Historien de formation et ancien ministre de l’Education nationale sous le régime de Me Abdoulaye Wade, Kalidou Diallo n’est pas un homme à user de la langue de bois. A cœur ouvert avec "L’As", il est revenu sur son militantisme politique, ses rapports avec Karim Wade et Me Wade. Homme du sérail, l’ancien ministre de l’Education nationale s’est aussi prononcé sur les mouvements d’humeur des enseignants, du primaire au supérieur.
L’As : Etes-vous toujours au parti démocratique sénégalais ?
Kalidou Diallo : J’ai quitté le parti démocratique sénégalais (Pds) depuis mars 2013.
Vous êtes un ancien communiste aussi ...
En 1989, j’étais en Union Soviétique en tant que membre du Bureau politique du Pit pour voir l’impact de Gorbatchev et de la Perestroïka sur l’évolution du communisme et les fondements historiques de cette situation. De retour de Moscou, j’ai présenté un rapport pour dire que le communisme tel que je le concevais est dépassé parce que l’Urss qui en était le modèle est presque en lambeaux. J’ai fait un rapport pour dire que le communisme est condamné à se démocratiser et que le capitalisme est contraint à se socialiser et il y aura une rencontre des valeurs universelles de deux systèmes et qu’on va vers un système de valeurs mondiales.
Dans ce cas, comment êtes vous devenu libéral alors ?
Abdoulaye Wade m’a décelé en 2006. Il m’a adressé un courrier pour dire qu’il a décidé de me nommer membre de l’administration générale du Pds, chargé des questions syndicales, universitaires. Et qu’il a instruit Abdoulaye Faye pour que le parti ne réfléchisse plus sur ces questions sans se référer à mes analyses. J’étais une sorte d’expert pour le Pds sur les questions de l’université. C’est de là d’ailleurs que j’ai travaillé avec la crème actuelle de la jeunesse de Macky Sall : Thérèse Faye, Abdou Mbow, Birame Faye, Moise Sarr. C’est après que Me Wade a décidé d’institutionnaliser nos relations parce qu’il disait qu’il voulait créer un nouveau type de syndicalisme au Sénégal. Un syndicalisme de développement et non de grève. J’ai beaucoup travaillé à ce que Me Wade accepte la Cnts et se rapproche de Modou Guiro. Il avait une certaine conception de la Cnts qui, pourtant, n’était plus affiliée à un parti politique. Le grand paradoxe du Pds, c’est que tout en étant anti-syndicat, il a favorisé la création de syndicats et entretenu des syndicats qui ne sont pas très représentatifs. Or les syndicats dans lesquels se trouvent les travailleurs ont l’impression que le régime leur est hostile.
En septembre 2007, le Président Wade m’a demandé de venir le voir dans sa seconde résidence. Il me dit : "professeur, j’ai appris que vous êtes un grand spécialiste des questions syndicales en Afrique. Depuis que je suis là en 2000, j’ai augmenté les salaires, amélioré les statuts et la formation, mais aucun syndicat ne m’a jamais félicité. Je veux savoir pourquoi et aidez-moi à le comprendre". Je lui ai dit qu’il est responsable de cette situation. Il me répondit : "ah bon" ! Je lui ai dit : "Oui, vous entretenez des syndicats qui ne sont pas représentatifs et votre option idéologique est contre le syndicalisme. Donc, c’est normal que les syndicats se méfient de vous. Et le syndicat que vous entretenez n’ose pas vous féliciter, sinon ses membres vont quitter parce qu’il y a une culture de participation et de contribution qui a changé les choses". Il m’a demandé de lui faire un rapport dans deux jours. Je lui ai proposé un délai de deux semaines.
Le lendemain, par hasard, le Président Macky Sall, Abdou Fall et Ablaye Faye sont venus le voir. Il leur a raconté les détails de nos échanges et émis le souhait que je l’accompagne en Arabie Saoudite où il était invité par le Roi pour faire le pèlerinage. Quand Me Wade m’a appelé, je lui ai dit que je ne pouvais pas partir parce que je devais terminer ma thèse de doctorat d’Etat. Macky Sall a pris le téléphone pour me dire en puular : "Quand un Président a besoin de toi pour le pays, il faut l’accepter car le jour qu’il te tournera le dos, ce sera fini". Alors je suis parti avec lui. Au retour, il m’a nommé ministre-conseiller et après, ministre de l’Education nationale en 2009. Je n’avais pas encore pris la carte du Pds. J’ai pris la carte du Pds en 2011 en même temps que Karim Wade. Nous sommes entrés le même jour au comité directeur du Pds. Le Pds était un peu hostile à nous.
En 2009, après les élections locales, le Président Wade a convoqué Karim Wade et moi. Il a dit à Karim Wade : "Beaucoup de gens se sont plaint en disant que la Génération du Concret a gêné le Pds lors des élections. Il faut donc que tu dissolves la structure". Karim a répondu à Me Wade : "M. le Président, je dis non parce que la Génération du concret, c’est mon bébé comme le Pds est le vôtre. Moi je considère que le Pds et le Ps, c’est la même chose du point de vue des pratiques et des hommes. Avec la Génération du Concret, je veux créer une structure qui voit la politique autrement". On s’est séparé dans le désaccord. Me Wade lui a dit : "Tu penses que tu peux réussir en politique sans le Pds et les hommes qui ont été toujours avec moi ?". Karim Wade répond : "Oui, je peux réussir en politique avec les gens de ma génération, de ma vision, qui sont dans tous les partis d’ailleurs. On va se retrouver en tant que nouvelle génération". C’est pourquoi parfois, j’étais très mal à l’aise quand j’entendais les gens parler de dévolution monarchique.
En fin 2010, j’étais avec Karim Wade et Robert Bourgi à Téhéran. On était parti pour négocier le financement des Daaras modernes. Bourgi a dit à Karim : "Pour la présidentielle de 2012, le Président Wade par rapport à son âge et tout ce bruit-là, je pense que ce n’est pas évident. Tu dois prendre tes responsabilités et te présenter candidat de la Génération du Concret. Si tu ne passes pas, tu le seras la prochaine fois. Tu pourras réussir à deux conditions : que tu fasses le terrain pour connaître le Sénégal et que tu parles une langue locale". Karim a promis que dès son retour il le fera.
La veille du second tour, des membres de la Commission Européenne m’ont demandé s’il y a une relève au Pds. Je leur ai répondu que je ne vois pas de relève dans le Pds parce que le Pds est managé et structuré de telle sorte qu’il n’y a pas de relève. Mais je sais que Karim peut l’être. Parce qu’il est le bras constructeur et investisseur des réalisations de Wade. S’il accepte de s’investir dans la Génération du Concret, il aura de l’avenir. Et 48 h après la défaite de Me Wade, j’ai envoyé à Karim un long email pour dire qu’on a perdu la présidentielle, mais qu’on aille aux législatives sous la bannière de la Génération du Concret. Et si on obtient un député, ce sera lui et on aura un noyau de base pour l’avenir. Karim Wade ne m’a pas répondu jusqu’à ce jour.
Et lorsque j’ai décidé de quitter le Pds, Karim m’a appelé (c’est à 10 jours de son emprisonnement). Ce jour-là, je suis allé chez lui au Point E et on a eu une discussion pendant une heure. A un certain moment, on s’est chamaillé et j’ai boudé pour retourner dans ma voiture. Il m’a suivi et m’a tiré de la voiture et il me dit : "Kalidou honnêtement, maintenant je t’écoute et dis-moi ce que tu attends de moi". Je lui ai répondu que je lui ai toujours conseillé de prendre ses responsabilités à travers la Génération du Concret, mais que cela n’a jamais été son option. Qu’il a opté d’intégrer et de travailler dans le Pds. Lorsqu’il prendra le pouvoir au Pds, on dira que c’est une dévolution monarchique. Je considère que mon option est meilleure. Il me dit d’accord. Je lui réponds : "mais c’est trop tard parce que j’ai décidé de quitter et même de travailler avec le Président Macky Sall à travers le mouvement que j’ai créé".
Vous faites croire à Karim Wade qu’il a de l’avenir avec la Génération du concret et vous le lâchez pour Macky Sall. pourquoi cette attitude ?
Karim et Me Wade ne m’ont jamais parlé de la dévolution monarchique du pouvoir. Ce n’était pas dans leurs intentions. Cela n’a jamais été l’option de Me Wade. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour qu’il y ait cette idée dans la tête des Sénégalais. Mais lui aussi (Ndlr, Karim) qui est une forte personnalité n’a pas contribué à dissiper cette idée. En privé, il n’a jamais montré qu’il est soumis à son père, mais de l’extérieur les gens pensent le contraire.
Selon vous, pourquoi Karim Wade a hésité à prendre son destin en main ?
D’abord, il ne voulait pas gêner son père. Son père ne voulait pas non plus. Ensuite, il était conscient que l’entourage politique de son père n’était pas favorable. C’est très difficile dans la pratique de faire face au parti de son père. La Génération du Concret n’était pas politique, elle n’était pas structurée et il n’y avait pas de réunion. Avec des gens comme Assane Ba, Abdoulaye Baldé, Cheikh Diallo etc, nous n’avons jamais tenu une réunion ensemble.
Avez-vous rendu visite à Karim Wade en prison ?
Non, je ne suis pas allé le voir. Et j’ai expliqué une fois les raisons. Lorsque j’ai perdu mon fils aîné, tout le Sénégal est venu me présenter des condoléances sauf lui et d’autres. Mais je dis toujours que je suis de tout cœur avec lui.
Qu’est-ce qui vous a poussé à soutenir le président Macky Sall ? vous êtes donc un transhumant ?
C’est lui qui m’a appelé. Dans l’histoire politique du Sénégal, les hommes politiques ont la culture de s’opposer et de se retrouver. C’est le cas de Galandou Diouf et Lamine Guèye, Lamine Guèye et Senghor, Senghor et Abdoulaye Wade, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et pour Macky Sall, regardons l’avenir. Quand vous regardez l’histoire des bureaux politiques et des directions politiques, vous verrez que c’est un brassage.
Même lorsque Macky Sall était dans l’opposition, à chaque fois qu’il avait besoin de moi en tant que ministre de l’Education nationale pour intervenir dans un collège, un lycée, je l’ai aidé. Les Youssou Touré et Ameth Suzanne Camara, on a été des amis jusqu’à ce que cette histoire éclate. Ce sont des mesures administratives qui ont été prises contre eux et je ne le regrette pas. Si c’était à refaire, j’allais le faire. Ameth Suzanne Camara avait abandonné sa classe du mois d’octobre à mars et son directeur d’école a fait un rapport. Son inspecteur a coupé son salaire. Et Dieu m’est témoin, chaque mois il venait dans mon bureau et je lui donnais son salaire. Je lui disais que c’est mon soutien. Ses frères et sœurs en sont témoins. Il a même été arrêté un jour pour être envoyé en prison, c’est moi qui suis intervenu. Jusqu’à présent, je ne sais pas pourquoi il m’attaque.
Pour Youssou Touré, je peux dire que nous sommes restés des amis dans le syndicat, même en tant que ministre on a beaucoup travaillé. Lui aussi, ce qui s’est passé n’était pas de ma responsabilité. Un rapport de l’Inspection d’académie de Dakar a démontré les pratiques qu’il faisait dans l’école. C’est l’inspecteur qui l’a suspendu. Malgré cela, on continuait à collaborer. Lorsqu’ils ont eu des difficultés, le Président Macky Sall qui était dans l’opposition m’a appelé pour me dire : "j’ai deux enseignants qui ont perdu leur situation de salaire". Je lui ai répondu : "M. le Président, si vous me donnez des instructions, même en dehors du gouverne ment, je l’applique". D’ailleurs, lorsque Macky Sall m’appelait, Ameth Suzanne Camara était dans mon bureau. J’ai appelé l’inspecteur pour lui demander d’arrêter la sanction. Et Ameth Suzanne Camara a réclamé un rappel de son salaire.
Quels sont vos rapports avec me Wade ?
Abdoulaye Wade continue à être mon maître, mon papa, ainsi que Mme Wade. Je leur suis reconnaissant pour tout ce qu’ils ont fait pour moi. Wade est d’une générosité inégalable. Même le jour où je devais rencontrer Macky Sall, je l’ai averti et il m’a appelé pour me dire : "Vas-y et s’il te demande de travailler avec lui pour le Sénégal, il faut accepter. Mais s’il te demande d’intégrer son parti, il faut être prudent". On échangeait des email jusqu’à un moment. Une fois à Paris, je l’a appelé pour lui rendre visite, mais j’ai eu l’impression qu’il ne voulait que je vienne.
Quelle appréciation faites-vous des attaques de me Wade contre la famille de Macky Sall ?
J’ai fait mon mémoire de maîtrise sur les grandes familles du Fouta. Donc je connais l’histoire des grandes familles. Je sais que par sa famille le Président Macky Sall appartient au Sébbékoliyabé et je connais ce qu’ils représentent dans le Fouta. C’étaient des collaborateurs de l’armée de Koly et même lorsque l’Almamiya est venu, il était obligé de collaborer avec eux. Donc, ils sont des torodos. Maintenant, le fait que le Président Wade le dise, on peut considérer que c’est un père qui s’adresse à son fils. Et je comprends également l’attitude d’un père qui a été déçu par le comportement de son fils par rapport à l’affaire Karim Wade.
Est-ce une raison d’arrêter la traque des biens mal acquis ?
Est-ce que vous connaissez le général Pétain ? C’est lui qui avait livré la France à l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale. Au nom de ce qu’il avait fait pour la France, après les procès de la Seconde Guerre mondiale, on n’a pas appliqué la justice sur lui au nom de ce qu’il avait fait pour son pays. Le Président Wade, au nom de ce qu’il a fait pour le Sénégal, pour moi la justice peut être faite. Je souhaite que le Président Macky Sall prenne la mesure de ses responsabilités et qu’il dépasse cette situation. En tant que président de la République, il aura plus de sérénité dans sa gouvernance.
Dans quelle mesure les syndicats sont-ils responsables de la politisation de l’école ?
Je vais inverser la question. Parce que la vocation de tout syndicat, c’est la défense des intérêts des travailleurs. Par exemple, la grève du Saes. Il ne s’agit pas de questions salariales, mais institutionnelles parce que c’est un problème d’orientation majeure. Aux Etats Unis, les universités sont autonomes et sont considérées comme des associations. Et il y a des conseils d’administration où il y a une représentation extérieure, mais partout il y a l’autonomie. En France, la loi Savary en 1984 a créé des conseils d’administration, mais ce sont les universitaires qui étaient toujours majoritaires. C’est à partir de 2010 avec Sarkozy qu’il y a eu des modifications très fortes et le ministre de l’Enseignement supérieur nomme le recteur, oriente et fixe les frais d’inscription. Alors, la réforme actuelle au Sénégal, c’est à peu près la même chose. Je pense que le Saes et les autres syndicats ont raison. Hier (Ndlr, vendredi), ils ont fait de grandes avancées. D’après les informations que j’ai eues, le gouvernement est prêt à revoir les textes. Et s’ils n’ont pas signé hier un protocole d’accord, c’est que le Saes a introduit une nouvelle revendication, c'est-à-dire les accords de 2011 sur par exemple la réforme des grades. Le Saes veut profiter de la situation pour en faire un accord unique. J’espère bien qu’ils trouveront un accord lundi. Donc, on ne peut pas dire que ce sont les syndicats qui sont responsables de cette situation.
Je pense que de plus en plus la politisation syndicale a diminué, même si les partis politiques tenteront toujours de contrôler les syndicats. Maintenant, c’est aux syndicats de montrer qu’ils ont la force de ne pas être politisés. Aujourd’hui, tous ces syndicats qui étaient proches des partis politiques sont ouverts aux nouveaux corps de l’enseignement qui sont devenus majoritaires dans le système et qui ont créé un syndicat de type "alimentaire", parce qu’ils étaient sacrifiés. Ils n’avaient pas de salaire et n’avaient pas le droit d’aller en grève, il fallait qu’ils se battent pour être reconnus.
Quelle solution aux grèves cycliques ?
On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. Il faut voir d’abord ce qui provoque les grèves. Moi-même, j’ai été victime des grèves, pourtant je suis de la famille.
Est-ce les ponctions de salaires qui ont fait peur aux enseignants ?
Si j’avais été suivi, il n’y aurait pas autant de grèves. Parce que les textes sont très clairs. Le salaire, c’est après service fait. Et aucune organisation syndicale dans le monde ne peut soutenir des mois de grève sans salaire. Au Sénégal, si on applique les textes, il y aura des grèves, mais pas d’une telle ampleur. Mais les situations politiques sont telles que les régimes ont peur de mécontenter les syndicats. C’est la puissance de l’éducation dans le pays qui fait que les gouvernements sont obligés de faire avec les syndicats, malgré les critiques et les grèves.
Vous semblez imputer la responsabilité au ministre de l’Enseignement supérieur. Est-ce sa vision qui pose problème ou y a-t-il un manque d’implication des syndicats ?
Le Pr Mary Teuw Niane a la vocation, l’engagement et normalement il doit réussir. Mais je lui reproche deux choses. Du fait de son volontarisme et de son engagement, j’ai eu le sentiment qu’il n’a pas suffisamment collaboré avec le syndicat. Or, la structuration est faite de telle sorte qu’on ne peut rien faire à l’université sans le Saes, le Sudes et les étudiants. Dans le comité de réflexion sur l’enseignement supérieur que dirigeait le Pr Souleymane Bachir Diagne, il n’y avait aucun syndicat. Cela a été une erreur de départ. Le fait de voter la loi cadre sans revenir aux enseignants a été une erreur de coaching. Donc, il a eu un excès de confiance par rapport à la force de la loi, or ça ne marche pas avec les enseignants du Supérieur. Les hautes autorités ont compris cette situation.
Que pensez-vous de la loi sur les daaras modernes, qui est récusée par certains maîtres coraniques ?
Pour l’essentiel, je suis l’auteur du texte. L’inspection des Daaras modernes, la fédération des associations des maîtres coraniques et tout le processus pour recenser les daaras, j’en suis l’auteur. Nous avions organisé un congrès présidé par le Premier ministre et on a signé une convention. Les 10 milliards pour le financement des daaras, c’est également nous qui avions négocié cela et Karim Wade avait signé la convention. Mais j’ai eu l’impression qu’il y a eu un problème de coaching du nouveau ministre de l’Education par rapport à cette question. Les personnalités fortes qui soutenaient le projet se sont senties délaissées au profit d’autres. Même le fait d’aller voir directement les Khalifes généraux ne règle pas les problèmes. C’est comme en politique, les "ndigeul" ne sont pas toujours respectés. C’est la Ligue des maîtres coraniques qui est allée voir le Khalife général des mourides pour lui exprimer son désaccord. Je pense qu’il sera très difficile, avec ces contestations, de revenir à quelque chose de sérieux. Quand il y a un mauvais coaching, c’est fini. Les gens interprètent très mal les choses alors que c’était un projet noble, mais mal expliqué.
Que pensez-vous de l’appel à candidatures au pds pour la présidentielle de 2017 ?
Je comprends parfaitement qu’à la veille d’un verdict on change de stratégie, pour qu’on dise que c’est un candidat qui a été condamné. Pour moi, Karim Wade n’a pas besoin de ces coups de pouce là. Il a suffisamment de personnalité, de force et de vision pour voler de ses propres ailes. Je sais qu’il n’est pas demandeur, mais on ne peut empêcher des militants de l’exprimer.
Jusque tard dans la nuit, les trois "y en a maristes" étaient encore dans les locaux de l'Agence nationale des renseignements de la Rdc où ils sont retenus depuis trois jours, en même temps que d'autres jeunes venus du Burkina et des journalistes venus des EtatsUnis. Malgré l'intense lobbying du ministère des Affaires étrangères, ils ne sont pas encore tirés d'affaire. Madame Reyhane Sow Thimbo, le consul honoraire du Sénégal, est en train de tout faire pour les tirer d'affaire. Hier, son fils Ibrahim Thimbo et son chargé d'affaires leur ont apporté à diner. Une fois dans les lieux austères, les visiteurs sont privés de leurs téléphones, d'où l'impossibilité pour eux d'entrer en contact avec l'extérieur. Hier donc, Malal Talla, Aliou Sané et Fadel Barro ont communiqué les numéros de téléphone de leurs proches pour que le gouvernement puisse les rassurer qu'ils se portent bien.
Un conseiller dépêché de Libreville
Instruit par le Président Macky Sall, Mankeur Ndiaye a écrit une lettre d'excuses dans laquelle il rappelle les relations cordiales entre nos deux pays, qu'il a déposée à l'ambassade de la Rdc à Dakar. Mais le gouvernement congolais qui les considère comme des terroristes n'avait pas encore lâché du lest, jusqu'au moment où nous mettions sous presse. Les autorités congolaises se sont réunies longuement hier soir au niveau de l'agence, mais nos sources ne sont pas en mesure de révéler les décisions sorties de la réunion. Mais, selon nos informations, un diplomate sénégalais venu de Libreville est attendu aujourd'hui à Kinshasa pour prêter main forte à Reyhane Sow qui est née et a grandi dans ce pays où elle a été nommée en 2010 par Me Wade, en remplacement de Abou Thimbo, son défunt époux qui est aussi oncle du Président Macky Sall.
Un conseiller dépêché de Libreville (bis)
La crainte des autorités consulaires sénégalaises, d'après nos informations, est justement la durée de la garde-à-vue qui peut être prolongée infiniment. Car, selon des sources congolaises, malgré la fin de la durée légale de la garde-à-vue ils peuvent rester encore dans les locaux de l'Aner, si la carte diplomatique ne réussit pas. Quid de leur état de santé ? "Ils sont avec des Burkinabé, mais c'est le Sénégal qui a réagi avec plus de vigueur. Ils ont eu de la chance car le quartier Massina où ils se produisaient est réputé dangereux. Mais Dieu merci, ils n'ont pas été brutalisés et ils sont sains et saufs. Maintenant la diplomatie est en action pour les libérer", a affirmé le Consul honoraire.
Y en a marre
Interpellée sur l'arrestation de trois membres du mouvement "Y en a marre" au Congo, Thérèse Faye a marqué sa solidarité à ces derniers qui, indique-t-elle, sont des jeunes Sénégalais, même si leurs positions sont contraires. Cependant, elle révèle que cette arrestation prouve l'avancée de la démocratie sénégalaise. " Ce qu'on peut dire au Sénégal en toute liberté, dans la paix et la tranquillité, n'est pas valable ailleurs ", révèle la patronne de la Cojer qui rappelle que le Sénégal est un Etat de droit qui vit la liberté d'expression. "Le Sénégal est un Etat démocratique et ses responsables incarnent cette démocratie, et au premier chef le président de la République ", souligne Mme Faye.
Mamadou Sèye libre
Pendant que des membres de la famille libérale ont passé hier leur première nuit en prison, l'ancien directeur général du quotidien "Le Soleil", Mamadou Sèye, en est sorti hier. Il était en détention depuis presque 15 mois pour un présumé détournement de fonds à hauteur de 339 millions de FCfa. Il a été arrêté sur la base d'un rapport de la Cour des comptes pour sa gestion courant 2006.
Renvoi
Restons dans le monde judiciaire pour dire que l'affaire Aida Ndiongue et cie, examinée hier par le tribunal régional hors classe de Dakar, a de nouveau fait l'objet d'un renvoi. Le juge a demandé à se dessaisir du dossier qui sera renvoyé à la troisième chambre. Selon certaines indiscrétions, le magistrat a reçu notification pour siéger au niveau des chambres africaines extraordinaires. Notre source a estimé qu'il était sage que le juge prenne cette décision.
Manœuvres
Macky Sall doit bien surveiller ses arrières. Hier, une délégation du Parti socialiste conduite par son boss Ousmane Tanor Dieng a rencontré des émissaires de la Ligue démocratique (Ld) conduite par son secrétaire général Mamadou Ndoye. Même si pour le moment rien n'a filtré des débats, il y a de quoi avoir peur de l'autre côté quand on sait que les deux formations sont souvent en phase sur bien des questions d'ordre national car en 2007 les deux partis avaient appelé au boycott des législatives, puis en 2009 avec une participation remarquée aux Assises nationales, ils ont cheminé ensemble pour porter Khalifa Sall à la mairie de Dakar avec comme premier adjoint Cheikh Guèye de la Ld. Les deux délégations, ayant d'importantes convergences de vue, engagent leurs partis respectifs à poursuivre, chacun en ce qui le concerne, les initiatives communes déjà en cours sur le terrain.
Les populations de Médina Fall extension râlent
Les populations de Médina Fall à Thiès ne sont pas du tout contentes et elles l'ont exprimé de vive voix. Les raisons de leur courroux, les zones réservées dans le plan de masse du tout nouveau quartier, pour abriter en cas de besoin des infrastructures sociales de base comme un hôpital, un terrain de sport, un château d'eau, etc., sont en train d'être morcelées en parcelles et vendues à d'autres personnes qui sont en train d'y construire. Selon Moussa Sarr du collectif des habitants de Médina Fall extension, le plus grave est que ceux qui construisent sur ces sites sont incapables de montrer un titre de propriété. Il s'y ajoute, à l'en croire, que les populations vivent également le calvaire du manque d'eau et d'électricité avec son corollaire l'insécurité. Et comme si cela ne suffisait pas, se désole-t-il, une fonderie est en train de s'installer, avec tous les risques qu'elle comporte sur la santé des populations en général et des enfants en particulier.
Les populations de Médina Fall extension râlent (bis)
Selon Moussa Sarr, le cadre de vie dans le quartier est ainsi fortement agressé et même les zones réservées à des espaces verts sont occupées de façon irrégulière et anarchique. Il renseigne que les populations n'entendent plus baisser les bras devant un tel sinistre. Selon lui, toutes les autorités compétentes ont été saisies par voie épistolaire. Il s'agit du Gouverneur de la région, du Sous-préfet, du maire de Thiès-Nord, du service de l'urbanisme, du cadastre, etc. Mais malheureusement, se désolet-il, les correspondances sont restées jusqu'ici sans aucune réponse. A la suite d'une quatrième réunion qui a regroupé toutes les populations de Médina Fall Extension, dit-il, "nous avons décidé, après avoir averti les autorités, de nous opposer désormais à toute construction sur ces sites bien identifiés dans le plan de masse".
Saint-Louis
Les membres du mouvement citoyen Andandoo Défar Ndar (Adn) de Saint-Louis ont renouvelé leurs instances. Ils ont renouvelé leur confiance à leur coordonnateur Adama Kane Diallo qui a rempilé. Suite à cela, le patron des jeunes de l'Adn a fait face à la presse. Il dénonce ce qu'il considère comme "informel". Il dresse un tableau noir de l'équipe dirigée par Amadou Mansour Faye. "La ville est devenue plus sale qu'elle ne l'était dans le passé ; l'insécurité règne partout, l'assainissement de certains quartiers comme les Hlm, Léona, Darou et Diamaguène laisse à désirer. Tout le monde sait qu'il n'a pas beaucoup plu à Saint-Louis. Pourtant, cette équipe avait fait de ces fléaux une promesse électorale qu'elle allait régler dans les six premiers mois. Que nenni ! Saint-Louis attend toujours malheureusement", regrette Adama Kane Diallo qui dénonce aussi l'occupation anarchique des grandes artères comme l'avenue Général De Gaulle où les marchands ambulants dictent leur loi. Cette même situation, selon le leader des jeunes du mouvement mis sur pied par Abd'El Kader Ndiaye, est perceptible au niveau du cimetière Thiacka Ndiaye. "La gestion de la mairie est négative et SaintLouis ne manque pas de cadres compétents qui peuvent la sortir de l'ornière, du sous-développement et des maux qui la gangrènent tous les jours", soutient M. Kane Diallo. L'équipe municipale et les jeunes de la Cojer apprécieront.
Les acteurs du "mono filament" crient leur désarroi
Les professionnels de la pêche ont déploré avec amertume l'attitude de certaines forces de l'ordre qui confisquent leur matériel de pêche en leur interdisant formellement de pratiquer cette technique de pêche qui leur rapporte beaucoup. Face à cette situation qu'ils décrient, ils sont résolument engagés à poursuivre le combat jusqu'au bout, tout en invitant le chef de l'Etat Macky Sall à intercéder en leur faveur en vue de les aider à résoudre ce problème, face à ces opérations récurrentes de saisie de leur matériel de pêche. Venus de la Langue de Barbarie, du Gandiolais, de la zone de Diama Yélaar et autres localités de la région Nord, ils ont tenu un sit-in. Pour les contestataires, de nombreuses familles dépendent de cette technique de pêche pour survivre et résoudre leurs problèmes économiques et sociaux.
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DERNIÈRE MINUTE - L'attaque d'un musée de Tunis fait vingt deux morts dont vingt touristes étrangers - Deux individus armés de Kalachnikov identifiés comme les auteurs de la tuerie
Vingt deux personnes, dont vingt touristes étrangers, ont été tuées mercredi dans une attaque menée par des hommes armés contre le musée du Bardo, à Tunis, la première attaque meurtrière à viser des étrangers depuis la révolution tunisienne.
Cette "attaque terroriste", selon le porte-parole, touche le pays pionnier du Printemps arabe qui, contrairement aux autres Etats ayant vécu des mouvements de contestation en 2011, a jusqu'ici échappé à une vague de violences ou de répression.
Une centaine de touristes se trouvaient dans le musée lorsque "deux hommes ou plus, armés de Kalachnikov" ont attaqué le musée du Bardo, le plus célèbre de la capitale.
La "majorité des touristes ont été évacués" et "les unités anti-terroristes sont entrées dans le musée", a précisé le porte-parole, en précisant que le quartier était bouclé.
Une touriste française évacuée par les forces de sécurité a raconté à la chaîne française i-Télé qu'elle avait dû avec un groupe de touristes français se "retrancher" dans une salle du premier étage du musée quand les tirs ont éclaté. Elle a fait état dans un premier temps de tirs à l'intérieur du musée, puis ensuite à l'extérieur.
Les autorités tunisiennes n'ont pas dévoilé la nationalité des morts.
Le ministère italien des Affaires étrangères, cité par les agences italiennes, a indiqué que deux Italiens avaient été blessés et une centaine mis en sécurité par les forces de l’ordre tunisiennes après l’attaque contre le musée à Tunis. Des touristes présents voyageaient avec le croisiériste Costa.
La panique est énorme
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, va s'adresser aux Tunisiens, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la présidence, Moez Sinaoui. Le Premier ministre Habib Essid s'est de son côté réuni avec les ministres de l'Intérieur et de la Défense.
Cette attaque "vise notre économie", a déclaré sur la radio Mosaïque FM Mohsen Marzouk, le conseiller politique du président, en faisant allusion à l'importance du secteur du tourisme pour la Tunisie. "Mais il ne faut pas que nous laissions ce coup nous affecter. Et je suis sûr que le monde gardera sa confiance en nous", a-t-il ajouté.
Selon des journalistes de l'AFP, d'importants renforts policiers ont pris place autour du Parlement et du musée.
La télévision nationale montrait des images de l'évacuation de Tunisiens et d'étrangers courant sous la protection des forces de l'ordre.
Le musée du Bardo, qui abrite une exceptionnelle collection de mosaïques, est mitoyen du Parlement, où les travaux ont été suspendus après les tirs.
"La panique est énorme", a écrit la députée Sayida Ounissi sur Twitter, en précisant que la fusillade est intervenue "en pleine audition des forces armées sur la loi antiterroriste.
"En plus des députés, le ministre de la Justice, des juges et plusieurs cadres de l'armée étaient sur place", a-t-elle précisé.
Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie a vu émerger une mouvance jihadiste responsable de la mort de dizaines de policiers et de militaires, selon les autorités.
Liée au réseau Al-Qaïda, la Phalange Okba Ibn Nafaâ est considérée comme le principal groupe jihadiste de Tunisie, actif dans la région du mont Chaambi, à la frontière avec l'Algérie.
De 2 000 à 3 000 Tunisiens combattraient par ailleurs dans les rangs des jihadistes à l'étranger, en Syrie, en Irak et en Libye. Cinq cents autres jihadistes tunisiens sont pour leur part rentrés au pays, selon la police, et sont considérés comme l'une des plus grandes menaces pour la sécurité de la Tunisie.
Des Tunisiens combattant avec le groupe Etat islamique (EI), très actif en Syrie et en Irak, ont par ailleurs menacé leur patrie ces derniers mois.
Selon l'EI, un Tunisien a participé à l'assaut contre l'hôtel Corinthia à Tripoli qui a fait 9 morts en janvier, et un autre a mené un attentat suicide à Benghazi, deuxième ville de Libye.
Des Tunisiens combattant avec l'EI ont par ailleurs menacé leur patrie ces derniers mois.
En avril 2002, un attentat suicide contre une synagogue à Djerba (sud) avait fait 16 morts parmi les étrangers --14 Allemands et deux Français -- ainsi que cinq Tunisiens. En juin, le porte-parole d'Al-Qaïda avait revendiqué l'attentat.
LES VÉRITÉS DE KHALIFA SALL
Emprunt obligataire de la ville de Dakar - Lettre du maire socialiste au ministre de l'Économie et des Finances
Le bras de fer qui oppose la mairie de Dakar et le gouvernement n’a pas encore livré tous ses secrets. Les deux camps, aussi bien la mairie de Dakar que le ministère de l’Economie et des Finances affûtent leurs armes. EnQuête qui avait ébruité cette affaire, a pu parcourir les dernières réponses livrées par le maire de Dakar, Khalifa Sall, à la lettre du ministre de l’Economie et des Finances. Une missive bien salée...
Le ton est polémique et les arguments visiblement travaillés par une armada de conseillers. Dans cette correspondance qui répond à la lettre N°00205 du 27 février 2015, mais qui n’est parvenue à son destinataire que le 3 mars 2015 à 16 heures 45 minutes, le maire de Dakar, Khalifa Sall affûte son angle d’attaque pour sans doute mieux se libérer de l’étau des Finances.
Si en effet "la Ville s’en remet définitivement au Conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers (CREPMF) et s’attend à la confirmation de la décision autorisant l’émission de l’emprunt obligataire, décision fondée sur l’instruction N°36/2009 du 23 novembre 2009", elle s’empresse d’attirer l’attention de l’Etat sur les "risques" de voir le Sénégal perdre sa "crédibilité", s’il persiste dans la voie empruntée.
"Votre décision risque d’entacher la réputation de notre pays, notamment dans sa capacité à respecter sa signature et ses engagements internationaux", écrit en effet le maire de Dakar. Dans cette lettre dont l’identité des "ampliataires" renseigne sur la stratégie choisie, les bailleurs de fonds occupent une place centrale.
La lettre-réponse de Khalifa Sall est adressée au Fonds monétaire international (FMI), à la Banque mondiale (BM), à l’USAID et à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). L’Agence française de développement est citée dans l’argumentaire du maire de Dakar, dans la partie relative aux aspects financiers de l’emprunt obligataire, du fait que sur les 19,7 milliards retenus comme encours de la dette envers le secteur bancaire, les 16,3 milliards concernent l’Agence française de développement (AFD) et la Banque ouest africaine de développement (BOAD).
Et ce n’est sans doute pas un hasard si on retrouve encore l’Agence française et la Fondation Bill Gates ensemble dans beaucoup d’initiatives comme cet "atelier sur les conditions pour favoriser l’accès des collectivités africaines aux marchés obligataires (Lab municipal bond markets)", qui se tiendra le 27 mars prochain au siège de l’AFD à Paris.
Officiellement, c’est un atelier, qui "s’insère dans un mandat donné par le Gouvernement éthiopien à la Fondation Bill Gates pour préparer un rapport sur les financements innovants assis sur les marchés de capitaux à présenter à Addis Adéba". Comme par hasard, "il est vivement souhaité une présentation par Monsieur le Maire de l’expérience de la Ville de Dakar dans la préparation d’un emprunt obligataire", selon les termes du document parcouru par EnQuête.
Eléments de réponse
La lettre-réplique de Khalifa Sall au ministère de l’Économie et des Finances Amadou Bâ s’intéresse aux arguments juridiques et financiers avancés par les services du ministre de l’Économie, des Finances et du Plan pour disqualifier la procédure d’emprunt obligataire.
L’aspect financier de la structure de l’endettement de la mairie de Dakar est une mine d’informations. "Le tableau fait ressortir une moyenne annuelle de remboursement de 3,5 milliards en 2015 et 2016", alors que "ce montant est ramené à 1,6 milliard pour la période allant de 2017 à 2024 et moins de 400 millions pour la période allant de 2025 à 2034.
Ce qui fait dire à Khalifa Sall que "la ville de Dakar, au regard du niveau actuel de ses recettes, n’aura aucune difficulté pour honorer ses engagements financiers envers le secteur bancaire". Ce, d’autant plus que "le montant de la patente collectée par la ville ne va pas subir de modification substantielle". C’est "sous cet angle que la Ville de Dakar a élaboré son budget de l’année 2015".
Ne tiennent pas non plus la route, dans la logique de la Mairie de Dakar, les arguments consistant à dire que 6,2 milliards de francs Cfa ont été décaissés par l’Etat "pour apurer des factures d’électricité de la ville de Dakar". Réponse : "depuis 2004, l’Etat s’est engagé à payer les factures d’éclairage public de toutes les collectivités locales" et que "la convention que l’Etat a signée avec la Senelec dans le cadre du règlement des dettes croisées ne concerne pas spécifiquement la ville de Dakar, mais toutes les collectivités locales du Sénégal".
Dans la même veine, il est relevé, que la participation de l’Etat dans la gestion des ordures "ne bénéficie pas à la ville de Dakar, mais à l’Entente Cadak Car". Mieux, "la ville de Dakar prend en charge, chaque année sur son budget à hauteur de deux milliards, la gestion des autres déchets qui ne sont pas pris en compte par l’Entente Cadak Car".
Dans tous les cas, relève Khalifa Sall, "depuis l’indépendance de notre pays, les charges relatives à la gestion des ordures ménagères sont supportées par l’Etat qui, sous une forme ou une autre, s’est toujours substitué aux collectivités locales". A suivre...
LES FEMMES NE VEULENT PLUS "JOUER LES POM-POM GIRLS"
Lagos, 18 mars 2015 (AFP) - "Nous avons assez joué les pom-pom girls! Les femmes ne peuvent pas continuer à n'être que des supportrices dans ce pays!", s'écrie Remi Sonaiya.
Cette universitaire est la première candidate à l'élection présidentielle au Nigeria, qui aura lieu le 28 mars. La scène se passe dans une salle chic de Lagos, la capitale économique, devant un parterre de femmes d'affaires venues discuter de la place des femmes dans le débat politique, à l'initiative du très select "Cosmopolitan Women's club".
Les deux principaux candidats au poste de gouverneur de l'Etat de Lagos, dont l'élection doit avoir lieu le 11 avril, se sont succédé sur l'estrade pour convaincre ces décideuses de voter pour eux, en multipliant les promesses, de l'instauration d'un quota de 35% de femmes dans l'équipe dirigeante de l'Etat à des mesures pour l'éducation des jeunes filles.
Quand Mme Sonaiya traverse la salle pour prendre la parole, elle est ovationnée pendant plusieurs minutes. Si les femmes sont très nombreuses à la tête de grandes entreprises et à des postes clés dans l'administration, la politique reste un monde d'hommes au Nigeria, dans lequel bien peu d'entre elles osent s'aventurer.
Le président Goodluck Jonathan s'est certes entouré de deux femmes à la tête de ministères stratégiques: les finances pour l'ancienne directrice générale adjointe de la Banque mondiale, Ngozi Okonjo-Iweala, et le pétrole pour Diezani Alison-Madueke, première femme à accéder à la présidence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
D'autres hauts postes de l'administration ont été confiés à des femmes à poigne, comme Arunma Oteh. Elle fut à la tête de la Commission de régulation des marchés, d'où elle a tenté, non sans mal, de lutter contre la corruption, endémique dans la première puissance économique d'Afrique.
Mais, selon un rapport du British Council datant de 2012, seulement 9% des candidats aux dernières législatives étaient des femmes. Et ce n'est guère mieux en 2015. Le Nigeria n'est pas un cas isolé en Afrique, qui ne compte que deux présidentes en exercice:
la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf et Catherine Samba-Panza, présidente de la transition en Centrafrique. Au Nigeria, les hommes "ont dicté les règles: ils nous ont fait comprendre que c'était un monde dégoûtant, que la politique n'était pas pour les femmes. (...)
Les femmes ont donc pris peur", explique l'avocate Ebere Ifendu, à la tête de l'ONG locale "Forum pour les femmes en politique".
- Ni 'parrain' ni jet privé -
Carrure imposante et franc-parler, Remi Sonaiya ne s'est pas découragée. Cette professeure de français à la retraite, âgée de 60 ans, n'est pas seulement la première et l'unique femme candidate à la présidentielle.
Elle et son parti, KOWA, veulent prouver qu'il est possible de faire campagne sans "parrain" ni jet privé, dans un pays où les hommes politiques ont coutume de dépenser des fortunes dans des meetings gigantesques et de distribuer les cadeaux.
"La politique a mauvaise réputation au Nigeria. Encore récemment, un gouverneur a déclaré qu'on ne pouvait pas faire de politique sans être un menteur", déplore-t-elle lors d'un entretien dans le lobby d'un hôtel de Lagos.
Petit budget et équipe de campagne réduite, Mme Sonaiya voyage donc à travers le Nigeria --en classe économique-- pour transmettre les valeurs de son parti, "l'honnêteté, la vérité, l'efficacité, le dur labeur, la transparence", lors de réunions de quartier.
Avec ses 10 à 15.000 membres, le KOWA fait figure de poids-plume par rapport aux énormes machines électorales qui oeuvrent pour le président-candidat Jonathan et son principal rival, l'ancien général Muhammadu Buhari.
Mais, pour les femmes d'affaires du "Cosmopolitan Women's Club", Mme Sonaiya aura eu le mérite de faire entendre une voix différente. "La plupart des femmes continuent à voir la politique comme un monde de coups bas...
On a besoin que des femmes de qualité s'y impliquent", estime Amodugbe Okanlawon, une dirigeante d'entreprise de 54 ans. Pour Ebere Ifendu, dont l'ONG milite pour la mise en place de quotas afin de faciliter l'accès des femmes à des fonctions électives, des étapes restent à franchir avant qu'une femme puisse diriger le pays le plus peuplé d'Afrique (173 millions d'habitants).
"Si nous arrivons à rompre ce cycle infernal et à élire une femme gouverneure à la tête d'un Etat au Nigeria en 2015, dit-elle, je vous assure qu'assez rapidement nous pourrons avoir une femme vice-présidente ou même présidente" du pays.
LA COTE D'IVOIRE VISE UNE CROISSANCE À DEUX CHIFFRES POUR 2015
Genève, 18 mars 2015 (AFP) - La Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao dont la campagne 2014 s'est soldée par des récoltes historiques, devrait connaître une croissance à deux chiffres cette année, a assuré le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan à l'AFP.
Deuxième économie d'Afrique de l'Ouest, le pays a traversé une longue crise politico-militaire et des violences postélectorales meurtrières entre 2002 et 2011, mais il a renoué avec une très forte croissance (d'environ 9% annuels de 2012 à 2014) portée par les investissements publics, via la construction d'infrastructures notamment.
Cette année, "nous voulons atteindre une croissance à deux chiffres", a déclaré M. Duncan, en marge de son passage à l'Africa CEO Forum, qui a réuni lundi et mardi à Genève de nombreux dirigeants d'entreprises, banquiers et financiers venus de pays africains.
"Nous sommes ambitieux en Côte d'Ivoire", a-t-il poursuivi, précisant que la croissance de son pays devrait rester élevée ces prochaines années. Pour y parvenir, la Côte d'Ivoire, qui est également le deuxième producteur mondial de noix de cajou, mise sur une importante transformation de son économie et une diversification de son secteur agricole, qui représente environ un tiers de son produit intérieur brut.
La Côte d'Ivoire entend accroître sa capacité de broyage de la fève de cacao, pour passer de 35% du cacao transformés localement à "au moins 60% avant 2020", a expliqué le Premier ministre, en poste depuis fin 2012.
Le pays aspire aussi à relancer son secteur minier, a-t-il dit, expliquant notamment que la production annuelle d'or était déjà passée de 8 tonnes fin 2012 à 18 tonnes en 2014. Les autorités veulent en outre renforcer la production de pétrole offshore.
La Côte d'Ivoire, qui produit actuellement 40.000 barils par jour, encourage les compagnies pétrolières à prospecter dans ses eaux, dans l'espoir qu'elles y découvrent des réserves voisines de celles trouvées au large du Ghana.
Dans le secteur pétrolier, le gouvernement a "plus que triplé les permis depuis son arrivée au pouvoir", a affirmé M. Duncan. Depuis l'arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara en 2011, la Côte d'Ivoire a aussi mis en place une politique ambitieuse de construction d'infrastructures, illustrée par la mise en service fin décembre du troisième pont enjambant la lagune abidjanaise.
Des chantiers qui ont entraîné un besoin accru en électricité. Le gouvernement vise une puissance installée de 2.000 mégawatts (MW) cette année (contre 1.650 en 2014) et de 4.000 MW vers 2020, avec pour objectif de devenir alors un important exportateur d'électricité dans la région.
- Des investissements financés à crédit -
Autant d'investissements massifs qui sont largement financés à crédit. M. Duncan a expliqué que la Côte d'Ivoire s'apprêtait à obtenir de la Chine un prêt de 800 millions de dollars (754 millions d'euros) pour moderniser son réseau électrique.
Abidjan a par ailleurs souscrit en février un emprunt obligataire d'au moins 1 milliard de dollars en eurobonds, ou euro-obligations, après en avoir récolté pour 750 millions de dollars en juillet dernier sur les marchés financiers internationaux.
Cet important accroissement de la dette a été sévèrement critiqué par les membres de l'opposition, dont l'ancien ministre des Finances de l'ex-président Laurent Gbagbo, Mamadou Koulibaly. "Le poids de la dette par habitant n'arrête pas d'augmenter.
Au lieu d'avoir de la consommation en hausse ou la productivité des entreprises en hausse, on a simplement la dette qui croît", a-t-il dit à l'AFP. M. Duncan a balayé ces critiques, assurant qu'un comité spécial se charge de garantir "la durabilité de la dette" ivoirienne qui est aussi surveillée de près par le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Banque mondiale.
"Nous ne prenons que ce dont nous avons besoin", a assuré le dirigeant ivoirien, soulignant que sur les près de 4 milliards de dollars de facilités d'emprunts obtenus en 2013, 750 millions avaient été utilisés. Et sur les 3,7 milliards obtenus en 2014, seul 1 milliard a été utilisé.
DES DROITS-DE-L’HOMMISTE APPELLENT À LA RESPONSABILITÉ DE LA JUSTICE
Les arrestations tous azimuts de membres de l’opposition, notées depuis un certain temps, sont contre les règles d’un Etat de droit, de l’avis des défenseurs des droits humains qui en appellent à la responsabilité de la Justice.
Ce n’est pas bien pour une démocratie comme celle du Sénégal, les multiples arrestations enregistrées dernièrement dans les rangs de l’opposition, selon les défenseurs des droits humains, qui semblent s’être passés le mot.
A leur avis, la Justice doit rester lucide face à la situation tendue suscitée par l’attente du verdict du procès de Karim Wade. "Une justice qui doit faire beaucoup preuve de responsabilité en jouant son rôle pour se retrouver au-dessus de la mêlée", souligne Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH).
D’ailleurs une synergie d’action est en train de se réaliser entre la LSDH, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) et Amnesty International. L’idée est de "rappeler aux politiques que ces arrestations vont négativement déteindre sur l’image de la démocratie. Surtout qu’elles sont purement politiques, parce que visiblement elles visent un seul parti", souligne le président de la LSDH. Il estime que ces vagues d’interpellations pourraient faire réfléchir à deux fois ceux qui voudraient investir dans le pays.
De l’utilisation du génie sénégalais pour surmonter la pente
Oumar Diallo, Directeur exécutif de la Société internationale des droits de l’homme (SIDH/Sénégal), s’indigne de toute arrestation dont la motivation est purement politique. En outre, il se dit foncièrement contre toute action visant à déstabiliser l’Etat. Ce dernier, note Oumar Diallo, doit avant de sévir, disposer de preuves "suffisantes" et "plausibles".
Mais il précise que tout doit se faire dans le respect strict d’un Etat de droit. "Il faut un débat politique responsable. Le problème est politique, car le procès qui suscite ces tensions est éminemment politique. Il faut élever le débat, car nous trouvons irresponsable d’utiliser des armes non conventionnelles pour mener un combat. Il faut utiliser les voies de recours permises par la loi et non la violence", déclare le directeur exécutif de la SIDH/Sénégal.
Me Assane Dioma Ndiaye annonce que les "organisations de défense des droits humains vont prendre des décisions dans les jours à venir, car manifestement, la fracture sociale est en train de se creuser dangereusement". Pour pallier le phénomène, les organisations font également appel au génie sénégalais, qui a toujours su prendre le dessus sur les passions.
SIERRA LEONE : LIMOGEAGE DU VICE-PRÉSIDENT, QUI AVAIT DEMANDE L'ASILE AUX ÉTATS-UNIS
Freetown, 18 mars 2015 (AFP) - Le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a limogé son vice-président Samuel Sam-Sumana, mettant fin à une crise au sommet de l'Etat ouverte par l'exclusion du parti au pouvoir de M. Sam-Sumana, qui avait demandé l'asile aux Etats-Unis, se disant en danger.
Dans un communiqué lu à la radio dans la nuit de mardi à mercredi, M. Koroma annonce "relever Samuel Sam-Sumana de ses fonctions de vice-président, avec effet immédiat", précisant être en discussion avec son parti pour lui désigner "rapidement" un successeur.
Le chef de l'Etat motive cette décision par l'exclusion du vice-président le 6 mars du Congrès de tout le peuple (APC, au pouvoir) et le fait qu'il avait demandé le 14 mars "l'asile auprès d'une ambassade étrangère, manifestant ainsi sa volonté d'abandonner ses fonctions".
Ce dénouement a été précédé mardi de l'arrivée à Freetown, la capitale, d'une très importante délégation de l'APC en provenance de la province de Kono, dans l'est du pays, limitrophe de la Guinée, dont M. Sam-Sumana est originaire.
Le chef du parti dans cette région, Francis Bondo, a réclamé mardi dans un discours au siège de l'APC à Freetown "la démission immédiate" du vice-président. M. Sam-Sumana était réapparu lundi soir à sa résidence, assurant ne "pas se sentir menacé", après s'être mis en lieu sûr, avait-on appris samedi dans son entourage, en attendant une réponse de l'ambassade américaine à sa demande d'asile.
Ce coup de théâtre faisait suite au déploiement de militaires autour de sa résidence, où ils avaient saisi des documents, et désarmé ses gardes. Les autorités sierra-léonaises avaient cependant affirmé garantir sa sécurité.
Selon des commentaires publiés dans les médias et sur les réseaux sociaux sierra-léonais, M. Sam-Sumana se serait alarmé du remplacement la semaine dernière de ses gardes attitrés par un nouveau dispositif de sécurité.
Il a été exclu le 6 mars du parti au pouvoir après une enquête interne lancée en novembre pour "mensonges" sur ses diplômes et sa religion, et agressions sur des membres de l'APC dans sa région, des accusations qu'il a récusées.
Cette exclusion avait été prononcée lors d'une réunion à laquelle il n'a pu assister, s'étant placé lui-même en quarantaine en raison de la mort d'un de ses gardes, décédé d'Ebola.
RÉTROPÉDALAGE
Pour booster le tourisme, Macky Sall envisage de supprimer le visa d'entrée au Sénégal
Le Président Macky Sall vise la suppression du visa d’entrée au Sénégal. Le chef de l’Etat l’a fait savoir hier, au Palais, au cours d’une audience avec les correspondants de la presse étrangère.
Après les annonces favorables au Tourisme faites en Casamance, le chef de l’Etat vient d’en ajouter une autre qui sera sans nul doute bien accueillie par le patronat du secteur. Recevant hier, les correspondants de la presse étrangère, le président de la République a exprimé sa volonté de supprimer le visa d’entrée au Sénégal. «Je ne suis plus très loin de proposer la suppression pure et simple du visa vers le Sénégal. Je le pense sérieusement», a-t-il déclaré.
Le Président Sall explique qu’à l’origine, l’instauration de la réciprocité en matière de visa avait deux objectifs principaux. Le premier c’était de rehausser la dignité des Sénégalais, dont l’accès à l’espace Schengen ou à l’Amérique du Nord est devenu, au cours des deux dernières décennies, un véritable parcours du combattant. Le deuxième objectif consistait à offrir aux caisses de l’État une manne financière bienvenue.
Et estime-t-il, son ambition de développer le tourisme, qui est un principal apport de devises avec la pêche, dans le cadre du Plan Sénégal émergent (Pse), ne peut aboutir avec l’instauration des visas qui a eu deux répercussions néfastes, dont le pouvoir semble finalement avoir tiré les leçons.
Combinée à l’effet désastreux de l’épidémie d’Ebola sur le tourisme, qui s’est révélé en 2014, elle aboutissait à faire du Sénégal une destination onéreuse. Pour une famille de deux adultes et deux enfants, le budget visa est actuellement de 208 euros, environ 136240 francs Cfa.
«Vu les contraintes posées par cette mesure et la mauvaise perception qu’elle a reçue, une évaluation très ferme est en cours. Il ne faudrait pas que la destination Sénégal se retrouve handicapée par des contraintes bureaucratiques», a indiqué Macky Sall.
Pour les acteurs du tourisme le visa est synonyme de suicide pour une destination comme le Sénégal. Raison pour laquelle ils ont toujours exigé sa suppression.
Pour rappel Macky Sall a proclamé, lors de sa dernière tournée au Sud, la Casamance «zone de priorité nationale touristique».
Ainsi, il a promis des exonérations fiscales aux promoteurs touristiques opérant dans cette partie sud du Sénégal, et proposera à l’Assemblée nationale de voter une loi en vertu de laquelle tout opérateur touristique qui s’installera en Casamance ou qui s’y est déjà installé, sera exonéré de toute charge fiscale et sociale pendant 10 ans.
Saluant cette décision, les industriels du tourisme demandent son extension aux autres zones touristiques du Sénégal.