Je viens de terminer le document de 42 pages que Monsieur Karim Wade a remis au procureur spécial de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei). Ce document tente de répondre aux accusations d’enrichissement illicite portées contre lui, mais rien de ce que j’ai lu ne disculpe Karim Wade.
La démarche de ce dernier est trop simpliste. En guise de pièces justificatives et de preuves, il fournit a des dossiers d’immatriculation de chaque entreprise, dont il est accusé d’être le propriétaire, avec la liste des actionnaires. Bien sûr, son nom ne figure nulle part sur ces listes. La question que l’on est tenté de se poser est la suivante : peut-on être actionnaire sans pour autant être listé dans le document nominatif des actionnaires ?
Cette question est loin d’être absurde, mais la réponse s’appuyant sur le droit est simplement oui. Cependant les détails qui fondent sa mise en œuvre tournent vers l’ingénierie financière et sont très complexes. Ayant un peu d’expériences en analyse et montage financiers, je suis tenté de participer au débat sur l’enrichissement illicite au Sénégal et d’apporter quelques éclairages.
La recherche de l’optimisation fiscale et le blanchiment d’argent sont au cœur de la problématique relative à la stratégie financière élaborée par les praticiens de la banque, de la finance et du capital-risque. L’ingénierie financière apparaît donc comme le processus de mise au point de solutions à des problèmes financiers, mais elle ne peut rien faire sans le secours de l’ingénierie juridique comme disait Ferry.
La possibilité de dissimuler son identité est essentielle pour toutes les personnes physiques ou morales qui sont animées par un besoin d’exercer une activité illicite à savoir corruption, fraude ou évasion fiscale, détournement de deniers publics, blanchiment d’argent etc.. Pour ce faire beaucoup de types de sociétés, dans certains pays appelés paradis fiscaux, donnent accès à ce levier stratégique qui est l’anonymat. Mais les plus performantes et les plus utilisées sont celles que l’on appelle international business corporation (IBC) qui offrent plusieurs avantages notamment :
L’exonération de l'impôt local sur les sociétés (à condition que l'entreprise ne s'engage dans aucune activité locale)
La confidentialité ou l’anonymat du bénéficiaire effectif de l'entreprise (on verra plus tard sa mise en œuvre)
La capacité d'émettre des actions sous forme nominatives ou au porteur (très important aussi et qu’on va détailler plus tard)
L’abrogation de toutes les exigences de nommer des administrateurs ou des dirigeants locaux.
Certes, l’utilisation des IBC donne un degré d’anonymat élevé, mais présente certaines failles, donc pour plus de sécurité d’autres mécanismes tels que les actions au porteur, les Nominee directeur et les Nominee Shareholder sont appelés en renfort.
Les actions au porteur sont des titres négociables partiels ou totaux, qui donnent la propriété d’une société à la personne qui possède les certificats d’actions, et cette personne acquiert simultanément les droits sociaux et patrimoniaux. Les dits certificats ne mentionnent nulle part le nom de la personne qui possède ses certificats en l’occurrence l’actionnaire effectif, mais on verra juste une série de numéros qui va servir de nom. Même l’entreprise qui vend ses actions ne connaît pas le nom de l’acheteur, autrement dit l’entreprise elle-même ne connaît pas ses propres actionnaires. La faille de cette stratégie est que la banque, qui sert d’intermédiaire entre l’entreprise et son actionnaire, détient les coordonnées de ce dernier même si le secret bancaire sera un obstacle pour connaitre l’actionnaire effectif.
Quelques pays seulement (le Panama, les iles Caïmans, Gibralter, Belize etc....) accueillent ce type d’actionnariat qui donne accès à un niveau très élevé d’anonymat.
Le ou les "Nominee Directeurs" sont soit des personnes physiques ou morales qui ont des mandats d’administration de ladite société. Leurs noms figurent sur tous les documents de l’entreprise et dans les registres officiels mais sont dans l’obligation de suivre à la lettre, l’ensemble des directives légales venant du bénéficiaire effectif de la société. Ce modèle peut être assimilé à ce qu’on appelle communément prête-nom. Bien sûr en utilisant cette technique vous possédez toujours un contrat qui prouve que vous êtes l’actionnaire effectif de la société, et ce document est appelé un Power of Attorney. Il est notamment obligatoire en cas d'ouverture d'un compte bancaire, afin que la banque puisse s'assurer de l'identité du bénéficiaire réel. Donc là aussi, on remarque une faille.
"Nominée Shareholder" c’est le même principe que le Nominee Directeur sauf qu’ici, il s’agit d’un mandat d’actionnariat et pas d’administration. Les prête-noms sont utilisés pour seulement masquer les noms des bénéficiaires effectifs mais ils n’ont pas comme mission d’administrer la société. En Général, dans les montages financiers les Nominee directeur et les Nominee sharholder sont utilisés en même temps. Pour ce cas aussi, le power of Attorney s’applique.
Toutes les techniques de dissimulation qu’on vient de voir ne suffisent pas à garantir d’une manière effective l’anonymat. Il est aujourd'hui clair que choisir la stratégie des actions au porteur, le Nominee Directeur ou le Nominee shareholder n'est pas la solution la plus efficace pour la protection des identités. Quoi d’autre pour mieux garder l’anonymat ?
Et c’est là où je vais commencer à mettre en relation mon texte et les propos de Monsieur Antoine Diome, le substitut du procureur spécial Alioune Ndao qui dit que "on a découvert un véritable système de sociétés à tiroir, c’est-à-dire qu’à chaque fois qu’il y a une société offshore, on voit une autre société offshore qui est derrière".
Monsieur Diome parle de ce qu’on appelle la chaine des sociétés offshore ou brouillage de piste. Les ingénieurs financiers et fiscalistes ont créé cette stratégie qui consiste à utiliser plusieurs sociétés offshore dans des paradis fiscaux différents ayant des législations différentes. Elle a pour finalité de préserver l’anonymat et de rendre très difficile le repérage du bénéficiaire effectif.
Un scénario imaginaire va permettre de planter le décor et de bien pénétrer la logique du processus de ce montage juridico-financier.
Une société offshore établit au Luxembourg est détenue par une autre société offshore qui se trouve aux les îles Vierges britanniques et qui à son tour appartient à une troisième société offshore (soit avec des actions au porteur, soit avec un Nominee Directeur ou Sharesholder) qui se trouve au Panama. Les combinaisons sont d’ordre illimité et vont rendre le repérage du bénéficiaire effectif tellement difficile qu’il faille une collaboration internationale pour trouver la personne qui est derrière tout cela.
Donc ne pas figurer sur la liste des actionnaires ne veut absolument rien dire.
Amadou Sow est le président de l’Association inter villageoise (AIV) du Ndiael. Depuis juin 2014, il étrenne fièrement son certificat de fin d'études élémentaires.
Né le 25 octobre 1955, Amadou Sow est un personnage au parcours atypique, mais très respectable. Le genre qui inspire admiration et motivation. Sans avoir jamais été à l'école et très déterminé à ne pas rester en marge de son époque, M. Sow a passé et obtenu son certificat de fin d'études élémentaires (CFEE), en octobre dernier, après avoir pris part à la session de juin 2014 qui a rassemblé plusieurs candidats de l'âge de ses petits-fils. Une consécration arrivée à 59 ans pour cet homme dont les différentes étapes de sa vie se résument au dévouement à sa communauté du Ndiael, dans la région de Saint-Louis.
Son certificat de fin d'études élémentaires, Amadou Sow, qui est aussi le président de l’Association inter villageoise (AIV) du Ndiael, le savoure volontiers et le fait savoir à qui veut l'entendre. C'est parce que derrière son premier "diplôme" reconnu par le système académique officiel de la République du Sénégal, Amadou Sow cache une histoire émouvante qui résume la relation amicale entre son défunt père et Denis Woula Ndiaye, un ancien commis de l'Etat du Sénégal. Amadou Sow avait sept ans lorsque Denis Woula Ndiaye, alors chef d’arrondissement de Ross Béthio, a rencontré son père, un marabout et grand notable du village de Raynabé 1. M. Ndiaye a demandé que le petit Amadou soit inscrit à l’école pour être instruit en français.
Le vœu du chef d'arrondissement ne fut pas exaucé, car Amadou Sow est le fils unique de son père qui choisit plutôt de l’initier personnellement aux enseignements du Coran. Mais le "vieux" fit cette promesse à son ami Denis Woula Ndiaye : "Amadou Sow pourra apprendre le français quand il le voudra, sitôt ses connaissances du Coran et de l'arabe assimilées". Sous la coupe réglée de son père, Amadou reçut une instruction approfondie du Coran et de l'arable, puis se spécialisa dans le droit islamique, la charia. Il est devenu imam et a été confirmé chef de son village en 1999. Amadou est aussi cadi de sa localité.
Malgré l’érosion du temps et des années, il n’a jamais oublié la promesse faite par son père à son ami Denis Woula Ndiaye. Autodidacte, Amadou Sow a été sensible aux préjugés qui auraient pu tourner en dérision son désir de s'instruire en français. Il a évité malgré lui les cours du soir dans la ville de Ross Béthio où il est très connu et a choisi de s’inscrire comme auditeur libre à l’examen du certificat de fin d’études élémentaires.
Un challenge compliqué, puisqu'avec ses 59 ans révolus, M. Sow s’est retrouvé en salle de classe, entouré de gamins de l’âge de ses petits-enfants, le jour de l'examen. Qu’importe, si c’est le prix à payer pour obtenir le sacre officiel de l’étape de base qui sanctionne son niveau d'instruction en français. Amadou Sow fonce sans calculer. Une tentative payante. Octobre 2014, les résultats sont tombés. Mamadou Sow a obtenu son diplôme du CFEE. Et lorsqu'on lui a demandé s'il franchirait le pas pour s'attaquer au brevet de fin d'études moyennes (BFEM), Amadou Sow a répondu stoïque : "Tout dépend des forces intellectuelles que mon âge voudra bien m'accorder."
Passionné des nouvelles technologies de l'information et de la communication, Amadou Sow étrenne aujourd’hui fièrement son ordinateur portable. Il écrit sur Word, s’exerce à la feuille de calcul Excel et sait tenir à jour ses documents comptables. Entre autres, Amadou Sow se ballade souvent dans la réserve du Ndiael avec son appareil GPS de géolocalisation qu’il a appris à manipuler à la suite d’une formation avec les techniciens du bureau régional Afrique de l’Organisation environnementale Wetlands International. Car soulignons-le, M. Sow est un grand défenseur de l'environnement comme en atteste le dynamisme de son association inter villageoise dans les activités de restauration du Ndiael, classé site Ramsar, depuis 1977.
PAR KHALIFA TOURÉ
LA PREUVE PAR KARIM
L’élite sénégalaise est un parti unique avec une seule idéologie : La jouissance. Si elle était hédoniste ou épicurienne ce serait même acceptable à bien des égards, mais nous avons plutôt des jouisseurs
«Si les empires, les grades, les places ne s’obtenaient par la corruption, si les honneurs purs n’étaient achetés qu’au prix du mérite, que de gens qui sont nus seraient couverts, que de gens qui commandent seraient commandés.»
William Shakespeare,Le marchand de Venise
L’épisode Karim Wade/Macky Sall est, à bien des égards, l’un des actes qui met en scène des acteurs principaux et des figurants. Comme au théâtre de l’ombre, il trouve son sens dans l’arrière-plan du visible des gesticulations, dialogues, monologues et même soliloques des êtres qui s’offrent de façon ostentatoire à notre regard avide non pas de vérité, mais fatigué par ce voyeurisme presque pervers qui caractérise le point de vue de l’homme contemporain.
L’homme contemporain désire non pas la vérité, mais l’apparition de quelque chose de grandiose et d’excitant. Il est comme dans une attitude «priapique». Tout le secret de l’attente du verdict du procès Karim Wade est là.
L’on est tenté de croire qu’il attend quelque chose de grand comme la vérité ou «fort comme la mort» pour parler comme Gustave Flaubert. Mais non ! Quand le voyeurisme des spectateurs se marie au voyez-moi des acteurs, tout le décor est planté. La politique est une mise en scène, c’est une représentation des idées, sentiments, ressentiments, fausses amours, haines passagères...
Mais attention ! Elle est surtout une guerre dont le théâtre des opérations est le peuple. Oui ! le peuple est le corps même du politique. Le «peuple», cette notion mise de plus en plus entre guillemets et même récusée par des sciences sociales, comme la sociologie et la science politique, disciplines infectées par l’idéologie libérale qui dénie au concept son caractère scientifique. Les disciplines scientifiques ont tendance au nihilisme lorsqu’une notion leur est inaccessible, lorsque la méthodologie qu’elles ont élaborée est insuffisante.
Qu’est-ce qu’il y a après le peuple ? Rien ! Du moins en démocratie. Lorsque le peuple disparaîtra, il n’y aura plus de démocratie et la démocratie suppose l’égalité, toutes les formes d’égalité : L’égalité des chances, l’égalité démocratique, l’égalité de considération, l’égalité de liberté de conscience, l’égalité de participation, pour reprendre les notions de John Rawls.
Et nos deux bonhommes Macky Sall et Karim Wade posent, «jouent» et mettent tellement en scène la problématique de l’égalité et son contraire (les inégalités) qu’un écrivain respecté, peut-être un peu trop, comme Boubacar Boris Diop en perd son Latin. Oh ! Je devrais dire son français. Que dis-je ? Son ouolof, puisque depuis «Doomi Golo», on peut s’écrier : «Oui il l’a fait ! Il a écrit en langue africaine.»
Puisque l’auteur en question, Boubacar Boris, a une voix, peut-être qu’un jour il sera cette voix haute qu’il n’est pas encore. Il est militant mais aussi et surtout il sait communiquer. Il connaît le moment idéal. Les interviews des écrivains font partie intégrante de leur œuvre.
Mais son équilibrisme intellectualiste qui met presque dos à dos Macky Sall et le couple Wade/Karim est inopérant et sujet à caution. C’est la maladresse des intellectuels. Ils ont l’obsession de la neutralité, la fièvre du juste milieu au point d’oublier que la géométrie est variable et que le juste milieu est mouvant.
Dans cette affaire on perd facilement la boussole, on ne sait plus ou se trouve le Nord. «Si dans la poursuite de votre destination vous foncez tout droit sans vous souciez des obstacles, vous n’arriverez à rien sauf à finir dans un ravin.A quoi ça sert de savoir où est le Nord ?» disait le sage Abraham Lincoln. Tout journaliste qu’il est, il devrait savoir que la presse ne retiendrait que sa formule «Ce qui me gêne dans la traque des biens mal acquis...» Tous les journaux en ligne ont retenu ce syntagme incomplet pour en faire le titre d’un extrait d’une longue interview accordée au journal Le Populaire.
Les autres «formules» ont été reléguées au second plan : «Les Sénégalais n’ont quand même pas la mémoire courte, et tout le monde se souvient du temps où Karim Wade, sans talent particulier, par la seule volonté de son père, était l’homme le plus puissant du pays, il est donc essentiel qu’il rende compte de sa gestion des deniers publics et cela doit se faire au terme d’un procès juste et équitable.»
En vérité cette longue et ténébreuse affaire qui n’est qu’un exercice de reddition des comptes et abusivement appelée «traque des biens mal acquis» gêne beaucoup ! Elle gêne affreusement ! Elle gêne au point de provoquer une certaine peur, panique dans toute l’élite sénégalaise ; cette classe dirigeante politico-affairiste qui depuis la période d’avant «les indépendances» s’est arrogée le pouvoir de décision en toutes choses concernant la vie des Sénégalais.
Le procès de Karim Wade, c’est aussi le procès de l’Etat du Sénégal. Si les motivations du verdict prononcé par la Crei sont justes (et on ne saurait en disconvenir), quel type d’Etat a permis une forfaiture aussi énorme ? Quels anciens types de Sénégalais ont fermé les yeux, favorisé, accompagné ou participé à cette ténébreuse affaire ?
Les faits incriminés ne peuvent avoir lieu qu’à des périodes de torpeur, de sommeil, d’effacement et même de dissolution de certains mécanismes de contrôle de l’Etat. Au Sénégal l’Etat est l’un des machins les moins discutés ? Les élèves de terminale sont les seuls à sauver l’honneur.
Depuis toujours, ils en dissertent maladroitement du haut de leur petite taille d’apprenti-philosophe. Que Dieu les bénisse ! Peut-être qu’un jour ils engageront courageusement les réformes qu’il faut. Ils s’érigeront en pôle-leadership pour voler au secours du Navire Sénégal.
La vérité est que nous avons construit un Etat qui, bien avant les indépendances a pris une forme qui le rendait vulnérable face aux logiques bureaucratiques d’accaparement des biens publics, à la prédation économique et aux postures de captures légales de fonds par des entités endogènes qui se sont sanctuarisées dans le cœur de l’Etat et qui ont des relais en dehors dudit système. Cette logique n’est pour le moment ni mafieuse ni criminelle mais elle est d’autant plus dangereuse qu’elle est culturalisée, avec un rapport pervers et jouissif à l’argent et l’impunité garantie par le maslaa.
Comme le dit pertinemment le juge Jean De Mayard, il n’est pas loin le jour où l’on va quantifier le Produit criminel brut qui plombe nos pays, les empêche de décoller et écrase la majorité silencieuse des masses productives, ceux qui travaillent et ne gagnent presque rien.
Mais d’où nous vient le maslaa ? La psychogenèse du mot peut donner la chose suivante, qu’on a déjà écrit dans A quoi sert la démocratie sénégalaise ? «Les Sénégalais aiment viscéralement la liberté mais en est-il autant de l’égalité ? Il est donc fort à parier qu’ils préfèrent la liberté à l’égalité sans pour autant être indifférent à l’injustice. Or l’égalité est une composante essentielle de la démocratie, on peut en déduire donc que notre démocratie est unijambiste.
A ce propos, il ne serait pas inutile de s’interroger sur la morale des Sénégalais pour établir une échelle des valeurs propre à l’homo-senegalensis.Au sommet de l’échelle trône indiscutablementle maslaa, cette notion ambiguë pourtant dérivée de la jurisprudence islamique d’obédience malikite est une sorte d’ersatz, de succédané de la maslaa, un concept religieux signifiant ‘l’intérêt général’ complètement passée au Moulinex, socialement transformée pour donner cette chose informe et ouolofisée appelée maslaa et qui n’est rien d’autre que du réalisme parfois amoral mais dans bien des cas ‘opportuniste’.
Voilà paradoxalement l’une des origines obscures de la préférence des Sénégalais pour la liberté au détriment de l’égalité. Sinon comment peut-on comprendre que ce ‘’succès démocratique’’ cohabite non seulement avec des pratiques inégalitaires flagrantes, mais que l’on tolère, accepte et même intègre dans le système politique ?»
Mais en vérité c’est l’élite sénégalaise postcoloniale héritière de vieilles pratiques jacobines et bourgeoises qui a semé, cultivé et entretenu cette culture d’accaparement. Il n’est donc pas étonnant que cette même élite qui est dans des logiques féodales ne se soit jamais offusquée de l’omniprésence de Karim Wade fils de Abdoulaye Wade.
On ne fait pas suffisamment remarquer que cet attelage quasi-incestueux dans notre système politique, renvoyait pour beaucoup de prédateurs, l’image d’un futur «moderne et très concret». Les pseudo-cracs qui entouraient Karim (et qui l’ont lâché) ont tenté, peut-être inconsciemment d’élaborer un discours de légitimation fondé sur la «modernité».
Ils ont voulu vendre aux Sénégalais une modernité clinquante, en béton armée, exprimée exclusivement dans un français grasseyé, une réputation surfaite de banquier et même un esthétisme chromatique. L’histoire de Karim Wade est l’échec d’une conception erronée et superficielle de la modernité.
Ecoutez ces jeunes filles qui disent à propos de Karim : «Ndeyssaan, il est tellement beau !» Auparavant, nous avions écrit dans Le syndrome Mouhamed Ndao Tyson : «La génération «Bul Faale» comme «la génération du concret» ont tous les deux une maladie congénitale : La faiblesse et le défaut de l’énoncé.Penser que le Bien est seulement dans le concret ou le «Bul Faalé», c’est exclure l’Abstrait et l’Esprit qui ne cesseront de gouverner ce monde. Bien malin qui peut échapper à la grammaire et à la littérature !»
Il y a dans la démocratie des lettrés sénégalais, des personnes d’une faiblesse morale telle qu’elles peuvent penser qu’un homme habillé en costume-cravate, arborant une montre Rolex, s’exprimant dans un français grasseyé, est forcément bardé de diplômes et compétent par-dessus tout.
Cette forme d’escroquerie intellectuelle fondée sur le paraître est transversale. Il y en a chez les journalistes, les avocats, les sportifs, les cinéastes, les écrivains, les éditeurs, etc. Ecoutez ces jeunes journalistes qui grasseyent tout le temps à vomir, perdant ainsi leur accent qui est leur identité, leur histoire. Ils sont victimes de l’air du temps.
L’élite sénégalaise exerce depuis toujours une violence épistémique sur les subalternes ; violence fondée autrefois sur le monopole du «savoir» et de l’ingénierie de la corruption ; mais aujourd’hui, il s’y ajoute l’exclusivité des moyens offerts par les nouvelles technologies. Ils sont dans des logiques de prédation et de reptation silencieuse partout où se fabriquent et se distribuent des prébendes et de la notoriété.
Même les syndicats d’aujourd’hui sont à l’affût des mécanismes de redistribution inégale de la richesse nationale. Leurs revendications, qui tournent souvent autour du traitement équitable des salaires, ne sont justes que dans le fond ; ils sont surtout attendus sur la participation à la réforme fondamentale du système.
Au reste, n’êtes-vous pas surpris qu’aujourd’hui tout le monde se mette aux langues nationales, écrivant et publiant par-ci et par-là ? Or, depuis les travaux de l’illustre Pr Cheikh Anta Diop, il y a eu peu d’écrivains et d’éditeurs qui ont osé écrire en langue africaine. Ils n’étaient pas convaincus.
Le peu d’éditeurs et d’écrivains, qui avaient engagé la lutte en ce domaine, sont surpris de voir aujourd’hui des néoconvertis, comme par une opération du Saint-Esprit, devenir de pieux pratiquants des langues africaines. Les autorités sont interpellées. Il y a des logiques de capture de fonds et de notoriété jusque dans le champ culturel ; qu’il s’agisse du cinéma ou du livre.
Le jour où des milliards seront injectés dans la production de livres en langues africaines, vous verrez des phénomènes de reptation, de cumul de fonctions et de conflits d’intérêt et de transhumance comme en politique. L’élite sénégalaise est un parti unique avec une seule idéologie : La jouissance. Si elle était hédoniste ou épicurienne ce serait même acceptable à bien des égards, mais nous avons plutôt des jouisseurs. Nous avons une élite qui, en réalité, est un parti unique politico-affairiste même pas bicéphale quand bien même composite. Elle est redoutable parce que historiquement ancrée mais elle est «déboulonnable».
J’avais peine à y croire, mais aujourd’hui je crois avec Mouhamadou Mbodj du Forum civil, que le Président Macky Sall est seul sur le chantier des réformes. «1 pour cent de la population s’arroge 50 pour cent du budget national», a osé dire Macky Sall. Peut-être que cette sortie est un Sos, un appel au secours qui s’adresse aux hommes vertueux doués de compétence pour la formation de nouveaux soldats de l’Etat qui vont travailler la nuit.
Pour cette génération, la substance de la nuit, la matière nocturne sera le ferment des grandes décisions. De ce point de vue, le philosophe El Hadji Ibrahima Sall a raison. Il a peut-être lu Gaston Bachelard ; l’imagination de la matière peut être convoquée par des hommes vertueux doués de science, pour la transformation de l’ordre social. Nous touchons ici la psychologie de la réforme.
Si un enseignant ne peut écrire trois phrases sans faire dix fautes, s’il n’a pas connu la terrible époque des «une faute enlève cinq points» il aura tendance à proposer la suppression de la dictée. Voilà subtilement nommée la problématique du parcours, des origines, bref de la question cruciale du rapport conscience de classe/position de classe.
Beaucoup d’hommes et de femmes qui se pavanent gaiement parmi l’élite sénégalaise ont oublié que leurs parents étaient vendeurs de bananes ou de charbon de bois, ou bien ouvrier-manutentionnaire à la Cspt (Compagnie sénégalaise des phosphates de Taïba). Les origines sociales devraient informer les décisions et l’idéologie politique. Beaucoup qui s’enorgueillissent ou se gargarisent d’origine sociale modeste sont dans la communication et la cosmétique politique. Personne n’a le monopole du cœur, heureusement !
Une justice pénale vient de condamner Karim Wade. Qui sera le prochain ? Personne ne sait ! Mais les choses n’entreront dans l’ordre que lorsqu’on instaurera un système fondé sur la justice distributive où les avantages des uns permettront de relever le niveau de vie des autres, un système où les mécanismes de circulation des biens publics seront immunisés contre les virus des prédateurs de tous ordres.
Depuis son incarcération à la prison des Femmes de liberté VI, Aïda Ndiongue multiplie les demandes de liberté provisoire. Elles ont toutes été rejetées. Ce qui suscite moult interrogations.
En prison depuis le 17 décembre 2013, pour escroquerie portant sur des deniers publics d'un montant de 20 milliards 688 millions de francs CFA, Aïda Ndiongue court toujours derrière une liberté provisoire. Mais ses demandes sont systématiquement rejetées. Les trois demandes introduites devant le juge d'instruction n'ont pas connu de succès. Idem pour les deux recours faits devant la Chambre d'accusation.
La seule fois où la balance a semblé pencher du côté de l'ex-sénatrice libérale, le Premier-président de la Cour d'appel de Dakar a cassé la composition régulière de la Chambre d'accusation. C'est le juge Demba Kandji lui-même, Premier-président de la Cour d'appel, qui s'est penché sur le dossier avec ses assesseurs. Ils ont rendu un arrêt de confirmation du rejet du juge du 2ème cabinet d'instruction. Sans désemparer, les avocats d'Aïda Ndiongue ont poursuivi leur demande jusque devant le tribunal correctionnel.
Là également, le juge correctionnel a suivi son collègue de l'instruction, car la demande formulée lors de l'audience de première comparution a été rejetée. Quel sort sera réservé à la seconde demande introduite jeudi dernier ? En tout cas, le parquet a montré la voie, en invitant le tribunal à maintenir Aïda Ndiongue, Aboul Aziz Diop et Amadou Ndiaye en prison. Parce que tout simplement, il estime que les prévenus ne remplissent aucune des conditions prévues par la loi.
A savoir : le cautionnement ou le remboursement et l'absence de contestations sérieuses. Malgré ces arguments, certains trouvent injustifiés les nombreux refus réservés aux demandes de liberté provisoire d'Aïda Ndiongue et Cie. Pourtant la loi est très claire en matière de détournement de deniers publics. Lorsque le montant du détournement est supérieur à 1 million de francs CFA, le mandat de dépôt est obligatoire, sauf en cas de cautionnement, remboursement ou contestations sérieuses.
Toutefois, ces arguments juridiques ne convainquent point certains observateurs. Pour eux, seule la crainte d'être taxés de corrompus motive la décision des juges. "Aucun juge ne peut prendre la responsabilité de la libérer sous peine d'être accusé de corruption", avance un de nos interlocuteurs qui fait allusion au débat suscité à l'époque par le dessaisissement du président de la Chambre d'accusation.
Toujours est-il que la défense bat en brèche un tel argument. "Qu'est-ce qu'elle a pour corrompre les juges ?" enrage un des conseils de Aïda Ndiongue. Selon ses explications, si la Chambre d'accusation était dans une logique d'accorder une liberté provisoire à leur cliente, c'est parce que les juges avaient leur point de vue sur la question.
Mais, se désole la robe noire, qui a préféré parler sous le couvert de l'anonymat, la position de ces juges n'agréait pas à l'époque les autorités. Pour un de ses confrères, c'est la raison pour laquelle il y avait la rumeur sur la corruption.
Les juges doivent assumer leurs actes
D'ailleurs, nos interlocuteurs considèrent que le débat sur la corruption pose le problème de l'indépendance des juges. "S'il y a cette crainte, cela veut dire que les juges ne sont pas indépendants. Or, ils doivent assumer leurs actes, car un juge ne doit pas calculer ni se soucier des quand dira-t-on", assène un des avocats de la défense.
Un de ses confrères qui a lui aussi préféré s'exprimer sous le couvert de l'anonymat abonde dans le même sens. "Il est vrai que dans certains dossiers, tout acte posé par un magistrat est interprété, mais si les juges n'ont rien à se reprocher, ils n'ont qu'à faire leur travail", a soutenu notre interlocuteur. Me Amadou Aly Kane s'est inscrit dans la même logique que ses confrères en laissant entendre que tout ce qu'on demande à un juge, c'est d'appliquer la loi. Et en l'espèce, il estime qu'Aïda Ndiongue mérite une liberté provisoire.
Pour lui, les arguments du parquet ne sont pas fondés, dans la mesure où, argue-t-il, "les biens saisis dépassent le montant du préjudice, et la finalité de la consignation, c'est de sécuriser les deniers de l'Etat". "Le but du cautionnement, c'est de garantir le remboursement, en cas de condamnation", renchérit un de ses confrères qui qualifie "d'aberration les arguments du parquet".
Parce que, selon les arguments de l'avocat, la Cour d'appel a rendu, il y a quelque temps, un arrêt accordant la liberté provisoire à une personne inculpée pour détournement de deniers publics. Pour ce cas, l'Etat a même inscrit une hypothèque sur l'immeuble qui a servi de cautionnement. Au-delà de ces arguments, les avocats relèvent qu'Aïda Ndiongue est dans l'impossibilité de cautionner, du fait que tout son patrimoine est saisi. Par conséquent, Me Kane considère que la loi doit être interprétée dans un sens favorable à la prévenue.
Quoi qu'il en soit, liberté provisoire ou pas, le plus important demeure, pour l'un des avocats d'Aïda Ndiongue, la relaxe pure et simple de leur cliente. "Il ne sert à rien qu'elle bénéficie d'une liberté provisoire et qu'elle soit condamnée ensuite", déclare un avocat. Mieux, la robe noire souffle que c'est dans l'intérêt de la libérale de ne pas bénéficier d'une liberté provisoire, avant son jugement.
L'avocat craint le cas Mouhamadou Lamine Massaly maintenu en prison à cause du parquet qui a fait appel à la décision de mise en liberté provisoire rendue par le juge des flagrants délits.
AÏDA MBODJI DÉFIE MACKY SALL
Choisie par sa base comme candidate pour la prochaine présidentielle, la responsable libérale de Bambey annonce qu'elle ne laissera aucun "répit" au chef de l'État tant que ses frères de parti emprisonnés resteront en détention
L’assemblée générale extraordinaire de la fédération départementale du Pds tenue hier dans la commune de Bambey, a servi de tribune à Aïda Mbodji pour tirer à boulets rouges sur Macky Sall et son régime. La responsable libérale de Bambey, qui a listé les carences et errements de l’actuel régime, jure de rendre la vie dure à Macky Sall aussi longtemps que «les prisonniers politiques du Pds» ne seront pas libérés. Après s’être démarquée du processus ayant abouti au choix de Karim Wade comme candidat du Pds, Aïda Mbodji a été désignée candidate à la présidentielle de 2017 par ses partisans.
Aïda Mbodji n’a pas du tout été tendre avec le président de la République Macky Sall, qui en a pris pour son grade lors de l’assemblée générale extraordinaire de la fédération départementale du Pds, tenue hier à Bambey. D’emblée, l’ancienne ministre de la Femme a égrené un long chapelet de maux qui, selon elle, expliquent la situation catastrophique dans laquelle le régime de Macky Sall a plongé le pays. Aïda Mbodji a décrété la fin de l’état de grâce pour le président de l’Alliance pour la République (Apr).
«Je ne laisserai plus aucun répit à Macky Sall aussi longtemps que Karim Wade, ainsi que tous nos frères et soeurs qui ne sont que des prisonniers politiques, resteront en prison. C’est le lieu de lancer un appel à tous les camarades responsables du Pds à l’unité. Il est évident que la seule obsession de Macky Sall, c’est d’éliminer les ténors libéraux car il sait que nous sommes les seuls susceptibles de le virer du pouvoir», martèle la présidente du Conseil départemental de Bambey.
Ainsi, elle a tenu à expliquer aux responsables des douze sections de la fédération départementale Pds de Bambey les conclusions du bureau politique du Pds tenu le 21 février dernier. Revenant sur le choix de Karim Wade comme candidat du Pds aux présidentielles de 2017, Aida Mbodji s’en démarque. «Lors de ce bureau politique du Pds qui a été improvisé en congrès qui devait avoir lieu le 08 du mois prochain, Bambey n’avait pas voté, ni participé à aucun moment audit processus », souligne-t-elle.
«CE N’EST PAS SÉRIEUX DE DÉSIGNER COMME CANDIDAT QUELQU’UN QUI EST ENTRE LES MAINS DE LA JUSTICE»
«Je ne peux pas concevoir certaines réflexions dans le Pds qui constitue la seule alternative au Sénégal. Ce n’est pas sérieux de désigner comme candidat quelqu’un qui est entre les mains de la justice. Et ce, même si tout le monde sait pertinemment qu’il est innocent. On ne peut pas se permettre de jouer avec le destin d’un pays. Dans ce Sénégal, les gens sont trop fatigués des difficultés qu’ils vivent quotidiennement et nous les libéraux constituons l’alternative. Où sont ceux qui se disaient les avocats du peuple sénégalais ? Ils se sont tous rangés du côté du pouvoir et se la coulent douce aux côtés de Macky Sall où ils passent leur temps à l’applaudir», peste Aïda Mbodji.
«JE NE SUIS PAS D’ACCORD AVEC L’APPEL A LA CANDIDATURE DU PDS ET JE L’AI FAIT SAVOIR A ME WADE»
Revenant sur l’appel à la candidature qui a abouti au choix porté sur Karim Wade comme candidat du Pds à la présidentielle de 2017, Aida Mbodji précise : «Tout le monde sait que je ne mâche pas mes mots et que je ne suis pas hypocrite. Je n’ai pas été d’accord avec cette idée de lancer une compétition pour désigner notre candidat à la présidentielle de 2017, alors qu’au même moment vingt-six (26) parmi nos frères et soeurs du parti, y compris Karim Wade le seul fils de notre mentor Me Abdoulaye Wade à qui nous devons tout, sont toujours emprisonnés. J’ai pensé que c’était inopportun et j’ai fait en sorte que tout le monde sache mon point de vue sur cette question, tout en prenant l’opinion à témoin.» Et d’ajouter : «C’était ma conviction, ma décision. Et ce n’est pas parce que j’étais en colère ou parce que je voulais quitter le Parti démocratique sénégalais (Pds) pour rallier l’Apr, comme le disaient certaines mauvaises langues.
Malheureusement, dans le Pds chaque fois que tu défends des idées différentes de celles de certaines personnes qui n’ont pas d’arguments pour te convaincre, on te prête certaines intentions. Qu’est-ce que je vais faire chez Macky Sall dont tout le Sénégal connaît désormais les énormes carences avec ses errements à n’en plus finir ?», s’interroge-telle.
AÏDA MBODJI DESIGNEE CANDIDATE DU PDS EN 2017 PAR LA FÉDÉRATION DE BAMBEY
Au terme de ce conclave, les responsables des douze sections que compte la fédération libérale du département de Bambey ont unanimement désigné Aïda Mbodji comme candidate du Pds à l’élection présidentielle de 2017.
Dans la résolution qui a sanctionné leur assemblée générale extraordinaire, les responsables libéraux de Bambey ont «dénoncé vigoureusement les arrestations abusives des responsables du Pds». Aussi, ils alertent l’opinion nationale et internationale sur «les dérives liberticides et antidémocratiques du régime de Macky Sall».
Aïda Mbodji et ses camarades ont tenu à réaffirmer leur ancrage dans le libéralisme et leur appartenance au Pds. D’ailleurs, ils n’ont pas manqué de mettre en garde l’actuel régime dans sa volonté de remettre en cause les libertés et droits acquis de haute lutte par le peuple sénégalais. Ils condamnent toute tentative d’entrave aux libertés d’opinion et d’expression au nom de quelque raison que ce soit.
Le taux de mobilisation des engagements de financement du Plan Sénégal Émergent a connu une nouvelle évolution. D'après le directeur général des Finances, ce taux est aujourd'hui de 1 283 milliards de F CFA, c'est-à-dire 34,4%.
Du nouveau dans la mobilisation des fonds pour le financement du Plan Sénégal Émergent. Dans un entretien accordé à EnQuête, après un an d'existence du PSE, le directeur général des Finances, Mamadou Moustapha Ba, avait annoncé que sur "les engagements financiers nouveaux d'un montant de 3 729 milliards de F CFA des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) au Groupe consultatif pour le Sénégal, 67 conventions de financement d'un montant de 1 275 milliards de F CFA ont été conclues et sont entrées en vigueur", c'est-à-dire 34% déjà mobilisés.
Plus d'un mois après, (l'entretien est paru dans le journal EnQuête du lundi 23 février 2015), le Sénégal a eu encore à lever de nouveaux engagements de financements. Selon Mamadou Moustapha Ba, qui faisait une présentation sur les phases d'arbitrage du budget, samedi, à l'occasion du séminaire de la coalition Benno Siggil Sénégal, "les conventions de financements à la date d'hier (c'est-à-dire vendredi 27 mars) sont de 1283 milliards de F CFA, ce qui représente 34,4% des engagements financiers nouveaux des partenaires techniques et financiers relativement à l'accompagnement de la mise en œuvre du PSE", soit une légère augmentation de 0,4% en l'espace d'un mois.
Pour rappel, lors de la visite de la directrice générale du FMI à Dakar, le président de la République avait annoncé que 26% du montant total des engagements financiers ont été déjà mobilisés alors que l'objectif de départ était de 19 à 20%. Ce qui faisait dire au chef de l'Etat que "le Sénégal est sur la bonne voie" fallait persévérer.
Quelque et qu'il temps après, ce taux est passé à 34% avant d'atteindre 34,4%. Aujourd'hui, sur les 3729 milliards d'engagements de financement, 1283 milliards sont déjà mobilisés, 13 mois après le groupe consultatif. A ce rythme, le Sénégal est bien parti pour lever tous les engagements financiers des PTF en un temps record.
Si Moustapha Niasse et l’Afp ont décidé de surseoir à leurs ambitions présidentielles au profit de Macky Sall en 2017, tel n’est pas le cas pour les autres membres de la coalition Benno siggil senegaal. A l’image du Ps, le Pit et le Bds préfèrent maintenir le suspense.
A deux ans de l’élection présidentielle de 2017, le Président Macky Sall ne sait toujours si les partis membres de la coalition Benno bokk yaakaar (Bby) vont le soutenir. A Benno siggil senegaal (Bss), sous coalition de la majorité présidentielle, seule l’Alliance des forces de progrès (Afp) s’est déjà déterminée en faveur du chef de l’Etat.
Un chapeau que refuse de porter (pour le moment) d’autres membres de cette structure que Moustapha Niasse dirige. A l’image du Parti socialiste, le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) estime que le moment d’évoquer cette question n’est pas encore venu.
Maguette Thiam du Pit : «La priorité, c’est d’accompagner le Pse»
«Le président Moustapha Niasse a un parti (Afp). Dans le cadre de ce parti, il prend une décision. Donc, il en a absolument la souveraineté. Et c’est son parti qui décide. Concernant la coalition, d’autres partis ont dit que cette question n’était pas à l’ordre du jour», précise Maguette Thiam secrétaire général du (Pit), en marge d’un séminaire sur l’économie nationale et ses perspectives, organisé samedi par la coalition Bss.
Le successeur de Dansokho d’ajouter : «Pour nous, le Pit, la priorité c’est d’aider à ce qu’il y ait des concertations telles que celles d’aujourd’hui pour accompagner le programme du gouvernement à savoir le Pse.»
Mamadou Diop du Bds : «Il faut qu’on cesse, un moment, de parler politique»
Une trompette qu’embouche le leader du Bloc pour la démocratie et le socialisme (Bds), Mamadou Diop, pour qui un soutien de Bss à Macky Sall n’est pas à l’ordre du jour. Enervé par cette question des journalistes, l’ancien maire de Dakar lâche : «Non ! Non ! Non ! Ce n’était pas l’objet de nos réunions (il se répète).» Il poursuit sur le même ton : «Au Sénégal, il faut qu’on cesse, un moment, de parler politique. On doit travailler pour que le Sénégal avance !»
Zator Mbaye de l’Afp : «Chaque parti sera appelé bientôt à se prononcer sur ses ambitions»
Reconnaissant que la question de la Présidentielle de 2017 n’est pas encore posée au niveau de la coalition, le député Zator Mbaye (Afp) estime que «chaque parti sera appelé bientôt à se prononcer sur ses ambitions» par rapport à la prochaine échéance électorale.
Interrogé sur l’avenir de Bss au moment où son président, Moustapha Niasse, a décidé de soutenir Macky Sall en 2017, M. Mbaye considère que cette coalition «est un cadre d’orientation, de réflexion et de partages sur les politiques publiques».
Dans le cadre du PSE, le gouvernement du Sénégal ambitionne de multiplier les exportations par 2.5 dans dix ans si l’on se fie aux déclarations du Dg de l’Asepex Docteur Malick Diop.
Mais vu la timide progression des exportations sénégalaises dans l’espace Cedeao, il est normal de se demander si l’agence en charge de ce secteur est assez bien outillée pour faire gagner des parts de marché aux entreprises sénégalaises. Consciente des enjeux et des potentialités à l’export dans l’espace Cedeao, l’Asepex commence d’ailleurs à assister des entrepreneurs sénégalais pour qu’ils exportent dans certains pays.
Cependant cette Agence ne pourra remplir totalement ses missions d’assistance que si elle dispose de ressources budgétaires substantielles. C’est du moins la conviction de Hamidou Diop, SG du CNP, qui dit que le budget de Maroc Export par exemple, fait "N fois" celui de l’Asepex. Ce qui le conforte à penser que la promotion des exportations a un coût et que "nous devons en plus savoir que derrière chaque produit exporté se cachent des emplois nationaux créés ou consolidés".
Ses remarques sont confirmées par le Dg de l’Asepex qui avoue qu’avec un budget de 1,3 milliard, il est certain, que "tous les outils de promotion ne peuvent être mis à profit".
Et comme toutes les agences d’exécution, l’Asepex ne dispose pas des moyens de ses missions. Cependant, en termes d’outils d’accompagnement des entreprises, l’Asepex est, selon Docteur Malick Diop, "une plate-forme de services intégrés qui vont du renforcement de la capacité de l’offre exportable au pilotage de la politique export en passant par la connaissance des marchés et le positionnement des produits" . Par conséquent, l’Asepex a théoriquement à sa disposition tous les outils de promotion, seulement, dans la pratique, il y a encore du chemin à faire.
Ceci dit, le gouvernement du Sénégal a affiché depuis 2012 une "réelle volonté de doter l’Asepex de moyens nécessaires pour mettre en œuvre la stratégie de développement des exportations et tirer pleinement profit des opportunités commerciales dont le Sénégal est bénéficiaire", rassure M. Diop.
Mais pour donner un réel coup de fouet aux exportations, le SG du CNP Hamidou Diop pense que dans leurs déplacements dans les pays de la Cedeao, les plus hautes autorités pourraient s’accompagner d’entrepreneurs nationaux qui ont un intérêt à exporter ou investir dans lesdits pays. "La mondialisation nous impose davantage de diplomatie économique", proclame Hamidou Diop.
Ainsi, en réglant la problématique des infrastructures, celle des capacités d’assistance de l’Asepex et celle de l’action politique, les entreprises sénégalaises auront de son avis "cette présence significative dans toute la région Afrique de l’Ouest ". De plus, il sera possible de créer plus d’emplois productifs au Sénégal.
La situation dans laquelle se trouve la Suneor inquiète aussi bien les travailleurs que les représentants du Peuple. Un collectif de députés a choisi de défendre les intérêts des travailleurs de cette entreprise. Aujourd’hui, il rencontre le directeur général de la Suneor.
A Diourbel, où elle était la seule députée des régions de Thiès et Diourbel à venir prendre part aux activités marquant la célébration de la 30ème édition des Jmj et la 2ème que Diourbel a organisée, Hélène Tine est revenue sur la crise notée à la Suneor.
«Je voudrais dire toute notre désolation par rapport à ce qui s’est passé à la Suneor et qui a perduré depuis 2002 et dire à toutes les familles qui vivent de la production arachidière et de cette industrie qui est dans 5 régions du Sénégal, qui est au cœur de l’économie sénégalaise, qu’en tant que députés, nous sommes à leur côté.
Nous avons rencontré les travailleurs. Nous allons rencontrer demain (aujourd’hui) le directeur général de la Suneor pour en savoir plus sur cette affaire. Nous encourageons le gouvernement à aller résolument, comme l’a dit Monsieur le Premier ministre, à la restructuration de cette industrie qui aujourd’hui porte la filière arachidière», a-t-elle déclaré.
Avant de poursuivre : «Nous ne pouvons pas parler d’émergence en laissant mourir les industries qui sont pourvoyeuses d’emplois et qui sont le levier de l’économie au niveau local. Nous allons, nous collectif des députés, rencontrer le directeur général tout en ayant à l’esprit que c’est l’intérêt supérieur du Sénégal qui nous motive. C’est l’avenir du Sénégal qui est en jeu.»
Pour booster les exportations, la libre circulation des biens et des personnes est nécessaire, puisque commerce rime avec mobilité. Quand vous avez des difficultés à commercer avec les autres pays, vous ne pourrez pas avancer. Et vu la position géographique du Sénégal, il n'y a qu'une route principale qui va vers le marché de l'Uemoa et de la Cedeao. Il s'agit du corridor Dakar-Bamako.
"En voyant ce corridor, je me suis posé la question de savoir si l'ambition du Sénégal en matière économique vis-à-vis du Mali ou vis-à-vis des autres pays de l'intérieur se résume ou peut être supportée par une route qui fait 7.50m de largeur", s'interroge Mor Talla Kane.
En effet, si le Mali est notre principal client, le Sénégal devait à son avis avoir le "plus grand axe routier". Si l'ambition est d'exporter vers les autres pays également, M. Kane pense qu'il ne faut pas se contenter d'avoir juste une route aussi étroite. Ce qui d'ailleurs pousse à se demander où le Sénégal place véritablement ses ambitions en matière d'exportations ?
Surtout que sa principale rivale, à savoir la Côte d'Ivoire, est en train de faire des corridors qui font 4 fois le corridor Dakar-Bamako alors qu'on a regardé le chemin de fer, qui venait en appoint, mourir de sa belle mort. "Je pense que cette route est un indicateur, car à chaque fois que je regarde cette route Dakar-Bamako, je vois l'étroitesse de nos ambitions", martèle avec amertume M. Kane. Il est en fait convaincu qu'il y a un grand écart entre la volonté affichée et la volonté réelle.
Mais cette situation est à amputer au Sénégal et au Mali, car le corridor doit être un instrument stratégique "extrêmement important". Il est inadmissible, selon le directeur exécutif de la Cnes, de laisser une route qui est comme un filet de goudron entre deux Etats. Suffisant pour qu'il soutienne que notre pays ne peut pas s'attendre à ce que le commerce et les exportations en particulier soient à un niveau un peu plus élevé que celui d'aujourd'hui. Et de se demander de nouveau si le Sénégal reste dans ce corridor par contrainte alors que le Mali a la possibilité de trouver d'autres voies de contournement que le Sénégal n'a pas.
Mais toujours est-il que des efforts sont en train d'être consentis pour pallier la situation. Sauf que les choses semblent ne pas bouger du côté malien où on note un certain dilatoire. Mor Talla Kane qui est également le Président du conseil de ce groupe de travail informe avoir organisé en 2010, avec les deux premiers ministres du Sénégal et du Mali, une grande conférence à Kayes avec des résolutions qui avaient pour ambitions de fluidifier les affaires à travers le corridor Dakar-Bamako.
"Je suis désolé, mais je constate que les choses n'ont pas bougé. Alors, nous avons repris le dossier", renseigne-t-il. Il confie qu'il ne désespère pas, puisqu'il continue d'y travailler avec les partenaires internationaux, en espérant qu'un jour, le Sénégal ait les moyens de faire de l'axe DakarBamako une route qui assure toute la fluidité et permettre aux deux pays de pouvoir atteindre leurs ambitions en termes commerciales.
Des progrès notés malgré les écueils
En dépit de la situation peu reluisante des exportations sénégalaises, résultat de beaucoup de manquements, une progression dans l'espace Cedeao est à signaler. Si l'on se réfère à la note d'analyse du commerce extérieur produit en 2012 par l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), les exportations du Sénégal ont crû de 10,6% contre 16,4% en 2011.
L'augmentation des exportations vers l'Afrique est tirée par celle des expéditions de phosphates +35,3%, de la farine de froment +66,5% et des poissons frais +20,7%.
Pourtant, la crise malienne a atténué les exportations globales du Sénégal vers l'Afrique avec le recul des ventes vers le premier client du Sénégal, des produits pétroliers 39,9%, du ciment -7,5% et des engrais -45,3%). Dans la zone Cedeao, les expéditions du Sénégal ont progressé de 9,8%.
En 2013, les expéditions du Sénégal vers l'Afrique sont arrêtées à 565,5 milliards F CFA contre 536,4 milliards F CFA en 2012, soit une hausse de 5,4%. Cette évolution est imputable au relèvement des exportations des produits pétroliers (+40,4%), des poissons frais de mer (+44,7%), des cigarettes (+6,2%) et du sel (+2,8%). En revanche, le fléchissement des exportations du ciment (-25,1%) consécutif à la crise malienne, premier pays client du Sénégal, a atténué la tendance haussière.
Les expéditions du Sénégal vers la Cedeao qui ont progressé de 5,4% ont atteint 459,4 milliards F CFA en 2013 contre 435,9 milliards F CFA en 2012. Il faut par ailleurs reconnaître que 81,2% des exportations du Sénégal vers l'Afrique sont destinées aux pays de cette zone d'intégration.
Selon le Dg de l'Asepex, la balance commerciale du Sénégal vis-à-vis des pays de la zone Cedeao est excédentaire de 26,0 milliards F CFA en 2013 après un déficit de 50,6 milliards F CFA en 2012. Un résultat qui relèverait, d'après Docteur Malick Diop, essentiellement de "la réduction du déficit commercial vis-à-vis du Nigeria (343,8 milliards F CFA en 2013 contre -381,7 milliards F CFA en 2012) et de la Côte d'Ivoire (-23,0 milliards F CFA contre -53,5 milliards FCFA en 2012)".
Par ailleurs, l'excédent du solde commercial s'est renforcé vis à-vis de la Guinée Bissau (40,0 milliards F CFA contre 28,6 milliards F CFA l'année précédente), de la Gambie (+45,0 milliards F CFA contre +40,4 milliards F CFA en 2012) et du Mali, principal client (+180,0 milliards F CFA à la période sous revue contre +173,6 milliards F CFA en 2012).
Néanmoins, vu le potentiel de l'offre de produits du Sénégal et le marché de plus de 300 000 000 de consommateurs de la Cedeao, d'une part, et l'opportunité du Tarif Extérieur Commun (TEC) mise en vigueur depuis le 1er janvier 2015, d'autre part, il y a réellement des parts de marché conséquents que le secteur privé national devrait saisir.
Au chapitre des produits exportés par le Sénégal, il faut noter que les produits les plus exportés par le Sénégal dans l'espace Cedeao sont : autres huiles de pétrole et préparations, huiles de pétrole légères et préparations, plates-formes de forage ou d'exploitation, flottantes ou submersibles, autres cargos et cargos mixtes. Y figurent également, les huiles brutes de pétrole ou de minéraux bitumineux, les bateaux-citernes, autres médicaments en doses (prod. des 3002, 3005, 3006 exclus), les véhicules à essence de + 1500 a 3000 cm3, riz semi-blanchi ou blanchi, même poli ou glace riz en brisures.
A titre d'information, Docteur Malick Diop révèle qu'à travers le programme national d'autosuffisance en riz, l'Asepex envisage de promouvoir le riz en brisures et semi blanchi. Ce qui, selon lui, pourrait contribuer davantage au “développement des exportations sénégalaises dans cette zone".