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8 février 2025
PERTES ÉCONOMIQUES LIÉES AU REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE, LE SECTEUR PRIVÉ ÉLÈVE LA VOIX
"Nous ne voulons pas de cette violence qui paralyse notre économie par des actes de vandalisme, de destruction de biens privés et de coupure d’Internet. Nous avons déjà eu à alerter sur les conséquences désastreuses de tels actes."
Les manifestations qui ont éclaté à la suite du report de la joute du 25 février 2024 ont lourdement impacté le secteur économique. A cet effet, des organisations du secteur privé, notamment la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar (CCIAD), du Conseil National du Patronat (CNP), du Mouvement des Entreprises du Sénégal (MDES), de l’UNACOIS-Jappo, de l’UNACOIS-Yessal, de la Confédération Nationale des employeurs du Sénégal et du Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) ont «lancé un vibrant appel pour la réservation de la paix sociale et invité les acteurs politiques à se parler et à privilégier l’intérêt général de notre pays ». Avec cette démarche, ces organisations expliquent dans un communiqué qu’elles veulent éviter que cette violence paralyse l’économie du pays.
«Nous ne voulons pas de cette violence qui paralyse notre économie par des actes de vandalisme, de destruction de biens privés et de coupure d’Internet. Nous avons déjà eu à alerter sur les conséquences désastreuses de tels actes. (…) Nous ne voulons pas que notre pays, le Sénégal, entre dans une crise politique, parlementaire, judiciaire, sociale et économique dont l’ampleur pourrait être sans précédent avec des lendemains incertains », renseigne la note.
Par ailleurs, les organisations du secteur privé, en désaccord avec le report de la présidentielle, tiennent à ce que la date initiale de élection soit maintenue.
UN CONSEIL DES MINISTRES SOUS HAUTE TENSION
Alors que la rue gronde contre le report, Macky Sall réunit ses ministres ce mercredi dans un conseil scruté comme jamais. En jeu : déminer la situation en adoptant des mesures d'apaisement, ou au contraire enfoncer le pays dans l'impasse
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 14/02/2024
Le Sénégal retient son souffle avant un conseil des ministres qui pourrait décider de l'avenir du pays, plongé dans une grave crise politique depuis le report controversé de l'élection présidentielle.
Selon plusieurs sources proches de la présidence contactées par l'AFP, ce conseil des ministres prévu mercredi s'annonce comme "l'un des rendez-vous les plus cruciaux de l'histoire récente du Sénégal". En jeu : déminer la situation en adoptant des mesures d'apaisement, ou au contraire enfoncer le pays dans une impasse aux conséquences imprévisibles.
Car le chef de l'État Macky Sall fait face à une pression croissante. Ses plus importants partenaires internationaux, dont les États-Unis et la France, l'ont appelé à tenir l'élection le plus rapidement possible. Défenseurs des droits et société civile critiquent également la répression des manifestations et le manque de dialogue avec l'opposition.
Celle-ci dénonce un "coup d'État constitutionnel" et refuse de valider le nouveau calendrier électoral fixant le scrutin au 15 décembre. Principal opposant, Ousmane Sonko est en détention préventive depuis plusieurs mois, suscitant les craintes de ses partisans d'un règlement de compte politique.
Selon Alioune Tine, figure respectée de la société civile cité par l'AFP, M. Sonko pourrait être libéré dans les prochains jours. Mais le gouvernement ne confirme rien. L'annonce d'une amnistie concernant également les autres opposants arrêtés lors des manifestations de 2021 serait un signe d'ouverture.
Serigne Babacar Sy Mansour, influent khalife religieux, a fait rarement entendre sa voix pour inciter le pouvoir et l'opposition au dialogue. Les organisations patronales redoutent aussi les "conséquences désastreuses" d'un embrasement.
Dans ce contexte explosif, nombre d'observateurs craignent qu’un faux pas du gouvernement lors du conseil des ministres ne fasse basculer le pays dans la violence.
Le mandat de Macky Sall arrive officiellement à expiration le 2 avril prochain. Il faudra désormais qu'il réussisse à convaincre les Sénégalais, réputés pour leur attachement à la démocratie, qu'il oeuvre réellement à organiser des élections libres et transparentes. Autrement, c'est l'avenir du modèle démocratique sénégalais qui pourrait vaciller.
TOUBA, DES BAYE FALL ARMÉS MENACENT LES MANIFESTANTS
Face à la presse ce 13 février, les disciples de Cheikh Ibra Fall se disent prêts à faire face à toute personne qui oserait manifester dans la ville sainte car selon eux, «les désirs de Serigne Touba ne sont que salut ».
Malgré l’interdiction du khalife général des Mourides de toute manifestation ou activité politique dans la ville de Touba, des jeunes sont passés outre cette décision et ont manifesté leur colère contre le report de la présidentielle. Cependant, les “Baye Fall” dont la sécurité de la cité religieuse a été confiée, ont joué leur partition. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et les montrant avec les forces de l’ordre pour contenir la foule en est la preuve.
Face à la presse ce 13 février, les disciples de Cheikh Ibra Fall se disent prêts à faire face à toute personne qui oserait manifester dans la ville sainte car selon eux, «les désirs de Serigne Touba ne sont que salut ». Pour Serigne Dame Soda Fall qui a initié une patrouille pour veiller aux grains, «les acteurs politiques doivent suivre le Ndigël du khalife car c’est dans leur intérêt». Faute de quoi, ajoute-t-il, «eux et les manifestants en subiront les conséquences quitte à mourir ou à tuer ».
ar ailleurs, les “Baye Fall” promettent d’identifier les jeunes des récents manifestants pour leur infliger des “sanctions exemplaires”.
A noter que ces veilleurs, pour la sécurité de Touba, sont munis de fusils, de machette et de barres de fer.
LA CAF SANCTIONNE KRÉPIN DIATTA
Aliou Cissé devra se passer de Krépin Diatta pour les prochaines sorties des Lions. La CAF a infligé quatre matchs de suspension dont deux ferme et 10 000 dollars (environ millions de francs CFA) d’amende à l’attaquant.
Aliou Cissé devra se passer de Krépin Diatta pour les prochaines sorties des Lions. La CAF a infligé quatre matchs de suspension dont deux ferme et 10 000 dollars (environ millions de francs CFA) d’amende à l’attaquant de Monaco. L’international de 24 ans a été sanctionné pour son coup de gueule poussé devant les médias après l’élimination du Sénégal en huitième de finale de la CAN par la Côte d’Ivoire. «Vous êtes des corrompus», avait-il notamment crié à la figure d’un officiel guinéen de la CAF.
D’après L’Observateur, qui donne l’information dans son édition de ce mercredi, l’instance continentale avait ouvert une enquête à la suite de cet épisode. Sa commission de discipline a ainsi procédé, selon le journal, «à l’audition du joueur par vidéo-conférence». «Seulement l’international n’a pas été en mesure d’apporter les preuves de ses allégations», rapporte la même source.
Conséquence : la CAF n’y pas allée de main morte. Krépin Diatta ne jouera pas les deux prochains matchs du Sénégal et il devra se tenir à carreaux pour les deux suivants et cela, pendant un an. L’Observateur informe que la Fédération sénégalaise de football (FSF) est également sanctionnée à cause de l’un des meilleurs Lions de la CAN. L’instance sénégalaise a en effet écopé d’une amende du même montant que celle du joueur (6 millions F CFA).
LES FIDÈLES CHRÉTIENS INVITÉS À ÉVITER LA VIOLENCE, LES PAROLES VIOLENTES ET LA HAINE
L’abbé Jean François Diouf, curé de la paroisse Cathédrale de Dakar, a invité, mercredi, les fidèles chrétiens à habituer leurs cœurs à la miséricorde et à s’éloigner de la violence, des paroles violentes et de la haine.
L’abbé Jean François Diouf, curé de la paroisse Cathédrale de Dakar, a invité, mercredi, les fidèles chrétiens à habituer leurs cœurs à la miséricorde et à s’éloigner de la violence, des paroles violentes et de la haine, faisant notamment allusion à la tension politique et ses conséquences dans le pays.
‘’Dans le contexte que nous vivons aujourd’hui, apprenons à avoir un cœur miséricordieux, loin de violence, loin des paroles violentes, loin de la haine’’, a-t-il déclaré lors de l’office religieux marquant le démarrage du Carême, une période de jeûne de 40 jours.
L’abbé Jean François Diouf s’exprimait à la Cathédrale du souvenir africain de Dakar lors de l’office religieux consacré au ‘’mercredi des Cendres’’, conformément à la tradition chrétienne.
“Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle. Ce sont les paroles prononcées à l’intronisation des cendres”, a rappelé le religieux non sans ajouter que l’Eglise recommande ”la prière, l’aumône et le jeûne” particulièrement durant le temps que dure le carême.
”Durant quarante jours, nous sommes appelés à préparer nos cœurs à la fête de la mort et de la résurrection du Christ”, a enseigné le curé de la paroisse Cathédrale de Dakar.
Il a expliqué que pour vivre pleinement les temps forts de ce carême, les catholiques doivent s’adonner aux activités proposées dans leurs différentes paroisses.
‘’Il s’agit des chemins de croix, des enseignements, des récollections, des veillées de prière, des célébrations des sacrements particulièrement ceux de la réconciliation et de l’Eucharistie’’, a-t-il fait savoir.
L’ANCIEN PRESIDENT NICOLAS SARKOZY CONDAMNE A UN AN DE PRISON DONT SIX MOIS AVEC SURSIS
La cour d’appel de Paris a condamné, mercredi 14 février, Nicolas Sarkozy en appel à un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis dans l’affaire Bygmalion sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue de 2012.
La cour d’appel de Paris a condamné, mercredi 14 février, Nicolas Sarkozy en appel à un an d’emprisonnement dont six mois avec sursis dans l’affaire Bygmalion sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue de 2012. L’ancien président, va se pourvoir en cassation, la plus haute juridiction judiciaire nationale, dit Me Desry, son avocat.
Si la Cour a maintenu la culpabilité de l’ancien président, elle a en revanche revu sa peine légèrement à la baisse. Les six mois de prison ferme de la peine infligée à l’ancien président (2007-2012) seront aménagés, a précisé la présidente de la cour en lisant sa décision, ajoutant que la cour était « revenue au quantum requis en première instance par le ministère public ». Nicolas Sarkozy n’a montré aucune réaction particulière et a quitté le tribunal sans faire de déclaration, rapporte Laura Martel, depuis le palais de justice de Paris.
En septembre 2021, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu Nicolas Sarkozy coupable d’avoir largement dépassé le plafond légal des dépenses et l’avait condamné à un an de prison ferme pour financement illégal de campagne. Le tribunal avait toutefois demandé que cette peine soit directement aménagée, à domicile, sous surveillance électronique. Treize autres personnes avaient aussi été condamnées à des peines allant jusqu’à trois ans et demi de prison, dont une partie avec sursis. Nicolas Sarkozy et neuf autres personnes ont fait appel et ont été rejugées du 8 novembre au 7 décembre dernier.
Campagne
Dans ce dossier, les investigations ont révélé que pour masquer l’explosion des dépenses de sa campagne – près de 43 millions d’euros pour un maximum autorisé de 22,5 millions – un système de double facturation avait été mis en place imputant à l’UMP, sous couvert de conventions fictives, une grosse partie du coût des meetings. Contrairement à ses co-prévenus, l’ex-chef de l’État n’est pas mis en cause pour ce système de fausses factures.
Nicolas Sarkozy a, comme lors du premier procès contesté « vigoureusement toute responsabilité pénale », contesté « vigoureusement toute responsabilité pénale » dénonçant « fables » et « mensonges ». Son avocat, Me Vincent Desry, a plaidé sa relaxe, assurant que l’ex-chef de l’État n’avait « jamais eu connaissance d’un dépassement » du plafond légal des dépenses électorales et « jamais engagé de dépenses ». Il a estimé qu’il avait été « impossible » au ministère public de « démontrer l’élément intentionnel » ni « l’élément matériel » de l’infraction reprochée.
Pourvoi en cassation
L’ancien président s’est pourvu en cassation contre sa condamnation, a annoncé à la presse son avocat, Vincent Desry. « Monsieur Nicolas Sarkozy est pleinement innocent, il a pris acte de cette décision, il a décidé de se pourvoir en cassation. Il maintient donc son combat, sa position dans cette affaire », a précisé Me Desry devant la presse.
Nicolas Sarkozy n’en a pas fini avec la justice puisqu’il a été condamné l’année dernière en appel à trois ans de prison, dont un ferme, dans l’affaire des écoutes. Un pourvoi en cassation est en cours dans cette affaire. Il sera aussi jugé l’an prochain, notamment pour corruption dans l’affaire du financement présumé de sa campagne par l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi et mis en examen depuis octobre dernier dans un autre volet de cette affaire. Avec AFP
QUAND LA CULTURE MARAICHERE REDONNE ESPOIR AUX FEMMES DE KHOGUE
À Khogué, un village de l’arrondissement et de la Commune de Barkédji, elles (femmes) se sont regroupées en GIE (Bokk Joom) pour se lancer dans l’activité agricole génératrice de revenus.
A l’instar de beaucoup de leurs concitoyennes d’autres villes du Sénégal, les femmes du Département de Linguère se lancent dans la culture maraîchère. À Khogué, un village de l’arrondissement et de la Commune de Barkédji, elles (femmes) se sont regroupées en GIE (Bokk Joom) pour se lancer dans l’activité agricole génératrice de revenus.
Selon la présidente du groupement Coumba TOP, «cette activité agricole constitue un ouf de soulagement pour les populations de Khogué. Surtout pour les femmes qui, durant les longues saisons sèches, restaient passives. Le maraîchage est une source sûre de création d’emploi. Mieux, elle permet de consommer des légumes frais et moins onéreux». Jadis, ces femmes se rendaient à la ville sainte de Touba distante de 50 Km ou Linguère distant de 15 Km, pour s’approvisionner en légumes frais.
Abondant dans le même sens, sa trésorière Diama TOP estime que «Les femmes pourront à la fois faire consommer localement les divers légumes cultivés et engranger des revenus grâce à la vente d’une partie de leur production». «Nous éprouvons cependant toutes les peines du monde pour arroser nos plants. L’eau fournie est taxée très cher par le comité de gestion du forage. Nos plants aussi sont exposés aux attaques des lièvres, des fourmis, souris, etc. Le gardiennage pourrait aussi être coûteux», relève-t-elle.
Interrogées, d’autres femmes ont souligné la nécessité d’un mur de clôture, de semences, pesticides, bref d’intrants divers. Dans un coin du jardin, la salade, le chou, l’aubergine, la carotte, le navet, la pomme de terre et la patate étaient exposés en tas; entre lesquels une cinquantaine de clients munis de paniers, se faufilent pour faire leurs emplettes sur place. Elles se désolent de l’attitude des autorités du département de Linguère qui font la sourde oreille à leurs doléances et interpellent l’Etat pour des financements afin de sortir progressivement et sûrement de la pauvreté.
UN AMOUR PLATONIQUE EN QUESTION
L’armée et la patrie - A chacun son amour. A chacun sa valentine. Mais quel rapport avons-nous avec cette belle dame, la Patrie ? Elle est souvent abusée par les politiques qui la convoquent et la convoitent dans leurs discours.
A chacun son amour. A chacun sa valentine. Mais quel rapport avons-nous avec cette belle dame, la Patrie ? Elle est souvent abusée par les politiques qui la convoquent et la convoitent dans leurs discours. Certains se voient et se croient plus patriotes que d’autres. D’autres crient «la patrie avant le parti». Mais ce pays a un problème avec cette notion qui est presque une religion. Comme ceux-là qui ne déclarent ou renouvellent leur amour que le jour de la Saint-Valentin, il y en a qui ne pensent à la patrie que lorsque leurs intérêts personnels sont en jeu. Ils sont prompts à chanter «l’union sacrée autour de l’essentiel». Le citoyen est désarmé de ces valeurs depuis l’école élémentaire avec une «Instruction civique» qui n’est presque plus une matière à éduquer : levée des couleurs, set setal ou cleaning day, service civique national… Il reste que la patrie est plus arrosée et entretenue et maintenue par les Forces de défense et de sécurité (Fds), ces militaires et paramilitaires, qui en sont aujourd’hui le dernier rempart. Il faut dire que chez les militaires, l’amour de la patrie est davantage exprimé par des actions dans l’ombre que par des déclarations enflammées plus prisées par les politiques. C’est pourquoi en ce jour de fête des amoureux, dans un contexte où la République, les institutions, sont en déliquescence, qui coïncide aussi avec une crise politique au Sénégal, Bés Bi s’intéresse à cet attachement patriotique aux racines bien ancrées.
Au lendemain des Indépendances, les pays africains devaient se doter d’armées pour protéger leur souveraineté nouvellement acquise. Un problème s’est vite posé. Le noyau de ces armées était constitué d’éléments des Troupes coloniales au service du colon et dont la mission première était le maintien de l’ordre. Comment, du jour au lendemain, affecter à la protection de la Nation des éléments qui se sont illustrés dans la répression des populations ? Et surtout comment amener les peuples à accepter et à se fier à leurs anciens bourreaux ? Beaucoup de pays africains ne s’embarrassèrent guère à apporter des réponses à ces questions. Cela a conduit dans la plupart de ces pays à une succession de coups d’État, une instrumentalisation politique des armées, au recours à l’armée comme outil de répression et à un profond désamour avec le peuple.
L’exception sénégalaise
Au Sénégal, le leadership de l’armée qui avait l’avantage de compter plusieurs officiers intellectuels dans ses rangs a vite senti la nécessité d’établir une relation de confiance avec le peuple. C’est ainsi qu’a été appliqué le concept de l’Armée-Nation. «C’est un concept selon lequel le rôle de l’armée consiste à servir la nation, son développement et sa sécurité», explique le Général Talla Niang du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Cesa). En bref, une armée qui, plutôt que de s’isoler dans les casernes ou de convoiter le Palais, œuvre pour le développement aux côtés des populations partout au Sénégal, en particulier en milieu rural. D’après le chercheur Hamidou Ba, la formation prodiguée aux militaires va bien audelà des aptitudes au combat ou à la stratégie de guerre : «Les militaires sont formés dans beaucoup de domaines. Ce qui leur permet de participer activement à l’effort de construction nationale.» Cela inclut la santé publique, l’administration, la construction d’infrastructures, la préservation de l’environnement, le forage de puits, etc.
L’armée : Un Sénégal en miniature régi par la méritocratie
Au-delà de l’aide apportée aux populations, l’armée présente aussi la particularité d’être représentative de la diversité ethnique du Sénégal. «L’Armée sénégalaise profite du fait que ses soldats représentent la diversité ethnique et régionale du pays. En conséquence, (elle) est un microcosme du Sénégal proprement dit». C’est ce qu’explique le Général Birame Diop, ancien Chef d’EtatMajor Général des Armées du Sénégal (2020-2021) au Cesa. Autre particularité de l’armée sénégalaise : la sanctification de la méritocratie. «Quand on travaille, on a des chances d’avancer dans l’armée sénégalaise, il n’y a pas besoin d’avoir un parent militaire ou parlementaire ou ministre. Moi je suis un fils de paysan, j’ai fini général de division et numéro deux de l’armée sénégalaise», explique le général Talla Niang, ancien Sous-chef d’état-major des armées du Sénégal (2000-2003). Enfin, il y a surtout l’accent mis sur la formation. «Sans l’Éducation militaire professionnelle (Emp), vous n’aurez pas de stabilité. Une armée qui n’investit pas dans l’éducation et l’éthique liées à la population doit payer en termes de sécurité», souligne le Général Mbaye Cissé, Chef d’état-major général actuel des armées sénégalaises.
64 ans de compagnonnage platonique entre l’armée et la patrie en péril ?
L’effectif de l’Armée est réparti comme suit : 15 000 dans l’Armée de terre, 1 500 dans la Marine, 1 500 dans l’Armée de l’air, 9 500 dans la police nationale et 11 000 dans la gendarmerie, selon le Cesa. En termes d’effectifs et de force de frappe, le Sénégal tient un rang honorable en Afrique sans être un géant militaire. Ce qui le met au-dessus du lot, c’est la qualité de ses ressources humaines qui repose sur 5 piliers : le service à la patrie, la représentativité ethnique, la neutralité politique, la méritocratie et enfin une formation rigoureuse empreinte d’éthique. Jusqu’ici, ces valeurs ont tenu les militaires éloignés de la politique. Sans prétendre à la perfection, l’armée a jusqu’ici fait preuve d’une moralité, d’une constance et d’un désintérêt qui font défaut à une classe politique plus fluctuante au gré de ses intérêts. Agiter le spectre d’un coup d’État militaire est une menace à peine voilée de voir voler en éclat l’un des bastions inviolés de la démocratie sénégalaise. C’est une version soft du «Moi ou le chaos». Reste à savoir si la fin de règne de Macky Sall fera voler en éclat l’attachement platonique qui unit l’armée à la patrie depuis 64 ans. L’armée restera-t-elle un serviteur de l’ombre ou ira-t-elle grossir le rang des beaux parleurs et autres marchands d’illusion ? Il en va de l’avenir de la République convoitée mais pas toujours honorée.
Par Ousseynou TOURE
IL A MAL, TOI AUSSI
En tout état de cause, le bissap est tiré, il faut en prendre deux gorgées et se mettre très vite autour de la table du dialogue. Nul doute que des préconisations actionnables en sortiront
C’est vrai, il est mal pensé d’avoir des maux mal pansés ; mais ne pas pouvoir les extérioriser, engendre, souvent, un profond soupir, synonyme de douleur. L’intériorisation d’un mal crée, froidement, un raidissement dans le corpus humain, et par ricochet, social. En antinomie de la raison, le mal est le signe de l’absurdité du monde ou de l’histoire et du caractère insensé des conduites humaines. Ce sentiment d’avoir mal, provoqué par les comportements successifs de quelques acteurs de la classe politique, - à la suite du délibéré par le Conseil constitutionnel, annonçant les heureux invités à la campagne présidentielle, - est un lit factice gavé d’immondices sulfureux pour la nation sénégalaise. Quelques scénarii se dessinent de façon orthogonale et dont le point de jonction se situe au cœur de la dimension politicienne de cette crise (réelle ou latente ?), qui se donne à lire dans des concepts clefs : actes, comportements, défiance, simplification et stratégie. Décryptage.
UN : les actes. Certes, les actes posés ici et là, sont expressifs, mais je m’en éloigne, au risque de tomber dans du juridisme évanescent ; en revanche, il apparaît clairement qu’il existe une exploitation plurielle annexée d’une « hyperbolisation » excessive que l’on peut faire des textes juridiques. Personne n’est blâmable, tout le monde a raison. Ce nœud inextricable, avec un ordre de densité croissante, de jour en jour, à la solde des citoyens, complexifie les actes posés. Pèle-même, des instruments réglementaires et communicationnels sont convoqués (commission d’enquête parlementaire, l’adoption du projet de Loi par l’Assemblée nationale ; réunion de l’Union des Magistrats du Sénégal, communiqué assurant protection et solidarité de corps, discours du Chef de l’État et décret abrogeant le processus électoral, sortie d’éminents constitutionnalistes, surdose communicationnelle dans les réseaux sociaux, retrait et remise de licence d’un organe d’informations). Des actes, de part et d’autre, conflictogènes, à prendre très au sérieux. En ce moment précis, notre construction État-nation repose sur de frêles épaules, soutenue par un cratère, avec, en dessous, un magma en fusion. Une architecture bien craquelante qui ne résiste point aux premiers soubresauts. Il y a manifestement fissure. Les lignes de notre territoire national bougent, avec un écart d’amplitude proche du seuil critique. Malheureusement.
A supposer que l’enquête parlementaire valide que le Conseil constitutionnel a dit la vérité, toute la vérité, c’est-à-dire s’appuyant sur la plénitude de son rôle, et de son outil de travail (le droit) pour lire et dire rien que le droit. Ce cas nous renvoie, alors, à des juges exempts de tout acte corruptogène, qui aménagent subrepticement des haies d’honneur dans la sacralité de leur conscience, pour éviter l’opprobre, à tous instants. Nous allons conclure que du haut de leur manteau d’éthique et de responsabilité, ces sages d’état si chevillés, de manière intangible, aux principes sacro-saints de l’administration, ont une haute perception de la « régalienneté » de leur mission
DEUX : le comportement de toute une corporation (juges, magistrats,), (journaliste, technicien des media) a été synchrone, avec une auto-défense des pairs (communiqué et édito commun), de manière urgente, claire et nette. Il s’agit là, d’un rapport objet/sujet assez saisissant de la théorie du comportement humain au fondement de l’intervention sociale. Si l’ombre d’un doute n’a pas plané sur leur comportement exprimé, à contrario, le comportement implicite d’un côté (probable refus de répondre à une instance législative d’égale dignité ?) et d’un autre côté (menace d’une journée sans presse), trahit souvent son porteur.
Dans ce prolongement, à l’hémicycle, lors du vote du projet de Loi, le comportement ostracisant et aphone des parlementaires des deux coalitions (Bby et Wallu) si clivants d’habitude, face à une extase verbale des parlementaires de l’autre camp, renvoie, à la surface, un message très bruyant. J’emprunte à Nietzsche son propos selon lequel « le corps est d’une grande intelligence ». Un seul organe lui confère une supériorité sur l’animal, c’est son cerveau, instrument de l’esprit et de l’intelligence. Ce qui se trame sous nos yeux repositionne, de manière coordonnée, un jeu d’esprit, avec des corps habiles, drapés dans des oripeaux d’une intelligence comportementale. Voilà justement où se situe la complexité du jeu qui relève d’une approche stratégique. Personne n’y gagne et tout le monde y perd. Cruel destin, j’allais écrire.
TROIS : Si les exigences s’élèvent tandis que les degrés de satisfaction déclinent, suivant un mouvement sinusoïdal, alors une défiance des lois de la République surgit, avec des discours haineux et violents, facilitée par l’existence d’un environnement digital ouvert à tous les risques qui s’y attachent. En vérité, à l’heure de l’intelligence artificielle, et de la superposition de plusieurs outils digitaux, marqués par des standards de la communauté, nous allons droit vers une défiance digitale, même avec une réduction de l’accès aux débits des données mobiles. Le « e-citoyen » étant déjà confortablement installé dans notre territoire national, l’amplification de la crise (réelle ou latente ?) se fait avec une aisance déconcertante. Par prolongement, cette situation aboutit à une défiance institutionnelle assez pernicieuse et porteuse de ravalement du rang de l’Autorité à une atomisation de son statut. Ici, les motifs argumentatifs de la non-confiance et de la défiance institutionnelle sont faiblement saisissables. Il y a simplement un effet de mode et surtout d’attirance vers de nouvelles options politiques plus inclusives et en phase avec les préoccupations réelles des populations. Le rapport de non-confiance ou de défiance unissant les citoyens à la politique se nourrit d’une variété de facteurs relatifs à la position sociale des citoyens, à la mise en cause de leurs intérêts par les politiques publiques comme à leur perception normative de l’univers politique. Ce qui, sans doute, participe à un rapport au politique construit de façon endogène, à dimension fortement normative et manifestant une capacité argumentative fondée sur différents types de principes.
Dans cette perspective, la relation de défiance politique est d’abord fonction du rapport dynamique entre efficacité de l’action publique et exigences du respect des lois et règlements, par les citoyens. On peut en envisager que la défiance augmente sous l’effet d’une érosion cumulative des politiques publiques et d’une réponse limitée face aux réels problèmes qu’elles sont supposées traiter et générant ainsi un sentiment manifeste de déception. Mais cette défiance peut également résulter d’une augmentation des exigences des citoyens à l’égard du politique, selon une logique mercantiliste, les “bénéficiaires” de l’action publique espérant toujours davantage, à performances égales ou même croissantes.
A y voir de plus près, autant la situation est complexe, autant l’on note une simplification des motifs argumentatifs dans plusieurs prises de parole. Il est courant de lire et d’entendre une fixation sur une date butoir : le 02 avril 2024. C’est méconnaître les arcanes technico-institutionnelles et juridiques de la charge présidentielle. Le « Je » présidentiel est trop chargé et charrie des décrets. Le fait de convoquer les articles de la Constitution rien qu’en misant sur l’article 52, en termes de pouvoirs exceptionnels, démontre à suffisance, le fil tenu qui lie le président de la République et le Peuple. Ce qui se passe, dans notre pays, exige la combinaison d’une agilité collective et l’inventaire d’une intelligence émotionnelle, pour créer une catharsis apte à sauvegarder notre territoire craquelé et chahuté, par des balafres visibles. L’avantage de la simplification des faits politiques complexes permet de trouver un consensus et de faire naître une évidence. Au moins, à ce niveau, c’est souhaitable. En revanche, ne peut avoir une approche simplificatrice, c’est faire preuve d’une gestion des risques internes et externes pour parer à toute éventualité.
QUATRE : il demeure constant que cette situation nécessite plus qu’une simple démarche opérationnelle, faite de « marche » et de « méthodes scolaires ». Le comment qui est utilisé pour chercher « qui » ou « quoi » me paraît limité ? Il faut inventer une véritable stratégie politique portée par un leadership éclairé. Les différents protagonistes politico-sociaux élaborent une stratégie pour avoir une adhésion du peuple, seul destinataire de politique publique et seul capable de sanctionner un candidat à la présidentielle. Que les spins doctes en communication et les stratèges en politiques publiques entrent en jeu, la seule constante qu’est le peuple sera l’arbitre, lorsque la tension sera estompée. Heureusement, ici, d’autres ressorts culturels et cultuels existent. Ils sont actionnables en tout temps et en tous lieux. Toute stratégie non actionnable ne permet pas d’impacter l’issue de cette crise (réelle ou latente). La meilleure des stratégies doit se baser sur la vérité. Vérité des différentes parties prenantes, dans l’appréhension des problèmes, la mise en avant du contenu de la Constitution et la quête de sortie du dilemme.
A contrario, à supposer que le Conseil constitutionnel n’a pas dit et lit le droit ; autrement, a grugé les Sénégalais d’une contre-vérité féroce et stupide. En ce moment, les conséquences peuvent être fâcheuses et très fâcheuses. C’est tout un pan de l’Administration publique qui va s’écrouler. Car, “si tu ne sais pas porter ton péché, ce n’est pas la faute de ton péché : si tu renies ton péché, ce n’est pas toujours ton péché qui est indigne de toi, mais toi de lui.” C’est un scénario catastrophe sans limite et fin.
En tout état de cause, le bissap est tiré, il faut en prendre deux gorgées et se mettre très vite autour de la table du dialogue. Nul doute que des préconisations actionnables en sortiront. Il a mal, toi aussi !
SONKO DEMENT TOUTE NEGOCIATION AVEC MACKY SALL
Depuis quelques jours, la ville, pour ne pas dire le pays tout entier, bruisse des rumeurs d’un dialogue par personnes interposées entre le président Macky Sall et son principal opposant détenu depuis juillet dernier à la prison du Cap Manue
Depuis quelques jours, la ville, pour ne pas dire le pays tout entier, bruisse des rumeurs d’un dialogue par personnes interposées entre le président Macky Sall et son principal opposant détenu depuis juillet dernier à la prison du Cap Manuel. Un opposant qui devrait d’ailleurs retrouver la liberté incessamment, selon ces rumeurs. En fait, plus que des rumeurs, des personnalités, et non des moindres, ont assumé être les intermédiaires des deux hommes de même que la paternité d’un tel dialogue. Il s’agit d’Alioune Tine, un vétéran de la Société civile, et de l’architecte Pierre Goudiaby Atépa. Sonko, un prisonnier faiseur de rois ? Le leader de Pastef, via son proche entourage, a en tout cas démenti toute négociation avec Macky Sall et demande surtout à ses troupes de continuer la mobilisation pour la tenue de l’élection présidentielle le 25 février prochain.
Une certitude. Ousmane Sonko même emprisonné continue de peser dans le jeu politique actuel. Sa sortie de prison est annoncée avec beaucoup d’emphase par des médiateurs qui ne se cachent plus comme Alioune Tine et Pierre Goudiaby Atepa.
Ces deux figures de proue de la société civile affirment sur la place publique mener actuellement une médiation entre le président Macky Sall et son principal opposant Ousmane Sonko. Aucun démenti formel n’a suivi immédiatement la déclaration des deux hommes, dont l’un, en l’occurrence Alioune Tine, est allé jusqu’à annoncer un proche élargissement de prison du leader de Pastef. Au sein de l’opinion, le mutisme d’Ousmane Sonko sur la situation politique marquée notamment par le report de la présidentielle est assimilé à une acceptation tacite.
Une chose est sûre : la ficelle de négociations entre Sonko et Macky est trop grosse pour être acceptée dans le camp de Pastef et même au niveau des sympathisants de cette formation politique. Qu’à cela ne tienne, l’opposant — et nouvel allié du pouvoir — Karim Wade s’est empressé d’applaudir des deux mains à ces négociations annoncées. « Je viens d’apprendre qu’Ousmane Sonko est en négociation avec le président Macky Sall en vue de sa prochaine libération et de celle des personnes emprisonnées avec lui. Ayant moi-même connu les rigueurs de la détention pendant plus de trois ans et demi, je prie pour qu’Ousmane Sonko recouvre rapidement la liberté, qu’il retrouve sa famille, ses militants et qu’il puisse surtout passer le prochain Ramadan parmi les siens » écrit Karim Wade sur sa page. « Je félicite toutes les personnes qui, depuis maintenant 8 mois qu’il est en prison, officient sans relâche et dans la plus grande discrétion pour sa libération. Pierre Goudiaby Atépa, Alioune Tine, Seydi Gassama, Boubacar Camara et d’autres. Je suis impatient que nous puissions nous affronter dans la sérénité lors de l’élection présidentielle du 15 décembre prochain dans un scrutin démocratique, ouvert, inclusif et transparent afin que les Sénégalais puissent choisir le meilleur d’entre nous pour présider aux destinées du Sénégal » ajoute le candidat recalé du PDS.
Karim Wade a été aussitôt démenti par Boubacar Camara qu’il a cité dans le rôle de médiateur. A travers un post, le candidat à la présidentielle — et qui fut le secrétaire général du super ministère dirigé jusqu’en 2012 —interpelle son ancien patron en écrivant ce qui suit : « dans un récent tweet, vous m’avez mis dans le lot de ceux qui « officient sans relâche et dans la plus grande discrétion » pour la libération du Président Sonko. Même si je ne comprends pas la motivation de cette sortie, j’ose espérer, vous connaissant relativement bien, que vous l’avez fait de bonne foi, sans aucune volonté de diffuser des informations infondées ». « Je souhaite affirmer sans ambages que je n’ai engagé aucune discussion, ni négociation avec le président Macky Sall ou son gouvernement en vue de la libération du président Ousmane Sonko et des autres détenus politiques. J’ai depuis ma lettre ouverte au président de la République de février 2021 et de façon constante, sans aucune contrepartie, dénoncé toutes les manipulations des institutions pour écarter le président Ousmane Sonko de l’élection présidentielle » ajoute Boubacar Camara.
Pastef dément toute négociation
Cette grosse ficelle de négociations entre Sonko et son principal ennemi jetée sur la place publique a ébranlé toute la direction de Pastef. Mais aussi les innombrables militants et sympathisants de ce parti. Surtout que ces pourparlers sont censés se dérouler au moment où la coalition Diomaye Président est en train de dérouler sa stratégie de campagne en direction de la présidentielle du 25ème jour du mois de février en cours.
Le démenti vient donc de tomber livré par Dakarmatin de notre confrère Pape Allé Niang qui affirme péremptoire qu’il n’y a aucune négociation entre Macky Sall et Ousmane Sonko. « A l’issue de notre réunion avec les députés Ayipe Daffé et Biram Souley Diop qui ont rencontré le président Ousmane Sonko ce matin (Ndlr, hier mardi), les informations à retenir et à partager sont les suivantes : Sonko ne négocie pas avec quelqu’un qui a tant fait de mal aux Sénégalais. Tous les patriotes doivent faire focus sur le respect scrupuleux de la date de l’élection présidentielle. Il faut continuer la campagne et la sensibilisation. Se concentrer sur le projet et ne recevoir des informations qu’au niveau des organes fiables du parti, en occurrence la cellule de communication de Pastef. Sonko mooy Diomaye » écrit le coordonnateur de Pastef via Dakarmatin.