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8 février 2025
LE SORT DE BARTH ENTRE LES MAINS DE SON ANCIENNE AVOCATE, ME AÏSSATA TALL SALL
Après le verdict rendu vendredi dernier par la Cour suprême, confirmant celui de la Cour d’appel, le sort de Barthélémy Dias relativement à son mandat de député est désormais entre les mains de Me Aïssata Tall Sall, actuelle ministre de la Justice.
Après le verdict rendu vendredi dernier par la Cour suprême, confirmant celui de la Cour d’appel, le sort de Barthélémy Dias relativement à son mandat de député est désormais entre les mains de Me Aïssata Tall Sall, actuelle ministre de la Justice. C’est du moins ce que prévoit le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en son article 51et repris dans la Constitution en son article 61 qui dit clairement que «le député qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des députés de l’Assemblée nationale sur demande du ministre de la Justice».
A partir de ce moment, tout dépendra de Mme le ministre qui n’est autre que l’ancienne avocate du maire de Dakar qu’elle avait vaillamment défendu lors de son procès. Face à cette situation, l’on est tenté de nous interroger sur la décision que prendra la ministre.
Pour rappel, ce n’est pas la première fois que les chemins d’Aïssata Tall Sall et Barthélémy Dias se croisent. Ils ont longtemps cheminé ensemble au Parti socialiste comme membres du bureau politique et ont eu à mener le même combat contre Me Abdoulaye Wade dans sa volonté de vouloir briguer un troisième mandat. Mieux, les deux s’étaient opposés avec rigueur à l’invite du président pour que le PS le soutienne et renonce à présenter un candidat en 2019. D’ailleurs leur volonté partagée de s’opposer à une telle demande leur avait valu la sanction sévère d’être expulsés du PS. Aujourd’hui la situation est tout autre. L’actuelle ministre de la Justice appartient à la mouvance présidentielle et roule pour Amadou Ba, candidat du régime, alors que Barthélémy Dias soutient Khalifa Sall lui aussi prétendant sérieux pour conquérir le pouvoir. Même si on ne sait pas encore la décision que prendra l’exécutif, on peut tout de même présager que si Mme la ministre reste cohérente dans sa démarche, l’espoir est permis de voir Barthélémy Dias conserver son poste jusqu’à la fin de la législature. Mais si elle agit autrement, cela peut faire naître des suspicions qu’il y aurait des motivations politiques derrière sa décision.
Toujours est-il que, contrairement aux décisions de justice rendues par les tribunaux de Ziguinchor et de Dakar, ici rien n’oblige que le verdict rendu par la Cour suprême soit suivi d’une demande pour déchoir le concerné de son mandat de député
BARTH, DU PANTHÉON À LA ROCHE TARPÉIENNE ?
L'affaire Ndiaga Diouf poursuit Barthélémy Dias depuis plus de dix ans. Alors que la Cour suprême vient d'entériner sa condamnation, quels seront les impacts sur son engagement et sur l'échiquier politique sénégalais ?
Depuis l’avènement de la seconde alternance, la vie politique de Barthélémy Dias est faite en dents de scie. Mais avec le verdict rendu vendredi dernier par la Cour suprême, le maire de Dakar va vers un tournant décisif pour le reste de sa carrière...
Le 22 décembre 2011, la mairie de Mermoz Sacré Cœur a été le lieu d’échange de tirs entre l’édile Barthélémy Dias et un groupe de personnes à bord d’un pick-up. Lesquelles, selon Dias, ont agi sous les ordres du régime d’alors qui voulait attenter à sa vie. Au cours de cet échange, le nommé Ndiaga Diouf, un des «nervis», a été tué. Barthélémy Dias est arrêté, jugé et condamné à une peine de deux ans dont six mois ferme et à payer une somme de 25millions de francs à la famille du défunt à titre de dommages et intérêts. Cet épisode malheureux s’est déroulé dans un contexte politique très tendu entre le régime du président Abdoulaye Wade et l’opposition.
En effet, le Président Wade tenait coûte que coûte à se présenter pour un troisième mandat très contesté et était également soupçonné de vouloir céder le pouvoir à son fils une fois reconduit. La bataille était rude entre les deux camps et Barthélémy Dias, en tant que responsable des Jeunesses Socialistes du PS, s’était distingué comme l’un des plus virulents opposants au régime d’alors. Le courage en bandoulière, sa fougue de jeunesse aidant, il faisait montre d’une détermination sans faille aux côtés du défunt secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng, pour freiner les ambitions « monarchiques » du Pape du Sopi. D’où, d’après lui, les raisons de cette tentative d’attenter physiquement à sa vie. Après l’élection présidentielle de 2012, le pouvoir tombe entre les mains de Macky Sall élu sous la bannière de «Macky 2012», coalition dont Jean Paul Dias père de Barthélémy Dias, était un membre éminent. Dès sa prise de pouvoir, le nouveau président met en place la grande coalition BBY (Benno Bokk Yaakar) qui réunit l’ensemble des partis qui l’ont soutenu entre les deux tours dont le PS. Le slogan était de «Gagner ensemble et gouverner ensemble».
Lors des élections législatives tenues la même année 2012, Barthélémy Dias, pourtant en prison, est investi sur la liste des députés par le Président Macky Sall en réparation à ce qu’il avait qualifié «d’injustice», c’est à dire son arrestation. C’est ce qu’il avait fait savoir en tant que opposant lorsqu’il s’était rendu chez Jean Paul Dias pour apporter son soutien au fils de ce dernier en prison. Le maire de Mermoz Sacré Cœur est élu député et membre du bureau de l’Assemblée nationale plus précisément au poste de secrétaire élu. Aux élections municipales de 2014, Khalifa Sall se démarque de la liste de Benno et se présente comme candidat à sa propre succession à la mairie de Dakar sous la bannière de «Taxawu Dakar». Il rafle les dix sept communes sur les dix neuf que compte Dakar et rempile à la tête de l’hôtel de Ville de la capitale tandis que Barthélémy Dias est réélu à la tête de sa commune. A partir de ce moment, Khalifa Sall affiche ses ambitions présidentielles, soutenu par des dissidents au projet de Macky Sall qui voulait se faire réélire en s’appuyant sur les partis de BBY. Dans ce lot de rebelles contre le souhait du chef de l’État, Barthélémy Dias était au devant de la scène. Il prend position pour que le PS poursuive sa reconquête du pouvoir. Ironie du sort, voilà que plus d’une décennie après, à moins de deux mois de l’élection présidentielle de 2023, son dossier judiciaire déjà jugé en première instance et en appel, vient d’être vidé par la Cour suprême sous le régime de Macky Sall. Barthélémy Dias, qui a avait contesté le premier verdict, avait interjeté appel. A la suite de la confirmation parla Cour d’Appel du verdict rendu en première instance, il s’était pourvu en cassation. La Cour suprême vient de rejeter son pourvoir endant la condamnation définitive.
Barth, soutien indéfectible de Khalifa...
Ousmane Tanor Dieng, successeur de Léopold Sédar Senghor et d’Abdou Diouf au poste de Secrétaire général du PS, décide de soutenir Macky Sall pour un second mandat. Celà installe une division au sein de cette vieille formation politique. Dès ténors comme Khalifa Sall, Bamba Fall, Jean-Baptiste Diouf, Banda Diop et, bien sûr, Barthélémy Dias ainsi que d’autres font savoir qu’ils n’entendent pas «diluer le comprimé du PS dans le verre de l’APR». Leur rébellion, dont le point culminant a été l’attaque du siège du Ps alors que le bureau politique s’y réunissait, aboutit à leur exclusion du PS. Barthélémy Dias perd son poste dans le bureau de l’Assemblée nationale, affiche sa position ferme de ne pas adhérer au souhait de Macky Sall et, pour la première fois, s’oppose frontalement à son mentor Ousmane Tanor Dieng. Il se rapproche de Khalifa Sall, député et maire de Dakar. Les partisans d’OTD sont promus à des postes de responsabilité tandis que ses adversaires voient les foudres du régime s’abattre sur eux. Le duo que forme Khalifa Sall avec Barth commence à enregistrer des soutiens qui pourraient faire mal au régime. Après quelques tournées à l’intérieur du pays, le maire de Dakar, refusant de renoncer à ses ambitions présidentielles, fait l’objet d’accusation de détournement de deniers publics. C’est la fameuse affaire de la « caisse d’avance » de la mairie de Dakar qui lui vaut d’être jeté en prison jusqu’après l’élection présidentielle de 2019. Durant toute la durée de sa détention, Barthélémy Dias n’a jamais cessé de le soutenir. Mieux, il a eu même à se faire arrêter de son propre gré parce que disant en avoir mare de rester libre pendant que son mentor était au gnouf.
A la sortie de prison de Khalifa Sall après l’élection présidentielle de 2019, le combat reste le même, l’engagement ne varie pas pour Dias. Désormais, il fallait faire vers la prochaine présidentielle pour porter Khalifa Sall à la tête de la magistrature suprême. Mais le premier combat consistait à lui faire recouvrer ses droits civiques et politiques perdus. Les résultats du scrutin présidentiel de 2019 remporté par Macky Sall ont révélé l’émergence d’une nouvelle force politique incarnée par Ousmane Sonko classé troisième avec un score de 15%. Connu pour sa radicalité, sa capacité de nuisance au régime eu égard aux révélations fracassantes sur les scandales au niveau de l’Etat, son alliance avec Barthélémy Dias était une menace sérieuse et difficile à contenir pour le pouvoir. La naissance de la coalition Yewwi Askan Wi permet à ces deux phénomènes de la scène politique de se retrouver dans une même entité où ils font face à Macky Sall. A travers des meetings, marches, conférences de presse… ils font feu de tout bois. Par des discours fracassants à l’endroit du chef de l’État, ils dénoncent ses échecs aussi bien au plan économique qu’immatériel. Leurs messages commencent à faire des effets.
Avec Sonko, un duo qui a mal tourné...
Décidés à en découdre avec le président Sall et bénéficiant d’une forte adhésion, surtout de jeunes à leur combat, rien n’arrête ces deux Bulldozer. Ils affichent leur estime mutuelle, font montre d’une complicité sans faille et déroulent leurs stratégies pour contrer toutes les tentatives du pouvoir de vouloir casser leur dynamique.
Ousmane Sonko, empêtré dans une affaire de viol, et Barth, traînant comme un boulet le meurtre du nervi Ndiaga Diouf, ont des dossiers judiciaires qui, telle l’épée de Damoclès, sont suspendus sur leurs têtes. Ils font bloc jusqu’à faire reculer le pouvoir en 2021 et 2023 au cours de manifestations d’une rare ampleur ayant fait des dizaines de morts. Au plan politique, leur coalition Yewwi Askan Wi s’illustre aux locales et aux législatives. A ce dernier scrutin, elle frôle la majorité absolue en alliance il est vrai avec l’autre grande coalition de l’opposition, Wallu. Sonko remporte la mairie de Ziguinchor et Barth celle de Dakar avec des scores fleuve. Dias toujours préoccupé par l’éligibilité de son candidat Khalifa Sall en 2024, et sachant que l’avenir politique de ce dernier est entre les mains du chef de l’État, décide de changer de stratégie de lutte. Pour lui, l’heure était venue de trouver une autre voie afin d’atteindre ses objectifs. La politique étant un jeu de séquences, il estime qu’il faut se battre quand il le faut mais dialoguer lorsque c’est nécessaire. Mais on ne peut pas continuer sur un même rythme de confrontation dans la rue. Le mot est lâché «dialogue». C’est ce à quoi le chef de l’État avait appelé pour une sortie de crise face à la situation de l’heure. Khalifa Sall, qui trouve à travers cette invite une occasion rêvée d’être ressuscité politiquement, se dit favorable au dialogue. Ousmane Sonko reste ferme sur sa position de radicalité. Brusquement, Barth est devenu moins virulent envers le pouvoir du président Macky Sall. Il donne même l’impression de s’entendre avec ce dernier sur un compromis dont les contours auraient été déjà tracés. Vrai ou faux ? En tout cas leur échange de mains chaleureux au Forum Mondial sur l’Economie Sociale et Solidaire tenu en mai dernier à Dakar et où Khalifa Sall a lui aussi salué le chef de l’État, chacun d’eux affichant un large sourire, avaient fait tiquer dans l’opposition. C’était maintenant sûr. Khalifa Sall irait au dialogue dont Barth se réclame être «l’architecte». Au niveau de Yewwi et des partisans de Sonko, Dias est traîné dans la boue, perçu comme un traître qui a concocté un « deal » avec Macky Sall pour sacrifier son «ex-ami», le leader de Pastef, au profit de Khalifa Sall pour le rendre éligible. Au vu des décisions qui ont sanctionné ce conclave, ceux qui soutenaient cette thèse pouvaient estimer avoir vu juste dès l’instant que des modifications du code électoral taillées sur mesure ont permis à «Khaf» — mais aussi à Karim Wade — de retrouver leurs droits civiques et politiques tandis que Sonko était laissé seul face au régime. Finalement c’est la cassure, le divorce total entre Taxawu et Pastef. Autant dire que si Macky Sall, à travers ledit dialogue, voulait diviser Yewwi Askan Wi, isoler Sonko et se rapprocher de Khalifa, il a bel et bien réussi son coup.
Le bâtiment du dialogue, s’est-il abattu sur son architecte ?
La politique n’est pas une science exacte. Elle a ses réalités. C’est une affaire de génie où n’a passa place celui qui ne sait pas anticiper sur le futur. Autrement, Barthélémy Toy Dias, actuel maire de Dakar et député à l’Assemblée nationale que d’aucuns considèrent comme étant le meilleur homme politique de sa génération ne serait jamais pris dans le piège qu’il s’est lui même aménagé. Face à la presse et au cours d’une émission de télévision, Dias s’en est vertement pris au régime qui, selon lui, tient à lui arracher son poste de député pour réduire le nombre de députés susceptibles de parrainer son candidat Khalifa Sall. Surpris parla programmation de son procès dans l’affaire Ndiaga Diouf, il avait senti venir la confirmation par la Cour suprême du verdict rendu par la Cour d’appel. Il avait aussi dénoncé la réduction drastique — de plus de trois milliards de francs à 55 millions ! —que l’État lui versait au titre de la contribution économique locale. Avec le verdict rendu vendredi dernier par la Cour suprême, son mandat de député dépend à présent du bon vouloir du pouvoir en place. Plus inquiétant est le risque de perdre la mairie de Dakar. Certes, d’après les textes qui régissent le code des collectivités locales, il ne court en principe aucun risque d’être destitué. Toutefois, rien ne garantit son maintien à ce poste. Avec un pouvoir qui refuse d’appliquer les décisions de justice ne l’arrangeant pas, il faut s’attendre à tout notamment à une interprétation très élastique des textes pour leur faire dire n’importe quoi qui soit conforme à ses intérêts. Mais on n’en est pas encore là. Pour l’heure, Barthélémy Dias, qui se trouve dans un tournant important de sa vie politique, ignore encore le sort qui lui sera réservé. Tout de même, s’il se voit déplumé de ses postes de maire et de député, ce serait le bâtiment du dialogue qui s’effondrerait sur son «architecte» !
LES EVEQUES DU SENEGAL MAINTIENNENT LEUR VETO
Les autorités de l’Eglise au Sénégal ont réagi à l’annonce de la bénédiction des couples homosexuels par le Pape.
Les autorités de l’Eglise au Sénégal ont réagi à l’annonce de la bénédiction des couples homosexuels par le Pape.
Dans un communiqué rendu public hier, jeudi 28 décembre, les Evêques du Sénégal se sont démarqués de cette approbation en réitérant leur position sur l’homosexualité. « Dans leur Communiqué de presse du 16 novembre 2019 donné à l’issue de la Session Ordinaire de la Conférence épiscopale de Sénégal, Mauritanie, Cap Vert et Guinée-Bissau tenue à Thiès du 1 au 17 novembre 2019, nous pouvons lire ceci : « Devant les déviations morales parfois soutenues dans les réseaux sociaux, les Évêques réaffirment la position de l’Église universelle de lutter contre toute idéologie visant à considérer le corps humain comme un objet dont on peut disposer sans aucune référence aux valeurs spirituelles et morales. C’est pourquoi, tout en se gardant de porter un jugement sur les choix des individus au nom du respect de la dignité de la personne humaine, ils dénoncent toute initiative de vouloir légaliser l’avortement et l’homosexualité», lit-on dans le document.
Selon la source, «la même position est rappelée quelques années plus tard, lors de la dernière Session des Évêques du Sénégal tenue au Foyer de Charité du Cap des Biches, du 07 au 10 juin 2022, au lendemain du Pèlerinage marial de Poponguine». «Les Évêques réitèrent la position constante de l’Église, au sujet de l’homosexualité : ils ne portent pas un jugement sur les personnes. Ils sont pour le respect de l’intégrité physique des individus. Ils dénoncent toute initiative de vouloir légaliser l’homosexualité qui n’est pas conforme à nos valeurs traditionnelles, encore moins à nos croyances religieuses chrétiennes», rapporte le communiqué.
Ainsi, les Evêques du Sénégal appellent tous à la conversion des cœurs. «Les Évêques convient les Prêtres, les Consacrés et les fidèles laïcs, avec nos frères musulmans, à plus de sérénité, dans la prière, pour une véritable conversion des cœurs et des esprits», indique la note.
Pour rappel, le 18 décembre dernier, le pape François a approuvé un document publié par le Vatican autorisant les prêtres à bénir les couples de même sexe. Le Vatican affirme que les bénédictions ne devraient pas faire partie des rituels réguliers de l’Eglise ou être liées aux unions civiles ainsi qu’aux mariages. Cette décision a provoqué une levée de boucliers dans une partie du monde catholique.
LES NIAYES, EN SOUFFRANCE !
De Niague jusqu’à Sangalkham, en passant par le Lac Rose, le constat que l’on fait, c’est que le démarrage de la culture des produits maraîchers est encore timide
Malgré la fin de la saison des pluies, période défavorable à la culture des légumes, les nombreux périmètres maraichers sont en souffrance, dans les Niayes. Pour cause, la cherté des semences d’oignon cédées à 55 000 FCFA les 500g, de carotte vendues à 30 000 FCFA les 100g, entre autres. A cela s’ajoutent les difficultés d’accès à la terre pour les petits producteurs. Pourtant, il urge de trouver une solution définitive à cette récurrente et galopante inflation des prix des produits horticoles. Par exemple : le prix du kilogramme de l’oignon a flambé à 800 FCFA.
De Niague jusqu’à Sangalkham, en passant par le Lac Rose, le constat que l’on fait, c’est que le démarrage de la culture des produits maraîchers est encore timide. Bientôt deux mois vont s’écouler, mais les paysans de ces localités peinent à trouver leur marque dans cette activité très prisée dans les Niayes. La situation, comparée à celle des mois précédents, présente un visage très pâle. Pour mémoire, le président de la Fédération des producteurs maraîchers des Niayes (FPMN), Ibrahima Mbengue, a révélé qu’en «saison des pluies, le maraîchage ne mobilise pas plus de 10% des producteurs»
Les 2700 membres de la FPMN exploitent 500 ha de terres. Les murs de clôture érigés autour des jardins forment des enclos disséminés un peu partout. Leurs aires sont envahies pas les herbes. Auparavant, «c’étaient des plants de pépinières d’oignon, de carotte, de salade, entre autres, qui dominaient les superficies. Mais, ce n’est plus le cas», témoigne un paysan maraîcher. A l’intérieur de chaque domaine, un petit bâtiment sert de logement à l’agent de sécurité qui veille sur les lieux. Aliou Faye, gardien du domaine de la famille apparentée au premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, a indiqué : «je bénéficie d’un salaire tous les mois. Ma famille et moi résidons dans cette parcelle. En outre, je mène des activités maraîchères. Cela me permet d’arrondir les fins du mois trop difficiles. Ces terres en souffrance, c’est plutôt le propriétaire du domaine qui refuse d’autoriser les gens à exploiter leurs champs».
L’identité du propriétaire des parcelles est un tabou. Ils craignent d’être virés par leurs employeurs. Par contre, il existe des familles qui acceptent, qu’on révèle à la connaissance du grand public leur identité. La plupart d’entre eux exerce deux activités pour arrondir les fins du mois : celles de gardien et de producteurs maraîchers. Les terres mises en valeur leur sont octroyées par le propriétaire du domaine qui ne demande un seul sou. En réalité, les superficies exploitées sont insignifiantes. Des champs que nous avons visités, ce sont de petites portions qui sont exploitées. Par exemple sur un terrain de 2 ha, le tiers de la superficie n’est pas exploité. Pourtant, ces espaces devaient être revalorisés. Cela permettrait de lutter contre l’émigration irrégulière et d’assurer un approvisionnement correct du marché sénégalais en légume.
LES CONSOMMATEURS ENTRE LOBBY INFLUENÇANT LES PRIX ET PRODUCTEURS MÛS PAR LA RECHERCHE DU PROFIT
Le Sénégal n’est pas confronté à un problème de surproduction, encore moins de demandes. «Les pénuries de légumes, constantes d’année en année, attestent que le besoin est criard. Donc, le marché n’est pas saturé. L’oignon est très prisé. Aujourd’hui, au lieu d’inciter les gens à s’investir dans la filière horticole, en instaurant une politique qui va faciliter aux petits producteurs d’accéder à la terre, les pouvoirs publics préfèrent les laisser en rade», a déclaré un producteur de la localité.
Selon les témoignages que nous avons recueillis, «il existe un lobby qui n’a pas intérêt que la production soit abondante. Leur souhait, prendre les consommateurs en otage, en provoquant des pénuries et pour fixer des prix prohibitifs»
Le retard dans le démarrage de l’activité horticole est lié à diverses raisons : le coût élevé des semences et le manque de semences. Djiby Ka explique : «je suis obligé de patienter avant d’engager les travaux maraîchers. L’argent n’était pas en place, pour l’achat des semences, ainsi que l’installation du matériel. Les deux hectares (2 ha) ne vont pas être exploités cette année».
Cet équipement a nécessité un investissement d’environ un million de nos francs. Sans compter l’achat des semences. «L’Etat n’exerce aucun contrôle sur les prix du matériel agricole ainsi que ceux des semences. Alors que les prix de nos produits ne sont pas indexés à partir du coût de production», a déploré Djiby Ka. Par ailleurs, une source proche du Centre de formation agricole de Sangalkham soutient que «le problème avec les producteurs maraîchers, c’est qu’ils voudront toujours faire de la plus-value au détriment de la qualité. A travers les sessions de formation qu’on leur a offertes ici, j’ai remarqué non seulement qu’ils ne sont pas bien outillés pour mener l’activité comme cela se doit mais leur préoccupation majeure, c’est le profit». En ce qui concerne la situation phytosanitaire, des menaces pèsent sur les cultures. Toutefois, plusieurs producteurs affirment que les sols sont infestés par des nématodes. Cela reste à prouver, car ces parasites ne sont pas visibles à l’œil nu. Les produits comme le Mocap, pour traiter les exploitations, coûtent cher. La lutte biologique est plus onéreuse que la lutte chimique. Les prix du litre des produits phytosanitaires oscillent entre 7 000 FCFA à 10 000 FCFA.
CAN 2023, ALIOU CISSE PUBLIE UNE LISTE DE 27 JOUEURS
Le sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal, Aliou Cissé a dévoilé, vendredi, une liste de 27 joueurs devant prendre part à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2023 en Côte d’Ivoire avec treize champions d’Afrique en titre.
Dakar, 29 déc (APS) – Le sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal, Aliou Cissé a dévoilé, vendredi, une liste de 27 joueurs devant prendre part à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2023 en Côte d’Ivoire avec treize champions d’Afrique en titre.
Cissé a rendu publique une liste de 27 joueurs marquée par la présence de 13 champions de la dernière CAN au Cameroun. Dix autres joueurs, dont Lamine Camara, Nicolas Jackson, Ismail Jakobs, Abdoulaye Niakhaté Ndiaye, connaitront leur première CAN.
Retour de Sabaly et Diatta à la CAN
Youssouf Sabaly et Krépin Diatta, absents de la dernière CAN pour blessure, font leur retour à la compétition africaine. Ils étaient de l’édition de 2019 en Egypte. Ils joueront leur deuxième compétition africaine.
La triplette Sadio, Gana et Kouyaté pour leur sixième CAN
Présents dans l’équipe lors depuis la CAN 2013 en Afrique du Sud, Sadio Mané, Idrissa Gana Gueye et Cheikhou Kouyaté vont jouer, en Côte d’Ivoire, leur sixième CAN d’affilée.
Milieux de terrain : Pape Matar Sarr, Pathé Ciss, Nampalys Mendy, Idrissa Gana Gueye, Cheikhou Kouyaté, Lamine Camara, Pape Gueye
Attaquants : Iliman Ndiaye, Sadio Mané, Habib Diallo, Ismaïla Sarr, Nicolas Jackson, Boulaye Dia
QUAND LES FEMMES INQUIETENT !
Huit ans après le démarrage de ses activités, le Centre de prise en charge des addictions de Fann (Cpiad) reste toujours méconnu des Sénégalais malgré l’évolution du taux d’audience.
Huit ans après le démarrage de ses activités, le Centre de prise en charge des addictions de Fann (Cepiad) reste toujours méconnu des Sénégalais malgré l’évolution du taux d’audience. Pour pallier cette situation, les acteurs ont tenu durant trois jours des portes ouvertes qui ont pris fin hier, jeudi 28 décembre, dans ledit centre. Une manière de s’ouvrir au public qui pense toujours que la prise en charge n’est que pour les victimes de drogue. Toutefois, il faut souligner selon le directeur du Cpiad que les femmes demeurent une préoccupation pour cette maladie car constituant 10% de la population
L ’addiction qui est une dépendance à une substance ou à une activité, est une maladie multifactorielle qui associe troubles biologiques et psychiques entrainant des problèmes sociaux. Ses conséquences sont néfastes sur la santé de la personne affectée. Au Sénégal, un centre a été mis en place pour prendre en charge les cas d’addiction. Seulement, il faut noter que la grande majorité des personnes qui s’y rendent, sont des victimes de drogue. Pour corriger cette situation, des portes ouvertes se tiennent presque chaque année pour faire connaitre la mission du centre. Pour le Professeur Idrissa Ba, coordonnateur du Centre de prise en charge intégré des additions de Dakar (Cepiad), la stigmatisation et la discrimination liées aux représentations que cela soit à la loi ou de nos valeurs culturelles, traditionnelles constituent un des obstacles auxquels ils sont confrontés. « Le Cepiad au-delà de ses activités de prise en charge, fait beaucoup de plaidoyer. Cela d’abord pour faire connaitre que l’addition est une maladie qui a été prouvée scientifiquement. Et les concepts ont leur poids, leur impact dans la prise en charge », a fait savoir le professeur Ba.
Pour le dit centre, le taux de fréquentation reste faible par rapport au nombre de personnes qui souffrent d’addiction de tout genre dans le pays. Pour ces journées portes ouvertes, les acteurs pensent pouvoir améliorer l’audience. A en croire le Pr Idrissa Ba : « nous avons vu que le taux de fréquentation peut être amélioré, si nous communiquons avec les populations, si nous sortons de nos cours, si nous faisons le plaidoyer auprès des autorités pour un renforcement des moyens mis à sa disposition, ces efforts pourront contribuer à lever ces obstacles ». Et de poursuivre : « ces journées nous offrent l’opportunité de communiquer en prenant comme support la presse. L’objectif est de contribuer à mieux faire connaitre le travail que fait le Cepiad aux populations mais également aux services que le centre peut offrir par rapport aux additions ».
Si avant, on parlait de drogues injectables à l’ouverture du Cepiad, maintenant de nouvelles formes de drogues existent avec des tendances émergentes. Une remarque qui a fait réagir le Pr Ba : «il y a des drogues qui font de plus en plus leur apparition et qui posent beaucoup de problèmes. C’est l’exemple du volet, des ballons. Il y a d’autres formes d’addiction qui sont sans substance dont les jeux d’argent, l’addiction sexuelle, l’addition aux smartphones parmi tant d’autres qui nous paraissent important d’aborder et d’engager ». Revenant sur les statistiques du centre depuis le démarrage de ses activités en 2015, le Pr Ba a renseigné : « le centre reçoit annuellement 500 nouvelles demandes. Actuellement, nous avons une file active de près de 4000 patients qui sont suivis par le Cepiad. Et au niveau de cette prise en charge, nous avons un programme important et c’est par rapport aux drogues injectables, les OPIAC, l’héroïne. On a également le programme méthadone qui constitue à inclure dans ce programme les gens dépendant des OPIAC notamment l’héroïne. Et dans ce programme, nous avons enregistré 300 personnes qui ont été incluses ». Et d’attester : « ce programme est confronté à beaucoup de difficultés liées à cette stigmatisation et cette discrimination qui font que les gens ont beaucoup de problèmes à y avoir accès mais surtout à y rester »
UNE PRISE EN CHARGE DECENTRALISEE
Pour le professeur Ba, ils sont engagés dans un processus de décentralisation. A cet effet, il a renseigné qu’il n’y a pas que le Cepiad au Sénégal, quatre autres structures existent aussi et prennent en charge les consommateurs de drogue. « Il y en a une unité d’addictologie à Thiaroye, une autre à l’hôpital de Mbour, une à l’hôpital de Kaolack et enfin au centre de Mbacké. Il faut que l’Etat et les autorités s’impliquent davantage pour que nous puissions faire face à cette demande de plus en plus croissante ».a-t-il estimé. Et de faire comprendre : « qu’en matière d’addition, il n’y a pas de sexe ou d’âge. Mais les femmes constituent l’une de nos préoccupations. A peu près, c’est 10% de nos populations. Nous savons qu’il y en a plus, il faut que nous soyons beaucoup plus focus sur ces dernières. C’est pourquoi les activités de ces journées ont beaucoup ciblé les femmes. Il s’agit d’activités génératrices de revenus parce que dans l’addiction aussi, il y a un problème économique et social, ce sont des femmes avec qui il faut faire des activités d’estime de soi comme la coiffure, la teinture entre autres ».
« EN CETTE FIN D’ANNEE, L’IMAGE DE LA DEMOCRATIE AU SENEGAL EST PEU RELUISANTE»
Jean Charles Biagui, enseignant-chercheur en sciences politiques (Ucad), fait le bilan de 2023
« La gouvernance sous Macky Sall est davantage marquée par des constantes que par des ruptures. L’année qui s’achève s’inscrit de ce point de vue dans une continuité avec la persistance d’un autoritarisme dont les conséquences à moyen et à long terme sont imprévisibles. Les tergiversations du président Macky Sall quant à sa candidature pour un troisième mandat illégal et anachronique ont considérablement affecté les dynamiques de la compétition politique. Il a été obligé d’être réaliste en annonçant malgré lui qu’il ne se représenterait pas. Malgré le choix porte sur Amadou Ba, il n’a malheureusement pas renoncé au pouvoir. Il sait que son départ est inéluctable mais il entend toujours être le maître du jeu politique.
« EN CETTE FIN D’ANNEE, LE SENEGAL APPARAIT COMME L’UN DES PAYS AFRICAINS AVEC LE PLUS DE PRISONNIERS POLITIQUES »
Plus l’élection présidentielle approche et plus son pouvoir instrumentalise l’administration et la justice pour empêcher la candidature de Monsieur Ousmane Sonko. En cette fin d’année, le Sénégal apparaît comme l’un des pays africains avec le plus de prisonniers politiques. C’est souvent l’arrestation suite à un simple post sur les réseaux sociaux, un banal point de vue dans les médias, un commentaire de quelques minutes d’un journaliste sur une personnalité publique. Il s’agit d’un recul considérable. Nous sommes dans une configuration ou l’Etat de droit est un contenu sans contenant. Lorsque la puissance publique n’est pas soumise au droit en particulier au droit électoral, on ne parle plus d’État de droit. Lorsque le pouvoir actuel veut gouverner sans opposition, cela n’a pas de sens de parler d’Etat de droit. A ce titre d’ailleurs, le philosophe Claude Lefort expliquait déjà en 1979 que l’Etat de droit a toujours impliqué la possibilité d’une opposition au pouvoir.
« LE SENEGAL EST AUJOURD’HUI EN REALITE UN PAYS MARQUE PAR UN REJET DU PLURALISME POLITIQUE... »
En cette fin d’année, l’image de la démocratie Sénégalaise est peu reluisante. Le principal opposant est en prison, son parti dissous, les libertés fondamentales comme celles de réunion ou de manifestation sont remises en cause, certaines universités sont fermées parce que le pouvoir craint les mobilisations des étudiants. Si nous ajoutons à ce tableau déjà sombre, la faiblesse des associations se réclamant de la société civile, la crainte des journalistes et des citoyens d’être arbitrairement arrêtés, nous pouvons en conclure que nous sommes dans une phase de reflux démocratique pour reprendre la formule de Samuel Huntington. Autrement dit, une période où l’autoritarisme reprend le dessus. Le Sénégal est aujourd’hui en réalité un pays marqué par un rejet du pluralisme politique à travers des stratégies du pouvoir central pour maintenir le statu quo politique et empêcher la possibilité du renouvellement des élites. Cette réalité autoritaire se caractérise aussi par l’affaissement de l’Etat de droit, l’interdiction de manifestations anti-gouvernementales, le manque de liberté. Dès lors, on s’achemine vers une élection quirisque de ne pas être ni libre encore moins compétitive.
« LE POUVOIR DE MACKY ET SES JURISTES ONT REUSSI A DECREDIBILISER L’ENSEIGNEMENT ET LA PRATIQUE DU DROIT AUPRES D’UNE GRANDE PARTIE DE L’OPINION PUBLIQUE »
« A deux mois environ de la présidentielle, les candidats ne sont pas encore connus. L’électeur attend toujours les différentes offres politiques. Le gouvernement et le Conseil constitutionnel vont bientôt lui imposer celles-ci. Le Sénégal est sans nul doute le seul pays au monde où à longueur de journée, les observateurs rivalisent d’arguments pour expliquer la loi. Les points de vue sont notamment nombreux et divers pour prouver le fondement juridique d’une candidature ou d’une non-candidature donnant ainsi l’impression que le droit est un langage ésotérique réservé aux seuls initiés. Ainsi, le pouvoir de Macky et ses juristes ont réussi à décrédibiliser l’enseignement et la pratique du droit auprès d’une grande partie de l’opinion publique ».
2023 DE TOUS LES EXCES !
Affaires politico-judiciaires, manifestations meurtrières de juin, libertés civiles et politiques en péril, jeu électoral tronqué…Dernière année du magistère du président Macky Sall, 2023 a été fortement marquée par des événements politiques d’envergure
Dernière année du magistère du président Macky Sall, 2023 a été fortement marquée par plusieurs événements politiques d’envergure. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer la décision du président Macky Sall de se conformer aux deux mandats, les affaires politico-judiciaires impliquant le maire de Ziguinchor avec la remise en question de l’autorité judiciaire par l’administration publique mais aussi le dialogue politique qui a permis à Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall de retrouver leur éligibilité
La décision du président de se conformer aux deux mandats présidentiels conformément aux dispositions de la Constitution du Sénégal a été certainement l’un des événements les plus marquants de cette année2023. En effet, alors que le spectre de sa troisième candidature avait fini d’installer le Sénégal dans une situation de tension politique sans précédent, Macky Sall a finalement annoncé le 3 juillet dernier sa « décision longuement et mûrement réfléchie » « de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024 ». Suite à cette décision prise au lendemain de sa rencontre avec 475 maires et 37 présidents de Conseil départemental, signataires d’une pétition pour lui demander de briguer une troisième candidature, il a désigné l’actuel Premier ministre comme son dauphin après un processus de sélection conduit par l’ancien président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse.
Autre fait politique ayant marqué cette année 2023, les affaires politico-judiciaires impliquant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor et leader du parti Pastef dissout par un décret présidentiel du 31 juillet 2023 qui fait l’objet d’un recours devant la Cour suprême avec leur lot de violences et de bilan catastrophique en termes de décès et de dégâts matériels. Il s’agit entre autres du procès pour diffamation dans l’affaire Prodac suite à une plainte de l’actuel ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, et de l’affaire de « viols et menaces de mort ». L’instruction de ces deux affaires considérées par les partisans du maire de Ziguinchor mais aussi par certains observateurs et intellectuels, comme une instrumentalisation de la justice en vue de rendre Ousmane Sonko inéligible pour la présidentielle de 2024, a déclenché une série de manifestations meurtrières avec d’importants dégâts matériels. Plus de 1000 arrestations ont été également dénombrées parmi les proches du maire de Ziguinchor suite à ces violences qui ont également entrainé la dissolution de son parti Pastef par décret présidentiel du 31 juillet, quelques heures après son placement sous mandat de dépôt. Dans un rapport publié suite aux cinq jours de manifestations qui ont suivi l’annonce le 1er juin dernier de la condamnation par contumace de Sonko pour corruption de la jeunesse, Amnesty international accuse les autorités d’avoir réprimé les manifestations dans la violence avec un usage excessif de la force, tirs de grenades lacrymogènes et tirs à balles réelles. Loin de s’en tenir-là, l’organisation de défense des droits de l’homme a également fait état dans ce document d’un bilan de 23 personnes tuées dont plusieurs par balles, enregistrés à Dakar et Ziguinchor, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin et plus de 500 blessés.
LE JEU TROUBLE DE L’ADMINISTRATION AVEC A LA CLE LA REMISE EN QUESTION DE L’AUTORITE JUDICIAIRE
Toujours dans cette liste des évènements politico-juridiques qui ont marqué cette année 2023, nous pouvons également citer l’affaire de la radiation du fichier électoral du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, le 11 juillet dernier en application de l’arrêt de sa condamnation par contumace par la Chambre criminelle le 1er juin dernier après son arrestation le 28 juillet dernier. Initiée par l’ancien ministre en charge de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, agrégé en Droit public à travers une liste de personnes à radier du fichier électoral du fait de la perte de leur qualité d’électeur suite à leur condamnation définitive qu’il avait adressée à son collègue en charge à l’époque de l’Intérieur, Felix Antoine Abdoulaye Diome, magistrat de fonction, cette radiation a été annulée respectivement par les tribunaux d’instance de Ziguinchor(12 octobre) puis de grande instance hors classe de Dakar (12 décembre). Seulement, ces décisions de justice ont été remises en question par l’administration publique à travers le refus de la Direction générale des élections d’exécuter la réintégration de Sonko sur les listes électorales.
Outre fait politique qui a marqué cette année finissante de 2023, c’est également l’intervention controversée de certains administrateurs civils dans le jeu électoral à travers l’interdiction systématique des manifestations projetées par des organisations politiques mais aussi par la société civile pour dénoncer les violations de l’Etat de droit au Sénégal. Idem pour le blocage des caravanes. Plusieurs leaders de l’opposition, de Khalifa Ababacar Sall à Malick Gakou en passant par le maire de Thiès Dr Babacar Diop, Anta Babacar Ngom, leader du mouvement Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC) pour ne citer que ceux-là, ont tous vu leur caravane gazée par les forces de défense et de sécurité suite à des mesures d’interdiction des autorités préfectorales.
LE DIALOGUE POLITIQUE POUR L’ELIGIBILITE DE KARIM WADE ET KHALIFA ABABACAR SALL
Autre événement politique qui a marqué cette année 2023, le dialogue politique. Tenues dans le cadre du dialogue national lancé le 31 mai dernier, les concertations politiques boycottées par Ousmane Sonko et ses camarades de la coalition Yewwi askan wi, ont permis de valider 12 points d’accords dont l’un des plus importants reste la modification de l’article L 28-3 du code électoral pour permettre à Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall de retrouver leur éligibilité perdue suite à leur condamnation à l’origine de la non-validation de leur candidature lors de la présidentielle de 2019.
L’autre accord non moins important porte sur la baisse du nombre de signatures nécessaires pour le parrainage de la candidature à la présidentielle. Du taux de 1% des inscrits sur le fichier électoral, le nombre de signatures nécessaires passe désormais entre 0,6% et 0,8%, ainsi que le parrainage de 8 % des députés correspondant à 13 parlementaires pour l’actuelle législature, mais également celui portant sur le parrainage de 20 % des chefs d’exécutifs territoriaux correspondant à 120 maires et présidents de conseil départemental.