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6 février 2025
DEMAIN SÉNÉGAL APPELLE AU RESPECT DE LA CONSTITUTION
L'association citoyenne dénonce une violation "indiscutable" de la loi fondamentale sénégalaise et appelle à la vigilance contre toute "subversion" démocratique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/02/2024
L'association Demain Sénégal, une structure de la société civile sénégalaise, a fait part de sa "profonde consternation" face à l'annulation de l'élection présidentielle du 25 février 2024 par le président Macky Sall. Dans une déclaration rendue publique le 4 février, l'association dénonce une "violation indiscutable" de la Constitution sénégalaise.
Pour Demain Sénégal, cette décision "qui est une première regrettable dans l’histoire politique de notre pays, bafoue la volonté du peuple sénégalais et son droit souverain à des élections libres et équitables, ainsi que la stabilité démocratique que notre pays a chèrement acquise au fil des années". L'association estime qu'elle "va à l'encontre des principes démocratiques, de l'État de droit, et viole les engagements internationaux ainsi que les normes constitutionnelles de notre nation".
Citant directement la Constitution sénégalaise, Demain Sénégal souligne que "la démocratie sénégalaise se fonde sur le pluralisme politique, la séparation des pouvoirs, et le respect des échéances électorales" et qu'"aucun individu, aucun parti politique, aucune institution n'a le droit de se substituer à la volonté souveraine de la population qui s’exprime par les urnes".
Dans cette déclaration signée par une centaine de personnalités membres, l'association "renouvelle (son) appel à la vigilance et à l'action contre cette subversion de nos institutions démocratiques" et "exhorte le gouvernement et appelle les partis politiques, l’Assemblée nationale, la société civile et tout le peuple sénégalais à s’accorder" notamment sur le maintien du processus électoral et le respect du calendrier prévu.
Fondée en décembre 2021, Demain Sénégal se présente comme une association non partisane de la société civile ayant pour mission de contribuer au développement du Sénégal sur des piliers comme l'état de droit, la santé, l'éducation ou encore l'emploi. Elle dit s'être donnée pour objectif de recueillir les attentes des citoyens et de faire des propositions aux futurs candidats à la présidentielle de 2024.
POUR THE ECONOMIST, LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE NE TIENT PLUS QU'À UN FIL
Selon l'influente publication britannique, le report de l'élection par Macky Sall constitue un coup dur et jette un trouble important sur l'avenir du pays
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/02/2024
Selon le magazine britannique The Economist, la démocratie sénégalaise ne tient plus qu'à un fil. En effet, juste quelques semaines avant l'élection présidentielle prévue le 25 février, le président Macky Sall a annoncé son report sans donner de nouvelle date.
Cette décision a provoqué une crise constitutionnelle majeure et porté un coup dur à la démocratie en Afrique de l'Ouest aux yeux de The Economist. L'opposition sénégalaise a vivement réagi, à l'image de Khalifa Sall, qui a dénoncé "un coup d'État constitutionnel". Un autre candidat, Thierno Alassane Sall, cité par l'hebdomaire, a quant à lui évoqué "une haute trahison".
Pourtant, le Sénégal était longtemps considéré comme un modèle de stabilité et de démocratie dans la région. Contrairement à de nombreux autres pays ouest-africains, il avait su éviter les guerres civiles et les coups d'État militaires. The Economist souligne également que le pays a toujours organisé des élections de manière pacifique jusqu'à présent.
Mais pour le magazine, la crédibilité démocratique de Macky Sall a commencé à s'effriter ces dernières années, avec une restriction des libertés au Sénégal. Le report du scrutin, sans indication de calendrier, laisse craindre selon The Economist que le président cherche en réalité à s'accrocher au pouvoir au-delà de son mandat, qui expire le 2 avril prochain.
Dans ce contexte dangereux pour la démocratie sénégalaise, l'avenir politique du pays apparaît plus qu'incertain. Pour The Economist, la démocratie exemplaire du Sénégal ne tient désormais plus qu'à un fil, Macky Sall semblant prêt à enfreindre la constitution pour rester au pouvoir.
par Thierno Alassane Sall
LE MOMENT DE RÉAFFIRMER NOTRE ENGAGEMENT POUR LE SÉNÉGAL
Il est impératif de se lever contre la perspective d'une prolongation anticonstitutionnelle du mandat de Macky. Dès demain, devant l'Assemblée, soyons encore plus nombreux pour rappeler aux députés BBY/WALLU l'importance d'être du bon côté de l'histoire
Notre marche dans les rues, initiée pour marquer le début symbolique de la campagne présidentielle, s’est muée en une démonstration d'unité et de détermination sans précédent. Le peuple sénégalais, dans toute sa diversité, s'est levé aujourd’hui, partout au Sénégal pour défendre les fondements de notre démocratie, et s'opposer résolument au coup d'État constitutionnel que tente d'imposer Macky Sall.
Face aux violations de nos droits fondamentaux, à l'intimidation et aux arrestations illégitimes, je suis d'autant plus fier de la réaction pacifique et déterminée de nos concitoyens.
Les atteintes récurrentes à la liberté d'expression, notamment la coupure arbitraire du signal de Walfadjri, sont une preuve de plus de ce qu'est devenu le Sénégal : une dictature.
Sénégalaises, Sénégalais, l'avenir de notre nation repose entre nos mains. Il est impératif de se lever contre la perspective d'une prolongation anticonstitutionnelle du mandat de Macky Sall. Ensemble, mobilisons-nous pour la défense de notre démocratie, pour nos droits et pour l'avenir de notre pays.
Dès demain, devant l'Assemblée nationale, soyons encore plus nombreux pour rappeler aux députés de la nouvelle coalition BBY/WALLU l'importance de se tenir du bon côté de l'histoire, celui de la vérité et de la justice. Ils doivent comprendre que valider cette supercherie équivaudrait à trahir la confiance du peuple sénégalais.
Le moment est venu de réaffirmer notre engagement pour notre Sénégal.
SURSAUT CITOYEN DÉNONCE LE COUP DE FORCE DE MACKY SALL
"Les arguments avancés pour justifier cet acte sans précédent, lourd de conséquences pour la stabilité du pays, sont peu convaincants. Le président remet en cause de manière fondamentale la souveraineté du peuple"
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'organisation citoyenne Sursaut citoyen reçu ce dimanche 4 février à propos de la situation sociopolitique nationale marquée par le report sine die de la présidentielle :
"À quelques heures seulement de l’ouverture de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, le président Macky Sall a profondément choqué le peuple sénégalais en annonçant sa décision de suspendre par décret le processus électoral qui se déroulait normalement.
Les arguments avancés pour justifier cet acte sans précédent, lourd de conséquences pour la stabilité du pays, sont peu convaincants : une initiative d’un groupe parlementaire exigeant une enquête parlementaire sur une prétendue corruption de deux juges constitutionnels, faussement présentée comme un conflit entre deux institutions de la République, et une certaine « confusion » susceptible, selon lui, d’engendrer des contestations pré- et post-électorales. Ces événements, fabriqués de toutes pièces par le pouvoir en place en complicité avec le PDS, ont servi de prétexte à Macky Sall pour invoquer une « crise institutionnelle » et plonger le Sénégal dans une crise réelle.
Dans son entêtement déraisonnable à vouloir conserver le pouvoir à tout prix, en dépit du cadre légal, Macky Sall n’a montré aucun scrupule à violer les droits collectifs et individuels des citoyens, à forcer l’adoption de décisions électorales et à recourir à une répression sanglante contre toute opposition à sa politique.
Pour ceux qui s'interrogeaient sur la portée de sa logique de violence et de sa gouvernance autocratique, il vient de donner une réponse claire : « Je fais ce que je veux et ne respecte aucune limite ». En définitive, il remet en cause de manière fondamentale la souveraineté du peuple, qui s’exerce par le renouvellement périodique des mandats présidentiels. Il n’est donc pas exagéré de qualifier l’acte commis par Macky Sall de coup d’État institutionnel.
Mais quelle est la raison de cette démarche extrême ? Encore une fois, il est question pour lui de conserver directement ou indirectement le pouvoir pour éviter de rendre des comptes sur de nombreux crimes commis à la tête de l’État. C’est pratiquement une question de survie pour lui. Tous les sondages d'opinion sont unanimes à ce jour pour prédire la défaite du candidat qu’il soutient. Il est évident que, selon lui, ces élections ne doivent pas avoir lieu, quitte à plonger le pays dans le chaos.
Face à cette situation, Sursaut citoyen :
rejette les prétextes fallacieux avancés par Macky pour justifier la suspension du processus électoral ;
condamne fermement le putsch institutionnel qu’il a perpétré ;
s’engage dans l’organisation de la résistance à l’oppression pour éviter au pays de chuter dans le chaos que la suspension du processus électoral semble inévitablement provoquer ;
appelle les citoyens soucieux de démocratie et leurs organisations à participer activement aux luttes populaires pour restaurer la souveraineté du peuple ;
invite les diverses organisations et mouvements citoyens, syndicaux et politiques engagés dans cette bataille à mutualiser leurs ressources pour établir un large front démocratique capable de générer le rapport de force nécessaire à la victoire ;
propose de mettre en place une cellule de réflexion tactique et stratégique chargée de conseiller et d’accompagner le leadership de ce front."
par l'éditorialiste de seneplus, pierre sané
LIBÉRALISME AFRICAIN ET DICTATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye Faye et nullement Karim Wade, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir
La famille libérale est au pouvoir depuis 24 ans sur les 50 ans promis par Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, ces libéraux sont tétanisés par la perspective de l’arrivée au pouvoir d’un parti avançant un programme radical et un renouvellement générational. La dernière entourloupe qu’ils poussent n’a rien à voir avec l’invalidation de la candidature de Karim Wade mais plutôt avec la validation de la candidature de Diomaye Faye. Ils pensaient en avoir fini avec le Pastef en écartant Ousmane Sonko et n’ont pas vu venir le tacle de ce dernier.
Ils savent qu’ils vont perdre l’élection et perdre tous leurs privilèges et prébendes. En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye et nullement Karim, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir. C’est à vomir.
Aujourd’hui, le président dans son discours nous dit en 3 minutes : (1) dysfonctionnement des institutions qui ne fonctionnent pas de manière régulière, (2) annulation de l’élection, (3) dialogue et (4) élection inclusive …un de ces jours. Autrement dit, nous sommes en “crise”. Mais en vérité cela relève de son fait.
Car nous savons que nos institutions ont été rendues dysfonctionnelles par les cafouillages d’Abdoulaye Wade qui a introduit des ajustements de salaires arbitraires, décidé de nominations fantaisistes, s’est complu dans un népotisme éhonté, à créer des agences à tour de bras, a installé une corruption généralisée. A telle enseigne que des Assises nationales ont été convoquées et que son successeur nous a promis une gestion sobre et vertueuse.
Si aujourd’hui le président Macky Sall a constaté des dysfonctionnements, il en est pleinement responsable. Ceci étant, en quoi des dysfonctionnements peuvent-ils être assimilés à une crise ? Quand des décisions de justice sont royalement ignorées par la Direction des élections, c’est un dysfonctionnement créé par l’Executif mais ce n’est pas une crise. Quand Macky Sall enjoint à ses hauts fonctionnaires d’aller contester des élections, cela crée des dysfonctionnements dans l’Administration. Quand Macky Sall choisit le président de l’Assemblee nationale en violation du principe de la séparation des pouvoirs, il crée des sources de dysfonctionnements répétitifs. Nous sommes donc habitués depuis le magistère de Macky Sall à un dysfonctionnement des institutions institué en norme de fonctionnement. Ou est la crise ?
Comment peut-il se dédouaner de ses propres turpitudes ? Qui a fermé l’Université ? Qui a décidé du blocus de la Casamance ? Qui a décidé de la fermeture de Wal’Fajiri ? Qui a décidé de l’interdiction systématique de toutes les manifestations pacifiques ? Un régime aux abois.
À défaut du “chaos” tant souhaité, le président nous informe tel un illusionniste de l’existence d’un “chaos institutionnel “ pour justifier sa décision d’annuler l’élection présidentielle.
“Chaos institutionnel “? Il est où ce chaos ? Le Conseil constitutionnel a achevé la première partie de son travail et quelques soient les frustrations ses décisions ne sont pas susceptibles de recours. Donc on avance. Que l’APR et le PDS imposent à l’Assemblée nationale de mettre sur pied une Commission d’enquête sur des accusations qu’ils ont eux mêmes porté sans preuves contre deux membres du Conseil constitutionnel, qu’a cela ne tienne. Allons-y. Où est la crise ? Où est le chaos ?
Il n’y a donc aucune, je répète aucune raison institutionnelle de reporter et à plus forte raison d’annuler l’élection présidentielle. C’est tout simplement une forfaiture, une de plus de la part d’un président qui nous a habitués à ses mensonges, ses trahisons et le mépris dans lequel il tient le peuple sénégalais. De toutes pièces, il manufacture une crise, annule l’élection et nous propose un énième dialogue. A-t-il perdu la raison au point de ne compter que sur la force, la violence et la peur ?
En tous cas, il a décidé de rejoindre le camp des dictateurs africains. Comment ont ils tous fini : la fuite, la prison ou le coup d’État ! Qu’est-ce qui lui fait croire que son sort sera différent ? Parce qu’il est plus intelligent ? S’il était intelligent, il n’aurait pas choisi de verser dans la dictature.
par Abdoulaye Dieye
CE QUE JE SAIS
Ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances la durée des mandats pouvait être réduite ou prolongée
En abrogeant le décret n°2023-2283 portant convocation du corps électoral, le président de la République a reporté sine die la présidentielle prévue le 25 février 2024. Cette décision fondée sur des motifs d’une légèreté inouïe, place le Sénégal dans une ère d’incertitudes et d’interrogations sans réponses.
Qu’adviendra –t-il le 2 avril à l’expiration du mandat actuel ?
Toute idée de prolongation de mandat doit être écartée. D’abord parce que la durée du mandat de cinq ans ne peut faire l’objet de révision aux termes de l’article 103 de la Constitution ; ensuite parce que le Conseil constitutionnel a dit en 2016 que la durée des mandats politiques en cours, régulièrement fixée au moment où ceux-ci ont été conférés (ne) pouvait, quel que soit au demeurant l’objectif recherché, être réduite ou prolongée (Considérant 32 de la « décision » n°1/C/2016). C’est cet argument que le juge constitutionnel avait brandi pour rejeter toute possibilité, pour le président Macky Sall, de réduire son mandat conformément à son engagement. Pour le juge, ni la sécurité juridique, ni la stabilité des institutions ne seraient garanties si, à la faveur du jeu politique ou au gré des circonstances la durée des mandats pouvait être réduite ou prolongée.
On nous a dit et bien dit en 2016 que le Conseil constitutionnel, même s’il n’est saisi que d’une demande d’avis, statue par des décisions motivées (loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016) et que ses décisions s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles (Article 92 al 3 de la Constitution de 2001), nous devons considérer alors que le Droit a été dit.
Même si la proposition de loi déposée est adoptée, elle ne cherche à modifier que la disposition aux termes de laquelle le scrutin pour l'élection du président de la République a lieu quarante-cinq jours francs au plus et trente jours francs au moins avant la date de l'expiration du mandat du président de la République en fonction.
Peut-être aussi que l’on ira vers l’allongement du délai prévu pour organiser l’élection en cas de démission, le 2 avril du président Sall et, en attendant, faire suppléer le président de la République par le président de l’Assemblée nationale.
C’est bien cet acte de folie d’hier qui va installer le Sénégal dans une crise institutionnelle.
LE SIGNAL DE WALF COUPÉ, LES RÉACTIONS DE LA CAP ET DU SYNPICS
La Coordination des associations de presse (CAP) s’inquiète de la situation actuelle avec la coupure du signal du groupe Walfadjri, avant de « dénoncer avec énergie cette mesure excessive qui est inadmissible dans un pays démocratique comme le Sénégal ».
« Après le coup d’Etat constitutionnel, désormais il convient d’ajouter ce coup d’Etat médiatique avec le retrait définitif de notre licence. Une honte pour le dictateur Macky, il a tout osé, on doit répondre à cet affront. RÉVOLUTION REKK ». Me Cheikh Niass
La Coordination des associations de presse (CAP) s’inquiète de la situation actuelle avec la coupure du signal du groupe Walfadjri, avant de « dénoncer avec énergie cette mesure excessive qui est inadmissible dans un pays démocratique comme le Sénégal ».
Selon le communiqué parvenu à Emedia, « les Associations de presse qui apportent un soutien sans réserve au groupe Walfadjri condamnent par la même occasion l’immixtion dangereuse et liberticide du ministre de la Communication dans les programmes de la télévision Walfadjri ».
Le Synpics, pour sa part, de dit pas autre chose que condamner « fermement la coupure du signal de Walf Tv ». Pour le syndicat des professionnels de l’information, « Walf Tv est en droit de tenir un plateau spécial sur la situation politico-institutionnelle du pays, marquée par la suspension du processus électoral décidée par le Président de la République ».
Après e avoir appelé au sens de la responsabilité de l’organe de régulation et invité les médias à une couverture professionnelle de l’actualité politico-institutionnelle, rappelle aux forces de défense et de sécurité leur impérieux devoir de veiller à la libre pratique du métier de journaliste par les personnes habilitées et identifiées comme telles, sans entrave autre que les limites éthique et déontologique.
LE GOUVERNEMENT JUSTIFIE L'ABROGATION DU DÉCRET DE CONVOCATION DU CORPS ÉLECTORAL
Pour la ministre de la Justice, l'abrogation du décret de convocation par le chef de l'Etat était le seul moyen de sortir de cette crise institutionnelle
L’abrogation du décret portant convocation du corps électoral, en lien avec la présidentielle prévue pour se tenir initialement le 25 février prochain, était « plus que nécessaire », estime le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Aïssata Tall Sall.
« Je pense que cela était plus que nécessaire. Partant de ce que le président de la République a dit dans son adresse solennelle à la nation, je crois qu’il ne pouvait pas en être autrement », a-t-elle déclaré dans un entretien paru sur la page Facebook de la Radiotélévision sénégalaise (RTS), consultée dimanche par l’APS.
Dans le message qu’il a adressé à la nation pour annoncer l’abrogation de ce décret, dit-elle, le président de la République « […] nous parle d’abord d’un constat de ce qui se passe entre l’Assemblée nationale et au Conseil constitutionnel qui, depuis quelques jours, sont en train de se porter des arguments l’une l’Assemblée nationale contre l’autre le Conseil constitutionnel ».
La ministre de la Justice évoque les procédures entamées par l’Assemblée nationale qui, rappelle-t-elle, « a été jusqu’à voter une résolution qui ouvre une enquête sur le processus électoral, y compris peut-être les fondements des décisions du Conseil constitutionnel ».
Le Parti démocratique sénégalais (PDS) avait demandé et obtenu la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire après l’invalidation de la candidature de Karim Wade à l’élection présidentielle pour cause de double nationalité.
Le PDS a appuyé sa demande par des accusations de corruption présumée à l’encontre de certains membres du Conseil constitutionnel, chargé de l’examen des candidatures à ce scrutin.
« Le Conseil constitutionnel a réagi par communiqué en date du 29 janvier pour dire que lui n’entendait pas se soumettre aux conditions fixées par l’Assemblée nationale pour mener cette enquête parlementaire » a encore rappelé Aïssata Tall Sall.
Or, le président de la République, « au regard du devoir respect des principes de séparation des pouvoirs », « ne peut rien dire ni à l’Assemblée nationale qui est une institution ni au Conseil constitutionnel qui en est une autre », fait valoir la ministre de la Justice.
L’une incarnant le pouvoir législatif et l’autre le pouvoir judiciaire, il [le chef de l’Etat] ne peut en aucune façon interférer à ce débat ou dicter à l’une ou l’autre la conduite à tenir » a- t-elle insisté.
Il se trouve par ailleurs que « sa responsabilité constitutionnelle, tout en respectant la séparation des pouvoirs, c’est d’assurer et de faire garantir le fonctionnement régulier » des institutions, a-t-elle- souligné, avant de conclure : « Donc, le président de la République part de cela et dans son adresse à la nation, cela transparaît très clairement ».
REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE, JOG NGIR SENEGAAL DONNE SON APPRÉCIATION
L’initiative Citoyenne invite ceux qui aiment Macky Sall à lui donner des conseils sincères afin qu’il évite d’être celui qui va y installer le chaos qui détruira le pays, remettra en cause cette stabilité que les anciens nous ont léguée.
"Le 03 février 2024, et à la veille du début de la campagne électorale, le Président de la République Macky Sall a « signé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral ».
L’initiative Citoyenne Jog Ngir Senegaal donne ci-après son appréciation des cinq (5) raisons par lesquelles le Président de la République a justifié la prise de ce décret du 03 février 2024 :
1. Les dysfonctionnements constatés dans le contrôle du parrainage ont été notés dans l’élection présidentielle de 2019 et dans les élections législatives de 2022, pourtant ces dernières n’ont pas été annulées.
2. Même si l’élimination du candidat M. Karim Wade peut être considérée comme regrettable, la vérité voudrait que le parti démocratique sénégalais (PDS) s’en prenne à son créateur, qui est l’auteur de la Constitution de 2001 ayant indiqué qu’il fallait être « exclusivement » de nationalité sénégalaise ; mais aussi à M. Karim Wade, lui-même, qui a produit le décret du premier ministre français ayant prouvé que, jusqu’à la date du 16 janvier 2024, il avait une double nationalité. Et, qu’en conséquence, il aurait été coupable de parjure (faux et usage de faux) en 2019, mais aussi « lors du dépôt au greffe du Conseil constitutionnel de sa déclaration de candidature le 22 décembre 2023 » (voir considérants nos 83 à 89 de la décision susmentionnée).
3. En outre, l’article 92 a indiqué, en son alinéa 4, que « Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles ». Il apparait évident que, toutes les tentatives de remettre en cause le contrôle des parrainages et la décision No 2/E/2024 du 20 janvier 2024 du Conseil constitutionnel, par les candidats dits spoliés et par les députés du PDS, qui ont mis en place avec le soutien de ceux de la mouvance présidentielle, une commission d’enquête parlementaire (CEP) à cet effet, ne devraient, en aucun cas, être soutenu par le Président de la République qui a juré « devant Dieu et devant la Nation sénégalaise…d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois ».
4. Par ailleurs, « la polémique sur une candidate dont la bi-nationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel » commandait, tout simplement une nouvelle décision dudit Conseil qui modifierait celle du 20 janvier 2024 en application de l’alinéa premier de l’article 34 de la constitution. Car, cette découverte est bien un motif d’ « empêchement définitif» ( de participer à l’élection) de l’intéressée.
5. Enfin, prendre en compte les soupçons de corruption de deux membres du Conseil constitutionnel, c’est mettre sciemment de côté la présomption d’innocence. Il aurait fallu tout simplement demander au PDS de porter plainte devant le Procureur de la République afin que l’affaire soit jugée en flagrant délit compte tenu du fait que les noms de ceux qui seraient corrompus et du corrupteur ont été avancés. Alors dans le pire des cas (si les allégations sont fondées), les corrompus seraient remplacés et le candidat corrupteur écarté par décision du Conseil constitutionnel qui pourrait valablement siéger avec ses cinq (5) membres (voir articles 5 et 22 de la loi organique n°2016-23 du 14 juillet 2016 relative au Conseil constitutionnel).
Compte tenu de tout ce qui précède, il apparait clairement que le Président Macky Sall qui, sans aucun doute, n’est pas prêt à laisser le pouvoir à un de ses opposants politiques, a encore usé de subterfuges ou de ses « ndiouth-ndiath » ou « peexe», qu’un de ses conseillers avaient fustigés, pour tenter d’annuler l’élection présidentielle du 25 février 2024 avec la complicité de tous ces hauts fonctionnaires de l’Etat, civil, militaires et paramilitaires qui avaient pourtant l’obligation de le conseiller patriotiquement.
Les article 42 et 52 évoqués par des analystes ne donnent pas le droit au Président de la République, dans le contexte actuel de fonctionnement régulier de toutes les institutions, de signer ce décret du 03 février 2024, dont les éventuelles graves conséquences sont incalculables. Il s’est d’ailleurs gardé de les évoquer expressément.
Nous invitons les partis politiques, qui sont contre cette tentative d’annulation de l’élection, d’attaquer en extrême urgence ce décret devant le Cour suprême qui devrait avec le maximum de célérité l’annuler pour « excès de pouvoir » du Président de la République (Article premier, alinéa 2 de la loi organique n° 2017-09 du 17 janvier 2017 sur la Cour suprême) dans l’intérêt supérieur du pays et permettre ainsi à la campagne électorale de bien démarrer.
Alors le Conseil constitutionnel pourra prendre une décision de reporter la date de l’élection en fonction des jours qui auront été perdus du fait de ce décret illégal, inopportun et antipatriotique.
Nous appelons enfin le Président de la République et tous les croyants en Dieu qui l’accompagnent, à faire honnêtement leur autocritique pour se convaincre que la passion du pouvoir ne doit pas justifier la commission d’un acte qui constitue, en toute vérité un coup d’Etat « civil » du Chef du « Pouvoir exécutif » avec la complicité du « Pouvoir législatif » ou une trahison de son serment.
En décidant de ne pas se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024, le Chef de l’Etat avait posé un acte patriotique qui lui avait ouvert la possibilité de quitter le pouvoir par la grande porte, comme tous ses prédécesseurs. Ceux qui l’aiment et qui aiment le Sénégal doivent lui donner des conseils sincères afin qu’il évite d’être celui qui va y installer le chaos qui détruira le pays, remettra en cause cette stabilité que les anciens nous ont léguée, et inscrira son nom de la manière la plus négative possible dans l’histoire du pays."
Initiative citoyenne
Jog Ngir Senegaal
AFFRONTEMENTS À DAKAR APRÈS LE REPORT DE L'ÉLECTION
Alors que l'opposition avait appelé à manifester, la police a fait usage de gaz lacrymogènes. Des journalistes ont été interpellées. Des candidats déclarent avoir été agressés par les forces de l'ordre. Situation tendue sur le terrain
Des heurts ont opposé dimanche les forces de l'ordre à des manifestants protestant contre le report de l'élection présidentielle initialement prévue le 24 février, rapporte un journaliste de l'AFP présent sur place.
Selon ce journaliste, les gendarmes ont tiré des grenades lacrymogènes sur les centaines de personnes convergeant vers le rond-point Saint-Lazare pour répondre à l'appel de l'opposition à manifester. Deux autres journalistes, Ndeye Ndack Mbacké de la chaîne Agora TV et Khadija Ndate Diouf de la chaîne Itv, ont été brièvement interpellées alors qu'elles couvraient les événements, indique le média en ligne Seneweb, sans préciser les raisons de cette interpellation.
Le candidat Daouda Ndiaye, dont la candidature a été validée par le Conseil constitutionnel, avait annoncé entamer sa campagne électorale ce dimanche malgré le report décidé la veille par le président Macky Sall, rapporte Seneweb.
La candidate Anta Babacar Ngom a pour sa part indiqué sur Twitter être "actuellement détenue à la brigade de Foire, après avoir été brutalisée par les forces de l'ordre". Aminata Touré, ancienne Première ministre et désormais soutien de l'opposant emprisonné Ousmane Sonko, a également écrit sur le même réseau social : "Je viens d’être embarquée vers la gendarmerie de la Foire dès que je suis sortie de mon véhicule".