Bagdad, 8 mars 2015 (AFP) - L'allégeance annoncée du groupe islamique nigérian Boko Haram illustre l'internationalisation du groupe Etat islamique (EI). Voici un état des lieux de l'organisation extrémiste sunnite.
- Un "califat" et 25 "provinces"
L'EI a déclaré le 29 juin la création d'un califat à cheval sur l'Irak et la Syrie, deux des neuf pays dans lesquels il est implanté. Au total, le groupe, qui ne s'est pas publiquement prononcé sur l'annonce d'allégeance de Boko Haram, revendique 25 provinces ("Wilayat" en arabe) en Syrie, Irak, Libye, Yémen, Algérie, Arabie saoudite, Egypte, Afghanistan et Pakistan.
C'est en Irak, où l'EI trouve ses racines, que le nombre de provinces est le plus élevé: dix avec la création des wilayat de Dijla et de Jazeera en février. Viennent ensuite la Syrie (sept) et la Libye (trois).
Hors de ces pays et de l'Egypte, les autres Wilayat sont plutôt des groupes dont le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, a accepté l'allégeance, mais ne se sont pas illustrées par des "actions" particulières.
Au total, environ huit millions de personnes vivent dans des territoires contrôlés par l'EI en Irak et en Syrie, selon Pieter van Ostaeyen, spécialiste du Moyen-Orient. En Libye, "les territoires ne sont pas si grands et pas totalement contrôlés par les jihadistes".
Luay al-Khatteeb, chercheur associé au Brookings Institute, donne une fourchette plus basse "de 6 à 7 millions de personnes". Une vaste population qui oblige les jihadistes, estime le chercheur, à "avoir une puissante et nombreuse force armée".
- L'EI, combien d'hommes?
Il est extrêmement difficile d'évaluer les forces de l'EI car "il n'existe pas de sources solides pour donner un chiffre précis", souligne M. al-Khatteeb. "C'est un groupe terroriste non-conventionnel qui mène une guerre non conventionnelle", rappelle-t-il.
Il évalue le nombre de combattants "aux alentours de 80.000", dont "environ 20.000 étrangers". Pour M. Van Ostaeyen, l'EI peut compter sur 60.000 à 70.000 combattants même s'"il est très difficile de donner une estimation exacte". Si l'immense majorité se trouve en Irak et en Syrie, "on peut estimer de 1.500 à 2.000" le nombre de jihadistes ayant fait allégeance à l'EI en Libye.
Pour la seule Syrie, l'EI disposerait de 40.000 à 45.000 hommes, selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Dalia Ghanem-Yazbeck, analyste au Carnegie middle East Center, est beaucoup plus prudente sur le nombre de combattants. "Si l'on en compte 25.000 au total, c'est le maximum", affirme-t-elle, en demandant d'"arrêter de surévaluer leur nombre" car "c'est leur faire de la publicité".
- L'EI est-il riche?
Il est également impossible de déterminer les moyens financiers de l'EI, qui a mis la main sur les richesses économiques des régions conquises.
L'une d'elles est le pétrole extrait des puits en Syrie et Irak. "Ils en tirent beaucoup d'argent et le vendent à qui veut acheter", selon M. Van Ostaeyen.
En octobre, le sous-secrétaire américain au Trésor en charge du terrorisme et des renseignements financiers, David Cohen, avait déclaré qu'il lui rapportait un million de dollars par jour. Mais ce chiffre est contesté par l'expert al-Khatteeb, selon lequel l'EI produit "au maximum 50.000 à 60.000 barils par jour", une quantité insuffisante pour satisfaire la demande "des populations sous son joug".
Au pétrole, s'ajoutent les revenus tirés de la vente d'antiquités, des rançons, des taxes et extorsions imposées "aux commerçants locaux, qui doivent payer pour garder leurs magasins ouverts".
L'EI a pu aussi se servir dans les établissements financiers des villes conquises, comme Mossoul, où les réserves en liquide des banques atteignaient environ 400 millions de dollars avant l'offensive, selon des déclarations de Bashar Kiki, le chef du conseil provincial de Ninive, dont Mossoul est la capitale.
Les finances, pour Dalia Ghanem-Yazbeck, sont et resteront le nerf de la guerre. "Le jour où l'EI n'a plus d'argent pour financer la population qu'elle administre, alors celle-ci se retournera contre eux", prévoit-elle.
- Comment fonctionne l'EI?
La structure administrative de l'EI est calquée sur celle d'un Etat, avec à sa tête Abou Bakr al-Baghdadi, autoproclamé calife. Il est assisté par des adjoints "territoriaux" et un commandement militaire.
Baghdadi est également épaulé par le conseil de la choura, regroupant de hauts responsables jihadistes, et, selon des informations, il existe d'autres conseils spécifiques, notamment militaire, sécuritaire, financier et médiatique.
L'EI est par ailleurs passé maître en art de la communication en utilisant systématiquement les nouvelles technologies. Il est devenu "une marque qui attire, comme Coca-Cola ou Mc Donald's", explique Dalia Ghanem-Yazbeck.
"Sa véritable force est virtuelle, sur internet, sur Youtube... A chaque revers militaire ou presque, il sort une vidéo choc pour que l'on parle de lui. C'est une manière de compenser la défaite militaire par la propagande".
OFFENSIVE D'ENVERGURE CONTRE BOKO HARAM APRÈS SON ALLÉGEANCE À l'EI
Boureima HAMA, Phil Hazlewood |
Publication 08/03/2015
Niamey, 8 mars 2015 (AFP) - Les armées tchadienne et nigérienne ont lancé dimanche une offensive aérienne et terrestre d'envergure au Nigeria contre les islamistes de Boko Haram, au lendemain de l'"allégeance" par le groupe au mouvement jihadiste Etat islamique (EI).
"Très tôt ce matin, les troupes nigériennes et tchadiennes ont déclenché une offensive contre Boko Haram, sur les deux fronts, dans la zone de Bosso et près de Diffa", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale nigérienne.
Des milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient positionnés depuis plus d'un mois en posture défensive dans la province de Diffa, sous le feu de Boko Haram.
La veille, Abubakar Shekau, chef des insurgés nigérians, avait annoncé son allégeance à l'EI, formalisant cette déclaration sur Twitter dans un enregistrement audio de huit minutes en arabe, sous-titré en français et en anglais, promettant de "faire enrager les ennemis d'Allah".
Cette offensive d'envergure intervient à un moment clé. L'offensive régionale lancée fin janvier par le Tchad, le Cameroun et le Niger -- eux aussi touchés par des attaques islamistes dans la région du Lac Tchad -- a porté des coups aux jihadistes, qui ont dû abandonner plusieurs positions dans l'extrême nord nigérian.
Boko Haram, dont on évalue le nombre de combattants à plusieurs milliers et qui n'a cessé de recruter, continue à multiplier les attentats sanglants dans les grandes villes du Nord et les massacres de villageois dans les zones reculées, au Nigeria et parfois dans les pays voisins.
Samedi, au moins 58 personnes sont mortes et 139 autres ont été blessées dans trois explosions attribuées aux islamistes à Maiduguri, fief historique de Boko Haram et capitale de l'Etat de Borno (nord-est). Le même jour, l'armée nigériane a annoncé avoir repris de nouvelles localités du Nord-Est aux islamistes:
Buni Yadi et Buni Gari, dans l'Etat de Yobe, ainsi que Marte, dans l'Etat de Borno. Menacé, le groupe islamiste rassemblait cette semaine des troupes dans son fief de Gwoza, tandis que les massacres de civils se poursuivaient. Boko Haram avait conquis en juin 2014 la ville de Gwoza, dans l'Etat de Borno (nord-est), d'où Shekau avait proclamé en août l'instauration d'un "califat".
Cette déclaration faisait suite à une déclaration similaire de Baghdadi, au moment où l'EI s'emparait également de vastes territoires. Si l'annonce du ralliement à l'EI est le premier serment d'allégeance formel de Boko Haram à Baghdadi, des signes de rapprochement entre les deux groupes étaient visibles ces derniers mois.
Un rapprochement s'est également opéré dans les modes de communication, les vidéos de Boko Haram ressemblant de plus en plus à la propagande de l'EI, qui avait déclaré par le passé avoir reçu des serments d'allégeance d'islamistes nigérians.
- 'Alliés naturels'-
Boko Haram et l'EI "ont essuyé de nombreux échecs ces dernières semaines et ces derniers mois", et le serment d'allégeance "pourrait être une façon de lancer un message à leurs troupes, pour leur regonfler le moral et attirer de nouvelles recrues, surtout dans le cas de Boko Haram", explique Yan St-Pierre, expert en lutte contre le terrorisme pour l'entreprise berlinoise Modern Security Consulting.
Selon lui, la déclaration de Shekau est liée à la présence de l'EI en Libye, d'où Boko Haram est soupçonné de recevoir des armes et des munitions depuis longtemps. Dans de précédents communiqués, Shekau avait déjà évoqué Abou Baqr al-Baghdadi, le chef de l'EI, mais sans lui faire formellement allégeance.
Ce serment "pourrait pousser les Occidentaux à se mobiliser (...) en particulier la France, qui mène déjà une campagne militaire antiterroriste en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale", estime Ryan Cummings, de l'entreprise de conseil en sécurité Red24.
Les forces occidentales ne sont jamais intervenues sur le terrain dans le nord du Nigeria, même si quelques militaires français, canadiens et américains y sont déployés sur la frontière pour faire du renseignement.
Le président nigérian Goodluck Jonathan, pour qui Boko Haram est "Al-Qaïda en Afrique de l'Ouest", avait déclaré récemment disposer d'éléments attestant de liens avec l'EI, sans plus de précisions. "Aucun des (deux) groupes n'a d'inhibition en termes de violence. Ce sont des alliés naturels", estime Max Abrahams, spécialiste des groupes extrémistes à l'université de Boston (Etats-Unis). Des experts ont averti que les attaques risquaient de se multiplier à l'approche des élections présidentielle et législatives du 28 mars.
DEUX ENFANTS ET UN CASQUE BLEU TCHADIEN TUÉS À KIDAL, AU LENDEMAIN DE L'ATTENTAT DE BAMAKO
Bamako, 8 mars 2015 (AFP) - Deux enfants et un Casque bleu tchadien ont été tués dimanche par des tirs de roquettes à Kidal, dans le nord-est du Mali, au lendemain d'un attentat meurtrier à Bamako, le premier à frapper des Occidentaux dans la capitale.
Contrairement à l'attaque de Bamako, revendiquée par Al-Mourabitoune, le groupe jihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, les auteurs des tirs de roquettes contre un camp de l'ONU à Kidal, fréquents dans ce bastion de la rébellion, ne se sont pas fait connaître dans l'immédiat.
La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a fait état d'un soldat tué et de huit blessés dans ses rangs, ainsi que de deux morts et trois blessés parmi la population civile à l'extérieur du camp.
Elle a précisé ensuite sur son compte Twitter que les deux civils tués étaient des enfants. Une source au sein de la Minusma a par ailleurs indiqué que le soldat tué appartenait au contingent tchadien, le plus important numériquement à Kidal.
"Vers 05H40 (locale et GMT) le camp de la Minusma à Kidal a essuyé plus d'une trentaine de tirs de roquettes et d'obus", et les Casques bleus ont répliqué peu après à deux kilomètres du camp, "une fois la provenance des tirs établie", selon un communiqué.
"Cette attaque intervient alors que des progrès ont été enregistrés à Alger lors des pourparlers de paix", ajoute la force de l'ONU, en référence à l'accord paraphé le 1er mars par le gouvernement, mais pas encore par la rébellion à dominante touareg du Nord.
Elle fustige "la lâcheté des auteurs de ces tirs qui ont également atteint des citoyens innocents". Une source sécuritaire au sein de la Minusma a indiqué à l'AFP que des roquettes étaient tombées dans un campement situé à environ trois kilomètres du camp de l'ONU, tuant des civils appartenant à la tribu arabe des Kountas.
Paris a condamné cette attaque, assurant que "la France soutient pleinement la Minusma dans sa mission de stabilisation au Mali".
- Deux mois après Charlie Hebdo -
Forte de quelque 10.000 militaires et policiers, la Minusma a annoncé samedi avoir "mis à la disposition des autorités maliennes des enquêteurs et experts en scènes de crime" pour retrouver les auteurs de l'attentat de Bamako, qui a fait cinq morts (trois Maliens, un Français et un Belge) et au moins huit blessés.
La sécurité était renforcée dimanche dans la capitale, où les contrôles étaient stricts sur les trois ponts enjambant le fleuve Niger, et la police anticriminelle était déployée en force, équipée de gilets pare-balles.
Une source policière a fait état d'"indices sur le véhicule qui a servi à transporter le commando auteur des crimes commis à Bamako", sans autre précision.
Dans sa revendication, le groupe Al-Mourabitoune a dit vouloir venger non seulement un de ses chefs, Ahmed el-Tilemsi, tué par l'armée française en décembre, mais surtout son "prophète de l'Occident mécréant qui l'a insulté et moqué".
Il faisait allusion aux caricatures du prophète Mohammed publiées par l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, dont une partie de la rédaction avait été massacrée deux mois auparavant, jour pour jour, par deux jihadistes à Paris, où le président malien Ibrahim Boubacar Keïta avait participé le 11 janvier à la grande "marche contre le terrorisme".
Le Premier ministre malien Modibo Keïta a appelé samedi tous les Maliens à la vigilance. "Nous devons rester vigilants, les populations doivent signaler les attitudes de personnes suspectes", a-t-il déclaré.
L'attentat, perpétré dans la nuit de vendredi à samedi dans un restaurant au coeur de Bamako, est le premier visant des Occidentaux dans la capitale, qui vit depuis 2012 sous la menace jihadiste.
Le nord du Mali était tombé début 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda , qui en ont été partiellement chassés par l'opération militaire "Serval", lancée à l'initiative de la France en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération "Barkhane", dont le rayon d'action s'étend à l'ensemble de la zone sahélo-saharienne.
Des zones entières échappent toujours au pouvoir central, mais les attaques jihadistes, qui s'étaient multipliées depuis l'été, surtout contre la Minusma, avaient récemment diminué d'intensité.
PAR FATIMÉ RAYMONNE HABRÉ
AU NOM DE TOUTES LES FEMMES COMBATTANTES…
Dans cette Afrique soumise à la politique du chaos, vos destins se jouent dans le silence de cette gent masculine qui nous gouverne sans courage
Femmes Africaines, que de combats, vous avez menés
Adolescentes, célibataires ou mariées,
Souvent incomprises, malmenées mais toujours sollicitées,
Votre quotidien est de gérer, parents-foyer-activités,
Combattives, dignes et décidées, vous essayez d'exister dans ce monde, où de l'espace politique, vous êtes écartées, ou, confinées dans des rôles sans intérêts ou sans cesse surveillées.
Instrumentalisées pour des desseins inavoués, vous en êtes venues à trouver refuge dans des espaces discrets, frustrées et désappointées.
Dans cette Afrique soumise à la politique du chaos, vos destins se jouent dans le silence de cette gent masculine qui nous gouverne sans courage.
En ce 8 Mars, je vous invite à investir davantage l'arène politique pour exprimer vos idées et propositions pour l'avenir de nos pays.
Des milliers de femmes ont participé au Printemps Arabe, sur la place Tahrir, elles ont été violées, dans les rues de Tunis, elles ont été agressées mais elles ont persévéré jusqu'à la victoire finale. Une pensée pour elles.
Nous devrions nous inquiéter pour notre Avenir, et, pour notre Continent.
Chaque jour, des coups sont portés à nos valeurs, à notre dignité.
Chaque jour, des diversions sont organisées pour nous dissimuler le pillage de nos cités.
Jour après jour, des moyens sophistiqués réduisent à néant notre désir de changer notre destinée.
Que devrions- nous enseigner à nos enfants ?
Que la Téranga devra désormais porter des guillemets ? Quand des familles après 25 ans de vie, voient leur destin scellé par une multinationale du crime politique, médiatique et judiciaire ?
Que 200 jeunes filles africaines ont pu être enlevées et transportées en plein jour, dans des bus, sans être repérées par des drones pourtant à proximité.
Tout comme, il y a 20 ans, plus d'un million de tutsis ont pu être massacrés en 20 jours, sans aucune image des auteurs du génocide malgré les satellites positionnés.
Existe-t-il un débat autour des enjeux réels dans nos pays, ou bien, étouffons-nous sous une autocensure généralisée autour des questions économiques et du renforcement du Grand Capital occidental dans nos contrées ?
En ce 8 mars, plusieurs pays n'ont pu faire adopter le Code de la Famille faute de consensus sur les Droits des femmes.
De même, dans de nombreux pays, il n'y a plus d'opposition, à l'ère des drones, la répression a, désormais, elle aussi, des armes sophistiquées ; harcèlement fiscal, accusations de détournement de fonds, procédures judiciaires abusives. Cela donne, au finish, un mirage démocratique reposant sur un énorme clientélisme, des tripatouillages constitutionnels assurant tantôt des prolongations de mandat, tantôt des présidences à vie.
Un achat massif des consciences permet d'avoir des élections "apaisées" ainsi, se construit le mythe de la bonne gouvernance.
Comme on peut le relever, toutes les institutions sont en crise ; les institutions judiciaires ne sont plus crédibles, elles ploient sous la volonté présidentielle, l'armée est fragilisée par le blanchiment, le trafic de drogue, la fausse monnaie. La soi-disant Communauté Internationale - si prompte à décider qui, il faut juger, et, qui, il faut laisser tranquille - connaît tous ces abus, dérives et perversions. Au nom de ses intérêts économiques et stratégiques, elle soutient les hommes-lige qui lui obéissent et elle les aide à mettre en place ces fictions démocratiques, qui grandissent, sous son aile protectrice et prédatrice. Elle bénéficie dans cette complicité avec les régimes, de l'appui d'une société civile artificielle, prête à se mettre au service des citadelles d'argent et à porter leur guerre contre les priorités nationales.
Un bilan peu reluisant dans la conduite des affaires de la cité par la gent masculine mais qui contraste avec les discours ambiants sur une économie africaine prometteuse alors que l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale sont déstabilisées par des actions de terrorisme servant de prétexte à leur morcellement et à une remilitarisation économique : synonyme de perte de souveraineté et de pauvreté.
Cette faillite ne justifie t-elle pas qu'une place plus grande soit faite aux femmes dans les stations de pouvoir ? Notre continent n'a plus de leaders, il n'y a plus d'hommes ayant un courage politique, ayant foi en leur pays, en la capacité de leurs populations de réaliser une vision au service des intérêts nationaux et de se mobiliser pour le faire.
Voici venu le temps des femmes !
Bonne fête ! A toutes les femmes.
Mme Fatimé Raymonne Habré
NIGER ET TCHAD LANCENT UNE OFFENSIVE "TERRESTRE ET AÉRIENNE" AU NIGERIA
Niamey, 8 mars 2015 (AFP) - Les armées du Niger et du Tchad ont lancé dimanche une offensive militaire "terrestre et aérienne" d'envergure contre Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, zone frontalière avec le Niger, a annoncé le gouvernement nigérien.
Cette offensive signifie l'ouverture d'un nouveau front contre le groupe islamiste armé au Nigeria. Le Tchad mène depuis fin janvier une autre offensive en territoire nigérian depuis le Cameroun, de l'autre côté du lac Tchad.
"Une offensive est en cours contre Boko Haram", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale nigérienne: "Très tôt ce matin, les troupes nigérienne et tchadienne ont déclenché une offensive contre Boko Haram".
L'offensive a été lancée depuis deux positions différentes le long de la frontière entre le Niger et le Nigeria: dans la zone de Bosso, qui jouxte la rive ouest du lac Tchad, et près de la ville de Diffa, à quelque 80 kilomètres au sud-ouest de Bosso, selon la même source.
Selon l'armée nigérienne, des combattants de Boko Haram sont repliés au sud de Malam Fatori, une ville nigériane très proche de Bosso, située de l'autre côté de la frontière, après avoir perdu trois localités, dont Baga, qu'ils occupaient.
Plus près de Diffa, "l'objectif de l'offensive" est "certainement de reprendre la ville de Damasak", une localité nigériane située à environ 30 kilomètres au sud de Diffa, a affirmé à l'AFP un journaliste résidant à Diffa, la capitale provinciale du Sud-Est nigérien.
Damasak avait été conquise en octobre 2014 par Boko Haram après de violents combats avec l'armée nigériane. "Il y a des mouvements de troupes nigéro-tchadiennes sur Damasak avec des bombardements aériens en cours", a confirmé une source humanitaire.
Des milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient positionnés depuis plus d'un mois en posture défensive dans la province de Diffa, sous le feu de Boko Haram.
Selon la radio privée Anfani, basée à Diffa, des avions ont pilonné samedi et dimanche matin à l'aube des positions de Boko Haram proches de la rivière Komadougou Yobé, qui délimite approximativement cette partie de la frontière entre le Niger et le Nigeria.
"Depuis ce matin vers 08H30 locales (07H30 GMT), nous avons vu des troupes nigériennes et tchadiennes se diriger vers la frontière avec le Nigeria et quelque trente minutes après, nous avons entendu de très fortes détonations, notamment d'armes lourdes", a expliqué le journaliste résidant à Diffa.
"Au fil du temps, les détonations s'éloignaient, signe apparent que les troupes progressent à l'intérieur du Nigeria", a estimé cette source. Boko Haram, qui a pour fief le nord-est du Nigeria, mène depuis un mois des attaques dans la région de Diffa.
La radio Anfani a dénombré près de Diffa "plus de 200 véhicules, soit des tout-terrain équipés de mitrailleuses, des chars, des ambulances, des citernes d'eau et des camions de transport de logistique" se dirigeant vers la frontière nigériane.
Des tirs d'armes lourdes ont été entendus entre 08H00 et 10H00 locales (07H00 et 09H00 GMT) depuis la ville de Diffa, a par ailleurs indiqué une autre source humanitaire à l'AFP.
Ces tirs ont vraisemblablement eu lieu "autour du pont de Doutchi", qui relie le Niger au Nigeria à quelque 10 kilomètres de Diffa. Le gouvernement de Niamey a obtenu début février l'autorisation du Parlement nigérien pour envoyer des troupes au Nigeria combattre Boko Haram au sein d'une force multinationale.
LA MAIRIE DE KAOLACK OFFRE DES DENRÉES ALIMENTAIRES AUX FEMMES DÉTENUES
Kaolack, 8 mars (APS) – Le conseil municipal de Kaolack (centre) a offert samedi des denrées alimentaires aux 18 femmes détenues à la maison d’arrêt et de correction de la ville, a constaté l’APS.
Cinq cent trente-quatre personnes, dont 18 femmes, sont actuellement en détention dans cette prison, a indiqué son régisseur Saliou Thioune, lors de la cérémonie de réception du don.
La mairie a fait ce geste de solidarité avec les femmes en détention, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, qui est célébrée ce dimanche.
"Ce geste de la mairie est une façon pour le conseil municipal de célébrer cette journée avec nos sœurs et nos mamans détenues", a expliqué Ndèye Sokhna Guèye, une conseillère municipale.
La mairie de Kaolack a aussi organisé une séance de don de sang pour "venir en aide aux femmes qui en auront besoin dans les hôpitaux", a ajouté Mme Guèye.
"Cette séance nous a permis de récolter au moins 50 poches de sang, qui ont été remises aux autorités de l’hôpital régional El Hadj Ibrahima Niass", a-t-elle indiqué.
YOUM INVITE LES ENSEIGNANTS ET LEUR TUTELLE À LA FLEXIBILITÉ ET AU SENS DE L'ÉCOUTE
Louly Bentégné, 8 mars (APS) - Le ministre de la Gouvernance locale, porte-parole du gouvernement, Omar Youm, demande aux syndicats d’enseignants d'être "flexibles" et à leur tutelle gouvernementale de mieux les écouter, pour que cessent les grèves dans les universités et les écoles.
"Il faut s’inscrire dans une logique de discussion et d’échange. Il faut que les syndicats soient plus flexibles, que l’Etat les écoute davantage, pour qu’on puisse trouver des solutions", a dit M. Youm en visitant samedi des travaux d’électrification rurale à Louly Bentégné, dans le département de Mbour (ouest).
"Nous n’avons pas le droit d’être dans une logique de conflit. Les solutions sont aussi bien entre les mains de l’Etat que des syndicats", a-t-il ajouté.
Selon lui, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane, a fait preuve de "flexibilité" dans les négociations avec les délégués du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (SAES).
Le SAES, qui regroupe environ trois quarts des enseignants des universités sénégalaises, est à couteaux tirés avec sa tutelle gouvernementale, qui a lancé une réforme universitaire controversée.
Les délégués du syndicat estiment que cette réforme adoptée par l’Assemblée nationale en fin 2014 va restreindre l'autonomie et les prérogatives du personnel académique et favoriser l'immixtion du gouvernement dans le fonctionnement des universités.
Les membres du SAES sont en grève depuis plusieurs jours. Ils protestent contre cette réforme.
Le Grand cadre des syndicats d’enseignants (GCSE) a entamé la semaine dernière le déroulement d’un "plan d’action" consistant à observer des débrayages, des grèves, des marches à Dakar et dans les autres régions.
Le GCSE, un regroupement de syndicats d'enseignants de l'élémentaire, du moyen et du secondaire, exige du gouvernement "le traitement diligent des dossiers des agents de la Fonction publique en général, et des enseignants en particulier, l’effectivité de la validation des années de volontariat, de vacation et de contractualisation pour les [enseignants recrutés] comme fonctionnaires".
Il réclame aussi des formations diplômantes dans les filières professionnelles, notamment la coiffure, la céramique, l’information, la santé, la gestion des entreprises, etc.
Fait également partie des revendications le versement des cotisations des maîtres contractuels et des professeurs contractuels de l'éducation à l’Institution de prévoyance retraite du Sénégal (IPRES) et au Fonds national de retraite (FNR).
PAR BAYE DAME WADE
PATRONAT EN PÉRIL
Le Privé national ne pèse pas dans l’économie sénégalaise. Ses entreprises sont trop petites face aux multinationales. On comprend alors son malaise et son sentiment de non-assistance par l’Etat qui devait être son "complice"
"Il n’y en a que pour les entreprises étrangères qui trustent les gros marchés de l’Etat... L’économie sénégalaise est entre les mains des Français, Marocains et autres Chinois... L’Etat ne nous soutient pas...". Ce florilège de déclarations, sur de fond de revendications pour davantage de place au Secteur privé national, on l’entend assez souvent de la bouche des dirigeants du Patronat.
Certes, il y a du vrai dans cet hymne au "patriotisme économique", mais il n’en demeure pas moins qu’au-delà du discours, il faut poser le débat sur le rôle et le rang de nos opérateurs dans l’économie du pays. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Qui est présent dans quel secteur ? A quel niveau ? Pourquoi les Sénégalais n’occupent pas des positions de leadership dans notre économie ? Quid du rôle de l’Etat pour soutenir un secteur privé, capable d’exécuter les grands chantiers et porter les enjeux du développement ?
Il faut remonter l’histoire coloniale, avec les ex-maisons de commerce bordelaises, l’importation des "Libano-syriens" pour tenir l’économie de rente avec leurs auxiliaires, les fameux "traitants". Les premiers Sénégalais à initier un système d’accumulation primitive de capital et à constituer une esquisse de classe sociale, une bourgeoisie nationale naissante. Mais sur la durée, on n’a pas observé une reproduction naturelle et familiale dans une dynamique entrepreneuriale.
Puis, le socialiste Léopold Sédar Senghor a voulu, par le canal du Compte K2, faire émerger une classe d’hommes d’affaires nationaux afin de prendre le relais de l’Etat-Entrepreneur qui avait atteint ses limites. On sait ce qu’il en advenu, avec une politisation à outrance, un dévoiement des objectifs et un échec patent.
Il aura fallu attendre l’arrivée de Wade, un affairiste hors-pair, pour voir surgir, ex-nihilo, une génération spontanée de "milliardaires", sans background, ni références. C’est l’ère des "marchés" qu’on donne à des copains, "en veux-tu, en voilà" ! Pire, avec Wade, on a découvert des ministres et fonctionnaires "milliardaires". D’où la "traque des biens mal acquis" et la réactivation de la CREI, par Macky Sall...
Pendant ce temps, des hommes et femmes ont cru en leur étoile et en leur pays, ont épargné des années durant, ont investi dans des activités génératrices de revenus. Ils ont commencé à se bâtir un patrimoine, ont réinvesti leurs bénéfices et au fil du temps, se sont constitués en une véritable classe entrepreneuriale. Avec ou sans l’aide de l’Etat, ils sont parvenus à se faire un nom et avoir une signature. A ceux-là, la Nation sénégalaise est bien reconnaissante...
Pour autant, le Privé national ne pèse pas encore dans l’économie nationale. Ils sont encore trop petits face à des multinationales, qui raflent tous les gros marchés. On comprend alors leur malaise, leur sentiment d’impuissance et de non-assistance par l’Etat qui devait être, selon eux, leur "complice", dans la voie de l’Emergence...
Dans l’absolu, le Secteur privé national a raison. L’Etat doit identifier ceux qui ont un vrai potentiel de croissance et d’émergence, les accompagner pour en faire des "champions nationaux" capables de hisser, haut et loin, le drapeau national afin de gagner encore davantage de combats dans la grande bataille de la mondialisation. Soit le seul combat qui vaille...
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LE CHEF DE BOKO HARAM FAIT ALLÉGEANCE AU GROUPE ETAT ISLAMIQUE
Kano (Nigeria), 7 mars 2015 (AFP) - Le chef du groupe islamiste nigérian Boko Haram, Abubakar Shekau, a annoncé samedi avoir fait "allégeance" au mouvement jihadiste Etat islamique (EI), le jour où trois nouveaux attentats ont ensanglanté le nord-est du Nigeria, faisant au moins 58 morts.
C'est dans un enregistrement audio de huit minutes, diffusé sur le compte Twitter de Boko Haram, qu'Abubakar Shekau a formalisé cette annonce, trois semaines avant la présidentielle nigériane que les insurgés islamistes menacent de perturber.
"Nous annonçons notre allégeance au calife des musulmans, Ibrahim ibn Awad ibn Ibrahim al-Husseini al-Qurashi", chef de l'EI, déclare la voix prononçant ce message, identifiée comme étant celle du chef de Boko Haram.
Al-Qurashi est plus connu sous le nom d'Abou Baqr al-Baghdadi, qui en juin 2014 a proclamé un "califat", à cheval sur les territoires syrien et irakien. Il s'agit d'un simple enregistrement audio accompagné d'une image représentant un micro, alors qu'habituellement Shekau est visible dans les messages qu'il diffuse, la plupart du temps en gros plan.
Dans son message, Abubakar Shekau s'exprime en arabe, et son intervention est sous-titrée en français et en anglais. Il est impossible pour l'instant d'en vérifier l'authenticité, mais le chef de Boko Haram s'identifie clairement sur la bande audio.
Shekau avait déjà évoqué al-Baghdadi dans ses vidéos mais sans jamais lui faire formellement allégeance. Pourtant, ces derniers mois, il y a clairement eu des signes de rapprochement entre le groupe nigérian et l'EI.
Boko Haram a conquis en juin 2014 la ville de Gwoza dans l'Etat de Borno (nord-est), d'où Shekau a, à son tour, proclamé en août un "califat" dans les zones passées sous contrôle islamiste.
En outre, un rapprochement s'est opéré dans les modes de communication, les vidéos de Boko Haram se mettant à ressembler de plus en plus à celles de la propagande de l'EI. Depuis 2009, l'insurrection islamiste et sa répression par les forces de l'ordre nigérianes ont fait plus de 13.000 morts.
En février, le président nigérian Goodluck Jonathan a affirmé qu'il disposait d'éléments attestant des liens entre Boko Haram et l'EI, sans en dire davantage. Le spécialiste du jihadisme sunnite Aaron Zelin, chercheur à l'Institut sur la politique au Proche-Orient à Washington, estime qu'il est difficile d'évaluer les effets immédiats d'une telle allégeance.
"Cela va clairement dessiner une cible encore plus grosse sur leur dos", a-t-il dit à l'AFP par mail. "C'est cohérent car cela met l'accent sur la résonance de l'idée de califat". "Durant des années, a-t-il ajouté, il y a eu des rumeurs de liens avec Aqmi (al-Qaïda au Maghreb islamique) ou les shebab (somaliens, ndlr) mais il n'y a jamais rien eu de définitif... et désormais (Boko Haram) décide de le faire ouvertement."
- Au moins 58 morts -
Cette annonce intervient alors que Boko Haram semble avoir été mis en difficulté par l'armée nigériane qui, appuyée par ses alliés tchadien, nigérien et camerounais, a repris aux islamistes plusieurs villes stratégiques.
Menacé, le groupe islamiste rassemblait cette semaine des troupes dans son fief de Gwoza, tandis que les massacres de civils se poursuivaient. Des experts ont averti que les attaques risquaient de se multiplier, notamment dans les régions les plus reculées et à l'approche des élections présidentielle et législatives du 28 mars.
Shekau a promis de tout faire pour perturber le vote, faisant craindre que les élections, très disputées et parfois sources de violences à motifs politiques, ne tournent au désastre.
Samedi, la grande ville de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno et berceau de Boko Haram, a été secouée par trois explosions attribuées aux islamistes, qui ont fait au moins 58 morts et 139 blessés.
Au moins une des explosions a été provoquée par une kamikaze. De nombreux enfants ont été tués par ces attaques, qui ont touché deux marchés très fréquentés et une gare routière bondée.
La première explosion a eu lieu vers 11H20 (10H20 GMT), lorsqu'une kamikaze a fait exploser sa ceinture d'explosifs sur le marché aux poissons "Baga", tuant au moins 18 personnes, selon Abubakar Gamandai, responsable du syndicat des pêcheurs de l'Etat de Borno.
Une heure plus tard, une autre explosion a frappé un second marché de Maiduguri, le "Monday market", faisant au moins 15 morts et semant le chaos. Enfin, vers 13H00 (12H00 GMT), une troisième déflagration a touché un parking situé près d'une gare routière très fréquentée.
Certains témoins des deux dernières explosions ont également évoqué des kamikazes mais l'information n'a pu être confirmée. "Les terroristes sont furieux de la façon dont ils ont été repoussés des villes et villages" qu'ils contrôlaient et ils "expriment leur colère", a réagi le commissaire à la Justice pour l'Etat de Borno, Kaka Shehu.
Au micro de Dame Babou sur African Time, comme chaque semaine, Pape Ndao fait un tour d'horizon de l'actualité de la semaine dernière en wolof pour vous. Écoutez.