Dakar, 20 mars (APS) - La qualification des juniors sénégalais pour la finale du Championnat d'Afrique des nations (CHAN) est l'un des sujets les plus en exergue dans la livraison de vendredi de la presse quotidienne.
"Les juniors en finale !", s'exclame Stades par exemple au sujet de cette qualification. "Ils l'ont fait !", renchérit Waa Sports, les deux quotidiens sportifs semblant donner le ton aux autres sur cette question.
"Le rêve continue pour les juniors sénégalais qui se sont qualifiés pour la finale du Championnat d'Afrique U20 en écartant le Mali en demi-finale hier (jeudi) à Léopold Senghor (2-1). Des Aiglons déplumés par un doublé de Moussa Koné qui permet au Sénégal de retrouver le Nigeria en finale, dimanche", rapporte Stades.
"En se qualifiant hier pour la finale du CHAN U20 devant le Mali (2-1), les Lionceaux égalent leurs aînés de 2002, qui étaient jusqu'ici les seuls à disputer une finale de Coupe d'Afrique", écrit Waa Sports. "Qualification historique en finale des Lionceaux", affiche le quotidien national Le Soleil.
"Les Lions réalisent un exploit historique", renchérit Direct Info. "Exploit historique du Sénégal qui accède en finale", selon Le Populaire, qui reprend à quelques morts près la formule de Direct Info. "Une grande première pour les Lionceaux", souligne Le Témoin quotidien.
Les joueurs de l'entraîneur Joseph Koto "entrent dans l'histoire de la petite catégorie au Sénégal" à partir de cette qualification, note le journal Le Quotidien. Contre le Nigeria, dimanche, "ils s'offrent une occasion de prendre leur revanche, mais surtout d'offrir au Sénégal son premier trophée continental", écrit ce journal.
Le Nigeria avait battu le Sénégal, 3-1, en ouverture du Championnat d'Afrique des nations des moins de 20 ans. "Dimanche prochain, au stade Léopold Sédar Senghor, les Lionceaux comptent battre le Nigeria pour remporter le trophée continental", indique Walfadjri.
Ce journal se fait l'écho de déclarations du sélectionneur sénégalais Joseph Koto, selon qui le Sénégal "a besoin de remporter un trophée continental".
Pour le reste, prime semble demeurer à la politique, avec l'ancien président Abdoulaye Wade qui "bat le rappel des troupes" (Walfadjri), en perspective du verdict que la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) doit rendre dans le procès de son fils et ex-ministre Karim Wade.
Karim Wade est poursuivi pour enrichissement illicite portant sur un patrimoine évalué à 117 milliards de francs CFA, parmi d'autres délits présumés. Il doit être fixé sur son sort le 23 mars prochain, date à laquelle la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) compte rendre son verdict dans cette affaire.
"S'ils respectent à la lettre le programme de leur journée du 23 mars, tout porte à croire que l'Etat n'aura pas à se faire de souci sur d'éventuels troubles à l'ordre public. En effet, Wade et ses militants ont juste appelé à un vaste rassemblement devant la CREI où le pape du SOPI commentera lui-même le verdict de la Cour", écrit Walfadjri.
"Je n'ai pas l'intention de brûler le pays", affirme l'ancien président de la République dans des propos relayés par le quotidien La Tribune. "Je suis prêt à riposter, si on me provoque", ajout-t-il toutefois à la Une du même journal. "Me Wade menace, ses alliés tempèrent", note par ailleurs le quotidien L'As.
Il reste que le Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation de Me Wade, "demande à ses militants et sympathisants de se +présenter massivement dès les premières heures du matin à l'ouverture de l'audience de jugement de Karim Wade, devant la CREI, au palais de Justice de Dakar (..)", pour entendre le verdict de la Cour, annonce le quotidien Le Populaire.
Direct Info signale que policiers et gendarmes sont déjà réquisitionnés. "Au sommet de l'Etat, l'on ne néglige aucun détail dans les dispositions prises pour assurer la sécurité des biens et des personnes (…). Une stratégie d'attaque est mise en place pour neutraliser tous les potentiels fauteurs de trouble", si l'on en croit le quotidien L'Observateur.
"S'il y a trouble, l'Etat aura failli", prévient Abou Abel Thiam, un responsable de l'Alliance pour la République (APR, au pouvoir), étant entendu que d'ores et déjà, la banlieue dakaroise "refuse la violence", selon la formule du quotidien Enquête).
Le journal donne la parole à des populations de cette partie de la capitale où des personnes soupçonnées de planifier des actes de vandalisme, ont été arrêtées. ''Le Sénégal ne se limite pas au verdict du 23 mars", disent certains habitants de la banlieue dakaroise interrogés par Enquête.
Dakar, 20 mars (APS) - Le ministre sénégalais du Travail, du Dialogue Social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, Mansour Sy, "a été élu à l'unanimité président du conseil d'administration" (PCA) du Centre régional africain d'administration du travail (CRADAT), a appris l'APS, vendredi à Dakar, de source officielle.
M. Sy a été porté à la présidence du conseil d'administration du CRADAT, jeudi, à l'issue de sa 39e session, dont les travaux avaient débuté mardi dans la capitale sénégalais, rapporte un communiqué des services du ministère du Travail, du Dialogue Social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions.
Créé en 1976, le CRADAT dont le siège est à Yaoundé, regroupe 18 pays francophones : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République Centrafrique, Congo, RDC, Cote d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sénégal, Tchad et Togo.
Il a pour mission "d'assurer la formation, la spécialisation, et le perfectionnement des personnels des administrations, des organisations syndicales d'employeurs et de travailleurs, et des organisations professionnelles et sociales des Etats-membres du Centre dans le domaine du travail et de la sécurité sociale", lit-on sur son site Internet.
«WADE A DÉRAPÉ...»
ME AMATH BA, BATONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS
Baye Oumar GUEYE et Abdoulaye THIAM |
Publication 20/03/2015
Interpellé sur la sortie malheureuse de l’ancien président de la République sur les parents de Macky Sall, le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Amath Bâ considère que «Wade a dérapé et c’est dommage». Et qu’il aurait pu être interpellé pour lui demander des comptes.
Dans ce second jet de «Grand format», le bâtonnier de l’ordre des avocat plaide aussi pour la révision du statut du parquet, dans la perspective de la modernisation de notre justice.
Sur plan théorique tout semble bien fait pour une bonne justice avec notamment la séparation des pouvoirs consacrée par notre charte fondamentale. Pourquoi ça ne marche pas ?
C’est la volonté politique. On laisse passer trop de choses. Il y’a beaucoup de «masla» (compromis). On ne va pas au fond des choses sur bien des questions. Quand il faut sanctionner, on ne sanctionne pas. Le mérite n’est pas le critère qui permet aux gens de monter dans la hiérarchie etc.
C’est quand même grave qu’un Bâtonnier reconnaisse qu’il y a une justice sélective dans ce pays où certains sont condamnés et d’autres pas du tout inquiétés, même s’ils commettent des délits ?
Ce n’est pas que l’avocat le dise qui est grave, mais que ça soit une réalité qui est plus grave.
La corruption gangrène également notre justice. Comment vous l’évaluez ?
Oulala ! Elle est dans notre justice. Mais, on ne peut pas l’évaluer parce qu’elle n’est pas palpable. Je ne suis pas un partisan de la dénonciation facile en disant que c’est untel ou c’est untel. Non ! C’est bien plus compliqué. Je veux plutôt inviter les avocats de l’espace de l’UEMOA à formuler des propositions réalistes et d’y associer les acteurs. Parce que la corruption n’est une affaire d’avocats ou de magistrats. Les pouvoirs politiques ont une grande part de responsabilité. Ce sont eux qui détiennent les leviers les plus importants.
Beaucoup de sévices sont aussi dénoncés à tort ou à raison durant l’enquête préliminaire ou pendant la garde à vue. Est-ce qu’il ne faudrait pas rendre obligatoire l’assistance d’un avocat dès les premières heures de la garde à vue ?
C’est devenu une réalité grâce au règlement de l’UEMOA qui est entré en vigueur depuis le 1er janvier 2015 et qui est valable dans tout l’espace. C’est une avancée majeure.
Mais, ce règlement est-il suffisamment appliqué au Sénégal ?
Ce n’est pas suffisamment appliqué. Mais c’est applicable. La disposition est là. Si vous êtes interpellé, dès les premières heures, voire les minutes qui suivent votre interpellation, vous pouvez dire : «j’ai besoin d’un avocat». Et l’avocat doit pouvoir assister son client en lui disant : «ne répond pas à cette question», s’assurer qu’il n’est pas torturé, qu’il ne fait pas l’objet de sévices. S’il est malade, il a droit à un médecin etc.
Nous y avons travaillé depuis plus de dix ans. Mais, les conditions pour permettre l’effectivité de cette avancée, sont à créer. C’est un autre challenge.
Malheureusement, l’on constate que beaucoup de Sénégalais ne sont pas au courant de cette nouvelle réglementation. N’est-ce pas ?
Effectivement. C’est d’ailleurs l’ancienne disposition qui est toujours dans le code de procédure pénale. C’est au moment de renouveler la garde à vue qu’on vous dit que vous avez besoin d’un avocat. Et quelque part, dans le code, il est dit que l’entretien entre l’avocat et le client ne doit pas dépasser 30 minutes. Qu’est-ce que ça veut dire ? Il ne l’assiste pas.
Mais est-ce que cette disposition n’enfreint pas la manifestation de la vérité ?
La disposition est capitale. On lit tous les jours ce qui se passe dans les enquêtes préliminaires.
Il y a de plus en plus des plaintes des justiciables à l’encontre de leur avocat. Qu’est-ce qui est prévu pour améliorer la situation ?
Vous avez raison de dire que les plaintes sont nombreuses. Il est rare que le Bâtonnier reste une journée sans recevoir une à deux plaintes. Mais, il faut faire la part de choses. Parfois, ce sont des manquements à l’obligation d’informer. Le client dit : «j’ai constitué untel que j’ai payé, mais il n’est pas venu le jour de l’audience». Ou souvent, on dit : «je ne suis pas d’accord avec le calcul des honoraires de l’avocat». Souvent aussi, il y a des choses plus graves où l’avocat encaisse des sommes, mais ne fait pas le règlement convenablement. C’est aussi un fait que je ne vais pas nier. Je tiens juste à ce que l’ordre réponde à la plainte du client qui le saisit. L’avocat c’est aussi la bonne pratique ailleurs. Nous avons la CARPA (Caisse de règlement pécuniaire des avocats) regroupant tous les deniers reçus par l’avocat et sont déposés dans un compte unique ouvert au nom de l’ordre dans une banque. Chaque avocat dispose aussi d’un sous-compte de ce compte. La règle, c’est que l’avocat, après avoir déposé les sommes reçues pour le client pendant un délai de huit jours, doit liquider, c’est-à-dire prélever ses honoraires et faire le chèque qui lui revient.
Ici au Sénégal, la façon dont la CARPA fonctionne, c’est que l’avocat a un chéquier pour son sous compte. C’est lui qui fait la liquidation tout seul. Il signe le chèque pour ses honoraires et il signe le chèque pour son client. Nous avons envie d’aller vers ce qui se fait au Burkina Faso, à Paris, ce qui se fait dans d’autres barreaux où tous les montants qui arrivent, sont centralisés par la CARPA, elle-même. Et l’avocat dit : «mes honoraires c’est tant, faites le calcul et faites un chèque pour le client».
Rassurez-vous que dans les pays qui utilisent un tel système, il n’y a presque pas de plaintes contre les avocats (rires).
Quelle est la procédure pour qu’un justiciable puisse saisir le bâtonnier ?
Une simple lettre adressée au Bâtonnier, déposée à la maison de l’avocat. Mais les procédures sont contradictoires. On lit d’abord la plainte et on envoie une demande d’explication à l’avocat qui a huit jours pour répondre. S’il ne répond pas dans ces délais, on fait un rappel. Mais en général, je fais un seul rappel. Si je n’ai pas de réponse, je désigne parfois un rapporteur. Si ce dernier conclut à des manquements, on va en conseil de discipline.
Nous sommes au 21ème siècle où le secret d’instruction fait débat dans beaucoup de pays. Le droit à l’information est consacré par notre charte fondamentale. Pendant ce temps, certains soutiennent que les instructions préliminaires ne doivent pas se retrouver dans la presse. Quelle pourrait être la solution ?
Ma réponse elle est simple : on ne doit retrouver dans la presse les actes de procédure qu’ils soient de l’enquête préliminaire ou de l’instruction. c’est ma position et c’est ça la bonne règle pour préserver le secret de l’instruction et la vie et la dignité des gens parce que même ceux qui ont en maille à partir avec la justice, ont une dignité, des libertés et des droits et il faut préserver cela. Mais le droit à l’information, il faut aussi l’aménager. Et c’est pour cela que je laisse la parole aux gens qui me disent qu’ils vont faire un point de presse ou une conférence. Je leur dis toujours qu’il y’a des lignes marginales à ne pas franchir. Mais, on peut informer l’opinion d’une affaire sans avoir à violer le secret de l’instruction ça c’est possible et il faut trouver cette équilibre. On revient beaucoup sur ces questions, le secret de l’instruction, le droit à la communication. Vous savez, il est interdit à l’avocat de rechercher une publicité personnelle et il y en a qui cherchent la publicité sous prétexte qu’ils communiquent et sous prétexte de satisfaire le droit à l’information alors qu’en réalité, c’est une manière de faire une publicité déguisée.
Alors comment trouver la ligne de démarcation. C’est là toute la question
La professionnalisation des avocats est devenue une question importante surtout dans le domaine de la bonne gouvernance. Qu’est-ce que vous envisagez de faire ?
Nous insistons beaucoup sur la formation des avocats. Nous insistons aussi sur la recherche de ce qu’on appelle les modes alternatives de règlement des différends, l’arbitrage des justices privées. Malheureusement, l’arbitrage a la réputation d’être chère. Là, on vient de faire un séminaire sur la médiation et il y’a un nouveau décret sur la médiation. C’est un chantier très important. Vous trouverez d’ailleurs les textes sur le site de l’ordre (ordredesavocats.sn). Et c’est un chantier porteur. Aujourd’hui, il fait un peu l’unanimité. En dehors du ministère de la justice, il y’a l’accompagnement de la banque mondiale, le programme de gouvernance économique. On travaille sur cet important dossier pour pouvoir désengorger les rôles des cours et tribunaux où il y’a beaucoup d’affaires et parfois il n’y a pas assez de bras.
Les magistrats sont submergés. Dans le code de procédure civile aujourd’hui on vous dit que la décision doit intervenir au bout de 4 mois. Il faut faire preuve de célérité. Il y a aussi le climat des affaires, l’indicateur doing business. C’est un ensemble de choses qui appelle les acteurs à prendre des initiatives. C’est le cas des pouvoirs publics. La médiation est donc un chantier important qui requiert l’adhésion des avocats et des magistrats pour que vraiment on arrive à désengorger et à inverser les rôles. Mais, qu’on arrive à résoudre certains conflits qui n’ont pas besoin d’aller au tribunal. Il y’a aujourd’hui une expérience intéressante dans les maisons de justice où on arrive à régler les conflits dans les boutiques de droit. Donc, vraiment il y’a la modernisation, mais il reste beaucoup à faire. Parce que vous avez beaucoup d’audience et parce que les avocats sont seuls dans leur cabinet, ce n’est pas évident. Il peut arriver qu’en une journée que vous ayez quatre à cinq audiences, comment vous faites ? Donc on réfléchie aussi à la dématérialisation des procédures judiciaires. Avec les nouvelles technologies l’avocat n’a plus besoin de se déplacer pour demander le renvoie du procès. Ce qui lui permettra de gagner du temps. Idem pour les magistrats qui doivent juger.
En plus de la formation, il y a précarisation du métier d’avocat. Quel commentaire?
Tout à fait et on a des chantiers en termes de formation. On a beaucoup parlé de l’école des avocats et le président de la République a dit plusieurs fois, lors de la première et la dernière rentrée solennelle des Cours et tribunaux, mais aussi lors de la CIP que nous avons tenu au mois de décembre. Il a dit de manière forte qu’il entendait accompagner les avocats dans ce projet qui est l’école des avocats et la dernière fois d’ailleurs il a dit qu’il allait mettre un terrain à la disposition des avocats. Ce qui nous permettra de multiplier par dix les formations en direction des avocats et des jeunes qui ont des masters1 et masters2. Ce serait bien qu’ils s’initient et apprennent le travail dans une structure de transition. Parce qu’entre l’université et le lieu du travail, il y’a un chainon manquant qu’est l’école des avocats. Et d’autres structures professionnelles peuvent vraiment remplir et faire en sorte qu’il y’ait une bonne articulation entre l’université et le lieu du travail.
Dans la perspective de modernisation de notre justice, faut-il rompre le cordon ombilical entre le parquet et le ministère de tutelle?
Il faut revoir le statut du parquet. Ça me parait capital, mais il faut aussi revoir la composition du Conseil Supérieur de la Magistrature. Il ne doit pas être composé que de magistrats. En France, il y’a une ouverture, les avocats ont un représentant au Conseil Supérieur de la Magistrature. C’est une avancée. Demain, la société civile, l’université et d’autres pourquoi pas?
Mais le fait que le Chef de l’Etat continue de présider le Conseil supérieur de magistrature et le ministre de la justice en soit le vice-président, n’est-il pas un frein à l’indépendance de la justice ?
C’est vrai que nous avons, par le passé, eu à poser ce problème. Nous avions dit qu’il fallait rompre le cordon ombilical. Mais, il faut une réflexion plus poussée pour tirer cette conclusion. Davantage d’indépendance y compris des magistrats du parquet, ça ne ferait plus mal pour la justice.
Pensez-vous que l ‘avocat sénégalais est assez outillé pour être là où il est attendu ?
Il y’a certainement des améliorations qui sont attendues parce que l’avocat sénégalais est très préoccupé par son quotidien, par l’exercice de sa profession au quotidien.
Mais il est vrai, il faut être juste avec les avocats qui sont nombreux aujourd’hui, ils sont impliqués dans les questions de droit de l’homme, dans les questions de politiques, de gestion des communautés décentralisées. Donc, ce qu’il faudrait, c’est que l’on essaie nous avocats acteurs, de nous investir davantage pour un meilleur fonctionnement de la justice. C’est le meilleur service que l’on peut rendre à la démocratie. Parce que si la justice est crédible, forte, fonctionne ; si elle est respectée, si elle a la confiance des citoyens, c’est un pas important vers la démocratie et sa consolidation.
Quelle est la place de la spécialisation des avocats ?
Dans mon entendement, c’est pour élargir davantage le champ de compétence de l’avocat, faire en sorte qu’il dépende moins du contentieux et des tribunaux. Aujourd’hui vous avez des affaires importantes qui échappent à l’avocat. Pourquoi ? Parce que les gens sont plus rassurés à aller prendre un cabinet américain ou français. Parce qu’ils se disent que l’avocat n’a pas toujours les compétences. C’est vrai, l’avocat n’a pas toujours les compétences. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas un cabinet qui n’a pas en son sein des compétences. Nous travaillons pour que la plupart des avocats aient les compétences dans les domaines les plus pointus du droit. Que ça soit la propriété intellectuelle, les investissements, l’arbitrage internationale ou autre chose, les fusions acquisition, le droit des mines…
Sur toutes ces questions, nous sommes en train de réfléchir sur des formations pointues et ne pas seulement faire un séminaire de temps à autre. Il y’a une vision derrière : faire des séminaires, mais arriver à pouvoir dire d’ici un à deux an, je veux avoir 10, 15, 20 avocats spécialisés dans le domaine des marchés publics. Idem dans le domaine de l’arbitrage international, de la propriété intellectuelle. Et ça n’est pas impossible, car on a bien démarré ce chantier, on a eu des résultats considérables en peu de temps, car aujourd’hui des gens viennent vers nous pour faire la formation. On a fait des formations intéressantes, avec des structures internationales. Au niveau local avec des professeurs, avec l’université, avec l’ARMP, on a un partenariat…
Donc, nous pensons que d’ici 1 à 2 ans, nous pouvons arriver à un niveau de spécialisation ce qui fera plus personne ne va plus snober les avocats sénégalais.
Et qu’en est-il de la justice internationale ? Nous avons le procès Habré prévu au Sénégal. Pendant ce temps, l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo est jugé à la cour pénale internationale.
Notre Garde des Sceaux (Sidiki Kaba, Ndlr) qui aime bien agiter ces questions et qui a une vision très claire, considère, et il a raison, qu’il faut faire en sorte que nos juridictions nationales soient aptes et compétentes pour juger certains crimes, certaines infractions. Celles qui nous poussent à nous tourner vers la cour pénale internationale ou à créer des chambres extraordinaires ou des juridictions d’exception. Il faut que nous ayons des juridictions normales qui soient capables de connaitre de ces faits et de les juger. Mais, c’est un gros chantier.
Quelle appréciation faites-vous des hommes politiques qui se servent de l’Etat pour s’enrichir ?
C’est dramatique. Donnons-nous des règles qu’on puisse appliquer à tout le monde. C’est-à-dire que tous ceux qui sont dans la situation que vous décrivez, ils doivent répondre devant la justice. Mais, répondre devant la justice, ce n’est pas que vous ne pouvez pas sortir du territoire national ou bien que vous êtes tout de suite arrêté. Parce que parfois le plus difficile c’est de trouver les biens qui ont été dissipés et ça c’est le plus important pour les recouvrer. En fait, ce n’est pas tellement l’infraction. Je veux dire, lorsque vous dites que quelqu’un s’est enrichi de manière illicite, il faut le prouver et c’est le plus difficile. Je pense qu’il faudrait mettre les moyens, les mécanismes qui permettent de détecter quelque chose qui ressemble à la corruption.
Quid de la fuite des capitaux ? C’est aussi un énorme problème.
C’est un énorme problème et pas seulement pour nos Etats, mais c’est une réalité dans les autres pays d’Europe, d’Amérique etc
L’actualité c’est aussi avec cette fameuse sortie d’Abdoulaye Wade contre Macky Sall et ses parents. Qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est un dérapage, qui me fait de la peine. Parce qu’Abdoulaye Wade est un avocat honoraire. Il est sur notre tableau. Un avocat honoraire c’est un avocat qu’on offre aux autres avocats comme étant un modèle. On aurait pu l’interpeller et lui demander des comptes.
Et qu’est-ce qui vous empêche de le faire ?
Même ceux qui sont avec lui considèrent que c’est un dérapage. Pour répondre à votre question, c’est parce qu’il a eu le temps de regretter et cela devrait pouvoir suffire.
A cause des mesures prises par les autorités sénégalaises le 14 février dernier, consistant à geler les importations de l’oignon pour permettre aux producteurs nationaux d’écouler facilement leur produit, l’oignon local commence à inonder les marchés de la capitale sénégalaise. Un tour au marché Castors et Tilène de Dakar où sont stockées des quantités suffisantes de ce produit nous renseigne beaucoup sur la situation. Toutefois cela n’empêche pas les consommateurs, qui s’attendaient à des prix plus abordables, à déplorer la cherté du produit.
Il est 12 heures au marché Tilène de Dakar. Le lieu grouille de monde malgré la grève décrétée par certains commerçants qui dénoncent une hausse sur les taxes. Un vent frais soulevant de la poussière qui souffle sur Dakar. Au moment où certaines femmes faufilent entre les étals à la recherche de poissons et légumes frais, d’autres qui ont déjà trouvé leur goût se livrent aux marchandages. On constate que l’oignon local inonde le marché. Par terre, dans des sacs ou sur les étagères, on trouve ce produit en quantité suffisante. Pourtant cela ne se répercute pas du tout sur les prix. C’est du moins ce qu’ont témoigné les femmes rencontrées sur les lieux.
« Le prix de l’oignon est très cher ces temps-ci. On croyait que l’oignon local serait vendu moins cher mais malheureusement, à notre grande surprise c’est le contraire qui s’est produit. Il devait être abordable puisqu’on l’a récolté dans notre pays. Le kilogramme est vendu à 400 francs, c’est vraiment difficile pour nous les ménagères car nous utilisons l’oignon presque dans tous nos plats. Je pense que ce n’est plus la peine d’interdire l’importation de l’oignon hollandais», se désole Adama Sy. Pour cette jeune dame qui a sur la main des sachets remplis de condiments, drapée d’un boubou rose, lunettes de soleil bien vissées, les autorités doivent prendre des mesures pour contraindre les producteurs à diminuer le prix de l’oignon.
Abondant dans le même sens, Aby Ndoye, vendeuse de petit déjeuner, trouvée devant un étal de légumes soutient :« Actuellement, les prix des denrées ont beaucoup flambés. Vous voyez, l’oignon est vendu entre 400 et 450 francs le Kg par les détaillants. C’est excessivement cher. D’habitude on le vendait à 200 francs le Kg », se plaint-elle.
Au marché castors de Dakar l’horloge affiche 14 heures. Les muezzins des mosquées environnantes appellent les fidèles musulmans à la prière du Tisibar. A cette période de la journée, les clients se font rares et les vendeurs en profitent pour faire la prière.
Interpellé sur la question, Moussa Fall, debout derrière une table remplie d’oignons explique : « Nous sommes obligés de vendre l’oignon à 400 francs le Kg parce qu’on l’achète à 300 ou 350 francs le kilogramme. Nous ne gagnons en retour que 50 francs comme bénéfice. Si cela ne dépendait que de nous, les prix seraient abordables ».
A quelques encablures, Mamadou Ba tient son écope. Ce jeune homme pointe un doigt accusateur vers les producteurs nationaux. Il indique que ces derniers ont fait exprès de hausser le prix de l’oignon car ils savent qu’il n’est plus possible d’importer actuellement ce produit.
«Si on a gelé l’importation d’oignon c’est pour permettre aux producteurs de vendre leurs productions et au même moment permettre aux consommateurs de d’acheter la marchandise à un coût moins cher. Malheureusement, les producteurs en ont profité pour augmenter les prix. Ce qui est regrettable !», a-t-il soutenu.
La présence des Barbares aux portes de Rome avait dicté aux byzantins un réflexe spontané d’alerte anticipative pour épargner la Cité mythique d’une incursion qui serait alors synonyme de défi majeur.
Autant ce sage dispositif a permis aux Romains de sauver la face d’une inviolabilité historique autant la longue marche du PDS qui aura bataillé pendant presque trois décennies pour l’instauration de l’ouverture démocratique au Sénégal et en Afrique n’aura pas suffit pour Me Wade et ses alliés de relever les défis post électoraux.
Même avec les douze années d’exercice du pouvoir, l’euphorie libérale s’est effondrée en un vulgaire nuage de désillusion sous la cascade de l’arrogance et de l’improvisation mais aussi un manque notoire d’humilité politique. On s’en souvient encore, ce fut une bourrasque de révolte contagieuse qui avait en l’an 2000 balayé l’étouffant régime socialiste dont la dynastie avait accablé les Sénégalais pendant quarante ans.
C’était alors à la faveur d’un sursaut de délivrance que les différentes composantes de l’opposition réunies au sein de la CONACPO, de la société civile avaient entonné le cri du changement.
Comme le label SOPI incarnait déjà ce projet alternatif à travers l’engagement du PDS incarné par le leadership de Me Wade, la trouvaille était bonne pour que le doyen de l’opposition sénégalaise qu’il était eût à présider aux destinées d’une entité comme couronnement d’un tribut de l’histoire à lui rendu par les dures péripéties d’un processus de démocratisation que le parti socialiste était obligé de concéder car l’histoire retient aussi cela de turbulent que le faste des règnes finit toujours par céder à la vérité de l’engagement. Mais, de 1974 à 2012, que d’écueils surmontés !
Que de vacheries subies par une opposition au sein de laquelle Wade et ses militants avaient toujours été la cible du pouvoir. La trame de ces épreuves riches en enseignements aurait dû constituer pour le PDS au sortir de la débâcle électorale du 25 Mars 2012 une source de motivation allant dans le sens d’une consolidation, d’une réorganisation structurelle des bases du parti par un effort systématique d’introspection pour ne pas laisser ses troupes faire de ce moindre mal une fin de l’existence d’une entité que 26 ans d’opposition ont portée au sommet de la République.
En effet, perdre une élection est une étape dans la marge d’un parti de masse comme le PDS mais ne pas privilégier un reflexe de reconquête du pouvoir est un suicide. C’est à ce niveau que la responsabilité historique de Maitre Wade est engagée.
Cette étape qui a été le top d’implosion d’une gestion monarchique qui ne disait pas son nom avait toujours fait du Pape du SOPI le centre d’émergence des idées, des initiatives de concertations dites « démocratiques » mais qui n’en étaient pas unes car le point de chute de toutes les décisions supposées avoir été prises de façon démocratique rimait avec la volonté silencieuse de Me Wade.
Le « boss» tel que l’appelaient ses proches était imperturbablement le manipulateur de coulisse dont les décisions étaient relayées par quelques lieutenants, fidèles compagnons traités de façon spéciale dans l’entourage d’un chef qui ne souffrait pas la contradiction.
Les positions que les uns et les autres occupaient dans les hautes sphères du parti, les postes qu’ils occupaient dans les ministères issues des compromis de compromission que le Secrétaire Général du parti faisait avec le pouvoir étaient attribuées selon des critères de fidélité au Pape et de dé- férence au cercle fermé de son entourage immédiat.
C’est dans ce schéma de gestion opaque de son « personnel politique » que le prophète du SOPI a su contenir et réduire au silence, au risque de se voir virer tous ses compagnons des périodes de dures confrontations.
Les velléités réfractaires et les positions contradictoires affichées par ceux qui installaient le débat a fini par provoquer des défections comme celles de Fara Ndiaye alors numéro 2 du PDS, Serigne Diop, de Famara Manéet de certains ténors du mouvement UJTL comme Médoune Ndiaye du Mouvement des Jeunesses dont l’opposition l’a amené à créer un PDS rénovation etc.
La texture du groupe de choc autour de Wade se résumait alors à des fantassins politiques dont Feu Boubacar Sall, le lion du Cayor, Ousmane Ngom la chair à canon, toujours placé à l’avant-garde des confrontations physiques lors des marches interdites. Téméraire, vindicatif et têtu comme une mule, Ousmane qui est venu au parti à 16 ans avait toujours respiré SOPI et affectionné son Maître d’idéologue Me Wade.
Pour être allé au bagne neuf fois pour le PDS et souvent avec Me Wade. Celui là qui avait tout donné pour ses convictions libérales n’a pas été un Jupitérien. Le bail de confiance qui a très tôt fait de lui un responsable émérite, généreux et engagé le liait non seulement à Me Wade mais à l’ensemble des fédérations.
Abdoulaye Faye actuel Directeur des structures du Parti, les Joseph Ndong du Mouvement de l’UJT etc. L’observatoire politique est aujourd’hui en droit de s’étonner qu’aucune de ces figures emblématiques n’est candidat à la candidature du PDS là où le nom de Karim Wade, seulement arrivé au PDS à la faveur de l’alternance survenue en 2000 semble être plébiscité par de larges franges libérales favorables à la famille de l’ex président.
C’est là un malaise profond qui surgit comme une incohérence des logiques de rétribution de la valeur militante. La candidature d’un Ousmane Ngomou d’un Idrissa Seck s’il était encore au PDS n’aurait point été jugée inconcevable au regard du vécu militant dont ils peuvent se prévaloir.
Le contexte de relâchement de la dynamique originelle du PDS-combattant a été largement explicatif du faiblissement des spontanéités réorganisationnelles. Ce phénomène, antonyme de réplique sur le front politique résulte d’un manque de motivation de la composante politique au niveau des différentes fédérations dans la mesure où les douze années d’exercice du pouvoir libéral avaient suffit pour créer un sédiment de frustration qui a fini par envahir tout le tissu organisationnel.
Dans le souci d’une massification qui, du reste est le propre de tous les partis d’envergure, la recette de Me Wade a été fondée sur une massification sélective au grand dam des militants de la première heure. Ceux de la 25ème heure comme on aime à les appeler ont souvent été cooptés, investis de confiance et de pouvoir et ont bénéficié des largesses du «boss» à un moment où de nombreux militants qui avaient toujours combattu à ses côtés triment dans le dénuement le plus absolu.
L’effervescence de la période de campagne pour le second tour avait transformé le quartier général du PDS en une véritable foire de recherche de fonds. La course poursuite derrière des responsables détenteurs du jackpot que Maître Wade leur avait laissé pour aider les différentes fédérations et les grands électeurs avait été gérée sur la base d’une véritable opération de charme par ces Messieurs de la 25ème heure qui se faisaient désirer sur les lieux.
Ce qui aura contribué à approfondir le tunnel des frustrations. Les signes avant-coureurs de la débâcle électorale du 25 Mars 2012 étaient devenus ainsi perceptibles. La cacophonie autour du pactole pour la Campagne a fini par être la source de démobilisation des potentiels électeurs choqués par leur marginalisation au profit du lustre inconnu qui se sont placés dans la bonne grâce du prophète du SOPI. Au sortir d’un échec politique ainsi prévisible, l’impossible réorganisation du parti avec les appétits de positionnements qui se dessinent ça et là, l’image emblématique du chef de parti qu’incarnait Me Wade est sensiblement entamée.
A l’image d’un Maître Solfège qui se perd dans ses notes en plein concert, un désaveu silencieux s’installa autour de Wade car désormais ses lieutenants osaient lever la tête et même à travers des murmures dénonçaient les actes qu’il posait.
Ce nonagénaire qui souffre aujourd’hui le martyr d’une malédiction politico juridique consécutive au destin de son fils n’est peut être pas à même de porter la voie du rassemblement pouvant permettre à ses troupes de cheminer dans le sens des plans qu’il leur aura tracés.
On retiendra peut être que le PDS en déconfiture est le gibier assoupi de Me Wade mais la bête intrépide qu’il aurait pu constituer comme alternative républicaine a été domptée par le laxisme des militants responsables, le manque d’ambition du personnel des cadres politiques orthodoxes qui, la peur dans le ventre de perdre les fragiles avantages qui leurs sont faits ou des promesses calculistes qu’on faisait miroiter à leurs yeux ont toujours différé leurs ambitions légitimes dans l’attente que les humeurs bienveillantes du Maître tourneraient en leur faveur.
Ce schéma calculiste est la cause profonde du réveil brutal des ambitieux encagoulés qui, après avoir été longtemps des disciples disciplinés du SOPI ont fini par jeter le masque pour se positionner en alternatives pour le PDS dans l’opposition soit à travers un parti ou un mouvement citoyen.
Et dans ce débat, d’écartèlement de sa pesanteur politique, Me Wade qui a toujours eu deux fers dans le feu se trouve placé en face de deux logiques divergentes.
- Aller jusqu’au bout et par tous les moyens pour que la candidature de son fils soit le mot d’ordre unique de tout le parti à travers des candidatures retenues qui finiront par désister au profit de l’hôte de Rebeuss. –
Et celle d’empêcher les antis Karim qui existent au sein du PDS de s’arroger l’électorat libéral et dans lequel cas une alliance avec une tierce personne serait une solution pour croiser le fer avec Macky Sall et ses alliés pour les battre.
Sûre de sa certitude, la majorité silencieuse des libéraux rumine son rejet de la phagocytose annoncée ( candidature de Karim) et se réserve le légitime droit de trouver son candidat alternatif dans un contexte où les libéraux orthodoxes comme Maître Ousmane Ngom qui sont plébiscités par une majorité silencieuse semblent afficher un dégout face au bouillon libéral et la question reste de savoir si les consciences libérales qui ont accompagné le mouvement SOPI dans son histoire voudront bien laisser ceux-là qui ont écrit une page significative de l’ouverture démocratique avec le SOPI en marge la Présidentielle 2017. La fin des calculs et des positionnements n’est encore pas pour demain.
Par Fadel DIA
LE FRANÇAIS ET LE RESTE
Où est l’intérêt, pour nous Africains, d’apprendre, de parler et, surtout, de défendre sa langue si la France nous ferme les portes de son territoire, de ses universités et centres de recherches et même de sa langue ?
La France célèbre depuis le 16 mars une semaine de la langue française, presque seule, en tout cas sans la participation de notre pays où sa langue est enseignée à l’école depuis Jean Dard, il y a exactement deux siècles. La thématique choisie pour cette année est «le français langue hospitalière», et cela a suffi pour faire sortir de leurs gonds tous ceux qui s’offusquent que la France soit devenue une «auberge espagnole». Des voix s’élèvent donc pour affirmer qu’il en est de sa langue comme il en est de son territoire : tous deux doivent rester fermés aux étrangers et rester fidèles à l’héritage gréco-latin et judéo-chrétien. Halte aux «mots immigrés», aux métaplasmes, et aux mélanges occasionnels.
La France ne peut parler que d’une seule voix et cette voix parle français ! A quelques jours d’une élection qui, annonce-t-on, marquera le triomphe de l’extrême droite, elle ne doit pas se laisser noyer dans «une globalisation mutilante», sa langue ne peut être faite de bric et de broc, et si elle la fête, elle doit le faire avec ses mots à elle. Bref, elle n’est pas partageuse, la France !
Pourtant c’est aujourd’hui sa langue qui constitue son plus beau titre de gloire, et depuis quarante ans, toutes les institutions francophones portent en bandoulière le généreux slogan du «français en partage».
Pourtant le français est «langue officielle» dans près de vingt pays d’Afrique et les élites africaines qui le maîtrisent sont plus respectueuses de ses règles et de son génie que ne l’est une partie de l’élite française. Aucun chef d’Etat africain ne se permettrait de le galvauder dans les médias, d’user, en public ou au cours d’une conférence de presse, d’une langue faussement populiste du genre «Casse-toi pauvre con !»
Pourtant si, avec ses presque 200 millions d’usagers, la langue française figure aujourd’hui parmi les dix langues les plus parlées dans le monde et parmi les quatre langues internationales les plus reconnues, elle le doit, non aux Français «de souche», mais à ceux qui la parlent hors de l’Hexagone et même hors d’Europe.
Pourtant c’est grâce à la croissance démographique en Afrique et à la progression de l’apprentissage du français sur le continent noir, que la langue de Molière continue à se répandre, au point d’espérer compter 700 millions de locuteurs au milieu de ce siècle, qui seront des Africains pour 90% ! Dans quarante ans les trois ou quatre plus grands pays francophones, en terme de population, seront africains. Dès lors les Africains accepteront-ils que la France leur ferme toutes ses portes, y compris celle du devenir de la langue qu’ils partagent avec elle ?
Accepteront-ils ce que n’ont accepté ni les Brésiliens ni les Américains qui se sont émancipés de leurs langues d’origine et s’expriment aujourd’hui en «brésilien», et non en portugais, en «américain» et non en anglais ? Demain il y aura, peut-être, un français d’Afrique qui se passera du français de France. Faut-il se battre pour des mots ? Oui, puisqu’il a suffi de quelques mots, de dix mots, dont on jurerait pour certains, qu’ils sont nés dans les «prairies normandes»- (qui savait que «amalgame» est d’origine arabe ?)-pour réveiller de vieux démons et ulcérer tous ceux qui pensent que toute liberté accordée à la langue de Queneau est une reddition face au parti de l’étranger.
Oui, parce qu’accueillir dans une langue des éléments nouveaux peut «instruire de bien des phénomènes de la vie sociale». Il est significatif qu’un terme japonais connu de quelques gourmets parisiens ait plus de chance d’entrer dans un dictionnaire français que ceux dont usent quotidiennement des millions d’Ivoiriens ou de Congolais quand ils s’expriment en français !
Les Africains acceptent de recevoir, mais ils voudraient aussi pouvoir donner, et c’est de ce qu’ils donnent, non de ce qu’on leur offre, qu’ils sont le plus fiers. Mais la bataille qu’ils se préparent à livrer, eux qui seront bientôt les principaux usagers de la langue française (à moins qu’ils ne soient gagnés par le syndrome rwandais !), dépasse une querelle de mots. Elle consiste aussi à revendiquer non plus des faveurs mais des droits, car parler la même langue, comme le rappelait Abdou Diouf alors Secrétaire Général de l’OIF, c’est aussi «parler le même langage, celui des principes et des valeurs».
Si, en restant dans le domaine qui nous occupe, l’Académie Française est la seule et jalouse gardienne «de l’état-civil de la langue française», alors les Africains, d’Afrique et de la Diaspora, y ont leur place, et aujourd’hui il n’y a aucun Africain parmi les 39 Immortels. Il y eut jadis L .S. Senghor, mais le vrai défi aurait été alors d’y faire entrer Aimé Césaire ou René Depestre. Elle va accueillir un afroaméricain, Dany Laferrière, mais pourquoi ne ferait-elle pas place à Patrick Chamoiseau, Raphael Confiant ou Souleymane Bachir Diagne ?
Face à un autre impétrant, Alain Finkielkraut, qui disait rougir de honte devant les «ricanements de l’Europe» face à l’équipe de France de football «black-black-black», ils ne seront pas trop nombreux, les Africains de naissance ou d’origine, contre les adeptes de la politique de la tension, ceux qui opposent l’identité à l’égalité, les indigènes et les allogènes...
La vraie question est celle-ci : où est l’intérêt, pour nous Africains, d’apprendre, de parler et, surtout, de défendre le français si la France nous ferme les portes de son territoire, de ses universités et centres de recherches et même de sa langue ?
LA JEUNESSE SOCIALISTE RECADRE THERESE FAYE
S’ERIGEANT EN BOUCLIER DU MAIRE DE DAKAR, KHALIFA SALL
Que la jeunesse républicaine, notamment les membres de la Cojer se le tienne pour dit ! Le Mouvement national des jeunesses socialistes (Mnjs) ne toléra plus d’attaques contre les responsables socialistes, particulièrement celles visant le maire de la Ville de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. Bounama Sall, secrétaire du Mnjs et ses camarades l’ont fait savoir à travers une déclaration transmise à notre rédaction hier.
Dans ce texte, les jeunesses socialistes, réaffirmant leur «profonde solidarité» à Khalifa Sall pour son combat à Dakar, ont tenu à condamner « avec la plus grande énergie les propos malencontreux, irresponsables et discourtois tenus par Thérèse Faye Diouf à son encontre».
Estimant que la patronne de la Cojer est «accoutumée de la polémique politique puérile et stérile » les membres du Mnjs ont précisé que le Parti Socialiste en général et leur mouvement en particulier, « constituent une exception politique au Sénégal tant dans la capacité à apporter des solutions innovantes aux préoccupations des Sénégalais que dans leur attitude toujours pondérée et respectueuse des autres ».
Poursuivant leur réquisitoire contre la patronne de la Cojer, ils ont estimé que «Ce n’est pas en s’attaquant au camarade Khalifa Ababacar SALL et maire de la Ville de Dakarqu’elle réussira à détourner les critiques et contestations acerbes dont elle fait l’objet depuis sa ‘‘nomination’’ à la tête de la Cojer». Qui plus est, diront-ils, «Au lieu d’aborder le dossier trop technique de l’emprunt obligataire qui a été légalement et régulièrement initié par la ville de Dakar, avec une connaissance certaine qui lui fait probablement défaut, nous lui faisons comprendre que ce n’est pas parce qu’on n’est endetté qu’on ne doit pas solliciter d’autres sources de financement innovantes, car l’essentiel réside dans la capacité et la crédibilité de la ville et de son maire».
Au final, Bounama Sall et cie ont invité le Gouvernement du Sénégal au nom de l’esprit de l’Acte III de la Décentralisation et des nouvelles prérogatives dévolues aux communes, à encourager et protéger « ce projet stratégique murement pensé et solidement ficelé avec l’onction préalable de l’État et de tous les acteurs concernés ».
LES FEMMES LIBERALES EN ORDRE DE BATAILLE CONTRE MACKY
VAGUE D’ARRESTATIONs DE RESPONSABLES DU PDS ET ALLIES
Les femmes libérales de Dakar sont montées au créneau hier, jeudi 19 mars, pour crier leur désarroi et leur indignation face à la multiplication des arrestations de responsables libéraux. Face à la presse, Mme Nafissatou Ngom Loum et cie ont dénoncé l’utilisation de l’article 80 comme une arme contre les libéraux, non sans prétendre être prêtes à se défendre le 23 mars, si toutefois le verdict va à l’encontre de leurs attentes.
«Nous sommes toutes des mères, des citoyennes, et la situation politique et économique de notre pays ne nous épargne pas. C’est pourquoi, il nous faut dénoncer au plus haut niveau le recul des droits et libertés, la dictature et une justice sélective qui s’abattent sur notre parti et ses responsables». Tel est le cri de cœur lancé hier, jeudi 19 mars, par Mme Nafissatou Ngom Loum, présidente de la commission des femmes libérales de Dakar. En conférence de presse au siège du Pds, sis à la Vdn, Mme Loum et cie ont fustigé l’utilisation de l’article 80 comme «arme» du régime depuis deux ans pour «terroriser» les leaders du parti. Citant dans la foulée Samuel Sarr, Mamadou Lamine Massaly, et présentement Amadou Sall, tous victimes de ce dit article, la responsable libérale a estimé que c’est dans le but de «museler» les leaders du parti que Macky Sall et son régime le brandissent à chaque fois.
Lui emboitant le pas, Marième Diagana, membre de la commission femmes libérales de Dakar, a trouvé que le pouvoir «s’acharne» sur Me Amadou Sall, «parce qu’il l’un des avocats les plus actifs dans la défense de Karim Wade». Pour la conseillère municipale aux Parcelles Assainies, «Macky Sall sait que seul Karim Wade peut le faire tomber. Il ne le croit pas parce qu’il dit que ça lui fait rire. Mais un jour viendra, il pleurera car ce sera Karim Wade qui lui succèdera».
Fortes de ces constats et debout pour faire face au président Macky Sall et son régime, les femmes libérales ont exigé «la libération sans conditions de Karim Wade et de ses co-détenus». Cela, non sans rappeler à Macky Sall «qu’Abdoulaye Wade et ses militants ont fait du Sénégal une vitrine de la démocratie en 27 ans d’opposition et 12 ans de pouvoir». Par conséquent, elles ont indiqué «qu’elles ne tolèreront aucunement la privation des droits et libertés entamée depuis son accession au pouvoir».
Pour ce faire, Mme Loum et cie donnent rendez-vous le 23 mars prochain au tribunal, tout en prévenant que «si ça va, nous allons rentrer chez nous. Mais si, c’est le contraire, nous allons nous défendre». Dans un ton beaucoup plus va-t-en guerre, l’une des femmes libérales a fustigé cependant le discours quel que peu «mou» servi par leurs responsables. Celle-ci a ainsi lancé un appel à toutes les femmes à mettre des habits adaptés pour faire face au régime, le jour du verdict au tribunal.
ÉNIÈME COUP DE BLUFF ?
Wade annoncé au tribunal, lundi, pour le verdict du procès de Karim Wade
Le Palais de justice aura un hôte de marque lundi. Abdoulaye Wade assistera au procès de son fils, Karim et commentera la décision de la Crei, selon le Comité directeur du Pds
Abdoulaye sera au Palais de justice lundi prochain, jour du verdict de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) sur le dossier de son fils, Karim. C’est l’information donnée par le Comité directeur du Parti démocratique sénégalais qui, dans un communiqué, annonce que le Secrétaire général national «commentera sur place la décision rendue» par Henri Grégoire Diop et Cie.
Oumar Sarr et Cie invitent, en conséquence, «toutes les militantes, tous les militants du Pds, tous les citoyens, à se mobiliser et à se présenter massivement dès les premières heures du matin, à l’ouverture de l’audience».
Ce, pour «entendre le verdict de la Crei et soutenir (leur) frère» poursuivi pour enrichissement illicite présumé. Le Pds appelle à une «mobilisation massive, comme d’habitude pour que le peuple entende lui-même, le jugement qui sera rendu en son nom, par ceux qui sont censés décider en son nom».
Ce serait une première que Me Wade assiste au procès de son fils, même s’il a été annoncé à plusieurs reprises à la salle 4 du Palais de justice qui abrite les audiences. Sans doute, les Forces de l’ordre auront fort à faire avec une foule qui ne jure que du Pape du sopi et le 23 mars ne serait pas moins tendu que le premier jour du procès de Karim Wade et Cie ouvert le 31 juillet 2014.
L’ancien Président interviendra donc 72 heures après que le Pds aura choisi son candidat en 2017 et qui serait probablement son fils soutenu par différentes instances du parti.
‘’LES INSTITUTIONS SONT, SOUVENT, BRIDÉES PAR LE POLITIQUE’’
MOUHAMADOU MBODJ, COORDONNATEUR GÉNÉRAL DU FORUM CIVIL
Le coordonnateur du Forum Civil, en marge d’un atelier de restitution d’une étude sur: «Jeunesse et intégrité» tenu mardi à Dakar, a relevé une absence de volonté politique dans l’application des conclusions des rapports que les institutions du Sénégal, comme l’Autorité de régulation des marchés publics, présentent à l’autorité qui doit veiller à la mise en œuvre de ces résultats. Selon Mouhamadou Mbodj, ces institutions sont, souvent, bridées par le politique.
Par rapport aux institutions, vous avez soulevé des inquiétudes dans votre communication. Pouvez-vous y revenir?
Comme le Sénégal est ouvert au monde, à chaque fois qu’il y a une convention internationale, le pays la ratifie. Beaucoup d’institutions viennent de l’extérieur. La Cour des comptes nous vient de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine :ndlr), la Centif (Cellule nationale de traitement des informations financières : ndlr) des conventions internationales. Et l’Etat en a créées aussi.
Dans les débats sur les scandales financiers des douze dernières années, les gens ont questionné l’efficacité de toutes ces institutions qui ont été créées. Ils disent comment, en douze ans, il y a eu autant de scandales sans que ces institutions ne puissent réagir.
Alors qu’elles ont été créées pour asseoir la bonne gouvernance. Le mimétisme institutionnel doit nous obliger aujourd’hui, face à la période des douze ans, à nous interroger sur l’efficacité des institutions qui ont été créées pour asseoir la bonne gouvernance.
A votre avis, ces institutions ont-elles réussi leurs missions?
Souvent, elles sont bridées par le politique. Et je crois que ce n’est pas lié aux institutions. Elles peuvent faire des rapports, des investigations, asseoir tout, présenter des rapports, faire des conclusions. Maintenant, c’est la volonté politique qu’il faut questionner.
Dès qu’ils déposent leurs rapports, l’autorité politique dit non. On crée des institutions qu’on laisse travailler, et on bloque les résultats de leurs travaux. Et c’est une possibilité. Il se peut aussi qu’elles soient simplement en phase de développement.
Elles viennent de naître ; elles sont en train de développer leur stratégie qui n’est pas encore très opérationnelle. Il ne s’agit pas, simplement, d’avoir des institutions. La volonté politique s’oppose à leur travail.
Donc, il faut une volonté politique réelle des autorités pour laisser ces institutions travailler, amener les dossiers à la Justice. Les rapports de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), souvent, ont été bloqués dans les bureaux. Le foisonnement des institutions est utile. Mais, il faut que la haute autorité politique intervienne pour empêcher les gens de saisir la Justice ou de protéger des segments.
S’il y a eu autant de scandales, c’est parce qu’on a empêché l’exploitation des rapports. On donne des instructions au procureur qui dépend du ministère de la Justice. Et ça pose la question du procureur.
Il faut qu’on laisse ces institutions travailler et qu’elles aillent jusqu’au bout de leur logique. C’est pourquoi nous demandons à la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite :ndlr) d’aller jusqu’au bout avec les 25 personnes listées par le procureur.
Pour combattre la corruption, vous appelez à une synergie des acteurs.
Le secteur privé aurait pu nous aider pour lutter contre la corruption. On ne peut pas gagner la lutte sans son engagement. La société civile est un acteur indirect, la presse aussi.
Donc, pour arriver à un résultat, il faut une synergie des acteurs avec l’administration centrale, la collaboration du parlement, lieu qui produit les lois pour lutter contre la corruption. Si tous ces acteurs n’agissent pas dans la même direction, on ne peut pas avoir de résultats. Et il faut faire un travail de sensibilisation pour les comportements.