Dakar, 20 mars (APS) - Le sélectionneur des Lions, Aliou Cissé, a publié vendredi, à Dakar, une liste de 28 joueurs marquée par 4 nouveaux appelés en équipe première et le retour de Demba Bâ, en perspective des deux rencontres amicales que le Sénégal doit jouer contre le Ghana et Le Havre (France), les 28 et 31 mars.
Le gardien Abdoulaye Diallo du Havre (Ligue 2 française), Diawandou Diagne du FC Barcelone (Espagne), Babacar Khouma de la Fiorentina (élite italienne) et Cheikh Ndoye de Créteil, en Ligue 2 française, vont enregistrer leur première sélection en équipe A, sous les ordres du successeur du Français Alain Giresse.
L'attaquant sénégalais de Besiktas (élite turque), Demba Bâ, fait lui son grand retour, depuis le match contre l'Angola, joué mars 2013 en Guinée, pour le compte des éliminatoires du dernier Mondial.
Boukhary Dramé faisait partie de la liste élargie établie par l'ancien sélectionneur des lions, Alain Giresse, pour la dernière CAN. Il avait été convoqué pour les matchs éliminatoires de la CAN sans jouer.
Voici la liste des 28 Lions
1- Bouna Coundoul (Platinium Stars FC, Afrique du Sud)
2- Pape Demba Camara (Sochaux, France)
3- Lys Gomis (Trapani, Italie)
4- Abdoulaye Diallo (Le Havre, France)
5- Zargo Touré (Le Havre, France)
6- Lamine Gassama (Lorient, France)
7- Papy Djilobodji (Nantes, France)
8- Lamine Sané (Bordeaux, France)
9- Cheikh Mbengue (Rennes, France)
10- Boukhary Dramé (Atlanta Bergame, Italie)
11- Pape Ndiaye Souaré (Crystal Palace, Angleterre)
12- Ibrahima Mbaye (Bologne, Italie)
13- Diawandou Diagne (FC Barcelone, Espagne)
14- Kara Mbodj (Genk, Belgique)
15- Cheikh Kouyaté (West Ham, Angleterre)
16- Demba Bâ (Besiktas, Turquie)
17- Pape Kouly Diop (Levante, Espagne)
18- Idrissa Gana Guèye (Lille, France)
19- Stéphane Badji (Istanbul BB, Turquie)
20- Alfred Ndiaye (Betis Séville, Espagne)
21- Salif Sané (Hanovre, Allemagne)
22- Sadio Mané (Southampton, Angleterre)
23- Babacar Khouma (Fiorentina, Italie)
24- Mame Birame Diouf (Stoke City, Angleterre)
25- Moussa Sow (Fenerbahce, Turquie)
26- Dame Ndoye (Hull City, Angleterre)
27- Cheikh Ndoye (Créteil, France)
28- Moussa Konaté (FC Sion, Suisse
LE PERE DE MAMADOU DIOP RECLAME L’INCULPATION DE ARONA SY ET DE OUSMANE NGOM
LE PROCÉS DES DEUX POLICIERS RENVOYÉ AU 07 MAI PROCHAIN
Suite au renvoi au 07 mai prochain du procès des deux policiers, Tamsir Ousmane Thiam et Wagane Souaré, inculpés pour le meurtre de l’étudiant Mamadou Diop, le père de l’étudiant tué a déclaré que cette affaire devait atterrir à la Cour d’assises. En outre, il réclame l’inculpation de l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom et du commissaire Arona Sy, commanditaires à l’en croire de «l’assassinat » de son fils.
Tamsir Ousmane Thiam et Wagane Souaré, inculpés par le juge d’instruction Mahawa Sémou Diouf le 09 mars dernier et renvoyés devant le tribunal correctionnel pour être jugés, ont brillé hier, par leur absence au procès. Du coup, l’affaire évoquée pour la première fois a été renvoyée au 07 mai prochain pour retour de citation. Dans cette affaire, le principal mis en cause, T. Ousmane Thiam, par ailleurs conducteur du Dragon qui a écrasé l’étudiant Mamadou Diop le 31 janvier 2012 à la place de l’Obélisque, lors des manifestations pré-électorales organisées par le M23, est poursuivi pour Coups et blessures volontaires (Cbv) ayant entraîné la mort sans intention de la donner, coups mortels et non empêchement d’un délit contre l’intégrité physique d’une personne ; tandis que son assistant Wagane Souaré est inculpé pour complicité desdits délits.
Pour rappel, dans le cadre de cette affaire également, l’ex Secrétaire général de la Raddho, Alioune Tine et le Secrétaire exécutif d’Amnesty International, Seydi Gassama ont comparu pour dénonciation calomnieuse suite à la citation directe servie par le commissaire Arona Sy. Une affaire qui a été plaidée mais le juge avait émis un sursis à statuer, permettant au juge d’instruction de boucler son enquête et de rendre son ordonnance. Mama Diop père de Mamadou Diop : «C’est une affaire qui devait atterrir à la Cour d’assises »
Présent hier à la barre en qualité de plaignant, le père de Mamadou Diop n’est pas totalement soulagé en dépit de l’inculpation des deux policiers. Le plaignant ne partage guère la décision du juge d’instruction qui a renvoyé les présumés meurtriers de son fils à la barre du Tribunal correctionnel. «C’est une affaire qui devait atterrir à la Cour d’assises », déclare d’emblée Mama Diop au sortir de l’audience. Le plaignant a également déploré la non inculpation du commissaire Arona Sy et de l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom, qu’il considère comme les principaux commanditaires de ces violences pré-électorales qui lui ont arraché son fils. «Arona Sy et Ousmane Ngom n’ont même pas été entendus dans la procédure», s’étonne Mama Diop qui rappelle dans la foulée les déclarations de l’ancien commissaire central dans la presse, indiquant que c’est une Mercedes qui avait fauché son fils et non le camion de la police. Devant une telle déclaration, le plaignant estime que l’ancien commissaire central devait être entendu.
Se voulant plus radical, il tonne : «Il ne faut pas seulement les entendre, mais les inculper ; ce sont les commanditaires. On a vu comment l’assassinat s’est passé», se souvient le plaignant qui trouve anormal qu’un camion de ce genre fonce sur la foule. Poursuivant, Mama Diop pointe un doigt accusateur sur le régime actuel, coupable à ses yeux de complicité en voulant exfiltrer le commissaire Arona Sy pour le nommer au niveau d’une institution internationale. Idem pour l’ancien patron de la police, Codé Mbengue, qui a lui aussi été parachuté à l’Ofnac pour s’occuper des délits financiers.
De son côté, Mouhamadou Barro, porteparole de la famille de Mamadou Diop, a dénoncé l’absence de certaines organisations de défense des Droits de l’Homme à la barre pour soutenir la famille du défunt, avec qui elles ont mené le combat contre la candidature de Wade. Pendant ce temps, déplore le porte-parole, ces défenseurs des causes nobles défendent d’autres personnes à l’extérieur. «Si on veut que le meurtre de Mamadou Diop ne reste pas impuni, il faut que ces gens qui se disent souteneurs des causes
nobles soient aux côtés de la famille éprouvée. Il est bon de lutter ailleurs, mais faudrait-il commencer par balayer devant sa propre porte», renchérit M. Barro.
A soixante-douze heures du verdict du procès de Karim Wade et de ses coaccusés, des fissures apparaissent dans l’édifice du front patriotique pour la défense de la République (fpdr). Réunis hier sous la direction de Me Wade, les amis de Mamadou Diop Decroix ont étalé des positions divergentes dans leur stratégie de lutte.
A 72 heures du verdict dans l’affaire Karim Wade & Cie, le Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr) affûte ses armes. Réunis hier sous la direction de l’ancien président Abdoulaye Wade, les membres du Front patriotique ont déploré la lourde tension politique qui prévaut actuellement au Sénégal.
Toutefois, lors de cette rencontre, quelques fissures sont apparues dans l’édifice du Front patriotique. En effet, certains alliés ont affiché leurs divergences sur la stratégie de lutte à mettre en branle pour obtenir la libération de Karim Wade et de ses codétenus. Selon nos informations, après le discours d’introduction du pape du Sopi, des membres du Front ont regretté la surenchère verbale engagée par certains membres de l’opposition qui se sont fait remarquer par des propos incendiaires contre une éventuelle condamnation du fils de l’ancien président.
Pour ces leaders, de telles déclarations ne sont pas de nature à apaiser le climat politique. «Il n’y a pas à envenimer la situation avec des discours va-t-en-guerre, car après tout, il existe d’autres moyens de lutte pour obtenir la libération de Karim et de ses codétenus», ont-ils martelé. Suite à ces interventions, Abdoulaye Wade a tenté de rassurer ses alliés du Front sur son attachement aux principes républicains. Par contre, il considère qu’il a le droit de riposter en cas de provocation. «Durant toutes mes années d’opposition, j’ai toujours dit que je ne marcherai jamais sur des cadavres pour accéder au pouvoir et je reste encore fidèle à cette posture. J’ai même refusé l’aide de puissances étrangères pour prendre le pouvoir. Je ne brûlerai pas le pays, mais en cas de provocations je ne manquerai pas de réagir», a menacé le pape du Sopi.
Toujours aussi virulent, l’ancien chef de l’Etat a réaffirmé sa détermination à s’opposer à tout emprisonnement de son fils. «Je n’accepterai jamais une condamnation de Karim Wade», menace-t-il.
"LE RECTEUR DE L'UCAD N'EST PAS HABILITÉ À ÊTRE RECTEUR"
Le syndicat autonome de l'enseignement supérieur (Saes) a trouvé, depuis lundi, un accord avec le gouvernement. D'où la suspension de son mot d'ordre de grève. Dans cet entretien, le secrétaire général du Saes, Seydi Ababacar Ndiaye, revient sur les péripéties des négociations. Et tient à rappeler qu'il n'y a pas d'accord sur le volet relatif à la nomination du recteur.
Les enseignants du supérieur ont signé lundi un protocole d'accord avec le gouvernement. Qu'est-ce qui a vraiment pesé pour que le Saes paraphe cet accord ?
Il faut commencer d'abord par féliciter l'esprit d'ouverture du gouvernement qui a accepté de discuter d'une loi déjà votée. J'approuve quelque part le niveau élevé de la démocratie dans ce pays. C'est une expression réelle de notre démocratie. Ailleurs, personne ne peut imaginer ce genre de situation. Mais ce qui nous a emmenés à signer cet accord, quand on discute, chaque partie à des concessions qu'elle doit faire pour essayer de trouver des solutions. Nous, nous n'avons jamais prétendu en temps qu'universitaire que la version que nous voulions était la meilleure. Nous pensions qu'elle était la meilleure mais nous n'avons jamais prétendu que c'était ça ou rien. C'est pour dire que le Saes est un syndicat responsable comme j'aime à le répéter. Nous ne demandons jamais des choses impossibles. Le Saes sait exactement ou s'arrêtent ses prérogatives. Mais il faut dire qu'il y a eu beaucoup d'implications et le plus déterminant était la présence des députés. Ce qui a fait qu'on a le triangle, gouvernement-parlement-enseignants chercheurs, parce qu'il ne faut pas oublier que nos amis du Sudes, section enseignement supérieur, étaient totalement en phase avec nous.
Dans cette loi cadre, la pomme de discorde était surtout la composition du conseil d'administration. Qu'est-ce qui va changer dans la nouvelle reconfiguration de ce conseil ?
Il faut dire aussi que quelque part, le ministre de l'Enseignement supérieur a joué sa partition dans ces négociations. Parce que, quand on a commencé à discuter en disant que c'est lui qui allait nommer les 10 membres externes, je l'ai écouté dire et redire que non, ce n'est pas lui qui nomme ; on va prendre l'avis des instances et surtout faire venir les parents d'élèves. Il a donné un ensemble de personnalités du monde socio-économique.
En quoi la présence de gens venant du privé vous dérangeait ?
Si vous prenez 10 membres qui viennent de l'entreprise, ce sont 10 privés qui viendront. Cela peut amener à changer complètement les missions de l'université pour les adapter au bon vouloir de ces privés. Or, l'ouverture de l'université dans le monde extérieur ne veut pas dire le monde strictement des entreprises. On a ouvert pour les parents d'élèves, les collectivités locales... Ce qui fait qu'après, on aura trois membres qui viennent réellement du monde des entreprises. D'autre part, les privés n'en sont pas au point où ils peuvent exiger la parité. Quand on suit le raisonnement que le ministre lui-même donne, quand il dit : vous voulez élire le recteur alors que c'est l'Etat qui vous donne 90% des moyens ; on lui repose la même question. Puisque vous voulez mettre 50% du privé qui ne donne strictement rien alors que nous, par les ponctions de service, on donne quelque chose. A ma connaissance, les privés n'ont encore rien donné, excepté le Pca de l'université de Thiès qui donne pas mal de choses à cette institution. Mais dans nos universités, à l'Ucad particulièrement, il n'y a pas un seul franc venant du privé.
Donc aujourd'hui, vous êtes satisfaits de la composition actuelle du Conseil d'administration ?
Oui parce qu'il est bien équilibré. Si vous regardez, finalement, il y a 7 enseignants chercheurs de rang A et B. Ça fait à peu-près le 1/3 du collège. Ensuite, on a augmenté le nombre d'étudiants qui passe de 2 à 3, on n'a pas oublié le Pats (personnel administratif, technique et de services) qui passe également de 2 à 3. Finalement, on a les 7 enseignants chercheurs plus les 3 Pats et les 3 étudiants plus le recteur. Ce qui fait 14 qui sont du monde universitaire. C'est ça qui est une composition normale.
Dans cette loi cadre, y a t-il un point sur lequel les deux parties ne sont toujours pas tombées d'accord ?
Oui.
Lequel ?
C'est notamment sur l'élection du recteur. Dans le texte originel du 21 décembre 2011, il était question que les recteurs soient élus par les représentants des enseignants dans les différents organes à savoir les conseils d'Ufr ou conseil de facultés, les représentants au niveau du conseil académique et les représentants au niveau du conseil d'administration. Entretemps, il y a eu la Cnaes (Concertation nationale sur l'avenir de l'enseignement supérieur). Au sortir des débats, il a été proposé dans les recommandations que les recteurs soient nommés par le président de la République mais après appel à candidatures. Ce qui a été confirmé au moment du conseil présidentiel par les décisions présidentielles elles-mêmes. Entretemps, certainement de mauvais esprits sont allés raconter des choses qui ont fait que le président de la République, quelque part, ait reculé, il faut le dire. Avec tout le respect qu'on lui doit, il a quand même reculé sur ce point. Même pour la deuxième université de Dakar, Unidak 2, il y a eu un appel à candidatures avec une short list de 3 personnes. Pourquoi on recule ? On a peur de quoi ? J'ai argumenté en disant que ceux qui sont allés voir le président, ils ont dû lui dire que ces gens du Saes veulent contrôler l'Université en ayant un recteur à leur guise. Mais ils se trompent de nom. Je donne un exemple et je l'ai dit au Premier ministre quand il nous a reçus, c'est le Saes qui s'est battu pour qu'on élise les doyens et les directeurs d'Ufr. Tous quasiment sans exception sont membres du Saes, pourtant la plupart d'entre eux ont des positions adverses par rapport au syndicat. Il y a même un à Saint-Louis qui s'est permis de porter plainte contre son secrétaire général parce que celui-ci avait diffusé la lettre qu'il avait envoyée pour demander aux enseignants de s'auto-dénoncer par rapport à la grève du Saes, quand ils ont fait leur bêtise de gel des salaires. Ce n'est pas écrit que si nous votons pour quelqu'un, il sera notre pote. S'ils disent qu'ils veulent un nouveau type de management, nous sommes d'accord et nous l'avons proposé avant eux. On a proposé même que le Pca ne soit pas un salarié de l'université.
Donc il n'y a pas de manager dans nos universités ?
Les recteurs actuels ne sont pas des managers, c'est des administrateurs simplement. Quand on a vu, il y a quelques mois, comment on les a permutés les trois recteurs de Saint-Louis, Bambey et Thiès, c'est une permutation ridicule, excusez-moi du terme. Cela se fait avec les préfets et les gouverneurs mais à l'université, ça ne se fait pas. Cette catégorie de recteurs est une catégorie en voie de disparition. Je pèse mes mots parce que ce sont de simples administrateurs qui ne sont pas capables de créer des partenariats avec d'autres institutions, qui ne sont pas capables de drainer des fonds, de hisser nos universités actuellement. Alors que, aussi bien au Sénégal qu'au niveau de la diaspora, il y a énormément de talents qui sont capables de mettre nos universités sur la rampe du développement. Si on continue dans cette lancée, on va continuer à nommer les gens parce qu'ils sont amis de tel ou tel ou parce qu'ils font de la politique... Je ne vais pas donner de nom parce que ce sont des collègues mais on sait que c'est comme ça ; ce n'est pas par leur talent parce qu'on les rencontre sur le terrain. La dernière forfaiture montre que ces recteurs ne sont pas au niveau. Comment peuvent-ils avoir violé la loi sans s'en rendre compte ?
Vous êtes alors pour l'appel à candidatures?
Je conseillerais au président de la République qu'il accepte, pour le bien de nos universités, surtout pour drainer tout le monde, qu'il remette l'appel à candidatures. A partir de là, nous on lui donne 3 noms. Je pense que ce serait la meilleure chose. Il faut qu'on ait l'habitude de faire l'appel à candidatures. Ça correspond à notre niveau de démocratie. A l'université, tout le monde est élu sauf le recteur. Comment se fait-il qu'un recteur puisse se sentir à l'aise dans une assemblée où tous ceux qui sont là sont élus sauf lui ? Par exemple, le recteur de l'université de Dakar qui n'est même pas habilité à être recteur d'ailleurs.
Pourquoi ?
Il n'est pas docteur d'Etat. Figurez-vous que nul ne peut être recteur à l'université de Dakar s'il n'est pas membre de l'enseignement supérieur et s'il n'est pas titulaire d'un doctorat d'Etat.
Et le recteur actuel ne remplit pas tous ces critères ?
Non, il est simple professeur titulaire mais il n'est pas docteur d'Etat. Il a la thèse unique donc il n'est pas habilité à être recteur de l'université de Dakar. Ce même recteur, il a brigué pour être l'assesseur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l'Ucad mais il n'a pas été élu. Il n'a pas eu la confiance de ses pairs. Maintenant, si on le nomme, il peut avoir tendance à régler des comptes. Quelqu'un qui n'a pas la confiance de ses pairs dans sa propre faculté, il ne peut pas diriger l'université. Il a un double handicap. Statutairement il ne peut pas être recteur et j'ai eu à le lui dire de vive voix. Les textes sont violés parce qu'il ne peut pas être recteur.
La question qui se pose après la signature d'un accord, c'est le respect par l'Etat des engagements. Est-ce que vous êtes optimiste sur ce point ?
Personnellement, je respecte les institutions de notre pays. D'abord je me dis a priori que l'Etat va le faire. J'ai entendu et j'ai lu aussi que le ministre a dit que l'Etat va faire tout ce qu'il a dit avec le Saes. Nous avons aussi la caution des députés. Il y a aussi le fait qu'on est en train de mettre en branle les comités de suivi qui étaient en dormance depuis un an. Je pense que le ministre a maintenant compris qu'il ne peut pas dérouler des choses sans la concertation. Il faut aussi comprendre que ce n'est pas un nouveau protocole, c'est la mise en œuvre d'un protocole qui date bientôt de 4 ans. Moi je suis optimiste. J'attends. J'ai un préjugé favorable parce que je considère que le gouvernement est de bonne foi ; le Parlement était là et je pense que les choses vont se passer normalement.
Avec la signature de cet accord, peut-on dire qu'il n'y aura plus de perturbations à l'université par le fait des enseignants du Saes ?
Le Saes a 30 ans. Nous ne sommes pas un syndicat va-t-en-guerre. Des fois, on nous fait porter un chapeau qui n'est pas le nôtre. J'ai lu hier dans une interview où le ministre parle de notre grève de 2012. Ça fait 3 ans. Il oublie sciemment que d'octobre 2013 à février 2014, il a reconnu que l'Etat s'est entêté. C'est lui qui s'est entêté en voulant changer les critères d'attribution et de conservation des bourses. Il s'est battu avec les étudiants jusqu'au protocole. S'il y a quelqu'un qui est comptable de ça, c'est bien lui. Il faut laisser le Saes tranquille dans cette affaire. Notre syndicat n'est pas parti en grève depuis le 23 mars 2012. Nous avons observé une pause et tout le monde est témoin. Personne ne nous a entendus. Pourtant ils ont déroulé toute la Cnaes en dehors du Saes et personne ne nous a entendus. Il a fallu qu'on cherche à saper le fondement de l'université, violer l'autonomie de l'université, offrir l'université aux entreprises, à la limite aller vers une privatisation rampante qu'on s'est mis debout. Je pense que le peuple doit nous rendre grâce pour ça. On n'est pas allé en grève pour le protocole pourtant qui nous concerne au point de vue financier ou autre, mais c'est pour défendre un principe qu'on est allé en grève. La grève, pour nous, c'est la dernière chose à faire.
LES ‘Y EN A MARRISTES’ ACCUEILLIS DANS LA SOBRIÉTÉ
En détention depuis dimanche en République Démocratique du Congo (RDC), Fadel Barro, Aliou Sané et Malal Talla alias "Fou malade" ont été accueillis hier par parents, proches et amis dans la plus grande sobriété.
Ils sont de retour, mais parleront demain à leur quartier général aux Parcelles Assainies. Tels les trois mousquetaires, Fadel Barro, Fou malade et Aliou Sané sont arrivés à l’aéroport Léopold Senghor à 16 h passées.
Visiblement lessivés par leur détention dans les geôles de la RDC et un long vol, ils en portaient tous les stigmates. Fadel Barro, la mine sérieuse, les yeux rouges camouflés derrière des lunettes noires, un costume noir, une écharpe bleue entourant le cou. Fadel et son jean bleu, le regard furtif, les cheveux ébouriffés sur la tête, les joues, le menton. Fadel, légendaire porte-parole du mouvement, n’a pas parlé hier devant les journalistes et les caméras.
Malal Talla alias "Fou malade", plus "malade" que jamais, plus "fou" que d’habitude. C’est le plus petit du groupe. Difficile à repérer dans la foule. "Soulevez Fou malade pour qu’on le voie !" lance ce jeune curieux qui ne veut rien raté du spectacle. Tee-shirt noir assorti d’un pantalon kaki, avec de grosses poches vides, Malal a le bonnet bien vissé sur la tête.
Tout le contraire d’Aliou Sané qui s’est positionné hier en porte-parole du mouvement. Avec son pull noir, Aliou s’est exercé à des séries de remerciements. D’abord, le président Macky et son gouvernement, artisans de leur libération.
Ensuite, il a décerné une "mention spéciale" au Consul du Sénégal au Congo. Les remerciements sont aussi allés à leurs familles respectives, au peuple sénégalais et à tous les ‘Y’en a marristes’ à travers le monde. Aliou Sané a parlé sous le contrôle de sa mère, Ami Kanté, venue soutenir ce fils dont "l’engagement dure depuis sa tendre enfance" et dont elle est "fière".
Aliou et ses camarades donnent rendez-vous à la presse ce matin dans le quartier général du mouvement sis aux Parcelles Assainies. "Nous sommes libres certes, mais nous avons le cœur alourdi par la détention de certains de nos frères congolais", dit-il avant de prendre congé de la presse.
L’ombre du procès Karim Wade
La sobriété a été de mise, lors de cet accueil. Déjà vers 15h, de petits groupes se sont formés. Les rastas, venus nombreux, ont absolument tenu à montrer leur soutien aux leaders du mouvement ‘Y’en a marre’.
"Nous avons tenu à tout faire dans la sobriété, parce que par ces temps qui courent, les manifestations peuvent être infiltrées par les politiques. On ne sait jamais", déclare Mbaye Dieng, ami d’Aliou Sané et membre du mouvement. Les autres leaders, Thiat, Simon sont aussi là.
L’ABSENCE DES POLICIERS ET DE LA SOCIÉTÉ CIVILE DÉCRIÉE
Enrôlée hier, l’affaire de l’étudiant Mamadou Diop, tué lors des violences préélectorales de 2012, a été renvoyée au 7 mai prochain pour plaidoiries. L’absence des prévenus et des organisations de défense des droits de l’Homme a été déplorée par les proches de la victime.
La famille de feu Mamadou Diop devra encore patienter, avant de voir les présumés bourreaux de leur fils jugés. Le procès, prévu hier, a été renvoyé au 7 mai prochain pour plaidoiries. Seuls les témoins et la partie civile se sont présentés à la barre du tribunal correctionnel de Dakar. Il n’y avait pas l’ombre des policiers Tamsir Ousmane Thiam et Wagane Souaré suspectés d’avoir tué l’étudiant, le 29 janvier 2012, à la place de l’Obélisque.
D’ailleurs, le père de la victime a déploré l’absence des prévenus qui comparaissent libres. "J’ignore pourquoi les présumés coupables ne se sont pas présentés. Et aucune raison n’a été avancée pour justifier leur absence", s’est plaint Mama Diop, à la sortie de la salle d’audience.
Outre l’absence des prévenus, celle des organisations de défense des droits de l’Homme a été déplorée. "Nous déplorons le fait que d’autres organisations qui s’agitent au niveau du Sénégal et à l’extérieur, qui sont des Sénégalais qui étaient avec Mamadou Diop, ne soient pas là aujourd’hui", a fustigé le journaliste Mouhamadou Barro, cité comme témoin et porte-parole de la famille de la victime.
Le journaliste a en ligne de mire le mouvement "Y en a marre". "Si nous voulons que la mémoire de Mamadou Diop soit célébrée, si nous voulons que des meurtres de ce genre ne soient pas impunis au Sénégal, il faut que ces gens-là qui s’agitent et qui se disent souteneurs des causes nobles soient là avec les familles qui sont éprouvées. Ils sont allés se battre à l’étranger, mais il faut d’abord commencer à balayer dans sa porte".
Les autorités en ont également pris pour leur grade. "Toutes ces autorités qui étaient avec nous, avec Mamadou Diop quand il tombait. Ces organisations qui s’agitent ailleurs. Tous ceux-là devaient être là au moins pour 30 minutes pour nous témoigner leur soutien. Nous déplorons cela", a asséné M. Barro.
Incompétence du tribunal correctionnel
Par ailleurs, le père de Mamadou Diop a soulevé l’incompétence du tribunal correctionnel, arguant que les policiers doivent être traduits devant une cour d’assises. Etudiant en Master 1 de Lettres modernes, la victime avait été tuée par un dragon de la police, lors de la répression d’une manifestation de protestation contre la validation de la candidature de Me Wade à la présidentielle de 2012.
Alors que la famille de la victime voulait que les policiers soient traduits devant une Cour d’assises, Tamsir Ousmane Thiam et Wagane Souaré ont été renvoyés en audience correctionnelle. Le premier est poursuivi pour coups ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner, le second est accusé de l’avoir assisté. Ce ne sont pas les seules infractions qui pèsent sur eux. Les prévenus sont également accusés de coups et blessures volontaires.
En fait, le député socialiste Cheikh Seck, ingénieur agro-économiste, économiste et fiscaliste, accuse les deux policiers d’avoir porté des coups sur sa personne.
Selon les termes de l’ordonnance de renvoi, Tamsir Ousmane Thiam a "volontairement porté des coups mortels sur la personne de Mamadou Diop, lesquels coups ont entraîné sa mort sans l’intention de la donner ; et d’avoir dans les mêmes circonstances de temps et de lieu porté des coups et fait des blessures sur la personne de Cheikh Seck en lui occasionnant une incapacité temporaire de travail (Itt) de 21 jours."
Son collègue Wagane Souaré, accusé de complicité, a d’après l’accusation, "avec connaissance, aidé ou assisté Tamsir Ousmane Thiam dans les faits de coups mortels sur la personne de Mamadou Diop et de coups et blessures volontaires sur la personne de Cheikh Seck".
L’accusation lui reproche de "s’être, dans les mêmes circonstances de temps et lieu, volontairement abstenu d’empêcher par son action immédiate et sans risque pour lui ou les tiers la commission d’un délit contre l’autorité corporelle des personnes".
Mama Diop demande l’inculpation d’Arona Sy et de Me Ousmane Ngom
Pour autant, la traduction de ces deux policiers est loin d’adoucir la peine du père de Mamadou Diop. Mama Diop estime que tous les coupables n’ont pas été traduits, puisque les commanditaires n’ont même pas été entendus.
"Arona Sy et Ousmane Ngom n’ont même pas été entendus dans la procédure. (...) On devrait même les inculper, parce qu’ils sont les commanditaires. Un véhicule de ce genre qui fonce dans une foule. Si ce n’était pas l’ordre reçu de ces commanditaires, il ne l’aurait pas fait", a soutenu M. Diop. Toutefois, malgré leurs inquiétudes, ces deux proches de Mamadou Diop gardent espoir et sont confiants que justice sera rendue.
NON PARTANTS
Ndéné Ndiaye, Diagne Fada et Oumar ne participent pas aux Primaires du Pds
Sur la dizaine de candidats aux primaires du Parti démocratique sénégalais, qui se sont déclarés, ne figurent pas l'ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, Mamadou Diagne Fada et Oumar Sarr.
Les primaires du Parti démocratique sénégalais (PDS) cachent bien des secrets. Presque tous les potentiels candidats à la candidature du parti libéral, en perspective de l'élection présidentielle de 2017, ont fait faux bond.
Le nom de l'ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye ne figure pas sur la liste des candidats recensés par la Commission chargée de la supervision des primaires.
L'ex-maire de Guinguinéo, dont la candidature était très attendue, a tout simplement préféré ne pas se présenter à ces primaires. Qu'est ce qui explique cette décision ? Mystère et boule de gomme. Pour beaucoup d'observateurs, Souleymane Ndéné Ndiaye, tout comme Aïda Mbodj, est en désaccord avec ses camarades sur les conditions d'organisation de ces primaires, dont le résultat semble connu d'avance.
Il faut souligner que l'ancien Premier ministre, candidat déchu à la présidence du conseil départemental de Kaolack, a toujours exprimé ses ambitions pour la succession d'Abdoulaye Wade à la tête du PDS. Mieux, il a toujours manifesté son refus catégorique de se ranger derrière le fils de l'ancien président de la République, Karim Wade, qui, pour beaucoup, sera le candidat que le PDS choisira pour affronter Macky Sall en 2017.
Les mêmes ambitions d'hériter de la direction du PDS, Mamadou Diagne Fada les a toujours portées. Le souhait le plus ardent de l'actuel président du groupe parlementaire des "Libéraux et démocrates", c'est de succéder à Abdoulaye Wade à la tête du parti libéral, et ensuite le conduire à l'élection présidentielle de 2017, devant le candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY).
Itou pour le coordonnateur du PDS, Oumar Sarr, qui a toujours assuré d'une main de maître l'intérim d'Abdoulaye Wade. Mais à la différence de Souleymane Ndéné Ndiaye et de Mamadou Diagne Fada, son retrait de la course pour la direction du parti et la présidentielle de 2017 pourrait bien se comprendre en ce sens qu'il ne s'est jamais caché d'être un pro-Karim.
Récemment, dans la presse, le maire de Dagana a déclaré que Karim Wade est le candidat idéal pour conduire le parti à l'élection présidentielle de 2017, au vu du contexte actuel et de la réalité que vit le parti. Il n'empêche que certains décèlent dans cette prise de position un véritable stratagème, qui risque d'être payant une fois que le fils de l'ancien président de la République est disqualifié de la course présidentielle par une condamnation...
MBOW, UNE VIE DE COMBAT
2EME GUERRE MONDIALE, UNESCO, ASSISES NATIONALES ETC.
Où puise-t-il force et lucidité d'esprit pour tenir en équilibre malgré les nombreux soubresauts qui jalonnent sa vie ? Amadou Makhtar Mbow souffle ce vendredi 20 mars 2015 ses 94 bougies. Le poids du temps n'y fait rien, le doyen Amadou Makhtar Mbow n'a pas encore pris sa retraite. Il continue d'imprimer ses marques sur la marche du pays, de façon plutôt discrète. Le paquet de réformes de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) qu'il a dirigée après les Assises nationales et la chute du régime de Me Abdoulaye Wade, le place malgré lui au cœur de l'actualité du pays. Panafricaniste, intellectuel, humaniste et homme d'action, Amadou Makhtar Mbow n'a sûrement pas encore fini de faire parler de lui.
"Qui veut aller loin ménage sa monture", dit le proverbe. Amadou Makhtar Mbow n'a pourtant pas bien ménagé sa monture. Né à Dakar en 1921, il expérimente très tôt le cauchemar douloureux de la guerre. Il n'a que 18 ans lorsqu'il s'engage dans la seconde guerre mondiale, sous le drapeau français, jusqu'à sa démobilisation en 1945. Il poursuit alors des études d'ingénieur aéronautique en France puis entre à la Sorbonne. Il y obtient une licence ès-lettres d'enseignement. Panafricaniste convaincu, Amadou Makhtar Mbow préside l'Association des Étudiants de Paris et fonde la Fédération des Étudiants africains en France. Revenu en Afrique, sa carrière d'enseignant le conduit en Mauritanie puis au Sénégal où il gagne en galon lorsqu'il devient ministre de l'Éducation et de la Culture pendant la période d'autonomie interne. Mais Amadou Makhtar Mbow reste fidèle à sa vision d'une Afrique libre et maîtresse de son destin. Il démissionne et s'engage dans la lutte pour l'indépendance du Sénégal. Celle-ci acquise, M. Mbow devient ministre de l'Education nationale (1966-1968), puis de la Culture et de la Jeunesse (19681970) et député à l'Assemblée nationale, au Conseil exécutif en 1966 et au Conseil municipal de Saint-Louis.
Une vie de combats
En 1970, il est d'abord nommé sous-directeur général de l'UNESCO pour l'éducation. Et quatre ans plus tard, Amadou Makhtar Mbow est élu à la tête de cette prestigieuse organisation et lui impulse les gènes de son combat pour l'égalité universelle des chances à travers l'éducation, la culture et les technologies. Une démarche clairement exprimée dans son discours d'intronisation prononcé le 19 novembre 1974. Amadou Makhtar Mbow dira : "L'humanité est condamnée à vivre dans l'ère de la solidarité si elle ne veut pas connaître celle de la barbarie. [...] Mais la solidarité implique plus : elle commande que, par-delà la diversité, on s'efforce de bâtir à l'échelle mondiale un ordre économique social et culturel nouveau qui transcende les égoïsmes nationaux et permet à l'homme d'organiser rationnellement l'espace de telle sorte que chacun puisse y vivre libre et heureux, dans la fraternité avec son prochain". Il est réélu à la tête de l'UNESCO en 1980. Mais son franc-parler lui vaudra beaucoup d'ennemis jusqu'à son départ de l'institution en 1987.
Au Sénégal, les jeunes générations se souviennent de ce patriarche de 87 ans appelé en 2008 pour présider, pendant près d'un an, les Assises nationales ayant réuni les principaux partis d'opposition au pouvoir du président Abdoulaye Wade et des dizaines d'organisations de la société civile. Certaines critiques sont cependant émises sur la moyenne d'âge très avancée des Assisards. Faut-il soupçonner une révolution de "papys" en quête de pouvoir ? Certains font aisément le pas mais Amadou Makhtar Mbow est tenace et déterminé à impulser une nouvelle direction à la marche du pays. Indépendant d'esprit, patriote imbu d'une démarche consensuelle, il rencontre le chef de l'État de l'époque, Me Abdoulaye Wade qu'il ne réussit cependant pas à convaincre de prendre part aux Assises. Pendant un an, les Assisards vont travailler suivant une méthode participative qui lui donnera toute sa légitimité. Alors que le Sénégal se cherche une nouvelle voie et un nouveau destin dans un bouillonnement politique indescriptible né du refus du peuple de céder aux velléités de dévolution monarchique du pouvoir prêtée à Abdoulaye Wade, le doyen Mbow est là pour baliser le chemin. Avec ses collaborateurs, il produit une charte de la bonne gouvernance devenue par la force des évènements la feuille de route de l'opposition significative au président Wade. Le 24 mai 2009, Amadou Makhtar Mbow prononce officiellement la clôture des Assises.
Le candidat Macky Sall, arrivé en deuxième position du premier tour de l'élection présidentielle de 2012, rend visite à Amadou Makhtar Mbow qui, selon les propres termes de Macky Sall, "représente moralement toutes les parties prenantes des Assises". Pourtant, M. Sall était le seul candidat à l'élection présidentielle à avoir signé, sous réserve, les conclusions des Assises nationales. Sous réserve ? Certains disent qu'il avait plutôt signé sans réserve. Mais au sortir de sa rencontre avec Amadou Makhtar Mbow, il assure qu'il veillera à ce que les conclusions des Assises nationales soient appliquées. Macky Sall espérait alors rallier à sa cause tous les candidats ayant pris part aux Assises, avec la médiation du patriarche Mbow.
Elu président de la République, le président Sall met en place une Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) chargée de "formuler toutes propositions visant à améliorer le fonctionnement des institutions, à consolider la démocratie, à approfondir l'Etat de droit et à moderniser le régime politique". Il nomme Amadou Makhtar Mbow Président de ladite Commission. Une nouvelle fois, le Doyen se remet à la tâche pour son Sénégal. Infatigable, il produit un rapport contenant plusieurs propositions allant dans le sens de réformes en profondeur des institutions qu'il remet au président de la République.
Chantiers encore inachevés...
C'est un travail de 15 mois dans lequel Amadou Makhtar Mbow élabore un projet de constitution qui comporte un préambule et 154 articles regroupés en 14 titres. Amadou Makhtar et son équipe préconisent "des mandats à durée strictement limitée avec des possibilités de renouvellement restreintes". Ils demandent également que les dirigeants déclarent leur patrimoine, rendent compte de leur gestion et soient passibles de sanctions s'il y a lieu. Ils proposent également que les hautes fonctions de dirigeants soient régies par des incompatibilités strictes.
La Commission nationale de réformes des institutions recommande ainsi une "précision et un renforcement des missions attachées à la fonction de président de la République, une normalisation de la fonction de ministre, la réglementation du fonctionnement des institutions dans l'hypothèse du chevauchement de majorités".
Il est aussi demandé "l'élargissement de la mission du parlement, monocaméral maîtrisant mieux le travail parlementaire avec un pouvoir d'amendement renforcé, une représentation minimale garantie à la minorité, un encadrement des conditions de sa dissolution". Last but not least, il est préconisé une "réorganisation de la hiérarchie judiciaire avec, à son sommet, une Cour constitutionnelle renforcée en nombre, aux compétences élargies, au choix des membres diversifié tant par leur origine que par leur source de désignation".
Mais le président de la République, au cours d'une rencontre avec la coalition Macky 2012, le 18 septembre 2014, a profité de l'occasion pour rejeter le projet de constitution de la Commission nationale de réforme des institutions qui propose un régime parlementaire. A ce sujet, Macky Sall dit n'avoir pas commandé un projet de constitution à Mbow et Cie, mais plutôt des modifications de certains articles de l'actuelle constitution. Foncièrement opposé à l'instauration d'un régime parlementaire au Sénégal, pas du tout disposé à se décharger de ses fonctions de Président de l'Apr pour rester président de la République du Sénégal tout court, le chef de l'Etat a néanmoins salué le travail de la commission nationale de réforme des institutions pilotée par Amadou Makhtar Mbow. Ce qui n'a pas empêché certains responsables d'attaquer le doyen Mbow. Mais l'homme a la carapace dure. Et même les piques d'Abdoulaye Wade ne l'ont pas détourné de son but.
Aujourd'hui, certaines propositions connaissent un début d'examen, comme la réduction (promise) du mandat du président de la République, de 7 à 5 ans, qui sera proposée aux Sénégalais par un référendum dont Macky Sall annonce sa tenue pour le mois de mai 2016. Pour le reste, les propositions du doyen Mbow butent sur la volonté politique du pouvoir qui dit vouloir garder la Constitution du Sénégal qui est la preuve de la stabilité du pays.
Qu'importe ! Les 94 ans révolus, Amadou Makhtar Mbow peut fièrement suivre tout le reste des péripéties de son travail avec le sentiment du devoir accompli. Enseignant pendant une bonne partie de sa vie, il a eu à être au contact du peuple réel et des classes défavorisées. D'où son humanisme débordant. Meilleure reconnaissance ne saurait lui être rendue par la nation, de son vivant, en accélérant le processus d'examen et d'application des réformes (surtout celles judiciaires) utiles à la marche du pays et pour les futures générations.
Le week-end passé, les déclarations de Me Amadou Sall à Guédiawaye et la série d'arrestations effectuée à Pikine ont distendu un peu plus l'atmosphère, à quelques jours de la fin probable du procès de Karim Wade. Malgré cette agitation sociale, la jeunesse de la banlieue refuse d'être les agneaux du sacrifice du jeu politique.
"Nous disons non à la manipulation par les hommes politiques. Nous avons besoin de travailler et de faire avancer le pays". Modou Fall se dit businessman et invite ses jeunes concitoyens de la banlieue à ne pas être victimes de la situation hypertendue d'avant verdict du procès de Karim Wade.
"Il faut que la jeunesse de Pikine se réveille. Les politiques qui tirent les ficelles sont une infime minorité d'à peine 1%. Celui qui se laisse manipuler, c'est son problème. Le Sénégal ne se limite pas qu'au verdict du 23 mars ", déclare-t-il. Cet homme d'affaire établi sur l'avenue Pikine Tally boumack discute civisme, en compagnie de quatre menuisiers.
Sur notre interpellation, tout le monde se lâche dès que l'arrestation de Bathie Séras et Amina Nguirane est évoquée : "C'est notre lutteur, nous ne lui souhaitons aucun mal. Mais qu'il se défende de ces accusations car nous sommes dans un pays de droit. S'il est établi qu'il n'a rien fait, il sera libre", poursuit le jeune Fall, en ajustant ses lunettes noires bien assorties à son ensemble jean.
Sur cette grande avenue, les lits doubles en vente jalonnent les trottoirs sur une centaine de mètres. Les artisans sont à l'œuvre et la plupart de ces Pikinois veulent se départir de cette réputation de banlieue violente qui leur colle à la peau.
Ecoliers à la descente, désœuvrés, vendeurs du secteur informel..., la jeunesse de la ville la plus peuplée du Sénégal dit ne plus vouloir servir de chair à canon politique à des individus en manque de popularité. Dans ce "vivier" électoral, traditionnellement favorable au parti démocratique sénégalais (Pds), les jeunes ont toujours porté les plus âpres batailles de Abdoulaye Wade.
A titre d'illustration, l'Apr a été défait par les libéraux lors des dernières locales de 2014: 7 communes d'arrondissement contre 5 sur les 16 que compte le département. Les autorités craignent-elles que ce bastion libéral soit le point de départ d'une contestation le jour du verdict ?
En tout cas, le secrétaire général de l'Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl) de Pikine nord, Cheikh Omar Talla, trouve cette série d'arrestations troublantes. Pour lui, cette rebuffade des partisans libéraux est la résultante d'une oppression politique.
"Quand l'opposition est stigmatisée et n'a pas un cadre légal, ou se voit interdire de manière systématique la parole, elle doit apporter une réponse appropriée. Toutes ces arrestations sont politiques et méritent une réponse politique", se défend-il.
Prisme déformant de la presse
Toujours est-il que la plupart des résidents se démarquent de toute marque de violence qu'on voudrait imputer à leur département. Selon eux, les quartiers de la banlieue ne serviront pas de couveuse à une quelconque contestation le jour du verdict du procès de Karim Wade.
Devant les murs "graffés" de l'école Chérif Mouhamadou Tijani, le marché de Bountou Pikine bat son plein. A l'arrêt des voitures 'clandos', un groupe de retraités discute des titres de la presse du jour. Pour eux, le fils de l'ancien président est "un justiciable sénégalais qui doit répondre de ses actes au même titre que le voleur de volaille qui croupit à Rebeuss".
A ce titre, ils ne comprennent pas la défense "politicarde" qui s'organise en sa faveur ainsi que les répliques malvenues des partisans du pouvoir.
"La force publique a bien géré la situation jusque-là. C'est leur rôle de maintenir la sécurité des personnes et des biens. Ils ont procédé à des arrestations sur la base de leurs renseignements. Il ne faut laisser personne déstabiliser le pays, qu'ils soient partisans de l'opposition ou du pouvoir ", défend Amadou Tall, en costume cravate.
Un peu plus à l'intérieur, dans les ruelles de Dagoudane, ça débat ferme entre un groupe de jeunes sur l'action d'éclat des membres de Y'en a marre. Mais le sujet change avec la série d'arrestations qu'on note depuis le week-end passé. La séance de thé en est à la deuxième cuisson devant un mur plein de graffitis, dans ce populeux quartier.
Les cris des plus jeunes fusent d'une partie animée de babyfoot. Pour ces jeunes désœuvrés, la situation n'est pas si délétère qu'elle n'y paraît car c'est le prisme déformant de la presse qui amplifie ce problème.
"A longueur de journée, on ne parle que de ça à la radio, à la télé et dans les journaux. Bathie Séras a été arrêté ; et alors ? A ce que je sache, les inculpés pour enrichissement illicite ne sont pas de la banlieue. Pourquoi donc vouloir en faire l'épicentre de la violence à Dakar ?" se demande Ibou Touré, très remonté contre l'image que les médias véhiculent sur son département.
Ramassage des pneus
"Par ces temps qui courent, même nous les vulcanisateurs avons beaucoup de problèmes avec nos pneus", confie El Hadj Tall, penché sur une grande cuvette d'eau où est plongée une chambre à air. Les autorités préfectorales prennent les devants depuis l'interpellation du lutteur pikinois Bathie Séras.
Dans les rues sablonneuses ou bitumées des quartiers, pas de pneus. Les parents interdisent même aux enfants de jouer avec depuis que les forces de l'ordre ont accentué la sécurisation de la banlieue. Mercredi, une opération de ramassage de ces objets usés a été organisée par le préfet Guedj Diouf lui-même en commençant par Thiaroye, puis Pikine Dagoudane et les Niayes. Plus de 400 pneus avaient été collectés.
Malgré une opposition ferme, Cheikh Omar Talla de l'Ujtl tient tout de même à rassurer quant au déroulement de l'audience de lundi. "Nous avons construit ce pays et nous n'avons pas intérêt à le détruire. J'appelle à la sérénité tous les Sénégalais et les hommes politiques pour qu'ils comprennent que nous devons préserver tous ces acquis démocratiques", déclare-t-il.