Le Secteur privé national ne cesse de se plaindre de sa faible présence dans les marchés de l'État. Mais a-t-il vraiment les moyens de ses ambitions ? Peut-il rivaliser avec les entreprises étrangères ? Bénéficie-t-il de l'accompagnement nécessaire de la part de l'État ? Autant de questions que Mor Talla Kane, Expert du Secteur privé et Directeur Exécutif de la Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal (CNES), aborde avec REUSSIR.
Quelle est votre lecture de la place de l'entreprise nationale dans les marchés de l'État ?
Il faut d'abord faire une cartographie de notre Secteur privé qui recouvre des réalités multiples et obéit à des modes de fonctionnement différenciés. Pour faire simple, disons que nous avons deux composantes visibles, le formel et l'informel.
Dans le secteur informel, nous avons une dominance écrasante des Sénégalais. Mais, le secteur formel, même s'il n'est pas totalement dominé par des capitaux étrangers, accueille une participation plus modeste des nationaux. A noter aussi, la forte présence du capital étranger dans les secteurs stratégiques.
Il convient de préciser qui est entreprise nationale ou entreprise locale ? Soit deux concepts qui renvoient à des choix en matière de promotion d'entrepreneurs sénégalais.
Une entreprise est communément dite "nationale" quand 51% du capital est détenu par des Sénégalais, contrairement aux entreprises dites "locale", du fait de leur implantation. L'un dans l'autre, la présence des Sénégalais reste faible même si les taux diffèrent, selon les secteurs. Dans le commerce et le BTP, il y a une forte présence mais moins dans l'industrie où nos compatriotes, d'origine libanaise, dominent.
Certes, on peut avoir une présence assez visible de Sénégalais, mais en structurant le capital, la taille, le chiffre d'affaires, on constate que leur place est très faible. Dans la banque, l'absence est plus criarde. Un secteur, presque totalement détenu par des étrangers. Ces dernières années, nous avons assisté à une sorte d'OPA des Marocains. Ce qui, aux plans stratégique et économique, pose un problème très sérieux. La banque n'est pas n'importe quelle entreprise. S'approprier un instrument financier n'est jamais innocent. Mais, ceci est un autre débat…
Pourquoi la faiblesse des sénégalais dans la banque ?
C'est très complexe car la banque est assise sur la confiance et fonctionne en réseau. Avoir des banques "nationales" suppose un soutien décisif de l'État. S'il ne s'engage pas auprès du secteur privé national, il lui sera difficile de s'y implanter. En Afrique francophone, nous avons moins que, chez nos voisins anglophones, une tradition dans la finance. Heureusement, des initiatives comme la BRM et la BNDE voient le jour et nous espérons avoir mieux, à l'avenir…
Nos compatriotes reproduisent cette faiblesse dans d'autres secteurs concurrentiels. Nous avons une fois de plus, raté un rendez-vous avec l'Histoire. Le contexte ayant permis, dans les années 60, à plusieurs pays d'initier une dynamique d'émergence, a été profondément modifié avec la mondialisation. Avec une réglementation stricte d'ouverture des marchés et de désarmement tarifaire, l'OMC a mis fin à toute velléité de protectionnisme, principal instrument d'émergence de ces économies. Ainsi, la mondialisation n'a ouvert des opportunités qu'aux économies ayant su construire un puissant secteur privé, moteur de compétitivité internationale à l'abri des barrières protectionnistes. Sous l'aile de l'État, ils ont créé des affaires et prospéré sans concurrence internationale.
Aujourd'hui, nos entreprises, même naissantes, sont confrontées à la concurrence internationale et étouffées dans l'œuf ou confinées dans des sous- marchés.
Peut-on faire mieux avec le privé national ?
Après réflexion, je me suis rendu compte que le Secteur privé n'a pas su exprimer aux décideurs sa principale contrainte. Il devrait dire : "nous sommes des acteurs économiques sénégalais, mais nous n'avons pas les capitaux nous permettant de jouer un rôle majeur, comme c'est souvent le cas, ailleurs". Beaucoup de pays ont bâti leur émergence en s'appuyant sur leur secteur privé national, porté par un État volontariste. Qui les a aidé à accélérer une accumulation de capital, mis par la suite au service de la puissance conquérante de leur économie. Sans un secteur privé national fort, point de souveraineté économique. Donc, aider à construire son secteur privé, c'est consolider sa souveraineté.
Parlant d'accompagnement, à quoi faites-vous allusion ?
L'État a créé des instruments stratégiques, FONGIP, FONSIS et BNDE venus rejoindre l'ADPME et le Bureau de Mise à Niveau. L'initiative est heureuse mais vu leurs faibles moyens, rapporté à l'immensité de la tâche, il faudra plus pour rivaliser avec les structures similaires des pays concurrents d'Asie ou d'Afrique du Nord. On parle beaucoup de PME. Je suis convaincu qu'elle doit être au cœur des choix de politiques économiques. Les autorités voient juste en y mettant l'accent. Mais, aucun pays ne s'est construit qu'avec des PME. De grandes entreprises sont nécessaires pour développer la PME avec, par exemple, la sous-traitance. Lors de la crise financière en 2008, les autorités américaines ont sauvé leurs grandes entreprises pour éviter un effondrement de leur économie. Porte-drapeaux d'une nation en assurant sa visibilité, elles structurent et exercent un effet d'entrainement sur le reste de l'économie.
Malheureusement au Sénégal, nos ex-champions, ICS, SOTIBA ont disparu et nos huileries, industries halieutiques… vivotent quand la SAR tient à peine debout…
Et si ces petites entreprises se regroupaient ?
Vous avez raison ! Il faut leur apprendre à cultiver des synergies et partenariats avec les grandes entreprises qui doivent développer un réseau de PME. Quand les ICS étaient au top, une floraison de PME vivait de sa sous-traitance. Une stratégie économique assise sur la PME ne saurait se réduire à une simple addition de petites unités sans relations, ni échanges entre elles.
L'approche PME n'est opératoire que si elles acceptent une normalisation et un développement de synergies dans un "esprit de grappe". Pour avoir la force et les performances pour aller à la conquête des marchés.
Au sud de l'Italie, Bangladesh, Chine ou Inde, des entreprises familiales sont dans cette dynamique, en particulier dans le textile, qui leur permet d'inonder le marché international avec une extraordinaire compétitivité.
Au Sénégal, cette approche reste à bâtir. L'État veut déjà accompagner les artisans, comme dans la menuiserie. Mais, il faut des exigences de production de masse qui ont pour nom respect des standards et des délais. Là où nous avons des faiblesses…
On a souvent tort de ne considérer que les facteurs matériels pour justifier nos contre-performances, en négligeant nos attitudes et comportements et une indiscipline notoire dans leur travail. Autant de facteurs qui empêchent d'être performants et compétitifs… Il y a du travail à faire si nos PME veulent exporter…
Est-ce pourquoi les entreprises étrangères raflent le gros des grands marchés ?
Un autre problème, surtout dans les infrastructures. La décision d'investissement massif dans les infrastructures a été salutaire et nous permet de rattraper un retard important dans la structuration de notre économie et booster la croissance.
Mais, autant je me félicite de cette orientation de l'ère Wade, autant je lui reproche d'avoir manqué d'ambition pour le secteur privé national et n'avoir pas fait jouer les effets multiplicateurs. Pire, ces investissements, en concentrant les marchés sur un cartel de 3 grandes entreprises dont une seule vraiment nationale, ont précipité la disparition de nombre d'entreprises sénégalaises. Les grands travaux ont induit une redistribution des cartes dans les BTP au profit presqu'exclusivement des 3 grandes entreprises, voire de la seule Eiffage. Incontestablement, le choix des infrastructures est pertinent, mais il aurait fallu mieux impliquer les nationaux pour une meilleure redistribution des ressources auprès de nos PME. Elles auraient eu l'occasion de remplir leur carnet de commandes et d'améliorer leurs compétences pour compétir dans la sous-région.
Faire travailler une entreprise étrangère se traduit par le rapatriement d'une bonne partie des fonds. Dans certains pays, même si cela prend plus de temps, on préfère, parfois, faire construire certaines infrastructures par la main-d'œuvre locale, pour favoriser une distribution de revenus aux populations.
Malheureusement, la contrainte du timing électoral est impérative pour un homme politique. On veut tout et le plus tôt possible. Pour des résultats à très court terme, les entreprises étrangères sont plus compétitives car plus solides financièrement et techniquement.
Les Sénégalais ont besoin qu'on fasse jouer la préférence nationale comme dans les pays où l'autorité se dit qu'un secteur privé fort est une exigence de souveraineté. Aussi, Eiffage Sénégal est une entreprise "locale", mais pas "nationale". Plus que la sémantique, les concepts ont un sens et des implications en termes de politique économique.
En s'en tenant aux règles de passation des marchés, rien à y redire, pas de reproche possible à Eiffage, une entreprise performante, d'avoir gagné. Mais avec des règles autrement faites, des entreprises réellement "sénégalaises" auraient pu gagner. Mais ces investissements massifs ont permis au cartel d'entreprises de gagner beaucoup d'argent au moment où les autres, sénégalaises, continuent de sombrer.
Comme il n'y a pas de préférence nationale, ni patriotisme économique, nombre d'entreprises sénégalaises vivotent. Le secteur des BTP est laminé. Sans discrimination positive, des majors se sont hissés au sommet et mis en difficulté les PME qui sont toutes sénégalaises. Pour leur donner une chance, je pense qu'il faut revoir la réglementation avec une dose de préférence nationale.
C'est bizarre Que les multinationales et les nationales soient à égalité en postulant pour un marché national…
Un vrai problème ! Je disais qu'une entreprise de droit sénégalais n'est pas une entreprise nationale.
Elle est, par contre, locale. On s'émerveille sur le développement exceptionnel de la Chine, mais on ne s'interroge pas sur les instruments mis en œuvre pour en arriver là. Certes, il nous faut plus d'entreprises étrangères qui peuvent contribuer grandement, à tous points de vue (ressources financières, technicité, transfert de technologie, etc.). Mais, il faut mieux organiser leur coexistence avec les entreprises sénégalaises qui pourraient en tirer le meilleur profit dans le cadre de partenariat gagnant-gagnant. Dans nombre de pays, plus près de nous au Maghreb, presque impossible pour une entreprise étrangère d'y exercer sans s'associer à des locaux. Ce que nous souhaitons voir dans la loi sur les PPP.
C'est donc le seul moyen pour éviter Que notre émergence ne soit portée Que par des entreprises étrangères ?
Pour émerger, les forces doivent venir de l'intérieur. Il faut une force de propulsion interne. Il faut savoir compter sur les entreprises nationales pour nous arracher du sous-développement. C'est bien un choix heureux qu'on ait eu le PSE, un pari sur l'avenir. N'oublions pas que si la remarquable conception est une chose, le pilotage en est un défi autrement plus important. Qui doit porter le PSE ? De toute évidence, le secteur privé national. Aussi, la société civile qui doit assumer sa préférence pour le patriotisme économique. On ne peut pas le faire porter par des étrangers même s'ils ont un rôle important à y jouer. Ce n'est pas du "nationalisme qui est la haine des autres mais du patriotisme, compris comme l'estime de soi".
La Côte d'Ivoire est un bel exemple. Si Houphouët Boigny n'avait pas construit un secteur privé national fort, l'économie de ce pays serait aujourd'hui laminée. En effet, dès que l'instabilité s'est installée, les investisseurs étrangers ont massivement déserté le pays. Cela donne une idée de l'importance stratégique qu'il y a d'avoir un secteur privé national…
Même si le chemin de l'émergence est encore long, le Sénégal peut compter sur ses filles et fils qui croient encore au "patriotisme économique" et font tout pour faire bouger l'économie nationale. Aujourd'hui, presque dans tous les secteurs-clés, les Sénégalais investissent, créent des emplois et des richesses, paient des impôts…
Dans l'Agro-industrie, l'ex-superpuissante Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS) se fait titiller par des commerçants de Sandaga qui lui disputent des parts toujours importantes dans l'importation du sucre. Dans la farine également, Babacar Ngom (SEDIMA), même s'il se la joue modeste, a quand même pu décrocher 10% du marché, pour seulement sa première année d'existence… Le baobab est secoué !
Dans un secteur touristique qui vit des heures sombres, un fonceur comme Aimé Séne (HERTZ) ou Ndéye Tabaski Thiam (RACINE) ont compris que la relance ne se fera jamais sans le concours des nationaux. Aussi, pour des ressources humaines adaptées aux besoins de l'économie, rien de mieux qu'une formation de qualité, portée par des nationaux. Avec Sup de Co de la famille Sy, BEM de Madické Diop, ISM d'Amadou Diaw ou encore IAM de Guirassy, le Sénégal n'a pas à "rougir"…
Dans le secteur des hydrocarbures, aussi incroyable que cela puisse paraître, malgré la razzia de Total, renforcée par la "cession ou location" de quelques stations de Touba Oil et son partenariat avec Orange, confortant sa domination sur le marché, les nationaux ne cessent de grignoter des parts de marché.
Des parts de marché ! Voilà ce qu'attendent les Promoteurs privés immobiliers. Malgré les promesses, le constat est que les grands travaux de l'Etat tombent plutôt entre les mains d'entreprises étrangères. Idem dans le secteur des TIC. Que ce soit le visa biométrique, les cartes d'identité numérisées, le logiciel de solde… presque tout a été confié à des étrangers.
Dans le secteur bancaire, on observe une nette domination franco-marocaine. Sur les 23 entités en présence, seules 3 sont détenues par des capitaux plus ou moins nationaux. Pris entre le marteau des exigences internationales et l'enclume du patriotisme économique, le Port Autonome de Dakar (PAD) a dû retirer le bonbon de la bouche des nationaux, pour répondre aux besoins de mise à niveau.
Alors, comment parler de l'économie sénégalaise sans conter la success-story de Kabirou Mbodje (WARI), sans entendre Serigne Mboup (CCBM), sans recueillir les analyses de Mor Talla Kane (CNES) et les recommandations de Baïdy Agne (CNP)? Autant d'acteurs qui ont une seule et unique passion : le Sénégal.
Pendant deux jours, du 19 au 20 février, Casablanca aura été la capitale africaine des affaires. A l'initiative du groupe Attijariwafa Bank et de Maroc Export, s'est tenue la 3ème édition du Forum Afrique Développement qui a rassemblé plus de 1200 opérateurs économiques et institutionnels. Une véritable fête de l'entreprenariat et du secteur privé africain.
Casablanca (Envoyé spécial) - En cette matinée fraiche où la température était en dessous de 15°, les délégués venus d'Afrique subsaharienne avaient sorti la grosse artillerie. Des manteaux, écharpes et autres chapeaux pour faire face au froid hivernal. Pourtant, c'était plutôt un climat chaleureux de retrouvailles et de mises en relations entre invités de Attijariwafa Bank, dans ce grand hôtel Hyatt.
En effet, Attijariwafa Bank a fait les choses en grand en invitant large dans son réseau de filiales dans les pays d'Afrique sans compter le ban et l'arrière- banc des décideurs marocains. Il y avait foule durant les deux jours avec des acteurs, pleinement engagés à célébrer le partenariat Sud- Sud, le business intra-africain pour développer ce continent, décrit comme l'un des plus rentables réceptacles d'investissements lucratifs.
Dans son allocution d'ouverture, le ministre marocain du Commerce et de l'Industrie, Moulay Hafid Alalamy, a rappelé la vision stratégique du Roi Mohamed VI qui a enjoint les entreprises du royaume "à investir et à s'investir en Afrique".
Il a donné, lui- même, l'exemple avec une trentaine de visites en Afrique, complétées par une centaine de missions commerciales qui ont généré plus de 3 000 accords bilatéraux. Ce qui fait qu'aujourd'hui, le Maroc est le 2ème pays investisseur sur le continent, après l'Afrique du Sud, avec 80% de ses Investissements directs étrangers. Le Maroc est devenu le 1er investisseur dans les zones UEMOA et CEMAC. Dans le même temps, les flux commerciaux ont cru et ont atteint un pic de 4,3 milliards USD en 2013.
M. Alalamy a souhaité l'émergence d'un écosystème africain qui valorise la transformation, sur place, des matières premières et autres produits agricoles, l'amélioration de l'environnement des affaires, la promotion du secteur privé, l'accélération de l'intégration économique, le partage d'expériences vécues pour multiplier les succès.
Accélérer l'intégration des marché
D'ailleurs, la présidente du patronat marocain, Mme Meriem Bensalah (CGEM), trouve aberrant que la banane ivoirienne soit obligée d'aller jusqu'à Rungis, gros marché de l'agroalimentaire (France), avant d'atterrir dans les supermarchés de Casablanca. Prenant la balle au rebond, l'opérateur portuaire de Tanger Med offrira sa plateforme logistique comme interface de distribution de ces produits africains, sur le continent et vers le reste du monde.
Pour ce faire, il faut travailler sur une offre plus structurée, un vrai label "made in Africa", avec des produits et services, bien conçus, respectant les standards internationaux de qualité et de packaging, et disponibles dans tous les réseaux de distribution, avec un service marketing agressif.
Des pays comme le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Gabon, ont présenté, chacun, sa politique d'émergence, les atouts concurrentiels et compétitifs, les incitations fiscales, le système d'accompagnement pour l'investissement et la production. Un marketing institutionnel de choc où le Sénégal a gagné à l'applaudimètre après la présentation du Plan Sénégal Emergent (PSE) par Mountaga Sy, DG de l'APIX et qui a été jugée "très impressionnante" par Lionel Zinsou, le grand gourou franco-béninois de la promotion de l'Afrique dans le monde occidental.
D'ailleurs, M. Zinsou est revenu sur le défi démographique africain, soit un milliard actuel de personnes qui va être doublé en l'espace d'une génération. Une première mondiale qui va engendrer une multitude de besoins à satisfaire en matière de santé, d'éducation, d'infrastructures, d'aménagement territorial… Soit en même temps, autant d'opportunités d'investissements publics et privés.
Au cours du panel sur "la diversification des sources d'énergie et de sécurité énergétique", il a été fait état de besoins d'investissements et de mise à niveau d'infrastructures ; de réalités fortement différenciées entre les pays, de disparités entre milieux urbain et rural… Pourtant, avec ses atouts importants en matières fossiles, eau, solaire, etc., l'Afrique devrait jouer un rôle majeur pour développer les énergies renouvelables.
Aussi, les recommandations portent sur l'inscription des stratégies nationales dans un cadre global du marché international (offres, besoins, changements structurels…) en vue d'une réponse commune dans un marché global.
Quant au panel sur "la valorisation des ressources agricoles et la sécurité alimentaire", on a appris que 2/3 des 800 millions de personnes, qui souffrent de faim dans le monde, sont africains alors que le continent dispose de 800 millions de terres arables non exploitées. Qu'il faut alors doubler la production agricole mondiale afin de nourrir 10 milliards de personnes d'ici la fin du 21ème siècle. Que l'autosuffisance alimentaire en Afrique doit être centrale et stratégique pour tous les pays, vu sa dimension économique, sociale et sécuritaire. Qu'il faudrait s'inspirer de la Politique agricole commune, stratégie mise en place en Europe dans les années 50 et qui leur a permis d'atteindre l'autosuffisance alimentaire.
Au niveau panel sur "les enjeux, modes de partenariats et de financements des Infrastructures", le constat a été fait de régions enclavées, mal reliées entre elles, avec des équipements peu développés entrainant un manque à gagner en termes de productivité ; un déficit considérable
d'infrastructures dans les secteurs vitaux de l'énergie, des transports, de l'eau, de l'assainissement et des TIC. Pour renverser la tendance, il a été proposé d'accélérer la mise à niveau de la gouvernance, notamment celle des projets d'infrastructures qui peuvent, de ce fait, être des investissements profitables pour les investisseurs et leur assurer une viabilité et une soutenabilité à terme ; donner l'importance qui lui revient à l'étape de préparation des projets : moyens réglementaires et humains, modes de financement et appel à l'expertise internationale dans le domaine ; prévoir des cadres institutionnel et juridique propices au développement des partenariats public-privé, etc.
Au final, le président Mohamed Kettani (Attjariwafa Bank) peut bien jubiler d'avoir réussi son pari au vu de la vitalité et des engagements des opérateurs économiques. Près de 5 000 rendez-vous en B to B, en l'espace de 2 jours. Pour maintenir cet élan, accompagner la dynamique et pérenniser l'esprit du Forum, il a décidé d'annualiser le Forum qui est une véritable fête de l'entrepreneuriat et du secteur privé africain. Ensuite, un Club Afrique Développement sera mis en place pour assurer le suivi, les mises en relation, les missions commerciales de découvertes des potentialités et opportunités des différents pays…
CHAMPIONNAT DU SÉNÉGAL - 14E JOURNÉE: LES RÉSULTATS
Rufisque, 28 mars (APS) - Le rappeur rufisquois Paul Pissety Sagna alias PPS a fait part samedi de son vœu de faire de Rufisque la capitale des cultures urbaines au Sénégal avec notamment la mise en œuvre de son projet Sunu Kaddu qui se fixe pour objectif de former les jeunes aux techniques des cultures urbaines.
‘‘Nous avons démarré depuis deux ans le projet Sunu Kaddu (Notre parole). Et pendant ces deux ans, nous avons tenu beaucoup d’ateliers. On a fait beaucoup des formations dont celle que nous avons faite avec les Américains. Il y a eu aussi une session de slam. Actuellement, on est en train de mettre sur place un club de slam ici à Rufisque’’, a relevé PPS.
Le rappeur s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la cérémonie de dédicace de son nouvel album ‘‘Xatim ak Kallama’’.
‘‘Il y a eu aussi une session de graffiti. Maintenant, nous voulons accélérer la cadence. Nous voulons désormais que tous les mois ou les deux mois se tiennent des sessions de formation au centre culturel Maurice Guèye dont les responsables sont nos partenaires. D’ailleurs toutes nos formations s’y tiennent’’, a-t-il annoncé, non sans solliciter l’appui des Rufisquois, plus particulièrement les autorités municipales.
‘‘Tout cela n’est que le début, mais nous demandons aux Rufisquois plus particulièrement les autorités municipales d’accompagner le projet, parce que pour moi c’est de ça dont Rufisque a besoin pour faire rayonner les cultures urbaines’’, a-t-il estimé.
‘‘Les infrastructures encore inexistantes’’ à Rufisque sont, selon lu, nécessaires pour ‘‘la formation des jeunes’’ qui doivent être au cœur des cultures urbaines.
‘‘Quand nous passons sur l’autoroute à péage, il y a des tableaux qui nous indiquent que Rufisque est une ville d’histoire et de culture, mais depuis longtemps nous remarquons qu’il n y a plus de manifestations culturelles dignes de ce nom dans la ville. Pour cela, il y a un besoin d’infrastructures pour former les jeunes’’, a soutenu PPS.
NOUS ALLONS "MARCHER POUR LES VALEURS QUE LA TUNISIE REPRÉSENTE"
(AFP) - "Nous allons marcher pour la Tunisie et pour les valeurs qu'elle représente pour le monde arabe", a déclaré le président de la République François Hollande, à Tulle, où il a voté samedi pour le second tour des départementales avant de s'envoler pour Tunis participer à une marche contre le terrorisme.
"Quatre français ont été tués là-bas. La Tunisie souhaitait la présence de la France et la France souhaitait être a côté de la Tunisie qui, rappelons-le, est à l'origine du Printemps arabe et qui a été, avec des ressortissants d'autres pays, victime d'un acte terroriste odieux", a déclaré François Hollande à des journalistes à la sortie de son bureau de vote.
"Le 11 janvier il y avait eu une manifestation de solidarité pour la France, pour les valeurs qu'elle porte. Aujourd'hui nous allons marcher pour la Tunisie et pour les valeurs qu'elle représente pour le monde arabe", a ajouté François Hollande.
Aux côtés d'autres dignitaires étrangers, il devrait accompagner le président tunisien Béji Caïd Essebsi sur une centaine de mètres le long de l'enceinte du musée, avant d'y inaugurer une stèle à la mémoire des victimes.
Le mussée du Bardo de Tunis a été la cible le 18 mars d'une attaque qui a coûté la vie à 22 personnes - 21 touristes et un policier.
Kano (Nigeria), 29 mars 2015 (AFP) - L'armée nigériane a lancé dimanche des frappes aériennes et une opération terrestre contre des membres du groupe islamiste Boko Haram aux abords de la ville de Bauchi, dans le nord-est du pays, selon une source militaire et des habitants.
Des soldats ont engagé des combats au sol contre les islamistes, qui se trouvaient à bord de 20 pick-up dans le village de Dungulbe, à sept km de la ville. Deux avions de chasse "pilonnent les positions ennemies" pendant les combats au sol, a déclaré une source militaire de la ville sous couvert d'anonymat.
"L'opération se poursuit, mais les terroristes ont subit des pertes importantes et ils sont en déroute" a-t-elle ajouté. Les islamistes sont arrivés à Dungulbe vers 10h du matin (09h00 GMT) et ils ont installé un camp pour se préparer à envahir la ville de Bauchi, selon Mudassir Hambali, un habitant du village qui a pris la fuite à ce moment-là.
"Ils sont arrivés à bord de 20 véhicules et ils transportaient des armes lourdes" a poursuivi M. Hambali. "Quand j'ai réalisé ce qu'il se passait j'ai fui en bus avec ma famille. J'ai vu un important convoi de soldats qui se dirigeaient vers le village sur la route de Bauchi" a-t-il ajouté.
"J'ai vu deux avions militaires lancer des bombes et il y a eu des explosions énormes, qui ont terrifié le village, ce qui nous a obligés à partir pour la ville", a raconté Anas Uballe, un habitant du village d'Inkil, à deux km de Dungulbe.
(AFP) - Les chefs d'Etat de la Ligue arabe ont annoncé dimanche leur intention de créer une force militaire conjointe pour combattre les "groupes terroristes", notamment l'Etat islamique (EI), se donnant quatre mois pour s'accorder sur ses modalités et sa composition.
Cette annonce survient au moment où une coalition arabe, dirigée par l'Arabie Saoudite et comprenant notamment l'Egypte, bombarde au Yémen les positions de la milice chiite des Houthis, alliés à l'Iran, qui occupent une grande partie du pays et ont chassé les autorités élues.
Les bombardements aériens de cette coalition regroupant neuf pays arabes, sont considérés comme un "test" pour la future force, mais rien n'a filtré au sommet arabe de Charm el-Cheikh en Egypte sur un éventuel déploiement de cette force conjointe au Yémen quand elle verra le jour.
En tout état de cause, l'opération durera jusqu'à la reddition des rebelles Houthis, a prévenu le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi, à la clôture du sommet de deux jours.
L'organisation panarabe présentait depuis plusieurs mois comme un "besoin pressant" la constitution d'une force conjointe face aux atrocités que multiplie l'EI en Irak et en Syrie et la progression de ce groupe jihadiste notamment en Libye et dans le Sinaï égyptien.
Mais c'est le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui ?uvrait avec le plus d'insistance à la concrétisation du projet. C'est d'ailleurs lui qui a annoncé avec un large sourire dimanche l'"accord de principe" de ses pairs chefs d'Etat et monarques.
Mais plus que la menace jihadiste, il aura fallu la montée en puissance des Houthis et la crainte de voir le rival iranien étendre son influence dans la région pour pousser les dirigeants arabes à surmonter leurs dissensions et entériner la création de la force conjointe, à laquelle les experts n'osaient croire jusqu'alors.
"Ce qui est important aujourd'hui, c'est qu'une décision majeure a été prise, au regard de tous les troubles dont souffre le monde arabe, des défis sans précédent posés par des groupes terroristes", s'est félicité Nabil al-Arabi.
- Long chemin et obstacles -
Une commission de hauts responsables de chaque Etat membre, sous la supervision de leurs chefs d'Etat-major, auront un mois pour présenter des recommandations sur la composition de la force, ses objectifs, ses modalités de mise en oeuvre et son budget.
Puis ces recommandations devront être entérinées dans les quatre mois à venir par les ministres de la Défense, selon la résolution adoptée à Charm el-Cheikh et dont l'AFP a obtenu une copie.
L'Egypte, qui avait déjà fait savoir qu'elle était prête à envoyer des troupes au sol au Yémen "si nécessaire", devrait tout naturellement constituer l'épine dorsale de cette force si elle voit le jour: le plus peuplé des pays arabes dispose de l'armée la plus nombreuse et l'une des mieux armées de la région.
L'Arabie saoudite, comme elle le fait déjà au Yémen, devrait mettre à disposition ses armements parmi les plus sophistiqués au monde, notamment ses avions et ses chars, tout comme les Emirats arabes unis. Quant à la Jordanie, les experts estiment que ses commandos d'élite très réputés devraient également être sollicités.
Mais le chemin est encore long et pavé d'obstacles potentiels avant que cette force ne voie le jour, selon les experts soulignant que les divergences de points de vue entre les 22 membres de la Ligue pourraient ralentir le processus.
Si 21 des 22 membres de la Ligue ont adopté la résolution (le siège de la Syrie restant vide), certains diplomates ne se sont pas privés à Charm de livrer leurs réserves.
Le ministre des Affaires étrangères irakien Ibrahim al-Jaafari avait ainsi confié samedi que son pays "avait des réserves concernant la formation de cette force, car il n'y avait pas eu d'études préliminaires".
Les dissensions sur ses objectifs peuvent également ralentir sa formation. Oraib al-Rentawi, directeur du centre Al-Qods pour les études politiques, estime ainsi que si la priorité de l'Egypte et d'autres est de combattre l'EI et ses avatars, celle de Ryad semble de "faire face à l'influence grandissante de l'Iran dans la région".
"Pour l'instant, l'EI passe au second plan face à la menace d'extension du pouvoir chiite au Yémen, qui risque de modifier profondément la géopolitique de la région", estime aussi M. Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'université de Toulouse.
Dakar, 28 mars (APS) - L'équipe nationale de football du Sénégal a battu celle du Ghana (2-1), samedi au Havre, en France, en match amical international, grâce à un doublé de Moussa Konate.
Les buts sénégalais ont été inscrits aux 65e 70e minutes de la rencontre.
Les Ghanéens ont réduit le score par Salomon Asante à la 82e minute.
C'était le premier match du nouveau coach Aliou Cissé nommé à la tête de l'équipe du Sénégal.
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TUNISIE : MARCHE CONTRE LE TERRORISME AVEC DES RESPONSABLES ÉTRANGERS
(AFP) - La Tunisie organise dimanche une marche contre le terrorisme à laquelle des dizaines de milliers de personnes et des personnalités étrangères, dont le président français François Hollande, sont attendues après l'attentat sanglant au musée du Bardo.
La partie populaire du rassemblement doit partir vers 11h00 heure locale (10h00 GMT) de la place Bab Saadoun pour s'achever devant le musée. Ce bâtiment, qui abrite notamment une exceptionnelle collection de mosaïques, a été la cible le 18 mars d'une attaque qui a coûté la vie à 22 personnes - 21 touristes et un policier -.
Les invités de marque accompagneront, eux, vers 12h00 (11h00 GMT) le président tunisien Béji Caïd Essebsi sur une centaine de mètres le long de l'enceinte du musée, avant d'y inaugurer une stèle à la mémoire des victimes.
"Notre patriotisme doit apparaître maintenant", a déclaré la ministre du Tourisme Salma Elloumi Rekik à la télévision nationale. L'attaque était "un grand coup (...) mais ce coup ne nous a pas tués, il nous a rendus plus forts", a-t-elle assuré.
Le président Caïd Essebsi avait appelé mercredi ses compatriotes à participer massivement à la marche "pour exprimer la force de la Tunisie" et "envoyer un message à l'étranger selon lequel la Tunisie continue sa lutte contre le terrorisme".
La Tunisie, pays pionnier du "Printemps arabe", a malgré les turbulences achevé sa transition avec des élections fin 2014, mais sa stabilité pourrait être menacée par l'essor de la menace jihadiste ainsi que par les difficultés économiques et sociales persistantes qui étaient à la racine de la révolution de 2011.
Conscience internationale
M. Hollande sera présent bien que se déroule en France le second tour des élections départementales. Les présidents polonais et palestinien Bronislaw Komorowski et Mahmoud Abbas prennent part à la marche, tout comme les Premiers ministres italien et algérien Matteo Renzi et Abdelmalek Sellal et les ministres espagnol et néerlandais des Affaires étrangères, José Manuel Garcia-Margallo et Bert Koenders.
"Désormais, tout le monde réagit après chaque attentat terroriste comme si l'attentat était perpétré chez lui. C'est nouveau et c'est important", a déclaré le président Caïd Essebsi au quotidien français Ouest-France.
Cette marche rappelle celle organisée en janvier par M. Hollande après les attentats de Paris contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une policière et un supermarché casher.
Le parti islamiste Ennahda, deuxième force politique du pays présente dans le gouvernement de coalition, a appelé ses partisans à participer à la marche "pour exprimer l'unité des Tunisiens face à ce danger et leur détermination à défendre leur patrie et (...) préserver leur liberté". La puissante centrale syndicale UGTT a également invité ses membres à y participer "massivement".
Mais le Front populaire, coalition de gauche et principale formation d'opposition, a annoncé qu'il n'y participerait pas en accusant d'"hypocrisie" certains participants, dans une claire allusion à Ennahda. Le porte-parole du Front, Hamma Hammami, a indiqué ne pas vouloir que la marche soit "un moyen de couvrir des responsabilités (...) autour de la prolifération du terrorisme".
Réouverture du Bardo
De nombreux politiques de gauche accusent en effet le parti islamiste de s'être montré laxiste face à la montée de courants jihadistes lorsqu'il était au pouvoir (fin 2011-début 2014) et d'être responsable, voire complice, des assassinats en 2013 de deux membres du Front populaire, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Face à ces divisions, le quotidien La Presse a évoqué "une bataille absurde", jugeant que "le monde (...) attend qu'on lui prouve qu'on mérite son soutien et la vague de solidarité qu'il nous témoigne à longueur de journée".
L'attentat du 18 mars a été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). Mais le ministère tunisien de l'Intérieur a affirmé que l'assaut avait été dirigé par l'un des chefs de la Phalange Okba Ibn Nafaa, un groupe affilié à Al-Qaïda pourchassé par l'armée depuis plus de deux ans dans les montagnes frontalières de l'Algérie.
Le musée du Bardo, lui, se préparait à reprendre une activité normale. Vendredi, il a ouvert ses portes aux écoliers, lycéens et membres de délégations et il entend ouvrir ses portes au public lundi.