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6 février 2025
WASHINGTON S'INQUIÈTE DU REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE
La diplomatie américaine se dit "profondément préoccupé" après l'annonce de Macky Sall. Elle appelle "tous les participants au processus électoral à s'engager de manière pacifique dans l'effort de fixer rapidement une nouvelle date"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 03/02/2024
Le Bureau des affaires africaines du département d'État américain s'est dit "profondément préoccupé" après l'annonce du report de l'élection présidentielle au Sénégal, initialement prévue le 25 février.
Dans un tweet publié samedi soir, l'instance dirigée par l'assistant du secrétaire d'État chargé de l'Afrique a fait part de ses "profondes inquiétudes quant aux perturbations du calendrier électoral présidentiel".
Cette sortie intervient après la décision surprise du président Macky Sall, annoncée plus tôt dans la journée, de repousser le scrutin évoquant une "crise institutionnelle entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel".
Le chef de l'État n'a pour l'instant pas communiqué de nouvelle date pour l'élection. Dans ces conditions d'incertitude, les États-Unis se sont dit "préoccupés par le respect du calendrier électoral" par les autorités sénégalaises.
Le Bureau des affaires africaines a appelé "tous les participants au processus électoral à s'engager de manière pacifique dans l'effort de fixer rapidement une nouvelle date" pour le scrutin.
par Felwine Sarr
CONFISCATION DÉMOCRATIQUE
Ce peuple attendait ces élections comme une possibilité de libération et de restauration de sa respiration collective. Le voici pris en otage et sa respiration entravée. Il lui appartient de la désentraver
Nous sentions venir le coup. Mais nous n’osions y croire, car la ficelle nous semblait trop grosse. Mais il est là, porté à notre démocratie, à nos sacro-saint principes de vie collective, à notre vieille tradition de respect du calendrier électoral pour ce qui concerne les élections présidentielles au Sénégal. Après avoir dissout le principal parti de l’opposition, mis en prison ses dirigeants, embastillés plus d’un millier de citoyens pour avoir exprimé leurs opinions, désacralisé nos institutions, voilà que le président de la République ayant tâté le pouls de l’opinion et craignant une défaite de son camp aux élections présidentielles, prend un décret pour annuler/reporter les élections présidentielles.
Pendant des mois les Sénégalais ont supporté l’injustice politique, sociale et institutionnelle, la dégradation de leurs institutions, les brimades, la violence carcérale et policière, pleuré leurs morts tombés lors des manifestations, ou disparus dans les mers sur les chemins de l’immigration clandestine. Pendant des mois, ils se sont dit qu’il ne fallait pas répondre au piège du chaos qu’on leur tendait, en sortant dans les rues, mais qu’il fallait qu’ils attendent patiemment le jour du vote, pour exprimer leur volonté ; retrouver leur pays, le remettre sur les rails, restaurer leur démocratie, la qualité de leurs institutions et des individus qui les incarnent, se réapproprier leur pays et le guérir des maux qui le gangrènent.
Et voici que le président de la République, un homme seul parmi les 18 millions que nous sommes, vient de confisquer la possibilité donnée par la Constitution au peuple d’exprimer sa volonté à une date fixée et connue d’avance. Ce peuple qui a démontré son attachement aux principes démocratiques, à son désir de transmission pacifique du pouvoir, attendait ces élections comme une possibilité de libération et de restauration de sa respiration collective. Le voici pris en otage et sa respiration entravée. Il lui appartient de la désentraver. Toutes les forces vives de la nation doivent s’organiser, agir et obtenir la restauration du calendrier républicain !
PAR Abdoulaye Dieye
LES LEÇONS DU FILTRAGE DES CANDIDATURES
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre le contrôle controversé des parrainages, les décisions du Conseil constitutionnel questionnées et les tensions pré-campagne, cette phase de détermination des prétendants a soulevé plusieurs interrogations
Cet article a été rédigé avant lé décision de report de la présidentielle annoncée ce samedi 3 février par Macky Sall.
Il passe en revue et analyse l’étape de détermination des acteurs devant participer à l’élection présidentielle de février 2024. C’est la Constitution elle-même qui dispose en son article 29 que les candidatures sont déposées au greffe du Conseil constitutionnel, soixante jours (60) francs au moins et soixante-quinze (75) jours francs au plus avant le premier tour du scrutin. L’article L57 du code électoral précise que toute candidature à une élection présidentielle et aux élections législatives, présentée par un parti politique légalement constitué, par une coalition de partis politiques légalement constitués ou une entité regroupant des personnes indépendantes est astreinte au parrainage.
Pour être recevable, toute candidature doit être accompagnée soit de la signature au minimum de 44.231 électeurs et au maximum, de 58.975 électeurs du fichier électoral (avec obligation de recueillir au moins 2000 signatures dans 7 régions différentes); soit de la signature de 13 députés ; soit de 120 élus locaux (Présidents de Conseil départemental ou Maires).
Il est précisé à l’article R 76 al 8 du code électoral modifié par le décret n°2023-1935 du 19 septembre 2023 que le contrôle et les vérifications sur les listes de parrainage sont effectués dès le dépôt, selon l'ordre de passage issu du tirage au sort et dans les conditions fixées par la structure chargée de la réception des dossiers de déclaration de candidature.
Le Conseil constitutionnel à travers sa décision du 24 novembre 2023 a fixé les modalités de réception des dossiers de déclaration de candidature et les règles de fonctionnement de la Commission de Contrôle des Parrainages pour l'élection présidentielle du 25 février 2024. Cette Commission a organisé un tirage au sort déterminant l'ordre du contrôle des parrainages des candidats. Il est précisé à l’article R 76 cité plus haut que l’ordre issu du tirage au sort est maintenu durant tout le processus électoral.
Les membres de la Commission des Parrainages sont les suivants :
- les membres du Conseil constitutionnel ;
- le chef du greffe ;
- le personnel administratif et technique en service au Conseil Constitutionnel ;
- les représentants de la Commission nationale électorale autonome (CENA) ;
- les personnalités indépendantes ;
- le représentant de l'Administration.
A l’ouverture de la période de collecte des parrainages, le 29 septembre 2023, 266 mandataires d’aspirants à la candidature ont retiré des fiches de parrainage au niveau de la DGE (Direction Générale des Elections). Après la phase de dépôt de la caution à la CDC, 93 ont déposé leur dossier de candidature au greffe du Conseil constitutionnel.
Le contrôle des parrainages au niveau du Conseil constitutionnel a produit des résultats qu’il convient d’analyser avant d’aborder les étapes ultérieures.
Leçons tirées de l’analyse des résultats publiés par la commission de contrôle des parrainages.
Le Conseil constitutionnel, au cœur du processus, a organisé les opérations de parrainage. Les leçons suivantes peuvent être tirées de l’analyse des résultats de ce parrainage :
Il ressort de la décision n° 1/E/2024 du Conseil constitutionnel du 12 janvier arrêtant la liste des candidats que 03 candidats ont retiré leur candidature ; que 69 candidatures ont été déclarées irrecevables et 21 candidatures ont été déclarées recevables.
Il est possible de tirer de cette décision que certaines irrecevabilités se justifient par des dossiers de candidats n’ayant pas obtenu le minimum requis de parrainages ; certaines sont dues au caractère inexploitable de fichiers composant les dossiers concernés ; que d’autres, enfin, au caractère incomplet de certains dossiers. En rangeant O. Sonko, dans ce lot et en justifiant le caractère incomplet de son dossier par le fait qu’il n’a pas produit l’attestation confirmant le dépôt de la caution à la Caisse des Dépôts et consignation, le Conseil suscite beaucoup d’interrogations. Pourquoi le juge n’a pas évoqué le défaut de parrainages ? Se serait-il contenté du PV d’huissier ayant constaté la carence de la DGE ? Si oui, pourquoi n’a –il pas eu la même attitude concernant la carence de la CDC ? Puisque pour être éligible, il faut être électeur, le juge considère- t-il que O. Sonko est bien dans le fichier électoral, autrement dit, que sa radiation pour cause de condamnation par contumace a été annulée ? Des questions, pour le moment, sans réponses.
Le Conseil constitutionnel semble être revenu sur sa décision n°3/E/98 du 15 avril 1998 dite jurisprudence « Insa Sankharé ». Elle avait considéré que lorsqu’en matière électorale, une défaillance est clairement et formellement établie du fait des agissements de l’administration et mettant en péril la liberté de candidature (risque d’irrecevabilité), le dossier de candidature est recevable. Le dépôt du cautionnement avait été refusé au mandataire du candidat Insa Sankharé, alors qu’il s’était présenté avant l’heure limite de fermeture des bureaux de l’administration.
Parmi les 93 dossiers, il y’en a 4 qui ont été déposés avec le parrainage parlementaire (il s’agit de ceux de Habib Sy, de Khalifa Ababacar Sall, de Karim Wade et de Ousmane Sonko)[1], 88 dossiers avec le parrainage citoyen et 1 dossier (celui du candidat Amadou BA), avec le parrainage des élus locaux.
Pourquoi, un candidat qui estimait avoir recueilli plus de trois millions de parrainages a opté pour la voie des élus locaux ? L’interrogation est d’autant plus pertinente que le code électoral a prévu que si le nombre d'électeurs représentatif du maximum, soit 58.975 parrains, est dépassé, il n'est pas tenu compte du surplus qui est nul et non avenu. Manque de confiance pour les uns, simple utilisation de la technique d’assèchement pour d’autres. La technique d’assèchement consiste à réduire le champ des signatures «valides » à accorder et à faire essaimer les doublons externes. Le doublon externe, c’est quand sur la liste du candidat figure un nom qui figure en même temps sur la liste d’un autre candidat. Dans ce cas, le candidat a 48 heures pour régulariser sa situation.
Le doublon interne, c’est quand sur la liste du candidat figure un nom plusieurs fois. Face à cette situation, le candidat est dans l’impossibilité de régulariser.
1-3. Le communiqué de la CENA considérant qu’elle n’a pas dans son site le fichier électoral actualisé est la preuve d’un dysfonctionnement dans le processus électoral. Faut-il le rappeler, c’est à la C.E.N.A que le législateur sénégalais (art L5 et L6 du code électoral) a reconnu le pouvoir de contrôler et de superviser l’ensemble des opérations électorales et référendaires. Elle a le pouvoir d’intervenir à tous les niveaux du processus électoral depuis l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation provisoire des résultats. Elle doit apporter les correctifs nécessaires à tout dysfonctionnement constaté. Si la C.E.N.A qui doit faire respecter la loi électorale se limite à prendre l’opinion à témoin alors que la loi lui reconnait même un pouvoir de prendre des décisions immédiatement exécutoires d’injonction, de rectification, de dessaisissement, de substitution d’action, elle administre la preuve de son impuissance et de son inutilité.
Leçons de la décision n°2/E/2024 en date du 20 janvier 2024 du Conseil constitutionnel
Il s’agit de la décision ayant arrêté la liste définitive des candidats admis à se présenter à l'élection présidentielle du 25 février 2024. Nous y avons trouvé des motifs de satisfaction mais aussi des éléments d’interrogations.
Ce qu’il y a à saluer dans la décision
La CDC remise à sa place
La Caisse des Dépôts et Consignations –CDC- a pour mission, entre autres, de gérer, aux termes de la loi n°2006-03 du 04 janvier 2006, les dépôts et de conserver les valeurs appartenant aux organismes et aux fonds qui y sont tenus ou qui le demandent, de recevoir les consignations administratives et judiciaires ainsi que les cautionnements, de gérer les services relatifs aux caisses ou aux fonds dont la gestion lui est confiée.
En matière électorale, la CDC n’est impliquée qu’en tant qu’organisme devant recevoir le cautionnement des candidats. C’est l’article L 122 du code électoral qui astreint les candidats au dépôt d'une caution. II est délivré une quittance confirmée par une attestation signée par le Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations.
En refusant de délivrer au candidat O. Sonko une attestation après avoir remis une quittance à son mandataire, la CDC s’érigeait en acteur du processus électoral pouvant demain barrer la route à un candidat. Notons que c’est le défaut de cette attestation qui a été invoqué par la commission de contrôle des parrainages pour invalider le dossier du candidat O. Sonko. Le Conseil constitutionnel, en considérant que l’absence de l’attestation ne lui est pas imputable mais résulte plutôt de défaillances de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), remet cet organisme à sa place et confirme sa jurisprudence de 1998. Elle n’a pas à créer ses propres défaillances (fermer avant l’heure ou s’arroger le droit d’apprécier la validité de candidatures) pour éliminer des candidats.
Une clarification salutaire à propos des « non identifiés au fichier »
Le juge constitutionnel nous apprend que le rejet d'un parrain sous la mention « non identifié au fichier général » ne signifie pas nécessairement que celui-ci n'est pas inscrit au dit fichier. Cette précision a le mérite de lever certaines craintes nées de la lecture qu’en avaient faite les candidats recalés considérant que les non identifiés, au nombre de plus de neuf cent (900), ne voteraient pas car ne figurant plus au fichier. Le juge nous apprend que ce qui est assimilé à une disparition du fichier est la conséquence d’une transcription inexacte de l'un des éléments d'identification de l'électeur, en l'occurrence les prénoms, nom, numéro d'identification national, numéro de la carte d'électeur, circonscription électorale d'inscription ou date d'expiration de la carte nationale d'identité CEDEAO figurant sur la fiche de parrainage[2]. Autrement dit, il s’agit d’une défaillance au niveau des candidats qui entraîne l'impossibilité pour le dispositif informatique d’identifier le parrain dans le fichier général des électeurs. Le contrôle automatisé exige une concordance parfaite des données transcrites sur la fiche de parrainage avec celles figurant sur le fichier général des électeurs. En clair, nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes.
Ce qu’il y a à déplorer dans la décision
La démarche difficilement compréhensible du Conseil constitutionnel
Le dossier du candidat O. Sonko a été jugé irrecevable à l’étape du contrôle des parrainages. Le Conseil a justifié le caractère incomplet de son dossier par le fait qu’il n’a pas produit l’attestation confirmant le dépôt de la caution à la Caisse des Dépôts et consignation (voir supra). C’est le seul grief retenu par le juge pour expliquer l’irrecevabilité du dossier. Le même juge constitutionnel revient dans sa dernière décision (celle du 20 janvier) pour considérer que le candidat Ousmane Sonko, à l'appui de sa requête, soutient que l'absence de I ‘attestation confirmant le versement de sa caution, qui a motivé l’irrecevabilité de sa candidature, ne lui est pas imputable, mais résulte plutôt de défaillances de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui a reçu son chèque certifié, lui a délivré une quittance le 30 novembre 2023 et refusé de lui remettre une attestation. Il considère que l’absence de l'attestation de versement de la caution et des fiches de parrainage est le résultat du refus des autorités administratives compétentes. Il considère enfin et surtout que le fait que le dossier d'Ousmane Sonko ne contenait pas toutes les pièces exigées par la loi ne saurait lui être reproché, puisqu'il est indépendant de sa volonté. C’est pourtant ce qui a expliqué le fait que le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 1/E/2024 du12 janvier n’a pas retenu la candidature d’Ousmane Sonko parmi les vingt et une (21) autres candidatures déclarées recevables.
La déclaration sur l’honneur, une formalité pour la galerie, en dehors de recours
Parmi les pièces énumérées à l’article L.121 du Code électoral qui accompagnent le dossier de candidature figure la déclaration sur l’honneur par laquelle le candidat atteste que sa candidature est conforme aux dispositions des articles 4 et 28 de la Constitution, qu’il a exclusivement la nationalité sénégalaise et qu’il sait écrire, lire et parler couramment la langue officielle et celle par laquelle le candidat atteste être en règle avec la législation fiscale du Sénégal.
Le Conseil constitutionnel, dans sa décision n° 1/E/2024 du12 janvier arrêtant et publiant la liste des candidats, a déclaré la candidature de Karim Meïssa Wade recevable. Suite au recours de Thierno Alassane Sall (fondé sur le fait que son nom figurant encore sur la liste électorale de Versailles en France à la date du 16 janvier 2024, Karim Meïssa Wade n'est pas exclusivement de nationalité sénégalaise), le Conseil a finalement rejeté la candidature de Karim Wade en considérant que sa candidature avait été déclarée recevable sur la foi d'une déclaration sur l'honneur inexacte. Pour le Conseil, le candidat qui avait déposé sa déclaration le 2l décembre 2023, n'avait pas exclusivement la nationalité sénégalaise compte tenu des termes de l'article 27-l du Code civil français selon lesquels les effets du décret consacrant la perte d'allégeance de Karim Meïssa Wade à l'égard de la France (décret du 16 janvier 2024, publié te 17 janvier 2024) ne sont pas rétroactifs.
Cela signifie qu’il y a eu contrôle et sanction parce qu’il y a eu recours et que, certainement, en l’absence de recours d’autres déclarations erronées n’ont pas été sanctionnées. C’est très probable dans la mesure où l’on se demande encore comment certaines candidatures ont pu être déclarées recevables en dépit de l’exigence constitutionnelle de pouvoir écrire, lire et parler couramment le français.
Les suites du processus électoral jusqu’à la proclamation des résultats.
L’étape à franchir avant le scrutin du 25 février, c’est la campagne électorale.
La campagne électorale
En matière électorale, la régulation de la couverture médiatique de la campagne électorale est du ressort du CNRA. Cet organe est chargé d’assurer l’égalité des candidats dans l’utilisation du temps d’antenne. Le nombre, la durée et les horaires des émissions ainsi que les modalités de leurs réalisations sont fixés après avis du CNRA. En vérité, c’est la seule période où l’on note le respect du principe d’égalité entre les candidats. Il faut le dire, en effet, les « tournées économiques », les « inaugurations tous azimuts » d’un des candidats, ont été des moments forts de propagande électorale et ont constitué une véritable rupture d’égalité entre les candidats. Pourtant, l’article L 61 du Code électoral prévoit clairement que durant les trente (30) jours précédant l'ouverture officielle de la campagne électorale, est interdite toute propagande déguisée ayant pour support les medias nationaux publics et privés ; …que sont assimilées à des propagandes ou campagnes déguisées, les visites et tournées à caractère économique, social ou autrement qualifiées, effectuées par toutes autorités de l'Etat sur le territoire national et qui donnent lieu à de telles manifestations ou déclarations.
Pendant ce temps, le camp de l’opposition s’est vu notifier beaucoup d’interdictions de manifestation et d’organisations de caravanes avec des motifs divers.
La marche vers le scrutin de 25 février
Il faut noter que le législateur a voulu tenir compte de toutes les éventualités pouvant se réaliser. Ainsi, suivant que le processus est perturbé ou ne l’est pas, une réglementation est prévue.
En cas de perturbation du processus
Il peut s’agir d’un empêchement définitif ou du retrait d’un des vingt candidats retenus entre le 20 janvier et le 25 février prochain. Le cas échéant, l’élection est poursuivie avec les autres candidats en lice. La date du scrutin est maintenue.
Dans l’hypothèse d’un second tour, si un des deux candidats décède, est définitivement empêché ou se retire et si cela se réalise entre le 25 février et la proclamation provisoire des résultats, ou entre celle-ci et la proclamation définitive des résultats du premier tour, un autre candidat est repêché. Il s’agit de celui qui suit dans l'ordre des suffrages au premier tour et qui est admis à se présenter au second tour. Il en est d’ailleurs de même si la «vacance» intervient entre la proclamation des résultats définitifs du premier tour et le scrutin du deuxième tour, le candidat suivant sur la liste des résultats du premier tour est admis au deuxième tour.
Si maintenant le décès, l'empêchement définitif, ou le retrait d'un des deux candidats arrivés en tête se produit entre la proclamation provisoire des résultats et avant la proclamation des résultats définitifs du deuxième tour, le seul candidat restant est déclaré élu.
Il appartient au Conseil constitutionnel de constater le décès, l'empêchement définitif ou le retrait des candidats
Sans aucune perturbation du processus
Le scrutin aura lieu le dimanche 25 février prochain.
La publication définitive des candidats par le Conseil, le 20 janvier a révélé une chose inédite : la pléthore de candidats en dépit des filtres que constituent le cautionnement et le parrainage. Mais quel serait le nombre de candidats sans ces filtres ? En tout état de cause, le Code électoral prévoit en son article L 78 al 2 que l'électeur peut choisir cinq (5) bulletins au moins si le nombre de candidats en compétition est supérieur ou égal à cinq (5).
Si à l’issue du vote, un candidat obtient la majorité absolue c’est-à-dire la majorité plus un des suffrages exprimés, il est élu au premier tour. Les suffrages exprimés sont obtenus en retranchant les bulletins nuls des votants.
Si aucun candidat n'obtient la majorité requise, il est procédé à un second tour de scrutin le deuxième dimanche qui suit la décision du Conseil constitutionnel. Seront admis à se présenter à ce second tour, les deux candidats arrivés en tête au premier tour. En cas de contestation, le second tour a lieu le deuxième dimanche suivant le jour du prononcé de la décision du Conseil constitutionnel.
Au second tour, la majorité relative suffit pour être élu.
Au premier tour, on choisit. Au second tour, on élimine. Cet aphorisme se vérifiera certainement en 2024.
[1] Seuls les candidats de Benno, de Taxawu Sénégal, du Pds et de Yewwi ont ce nombre de députés requis (13 ou plus).
[2] Conformément à l'arrêté n° 032005 du 25 septembre 2023 du Ministre de l'Intérieur fixant les formats et contenus des fiches de collecte des parrainages.
LATIF COULIBALY, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU GOUVERNEMENT, DÉMISSIONNE
"Après mûre réflexion, j’ai pris la décision de tirer toutes les conséquences de tout cela, pour quitter le gouvernement. Je recouvre ainsi ma pleine et entière liberté, pour pouvoir défendre mes opinions et mes convictions politiques."
Latif Coulibaly, secrétaire général du gouvernement, frère d'un membre du Conseil constitutionnel, vient d’annoncer sa démission. SenePlus publie l'intégralité de sa déclaration ci-dessous.
"J’ai communiqué cette après-midi au chef de l’Etat ma décision de quitter mes fonctions de Ministre Secrétaire général du gouvernement. Je lui indiquais qu’en ayant constaté les faits qui se déroulent à l’Assemblée nationale et ayant également pris très bonne note de l’adresse au peuple sénégalais, j’ai décidé de partir.
Après mûre réflexion, j’ai pris la décision de tirer toutes les conséquences de tout cela, pour quitter le gouvernement. Je recouvre ainsi ma pleine et entière liberté, pour pouvoir défendre mes opinions et mes convictions politiques.
J’ai par ailleurs, expliqué au président de la République que j’’attendais enfin sa parole, pour procéder à l’envoi de ma lettre de démission. Je lui ai aussi expliqué que je tenais à partir, en réaffirmant que durant toute ma carrière de journaliste, mon frère, Cheikh Ahmed Tidiane Coulibaly, n’a jamais été mêlé, ni de près, ni de loin à mon travail, sinon que de lire, à chaque fois qu’il en avait envie.
Vive la République. En elle nous croyons profondément. Et en elle nous continuerons toujours de croire. Car c’est elle, le seul rempart fiable, parce que solide comme un roc, face à toutes les aventures périlleuses vers lesquelles tentent de nous mener certains !
Abdou Latif Coulibaly."
REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE, LE PRÉSIDENT EMBALO ADOUBE MACKY SALL
Alors que le report de la présidentielle prononcée par Macky Sall ce samedi suscite l’émoi, le président de la Guinée Bissau a, lui, adressé ses félicitations à Macky Sall.
Alors que le report de la présidentielle prononcée par Macky Sall ce samedi suscite l’émoi, le président de la Guinée Bissau a, lui, adressé ses félicitations à Macky Sall. Pour lui, il s’agit là d’une décision sage.
«J'adresse mes sincères félicitations au Président Macky Sall du Sénégal pour la sage décision, prise ce 3 Février après concertation, du report des élections présidentielles. Ceci, dans le but d'aller vers des futures élections plus inclusives, plus justes et plus crédibles», a-t-il posté Umaro Sissoco Embalò sur ses plateformes numériques ce samedi. Un message qui intervient quelques heures seulement après le discours à la nation du Président Macky Sall.
LE SÉNÉGAL RESTERA DEBOUT POUR LE RESPECT DE LA CONSTITUTION, RÉAGIT BARTH
A la suite de la déclaration du président Sall actant le report sine die de l’élection présidentielle, les réactions de la classe politique se poursuivent.
A la suite de la déclaration du président Sall actant le report sine die de l’élection présidentielle, les réactions de la classe politique se poursuivent.
Pour le maire de Dakar, Macky Sall cherche à se maintenir au pouvoir « sans avoir le courage de t’assumer »
« Triste et dommage pour toi! Le Sénégal restera debout pour le respect de la Constitution… Le 23 juin était une histoire de l’Assemblée Nationale….On connaît la suite… Le peuple souverain saura apprécier… À bientôt… », a écrit Barthélémy Dias sur sa page Facebook.
FELWINE SARR EN CONVERSATION AVEC YOUSSOU MBARGANE GUISSÉ
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JEUNESSE SÉNÉGALAISE, DE LA DÉSILLUSION À LA RADICALITÉ
Au Sénégal, la violence politique a des racines historiques profondes remontant à la colonisation. Aujourd'hui, une jeunesse radicalisée défie le pouvoir en place et réclame un changement de cap sur la souveraineté et le modèle de développement
Le Sénégal, réputé être un havre de paix en Afrique de l'Ouest, traverse aujourd'hui une profonde crise politique marquée par une montée des tensions et de la violence. Dans un entretien éclairant, le sociologue et philosophe Youssou Mbargane Guissé, autour de l'histoire de la violence politique et sociale au Sénégal, revient avec le philosophe Felwine Sarr sur les racines de cette situation explosive.
Selon Guissé, tout commence à la période coloniale, avec la répression féroce des mouvements indépendantistes africains. Cette violence fondatrice va être reproduite par les régimes postcoloniaux contre toute opposition politique, emprisonnée et torturée.
Le tournant des années 1980 avec les plans d'ajustement structurel va aggraver la fracture entre classes dirigeantes et population. La corruption gangrène l'État, des réseaux mafieux prospèrent. La jeunesse, face à la désillusion des indépendances, sombrera même dans une "folie collective".
Aujourd'hui, cette même jeunesse est entrée dans une radicalité nouvelle, prête à mourir pour le changement. La question de la souveraineté économique et politique est au cœur des revendications populaires.
Face à cette situation explosive, Youssou Guissé appelle à un "basculement culturel". Selon lui, les artistes, intellectuels et créateurs de toutes sortes doivent prendre part à la direction de l'histoire, aux côtés des politiciens décrédibilisés. La rue à soif de renouveau. Le Sénégal regorge de talents pour inventer les lendemains.
par Thierno Alassane Sall
HAUTE TRAHISON CONTRE LA RÉPUBLIQUE ET LA NATION
Macky Sall ne peut pas prétendre légitimement et légalement à la présidence de la République, après le 2 avril 2024. Il crée une crise institutionnelle pour garder le pouvoir. Aucun dialogue n'est possible
C'est avec une profonde inquiétude que je m'adresse à vous aujourd'hui, car notre République fait face à une menace sans précédent. La trahison envers la République et la nation est manifeste, et c'est avec une lourde responsabilité que je me tiens à vos côtés pour faire face à cette situation sans précédent.
Le président Macky Sall a pris la décision de violer de manière flagrante notre Charte fondamentale, un acte qui ne peut être ignoré. En entrant en politique, j'ai fait le serment de défendre la République et les intérêts du peuple sénégalais.
Aujourd'hui, face à une menace aussi grave, il est de notre devoir de prendre position et de protéger les valeurs qui nous sont chères. Je lance un appel à tous les patriotes et à tous les Républicains, transcendant les clivages politiques et idéologiques : faisons face aux scélérats. Macky Sall sait que son candidat Amadou Ba ne peut remporter l'élection présidentielle. Il a peur des conséquences de ses agissements pendant toutes ses années à la tête de notre pays.
En ces moments cruciaux, il est primordial de mettre de côté nos différences pour défendre l'intégrité de notre Constitution, qui ne doit jamais être traitée comme un paillasson. Il est impératif de faire entendre notre voix collective contre cette atteinte à nos principes démocratiques.
Macky Sall ne peut pas prétendre légitimement et légalement à la présidence de la République, après le 2 avril 2024. Il crée une crise institutionnelle pour garder le pouvoir.
Aucun dialogue n'est possible. Puisque Macky Sall est tenté par la haute trahison, la mobilisation citoyenne s'impose. Pour la République, au nom de la nation.
AMINATA TOURÉ CRIE AU SABOTAGE
L'ancienne Première ministre juge insuffisant l'argument avancé par Macky Sall pour justifier le report de la présidentielle, à savoir éviter une nouvelle crise dans le pays. Il s'agit selon elle, "d'un aveu d'échec" de la part du chef de l'État
L'annonce ce samedi 3 février par le président Macky Sall du report de l'élection présidentielle prévue le 24 février 2024 en raison d'un conflit entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel a suscité la colère et l'incompréhension de l'ancienne Première ministre Aminata Touré. Interrogée à ce sujet sur TFM, elle n'a pas caché son indignation : "Nous sommes tous scandalisés, mais en plus, c'est une grande régression pour l'image de la démocratie au Sénégal", a-t-elle déclaré.
Et de souligner: "Une élection présidentielle n'a jamais été reportée au Sénégal". Pour elle, il s'agit du "bulletin de sortie" du président sortant, alors que "les Sénégalais s'apprêtaient à écouter les candidats" et que "le processus normal se déroulait", comme en atteste l'enregistrement de leurs messages de campagne à la RTS.
Madame Touré a par ailleurs estimé qu'une commission d'enquête sur les irrégularités dénoncées "aurait pu tout à fait continuer à travailler pendant que le processus électoral se poursuivait". Elle juge insuffisant l'argument avancé par Macky Sall pour justifier ce report, à savoir éviter une nouvelle crise dans le pays. Selon elle, "c'est un aveu d'échec".
L'ancienne Première ministre pointe également du doigt la responsabilité de l'administration présidentielle dans les problèmes organisationnels soulevés. "Qui a organisé tout ça ? Qui a mis à disposition le fichier ? Ce sont ses services, il est le président de la République, c'est l'intérieur qui porte la responsabilité de tout cela", a-t-elle souligné. Et de conclure que pour elle, "c'est le dénouement d'une longue affaire qui a commencé et qui ressemble à du sabotage", installant le pays "dans une phase très dangereuse".
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REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE
Face au conflit opposant l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, Macky Sall abroge in extremis le décret de convocation des électeurs et annonce l'ouverture d'un dialogue national
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 03/02/2024
Alors que le pays est secoué depuis plusieurs jours par des tensions institutionnelles autour de l'organisation de l'élection présidentielle du 25 février prochain, le président Macky Sall a pris une décision radicale ce samedi 3 février pour tenter d'apaiser la situation.
Dans une adresse à la nation, le chef de l'Etat a annoncé avoir signé le décret abrogeant celui du 20 novembre 2023 portant convocation des électeurs. Cette mesure exceptionnelle intervient alors que l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel s'opposent sur la régularité du processus électoral.
Le parlement a en effet décidé de créer une commission d'enquête parlementaire sur le travail du Conseil constitutionnel, accusé d'irrégularités dans la validation des candidatures. Le Conseil a lui rejeté ces allégations tout en souhaitant faire la lumière sur les faits dans le respect des procédures légales.
Pour Macky Sall, ces dissensions entre institutions créent "des conditions troubles" susceptibles de "nuire à la crédibilité du scrutin". En abrogeant le décret convoquant les électeurs à quelques jours du vote, il entend laisser le temps au dialogue de s'installer.
Le président a en effet promis l'ouverture d'un "dialogue national" afin de réunir "les conditions d'une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé". Cette concertation devra réunir l'ensemble des acteurs politiques et institutionnels pour sortir de la crise et trouver un consensus sur l'organisation du scrutin.
Reste à voir si cette médiation prônée par Macky Sall aboutira à désamorcer les tensions. Car pour l'heure, l'abrogation du décret électoral jette le doute sur le calendrier et les modalités de l'élection présidentielle dans ce pays réputé pour sa stabilité démocratique.
Ci-dessous, l'intégralité du message du président Macky Sall :
"Mes chers compatriotes,
Alors que s’annonce l’élection présidentielle du 25 février 2024, notre pays est confronté, depuis quelques jours, à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges.
Ainsi, l’Assemblée, se fondant sur ses prérogatives, a décidé, par Résolution en date du 31 janvier 2024, de mettre en place une Commission d’enquête parlementaire pour éclairer sur le processus de vérification des candidatures et sur tout autre fait se rapportant à l’élection.
Dans son communiqué du 29 janvier 2024 signé par tous ses membres, le Conseil constitutionnel a réfuté les allégations portées contre lui, tout en prenant la mesure de la gravité des accusations, et en tenant à ce que toute la lumière soit faite dans le respect des procédures constitutionnelles et légales régissant les relations entre les institutions, notamment la séparation des pouvoirs et le statut de ses membres.
A cette situation suffisamment grave et confuse, est venue s’ajouter la polémique sur une candidate dont la bi-nationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel ; ce qui constitue une violation de l’article 28 de la Constitution qui dispose que « tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise ».
Ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d’un contentieux pré et postélectoral.
Alors qu’il porte encore les stigmates des violentes manifestations de mars 2021 et de juin 2023, notre pays ne peut pas se permettre une nouvelle crise.
J’ajoute qu’en ma qualité de Président de la République, garant du fonctionnement régulier des Institutions, et respectueux de la séparation des pouvoirs, je ne saurais intervenir dans le conflit opposant le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
Devant cette situation, l’Assemblée nationale, agissant en vertu de ses prérogatives, m’a saisi, pour avis, conformément à son règlement intérieur, d’une proposition de loi constitutionnelle en procédure d’urgence portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution.
J’ai pris acte de cette saisine après avoir consulté le Président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le Président du Haut Conseil des collectivités territoriales, le Président du Conseil économique, social et environnemental et le Président du Conseil constitutionnel.
En conséquence, compte tenu des délibérations en cours à l’Assemblée nationale réunie en procédure d’urgence, et sans préjuger du vote des députés, j’ai signé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral.
Pour ma part, mon engagement solennel à ne pas me présenter à l’élection présidentielle reste inchangé.
Enfin, j’engagerai un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé et réconcilié. Vive le Sénégal ! Vive la République ! "