Diourbel, 29 mars (APS) – Le député Hélène Tine a marqué sa désolation sur la situation de crise que traverse la Suneor depuis 2002, soulignant, dimanche à Diourbel, qu’on veut ''laisser mourir cet outil de production de sa belle mort''.
''Nous encourageons le gouvernement à aller vers la restructuration de cette industrie qui porte la filière arachidière. Nous ne pouvons pas parler d’émergence en laissant mourir les industries qui sont pourvoyeuses d’emplois et qui sont les leviers de l’économie locale'', a notamment dit Mme Hélène Tine, en marge de la célébration de la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ).
Membre d’un collectif de députés impliqués dans le dossier de la Suneor, Mme Tine a indiqué que lundi, ''ils vont rencontrer le directeur général pour en savoir plus, après la rencontre avec les travailleurs''.
Présentée lors des JMJ par Mgr André Guèye comme ''le député du peuple'', Hélène Tine a dit qu’elle ''prie, chaque jour, le bon Dieu de pouvoir rester sur ce chemin, d’être proche du peuple, d’être la voix des plus faibles et des plus démunis''.
PAR PATRICE SANÉ
QUELLE HONTE !
En voulant massifier l’Apr, Macky Sall commet les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. La transhumance est la face hideuse de la politique et les citoyens manifestent leur aversion contre ce reniement
«Je demeure convaincu que l’engagement politique peut s’accommoder de l’éthique, de la morale et de la loyauté.»
Macky Sall
Les Sénégalais, en portant Macky Sall à la magistrature suprême, le 25 mars 2012, avec plus de 65% des suffrages, s’attendaient à des ruptures fondamentales, par rapport à ce qui se faisait. Mais, force est de constater que le successeur d’Abdoulaye Wade semble faire dans la continuité.
Dans les discussions de la vie courante, plusieurs individus présentent de nombreux politiciens comme des politicards et donc des hommes dénués de toute éthique morale. Plusieurs de ces politicards se plaisent à affirmer qu’en politique tout est permis, feignant d’ignorer que tout n’est pas utile. Cette affirmation n’est que pur mensonge et justification de comportements immoraux bafouant toute éthique.
L’éthique en politique est une donnée indispensable pour la réussite, sur le long terme, des politiciens et de leurs partis. Les impatients et tous ceux qui ont choisi la réussite personnelle à l’exclusion de tout autre et particulièrement de celle de leurs partis et de leur pays, choisissent le raccourci de la transhumance, de l’enrichissement facile et rapide grâce aux surfacturations et autres gains obtenus par l’occupation de hauts postes de l’administration publique. Cette voie de l’immoralité, du non-respect du minimum d’éthique, n’est guère pérenne et ne conduit pas à la réussite politique.
S’il est vrai que le traître peut prospérer, ce n’est évidemment que pour un bref moment ; de plus, son nom dans l’histoire s’écrit de la plus mauvaise des manières.
Sur le plan politique, le sujet de conversation le plus prosaïque actuellement est la transhumance politique. Loin d'être une bonne stratégie politique, ce phénomène, qui reste la distraction favorite de certains politiciens, est d'envergure, mais honteux.
Portée au périgée, la jeune démocratie sénégalaise souffre aujourd'hui d'un terrible mal : la transhumance politique. Certes, la majeure partie de la classe politique sénégalaise, hormis ses perversions, a nettement révélé ses limites. Mais la transhumance politique demeure un véritable goulot d'étranglement à l'évolution de la jeune démocratie sénégalaise.
La transhumance, du latin trans (de l’autre côté) et humus (la terre, le pays), est la migration périodique d’une part du bétail (bovidés, équidés et ovins) de la plaine vers la montagne ou de la montagne vers la plaine, d’autre part des abeilles d’une région florale à une autre, et ce en fonction des conditions climatiques et de l'alternance des saisons.
Au Sénégal, lorsqu'on parle de transhumance, la définition est tout autre. Cela évoque immédiatement le passage d'un politicien d'un parti à un autre, d'une idéologie à une autre. Le bétail transhumant est toujours guidé par un berger, les hommes qui transhument le sont par leur moralité.
La transhumance politique apparaît donc comme étant une action opportuniste des hommes politiques à la recherche d'une nouvelle élite. En effet, en contrepartie de son adhésion et de son soutien, le transhumant garde ses privilèges et/ou échappe à une condamnation certaine pour faute de gestion ; c'est souvent le cas des politiciens sénégalais qui, sentant la CREI à leurs trousses, font un revirement de 180 degrés. Les cas les plus hideux sont ceux d’Awa Ndiaye, Innocence Ntap Ndiaye et Sitor Ndour. Une véritable honte pour la démocratie sénégalaise.
Le plus pénible reste à venir : si la CREI maintient sa volonté de traquer les politiciens véreux et corrompus de ce pays, on assistera, sans nul doute, à une méga transhumance politique, celle que le Senegal n'a pas encore connue. Beaucoup de Sénégalais en sont déçus.
En voulant massifier son parti, l’Apr, Macky Sall commet les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. La transhumance a la face hideuse du jeu politique et les citoyens manifestent chaque jour leur aversion contre ce phénomène de trahison et de reniement. Les transhumants amènent des problèmes dans un parti au pouvoir ; ils ne croient ni en son dirigeant qu’ils diabolisaient auparavant ni à la ligne de son parti ; ils ne veulent que des sinécures et créent dans le parti leurs propres tendances pour mener la guerre aux «pionniers».
Ce qui est triste, le parti se laisse envahir par des gens qui n’ont que leurs crocs pour se jeter sur le morceau de viande qui leur est jeté. Ils assombrissent le parti et renvoient le Sénégal au régime défait. Si Macky Sall savait…
S'il est vrai que chaque parti politique est une entité à part entière et forme l'opinion et ses militants par un encadrement doctrinal et idéologique, si c'est grâce à cette formation assurée par cette entité que seront connus les idées et le programme dont se réclament tel ou tel candidat qui sollicitent, de ce parti, son investiture à une charge politique, la transhumance politique doit être considérée comme la pire des trahisons.
En somme, c’est une belle expression péjorative pour désigner une catégorie de politiques peu scrupuleux. Ceux qui, n’ayant aucune opinion et cherchant à servir leurs desseins personnels, changent de partis du jour au lendemain. L'expression «transhumance politique», en tant que telle, les sanctionne déjà, parce que renvoyant terriblement à un troupeau, plus précisément à des animaux, qui ne se déplacent que pour rechercher des pâturages plus verts. Quelle honte ! Il faudrait qu'ils comprennent qu'en politique, la victoire ne vient pas par la masse, mais de l'effort des fidèles.
Paris (AFP) - Le pouvoir s'accompagne souvent d'une sexualité exacerbée, qui parfois dérape en abus punissables par la loi. A cet égard, la chronique millénaire du lien pouvoir et sexe fourmille d'anecdotes sur les frasques des hommes politiques, de Napoléon à Dominique Strauss-Kahn.
"Depuis la nuit des temps, il y a quelque chose d'érotisant dans le pouvoir", rappelle à l'AFP le psychanalyste Jean-Pierre Winter. Citant Lacan, il ajoute: "Le désir de l'homme étant le désir de l'Autre, vous devenez désirant."
De fait, l'histoire regorge d’anecdotes d'alcôves. César collectionnait les aventures, Napoléon ne pouvait pas passer une nuit seul et chargeait Talleyrand de lui recruter celle qui partagerait son lit d'un soir. Henri IV, surnommé le Vert-Galant, comptait quelque 70 maîtresses. Sans parler des nombreuses conquêtes de Louis XIV, ou de la vie amoureuse des présidents Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, François Mitterrand, Nicolas Sarkozy et François Hollande.
Longtemps, John Fitzgerald Kennedy a été présenté comme le président américain au charisme fou avant que ne soit révélée sa sexualité obsessionnelle.
L'Italien Silvio Berlusconi, lui, n'a pas craint de vanter sa virilité en faisant étalage de ses conquêtes, avec des épisodes peu glorieux comme le Rubygate. Condamné à 7 ans de prison pour incitation à la prostitution de mineur et abus de pouvoir, il a été acquitté en appel.
Pouvoir et sexe ne sont pas l'apanage des seuls hommes. "Dans l'histoire, Catherine de Russie ou Élisabeth de Bavière étaient ainsi connues pour avoir beaucoup d'amants. Des amazones aussi hyper sexuées que les hommes", explique à l'AFP Jean-Pierre Friedmann, psychanalyste, auteur de "Du pouvoir et des hommes" et "Du pouvoir et des femmes".
"Le sexe est extrêmement important et il influe beaucoup en politique. On l'a vu à de nombreuses reprises", confiait en novembre 2012 à France Inter, l'ex-ministre UMP Roselyne Bachelot.
Hommes et femmes, mus par la conquête du pouvoir, ont des traits de caractère communs, souligne M. Friedmann: "Ils ont beaucoup sacrifié de choses à leur ambition. Ils sont narcissiques et mégalomanes. Ils pensent que le monde dépend d'eux, qu'ils sont maîtres des autres. Il y a un désir de soumission de l'autre."
- 'Des lois de perpétuation de l'espèce' -
Le psychanalyste voit dans le lien pouvoir et sexe l'expression primaire "des lois de perpétuation de l'espèce", où "les mâles se battaient pour savoir qui était le plus fort et la femme était attirée par le gagnant". "Nous sommes des animaux", dit-il en parlant de notre "cerveau reptilien".
De là à penser que les puissants de ce monde ont une libido hors norme, il y a un pas. Que certains ont franchi à l'instar de Henry Kissinger, ancien secrétaire d'Etat de Richard Nixon, pour qui "le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême".
Jean-Pierre Winter estime lui aussi que "le pouvoir est euphorisant". "Il a un effet viagra."
Pour M. Friedmann, "pouvoir et sexe dépendent des mêmes hormones". "Des personnes extrêmement puissantes (chefs de grandes entreprises, politiques etc.) accumulent une telle tension que seul l'orgasme les détend", ajoute-il. Les endorphines, dites hormones du bonheur, sont secrétées lors d'activités physiques intenses, de douleur ou d'orgasme.
François Krauss, chargé d'études à l'Ifop, relève pour sa part que les "personnes ayant le plus de partenaires extraconjugaux sont surreprésentées dans les catégories supérieures, ayant un capital économique et une réussite professionnelle".
"Le pouvoir, quel que soit le type de pouvoir, suscite le désir chez les autres. C'est vrai dans une entreprise, c'est vrai dans le spectacle -le metteur en scène attire les actrices-, c'est vrai en politique plus encore", observe M. Winter.
Il explique qu'"une des raisons" de cette attirance "se trouve dans l'imaginaire". "Il y a une fascination pour l'homme de pouvoir, qui a celui de tuer. Cet homme est d'autant plus attirant qu'il n'utilise pas ce pouvoir de tuer." "Le désir est toujours articulé à la mort d'une manière ou d'une autre", dit-il.
Le pouvoir s'accompagne-t-il toujours d'une sexualité "débridée"? Pour M. Winter, il ne faut pas généraliser, car "on parle beaucoup de la sexualité débridée de ceux qui défraient la chronique". Une focale dont il convient de se méfier. Le général de Gaulle, homme de pouvoir s'il en est, n'avait d'yeux que pour son épouse Yvonne.
Quant à savoir s'il y a addiction, il n'y croit guère. Il préfère y voir l'expression d'hommes "esclaves de leurs pulsions". "C'est une véritable névrose, une incapacité à se retenir. Mais la différence avec une addiction, c'est que lorsqu'ils ne sont pas en présence de femmes, ils ne sont pas en manque, comme le sont les dépendants de l'alcool."
Disons tout de go : le secteur privé marocain (banque, assurances, immobilier), n’a pas bonne presse au Sénégal. Des franges importantes du Patronat pensent que les Marocains sont venus leur prendre le pain de la bouche et crient au scandale. Il n’y a qu’à se remémorer la campagne de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurances, (voir REUSSIR juillet 2014) pour en avoir le cœur net.
Sans compter la levée de boucliers des architectes et promoteurs immobiliers après l’attribution des projets de Diamniadio et de la Cité de l’Emergence aux marocains Alliances et Addoha… C’est dire que ce dossier de REUSSIR sur les business marocains au Sénégal peut ne pas plaire…
Pourtant, nous avons décidé de réaliser ce grand reportage au Maroc pour la bonne et simple raison que nous pensons, sincèrement, que les invectives, procès d’intentions et amalgames ne règlent pas le problème. Nous avons réagi en journaliste. En descendant sur le terrain, pendant une dizaine de jours, tâter le pouls du pays, constater les réalisations, discuter avec les élites et populations de base, puis revenir partager avec vous le résultat de notre collecte.
En effet, le Maroc est un grand pays. Non pas par ses dimensions géographiques mais surtout par la vision stratégique du Roi qui impulse clairement la politique de développement. Mohamed VI, un roi-entrepreneur, fixe lui-même le cap et suit, à la trace, les réalisations. Il a aidé à bâtir des "champions nationaux" dans la Banque, l’Immobilier, les Télécoms, etc. Des métiers dont le Maroc a acquis une certaine expertise, de rang international, et qu’il veut aujourd‘hui exporter sur le reste du continent. Une stratégie d’expansion, mûrement réfléchie et en train d ‘être mise en œuvre méthodiquement. Avec des résultats tangibles…
Pendant une quinzaine d’années, le Maroc a réalisé une croissance économique moyenne de 5% et doublé son PIB/ habitant, soit une belle répartition des fruits de cette croissance. Un exemple sur l’immobilier avec une panoplie d’incitations fiscales, sur le foncier et le financier. Ainsi, le pays arrive à produire quelque 150 000 logements par an. Là où, entre 2000 et 2010, le Sénégal n’a pu fournir que 9 500 logements neufs, sur un déficit de 125 000 logements…
Premier partenaire économique et premier destinataire de ses investissements en Afrique de l’ouest, le Sénégal est un pays ami du Maroc. Une relation historique qui transcende le temps et l’espace, qui a dépassé le champ politique, pour être vécue, au quotidien, dans l’intimité des familles et le souffle apaisant des zawiya tidjanes. Aujourd’hui, le business a pris le relais avec un contrôle marocain hégémonique sur le secteur bancaire avec les enseignes CBAO et Crédit du Sénégal du groupe Attijariwafa Bank, BOA (BMCE) et Banque Atlantique (Banque Centrale Populaire).
Pour dire que le Sénégal a beaucoup à apprendre de ce pays frère. Qui a déjà réalisé une grande partie des travaux préliminaire sur la voie de l’émergence, une politique d’accès à l’éducation, la santé, l’eau, l’énergie… D’ailleurs, nos amis du Plan Sénégal Emergent devraient y faire un tour afin de comprendre les ressorts, moteurs et leviers qui ont permis de réaliser ces formidables résultats.
En attendant, ils peuvent se jeter à fond sur ce dossier de REUSSIR pour un exercice de benchmarking. Idem pour nos amis du Patronat qui peuvent en profiter pour demander à l’Etat et au Président de prendre exemple sur le Maroc et son Roi pour mener ensemble les batailles pour le développement du Sénégal.
AGROINDUSTRIE : QUAND LE COUP DE MOU DE LA CSS PROFITE AUX NATIONAUX
Géant d'hier, Mimran et la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS), ne sont plus intouchables. Même s'ils ont toujours des arguments à faire valoir, des nationaux ambitieux viennent désormais les titiller. Les commerçants dans le sucre, les entrepreneurs dans la farine... Le baobab est bel et bien secoué.
De la production à l'importation, la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) fait la pluie et le beau temps dans le secteur du sucre. D'abord, elle a bénéficié de 6 000 hectares à Richard Toll pour lui permettre de couvrir la demande nationale, par une production locale, en termes de création d'emplois même si, au début, elle pourrait la combler progressivement, par l'importation.
Du coup, les opérateurs nationaux intéressés par le sucre ne pouvaient rien faire si ce n'est de continuer à protester. Les régimes politiques se sont succédé mais la donne n'a pas changé. Pour cause, la CSS ne semble plus accorder de priorité à la couverture de la demande nationale par une production locale. Aujourd'hui, en plus de monopoliser la production locale, elle la complète par l'importation.
Selon les chiffres de l'Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), la CSS a bloqué sa production de sucre de canne à près de 80 00 tonnes et importe le reliquat pour arroser le marché local, soit 150 000 T/ an. Des importations de "80 200 T en 2010, 75000 T en 2011, 74400 T en 2012 et 73 200 T en 2013", révèle l'ANSD.
Pendant ce temps, les commerçants sénégalais se sont rués dans l'importation de sucre pour exister dans le secteur et se battre contre le géant. Après moult sorties musclées, le ministre du Commerce lâcha un peu de lest. "La CSS a demandé à disposer d'un quota de sucre à importer pour son réseau de distribution. Il a été retenu de lui allouer un quota de 8 000 tonnes et un autre de 17 000 tonnes pour les importateurs. On a aussi décidé de limiter à 10% au maximum le quota que les importateurs sont en droit d'avoir contrairement à l'année d'avant où certains avaient jusqu'à 19%", lit-on dans le communiqué du ministère de tutelle.
Un dispatching que l'UNACOIS ne semble pas comprendre. Selon Ousmane Sy Ndiaye, son Secrétaire permanent, il n'y a pas à chercher loin parce que le sucre est protégé au détriment des nationaux. "L'Etat a mis un système de protection au profit de la compagnie sucrière. Ce qui disqualifie les entreprises nationales. Voilà un exemple patent où on attendait une position de régulation de l'Etat. Quoi qu'on dise, l'usine emploie des Sénégalais donc, il faut faire en sorte qu'il y ait des relations équilibrées permettant à l'usine de produire et vendre son sucre, mais aussi donner l'opportunité aux Sénégalais qui veulent produire ou importer du sucre de pouvoir le faire parce qu'il y a un gap à combler.
La demande dépasse largement les capacités de production de cette usine. L'Etat gagnerait à avoir une position médiane sur la question. Mais malheureusement, il a pris partie pour la compagnie sucrière", se désole-t-il.
Les privés nationaux exclus par les exigences financières?
Même si les nationaux réclament, à juste raison, plus de place dans le marché du sucre, force est de préciser que ce secteur exige des moyens assez importants, eu égard aux exigences du marché international. Selon Louis Lamotte, Conseiller du DG de la CSS, il fut un moment où le marché international était devenu inaccessible. Mais la CSS, dans son obligation de satisfaire la demande locale, a dégagé beaucoup de moyens grâce à beaucoup de découverts dans les banques. "Il faut une régulation plus affinée de l'importation de sucre au Sénégal. Jusqu'en 2012, aucun commerçant n'osait importer du sucre au Sénégal car son prix était très élevé sur l'international. Mais à partir de 2013, ces prix étaient devenus plus abordables. D'où l'immixtion d'une kyrielle d'importateurs. On a eu 55 000 tonnes de sucre produites qui étaient mévendues en 2013", a-t-il rappelé.
Les nationaux ont-ils la possibilité d'exister dans un marché aussi instable ? Même s'il ne le reconnaît pas directement, Ousmane Sy Ndiaye de l'UNACOIS est conscient que les commerçants ont une limite qui a pour nom : faible accès aux financements. "L'Etat doit faire en sorte que les privés nationaux puissent accéder à des services financiers et non-financiers qui permettent de faire face à la concurrence. Ça permettra de faire face au problème de l'emploi des jeunes. Pour cela, il faut que les PME se développent. Le segment de la distribution et de la commercialisation constitue une niche d'emplois incroyable. L'autre intérêt majeur que cela peut procurer au pays, c'est de développer une capacité commerciale capable de tirer la production locale. S'il y a un marché structuré et organisé, des réseaux de distribution modernisés, naturellement la demande va se préciser et l'offre pourrait suivre. Et la meilleure façon de soutenir l'offre en amont, c'est d'organiser le marché et là, il faut d'abord positionner les Sénégalais", plaide-t-il.
Même si les critiques sont multiples, la CSS a des arguments de taille à faire valoir. Elle emploie directement et indirectement environ 18 000 personnes, soit des coupeurs de canne, ouvriers de l'usine, transporteurs et autres, compris, pour une masse salariale d'environ 15 milliards FCFA/ an, injectés dans la zone, sans compter d'importantes recettes fiscales pour le Trésor public.
Alors, les commerçants sénégalais, exclus de fait du segment de la production ? C'est, du moins, ce qui apparaît quand on jette un coup d'œil sur les montants investis par les intéressés et sur ce qu'en dit la législation. "La production de sucre, quant à elle, relève aujourd'hui d'un monopole de fait et non de droit car il est loisible à tout opérateur, sénégalais comme étranger, d'investir dans la production de canne à sucre et l'industrie de fabrication de sucre. En revanche, la protection dont il est question concerne l'activité de production contre les importations de sucre qui, en l'absence de régulation, peuvent anéantir l'activité de production avec de graves conséquences économiques et sociales pour le pays", indique Ousmane Mbaye, Directeur du Commerce Intérieur.
Mais avec la décision du gouvernement d'ouvrir l'importation aux nationaux avec des quotas bien définis, c'est la CSS qui tremble. Selon le Directeur du Commerce Intérieur, en 2014, sur le gap de sucre cristallisé à importer, évalué à 25 000 Tonnes, "les 2/3 ont été octroyés aux importateurs dont la quasi-totalité est constituée de nationaux. Seul le tiers du quota a été attribué à la CSS pour maintenir son activité durant l'inter- campagne. En 2013, tout le gap à importer, soit 62 500 T, leur a été attribué", précise-t-il.
IBRAHIMA DIOUF, DIRECTEUR DU BUREAU DE MISE À NIVEAU DES ENTREPRISES
"SI LES ENTREPRISES SÉNÉGALAISES NE SONT PAS COMPÉTITIVES…"
M. Ibrahima Diouf, Directeur du Bureau de Mise à Niveau des Entreprises (BMN), diagnostique la place de l'entreprise typiquement nationale, face à la concurrence étrangère.
Le Programme de Mise à Niveau (PMN) a accompagné 119 entreprises avec des investissements réalisés de près de 35 milliards FCFA, sur un total approuvé de 84 milliards FCFA. Une performance qui cache bien des contraintes. Selon M. Diouf, les entreprises sénégalaises sont confrontées à un environnement des affaires pas assez incitatif, une concurrence internationale aiguë. "Une des priorités du Secteur privé est que le Programme de Mise à Niveau soit pérennisé pour améliorer la compétitivité des entreprises sénégalaises. Si elles ne sont pas compétitives en termes de prix ou de produits et services, la concurrence étrangère va les bousculer et certaines pourraient même disparaître. Le PMN a reçu comme instruction d'apporter son concours mais il faudrait que l'État le dote de moyens financiers suffisants. Aujourd'hui, le Programme est essentiellement financé par la France avec l'AFD, l'ONUDI et l'Union Européenne. Ces financements arrivent à expiration et il faudrait penser à la pérennisation pour permettre d'accompagner les entreprises. L'objectif du PMN, c'est primer l'investissement réalisé par les chefs d'entreprise. S'il n'y a pas d'investissements, il n'y a pas de croissance, donc pas d'amélioration du PIB, ni de création de richesses.
Grâce à un environnement des affaires incitatif, l'épargne va financer l'investissement qui va ainsi créer la croissance", indique M. Diouf, ancien Directeur des PME.
Aujourd'hui que le Sénégal s'est inscrit dans une dynamique d'émergence, M. Diouf estime qu'il faut, non seulement, des investissements structurants, de l'État et ses partenaires, mais aussi et surtout, l'implication du Secteur privé qui s'avère indispensable dans ce processus. Pour lui, si le Sénégal en est encore là, c'est parce qu'il n'y a pas encore une véritable densification du tissu des PME. "Le processus dans les pays émergents, à la base, il y a certes les Investissements Directs Etrangers (IDE) qui ont joué un rôle important en termes d'investissements structurants, mais auparavant, ce sont des PME aux mains des nationaux qui ont favorisé la véritable émergence. C'est ce tissu dense de PME a été à l'origine de la création de la classe moyenne, propriétaire de PME qui ont favorisé l'émergence, en tirant vers le haut, avec des revenus accrus, un pouvoir d'achat sensiblement amélioré. Ils ont constitué des éléments décisifs ayant favorisé l'investissement domestique qui a ensuite tiré la croissance économique. Ce processus ne s'est pas encore réalisé au Sénégal. Nous avons plutôt misé sur les IDE et ils ont leurs limites", poursuit M. Diouf. "En pourcentage du PIB, les IDE ne représentent que 2%. Certes, le gouvernement a initié et développé des politiques volontaristes de promotion des IDE, mais notre pays reste insuffisamment attractif, du point de vue économique et institutionnel car pénalisé par sa trop forte dépendance envers une conjoncture défavorable du marché européen, de la France en particulier…".
Pour cet Expert des PME, "n'étant pas un exportateur net de matières premières en dehors du phosphate, de l'acide, de l'or, de l'arachide, du coton et des produits de la mer, le Sénégal ne se positionne pas dans les stratégies de délocalisation des nouvelles puissances émergentes".
Pour promouvoir l'investissement national, le gouvernement avait décidé, en 2007, de la baisse de l'impôt sur les sociétés, passé de 35 à 27%. Selon M. Diouf, c'est l'effet contraire qui a été obtenu. "Les bénéfices engrangés ont été rapatrié et les grandes entreprises, filiales des multinationales, ont beaucoup plus bénéficié de cette mesure que les PME. C'est dire que, malgré les efforts, les multinationales continuent de dominer l'économie nationale. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, mais il faut que ces très grandes entreprises s'allient avec le secteur privé sénégalais et que l'État facilite l'émergence d'entreprises nationales dynamiques dans les secteurs stratégiques. En négociant des prêts concessionnels, l'État peut les rétrocéder au Secteur privé en leur exigeant d'investir dans les secteurs, jugés prioritaires, définis en amont et de manière consensuelle, avec des facilités en termes de taux d'intérêt et de durée de remboursement", suggère-t-il.
BTP & IMMOBILIER : LES ÉTRANGERS FONT COMME CHEZ EUX…
Les "étrangers" sont-ils devenus des "nationaux" dans le secteur des BTP et de l’immobilier ? Vu la place qu’ils occupent dans les grands chantiers de l’État, on serait tenté de répondre par l’affirmative…
Les privés nationaux évoluant dans le secteur des BTP n’oublieront pas de sitôt le marché de "la Cité de l’Emergence", sur le site de l’ex-gare routière Pompiers. Un projet d’un coût estimé à près de 21 milliards FCFA, pour 650 logements sociaux et sur 3 hectares, leur est passé sous le nez et la barbe, au profit d’une marocaine, dénommée ADDOHA. Qui va aussi construire "la Cité de l’Avenir" de 12 tours de 400 logements sociaux, à la Patte d’Oie, pour un coût de 12 milliards FCFA. Des projets qui entrent dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE). Alors où sont passés les nationaux ?
Même si le Président du Regroupement des Promoteurs Privés Immobiliers (RPIS) estime qu’il y a eu des évolutions dans leurs relations avec l’État, le constat sur le terrain est autre. "Il y a eu des évolutions notables avec le lancement des pôles urbains du Lac Rose et de Diamniadio. J’avais dit au Délégué (NDLR : M. Seydou Sy Sall) que nous ne voulions pas prendre le train en marche, mais "être le train" car personne ne va construire notre pays à notre place. Aujourd’hui, l’État est persuadé que sa vision du Sénégal Emergent ne pourra pas se faire sans une forte implication des
entreprises nationales. Ils sont en train de réorganiser tout ça et nous restons toujours en attente, une attente confiante. Nous sommes sûrs que personne ne peut développer le Sénégal sans nous. Souvent, on nous dit qu’on ne produit pas assez, mais dans la promotion immobilière, il s’agit de produire des maisons mais qui soit accessibles au pouvoir d’achat des Sénégalais", se justifie Babacar Faye.
Si certains promoteurs privés se rongent encore les doigts, d’autres ont débuté leurs activités. C’est le cas de GETRAN, dans le BTP, dirigé par le polytechnicien, Mar Thiam. Un projet d’envergure à Diamniadio avec 33 immeubles de 4 à 8 étages et pas moins de 700 appartements prévus ; les premiers devant être livrés en 2015.
Si Babacar Faye reste optimiste, du côté des professionnels des BTP, la donne est tout autre. "Les problèmes sont les mêmes et on ne voit pas un début de solution. Il y a aussi notre image. On a été taxé de "secteur de cartel" avec des ententes entre les grosses boîtes et avec des surfacturations. Tout ceci n’est que des justifications pour faire venir des entreprises étrangères. Comme on le constate depuis 2000", se plaint Oumar Sow, président du Syndicat professionnel des entrepreneurs de BTP du Sénégal.
Aujourd’hui, le principal obstacle des promoteurs immobiliers privés, c’est l’accès au foncier à coût réduit. Une faveur qui semble être faite aux entreprises étrangères. Comme en atteste les 375 ha qui leur avait été accordés et avaient suscité plein de bruit. Selon M. Faye, même si l’État est leur partenaire, "nous n’accepterons pas une défiscalisation partielle du logement social en faveur des étrangers. Quand on les exonère de l’impôt sur le bénéfice, ils vont alors rapatrier tous leurs bénéfices et l’État n’y gagne rien. C’est même une perte. Ce que nous ne pouvons pas avoir chez eux. Aussi, l’État doit revenir à la raison…".
M. Faye informe que ses collègues ont décidé d’investir à Bambilor, Yène, Lac Rose… avec des projets de ville, en attendant la réaction de l’État.
"Nous verrons si l’État nous mettra sur un pied d’égalité avec les étrangers. Depuis les indépendances, à part Patte d’Oie Builders, aucune société étrangère n’a jamais construit quelque chose ici. Les gens ont grandi dans les HLM, SICAP, SIPRES… Le Premier ministre nous a assuré que l’État ne va privilégier les entreprises étrangères au détriment des nationaux. Aussi, quand l’État mettra du foncier à notre disposition, nous verrons ce qu’il y a à faire. Ce sera une concurrence qui va stimuler les efforts des Sénégalais et qui va créer des emplois. Le débat, c’est avoir un environnement favorable à l’émergence d’une industrie de la construction et de production des matériaux. Un défi mesuré à sa juste valeur et nous nous y attelons chaque jour…", avertit-il.
HYDROCARBURES : DES CONQUÊTES SÉNÉGALAISES AU FORCEPS…
Ébranlées par la force de frappe de Total Sénégal, les entreprises nationales du secteur pétrolier ne s'avouent, pourtant, pas vaincues. Même si certains segments sont encore inaccessibles, leurs parts de marchés s'améliorent, un peu plus. Mais "l'affaire Touba Oil" a, quelque peu, freiné leur bel élan…
En termes d'effectifs composant les deux regroupements patronaux du secteur, l'Association Sénégalaise des Professionnels du Pétrole (ASPP), avec ses 14 membres, dépasse de loin le Groupement des Professionnels du Pétrole (GPP), composé de Total, Vivo Energy et Oilibya. Par contre, en termes de parts de marché, la donne est tout autre. "Dans les hydrocarbures, il y a la distribution avec le réseau terre (station-service et autres), le réseau pêche et le secteur consommateur. Aujourd'hui, le GPP représente 67% du marché, contre 32,58% pour les
sociétés nationales sénégalaises. Une progression notable parce qu'en 2005, les majors étaient à 87,53%. Les nationaux ont fait un bond qualitatif de 22,53% entre 2005 et 2013. Au niveau du réseau pêche, les sénégalaises sont leaders avec 63,82% alors que les majors n'ont que 30%. Pourtant, jusqu'en 2010, c'était 100% de majors", révèle Ameth Guissé, Président de l'ASPP.
Entrés dans le secteur en 2000, les nationaux se positionnent petit à petit. Toutefois, même s'il est vrai que les chiffres affichent des avancées
notables, force est de préciser que certains segments restent encore hors de portée. Il s'agit de l'Aviation et de la Marine qui représentent 25% du marché et exclusivement dédiées aux multinationales alors que Senelec (25% du marché) se ravitaille directement à la SAR. "L'aviation est un secteur assez protégé car jusque-là, ce sont des appels d'offres internationaux ; c'est pourquoi, c'est resté entre les mains des majors. Les multinationales ont une mainmise sur les hydrocarbures, les BTP, les grandes industries, etc.", précise M. Guissé.
Total, un concurrent qui dérange?
S'il y a un concurrent que les indépendants redoutent énormément, c'est bien Total. Selon le Président de l'ASPP, la baisse de ses parts de marché entre 2010 et 2013 a poussé Total à changer de stratégie marketing. Ce qu'il trouve normal. Même s'il estime que le partenariat avec Orange s'est fait au détriment des concurrents. "On avait dit, au départ, si et seulement si l'objectif de Orange est de favoriser le paiement marchand par téléphone, il doit l'étendre à tout le monde et non exclusivement à un seul client. Nous avions dénoncé et posé des actions dans ce sens. Orange a essayé de contacter d'autres pétroliers à partir du mois de juillet alors que c'est une campagne qui aurait dû démarrer durant la 2ème semestre de l'année 2013", explique-t-il.
En tout cas, contre vents et marées, Total se positionne, de jour en jour, comme le leader du marché. En plus, Eiffage lui a attribué la concession pour la station Gaïndé Fatma sur l'autoroute, de même que les aires de repos. Mieux, sur les quelques 450 stations-services à travers tout le pays, Total en détiendrait 160.
"C'est ce qu'on dénonçait pour dire qu'il y a un abus de position dominante. Puis, ils occupent des points stratégiques. Mais en parlant ainsi, on pourrait penser que c'est de l'acharnement. Mais non… Je pense que Total, compte tenu de son ancienneté, c'est parfaitement normal. Mais on aurait aimé qu'il y ait plus de régulation quand un acteur est aussi important dans un marché. Par exemple, quand il y a eu la fusion de Total et Elf en 1997, la Commission Européenne avait obligé Total de se séparer de 70 points de vente qui ont été donnés à la concurrence pour équilibrer le marché. Je pense que nos autorités doivent s'en inspirer…", préconise-t-il.
Pour rappel, avant l'érection de l'autoroute à péage, Elton et Shell avaient des stations sur l'autoroute. Des emplacements qu'ils avaient été contraints de quitter. "Aujourd'hui, ils sont les grands perdants. "Pour des raisons d'utilité publique,
les stations-services, situées sur le tracé de l'autoroute, avaient été démantelées en 2006. Nous constatons aujourd'hui, à notre grande surprise et contre toute attente, que Total Sénégal y a presque fini les travaux de construction de station-service. Ces concessions ont été faites par Eiffage en dehors de toute transparence, sans appel d'offres. Ce qui, évidemment, fausse encore une fois le libre jeu de la concurrence et soulève les inquiétudes de toutes les sociétés d'hydrocarbures, en particulier, celles appartenant aux Sénégalais", s'était désolé, à l'époque, Babacar Tall, patron de Elton Sénégal.
Abondant dans le même sens, le Président de l'ASPP estime que quand l'axe a été rouvert, normalement, les mêmes stations devaient être priorisées. "Il y a eu une jurisprudence en la matière avec ce qui s'est passé à Bourguiba. Quand on faisait le pont, la station Total a été démantelée. Mais une fois le pont fait, Total est revenu. Ceci n'est pas le cas sur l'autoroute. Ils disent qu'ils ont lancé un appel d'offre pour l'autoroute à péage, mais aucune société sénégalaise n'a été sélectionnée. Ils disent que c'était pour les sociétés qui ont une dimension internationale ", révèle M. Guissé.
Quelle lecture faire de l'affaire Touba Oil ?
"Il n'y a ni fusion, ni offre publique d'achat, ni vente dans cette affaire. Il s'agit seulement d'un partenariat gagnant-gagnant entre le groupe Touba Oil et Total Sénégal pour rendre le volet distribution plus performant. On n'a cédé que 16 stations- services sur 28 services…Touba Oil veut compter sur l'expérience du groupe pétrolier français qui verse une redevance annuelle pour l'exploitation des stations-services".
C'est ainsi que les responsables de Touba Oil s'étaient défendus face aux nombreuses attaques, suite à la cessation de certains de ses stations, dont la stratégique de Croisement Cambérène. A travers cet accord, Total reprend une bonne longueur d'avance sur la concurrence avec les nationaux. Pour cause, avant l'avènement des Touba Oil, Total représentait 85% de la distribution, avant de chuter à 67%. Avant cette opération, Touba Oil avait une part de marché d'environ 3% et 16 000 tonnes de produits pétroliers vendus.
Même s'il continue de croire que Touba Oil n'a pas vendu ses stations, le Président de l'ASPP estime qu'il est nécessaire de conscientiser l'État sur le rôle qu'il doit jouer dans la régulation de ce secteur pour les acteurs nationaux.
"Pour éviter ces abus de position dominante dans certains secteurs, il faut réguler la concurrence, de manière régulière. L'exemple par l'autoroute à péage avec un contrat entre deux entreprises privées, mais avec une mission de service public. Les terres sont des domaines de l'État qui doit y avoir un droit de regard. Dans cette affaire Touba Oil, l'État devait encadrer la transaction. On ne peut pas permettre à des stations de disparaître entre les mains de Total. Ensuite, il n'était pas dit que seul Total pouvait reprendre ces stations de Touba Oil. Même chose pour le cas de Orange Money… Il ne faut pas permettre à une entreprise de bénéficier d'un avantage au détriment des autres, surtout que dans leur pays d'origine, ils ne peuvent pas le faire. La concurrence y est organisée", clame-t-il.
LES VOIES DU RENOUVEAU
Le plaidoyer de Baïdy Agne pour un secteur privé national fort
Président du Conseil National du Patronat (CNP), Baïdy Agne, après un large passage en revue des différentes contraintes pesant sur l’entreprise nationale, a dressé quelques voies et moyens pour une véritable relance économique. C’était lors des Assises de l’Entreprise, face au Premier ministre, Mahammad Dionne.
"La règle du jeu de la contractualisation public/privé, que j’aperçois, est celle du '1er Venu' ayant une forte probabilité d’être le '1er Servi' quelle que soit la nationalité de l’investisseur. Si, bien entendu, l’offre privée répond aux besoins exprimés par l’État et respecte les dispositions du cadre réglementaire. Alors dites-moi, face à cette réalité, quelle attitude faut-il adopter en toute responsabilité ? Elever la 'Voix de la lamentation' pendant que l’État reste sourd et continue de dérouler sa feuille de route ou alors, inviter notre secteur privé à se mobiliser, à s’unir et à soumettre dès à présent, des offres de contractualisation publique/privée au besoin, en conglomérat national ou en partenariat avec l’investisseur étranger ?
Je retiens qu’au moins, avec la seconde option, nous n’entendrons pas notre État nous dire demain : 'Vous ne m’avez rien proposé'... Opposer le secteur privé national et l’investisseur étranger, c’est aussi ce que le parti de l’entreprise entend ! Non, nous ne sommes pas les uns contre les autres, nous ne l’avons jamais été et ne saurions cautionner cela… Investir au Sénégal, c’est notre souhait à tous ; et si possible, de le faire en partenariat. Réfutons cette mauvaise interprétation de la demande du secteur privé national à son État.
Que dit-il au Gouvernement : 'Souciez-vous de votre famille d’entrepreneurs dans la commande publique, dans les concessions publiques, dans les contrats de partenariat public/ privé, réduisez progressivement la dépendance de notre Nation vis-à-vis de l’extérieur. Ceci n’a donc rien d’exceptionnel et se pratique, partout dans le monde, dans le plus grand silence et une profonde complicité entre l’État et son Secteur privé'.
Ici, on vous demande d’expliquer et de définir ce qu’est une entreprise nationale. On vous parle de contraintes liées au Code des marchés de l’UEMOA.
Nos réponses, les voici :
L’entreprise nationale ou communautaire est celle constituée à 51% de capitaux nationaux ou communautaires. Après concertation avec le secteur privé régional, la Fédération des organisations patronales d’Afrique de l’Ouest (FOPAO) et la Chambre consulaire régionale (CCR) ont saisi la Commission de l’UEMOA.
Ensuite, on vous demande d’identifier les contraintes à lever pour un meilleur accès des privés nationaux à la commande publique, aux contrats de partenariat public/privé, etc. Il faut privilégier, dans les appels d’offres sur financement du Budget consolidé d’investissement, les entreprises à capitaux nationaux, rendre obligatoire, en cas d’appel d’offres international, le recours à la sous-traitance à hauteur d’au moins 30% en faveur des entreprises nationales, ramener de 50 à 15 milliards FCFA, tout au plus, la recevabilité par l’État de l’offre spontanée pour l’entreprise nationale, c’est-à-dire au même niveau que l’offre spontanée Entreprise privée/Collectivités locales, accélérer la mise en œuvre de l’avant-projet d’Acte uniforme de l’OHADA rendant obligatoire pour tout investisseur étranger, la création d’une co-entreprise avec des privés nationaux ou avec l’État lorsque l’activité concerne un secteur stratégique et de souveraineté économique, donner une validité annuelle, allant du 1er janvier au 31 décembre, à toutes les pièces administratives à fournir, imposer la règle de l’allotissement pour les marchés de grande taille, adapter les critères de qualification des entreprises aux réalités de notre tissu économique, rendre opérationnelle la Commission de qualification et de classement des entreprises de BTP, définir des méthodes de contrôle et de révision des offres anormalement basses et promouvoir les mécanismes d’intervention et de soutien financiers de la Caisse de Dépôts et de Consignation, du FONGIP, du FONSIS et de la BNDE...