui nous fait nous émouvoir quand l’hymne résonne et qui nous touche devant les armoiries de la Nation.
Personnellement, je ne m’opposais au projet populiste, séparatiste, islamiste et insurrectionnel des amis de M. Sonko ni pour plaire ni pour déplaire. Je m’oppose à eux par un devoir et au nom de l’anti fascisme qui est le combat de ma vie.
Pour d’autres, en revanche, même dépositaires d’une responsabilité gouvernementale, le combat contre les membres d’un parti insurrectionnel relevait de la stricte logique politicienne, mais ni de divergences principielles ni même de conflits de valeurs. D’ailleurs de hauts responsables fondateurs d’un parti fasciste, donc antirépublicain, heureusement dissous, ont ensuite migré rapidement dans un autre parti, qui se dit alliance, c’est-à-dire creuset, pour accueillir les différentes rivières républicaines du pays.
«Si l’on n’est plus que mille, eh ! bien, j’en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encore Sylla ;
S’il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !»
Je ne les combats ni pour les titres ni pour les honneurs de cette vie dont la finitude est la fatalité. Je ne les affronte que pour cette gloire silencieuse, qui est celle, après ma mort, de laisser le souvenir d’avoir aimé mon pays.
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COUPURES D’INTERNET, L’IMPACT FINANCIER POUR ORANGE, FREE ET EXPRESSO
L’internet des données mobiles est toujours coupé en période de manifestations. Une situation aux conséquences économiques et financières terribles selon le collectif des syndicats des travailleurs des différentes compagnies de télécommunication du pays.
C’est devenu une habitude pour les autorités publiques. L’internet des données mobiles est toujours coupé en période de manifestations. Une situation aux conséquences économiques et financières terribles selon le collectif des syndicats des travailleurs des différentes compagnies de télécommunication du pays.
L’impact financier des coupures des données mobiles au Sénégal est énorme. C’est ce qu’a indiqué, ce mercredi, Rose Marie Balacoune Diouf, secrétaire général du syndicat des travailleurs de la poste et des télécommunications. Face à la presse, elle a déclaré que du 2 juin 2023 au 13 février 2024, le ministre Moussa Bocar Thiam a opéré 13 jours de coupure d’internet mobile.
«Les pertes économiques sont colossales pour les opérateurs de télécommunication : il s’agit de trois (3) milliards de francs Cfa sans compter les préjudicies socio-économiques des millions de clients et de la population sénégalaise. Ce sont tous les secteurs d’activité confondus qui sont impactés», a-t-elle déclaré, ce mercredi.
Mme Diouf et ses camarades du collectif des travailleurs de Sonatel, de free et d’Expresso, tirent la sonnette d’alarme. Ils ont décidé de lancer, pour le moment, des actions de protestation pacifiques comme le port de brassards rouges, des journées de débrayage ou de présence négative. «Nous appelons l’Etat à rétablir la connexion via les données mobiles et à mettre fin aux coupures intempestives de ces services», martèle Mme Diouf.
LE PARCOURS D’AMINATA TOURÉ À LA LOUPE DANS UN LIVRE DU JOURNALISTE PAPE MALICK THIAM
L’auteur considère que son ouvrage a une ”portée historique” dans la mesure où Aminata Touré est une personnalité politique de premier plan, ‘’une femme politique qui fait partie des rares femmes ayant marqué l’histoire politique du Sénégal“.
Dakar, 13 fev (APS) – Le journaliste, Pape Malick Thiam, évoque la carrière de l’ancien Premier ministre, Aminata Touré, dans un ouvrage récemment paru aux éditions Mame Touty et à travers lequel il analyse le parcours de l’ancienne Garde des Sceaux décrite par l’auteur comme une ‘’mal-aimée’’.
‘’Aminta Touré, la mal-aimée’’ est le titre du premier livre de Pape Malick Thiam, un journaliste à la 7TV, une chaine de télévision privée.
Il évoque la vie et la carrière politique d’une femme qui a occupé plusieurs fonctions au Sénégal dont celle de Premier ministre entre 2012 et 2014, a expliqué l’auteur à l’APS.
“Le livre parle d’Aminata Touré de façon globale qui a eu à occuper plusieurs fonctions. La première partie du livre parle de sa vie, son enfance et sa carrière de militante”, a fait savoir le journaliste.
Il signale avoir consacré la deuxième partie du livre au passage d’Aminata Touré à la tête du ministère de la Justice, mais également à l’Assemblée nationale, notamment sur les péripéties ayant entouré son éjection de son poste de député par ses anciens camarades de la coalition Benno Bok Yakaar (majorité présidentielle).
L’auteur considère que son ouvrage a une ”portée historique” dans la mesure où Aminata Touré est une personnalité politique de premier plan, ‘’une femme politique qui fait partie des rares femmes ayant marqué l’histoire politique du Sénégal’“.
“Depuis 1960, on a connu beaucoup de femmes politiques mais si on regarde son caractère, son tempérament, la façon dont elle a fait de la politique, sa carrière dans le militantisme ou dans les fonctions qu’elle a occupées, on peut dire qu’elle a marqué son époque’’, a fait valoir Pape Malick Thiam.
Il estime à la lumière de sa carrière politique, qu’Aminata Touré peut être considérée comme la mal-aimée. “A titre d’exemple, lorsqu’elle a été nommée ministre de la Justice en 2012, elle a été la cible d’attaques de responsables politiques qui l’accusaient d’avoir tardivement rejoint le camp du président Macky Sall’’, a souligné le journaliste.
Le journaliste n’a pas manqué d’évoquer son départ de la Primature après son échec aux élections locales de 2014.
Pape Malick Thiam, âgé d’une trentaine d’années, est diplômé en sciences juridiques, spécialisé en relations internationales à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar. Il est également titulaire d’un diplôme supérieur de journalisme et communication au Centre d’études des sciences et techniques de l’information de Dakar (CESTI).