Deux mois à peine nous séparent de la date du 17 juin, date à laquelle toutes nos chaînes de télévision devront se conformer et passer de l’analogique au numérique. Nous avons fait le tour de quelques-unes de ces boîtes. Que l’on soit à Sen Tv, à la Rts, à la Tfm ou à Africa 7, on se dit prêt, ne serait-ce que parce que le changement ne sera pas radical. Là-bas, le numérique, on y est déjà, à quelques détails près : un signal à convertir, des studios à adapter ou un matériel à compléter… Les plus à plaindre, dit encore, c’est sans doute l’opérateur Excaf et le Comité national de la transition de l’analogique au numérique (CONTAN).
Si dans l’absolu on parle du passage de l’analogique au numérique comme d’une véritable révolution, il suffit de discuter avec les professionnels sénégalais du métier pour comprendre que pour leurs chaînes de télévision, même suspendues à cette date butoir du 17 juin, ce ne sera pas comme si Gutenberg inventait l’imprimerie. S’ils sont quasiment prêts comme ils disent, à quelques détails près tout de même, c’est peut-être parce qu’ils n’ont pas voulu attendre la dernière minute pour se mettre dans tous leurs états. L’exemple d’une chaîne comme Sen Tv par exemple, est assez intéressant puisque là-bas, on a voulu tirer profit de la relative jeunesse d’une télé qui n’a que trois ans.
Le Directeur Général de D Media, (le groupe propriétaire de Sen Tv), Massamba Mbaye, explique d’ailleurs que c’est pour cette raison que lui et ses collaborateurs n’ont pas souhaité investir dans l’achat d’un matériel «qui serait devenu obsolète» au bout de seulement quelques années. Lorsqu’il parle de cette fièvre du numérique, on le sent presque blasé, parce que cela ne changera pas grand-chose à la manière dont fonctionne déjà la boîte : la « plateforme technique qu’ (elle) utilise est déjà numérique (…) », ce qui rend l’affaire «relativement simple ». Car si Sen Tv devait aujourd’hui passer au numérique, «on changerait juste les modules au niveau de l’émetteur. C’est une sorte de machine qui sert à convertir le signal en numérique ». Rien qu’un petit boîtier à changer, déjà disponible du reste, « pour être tout à fait dans le numérique ». Sen Tv en est d’ailleurs à «la phase test qui sera plus tard en phase d’extension » : « Nous avons déjà donné notre signal et nous avons mis un technicien là-dessus », ajoute Massamba Mbaye.
La Télévision Futurs Médias (TFM) avait elle aussi déjà pris les devants, en mettant en place tout un service qui s’occupe exclusivement de ce passage de l’analogique au numérique. Adama Sow, qui coordonne le travail de cette équipe, n’a pas l’air de s’en faire plus que cela : « La régie de la Tfm est digitale, on peut même émettre en Haute Définition (HD). L’ensemble du plateau de la Tfm est digital, c’est le signal qui est analogique », un signal accessible par satellite, ou même à partir de la régie. La Tfm va basculer normalement, dit Adama Sow, mais en « maintenant ses atouts », même si elle n’est pas la seule concernée. Le Groupe Futurs Médias (GFM), qui parle d’une «stratégie globale», veut que tous ses supports puissent passer au numérique avec en plus de la télé, la radio et le quotidien.
Basculement technique
Au niveau d’une chaîne de télé comme Africa 7, on parle aussi de ce changement avec beaucoup de recul. C’est un simple «basculement technique, c’est-à-dire que l’on met un faisceau numérique, et le tour est joué. Cela vous prend une à deux heures », dit le directeur de l’Information. Cheikh Diaby précise aussi qu’une partie du matériel d’Africa 7 est «déjà à l’ère du numérique », la régie et les caméras par exemple. Et que si la télé ne dispose pas encore de tout le matériel disponible, «c’est (tout de même) en bonne voie». D’autant plus que comme il dit, Africa 7 et les autres télévisions n’ont pas vraiment le choix : «c’est ça ou disparaître». La chaîne procède en ce moment aux derniers réglages, et c’est d’ailleurs ce qui explique, toujours selon Cheikh Diaby, « les quelques soucis et autres désagréments techniques qu’il y a actuellement au niveau du son ».
La Rts a quant à elle misé sur son statut de chaîne publique, quand on sait que dès le Sommet de la Francophonie de novembre 2014, l’Etat du Sénégal lui attribuait un matériel numérique de production. Le chef du Département Informatique de la maison, Boubou Sall, dit même que «c’est la dernière technologie, un matériel qui répond aux standards internationaux», même si cela ne suffit pas. Il faut dire que les outils d’exploitation, autrement dit les studios, ne sont pas encore en format numérique, mais ce ne serait que provisoire. L’Etat du Sénégal, ce sont les mots de Boubou Sall, a promis que ce serait chose faite avant la fameuse date du 17 juin. Il suffira donc d’adapter ces studios pour pouvoir proposer aux téléspectateurs des images en Haute Définition (HD). Mais même sans cela, la Rts se dit prête, tout simplement «parce qu’en fait il n’y a pas vraiment de changement pour ce qui est de l’édition, c’est-à-dire pour ce qui est de la production et de la diffusion.»
Nos interlocuteurs sont unanimes : la base ne change pas, le métier non plus, mais on ne fera plus vraiment comme avant. Tout est question de multiplexage finalement. Un terme un peu compliqué qui veut dire, explique Adama Sow, que l’on prend par exemple «le signal de la Tfm, celui de la Rts, de 2stv, et celui de chacune des 17 chaînes qu’il y a au niveau national. Un opérateur technique prend le signal de ces chaînes-là, et il les met ensemble : c’est cette mise en commun que l’on appelle le multiplexage». Ensuite seulement ces chaînes seront diffusées sur l’ensemble du territoire national, grâce à une vingtaine de points de relais.
Excaf
Cet opérateur en question c’est Excaf, qui a déposé son dossier suite à un appel à candidatures du Comité national de la transition de l’analogique au numérique (CONTAN), et qui a gagné ce marché où il était «en compétition avec des multinationales » étrangères. Peut-être, dit Adama Sow qui est aussi «l’un des rédacteurs de la stratégie nationale du Sénégal en matière de Télévision Numérique Terrestre (TNT)», que le Contan a voulu « privilégier l’option nationale ». Mais il faut dire aussi qu’«Excaf a une certaine expertise pour conduire ce projet, et toutes les chaînes de télévision se réjouissent» que ce marché soit allé à un groupe sénégalais.
Les chaînes de télévision, dit aussi Adama Sow, sont prêtes, et la plupart d’entre elles ne se soucie d’ailleurs que «de leur stratégie interne de basculement». « Excaf et Contan sont les plus à plaindre». Boubou Sall en est convaincu : toutes les télévisions seront prêtes à la date du 17 juin, et pas seulement parce qu’elles n’auront pas le choix. Mais qu’en sera-t-il de l’organe chargé de la diffusion ? «Est-ce qu’il sera prêt, c’est un peu cela la question, même si le président du Contan a dit que son équipe serait prête à temps. On y croit parce que ce n’est pas du tout compliqué : ce sont des émetteurs à installer, et ils ont pratiquement commandé tout le matériel. Il ne reste plus que le déploiement de tout cela. »
Passer au numérique et avoir la possibilité d’émettre sur l’ensemble du territoire national devrait coûter plusieurs millions à des chaînes de télévision qui ne s’en sortent pas toujours. Quid d’une éventuelle subvention de l’Etat ? Lorsque certains professionnels du métier avouent qu’ils l’accepteraient volontiers, ne serait- ce que pour la première année, d’autres tiennent quant à eux à garder une certaine indépendance, même s’ils ne cracheraient pas totalement là-dessus. Mais dans tout cela, on dit aussi qu’il reste un flou. Excaf s’occupe de l’infrastructure, mais qui prendra en charge le patrimoine et qui s’occupera de la société d’exploitation ?
Ce fameux passage au numérique a-t-il un coût ? De tous nos interlocuteurs, le directeur de l’Information à Africa 7, Cheikh Diaby, est sans doute le seul à avancer un montant : « On nous dit en fait que pour émettre sur l’ensemble du territoire national, il faut payer 5 millions» de francs CFA. Trop cher, dit-il ! Quand on sait que les télévisions sont déjà confrontées à des dépenses qu’elles ne maîtrisent pas toujours : entre les factures d’électricité par exemple, et la masse salariale, on a parfois du mal à sortir la tête de l’eau.
La solution selon lui, devrait venir de l’Etat : «Je crois qu’il serait bon que l’Etat, surtout pour la première année, puisse accompagner les media. Et peut-être qu’à partir de la deuxième année, il se retirerait progressivement pour nous laisser voler de nos propres ailes. » Cheikh Diaby est d’ailleurs convaincu que toutes les télévisions auraient bien besoin d’une subvention de l’Etat. D’autant plus que, comme dirait Adama Sow de la Tfm, « elles sont toutes déficitaires ».
Massamba Mbaye, le Directeur général de D Media, préfère quant à lui, « dans les logiques présentes », pouvoir compter sur ses propres moyens. Mais si «l’Etat vient en appoint», pourquoi pas ? Même s’il pense que si l’Etat «est en train de créer les conditions du passage au numérique, il créera nécessairement les conditions d’accès à ces formats numériques».
Adama Sow a aussi d’autres préoccupations : à deux mois et demi de la date butoir du 17 juin, «l’Etat du Sénégal n’a pas encore dit comment on va gérer l’exploitation. On paie quoi, on paie combien, on paie quel service, on ne sait pas, alors que ce sont des choses qui nous concernent directement. La société de multiplexage qui construit le réseau, c’est Excaf, mais qui exploite ? Il n’y a rien derrière. »
Rien, pas même une base légale : ni arrêté, ni décret précise Adama Sow, qui justifierait qu’Excaf puisse prendre le signal des chaînes de télé, et le «Contan ne se montre pas très clair là-dessus». Quel sera le rôle des télés dans tout cela, et qui va gérer tout cela, après le 17 juin ? « Excaf s’occupe de la construction de l’infrastructure, mais qui va gérer notre patrimoine à nous ? (…) Nous sommes dans l’obscurité la plus totale du point de vue de ce que doit être le vrai passage au numérique », dit encore Adama Sow qui pense que la Rts devrait s’occuper du patrimoine et que les chaînes de télévision privées devraient quant à elles prendre en charge la société d’exploitation. Au lieu de cela, «les gens préfèrent se terrer et attendre le dernier moment pour nous imposer des choses, mais ça ne passera pas ».
Au niveau de la Rts, le chef du Département Informatique Boubou Sall, pense surtout que dans tout cela, la télévision publique se contente d’être un «acteur passif» : «On nous a plutôt mis devant le fait accompli en nous disant que cela se passerait comme ceci ou comme cela.» Boubou Sall pense que la Rts, parce qu’elle est «un démembrement de l’Etat », aurait pu s’occuper de cette société de gestion. Qu’est-ce que la Rts perd dans tout cela ? Son statut de «privilégiée» forcément : «Avant on couvrait tout le territoire national, mais maintenant les autres chaînes de télévision vont elles aussi couvrir l’ensemble du territoire national. Il reste à l’Etat de doter la Rts d’une subvention conséquente, pour qu’elle puisse mener à bien sa mission de service public. »
Le passage de l’analogique au numérique, c’est évidemment une question technique, mais ce serait dommage de n’en faire que cela. Le défi, pour des chaînes de télévision qui se retrouveront face à un public de plus en plus exigeant, ce sera de pouvoir proposer à leurs téléspectateurs des contenus qui leur ressembleront. En exploitant par exemple les données dont ils disposeront sur ces publics-là, et sur leur consommation de télévision en fonction de leur âge, de leur sexe ou de la tranche horaire tout simplement.
Que l’on ne s’y méprenne pas, dit-on au niveau des chaînes de télévision, le passage au numérique ou son côté technique, ce n’est pas cela l’enjeu, et ce n’est pas une « simple question de signal ». Le vrai défi, c’est ce que l’on met dedans, en termes de contenu destiné à un public qui se montrera forcément plus exigeant. Adama Sow de la Tfm dit d’ailleurs que l’on ne devrait pas se focaliser sur « l’aspect quincaillerie » de cette transition. La télévision du Groupe Futurs Médias (GFM) veut justement profiter de cette opportunité pour diversifier son offre, et proposer à ses téléspectateurs trois nouvelles chaînes digitales thématiques. Adama Sow regrette que les télévisions sénégalaises ne misent pas suffisamment «sur la diversité et sur la pluralité ». Ce qui expliquerait selon lui que certaines ethnies soient quasiment invisibles de nos petits écrans, à tel point que l’on finirait presque par croire qu’elles n’existent pas.
La Rts pense surtout que c’est une mission qui lui incombe à elle, parce que c’est une chaîne nationale. Le chef du Département Informatique de la maison, Boubou Sall, estime que la Rts, quand bien même elle voudrait revoir ses contenus, ne doit pas «déroger à sa mission de service public: porter l’information à tous les Sénégalais, servir de miroir à toute la diversité culturelle qu’il y a ici au Sénégal, et donner à toutes les ethnies la possibilité de se retrouver dans ses programmes, ce qui n’est peut-être pas la vocation des autres chaînes. »
A chaque télévision sa « stratégie de basculement » ou ses petits secrets jalousement gardés. Sans entrer dans les détails, Sen Tv, explique Massamba Mbaye, le directeur général de D Media, groupe propriétaire de la chaîne de télévision, prévoit de lancer un autre format, qui ciblera surtout la banlieue. Sen Tv, dit-il encore, avait dès le début fait le pari de présenter ses «propres productions». Autrement dit, pas de télénovelas brésiliennes ou mexicaines, et pas de « musique à tout-va ».
Massamba Mbaye pense aussi que ce passage au numérique va permettre d’avoir une démarche plus précise, puisque comme il dit, «on ira de plus en plus vers un calcul d’audiences : on nous dira par exemple que les personnes qui appartiendraient à telle tranche d’âge regarderaient plus la télévision à tel moment de la journée par exemple ». Ce qui impliquera que les chaînes de télé puissent s’adapter et ajuster leurs programmes en fonction de ces informations qu’elles vont devoir exploiter, en nous proposant plus d’ « émissions intellectuelles, des émissions de haute tenue ». Et peut-être qu’enfin les télévisions arrêteront de toutes se copier, quand on sait qu’il «suffit souvent qu’une télé innove pour que les autres fassent la même chose». Si elles se copient, et si elles le font mal, c’est aussi parce que, comme dirait Adama Sow, on confie trop souvent la gestion des programmes à des personnes inexpérimentées ou peu formées, alors que « cela ne s’improvise pas ».
«Le Pdef est un programme qui a eu ses acquis et ses insuffisances. Les points forts c’est qu’il nous a permis de renforcer l’accès à l’éducation qui était faible. Grâce au Pdef, nous sommes arrivés à 94%, le nombre d’écoles construites a connu une hausse. Sur le plan quantitatif, le Sénégal fait partie des pays à citer comme des exemples.
Les Insuffisances du Pdef sont liées au fait qu’il y a un cloisonnement entre les axes d’intervention, on a beaucoup mis l’accent sur l’accès que sur la qualité. Si nous parlons de 94% d’accès, pour ce qui est des taux de réussite ou de promotion de classe à classe, le taux de transition est très faible. En termes d’efficacité, il y a une faible réussite du Pdef par rapport à la capacité des enfants à avoir un minimum de compétence pour passer d’un niveau à un autre.
Des écoles ont été construites mais le paradoxe, c’est sous le Pdef qu’on a connu un nombre important d’abris provisoires. 27% de la carte scolaire sont constitués d’abris provisoires. Il y a eu aussi des recrutements mais pas de formation, pas de motivation. Il y a aussi le fait que dans le recrutement, on n’a pas tenu compte des besoins.
Je pense que le Pdef est un programme à paradoxes. Il fallait avoir une vision holistique, globale du programme, décloisonner les axes, les secteurs et donner de la valeur à tous les sous-secteurs.»
Le droit à l’éducation suppose l’accès, la qualité, l’équité
«Il faut que tout le monde ait accès à l’éducation. Je préfère dans tous les cas voir un enfant à l’école que dans la rue, en même temps il faut donner de la qualité à ce droit. Dans ma compréhension, le droit à l’éducation suppose une éducation de qualité, il faut veiller à tout ce qui est déterminant de la qualité : un enseignant formé, un environnement sûr, un programme pertinent. Le Sénégal s’était dit qu’il fallait travailler à ce que le taux de redoublement puisse baisser, ça aussi je le soutiens.
Quand on entre à l’école, on investit sur des enfants, il ne faut pas qu’il y ait un taux important de redoublement. C’est une perte. Si on soutient qu’il ne faut pas que les enfants redoublent, c’est qu’on supporte la pédagogie de la réussite. Tout le monde n’a pas le même niveau de compréhension, il faut que l’enseignant puisse avoir une pédagogie qui s’adresse au groupe classe mais il faut également qu’il s’adresse à chaque élève, accompagner chaque élève.
Diminuer le taux de redoublement signifie également que l’enseignant ait le temps de chaque enfant. Mais tout ça suppose qu’on respecte les normes liées au ratio, par exemple avoir au plus un enseignant pour 45 élèves. Si on a des ratios d’un enseignant pour 100 élèves, évidement qu’il ne pourra pas suivre chaque enfant.
Concernant l’encadrement des enseignants aujourd’hui, on a un inspecteur pour 150 enseignants alors que la norme voudrait un inspecteur pour 50 enseignants. On ne peut pas faire de la qualité dans ces conditions.
Qualité veut dire que tout le monde puisse lire et écrire, avoir les compétences, ce n’est pas seulement 30% et pour ça il faut régler les questions d’équité c’est-à-dire accompagner les plus faibles, ceux qui sont dans des difficultés. Il est plus facile d’être à 94% de taux d’accès que de combler les 16% qui restent.»
Le Sénégal, champion dans les intentions
« Le Paquet semble vouloir s’appuyer sur les insuffisances du Pdef, est-ce qu’il y a un changement ? Nous avons vu des déclarations, des rappels de principe très beaux mais dans la réalité, il n’y a pas de ruptures significatives.
Depuis qu’on parle de 94% , on n’a pas entendu les gens parler de 97 ou 98%. Le Paquet est là depuis deux ans, est-ce que ça a permis d’améliorer le taux d’accès, la transparence ? Les lycées et les collèges ont moins de ressources que d’habitude, ça ne leur permet pas de régler les questions d’équité.
Pour le Paquet, il faudrait plus de courage dans les ruptures. Il faut que le Paquet travaille à ce que la décentralisation de l’éducation soit une réalité. Ce sont les mêmes problèmes qu’on soulevait il y a deux ans, il n’a pas encore permis de résoudre les maux qui étaient là. Pour ce qui est des intentions, le Sénégal est champion, mais nous mettons en œuvre très mal.»
MGR BENJAMIN NDIAYE INVITE LES JEUNES A DECONTAMINER ET A DEPOLLUER LES CŒURS
L’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye a exhorté les jeunes à ne pas se laisser obnubiler par la recherche du bonheur terrestre. Dans son homélie lors de la célébration de la 30e édition de la Journée mondiale de la jeunesse (Jmj), organisée par la paroisse Notre Dame des Anges de Ouakam à l’École supérieure d’économie appliquée (Esea, ex-Enea), Mgr Ndiaye a notamment invité les jeunes à décontaminer et à dépolluer les cœurs.
Pour sa première célébration des Journées mondiales de la jeunesse (Jmj), à la tête de l’Archidiocèse de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye a notamment exhorté les jeunes à la conversion. Dans une homélie d’environ 15 minutes, le nouvel archevêque de Dakar a invité les milliers de jeunes, venus de tous les horizons de l’archidiocèse de Dakar prendre part à cette journée de communion, à chercher non seulement la guérison intérieure de leur être mais aussi à entreprendre des conversions pratiques, qui transforment en bien plusieurs aspects de leur vie quotidienne et de leur environnement.
Estimant que «la recherche du bonheur est commune à toutes les personnes, de tous les temps, et de tous les âges», il a ainsi invité les jeunes à ne pas se laisser obnubiler par le bonheur terrestre. Car, dit-il, «le bonheur que Jésus nous propose dans la 6ème béatitude concerne l’avenir, et même plus précisément le but ultime de notre vie. Ce bonheur consiste en ce qu’on appelle la vision béatifique, c’est-à-dire ce qui se passera quand nous verrons Dieu face à face, dans la plénitude de sa présence et de sa joie». Insistant toujours sur cette nécessité de conversion, Mgr Benjamin Ndiaye a également invité les jeunes à se détourner du «regard réducteur sur les autres, à cause de l’étroitesse de notre cœur».
Mieux, a-t-il ajouté, un cœur décontaminé par l’amour de Dieu transforme la qualité du regard, pour en chasser la concupiscence, les désirs mauvais, la jalousie et l’envie. «Chers fidèles du Christ, acceptons d’être des cœurs purifiés par la grâce divine, des cœurs que Dieu émonde et façonne au fil du temps, pour les rendre pleinement aptes à vivre de sa présence. Ne cherchons pas nos références dans des satisfactions éphémères qui ne nous construisent pas. Visons le meilleur, le plus authentique, qui puisse nous permettre de nous réaliser et de répondre à notre vocation particulière selon le cœur de Dieu. Élevons notre cœur et tournons-le vers le Seigneur ! Amen !», a conclu le nouvel archevêque de la Dakar.
Venus de toutes les paroisses situées dans l’étendue du domaine pastorale de l’archidiocèse de Dakar, les jeunes ont répondu massivement à ce premier rendez-vous de communion avec leur nouvel pasteur, Mgr Benjamin Ndiaye lors de la célébration de la 30e édition de la Journée mondiale de la jeunesse. Dans une ambiance de fête, ils ont ainsi réservé un accueil très chaleureux à leur nouvel pasteur. En effet, c’est au son des cris de joie et de slogan «Jeune chrétien avec le Christ pour un monde de paix», le tout accompagné d’un chant de choral et des applaudissements qu’ils ont reçu l’ancien évêque de Kaolack, venu peu avant le début de la messe, leur adresser ses salutations et recevoir, par la même occasion, son foulard des Jmj. Ceci, pour dire, entre Mgr Benjamin Ndiaye et sa nouvelle jeunesse, c’est déjà le grand amour.
Approchés à la fin de la messe, beaucoup de jeunes n’ont pas caché leur joie. «Il a su se mettre à notre niveau. Son homélie est très intéressante, les mots utilisés sont à la portée de tout le monde. Personnellement je me retrouve en lui», confie une jeune d’une vingtaine d’année de la paroisse de Hann. «Le thème choisi est actuel. On ne peut pas dire qu’on est chrétien sans chercher à faire le bien ou vivre dans l’amour», ajoute Donatien Lankra de la paroisse Notre Dame des Anges de Ouakam. Il faut souligner que c’est la paroisse Saint Esprit de Diohine qui est choisie pour abriter la prochaine édition prévue en 2016.
Un séminaire sur le Plan Sénégal émergent (Pse) et les accords de partenariat économique (Ape) a été organisé, ce samedi 28 mars, au profit des membres de la coalition Bennoo Siggil Senegaal (Bss- mouvance présidentielle). Présidée par le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, par ailleurs patron de ladite coalition, cette rencontre est la deuxième du genre après celle tenue avec la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby).
Même s’il n’a pas encore déclaré officiellement sa candidature pour un second mandat et en perspective de la présidentielle de 2017, le chef de l’État Macky Sall est déjà dans la peau d’un candidat. En effet, à quelques encablures de cette consultation électorale, le chef de file de l’Apr (parti présidentiel) ne cesse de multiplier les faits et gestes allant dans le sens de fédérer le plus grand nombre d’acteurs autour de son programme politique, à travers le Plan Sénégal émergent (Pse).C’est ainsi qu’une rencontre sur la vulgarisation du Pse a réuni, ce samedi 28 mars, les membres de la coalition Bennoo Siggil Senegaal (Bss), coalition qui avait porté la candidature de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, lors du premier tour de la présidentielle de 2012. Une rencontre qui intervenait d’ailleurs dans la foulée du séminaire du même genre, organisé au profit des membres de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby) qui avait porté, elle, le candidat Macky Sall au Palais, lors du deuxième tour de la présidentielle de 2012.
Exposant l’objectif de cette rencontre, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, par ailleurs patron de cette coalition, a indiqué qu’elle vise à mettre à niveau les participants pour leur permettre de participer au débat public. Chantant les mérites du Pse et des Ape dans son mot d’ouverture, le président de l’Alliance des forces de progrès (Afp) qui a disqualifié son parti pour la prochaine consultation présidentielle au profit de l’actuel chef d’État, a estimé que les thèmes choisis invitent à « cultiver l’ambition et à penser le développement, avec rigueur et générosité ».
Dans son exposé sur les enjeux des Accords de partenariat économique (Ape) entre l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne (Ue), le directeur adjoint du commerce extérieur, Fallou Mbow Fall a tenu pour sa part à rassurer les alliés sur le bien-fondé des Ape, entrés en vigueur en janvier 2015. Expliquant que ces accords constituent un régime préférentiel commercial signé avec l’Union européenne (Ue) en vue d’accroître les exportations vers le marché européen des produits originaires de l’Afrique de l’Ouest, M. Fall a précisé que « l’enjeu des Ape, c’est d’être conformes aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)».
Toutefois, il a reconnu que « la libéralisation va se traduire par une baisse des droits de douane et une baisse de recettes douanières de l’ordre de 3,6%, par rapport à la situation de référence avant l’entrée en vigueur des Ape». Prenant à son tour la parole, l’ancien maire de Dakar, Mamadou Diop, a plaidé pour un rééquilibrage de l’aménagement urbain. Cette rencontre a enregistré la présence entre autres personnalités du ministre en charge du PSE, Abdoul Aziz Tall.
AÏDA MBODJI DICTE LA PRIORITE A WADE
BAMBEY - EN REBELLION CONTRE LE CHOIX DE KARIM PAR LE PDS
Aïda Mbodji persiste et signe dans sa contestation de l’appel à candidature ayant conduit au choix de Karim Wade comme candidat du Pds à la prochaine présidentielle. A l’occasion de l’Assemblée générale de la fédération départementale libérale de Bambey qui s’est tenue hier, dimanche, l’ex-ministre et présidente du Conseil départemental de Bambey s’est démarquée de toute implication audit processus, tout au plus assimilé à de la « diversion ». Dans la foulée, elle a dicté à Me Wade et au Pds l’ordre des priorités qui doit être celui du parti : la libération des détenus et « otages politiques » avant la mise en route de la dévolution « démocratique » du pouvoir au sein du Pds.
La responsable départementale du Parti démocratique sénégalais de Bambey a ainsi commencé par condamner vivement, à l’occasion de l’Assemblée générale tenue à la salle des banquets de la mairie de la dite localité, les arrestations de ses camarades libéraux qu’elle juge « arbitraires et abusives». Pour elle, le seul combat qui vaille aujourd’hui est la libération de ces «otages politiques ».
Mme Aïda Mbodji a expliqué ainsi : «nous avons écrit au secrétaire général du Parti démocratique sénégalais, Me Abdoulaye Wade, depuis le 13 mars dernier pour l’alerter mais aussi alerter l’opinion nationale et internationale par rapport aux différentes manœuvres qu’on peut assimiler à la théâtralisation. L’unique combat que nous devons mener est de nous battre pour la libération de nos otages politiques et de nos détenus politiques ». L’essentiel est, dira-t-elle, « de renforcer la cohésion du parti et d’avoir une position et une démarche consensuelle et d’avoir une approche inclusive qui pourra nous permettre d’aller de l’avant et de porter le combat de la libération des otages politiques ». Et d’ajouter : « C’est cela, notre priorité ».
La présidente du Conseil départemental de Bambey s’est opposée, dans la foulée et encore une fois, à tout appel à candidature au niveau du Pds. « Toute chose comme l’appel à la candidature n’est que diversion. Nous marquons notre opposition à ce processus. Nous n’avons jamais participé au processus, malgré le fait qu’on ait envoyé des délégués au niveau du bureau politique ». Et de préciser : «Nous tenons à affirmer que notre fédération n’a ni voté ni participé, à aucun moment du processus. Pas plus, elle ne s’est impliqué à l’appel à candidature». Aïda Mbodji poursuivra en disant que «les enjeux de l’heure, c’est d’écouter les populations, aller à la base et renforcer la cohésion du parti pour la libération des détenus. Après leur libération, qu’on puisse dérouler un programme de dévolution démocratique du pouvoir au sein du Parti démocratique sénégalais, c’est-à-dire partir de la base au sommet, impliquer toutes les forces vives de la nation et du parti. C’est la seule alternative qui vaille face un régime qui excelle dans la dérive, face un régime qui a pour seul programme la traque des biens supposés mal acquis ».
Non sans rappeler que la fédération de Bambey réaffirmer son ancrage dans le libéralisme et son appartenance au Parti démocratique, Aïda Mbodji a mis en garde le régime dans sa volonté de remettre en cause les libertés et droits acquis de haute lutte par le peuple sénégalais. Dans la mouvance, elle a vivement condamné « toute tentative d’entrave des libertés d’opinion et d’expression, au nom de quelque raison que ce soit».
PAR YOUSEN CATALAN SAMBOU
CONSIDERATIONS SUR LA CREI ET LE RENVERSEMENT DE LA CHARGE DE LA PREUVE
Les criminels financiers profitent ici de l’autoritarisme monarchique, exacerbée par une diplomatie de résistance, qui bloque toute prétention d’un Etat extérieur à embêter le «protégé»
Après avoir écouté les débats qui ont suivi la décision de la Crei sur l’affaire Karim Wade, il me semble que certains veulent faire croire, que le renversement de la charge de la preuve opérée dans la loi sur la Crei est une abomination juridique, un Ovni, qui serait synonyme de violation de la présomption d’innocence.
Mais il est important de revenir sur cette technique juridique efficace, qui bien que discutable, est aussi pré- cieux que le besoin, qu’ont toutes les Nations spoliées, (notamment les plus faibles), de mener une traque systématique des deniers confisquées par des dirigeants véreux.
«Il suffit de dix minutes pour transférer une somme d’argent d’une juridiction à une autre, mais trois à six mois sont nécessaires pour obtenir une entente d’assistance juridique mutuelle», un punchline aussi retentissant que pertinent qui décrit la réalité du voyage de l’argent sale à travers les chemins tortueux de la finance de l’ombre.
Il apparaît dans un pays et s’évapore dans un autre (je vous conseille sur le sujet, l’excellent numéro 85 2012/1 de la revue internationale et stratégique, intitulé : L’argent des dictateurs).
Le secret bancaire, les montages financiers, l’inventivité des banksters, des avocats et experts comptables véreux, etc. sont autant de facteurs qui rendent impossible pour beaucoup de pays (parfois parmi les plus puissants) toute prétention à récupérer de l’argent après qu’il ait effectué son voyage vers l’inconnu.
Si aujourd’hui, une puissance comme l’Union européenne peine à se mettre d’accord sur un simple principe d’échange d’informations en matière fiscale qui pourrait permettre de mettre la main sur des milliards d’euros cachés parfois au sein même de l’espace européen, on imagine mal comment un petit pays comme le Sénégal peut mettre en échec un système bien établi et soutenu par les plus puissants.
Avant de rentrer dans le cœur du sujet, il me semble important de revenir sur les astuces utilisées par les dirigeants corrompus pour faire disparaître les milliards qu’ils dérobent des caisses de leurs Etats.
On dénombre principalement trois types de refuges permettant de mettre à l’abri de l’argent volé. En premier, et dans une moindre mesure, il y a les places offshore du Proche-Orient (Dubaï, Beyrouth, Bahreïn, Koweït, Ryad) : ce sont des refuges inviolables.
Les criminels financiers profitent ici de l’autoritarisme monarchique, exacerbée par une diplomatie de résistance, qui bloque toute prétention d’un Etat exté- rieur à embêter le «protégé» (Exemple de Ben Ali en Arabie Saoudite).
En second, il y a les grandes places financières (La City de Londres, Wall street, Singapour) : La pression de l’Etat hôte est ici supplée par un lobby extrêmement puissant de professionnels de l’argent (les banksters, les avocats, les experts comptables, etc.) dont l’infinie ingéniosité (fonds d’investissement, Levarage buy out, Lbo, les montages en cascade, le blanchiment d’argent) met en échec toute tentative de récupérer le moindre dollar une fois qu’il atterrit dans le «capitalisme de l’ombre».
Il existe, en outre, ceux qu’on appelle communément, les paradis fiscaux assumés, c’est la Suisse, Le Luxembourg, Monaco ou le Delaware aux Etats-Unis. Ici, très souvent, des mécanismes comme le secret bancaire, les trusts, les fiducies, les sociétés anonymes, la technique des prête-noms, permettent de cacher les identités des propriétaires réels, y compris en cas de demande judiciaire, l’Etat auteur de la demande se heurtant souvent à l’Etat censé coopérer qui se trouve être l’auteur du mécanisme en cause.
Par ailleurs, il convient également de noter et c’est une lapalissade, qu’il n’y a nul besoin, pour pomper l’argent d’un pays, de le planquer à l’étranger. Beaucoup de dirigeants, notamment ceux qui se considèrent «Président à vie», optent pour la création de systèmes locaux de pompage de l’économie tel que le démontre le journal Mediapart, concernant l’affaire des «Bongoleaks» (Cf.
Dans de telles conditions, il est important pour tout Sénégalais, d’avoir conscience que l’impé- rieux objectif de préservation du denier public ne peut être atteint que par des outils révolutionnaires tels que la Crei symbolisée par le renversement exprès de la charge de la preuve qu’il opère.
Le Président Abdou Diouf l’avait compris, il a été suivi dans cette voie par les institutions internationales. En 1981, lorsque la Crei fût créée, elle n’était clairement pas de l’ordre de la normalité.
D’aucuns ont prêté au Président Diouf un moyen de pression sur ses adversaires politiques de l’époque. Peu importe. Le constat est aujourd’hui qu’il s’agit là de l’outil judiciaire le plus avancé à la disposition des Nations «faibles» face aux schémas précédemment décrits. Pour mieux comprendre les termes du débat, il important d’opérer une nette distinction entre corruption pure et enrichissement illicite.
Dans la loi du 10 juillet 1981 sur la Crei, celle-ci «était chargée uniquement de réprimer l’enrichissement illicite ou tout délit de corruption ou de recel connexe» (Cf. Exposé des motifs). C’est peu dire, que dans l’esprit des auteurs de la loi, la distinction était ténue entre les notions de corruption et d’enrichissement illicite. Mais elle existait.
Les récents développements en la matière confortent ce point de vue et incitent à opérer une claire distinction entre les deux. Et c’est bienvenu. Sur le plan international, on s’intéressera principalement à deux grandes conventions qui traitent de la notion spécifique d’enrichissement illicite que l’on distingue donc de la notion pure de corruption (plusieurs autres conventions internationales existent en la matière).
Ce sont, la Convention des Nations unies contre la corruption du 31 octobre 2003, dite Convention de Merida, signée et ratifiée par le Sénégal le 16 novembre 2005, ainsi que la Convention sur la prévention et la lutte contre la corruption, adoptée par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine le 12 juillet 2003, complétées, pour ce qui est de la Cedeao, par le Protocole sur la lutte contre la corruption signé (mais non encore ratifié) à Dakar le 21 décembre 2001.
Ces deux conventions vont au-delà de la notion de corruption et abordent la notion d’enrichissement illicite qu’elles définissent.
Ensuite, sur le plan national, dans sa première véritable application de la loi, dans le cadre de la toute nouvelle «décision Karim Wade», la Crei a semble-t-il opéré une claire distinction entre la corruption et l’enrichissement illicite, relaxant ce dernier du chef de la première accusation et le condamnant au titre de la seconde.
Cette distinction permet ainsi de mieux appréhender les situations de captation privée des deniers publics, en se passant ainsi de l’exigence de preuve de l’existence d’une tierce personne (selon les cas, le corrupteur ou le corrompu), nécessaire à la qualification de corruption pour se concentrer sur l’existence d’une augmentation injustifiée du patrimoine de la personne en cause. Injustifiée, c’est le mot à retenir.
Dans l’enrichissement illicite, tout est question de justification. Il s’agit de justifier comment en un laps de temps déterminé, une personne, généralement détentrice de l’autorité publique ou d’une mission de service public, a vu son patrimoine augmenter de manière significative sans pour autant que cela ne puisse raisonnablement résulter de ses revenus légalement identifiables.
La notion d’enrichissement illicite va ainsi de paire avec une inversion naturelle et systématique de la charge de la preuve, qui en aucun cas ne viole la présomption d’innocence. Il ne s’agit pas d’accuser, au contraire, c’est le contrat de confiance qui lie les membres d’une société à leurs dirigeants, qui obligent les seconds à se justifier auprès des premiers. Quoi de plus naturel !
Cette idée est d’ailleurs facilement repérable aux travers des définitions que donnent les conventions Mérida et de l’Union africaine sur la notion d’enrichissement illicite. La Convention Mérida la définit dans son article 20 comme étant «une augmentation substantielle du patrimoine d’un agent public que celui-ci ne peut raisonnablement justifier par rapport à ses revenus légitimes».
En vertu de cette convention Mérida, les justices des pays signataires considèrent qu’il y aura une présomption d’enrichissement illicite quand l’enrichissement est exorbitant par rapport aux revenus perçus, sauf pour la personne accusée à justifier une origine licite de sa fortune.
C’est le même raisonnement qui a été retenu par la convention de l’Union africaine, ici également, l’enrichissement illicite existe lorsqu’il y a «augmentation substantielle des biens d’un agent public ou de toute autre personne que celui-ci ne peut justifier au regard de ses revenus» (Cf. article 1 sur les définitions).
Aujourd’hui, cette tendance à l’inversement de la charge de la preuve, notamment lorsque sont en cause des personnalités publiques, n’est en rien scandaleux.
S’il en fallait une preuve supplémentaire, notons que la Suisse a adopté une loi fédérale sur la restitution des valeurs patrimoniales d’origine illicite de personnes politiquement exposées (Lrai), surnommée Lex Duvalier (du nom de l’ancien dictateur haïtien), entrée en vigueur le 1er février 2011, permettant la restitution à Haïti de quelque 5,7 millions de dollars dé- posés sur des comptes en Suisse suite à une décision du Tribunal fédéral suisse datant de décembre 2011 (cf.
Cette loi consacre un renversement de la charge de la preuve de nature à faciliter la confiscation : c’est à la personne mise en cause de démontrer la licéité de l’acquisition des valeurs patrimoniales et non pas au juge de prouver son illicéité. C’est exactement le même raisonnement qui est appliqué par la loi sur la Crei, pionnière en la matière.
On ne saurait terminer sans rappeler aux juristes en herbe que le renversement de la charge de la preuve même si elle reste exceptionnelle, n’est en rien quelque chose d’inédit en droit. Ce n’est rien d’autre que la réaction du droit aux situations décrites par la locution juridique latine, «probatio diabolica», c’est à dire lorsque le fardeau de la preuve nécessite de fournir une preuve impossible à obtenir de par sa nature.
Ce qui se rapproche clairement des situations rencontrées fréquemment dans les situations similaires ou analogues à l’affaire Karim Wade. Dans ces situations, la loi renverse la charge de la preuve de façon à ce que ce soit à la partie accusée de prouver son innocence, et non à la partie attaquante de prouver la culpabilité de l’autre.
L’IMAM MBAYE NIANG CÈDE SON FAUTEUIL AU DOCTEUR MOUHAMED SALL
Le mouvement de la réforme pour le développement social (Mrds) change la tête de son exécutif. En effet, lors de son deuxième congrès ordinaire organisé à Rufisque, l’imam Mbaye Niang a quitté volontairement la tête de ce parti pour céder son fauteuil au docteur Mouhamed Sall.
L’imam Mbaye Niang cède son fauteuil président du mouvement de la réforme pour le développement social (Mrds). Son remplaçant, est le docteur en mathématiques, Mouhamed Sall.
C’était lors du deuxième congrès ordinaire de ce parti organisé à l’Efi de Rufisque du 27 au 29 Mars sous le thème : « éthique et développement social ».
Lors de la rencontre, l’imam Mbaye Niang a signalé qu’après 15 années à la tête de cette formation, les raisons qui l’ont poussé à céder sa place, « c’est principalement pour renforcer la démocratie interne dans le Mrds. Je suis à la tête de ce parti depuis sa création et je pense qu’une personne ne doit pas avoir une ambition démesurée consistant à vouloir rester à la tête d’une délégation éternellement».
C’est d’ailleurs, une façon pour le parlement de « permettre aux autres de prouver leurs compétences et réaliser leurs ambitions », explique-t-il. Sinon, continue-t-il, des conséquences peuvent survenir. «Si cela n’est pas fait, cela peut provoquer des perturbations, le désordre dans le parti. Si cela se produisait, toutes vos œuvres se détérioreront», fait-il savoir.
Avant de faire comprendre qu’au Mrds, « c’est la démocratie qui est de mise ». Cependant, le président dé- missionnaire du mouvement de la réforme pour le développement social (Mrds) a indiqué qu’il quittait la tête du parti mais n’abonne pas la politique.
« Même si je n’ai pas décidé de prendre ma retraite politique, même si j’ai décidé de rester au parlement jusqu’à la fin du mandat, j’ai estimé qu’il faut céder la place quand il est tant ». Pour le nouveau président du parti, les idéaux du parti vont continuer à régner.
Le docteur Mouhamed Sall signale aussi que par rapport au thème du congrès « éthique et développement social », « le développement social est notre crédo au Mrds. Cela signifie pour nous que le développement économique d’un pays, le Sénégal en l’occurrence, n’est pas une fin en soi. Il n’a de sens que quand il impulse un développement social ».
Avant cela, il a tenu à préciser que le choix porté sur lui pour la direction du Mrds lui ont fait prendre conscience le défi qui l’attend. Selon toujours lui, « ce défi est tout à fait à notre portée, on ne peut en douter. Il nous faut le relever, car nous avons encore une fois le devoir impératif de contribuer au développement social de notre pays, le Sénégal ».
PRESIDENTIELLES DE 2017 : LE MRDS SE DONNE LE TEMPS DE LA REFLEXION
Le nouveau président du mouvement de la réforme pour le développement social (Mrds) au nom de son parti, a signalé la position de son parti par rapport aux échéances de 2017. Mouhamed Sall, fait savoir que sa formation politique ne sait pas encore la conduite à tenir pour 2017.
En effet, révèle-t-il, « pour les échéances de 2017, le Mrds se donne le temps de réflexion pour dé- cider de la conduite à tenir ». Car, il est d’avis qu’il y a «au Sénégal, des priorités qui font que nous devons concentrer pour le moment nos efforts sur ça. Afin que les problèmes des sénégalais puissent trouver des solutions. Installer précocement le pays dans ce climat n’arrange rien et n’apporte rien de bon aux populations ».
Par rapport à la traque des biens mal acquis, le nouveau patron du Mrds précise que « c’est naturel que quand on vous confie des responsabilités, que vous puissiez en rendre compte. Mais la justice exige que ça se passe dans les normes».
Cependant, Mouhamed Sall est d’avis que personne ne doit être couvert du voile de l’impunité. « Nous ne devons pas écarter des gens pour tirer sur d’autres. Ça doit se passer de manière équitable. Ça doit peser sur tout le monde, il ne doit pas y avoir d’exception», conclut-il.
LA LD DE RUFISQUE SIGNALE QU’IL Y À D’AUTRES KARIM WADE
Lors de son assemblée générale tenue ce Samedi, la coordination départementale de la Ligue démocratique de Rufisque, a salué le verdict rendu par la Crei lors du procès Karim Wade. Cependant, son coordonnateur, Souleymane Gueye Cissé précise que les mêmes fautes qui reprochées au fils de l’ancien président, sont en train d’être commises.
La coordination départementale de la Ligue démocratique de Rufisque a tenu une assemblée générale ce Samedi. C’était l’occasion pour son leader de dévoiler les couleurs de son positionnement après la condamnation de Karim Wade.
Selon Souleymane Gueye Cissé, « on ne peut pas condamner Karim Wade et continuer à faire ce pour quoi on l’a condamné ». Le coordonnateur départemental de la ligue démocratique donne pour exemple le directeur du port autonome de Dakar. Selon lui, le docteur Cheikh Kanté, est de venu subitement généreux donateur.
« Je le dis et c’est personnel, on ne peut pas condamner Karim Wade alors que le directeur du port autonome passe tout son temps à offrir des millions et des millions », continue-t-il. Ce qui est à ses yeux « aux antipodes de la gestion sobre et vertueuse prônée par le président Macky Sall », révèle-t-il.
D’ailleurs, le «jallarbiste » en chef dans le département de Rufisque en a profité pour lancer un appel au président de la République. Souleymane Gueye Cissé de lancer : « nous rappelons au président Macky Sall pour qu’il veille sur cela. L’essentiel n’est pas de faire du juridisme mais, de rester dans les principes. »
Très irrité, le coordonnateur départemental de la ligue démocratique est d’avis que des élites politiques s’enrichissent au su et au vu de tout le monde ; d’où pour lui la pertinence de la Crei.
« Nous saluons l’existence de la cour de répression de l’enrichissement illicite ainsi que le verdict qu’elle a rendu dans le procès de Karim Wade », confie-t-il, avant de signaler que les poursuites doivent s’étendre à toutes les autorités de l’ancien régime ciblées dans la traque des biens supposés mal acquis.
Ainsi, persiste-t-il : « ce seulement de cette façon que l’on pourra mettre un terme à l’impunité et la gabegie sur les deniers publics mais, pour ne pas tomber dans la politique du deux poids, deux mesures ».