En ordre de bataille sous la direction de leur coordonnateur Ameth Fall Braya, les libéraux de Saint-Louis ont tenu, hier, une assemblée générale pour décliner leur plan d'action dans le cadre de la lutte qu’ils comptent engager pour la libération de leurs camarades incarcérés et pour la reconquête du pouvoir. Après avoir annoncé que la bataille va continuer, Ameth Fall Braya qui soutient que les responsables du Pds ne vont pas s’aventurer à détruire ce que Me Wade a construit pour le Sénégal, a annoncé la visite du «pape du Sopi» à Saint-Louis le 22 avril prochain.
Le ton a été donné par les libéraux de Saint-Louis pour la reconquête du pouvoir en 2017. Sous la conduite de leur coordonnateur, ils ont organisé ce week-end une caravane dans les principaux quartiers de la ville, dans le but de remobiliser les troupes bleues. Ngallèle, Bango, Khor, Balacoss, Corniche, Rue de Paris et Rokh Djinné font partie des différentes zones visitées par Ameth Fall Braya et ses frères. Sorti ragaillardi de cette tournée, le patron du Pds de Saint-Louis soutient que le programme entamé, samedi dernier, continuera jusqu'au mois d'août prochain. «Il s'agit de remobiliser les troupes et de faire le bilan après chaque trimestre.
Partout où nous sommes passés, nous avons vu des militants déterminés, acquis à la cause de notre parti. Aujourd'hui, les populations sont désoeuvrées et fatiguées, leur rêve s'est dissipé», se désole Braya qui ne manque pas de se vanter ; «je peux affirmer que Saint-Louis est désormais mon titre foncier».
Après la condamnation de Karim Wade par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), indique le coordonnateur départemental du Pds de Saint-Louis, l'heure est à la mobilisation des troupes libérales. «Karim Wade a été condamné pour enrichissement illicite par la Crei, or il n’est pas coupable des faits qui lui sont reprochés. Nous avons confiance en notre justice et pensons que la Cour Suprême va casser le verdict de la Crei. Que les militants ne se découragent pas, la bataille va continuer. Mais nous n'allons pas détruire ce que Me Abdoulaye Wade a construit pour le Sénégal durant ses 12 ans à la tête du pays», rassure le natif de Guet- Ndar qui ajoute au passage : «Le Président Macky Sall doit savoir que l’urgence est ailleurs. Ce n'est pas le fait d'emprisonner les libéraux qui va développer le Sénégal».
Dressant un tableau noir des trois ans de gestion de l'actuel régime, Ameth Fall Braya invite le Président Macky Sall à se départir de certaines entreprises sénégalaises qui ne sont mues que par leurs propres intérêts. «Leurs administrateurs étaient avec Senghor puis Diouf, mais écartés par Wade ils ont été repris par Macky Sall qui doit faire attention à ces marchands d'illusions», avertit le responsable Pds de Saint-Louis. À l’en croire, «il y avait un essor avec Wade qui travaillait avec les Arabes, Chinois ou Indiens. Cette ouverture, loin de la France, avait renforcé notre indépendance. Aujourd’hui, les chiffres d’affaires des entreprises sénégalaises ont connu une baisse considérable. Au Mali, l’État a mis en place un fonds de 5 milliards pour appuyer les entreprises nationales, alors qu’au Sénégal rien n’est fait dans ce sens».
Par ailleurs, Ameth Fall Braya a annoncé aux militants libéraux de l’ancienne capitale du Sénégal la venue de Me Abdoulaye Wade à Saint-Louis le 22 Avril prochain. À cette occasion, un méga meeting sera organisé à la place qui porte le nom du «pape du Sopi».
«NOUS FAISONS DIFFICILEMENT FACE AVEC L’EFFECTIF PLETHORIQUE TROUVE SUR PLACE»
MOUSTAPHA BASSIROU MBAYE, 1ER ADJOINT AU MAIRE DE DIOURBEL
En plus des maigres moyens dont dispose la municipalité, les autorités de la mairie de Diourbel sont confrontées à la pléthore d’agents qui avoisinent les 150 personnes, dont la plupart se tournent les pouces à longueur de journée dans l’institution. Un énorme handicap qui freine les ambitions des nouvelles autorités municipales, selon le 1er adjoint au maire Moustapha Bassirou Mbaye.
À mi-mandat de l’ancien maire Me Jacques Baudin, la municipalité de Diourbel comptait dans ses rangs 159 agents municipaux à la date du 18 octobre 2013. Mais entre-temps, le nombre de salariés de la mairie est passé à près de 170 personnes. À ceux-là, viennent s’ajouter le nouveau maire Malick Fall, ses adjoints et les autres employés municipaux dont les indemnités et salaires sont puisés dans les maigres ressources de cette commune qui, en dehors des fonds de dotation et de concours, ne compte que sur un marché, une gare routière et des taxes que les agents ne parviennent à recouvrer qu’à moitié.
Suffisant pour que le premier adjoint au maire, Moustapha Bassirou Mbaye, tire la sonnette d’alarme, avant de décrier cette situation qu’il considère comme un vrai handicap pour l’institution. «Cet effectif pléthorique que nous avons trouvé sur place et auquel nous tentons difficilement de faire face, fragilise le bon fonctionnement de l’institution », affirme-t-il.
Relevant d’autre part le caractère ambitieux du nouveau budget de la commune de Diourbel, récemment voté et qui s’équilibre en recettes et en dépenses à la somme de 1 862 452 589 francs Cfa (contre 1 058 972 701 francs Cfa pour 2014), Moustapha Bassirou Mbaye affiche son optimisme, non sans demander à l’État de prendre en considération la situation difficile de l’institution communale.
À signaler que 1 465 211 487 francs Cfa du présent budget ont été alloués au fonctionnement tandis que 397 241 102 francs Cfa ont été affectés à l’investissement.
LA SUBVENTION DES STRUCTURES AUTONOMES AU CŒUR DES DEBATS
EXPOSE SUR LA LOI D’ORIENTATION
Maty DIA (Envoyée spéciale) |
Publication 30/03/2015
Dans le cadre du renforcement de capacités des journalistes en économie, le Cojes a tenu ce week-end un séminaire sur la loi d’orientation. Le thème était axé sur : «Le système de gestion des finances publiques. Historique des réformes et les grandes orientations du cadre de mesure de la performance en matière de gestion de finance publique (Pefa)».
SALY - Traitant du thème : «Le système de gestion des finances publiques. Historique des réformes et les grandes orientations du cadre de mesure de la performance en matière de gestion de finance publique (Pefa)», à l’occasion d’un atelier de renforcement des capacités des journalistes initié par le Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes), ce week-end, l’expert financier Ibrahima Ndiaye a abordé les conséquences de la prolifération des agences et autres structures autonomes bénéficiaires de subvention étatique pour leur renforcement. L’expert a notamment souligné que «ce phénomène peut être source de malversations. Au niveau de l’exécution des finances publiques, le budget de l’Etat est réglé suivant une nomenclature définie avec des titres qui influent la méthode avec laquelle l’exécution budgétaire va se faire».
Pour Ibrahima Ndiaye, après l’octroi de ses subventions, il appartient à ces structures de gérer avec leurs organes exécutifs. Et cela peut résulter du Conseil d’administration ou du Comité de pilotage. «A partir du moment où la subvention de l’Etat est dans le compte de l’institution, la responsabilité de l’Etat n’est plus engagée. Mais ces mêmes ressources feront l’objet d’une inscription au niveau du budget de l’organe autonome», dit-il.
Ainsi, estime l’expert financier, «les mêmes mécanismes de contrôle étatique diffèrent de ceux des entités en question». Ce qui amène M. Ndiaye à convier ces organismes au respect de la loi et le gouvernent à voir la pertinence ou non de transférer des ressources à ces structures. Parce que, insiste-t-il, «la reddition des comptes est valable aussi bien pour l’Etat que pour les collectivités locales et toute les autres entités publiques»
L’EGLISE CATHOLIQUE INVITE SES FIDELES A NE PAS REDUIRE L’AMOUR AU SEXE
30e EDITION DE LA JOURNEE MONDIALE DE LA JEUNESSE 2015
Une invite aux fidèles catholiques, en particulier les jeunes, à ne pas réduire l’amour au sexe. Voilà le message fort que l’Eglise Catholique du Sénégal a lancé, hier, à la jeunesse chrétienne, à l’occasion des festivités marquant la 30e édition de la Journée mondiale de la jeunesse.
Pas moins de 10 000 jeunes venant des différentes paroisses de l’archidiocèse de Dakar ont pris d’assaut, hier, l’Ecole supérieure d’économie appliquée (Esea, ex Enea) dans le Doyenné Grand-Dakar-Yoff, pour assister à la célébration de la 30e édition de la Journée mondiale de la jeunesse (Jmj). Occasion saisie par l’archidiocèse de Dakar de passer de fond en comble le thème de cette édition : «Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu».
Des informations livrées à l’occasion, il ressort que l’époque de la jeunesse est celle où s’épanouissent la grande richesse affective présente dans les cœurs, le désir profond d’un amour vrai, beau et grand. «Ne permettez pas que cette valeur précieuse soit falsifiée, détruite ou dénigrée. Cela arrive quand l’instrumentalisation du prochain à nos fins égoïstes apparaît dans nos relations parfois comme un objet de plaisir», lit-on dans un document distribué à la presse.
Invitant les jeunes fidèles à redécouvrir la beauté de la vocation humaine, à l’amour, l’Eglise Catholique exhorte aussi ses jeunes à se «rebeller contre la tendance diffuse à banaliser l’amour». Surtout quand on cherche à «la réduire seulement à l’aspect sexuel, en la détachant ainsi de ses caractéristiques essentielles de beauté, de communion, de fidélité et de responsabilité».
«Beaucoup aujourd’hui pensent que l’appel du Seigneur au mariage est démodé. Mais ce n’est pas vrai. Pour ce motif même, la communauté ecclésiale tout entière vit un moment spécial de réflexion sur la vocation et la mission de la famille dans l’Eglise et dans le monde contemporain», renseigne le document.
Aussi, la même source d’ajouter que Dieu ne regarde pas les apparences, mais le cœur. Cela, parce que le cœur résume l’être humain dans sa totalité et dans son unité de corps et d’âme, dans sa capacité d’aimer et d’être aimé. «Quand l’homme et la femme cèdent à la tentation et brisent la relation de communion confiante avec Dieu, le péché entre dans l’histoire humaine. Les conséquences se font tout de suite connaître et elles sont dramatiques», prévient l’Eglise.
MOUSTAPHA CISSE LO COMPTE SAISIR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL SUR LA LEGALITE DE L’ACTE
REDUCTION DU MANDAT PRESIDENTIEL
El Modou GUEYE (Correspondant) |
Publication 30/03/2015
Moustapha Cissé Lo vice-président de l’Assemblée nationale et Mbaye Ndiaye, ministre d’Etat auprès du président de la République soufflent sur les braises. Lors d’un meeting tenu ce week-end à Dalifort, l’un a annoncé le lancement de la campagne pour le «Non» à la réduction du mandat présidentiel alors que l’autre somme les partis de la majorité à se déterminer sans délai comme alliés ou adversaires.
Moustapha Cissé Lo lance la campagne pour le «Non» à la réduction du mandat présidentiel lors du référendum à venir. Il en a fait l’annonce, lors du meeting organisé par Awa Niang deuxième questeur à l’Assemblée nationale à Pikine Dalifort et qu’il co-présidait avec Mbaye Ndiaye, ministre d’Etat auprès du président de la République.
«Je lance officiellement la campagne pour le ‘non’ au référendum. 90% des responsables de l’Apr et des militants de base ne sont pas d’accord. Macky Sall a prêté serment pour exercer un mandat de sept ans. Il doit le respecter, c’est le non-respect de la constitution qui avait fait sortir le peuple en juin 2011. Le serment est plus fort que l’engagement verbal. Il faut qu’on arrête ces histoires qui ne tiennent pas la route. Nous sommes en politique et tout le monde sait que le discours politique est subjectif en substance», a déclaré le vice-président de l’Assemblée nationale qui annonce ainsi que le Conseil constitutionnel sera saisi dans les prochains jours afin qu’il se prononce sur la constitutionnalité de la réduction du mandat présidentiel.
Cissé Lo rejette 2017 et lance la campagne pour le non au Référendum
«Si le Conseil constitutionnel dit que la réduction sans démission par voie référendaire est possible, on engage le combat du non au référendum. Si le conseil dit non, alors Macky Sall est obligé de se plier à la loi fondamentale. S’il ne le fait pas, il y va à ses risques et périls et assumera les conséquences qui en découleront». Sa conviction est claire : «Le mandat n’appartient pas à Macky Sall. Depuis que le monde existe on n’a jamais vu un Président réduire son mandat à moins qu’il démissionne volontairement et quitte le pouvoir. Ceux qui exercent des pressions sur lui ne l’aiment pas. Ce sont des adversaires qui cherchent à lui chiper le pouvoir».
Moustapha Cissé Lo de préciser : «Je préfère faire sept ans et perdre des élections que faire cinq ans et les perdre. Macky Sall a plus de chance en faisant sept ans au pouvoir. Il aura le temps de poursuivre et inaugurer beaucoup de chantiers et mettre en œuvre son plan de développement économique. Et je vous dis que les libéraux remettront le septennat s’ils arrivaient par extraordinaire à revenir au pouvoir. Soyons vigilants. J’alerte et je vais porter ce combat et je suis sûr que je vais le gagner parce que Macky Sall est seul dans cette décision. Notre parti n’est pas d’accord. Et ma position a été portée à la connaissance du Secrétariat national et je ne suis pas seul dans ce combat et vous verrez dans les prochains jours».
Mbaye Ndiaye met en demeure les partis de la majorité à se déterminer
En prenant la parole, Mbaye Ndiaye, ministre d’Etat auprès du président de la République, lui, s’en est vivement pris à certains alliés. «Le peuple sénégalais a besoin de la clarification de l’espace politique national. Il faut sortir de l’ombre, on ne peut pas cheminer avec des candidats tapis dans l’ombre qui déroulent des stratégies tout en faisant croire qu’ils partagent un bilan et une gestion alors qu’il n’en est rien. Il faut que cela cesse», déclare l’ancien maire des Parcelles assainies devant une foule de militants qui applaudissaient à tout rompre. Dopé, il lance : «Excellence M. le président de la République, votre parti l’Alliance pour la République a besoin qu’on identifie ceux qui sont avec lui pour la Présidentielle de 2017. On ne peut pas être avec nous et prétendre nous faire face. Il faut qu’on se détermine et qu’on prenne nos responsabilités, le plus vite sera le mieux».
«LE JOUR N’EST PAS LOIN OU LE CAMES NOUS RAPPELLERA...»
Premier sénégalais agrégé de philosophie, Pr Mamoussé Diagne, qui a fait les beaux jours de la défunte Cdp/Garab gi, aux côtés du Pr Iba Der Thiam, commente, dans l’entretien grand format qu’il nous a accordé, les questions brûlantes de l’heure. Dans des propos teintés de philosophie, Pr Diagne dit ses vérités, sans complaisance, mais avec lucidité.
Quelle appréciation faites-vous de l’enseignement au Sénégal ?
Je dois dire qu’aujourd’hui, tous les enseignants de philosophie au Sénégal ont été mes élèves, sans exception, et tous ceux qui sont passés par la Terminale m’ont eu comme professeur. Par conséquent, mes anciens étudiants avec qui j’ai des liens très étroits, au point que je les considère moins comme mes anciens étudiants que comme mes amis. Je suis extrêmement fier de ce qu’ils sont et de ce qu’ils sont devenus, qu’ils soient de l’enseignement ou en dehors de l’enseignement. Vous sentez bien une distinction que je fais entre ces étudiants d’élite et les étudiants tels que je les vois actuellement dans leur manière de se comporter, dans leur manière de travailler, dans leur façon également de manifester leurs ambitions. Il faut dire que ça correspondait avec une époque tout à fait spéciale où les étudiants arrivaient dans les amphis déjà armés. C'est des gens qui avaient des lectures, qui savaient également mener des discours contradictoires, puisque c’étaient des gens très politisés, très souvent influencés par des mouvements marxistes, et pendant la clandestinité, en plus. Donc, ça les poussait à une auto-formation personnelle qui fait qu’en classe, le rapport au professeur n’était pas un rapport de simple enregistrement, mais de véritable discussion qui se menait dans nos amphis. Ce qui était tout à fait admirable, parce que nous avions bien l’impression et la sensation fondée, à juste titre, d’avoir des interlocuteurs et pas seulement des disciples ou de grands élèves. Et ça, c’est une période que je regrette.
Pourquoi regrettez-vous cette période ?
Parce qu'il y a eu une détérioration significative des étudiants sur le plan de la qualité. Il y a les effets pervers de la massification de nos universités en faculté des lettres et singulièrement au département de philosophie. Je me rappelle que la totalité des effectifs ne dépassait pas 40 étudiants de la première à la quatrième année tout confondue. Aujourd’hui, nous sommes à 400 et 450 étudiants, rien qu’en première année. Il est évident que ce type de rapport ne permet pas à une pédagogie efficiente de se manifester, et certains de ces étudiants sont loin d’être motivés comme les premiers étudiants, puisqu’ils ont le sentiment, peut- être, de se retrouver simplement dans cette faculté comme déversoir, faute de pouvoir être versés ailleurs. Quand quelqu’un n’est pas motivé, et celui qui enseigne également, et la massification aidant, il y a un nivellement vers le bas extrêmement sensible sur des questions, non seulement de fond mais même sur des questions de forme, sur la façon de s’exprimer, sur la façon de faire une dissertation. Il y en a qui ne dépassent pas, à mon avis, en qualité, de bons étudiants de Terminale de l’époque. Ce n’est pas tout à fait leur faute, c’est un effet systémique, puisque ça tient à la qualité des enseignants qui les forment dans le secondaire, ça dépend du contexte dans lequel ils évoluent, ça dépend de toute cette pression que la société fait peser sur eux et la dispersion de leurs intérêts, au-delà des études qu’ils mènent précisément. On ne peut que le regretter pour eux, on ne peut que le regretter pour le pays, mais il me semble qu’il y a là un énorme gâchis. C’est pareil pour l’enseignement dans le secondaire, puisque, de toute façon, quand on voit le niveau du Bac et le niveau des bacheliers de l’époque, moi qui était inspecteur général avec la responsabilité de donner des sujets d’examens, je me dis que les sujets de l’époque, les élèves de maintenant ne pourraient pas les traiter.
Il m’arrive, quelquefois, en m’en amusant, de retenir des cookies d’élèves, et même quelquefois d’étudiants relativement avancés, et de les soumettre à mes petits enfants qui arrivent à donner une expression correcte, là où l’étudiant en question a fait des solécismes, des phrases incorrectes, alors qu’ils ont, à leur disposition, un outil aussi extraordinaire que l’internet, pour pouvoir même enrichir leurs cours. Mais, certains en font un usage assez curieux, assez scandaleux, de couper-coller, au lieu d’apprendre véritablement à diversifier leurs connaissances, alors qu’ils ont à leur portée une bibliothèque mondiale.
Que préconisez-vous pour que le niveau soit relevé ?
Il faudra, sans doute, un grand effort, de la part du pays, de la part des parents et de la part des principaux intéressés, à savoir les étudiants. C’est l’affaire de tout le monde, mais c’est des affaires essentiellement des partenaires de l’école autour de l’école. Il va falloir que nous soyons beaucoup plus exigeants par rapport à nous-mêmes et par rapport à chacun de ces interlocuteurs qui se partagent, aujourd'hui, l’école. Il faut que nous sachions que le XXIe siècle, c’est le siècle du savoir. C’est ce que proclament, du moins, les Nations-unies. C’est le siècle du savoir. Cela veut dire que les nations qui vont s’affronter, vont s’affronter essentiellement sur le plan des connaissances. C’est le potentiel de matière grise que chaque nation pourra aligner, c’est ce potentiel qui permettra de faire poser sur la carte du monde ou de ne pas exister. Par conséquent, c’est un devoir qui est un devoir de vérité que nous nous devons à nous-mêmes, c’est également une ambition que nous devons nourrir à l’égard de ce monde auquel nous faisons face à l’image de ce qu’on fait les Japonais lorsqu’ils ont fait la révolution Meiji. Ce qui a fait que cette nation qui habite sur une île volcanique dispersée dans le Pacifique, que cette nation - qui a reçu 2 fois la bombe atomique sans disparaître - puisse, non seulement, survivre, mais devienne, en un moment donné, la deuxième nation du monde en termes de concentration de matière grise, de savoir et de savoir-faire. C’est parce qu'au moment de la révolution Meiji, ils ont mis en avant, justement parce qu’ils n’avaient pas de ressources naturelles, la formation des hommes.
La formation des hommes est absolument essentielle, et c’est un problème que nous n’arriverons jamais à contourner véritablement. J’ai évolué, toute ma vie, à travers des concours. C’est pourquoi je ne peux pas accepter que les jeunes de mon pays soient médiocres. Il faut que nous arrivions à mesurer les capacités des uns et des autres. Ceux qui sont doués pour la technologie iront dans les structures où on fabrique ces genres d’hommes. Ceux qui sont doués pour autre chose de la même manière. Quand il s’agit de la formation longue, on laissera dans le système classique des gens qui ont les capacités et les aptitudes pour ça.
Au-delà de cet état de fait, il y a les grèves répétitives qui minent l’enseignement...
C’est l’une des grosses plaies qui gangrènent l’école sénégalaise. Lorsque nous faisions nos études, je crois que la seule et unique grève que j’ai connue - et ce n’était pas de notre fait à nous élèves de Terminale - c’était la grande grève de 1968. Sinon, les années étaient des années pleines. Aujourd’hui, quand vous prenez le rythme scolaire, le rythme des études dans le secondaire, vous n’avez pas un mois sans grève ou sans menace de grève, ce qui fait que les esprits sont en vacances. Quand les esprits des gens sont en vacances, il est extrêmement difficile de les recoller, il est extrêmement difficile d’avoir un influx et une même attention portée sur la formation d’un bout à l’autre de l’année. Il est rare qu’on fasse précisément 9 mois, et ça se ressent sur le niveau des élèves, et je crois que là, il faut un vaste débat également entre les organisations d’enseignants, les populations et ceux qui nous gouvernent, de manière à trouver un système stable et un système performant qualitativement. Quand il s’agit de l'université, c’est la même chose.
Qu'est-ce qui vous déplorez le plus ?
Nous rusons avec le système de manière à produire des années qui n’en sont pas, et je dis que le jour n’est pas loin où le Cames nous rappellera à l’ordre pour dire que nos diplômes ne sont pas valides. Nous faisons chevaucher les années les unes sur les autres. On ne sait plus à quel moment commence l’année et quel moment l’année se termine. Au mois de mai, nous avions terminé l’année universitaire pour pouvoir faire passer les examens de la première session. Aujourd’hui, la session commence en octobre, c’est-à-dire là où devait commencer l’année suivante. Les dernières que j’ai passées à l’université, je ne savais pas quel moment l’année se terminait. Et donc on enchaînait les années les unes sur les autres, parce qu’on devait nécessairement déborder, et en débordant, nécessairement, on commençait très tard l’autre année, c’est-à-dire en janvier l’année civile, et cela n’a rien à voir avec ce que nous avons connu au départ.
Et il faut être extrêmement vigilant. Je n’accuse personne, en particulier, peut- être que sommes-nous tous coupables. Mais, cette culpabilité collective nécessite justement un débat collectif et un débat de fond dans lequel personne ne triche pour que nous puissions avoir véritablement des bases d’accord entre le gouvernement, les syndicats, les étudiants, tout le monde, de manière à ce que nous fassions chacun son mea-culpa et qu’on parte sur des principes qui soient des principes pérennes. Ce que je crains, c’est que simplement qu’une année on en vienne à décréter l’année blanche, même pas parce que le gouvernement ou les dirigeants de ce pays l’auront décidé, mais parce que les instances internationales qui représentent le Cames décident de dire que le Sénégal n’a pas des diplômes valides pour cette année-ci. Et en ce moment-là, nous serons bien attrapés, parce que ce sera l’effacement d’efforts et de budgets qui auraient pu aller à autre chose.
Que suggérez-vous pour que les problèmes qui minent l'éducation au Sénégal ne soient plus qu'un mauvais souvenir?
Nous n’avons pas le droit dans un pays comme le nôtre, avec des moyens qui sont les nôtres, nous n’avons pas le droit d’investir, pendant un an, des efforts et de l’argent et de nous trouver au bout du compte sans rien de substantiel. Par conséquent, il faut que les enseignants enseignent. C’est ça leur métier. Il faut qu’ils acceptent cela, avec les servitudes du métier, avec les contraintes, et qu’ils les acceptent. Il faut que de l’autre côté, le gouvernement, lorsqu’il prend des engagements vis-à-vis des enseignants, veille au respect scrupuleux de ces engagements. Je pense que si chacun, de part et d’autre, inscrit dans un calendrier, les engagements des uns et des autres, la façon dont ça doit être pris, sans autosatisfaction ni tricherie, je pense qu’on peut arriver à redresser les choses, à revenir à la normale.
Ce n’est qu’une norme qu’on doit appliquer et respecter. Et cette norme, elle est internationale, puisqu'en ce qui concerne l’enseignement supérieur, ce n’est même pas le gouvernement sénégalais qui décide, finalement, de faire avancer les enseignants, finalement, de leur notation, ou quoi que ce soit, c’est une instance internationale. Cela veut dire que nous devons constamment nous comparer à ce que font les autres en n’étant pas, quand même, les plus médiocres.
Est-ce qu’il ne faudrait pas tendre vers le système américain, sans la privatisation, pour sauver le système éducatif sénégalais?
En tout cas, il faut tendre à une plus grande sélectivité, pour ce qui entre dans l’université. Je pense que tout le monde ne peut pas aller à l’université. Tout le monde n’est pas fait pour ça. Moi, j’avais dit à l’époque que ce n’est pas une bonne chose de donner la bourse à tout le monde. Ce n’est pas une bonne chose. Ça veut dire qu’on récompense de la même manière des médiocres et des gens excellents. Je pense que les effectifs auraient pu être dégonflés, des gens aller dans des structures de formation ou dans d’autres structures que l’université. Ne donner des bourses d’excellence qu'à des gens qui ne sont qu’excellents. Choisir ceux qui sont à l’université. Et ceux qui ne veulent pas étudier, qu’ils perdent automatiquement cette aide-là. Deux critères qui devraient servir, à mon avis, à soutenir les systèmes des bourses : l’excellence, d’abord, et aussi la situation sociale de l’enseignant, mais surtout faire en sorte que les effectifs soient raisonnables pour l’université. Je crois et je continue de croire en l’enseignement public. S’il n’y avait pas ça, je ne serais pas arrivé là où je suis. Mes parents n’avaient pas les moyens de me payer mes études. Ce qui me permettait de payer mes études et ce sur quoi on pourrait se fonder pour me mettre à l’internat, à Ponty, pour donner une bourse pour aller en France, mais c’était mes résultats. Et rien d’autre ne doit plaider, à mon avis, pour ce qui concerne la sélection des étudiants.
Que dites-vous des réformes entreprises dans l’enseignement?
Il y en a qui s’y retrouvent, d’autres qui s’y retrouvent moins. Mais, de toute façon, l’enseignement devait être réformé, parce qu’on ne pouvait pas continuer à jeter l’argent par les fenêtres. On ne pouvait pas continuer à fonctionner comme on le faisait avec des étudiants qui payent les repas au prix où c’était en 1968 ou 1969. On ne pouvait pas, non plus, accepter qu’ils ne soient pas des étudiants. A mon avis, il y a des gens qui sont sur le campus sans être des étudiants. Et j’ai même vu, et par la confirmation d’autres collègues, le cas d’étudiants qui, d’une certaine manière, redoublent volontairement, parce que le taux de la bourse (60 000 F), c’est plus que le Smig (ndlr:salaire minimum interprofessionnel garanti). Si vous redoublez, vous en bénéficier deux années de suite. Moi, je dis non. J’aurais viré la moitié de ceux qui ont ce type de comportement, et avec cet argent j’aurais davantage financé les gens qui ont des performances significatives et mesuré tout à la performance. Ne récompensez que les meilleurs. C’est le seul critère sur lequel tout le monde peut tomber d’accord.
Vous êtes le premier agrégé en philosophie au Sénégal. Quelle est la place de la philosophie dans la société ?
Vous posez une question redoutable, celle qui fut posée à Alonkia qui a fondé cette discipline. Ça finit par être mythique cette question-là. C’est le mythe de l’origine. Quelle est l’utilité de la philosophie ? A la limite, la philosophie n’a pas d’utilité, et c’est cela son utilité, justement. La possibilité de ne pas être comparée au travail du menuisier, de ne pas être comparée au travail du maçon, mais de pouvoir s’interroger sur toutes ces activités que les hommes mènent et que les hommes entretiennent entre eux, entre leur milieu, que les hommes entretiennent avec les valeurs. Et dans tous ces cas avoir une vigilance critique. C’est peut-être la capacité de questionner et le monde et soi-même et autrui. C’est ça la philosophie qui, donc, est une attitude, à mon avis, plus que simplement un discours systématisé mis dans un système. Définition courte, mais qui comporte l’essentiel du noyau critique. On philosophe jusqu’à en mourir, puisque Socrate en est mort justement. Badinter le rappelait, en disant que la plus belle plaidoirie de l’histoire de l’humanité, c’était l'apologie de Socrate.
Quel est le regard que le philosophe porte sur la société sénégalaise avec les problèmes de mœurs que nous vivons quotidiennement ?
Très compliquée cette société sénégalaise. Et de toute façon, pas que la société Sénégalaise, parce que le monde est devenu un monde de la complexité. Aujourd’hui, on ne plus catégoriser le monde en ceci est noir, ceci est blanc. Le monde est peut-être simplement grisâtre, c’est-à-dire une couleur relativement indéfinissable avec des comportements variés qui nous appelle à être d’abord humbles, à pouvoir être tolérants, à accepter la diversité du point de vue de l’attitude. Quand il s’agit maintenant du rapport aux valeurs, ce que l’on constatait, c’est une sorte d’inquiétude face à des lignes de forces qui permettaient, dans les sociétés traditionnelles, aux gens de s’orienter de la vie jusqu’à la mort parce que c’était suffisamment balisé. Aujourd’hui, avec ce qu’on appelle la mondialisation ou la globalisation, avec ce désarroi, les gens s’interrogent et se tournent vers des improbabilités, ils survivent pour ainsi dire sur le plan éthique. C’est ça qui est grave. Dans ma thèse de doctorat d’Etat, je dis que ce qui pouvait stabiliser les sociétés traditionnelles, c’était le panthéon oral qui fait que lorsque vous vous demandiez ce qu’était la fidélité, vous pouviez, très clairement, invoquer le rapport de Moussé Bory de Yan Codou et de Samba Laobé. C’est-à-dire, par fidélité, celui qui s’était absenté la veille d’une bataille et qui a poussé Samba Laobé à dire que personne ne dîne, tant qu’il ne serait pas là. Quand il est revenu et qu’on le lui a raconté, il a réuni ses quatre épouses en leur demandant quel comportement il devait avoir lors de la bataille de Guillé. Lorsque les 4 se sont réunies, elles sont revenues en lui disant que s’il revenait vivant de cette bataille de Guillé, il ne serait plus digne d’être leur mari. Ce qui lui a permis avant la bataille de demander qu’elles se détressent les cheveux, se comportant comme quelqu’un qui est déjà mort. C’est cela le sens de la dignité, c’est cela le sens du courage. Si on veut parler d’amitié, si on veut parler de comportement de femme digne, nous avons Yacine Boubou. Bref, nous avons un certain nombre de figures qui ne devaient pas être considérés comme des figures historiques, mais c’est des paradigmes à partir desquels il est possible de régler sa conduite, parce qu’une valeur, ce n’est pas simplement quelque chose qu’on recopie ou quelque chose qu’on applique. C’est quelque chose sur quoi on se règle, c’est la norme à partir de laquelle il est possible de bâtir un comportement, et c’est cela malheureusement, qui fait défaut de plus en plus, aujourd’hui, au profit d’autres types de comportements qui font que l’individu met en avant sa réussite sociale, met en avant ses biens, le bien-être, plutôt que de bien se comporter. Et c’est ce qui m’inquiète le plus. Et ce n’est pas valable pour l’Afrique, pour l’Occident également. Vous avez vu ce qu'est devenue la famille en Occident ? C'est vraiment dommage.
Professeur, que vous inspire la traque des biens mal acquis ?
Par le qualificatif même que vous en faites, vous avez ma réponse. Un bien mal acquis doit être traqué, parce que nous n’avons pas la possibilité ni le pouvoir de considérer qu’il puisse y avoir des gens qui ont par-devers les Sénégalais des biens qu’ils ne méritent par le travail et qu’ils s’attribuent. Ça, ce n’est pas acceptable moralement. Maintenant, le problème est que dans cette traque, pour utiliser votre terme, qu’on ne cherche que la vérité, qu’on ne cherche qu’à restituer au peuple ce à quoi il a droit. Je crois que pour faire la politique en l’accompagnant de l’élément fondamental qui est l’éthique, ça consiste dans la reddition des comptes. Quelqu’un qui n’est pas au pouvoir et qui n’a pas le pouvoir, celui-là, il est moins gêné que quelqu’un à qui on confie une parcelle de pouvoir, parce que ceux-là qui lui confient une parcelle de pouvoir ont le droit, une fois qu’il a exercé ce pouvoir, de dire comment il l’a exercé. C’est un principe qui doit être intangible y compris pour ceux qui ont à appliquer cette affaire-là, pour ceux qui mènent cette traque-là, eux-mêmes. Qu’ils savent, par avance, qu’ils seront eux aussi jugés, sur leur propre gestion. Et je suis trop content que de, plus en plus, les Sénégalais se posent la question : comment telle personne vit et comment elle peut mener ce train de vie, compte tenu de ce que légitimement il peut avoir, de ce que légitimement il doit recevoir pour l’effort consenti à nous diriger ? Diriger, ça se paye à sa juste valeur. Je crois que si les gens ont une vision non déformée de la réalité, ils doivent faire confiance au fait que tout bien mal acquis devrait être susceptible d’être évalué et jugé, parce que si tout le monde a cette conviction, ceux-là qui ont cette conviction savent que sur la moindre parcelle de bien mal acquis ou de position mal justifiée, ils auront à se justifier devant le peuple sénégalais qui, une fois de plus, est le juge, puisque c’est en son nom qu’on parle, qu’on agit et qu’on intervient.
A vous entendre parler, vous partagez l’avis de ceux qui disent que c’est une demande sociale…
Je pense que c’est une demande sociale très forte, d’autant plus forte que nous sommes dans un pays sous-développé, d’autant plus forte que ceux-là mêmes qui l’expriment sont ceux qui sont les plus privés, qui portent le plus lourd fardeau. Imaginez que quelqu’un se trouve dans une situation comme celle-là de bien mal acquis et qu’on puisse le certifier, le prouver, qui vous dépasse en 4X4, alors que vous rentrez chez vous, péniblement, devant rejoindre vos enfants.
Peut-être vous les verrez à 22 heures, et que vous soyez 10 fois plus fort que lui, que vous puissiez, éventuellement, l’agresser, c’est-à-dire de régler personnellement un problème qui relève de la justice. C’est une question d’équilibre.
Karim Wade est le premier à être condamné dans cette traque. Quel commentaire faites-vous de la sentence ?
Cette affaire connaît sa première phase, puisque ça se termine par une condamnation. Mais, l’intéressé a déposé un recours devant la Cour suprême, dont on ne sait pas quel verdict elle va rendre. Les sages de la Cour suprême vont examiner les éléments du procès, en général, ils examinent surtout la façon dont les choses ont été menées. Est-ce que c’est conforme au droit ? Et c’est en ce moment seulement que le vrai verdict terminal va apparaître. Donc, il faudrait que les sages se prononcent pour avoir une sentence définitive. Mais, ce qu’il y a, c’est que les uns se proclament innocents, les autres les déclare coupables. La Cour va bien nous dire, dans très peu de temps, où est la vérité, et les Sénégalais vont prendre acte de cette vérité.
Et c’est bien que, dans un pays, qui se réclame du droit, dans un pays de droit, que cette possibilité soit laissée à quelqu’un de faire un recours, et que tout se passe normalement avec des gens qui sont des hommes honorables et indépendants pour qu’ils disent, en dernier ressort, ce qu’il faut que les populations retiennent, et également les gens qui sont incriminés.
Le Sénégal a connu deux alternances. Que retenez-vous de ce que le Président Macky Sall est en train de faire ?
Le fait même de la possibilité de l’alternance est déjà une excellente chose dans nos pays, puisque nos systèmes politiques étaient d’abord verrouillés. Le fait maintenant qu’il soit possible d’aller dans les formations politiques, selon nos tempéraments, selon nos choix, c’est déjà une excellente chose. Le fait que le peuple sénégalais, en dernier ressort, soit seul à sanctionner une gestion, pour dire : «Nous ne voulons plus de tel», est un succès déjà excellent sur le plan du principe et sur le plan du système, et c’est à cela que je fais confiance. Un régime a été sanctionné, c’est le régime socialiste, et ils en ont pris acte, eux-mêmes, et ils l’ont dit dans leur Congrès. Le régime de Wade a été sanctionné, après deux mandats. Qu’on puisse dire que c’est décevant, cela dépend sous quel angle on l’apprécie. On ne peut dire que ce régime n’a rien fait. Je suis très content, quand je prends la Vdn. Les problèmes d’embouteillages sont réglés, puisqu’il a investi sur les structures, et également son vieux rêve de l’Afrique au moment du Népad, c’est une très bonne chose. Maintenant, au moment du bilan, le peuple sénégalais dit que c’est insuffisant ou ce n’est pas bon. Et c’est là le grand problème pour ce régime sur sa fin. Les hommes qui devaient servir le pays dans ce régime, ces hommes-là, ne sont plus acceptés par les Sénégalais. Et au nom de la démocratie, les Sénégalais se sont débarrassés de ce régime. Et c’est là que je me suis satisfait du comportement des Sénégalais. Chemin faisant, les Sénégalais ont beaucoup appris, parce qu’en passant d’un régime à l’autre, il y a un effet de cumul, du point de vue de la conscience politique. Ce qui fait que le régime de Macky Sall sur lequel je compte pour en tirer les leçons, devra en tirer les leçons, sachant qu’au final, s’il ne réussit pas à satisfaire les gens, mais il sera également enlevé comme les autres. Par exemple, les initiatives qui sont prises sur le plan social notamment, je les trouve excellentes. La Couverture maladie universelle, la bourse sociale, c’est des choses auxquelles les gens sont extrêmement sensibles. Quand je mesure ce qui a été fait durant son dernier voyage en Casamance, les fonds qui vont être injectés dans ce coin du pays - et j’espère que ça va continuer de manière à couvrir le pays, à parcourir le monde pour amener de quoi investir - il y a de quoi rassurer les Sénégalais. Et si on s’en sert bien de cette manne financière, je dis un problème extraordinaire va être réglé dans ce pays : le rattachement du Nord au Sud, et l’éradication de la violence qui a sévi dans la partie Sud pendant un bout de temps, qui faisait que les gens avaient peur de traverser la Casamance. Le jour où ce genre de politique réussit, les Sénégalais le reconduiront. On n'y pourra rien, parce qu’il aura réussi.
Est-ce à dire que, pour vous, le bilan à mi-mandat est positif?
Oui, plutôt positif. Parce que, d’abord, il y a un certain nombre de questions dont la politique vertueuse, c’est-à-dire faire en sorte que quelqu’un en arrivant au pouvoir dise : «Vous allez devoir me juger comme vous venez de juger le régime qui a été renversé». Il donne, en quelque sorte, le couteau avec lequel on l’égorge, si jamais il mène une politique comme celle de son prédécesseur, c’est-à-dire, je n’aime pas du tout qu’on personnalise les régimes comme ça, parce que c’est des équipes qui ont travaillé. S’il y a des défaillances sur telle ou telle question, s’il y a des manquements sur telle ou telle question, les populations vont sanctionner de toute façon. Et la sanction, nous la réclamons presque d’avance, si nous tombions dans les mêmes errements. C’est donc une garantie morale qu’on se donne dans l’avenir pour ce jugement, cela semble important. Le fait également qu’on ne voit pas clairement, de manière nette, visible, un gaspillage des ressources, cela me semble important pour un pays comme le nôtre, confronté à d’énormes problèmes. Le fait de régler, de poser, avec la ferme volonté de parvenir à régler la question de l’autosuffisance alimentaire, cela me semble capital, parce que l’arme alimentaire dans le siècle où nous entrons, l’arme alimentaire va être l'arme la plus terrible de chantage des pays du Nord envers les pays du Sud. L’arme la plus lourde pour nous qui importions massivement des choses que nous mangeons. C’est très important de vouloir mettre les gens au travail à travers une politique de formation, ça, c’est plus capital encore, parce que la question du chômage, de l’emploi, ne peut être réglée qu’à partir du moment où les gens sont qualifiés. Donc, chercher à les qualifier par de nouvelles formations certificatives, ça me semble important, parce qu’un régime qui ne s’occupe pas de sa jeunesse est perdu.
Pensez-vous qu’il y a une rupture avec ce qui se faisait?
Oui ! Il y a rupture méthodologique. D’abord, dans cette idée de reddition des comptes. Cela veut dire clairement à chaque ministre qu’on nomme : «Vous savez ce qui vous attend». Le proclamer, dès le départ, et dire pour tout ce qui a été fait dans ce pays, il va falloir que tout le monde rende compte. Il y a des gens qui poussent l’exigence jusqu’à dire que même depuis le Parti socialiste, il va falloir remonter jusque-là, pour pouvoir rendre au pays ce qui appartient au pays. Ce qui est une question de justice, ce qui fait que sur le plan éthique, c’est une nouvelle manière de faire de la politique, dira-t-on. Mais, c’est surtout une nouvelle génération. Il y a une rupture générationnelle qui est très nette, quand on voit les gens qui sont aux responsabilités, la façon dont il travaille, et moi, je crois que c’est important, et également le fait de réarticuler la politique à l’éthique en permanence. Moi, je dis que c’est une très bonne chose, parce que figurez-vous que, si les gens qui le disent ne le font pas, mais c’est leurs propres paroles qui seront retournées contre eux. Et c’est en cela, pour moi, qu’il y a une rupture. Et maintenant, dans les détails, on verra s’il y en a beaucoup, s’il y en a peu. Mais, c’est ça qui est essentiellement pour moi la rupture. Cette philosophie-là qui sous-tend l’action de ceux qui dirigent et à laquelle ils seront confrontés, de toute façon, inévitablement, parce que ce serait injuste de pouvoir poursuivre des gens en se comportant comme eux, alors qu’on a énoncé, dès le départ, que c’est logique que ce qui leur arrive d’être jugés ou d’être condamnés m’arrivera également. Et j’en pose, dès le départ, les règles. Et ça, c’était posé, en principe, depuis la campagne électorale.
UN CONTRE TOUS
Malick Gackou, Khalifa Sall, Idrissa Seck, Ibrahima Fall, Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoulaye Baldé... : ils pourraient affronter Macky Sall lors de la prochaine présidentielle
Très peu d'acteurs politiques ont aujourd'hui déclaré leur candidature. Il n'en manque pas pourtant qui rêvent de s'asseoir sur le fauteuil présidentiel dès 2017. Mais ils préfèrent pour le moment s'entourer de mystère, s'il en est. Enquête a essayé de dresser une liste des possibles candidats, sans prétendre toutefois à l'exhaustivité.
2017, date de l'élection présidentielle, se profile à l'horizon. Même si le président Macky Sall n'a pas encore déclaré sa candidature, il ne fait aucun doute que le patron de l'Alliance pour la république (Apr) sera le chevalier de son parti. Tout comme lui, d'autres seront également de la partie. Il y en a parmi eux qui avancent à visage découvert.
Tandis que chez d'autres probables candidats, on a soit enlevé un coin du voile, soit conservé le manteau dans son intégralité. Parmi les possibles challengers de Macky en 2017, il y a Malick Gackou. L'ancien numéro de l'Afp a été exclu du parti le vendredi 13 mars 2015 pour avoir été le chef de file de la fronde contre Moustapha Niasse.
L'homme a pris acte et affirme avoir "définitivement tourné" la page, tout en demandant à ses amis de rester dans le parti pour se battre pour les idéaux qui ont toujours été les siens. Un appel qui peut être interprété comme une stratégie pour brouiller les pistes.
D'ailleurs Gackou est resté imprécis sur sa candidature, promettant de préciser sa position le moment venu. Seulement, la fermeté avec laquelle il s'est opposé à Moustapha Niasse, son ex-mentor, ne l'aide pas à entretenir le flou. Il s'y ajoute que certains frondeurs l'avaient désigné comme leur candidat.
Son handicap est qu'il risque d'être identifié comme le candidat de la banlieue en général, les lutteurs en particulier. Gackou est considéré comme connu uniquement à Guédiawaye. Or, une élection présidentielle est un rendez-vous entre un homme et son peuple (toutes catégories confondues). Il lui reste donc à surmonter ce handicap, sachant qu'il ne peut compter sur l'Afp. Ou du moins sur l'appareil politique du parti.
L'autre possible adversaire de Macky Sall a pour nom Khalifa Sall. Le maire de Dakar, dopé par sa brillante victoire sur l'ancienne première ministre Aminata Touré lors des locales de juin 2014, se positionne de plus en plus. Même s'il parvient toujours à garder le voile, il n'en reste pas moins que sa candidature ne serait une surprise pour personne.
D'ailleurs, il a décidé, dit-on, de participer à la compétition de 2017. Pour l'instant, il travaille à arrondir les angles avec Ousmane Tanor Dieng pour être le candidat du Parti socialiste (Ps), même si le soutien n'est pas encore définitivement acquis. Comme Gackou, il lui est objecté de n'être populaire qu'à Dakar, méconnu du reste à l'intérieur du pays.
Cependant, si jamais il est adoubé par sa formation, il pourrait bien surmonter ce handicap, car en parti historique, le Ps est bien implanté à travers tout le territoire national. Est-ce pour cette raison que le pouvoir porte une attention sur lui ? En tout cas, de tous les possibles concurrents, il est le plus surveillé.
Jules Ndéné, Baldé, Aïda Mbodj, Idy et les autres
En dehors de Gackou et du maire de Dakar, il y a le candidat du Pds, le grand mystère pour le moment. Le parti de Wade a misé sur le fils de celui-ci. Or, si par prudence on peut mettre un gros point d'interrogation sur la candidature de Karim Wade, il ne serait pas exagéré d'encadrer sa participation par l'adverbe de négation "ne...pas".
Les Libéraux le savent si bien qu'ils mettent sur la table deux hypothèses : le boycott ou le sabotage de l'élection. Pourtant, le Pds a pas mal de choix possibles. Le dernier Premier ministre sous Wade, Souleymane Ndéné Ndiaye, s'est déclaré candidat. Aïda Mbodji la mairesse de Bambey, également responsable dans le parti, a été investie par sa base.
Mais pour qui connaît la méthode de Wade, ces deux qui ont refusé de cautionner "la mascarade" (Ndéné dixit) n'ont aucune chance d'être soutenus. Encore moins le mammouth de Ziguinchor Abdoulaye Baldé qui a quitté le Pds pour créer sa propre formation. Mais encore faudrait-il qu'il trouve d'abord une solution à l'équation judiciaire dont il devra faire face. En fait, des indiscrétions le placent comme étant le prochain sur la liste de la Crei, après Karim. Surtout qu'il a été déjà placé sous contrôle judiciaire après sa mise en demeure.
D'autres ambitions ne faisant pas l'ombre d'un doute sont celle d'Idrissa Seck, le premier à avoir quitté la coalition présidentielle. En 2017, il est évident qu'il sera le champion de Rewmi. La candidature d'Ibrahima Fall est aussi presque acquise. L'ancien candidat en 2012 est dans une position de "taxaw tem".
Comme Idy, il a lui aussi claqué la porte de la coalition dès les premières heures. En outre, il y a un groupe composé de Me Mame Adama Guèye, Jean Charles Tall et autres. Eux aussi travaillent à trouver un candidat au sein de mouvement. Il n'est pas exclu pour autant qu'il y ait des postulants significatifs mais inattendus. Il pourrait bien également y avoir des candidatures de divertissement, à l'image de celle de Diouma Dieng en 2012.
«CE BASCULEMENT EST ARRIVE A SON HEURE..., LE MEDIA CENTER S’EST PREPARE DEPUIS LONGTEMPS»
KHAR FALL RESPONSABLE DE LA FORMATION AU MEDIA CENTRE SUR LE PASSAGE DE L’ANALOGIE AU NUMERIQUE
Le responsable du centre de formation Media Centre de Dakar M. Khar Fall, s’est prononcé sur la question du passage du système analogique au numérique qui va bientôt s’effectuer au Sénégal. Selon le responsable de la formation au niveau de ce centre de formation qui estime que le changement est arrivé à son heure, il fallait s’y attendre car, explique-t-il, «c’est le monde qui évolue». Pour cette raison «le Media Center s’est préparé en conséquence».
Le chargé de la formation du Media Centre s’est prononcé sur la question du passage de l’analogie au numérique. Il soutient que son centre s’y est préparé. Le matériel utilisé dans son centre, dit-il, est numérique. Il indique dans ce sens que depuis plus de 12ans, Media Center ne travaille qu’avec du matériel digital. Dit-il « nos caméras, périphériques, bandes de montage entre autres, sont tous du numériques». Même s’il arrive que de temps en temps on utilise l’analogie avec les tables de sons et autres matériels.
Selon M. Fall «ce basculement est arrivé à son heure car il devrait être fait depuis bien longtemps. Dans la mesure où il présente beaucoup davantage pour les consommateurs qui auront la possibilité dés lors de choisir à leur guise leurs programmes».
«Le numérique plus avantageux que l’analogie»
Du point de vu du coût aussi l’ancien membre de la chaine de télévision nationale (RTS) pense que c’est plus avantageux.
«Il y’ un avantage avec le système numérique étant donné que sur le plan de la diffusion avec l’analogie, un seul canal servait à faire passer un seul signal alors qu’aujourd’hui ce même canal peut faire passer entre 12 jusqu’à 20 signaux. C’est un avantage extraordinaire».
Le responsable de Media Centre laisse entendre qu’il se pose un problème de manque de communication sur la question. Dans ce cadre, il prône une meilleure sensibilisation des populations : «beaucoup de personnes ne maîtrisent pas les enjeux de ce passage» affirme-t-il. Avant d’ajouter que la modification ne se situe pas seulement au niveau de la formation : «C’est l’ère d’une nouvelle technologie qu’on va vivre», informe M. Fall.
Il affirme que 80% des ménages ont du matériel analogique. Une situation qui progresse de jour avec les tonnes de matériels en provenance de la France et d’autres vendus à bas prix. Une situation qui, dit-il, doit être revue par l’Etat. «Le Sénégal devrait arrêter d’acquérir ce type de matériels. Dans ce centre on fait des sensibilisations à l’endroit des étudiants pour qu’ils puissent attirer l’attention de leurs parents, qui sont les principaux acheteurs, à ne plus mettre leur argent sur ces types de matériels qui bientôt vont être dépassés pour céder la place aux écrans plats et autres matériel », soutient-il.
«L’Etat doit miser sur la formation des formateurs»
Selon lui, il faudrait que les étudiants qui rentreront demain au niveau des chaines de télévisions, aient déjà un nouvel état d’esprit du numérique pour pouvoir bien s’adapter aux réalités. Parce qu’ils se chargeront demain de la production et de la fabrication. Ainsi l’ancien travailleur de la RTS pense aussi qu’il faudrait que les écoles de formation puissent prévenir par rapport à cette nouvelle expertise pour pouvoir préparer les futurs étudiants. Et dans ce sens, il suggère que l’Etat doit miser sur la formation des formateurs.
«Je remercie le président du CNRA Babacar Touré. Il est très prévoyant. Depuis longtemps, il nous a impliqués et préparés à ce changement en nous convoquant à des réunions, des séminaires d’information. Je lui propose néanmoins d’organiser avec les différents organes de presse de la place, des débats. Ce qui fera que chaque séance servira à expliquer un aspect du numérique et ce, pour mieux imprégner la société dont la grande majorité ne saisit pas la question» a-t-il proposé.
Il invite aussi les chaines de télévisions qui faisaient de l’amalgame dans leur manière de travailler à «opérer le basculement vers le numérique. Même si cher , car il faut un prix à tout».
VENDEURS ET CONSOMMATEURS ENTRE IGNORANCE ET CRAINTES
A un peu plus de deux mois du passage de l’analogie au numérique, des conteneurs remplis de téléviseurs réformés venant d’Europe continuent d’inonder Dakar. Ils sont échangés à des prix à la limite dérisoires. Certains des vendeurs et consommateurs ignorent que ces matériels ne seront plus d’actualité, tandis que d’autres s’y lancent à leurs risques et périls. Seules les grandes surfaces vendent des téléviseurs répondant aux normes en perspective du «tout numérique».
Niarry Tally, Bourguiba, Bopp et Hlm, ces quartiers sont considérés comme de véritables dépotoirs de matériels électroménagers, surtout venant de l’étranger. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un conteneur ne soit déchargé quelque part. Dans ce bazar, on y retrouve des téléviseurs non adaptés au numérique. Ce matériel vendu à petit prix, attire des clients qui viennent s’en procurer à cœur joie. A deux mois du passage de l’analogique au numérique, certains font des affaires avec ces marchandises réformées, pour l’essentiel.
A Niarry Tally, ces postes téléviseurs sont trouvables un peu partout. Les prix varient entre 50.000 et 10.000 F Cfa. «Avoir un téléviseur n’est plus un luxe», dira le vendeur. Et de poursuivre que «les affaires, malgré la baisse des prix, ne marchent pas bien. C’est uniquement pendant les manifestations sportives comme la Can (Coupe d’Afrique des nations-ndlr), que les gens viennent en masse acheter des téléviseurs.» Interrogé sur le fait que ces téléviseurs ne seront plus aptes d’ici deux mois environ, avec le passage au numérique, Moustapha Sall répond: «je ne suis pas au courant. Je ne suis qu’un vendeur qui met à exécution les ordres de son patron.» Cette réponse est la même servie par certains vendeurs rencontrés à Bopp et Bourguiba.
Par contre, d’autres connaissent bien cette donne, mais ne croient pas à la disparition totale de ces matériels. «C’est vrai que nous allons être dans l’ère du numérique, mais je ne pense pas que ces téléviseurs puissent disparaitre. Les familles gardent ces modèles dits anciens parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer des écrans plats. Alors, l’Etat devra-t-il leur privé d’images? Si c’est le cas, ca sera chaotique», fait remarquer Amath Dieng, rencontré à Bopp.
Chez les consommateurs, le doute et l’ignorance planent dans les esprits. Ceux qui s’en procurent ne sont pas nantis, ils achètent ces téléviseurs juste pour satisfaire leurs progénitures, tout en gardant l’espoir qu’ils ne vont pas les perdre avec le numérique. Un sentiment partagé par ce père de famille venu aux Hlm acheter un téléviseur. «Je veux faire plaisir à ma femme et aux enfants. Même avec ces prix dans les bazars, il n’est pas évident d’avoir à un bon téléviseur, de qualité et à bon prix. J’ai acheté ce poste à 40.000 F Cfa, mais le vendeur a accepté de me le faire payer en tranche. Et je pense que c’est une bonne partie», explique Marion Mouligan rencontré au Hlm.
Concernant la disparition de ces téléviseurs analogiques au profil de ceux numériques, notamment les écrans plats, l’homme déclare que « c’est impossible, peut-être dans le long terme, oui. L’Afrique n’est pas développée comme l’Europe pour suivre la marche forcée du monde». M. Mouligan est le seul consommateur qu’on a pu approcher. Dans les autres sites, les vendeurs on refusé que l’on s’approche de leurs clients de peur de «gâter» leur commerce. Au niveau des grandes surfaces comme les boutiques agréées Samsung, LG, chez les marocains, etc. tout est à l’ère du numérique. Aucun téléviseur analogique n’est exposé dans les rayons.
Le règne de l’analogie prend fin le 17 juin 2015, place au tout numérique. Au Sénégal, à un peu plus de deux mois du basculement, les populations ne se sentent même pas concernées par un sujet aussi important qui, pourtant, les interpelle directement. Elles n’ont aucune idée de ce qui les attend et ne croient pas, du moins pour le moment, à l’effectivité de l’application de cette directive de l’UIT qui risque de faire perdre l’image à beaucoup de ménages disposant encore de téléviseurs analogiques.
A moins de trois mois de la date butoir pour le basculement vers le «tout numérique» le 17 juin 2015, la population Sénégalaise n’est pas suffisamment préparée à cette perspective, même si l’Etat se dit prêt. Les quelques quartiers de Dakar, notamment Grand Yoff, Sicap, Niarry Tally, Ben Tally, que nous avons visités nous édifient à cet effet. Dans la majorité des maisons où nous sommes rendus, les habitants n’ont aucune idée de ce qui peut leur arriver à partir du 17 juin. Non seulement, ils n’ont aucune information à ce sujet, mais ignorent que les téléviseurs analogiques qu’ils utilisent jusque-ici vont perdre l’image.
Allez leur parler de passage vers le numérique, ils vous rétorqueront: «c’est quoi le tout numérique ? A quoi rime le passage de l’analogie au numérique ?», demandent certains. Après explication, ces populations lancent: «notre préoccupation, c’est d’abord le manger. Nous n’avons pas de quoi nous payer un décodeur, le cas échéant». D’autres diront que c’est à l’Etat de leur trouver des décodeurs pour éviter le scénario des écrans noirs. «Nous refusons catégoriquement d’en acheter, car c’est à l’Etat de le faire à notre place. Nous payons nos impôts convenablement», confient-ils.
Ce genre de raisonnement en dit long sur le niveau d’information de la population qui ne sait pas véritablement de quoi il s’agit. On n’aurait dit qu’il y a une sorte de fossé entre gouvernants et gouvernés, la communication n’est pas passée. Les masses sont toujours dans l’ignorance en ce qui concerne cette nouvelle ère du numérique. «Il fallait au moins ouvrir une vaste campagne de publicité pour informer et sensibiliser les Sénégalais sur les tenants et aboutissants de ce basculement. Mais il n’en est rien», ont suggéré d’aucuns, dans la foulée.
Le Secrétaire d’Etat à la communication M. Yaham Mbaye qui présidait la 8ème session ordinaire de l’Union africain de la radiodiffusion (UAR) le 14 mars dernier sur l’avenir de la radiodiffusion en Afrique, avait certifié qu’au soir du 17 juin prochain, le passage de l’analogie au numérique sera opérée sur tout le territoire national. Car, le gouvernement a pris toutes les dispositions nécessaires pour que la transition soit effective à ce jour. Le président de l’UAR, Khelladi Tewfik, en ce qui le concerne, avait dit que pour survivre et éviter que les chaines de télévision étrangères nous envahissent, nous sommes obligés de fournir des efforts pour entrer dans l’ère du numérique.