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13 février 2025
LES INQUIÉTUDES DE LA COSYDEP SUR L’ANNÉE SCOLAIRE
Deux mois après l’ouverture des classes, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) constate la dégradation progressive du climat scolaire avec les alertes des acteurs.
Deux mois après l’ouverture des classes, la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) constate la dégradation progressive du climat scolaire avec les alertes des acteurs. Ces avertissements sont ponctués par les grèves des syndicats d’enseignants, les manifestations d’élèves, et la fermeture prolongée des universités. Tout cela est combiné au réchauffement du front social. En conférence de presse, hier, l’organisation a «exprimé ses vives inquiétudes face aux menaces sur l’année scolaire 2023-2024».
Le directeur exécutif de la Cosydep, Cheikh Mbow fait savoir aussi que l’élection de représentativité des centrales syndicales prévue le 12 décembre, la Coupe d’Afrique de football en janvier et le démarrage prochain de la campagne pour l’élection présidentielle de février 2024, sont des signes d’une année scolaire qui sera fortement secouée.
Ainsi, la Cosydep demande à l’Etat de travailler à prévenir les répercussions du jeu des acteurs politiques sur le fonctionnement de l’école et de l’universitaire. Dans cette optique, pour les responsables de la Cosydep, il est nécessaire de rester vigilant face aux remous dans de nombreux secteurs de la vie économique et sociale, mais aussi au déroulement de tout autre évènement à forte attraction populaire. Cheikh Mbow et Cie appellent la communauté éducative à rester vigilante face à toute velléité d’agitation extérieure pouvant affecter le système éducatif. A l’endroit des candidats à l’élection présidentielle et les leaders d’opinion, la Cosydep les invite à lancer des messages publics pour une union sacrée autour de la protection et de la sécurité des écoles, des élèves, des étudiants et de leurs enseignants.
Sur un autre registre, la Cosydep recommande de résorber les déficits d’enseignants et invite aussi l’Etat à veiller à la tenue régulière des réunions sectorielles et au fonctionnement des Comités de suivi des accords entre syndicats et gouvernement.
La décision de fermer les universités pour quelques raisons que ce soient ne peut tenir devant le caractère inaliénable du droit à l’éducation. C’est l’avis de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). «Le maintien des étudiants loin du campus risque d’entraîner de graves conséquences en termes de perte sur le temps d’étude, d’abandons massifs, de tentations qui les éloignent des espaces d’éducation et de formation», affirme le directeur exécutif de la Cosydep, Cheikh Mbow.
« IL FAUT LIBÉRER SONKO, C’EST ÇA LA VRAIE DÉMOCRATIE »
Lors d’une prestation à Toulouse en France, le rappeur sénégalais s’est exprimé devant son public sur la situation politique au Sénégal où le leader de l’opposition est mis en prison et en passe d’être écarté de la présidentielle.
Lors d’une prestation à Toulouse en France, le rappeur sénégalais s’est exprimé devant son public sur la situation politique au Sénégal où le leader de l’opposition est mis en prison et en passe d’être écarté de la présidentielle. Selon Faada Freddy, pour plus de démocratie, Ousmane SONKO doit être libéré. A l’en croire, «on doit libérer tous les adversaires politiques pour afin organiser des élections démocratiques».
«Il faut libérer SONKO, c’est ça la vraie démocratie. Faire autrement, s’apparenterait à de la dolécratie. Je suis en train de parler des élections au Sénégal. On doit le libérer. C’est ça la démocratie », déclare-t-il devant l’assistance.
Pour rappel, Ousmane SONKO va être fixé sur son sort ce 12 décembre concernant sa radiation des listes électorales. Le tribunal d’instance hors classe de Dakar plus habilité selon la Cour Suprême, va trancher.
DÉTHIE FALL EST LE PLAN C DU PASTEF PRÉPARÉ PAR LE RÉGIME
Le président du PRP serait un pion savamment préparé par le président Macky Sall afin d’avoir l’électoral d’Ousmane Sonko si celui-ci ne se présente à l’élection présidentielle de 2024. C’est une affirmation faite par Tahirou Sarr
Le président du PRP serait un pion savamment préparé par le président Macky SAallafin d’avoir l’électoral d’Ousmane Sonko si celui-ci ne se présente à l’élection présidentielle de 2024. C’est une affirmation faite par le leader du Mouvement nationaliste sénégalais et soutien de Ousmane Sonko. En effet, selon Tahirou Sarr, Déthié Fall est le plan C du pouvoir qu’il veut imposer à l’électorat de Sonko.
«Dans son jeu d’écarter Ousmane Sonko, Macky Sall a déjà choisi un plan C pour lui. Boun Abdallah, c’est le candidat de cœur de Macky Sall. Déthié Fall, c’est le plan C de Pastefpréparé par le régime de Macky Sall. Il l’a déjà choisi. Son but c’est de faire croire à l’électorat de Sonko que Déthié Fall est le mieux parmi les autres candidats qu’il peut remplacer Ousmane Sonko. L’Etat parfois fait dans la théâtralisation, dans la victimisation. Mais mon intime conviction c’est qu’il est le plan C », révèle-t-il.
Cependant, Tahirou Sarr souligne que cette hypothèse peut bel et bien se produire sans l’aval de Sonko ou Déthié Fall. Car indique-t-il, «l’Etat à une manière de faire et de fonctionner sur l’échiquier politique afin d’imposer aux populations une certaine idée par la victimisation».
COP 28, BRAS DE FER AUTOUR DES ÉNERGIES FOSSILES À DUBAÏ
« Il appartient aux parties d’amorcer la fin des combustibles fossiles ». Cette déclaration du secrétaire exécutif des Nations-Unies pour le changement climatique en dit long sur le bras de fer autour des énergies fossiles.
« Il appartient aux parties d’amorcer la fin des combustibles fossiles ». Cette déclaration du secrétaire exécutif des Nations-Unies pour le changement climatique en dit long sur le bras de fer autour des énergies fossiles. En effet, une semaine après le démarrage de la COP 28, Simon Stiell le reconnait : le dossier fossile risque de compromettre le texte final. Mais dans les coulisses, notamment du côté Sénégal, on reste inflexible. Une bataille dans les négociations qu’aura du mal à calmer le jour de repos déclaré ce jeudi au centre d’exposition de Dubaï.
Le pas pressé, le ton grave, la mine sérieuse. Le boss du climat de l’ONU donne le ton de sa conférence de presse. Simon Stiell demande aux parties, négociateurs de sortir de leurs « postures ». il estime qu’à une semaine du texte final, les négociations trainent encore. Au banc des accusés comme on pouvait s’y attendre : les énergies fossiles. Selon le diplomatique, les négociateurs peinent à accorder leur violon. Le fossé reste énorme entre deux camps. d’une part les pays qui veulent signer à Dubaï l’arrêt définitif des énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz). Et de l’autre, les pays qui se braquent au nom de leur développement. »
Nous devons pas être obligés à choisir entre le développement et l’environnement « , a déclaré Macky Sall devant ses pairs à la tribune de la COP. La crispation autour de la sortie des énergies fossiles est bien là. Et pourtant, « des propositions sur leur élimination progressive sont sur la table de la COP 28 », annonce Simon Stiell. Mais il prévient : « c’est aux parties de résoudre ce problème et de proposer une déclaration au final ».
« Ce blocage est tout sauf une surprise » fulmine, un membre de la délégation sénégalaise. Ce dernier vient tout juste de participer à une session de négociation. Sa position est la ligne de conduite du Président Macky Sall. « Certains veulent nous imposer un agenda que nous n’allons pas accepté », ajoute le cinquantenaire sur un ton ferme. Un contexte tendu depuis le début des négociations et qui se poursuit. Une fumée noire qui plane sur le texte final. Face à cette situation, des organisations demande au Sénégal d’être plus flexible. C’est le cas de Greenpeace Afrique.
Dr Oulie Keita Directrice exécutive de Greenpeace Afrique : « Le Sénégal doit revoir sa position sur le gaz »
Dans une salle du centre d’exposition de Dubaï, le Sénégal est sur toutes les lèvres. Au menu des échanges : l’exploitation des combustibles fossiles en Afrique. Pour Dr Oulie Keita Directrice exécutive de Greenpeace Afrique : « Le Sénégal doit revoir sa position sur le gaz ». D’après elle, la ressource d’hydrocarbure ne saurait être considérée comme une énergie de transition au regard de ses effets néfastes sur la vie des communautés africaines. Elle invite plutôt le Sénégal à poursuivre ses « investissements dans les énergies renouvelables ». Au cours des débats, Dr Oulie Keita cite à plusieurs reprises l’exemple du Kenyan et propose les énergies renouvelables. Elle souligne que « le kenyan est leader dans ce domaine avec 70 % d’investissements et compte atteindre les 100% d’ici 2030 ». Pour y arriver, la Directrice exécutive de Greenpeace Afrique réclame un transfert de technologies des énergies renouvelables et l’accès aux financements pour les pays africains.
CAMPAGNE ARACHIDIÈRE, LE MAL PROFOND QUE VIT LA SONACOS
La Sonacos vit des heures difficiles. Au manque de graines d’arachides, s’ajoute l’arrêt total des usines de Diourbel, Ziguinchor, Kaolack et Louga. L’entreprise est à la croisée des chemins. Elle a besoin d’argent qu’elle peine à trouver.
La Sonacos vit des heures difficiles. Au manque de graines d’arachides, s’ajoute l’arrêt total des usines de Diourbel, Ziguinchor, Kaolack et Louga. L’entreprise est à la croisée des chemins. Elle a besoin d’argent qu’elle peine à trouver.
«La Sonacos est sous perfusion», disait Thierno Alassane Sall après la nomination du directeur de la société, Modou Diagne Fada dans le gouvernement. Un tour dans les usines donne raison au parlementaire parce que les travailleurs se tournent les pouces en attendant l’arrivée d’hypothétiques graines. Le directeur général de la Sonacos rencontre ce matin les syndicalistes au siège de l’entreprise, sise à Dakar. Kibily Touré, qui a reçu plusieurs alertes, veut avoir un aperçu sur la situation de la société qu’il dirige depuis le 3 octobre dernier. Il sera, ensuite, en visite de travail au niveau des différentes usines que compte la Sonacos. Ce sera une occasion pour le directeur général de se rendre compte de l’état dans lequel se trouve son entreprise qui, il faut le dire, va inexorablement à l’eau. A moins d’un plan de relève plus huilé. En effet, les machines sont à l’arrêt. La plupart des travailleurs se tournent les pouces. La situation est grave. Et si, on n’y prend garde, alertent les syndicalistes, «l’entreprise va fermer ses portes».
Les syndicalistes décortiquent la situation
Et Thiembaye Ndiaye, le secrétaire général adjoint du syndicat des corps gras, affilié à la Cnts/Fc décortique le mal : «Les travaux de fin de campagne qui devaient être faits ne le sont pas jusqu’à présent. La Sonacos est à la croisée des chemins. Elle a besoin de 20 milliards pour fonctionner. La procédure pour rentrer dans les fonds est trop lente. La Sonacos a deux problèmes principaux. Il s’agit de la collecte des graines d’arachides qui fait défaut depuis quelques années, il faut irrémédiablement corriger cet impair. L’outil de production doit être revu pour être rentable. Dieu a fait que le nouveau directeur général a, dans le passé, voulu être le repreneur lorsque la société a été privatisée en 2004. Il faut que des mesures urgentes soient prises. Sinon, ce sera très compliqué pour la société.»
A sa suite, Issa Ly, le secrétaire général de la section de l’usine de Diourbel, dit : «La société est à l’arrêt, c’est parce que la matière première, l’arachide, est inexistante. A Diourbel, c’est la seule entreprise qui peut recruter. Et si rien n’est fait, on ira vers des lendemains difficiles. Le plan de relance est toujours attendu. Chaque année, ce sont les mêmes problèmes.» Le syndicat veut mobiliser les travailleurs et sensibiliser les décideurs sur l’urgence de se pencher sur l’entreprise qui manque presque de tout.
THÉRÈSE FAYE DIOUF REMET 50 MILLIONS DE FCFA AUX SINISTRÉS DU MARCHÉ DE BOUCOTTE
Après l’incendie qui s’est déclaré marché de Boucotte, la ministre du Développement de la Solidarité nationale et de l’Équité sociale a remis une enveloppe pour accompagner les commerçants.
Ziguinchor, 8 déc (APS) – La ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Équité sociale et territoriale, Thérèse Faye Diouf, a remis, vendredi, une enveloppe de 50 millions de francs CFA au gouverneur de Ziguinchor (sud) pour accompagner les commerçants du marché Saint Maur de Ziguinchor, victimes récemment d’un incendie.
Un incendie s’est déclaré mardi dernier dans ce lieu de commerce communément appelé marché de Boucotte ravageant des installations commerciales érigées sur une emprise de 4000 mètres carrés.
« Nous sommes à Ziguinchor pour apporter le soutien immédiat du chef de l’État pour ces commerçants qui ont vécu des moments très difficiles à la suite de l’incendie du marché de Boucotte. Et, nous avons apporté une enveloppe de cinquante millions de francs CFA pour permettre à ces commerçants de pouvoir s’assurer les premières charges urgentes », a déclaré Thérèse Faye Diouf, en présence de l’adjoint au gouverneur de Ziguinchor chargé des Affaires administratives, Sidi Guissé Diongue.
Mme Diouf était accompagnée de la coordonnatrice du Programme de modernisation et de gestion des marchés (PROMOGEM) Yaye Fatou Diagne, lors de sa visite.
Elle a annoncé la remise d’une aide de dix tonnes de riz »pour soulager la souffrance des victimes de l’incendie ».
Selon la ministre, »le gouvernement à un chantier extrêmement important pour la vie économique au niveau de Ziguinchor surtout pour le secteur informel, c’est à dire la construction en cours du marché de Tilène à travers le programme pour la modernisation des marchés ».
« Ce marché en cours de construction est à 95% de taux d’exécution. Une fois ce chantier finalisé, cela va permettre au marché de Boucotte de trouver un essoufflement. Il va également permettre aux commerçants d’être dans d’excellentes conditions », a-t-elle déclaré avant de rassurer que l’État va prendre les dispositions pour voir comment réfectionner le marché de Boucotte mais aussi finaliser le marché de Tilène.
LA COUR DE JUSTICE DE LA CEDEAO REJETTE LA DEMANDE DE SUSPENSION DES SANCTIONS IMPOSÉES AU NIGER
Cette demande de levée provisoire des sanctions avait été introduite auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest par les autorités militaires du Niger et sept autres entités.
Dakar, 8 déc (APS) – La Cour de justice de la CEDEAO a rejeté la demande de suspension des sanctions imposées au Niger après le coup d’état militaire qui a renversé en juillet dernier le président Mohammed Bazoum, a appris l’APS de la juridiction communautaire.
Cette demande de levée provisoire des sanctions avait été introduite auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest par les autorités militaires du Niger et sept autres entités.
Dans son arrêt rendu jeudi à Abuja, la juridiction communautaire a estimé que la République du Niger, telle qu’elle est actuellement contrôlée par la junte militaire, n’avait pas la capacité de saisir la Cour, ce qui rendait la requête au fond irrecevable.
La demande de mesures provisoires fait partie d’une affaire plus large intentée par la République du Niger et 7 autres demandeurs contestant la légalité des sanctions imposées par la CEDEAO à la suite du coup d’État militaire dans ce pays d’Afrique de l’Ouest en juillet 2023.
Les avocats des autres requérants avaient lors de l’audience tenue le 21 novembre contesté la légalité des sanctions imposées par la CEDEAO au Niger.
Ils avaient estimé que les sanctions imposées par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO avaient eu des effets négatifs sur le peuple nigérien, notamment la pénurie de nourriture, de médicaments et de l’électricité, en raison de la fermeture des frontières et de la suspension de l’approvisionnement en électricité par le Nigeria.
Ils avaient demandé à la Cour des ordonnances provisoires qui obligeront l’Autorité des chefs d’État et de gouvernement à suspendre immédiatement les sanctions.
Dans son arrêt, la Cour a estimé qu’une entité résultant d’un changement de gouvernement anticonstitutionnel, et non reconnue par la CEDEAO comme gouvernement d’un État membre, n’a pas intrinsèquement la capacité d’engager une procédure devant la Cour dans le but d’obtenir des avantages.
La Cour a par conséquent déclaré que l’action au fond et la demande de mesures provisoires présentées au nom du Niger, par une autorité gouvernementale inconstitutionnelle et non reconnue, étaient irrecevables.
Concernant les sept demandeurs non étatiques poursuivant aux côtés de la République du Niger, la Cour a jugé qu’ils n’avaient pas fourni de détails précis sur la nature et l’étendue du préjudice subi par chacun d’eux du fait des mesures imposées au Niger.
Ce manque de spécificité a rendu difficile la distinction entre leurs intérêts juridiques dans cette affaire et ceux de la République du Niger, rendant ainsi leur demande irrecevable.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO réunis le 8 août au Niger, avaient imposés d’importantes sanctions au Niger afin de contraindre les militaires qui avaient renversé le président démocratiquement élu de rétablir l’ordre constitutionnel dans ce pays
Par Abdoul Aly KANE
LE «PRE CARRE»FRANÇAIS A L’EPREUVE DU SOUVERAINISME EN AFRIQUE
Plus d’un ½ siècle après les indépendances réclamées à cor et à cri par les élites africaines et octroyées par l’ancien colonisateur à l’aube des années 60, l’heure est à la quête d’une vraie souveraineté partout en Afrique.
Plus d’un ½ siècle après les indépendances réclamées à cor et à cri par les élites africaines et octroyées par l’ancien colonisateur à l’aube des années 60, l’heure est à la quête d’une vraie souveraineté partout en Afrique. Comme pour dire que les indépendances supra, purement formelles, n’avaient rien changé au modèle d’exploitation coloniale mis en place à la fin du 19ème siècle.
C’est un euphémisme de dire que la France connait, depuis les évènements du Mali, de fortes turbulences dans son « jardin » africain. Cela avait déjà commencé avec la République Centrafricaine puis s’est étendu Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Togo dont on dit qu’il se rapproche du trio des pays partageant la zone dite des trois frontières. La France a pu récupérer le Gabon par la grâce d’un coup d’Etat de « salon » des mains d’un Ali Bongo qui avait commencé à montrer des signes de dissidence avec son adhésion au Commonwealth britannique. Elle a aussi gardé in extremis le Tchad où un Idriss DEBY ITNO, recevant Marine Le Pen, avait clairement affiché sa récusation du Fcfa comme monnaie pouvant favoriser le développement économique.
D’ailleurs dans une interview accordée au Figaro publiée le 22 mars 2017, la présidente du groupe parlementaire Rassemblement national à l’Assemblée nationale française répondait ainsi à la question suivante :
« Q : Comment le président Déby perçoit-il votre vision?
Marine Le Pen : « Concernant la souveraineté, nous parlons le même langage. Y compris sur la monnaie car j’estime que le franc CFA est un inconvénient économique pour les pays d’Afrique. On ne peut pas être souverain à moitié ».
S’ajoute à la situation décrite ci-dessus le fait que d’autres pays « non militarisés » sont source de préoccupation pour la France du fait du discours souverainiste qu’y tiennent des leaders d’opposition très populaires rejetant la forme de la coopération avec l’ancien colonisateur de même que le franc CFA. C’est le cas du Sénégal avec Ousmane Sonko et du Tchad avec Succès Mara entre autres
Les raisons de ces turbulences sont claires. Les pays anciennement sous domination coloniale française sont enfermés dans un modèle économique qui ne leur assure pas le progrès économique susceptible de couvrir les besoins essentiels d’une population en croissance exponentielle
Ces pays ont d’énormes ressources de leur sol et de leur sous-sol qu’elles n’ont pas les moyens de transformer pour recueillir l’essentiel de la valeur ajoutée et encore moins créer des emplois. Ils doivent donc se contenter de la rente que procure l’exportation brute de ces ressources. Une rente qui fluctue selon les oscillations des cours boursiers de Londres, New York ou Amsterdam.
Malgré les développements de la mondialisation, les rapports entre la France et l’Afrique — et même entre l’Europe et l’Afrique — sont restés identiques.
La France a adhéré à l’Europe et à la zone euro, subit la concurrence des pays asiatiques où ses propres capitaines d’industries ont délocalisé leurs activités. Ce alors que le compagnonnage historique aurait voulu qu’ils se tournent vers l’Afrique. Le commerce entre l’Europe et notre continent est ainsi resté marginal.
L’essentiel des exportations du Sénégal se fait avec le Mali, ce qui pose d’ailleurs la question de leur pérennité avec la nouvelle configuration créée par l’Alliance des Etats du Sahel (AES) unissant le Mali, le Burkina et le Niger et dont on dit qu’elle va aboutir à la création d’une nouvelle monnaie (le Sahel) en remplacement du Fcfa.
Que la main de l’« ours russe », avec son bras armé « Wagner », ait participé à cette grande secousse fait peu de doute, si l’on s’en tient aux accords de défenses liant la Russie à ces pays en proie au terrorisme.
Dans ce nouveau contexte, la France est aujourd’hui en face de ses propres erreurs. Elles sont multiples et tiennent essentiellement au non renouvellement d’une politique datant de l’époque du général De Gaulle entraînant une certaine rigidité d’approche face aux défis africains, en particulier sur l’indispensable nécessité de l’industrialisation et de la création d’emplois pour l’Afrique.
La France doit changer de logiciel dans ses rapports avec l’Afrique !
La persistance à conserver le même logiciel d’exploitation que celui mis en place dès le début de la colonisation a sapé progressivement les bases d’une collaboration pérenne qu’autorisait le partage de la langue, des programmes scolaires et universitaires, et une histoire politique impliquant nos dirigeants historiques (Senghor, Lamine Guèye, Blaise Diagne etc..) dans la vie politique française.
Les acteurs politiques français comme d’ailleurs les spécialistes des relations franco-africaines comme le journaliste et écrivain Antoine Glaser ont leurs explications quant à cet éloignement de la France du continent africain. Ou vice versa.
Glaser explique : « Paris a manqué de vision stratégique et a échoué à s’adapter aux évolutions du continent. La politique africaine française manque d’une vision claire et d’une doctrine adaptée à un environnement géopolitique en constante évolution. N’ayant pas su anticiper l’émergence de nouvelles puissances concurrentes en Afrique telles que la Chine, la Turquie et la Russie, ces pays ont réussi à consolider leur présence sur le continent, remettant en question la position dominante de la France ».
Contrairement à ce que semble dire Antoine Glaser, Il ne s’agit point d’un « dépit amoureux » mais, plutôt, d’une impasse à laquelle a abouti la politique française.
La France, dont la politique de coopération économique était basée sur le « rattrapage » à la Rostow, aura échoué à sortir ses ex-colonies de leur état d’arriération économique.
Durant les décennies perdues à compter des indépendances, elle aura spécialisé ses ex-colonies dans l’exploitation des ressources minières, favorisé ses propres entreprises dans l’octroi des marchés publics, cantonné ses banques dans l’octroi parcimonieux de crédits en faveur des PME/PMI, capté l’essentiel des marchés relatifs aux services publics et aux BTP etc.
Les financements des infrastructures ont été laissés à la charge des institutions financières internationales, lesquelles ont privilégié le BTP au détriment de l’agriculture et de l’industrie.
Sur les 240 000 hectares de terres agricoles irrigables depuis la mise en service du barrage de Diama, laquelle est intervenue depuis près de 40 ans, l’agriculture est restée dans le même état que durant la colonisation, et même avant, c’est-à-dire dépendante de trois mois de pluies dans l’année.
La création d’un marché régional couvrant l’espace des ex-colonies aurait pu générer les complémentarités économiques dont nous déplorions le faible niveau d— car s’établissant à 15% seulement — dans la zone CEDEAO.
Le comble est qu’aujourd’hui, l’essentiel du commerce des pays membres de cet espace se fait avec l’Europe (60%), faute de disponibilité de produits alimentaires ou industriels fabriqués localement.
Pour cela il aurait fallu au préalable mettre en place des infrastructures de désenclavement routier et ferroviaire, harmoniser l’espace monétaire de sorte à moduler une politique monétaire en fonction des spécificités locales respectives dans la perspective d’une compétitivité d’ensemble
Le Nigéria importe des chaudières, des machines et appareils, des produits minéraux, des carburants, des matériels de transports qui constituent 60% des importations globales, des produits alimentaires et de l’engrais.
Ces produits proviennent de la Chine, de l’Inde, des Pays-Bas de l’Allemagne, du Brésil, de la Russie, de la Corée du Sud, du Royaume-Uni et de l’Italie. Pour réorienter le commerce dans un sens intra régional, il faudrait que les entreprises sous-régionales considèrent le marché comme accessible et qu’elles soient accompagnées par les Etats et les institutions financières de développement.
Avec le maintien de la parité fixe avec l’euro, monnaie conçue dès le départ comme devant être une devise forte destinée à « intermédier » les échanges intra européens, l’ouverture des marchés africains prônée par le tandem FMI/Banque mondiale a ouvert la porte aux marchandises asiatiques, acculant les PME locales (françaises y compris comme dans la bonneterie par exemple) à la faillite
Une stratégie de co-développement de la France avec l’Afrique aurait dû se traduire par une politique volontariste de délocalisation industrielle, accompagnée d’un développement de l’éducation, de la formation et d’un transfert réel et conséquent de technologies.
Or les multinationales françaises ont choisi l’Asie comme destination de leurs investissements, du fait d’une meilleure compétitivité de ces pays. Ce faisant, elles ont, de leur propre chef, défini ce qui devait être la politique de la France en matière d’investissements stratégiques.
D’ailleurs, quand on parle de désindustrialisation de la France, notre conviction est qu’elle résulte d’un « laisser-faire » propre au libéralisme qui fait de l’entreprise et du marché, les décideurs en matière économique.
L’Amérique a eu une stratégie différente par rapport aux pays qu’elle a eu à dominer. En 1972, le Vietnam était engagé dans une guerre contre l’Amérique, ce qui n’a pas empêché qu’aujourd’hui, grâce aux Investissements directs américains et aux transferts de technologies, il dispose d’une base industrielle solide. Ce n’est pas la France qui serait capable d’un tel dépassement dont a fait montre la grande Amérique !
En dépit de toutes les critiques et propositions formulées, les autorités françaises campent sur leur position de maintenir une parité fixe du CFA vis-à-vis de l’euro.
La position de la France dans le débat actuel sur la transition climatique, est un autre sujet d’inquiétude. Au Sénégal les découvertes de gaz et de pétrole avaient suscité de l’espoir, et l’exploitation de ces hydrocarbures était attendue en 2023.
Sortie des énergies fossiles : le nouveau coup de poignard de Paris dans le dos du continent
Les nombreux différés de date et l’insistance des alertes sur le climat et la nécessité d’une transition énergétique viennent à nouveau doucher les espoirs des Sénégalais
La France a choisi de défendre la « sortie des énergies fossiles » dans le droit fil du nouveau pacte financier de Paris, conçu comme « un dispositif de protection de la planète ».
La priorité pour Emmanuel Macron est de sortir les pays riches des énergies fossiles. Il plaide pour la fin du charbon d’ici 2030, du pétrole d’ici 2045 et du gaz d’ici 2050, tout en demandant aux pays émergents de faire à leur tour des efforts. « En effet, s’il y avait une priorité absolue, c’est que les émergents sortent du charbon. On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c’est un élément de justice, mais ce rattrapage ne doit se faire sur la base d’énergies carbonées », a affirmé le président français.
Car le charbon est à ce jour la source d’énergie la plus émettrice de CO2. « Les pays du G7 doivent montrer l’exemple et s’engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c’est-à-dire avant 2023», poursuit-il
En nommant le Président Macky Sall Envoyé Spécial du Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète, il met en avant l’Afrique pour défendre une problématique qui ne cadre pas forcément avec les intérêts de notre continent en matière d’énergies.
Macky Sall, préposé à la défense de la planète dans le cadre du nouveau pacte financier de Paris, aura fort à faire pour évoluer dans un cadre qui ressemble plus à un poker menteur et où les principaux acteurs misent toujours sur le pétrole et le gaz. Des énergies fossiles s’il en est !
D’où la nécessité pour les Africains de dénoncer avec la dernière énergie l’hypocrisie qui prévaut en la matière, carles principaux pays pollueurs de la planète ne subissent aucune contrainte en matière de transition énergétique.
D’ailleurs, à la COP28, qui se poursuit actuellement à Dubaï, le ministre saoudien de l’Énergie s’est dit «absolument» opposé à un accord portant sur la sortie des énergies fossiles. La Chine, la Russie, le Brésil et les pays producteurs du Golfe seraient également opposés à toute mention dans le texte final d’une éventuelle sortie de ces énergies.
La position du Sénégal, quant à elle, n’est pas clairement tranchée.
Après l’Afrique du Sud et l’Indonésie fortement dépendants du charbon, et le Vietnam, le Sénégal vient de signer un nouveau partenariat de transition énergétique pour « l’aider à se débarrasser du fioul lourd ». L’objectif qui lui est assigné est de 40 % d’énergies renouvelables dans son mix d’ici à 2030. En contrepartie, ses partenaires que sont l’Allemagne, la France, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ainsi que les banques multilatérales de développement s’engagent à mobiliser dès 2023 2,5 milliards d’euros de financements nouveaux et additionnels pour l’aider à décarboner son énergie
Ainsi, ne devrait-on pas craindre que le Sénégal en arrive à surseoir à moyen terme à l’exploitation de son pétrole et de son gaz, d’autant que les bailleurs multilatéraux comme le FMI, la BAD, la BEI, s’engagent dans la voie de tripler les financements en faveur de l’action climatique (d’ici 2025 pour la BEI), ce qui bien entendu crée un effet d’éviction pour les crédits liés aux énergies fossiles ?
Ce nouvel engagement du Sénégal aurait-il un rapport avec la récente décision de BP de se retirer du gisement de gaz naturel de Yakaar-Teranga après de lourds investissements et à quelques mois seulement des premières productions ?
Dans un futur proche, nous serons édifiés sur les effets consécutifs à ce réajustement. Pour être complet dans l’information, après avoir signé le nouveau partenariat de transition énergétique, le Président Macky Sall n’en a pas moins déclaré : « Le Sénégal reste préoccupé par les mesures unilatérales visant à interdire le financement à l’étranger de sources d’énergies fossiles y compris le gaz pendant que les principaux pollueurs continuent de faire usage de sources d’énergies plus polluantes comme le charbon ».
Dans tout ce méli-mélo, serions-nous les dindons de la farce ? Notre réaction somme toute timorée serait-elle due à notre situation de faiblesse financière amenuisant notre pouvoir de négociation ?
Encore une fois, et sous la pression de la France, le Sénégal est parti pour se priver d’une exploitation optimale de ses ressources énergétiques fossiles dont le bouclage du financement a été onéreux.
Dans cette nouvelle phase de transition énergétique nous privant à terme de ressources qui ont fait la fortune des pays du Golfe et assuré le bonheur de leurs populations, voilà que l’on nous promet encore de développer le « renouvelable », sans engagement autre que celui de banquiers et de pays qui, eux-mêmes, restent encore dépendants du gaz et du pétrole pour le bon fonctionnement de leurs économies !
Les dirigeants africains doivent penser aux générations futures auxquelles il faudra léguer des pays industrialisés créant des emplois.
Pour garder ce qui reste encore de ses relations avec l’Afrique, la France devrait urgemment changer de logiciel en privilégiant le partenariat avec les peuples avec en perspective la bombe démographique africaine de 2050.
La variable non intégrée par les décideurs et spécialistes dans l’analyse de l’évolution de l’Afrique, aura été l’évolution rapide de la démographie et la prépondérance de la jeunesse dans la structure de la population. Autrement dit, le jeune âge de la population.
Les développements supra n’ont nullement vocation à dédouaner des chefs d’Etat à la vision limitée, jaloux de leurs prérogatives et de leurs pouvoirs et prompts à dire oui même lorsqu’on attend d’eux qu’ils disent non.
Assurément, et dans l’intérêt de tous, il faut absolument se convaincre que l’époque actuelle n’est plus à soutenir ce type de dirigeants qui mènent tout droit le monde et leurs peuples à la catastrophe.
LES VRAIES RAISONS DE LA TENSION ENTRE LE PRESIDENT EMBALO ET SES ANCIENS CAMARADES DU PAIGC
Le président Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embaló, a dissous l’Assemblée nationale de son pays, la semaine dernière, par décret présidentiel. Il concentre ainsi désormais tous les pouvoirs entre ses mains.
Jean Diatta, Correspondant à Ziguinchor |
Publication 08/12/2023
Le président Bissau-Guinéen, Umaro Sissoco Embaló, a dissous l’Assemblée nationale de son pays, la semaine dernière, par décret présidentiel. Il concentre ainsi désormais tous les pouvoirs entre ses mains. Une décision qui serait consécutive aux récents troubles qui ont eu lieu marqués notamment l’attaque d’un commissariat de police dans la capitale par des éléments de la Garde nationale pour libérer deux ministres proches de l’opposition.
Pour rappel, des informations rapportées par la presse internationale avaient indiqué que des éléments de la Garde nationale avaient tenté nuitamment de soustraire d’un interrogatoire deux ministres, en l’occurrence Suleimane Seidi, ministre de l’Économie et des Finances, et Antonio Monteiro, le Secrétaire d’État au Trésor, placés en détention par le procureur général, le 30 novembre dernier. Il est reproché aux deux responsables d’avoir effectué un retrait d’une somme de dix millions de dollars(cinq milliards CFA) des caisses de l’État sans aucune justification. Souleiman Seidi avait été interpellé, le lundi 27 novembre, par des députés sur ce retrait lors d’une séance à l’Assemblée nationale. Il avait indiqué que ce retrait était légal et était destiné à soutenir le secteur privé national.
D’après de bonnes sources, le président bissau-guinéen a dissous le Parlement après avoir eu une longue entrevue avec les hauts chefs militaires pour évaluer la situation sécuritaire du pays suite aux fusillades qui ont secoué la capitale quelques jours auparavant alors qu’il assistait à la COP28 à Dubaï. On apprend qu’à l’occasion, Embalo, vêtu d’un uniforme militaire — il se présente régulièrement comme un général de l’Armée —, a durci le ton, promettant l’enfer à ceux qui parlent de Commission de réconciliation nationale.
Les perspectives de la présidentielle de 2024 à l’origine du bras de fer
Mais selon une source contactée à Bissau, les perspectives de l’élection présidentielle de l’année prochaine sont à l’origine de tout ce branle-bas. En fait, les sondages sont loin d’être favorables au président Embalo qui avait déjà été battu à plate couture lors des législatives du 4 juin dernier par la coalition politique PAI – Terra Ranka, dirigée par son principal opposant, Domingos Simoes Pereira. Lequel n’est autre que l’ancien président de la République.
Gagné par la hantise de subir un nouveau revers, et donc de perdre le pouvoir, car continuant d’être affaibli politiquement, le président Embalo veut éliminer son principal adversaire Domingos Pereira. Le prétexte de l’attaque du commissariat qui a opposé deux composantes de l’armée à Bissau (une frange de la Garde nationale favorable à Domingos Pereira) et une frange de la garde présidentielle (qui est lui favorable) pour dissoudre le Parlement n’est qu’un premier acte de cette entreprise. ‘’Ce qui se passe sous nos yeux actuellement, n’est rien d’autre qu’un plan machiavélique savamment ourdi pour éliminer Domingos Pereira de la course pour la présidentielle de l’année prochaine. Cette décision a été prise depuis plusieurs mois. Et le processus a donc bien commencé. D’autres actes tendant à jeter en pâture Domingos et sa formation vont suivre’’, affirme un interlocuteur qui jure la main sur le cœur que le sort du leader du PAIGC est quasiment scellé. Cette information a été confirmée par le site ‘’lejournaldelinformation.com’’ qui a écrit que : ‘’D’après une source policière jointe..., le plan de la dissolution du Parlement a été bien préparé depuis plusieurs mois avant son exécution. Selon elle, même le décret présidentiel numéro 70 /2023 de la dissolution de l’Assemblée Populaire de Guinée Bissau a été rédigé plusieurs jours avant le voyage de Embaló à Dubaï pour la Conférence internationale sur le climat’’. Et de poursuivre : ‘’Sachant qu’il ne pourra pas gagner les élections présidentielles qui auront lieu l’année prochaine, le président, en perte de popularité, cherche à dérouler son plan machiavélique. Il fallait pour le camp présidentiel provoquer la fusillade du week-end en instrumentalisant la justice pour ensuite dissoudre l’Assemblée Populaire de la Guinée-Bissau dont Domingos Simao Pereira est le Président’’.
‘’L’un des objectifs du Président Sissoco Embalò est de profiter d’une erreur politique et administrative du gouvernement pour dissoudre le Parlement et ensuite chercher à arrêter et emprisonner son principal opposant Domingos Simao Pereira pour empêcher sa candidature à la prochaine élection présidentielle’’.
La suite des évènements semble donner raison à ceux qui soutiennent cette thèse. En effet, le siège du PAIGC, qui fait face au palais présidentiel, a été pris d’assaut mardi dernier par un détachement des forces de l’ordre. Ces dernières ont effectué des fouilles dans plusieurs maisons de ce quartier résidentiel qui abrite le domicile privé de Domingos Pereira et ceux de plusieurs caciques du PAIGC. Les motifs de cette descente musclée ? On y aurait signalé la présence de caches d’armes.
Ces allégations sont également confirmées par nos confrères de lejournaldelinformation.com selon qui ‘’La deuxième raison qui a surtout poussé le président de la République à dissoudre le Parlement Populaire est le fait que celui-ci s’apprêtait à voter une loi pour demander la fin et le départ immédiat des forces de la CEDEAO qui assurent sa sécurité’’
L’on dit qu’il y avait aussi une commission parlementaire qui serait sur le point de se pencher sur le dossier dit du « faux coup d’Etat » de février 2022 que le président Embalo aurait fomenté contre sa propre personne et qui avait occasionné des pertes en vies humaines et l’arrestation de plusieurs hauts officiers et des civils parmi lesquels figure le controversé contre-amiral Bubo Na Tchuto, qui constituerait un véritable danger pour le président bissau-guinéen si jamais il venait à être innocenté et donc libéré par la justice.
Selon une autre source, une forte tension existerait entre le Parlement dissous et le président parce que les députés avaient décidé de réduire le maximum possible les privilèges de ce dernier. Les parlementaires avaient décidé notamment de mettre fin aux voyages privés coûteux de M. Embalo.
Pour un de nos interlocuteurs, les armes présentées à la presse, le mercredi, par Biague Na Ntam, le chef d’état-major, et composées de fusils, de lance-roquettes et de matériel de communication, ne viseraient en réalité qu’à discréditer le PAIGC. D’ailleurs, les déclarations du président de la République qui affirme, au sujet de cette affaire, que cette saisie prouve qu’il y a une tentative de coup d’Etat fomenté par l’opposition atteste cette assertion, souligne notre interlocuteur.
LE LONG PERIPLE DES ENFANTS GP… KANGOUROUS
Transport aérien express de colis. Agés entre 4 et15 ans, ces ados se font transformer en porte-bagages par leurs parents Gp
Au moment où les enfants de leur âge du monde entier arpentent les chemins des écoles, ces mômes sénégalais, eux, trimballent des colis et des valises dans différents aéroports du monde. Agés entre 5 et 16 ans environ, ils s’activent dans l’univers des « GP » (Gratuité Partielle) c’est-à-dire ces femmes et hommes spécialisés dans le transport informel express des colis entre Dakar et le reste du globe. Et vice-versa. La plupart de ces enfants « Gp » sont issus de parents « Gp » irresponsables qui profitent de leur vulnérabilité pour les transformer en « kangourous » c’est-à-dire porte-bagages. « Le Témoin » s’est introduit dans les colis de ces jeunes « portefaix » à l’avenir incertain.
En ce début du mois de décembre 2023, nous sommes à l’Aéroport international Blaise-Diagne (Aibd). Il est 20 heures passées dans la zone d’enregistrement où les formalités s’effectuent aux comptoirs des compagnies aériennes. Jusqu’à 3 heures du matin, nous informe-t-on, plus de six vols au départ sont programmés comme l’indiquent d’ailleurs les différents écrans de téléaffichage. Cette nuit-là, il s’agit de ceux d’Air Sénégal, Royal Air Maroc, Air France, Brussels Airlines, Air Algérie et Iberia vers diverses destinations (Paris, Casa, Lisbonne, Bruxelles, Alger, Madrid etc). Deux longues files de passagers serpentent le terminal des départs.
Chaque passager se plie aux procédures d’enregistrement biométrique. Le contrôle est strict. Partir, c’est une corvée fatigante et stressante. La preuve par l’autre file d’attente qui n’avance plus! Les passagers s’accumulent tandis que la colère et l’impatience s’installent. A l’origine du blocage, une passagère ayant son bébé sur le dos s’éternise dans une négociation d’excédent de bagages face à un agent de comptoir qui semble être intransigeant. En dehors du bébé, la dame, âgée d’une quarantaine d’années, est entourée de ses deux autres enfants mineurs dont l’un lui tenant la main. Ils partent en France. En observant de près la scène, on constate qu’il s’agit d’une « petite » famille entière qui vacille sous le poids d’innombrables bagages encombrants composés de sacs à main, valises, trolleys, colis, sachets en plastique (mbouss),sacs à dos, caisses-carton et baluchons. À bien des égards, il ne leur restait que leur armoire puisque les trois chariots qu’ils poussaient ne pouvaient contenir tous leurs bagages. Soudain, un homme, un chef d’escale semble-t-il, fend la foule pour aller décanter la situation. « Encore ces passagers « Gp » qui nous emmerdent avec leurs bagages. A chaque vol, ils sèment le bordel ! » hurle t-il en se dirigeant d’un pas décidé vers la famille de « déménageurs ». Un voyageur en tenue vestimentaire d’ancien combattant y met son grain de sel en commentant : « C’est l’Afrique des Gp qui voyage ! »
Des colis à la place des… cartables scolaires
Dans l’aérogare surpeuplée, les commentaires se multiplient autour de l’univers des passagers « Gp » (Gratuité partielle) et particulièrement sur ces parents qui profitent de la vulnérabilité de leurs enfants pour les transformer en « kangourous » ou porte-bagages. Le plus révoltant, c’est surtout le fait de faire voyager des enfants en pleine année scolaire. En âge d’aller à l’école et et disposant de visas « Schengen » entrées multiples, ces ados dans leurs habits « dépenaillés » se font régulièrement embarquer dans avions par leurs parents « Gp » spécialisés dans le transport informel express de colis entre Dakar et Paris ou le reste du globe. Pour y parvenir, ces « cargos » de l’informel usent et abusent des franchises bagages accordées par les compagnies aériennes à savoir deux valises de 23 kg octroyées à chaque voyageur fut-il un enfant, pour transporter des colis partout dans le monde. Et particulièrement dans des pays abritant de fortes communautés de Sénégalaises comme la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, les Etats-Unis d’Amérique (Usa). A travers des réseaux d’interconnexion et de partenariat « WhatsApp », les Gp sénégalais desservent aussi régulièrement le Brésil, la Gabon, la Chine, la Russie, la Côte d’Ivoire, le Maroc etc…
Au Sénégal, si les parents qui livrent leurs enfants mineurs à la mendicité sont pointés du doigt, il n’en est pas de même pour les parents-Gp qui détournent leurs progénitures du chemin de l’école pour les « convertir » en portefaix. Des mômes sénégalais à l’avenir incertain qui ne font que trimballer des bagages dans les aéroports au moment où les enfants de leur âge, partout dans le monde, sont dans les classes. Une situation préoccupante que déplore H. Dramé, président d’une association sénégalaise de France. « D’abord, permettez-moi de préciser que la plupart des enfants « Gp » sont des Sénégalais ayant des visas Schengen ou disposant de cartes de séjour leur permettant de voyager à tout moment. Parce qu’un enfant mineur français, même d’origine sénégalaise, ne peut sortir du territoire français sans être accompagné de l’un de ses parents muni d’une autorisation de sortie. En pleine année scolaire, l’enfant français ne peut sortir du territoire français pour aller au Sénégal par exemple. Parce qu’en France, aller à l’école est une obligation. Donc, on voit mal comment un enfant sénégalais ayant la nationalité française pourrait échapper la police des frontières pour aller faire du « Gp » entre Paris et Dakar, impossible ! Juste pour vous dire que ces enfants « Gp » sont des sénégalais à part entière ou des sénégalais du Sénégal que leurs parents « Gp » embarquent dans le métier » explique cet émigré sénégalais vivant en France.
Croque-bagages !
Selon un membre de l’équipage d’un vol de la compagnie Air Sénégal, l’univers des passagers « Gp » composé en majorité de femmes est un véritable casse-tête pour les compagnies aériennes. Ce « bien qu’ils n’enfreignent aucune règle. Car ils achètent les billets au même prix que tout le monde. Ils respectent la quantité de bagages et les règles de sécurité imposées par les compagnies aériennes. Le problème c’est que, pour bénéficier d’autres franchises de bagages c’est-à-dire deux valises standard de 23 kg (46), des «Gp » irresponsables n’hésitent pas à faire voyager leurs propres enfants, quitte à les transformer en porte-bagages. Le seul problème que nous avons avec les « Gp », c’est les excédents de bagages. Parce qu’à force de négocier des frais d’excédent de bagages qui s’appliquent lors de l’enregistrement, ils retardent les formalités d’enregistrement et, donc, vols. Pire encore, certains agents d’enregistrement sont trop conciliants avec les passagers « Gp » aux excédents bagages à répétition » déplore notre interlocuteur. Pour finir, il déplore la fatigue physique et la torture psychologique que subissent ces adolescents aux bagages lourds et encombrants.
Au Sénégal, la croissance et la floraison des voyageurs « Gp » ont révolutionné le secteur informel du transport aérien de colis. Car envoyer un smartphone, une paire de chaussures ou un ordinateur de Paris vers Dakar, c’est comme faire du mototaxi « tiak tiak » entre Guédiawaye et Colobane. Donc les « colis Gp » ont pu trouver des solutions aux difficultés des Sénégalais de la diaspora qui avaient du mal à envoyer ou recevoir des bagages ou des documents. Un métier qui nourrit bien son homme — ou sa femme ! — nous dit-on. Et quand les enfants renforcent les franchises-bagages au profit de leurs parents, c’est toute la famille qui fait de bonnes affaires. Mme K. S, caissière d’une agence de voyagessise Sandaga, conforte cette assertion parles chiffres. « Pour confirmer que la plateforme « Gp » rapporte beaucoup aux acteurs, il faut estimer d’abord le prix du billet d’avion Dakar/Paris/Dakar qui coûte par exemple entre 400.000 cfa et 550.000 cfa. Mais il faut surtout souligner que les clients « Gp » bénéficient d’une forte réduction sur le prix des billets sur la base d’une carte de fidélité octroyée par les compagnies aériennes. Muni de son billet, le voyageur « Gp » comme tout autre voyageur a droit à deux valises de 23 kilos comme poids maximum autorisé. En ce qui concerne les bagages en cabine, la limite de poids est de 12 kg. Sans oublier les effets personnels « dissimulés » et portés en bandoulière comme les sacs à main, les smartphones, les ordinateurs et les bijoux à expédier pour le compte de leurs clients. Avec leur méthode de dissimulation et de négociation, un voyageur Gp peut transporter jusqu’à 58 ou 60 kilogrammes de bagages. Pour chaque kilo de bagages livré, il réclame 6500 cfa soit 10 euros. Pour les matériels et autres objets de valeur comme les bijoux, les ordinateurs et les Smartphones etc. les frais d’envoi varient entre 15.000 cfa (25 euros) et 20.000 cfa (30 euros) par pièce. Si vous faites le calcul, un transporteur Gp peut gagner jusqu’à 700.000 cfa à 800.000 cfa par voyage c’est-à-dire à l’aller comme au retour. Multipliez par le nombre d’enfants « Gp » qui les accompagnent pour vous faire une idée de la rentabilité de cette activité pour les familles qui s’y livrent » nous explique cet agent de voyage ayant un large portefeuille de clients Gp parmi lesquels beaucoup s’efforcent de voyager trois fois par semaine.
« Gp » de père en fils…
Dans le cadre de son enquête, « Le Témoin » quotidien s’est fait orienter vers une famille où le métier Gp se transmet de père en fils depuis les années de la défunte multinationale Air Afrique. L’un des membres de la famille indiquée s’appelle Mme M. D. Actuellement à Paris, cette célèbre dame se disant « Gp/toutes destinations » est accusée d’avoir entrainé tousses enfants dans le métier « Gp » au détriment de l’école. N’est-ce pas ? « Au détriment de l’école, vous dites ? Mes concurrents sont passés par là ! Malheureusement, ils ont tout faux ! » réfute telle. Et de s’expliquer. « D’abord, ma fille ainée « Gp » est majeure et vaccinée (sic). Donc classons son cas sans suite. Mes deux autres enfants sont des garçons. L’un va à l’école au Sénégal, l’autre souffre d’un léger retard de croissance mentale. Donc son avenir n’est plus à l’école. Pendant les congés scolaires ou les grandes vacances, ils m’assistent dans les voyages. Ou bien vous voulez que mes enfants fassent du marchand ambulant dans les rues de Sandaga ? N’oubliez surtout pas de dire, en retour, à mes concurrents que nous sommes nés dans une famille Gp » s’emporte-t-elle en ironisant.
Sur l’axe Dakar-Paris, les convoyeurs de colis Gp, pour économiser sur leurs frais et, dong, gagner davantage, s’organisent pour vivre en colocation. Dans le 18e arrondissement de Paris, nous confie-t-on, des femmes « Gp » ont loué un appartement « délabré » devenu à la fois un dortoir, un centre de collecte de bagages et un comptoir de livraison de colis. « Chaque « Gp » paie 10 euros soit 6.500 cfa/nuitée. De même que les enfants « Gp » qui s’entassent sur des matelas. D’ailleurs, on surnomme cet appartement du 18e « Keur Gp-yi » ou la résidence des Gp » nous souffle un compatriote vivant à Paris et qui fait souvent recours aux services de ces convoyeurs.
En embarquant leurs progénitures dans leur activité, les convoyeurs « Gp » sont en passe de fausser le jeu de la concurrence et risquent de provoquer la colère des défenseurs européens des droits de l’enfant. Mais aussi des sociétés de fret !