PROMETTEUSE BASKETTEUSE DEVENUE BRILLANTE ENSEIGNANTE
Adiara Sy est la première femme inspectrice d’académie de la région de Dakar - Cette enseignante de formation a une carrière faste dans ce monde de l’éducation qu’elle a intégré en 1987

Adiara Sy est la première femme inspectrice d’académie de la région de Dakar. Elle a pris fonction, en janvier dernier, et succède à Gana Sène. Elancée, cette enseignante de formation a une carrière faste dans ce monde de l’éducation qu’elle a intégré en 1987. Elle est de ces rares enseignants qui ne se plaignent jamais des conditions de leur métier.
Son milieu naturel, après les études universitaires, est le monde éducatif. Adiara Sy, enseignante de formation, inspectrice d’académie de Dakar, est la première femme à occuper ce poste. Cela peut être considéré comme une récompense de sa dévotion au métier. Depuis le bas-âge à l’école élémentaire, elle adorait ses maitres qui lui ont donné l’envie de devenir enseignante. Elle choisit donc cette vocation de manière naturelle, dès son entrée à l’université de Dakar devenue université Cheikh Anta Diop (Ucad). “Au moment où j’entrais dans l’enseignement, je ne voyais rien d’autre que cela. C’est peut-être dû au fait que j’ai été marquée par mes professeurs. Je n’ai pas pensé à autre chose. J’étais professeur d’anglais et j’avoue que, depuis le lycée, mes professeurs de langues m’ont toujours marquée. Aussi, à l’époque, les études en lettres menaient vers l’enseignement.
Naturellement, après la Maitrise, je me suis dit que je vais faire l’Ecole normale supérieure. Parce qu’en ce moment, l’enseignement était prestigieux’’, partage-telle. Ainsi, c’est après une Maitrise en 1987, au Département d’anglais, qu’elle tente le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure. Après sa formation, elle est affectée à SaintLouis, sa région natale, sur sa demande, pour rester auprès de ses parents. Ces derniers étaient d’un âge avancé, elle ne voulait se séparer d’eux, vu qu’ils n’avaient pas beaucoup d’enfants.
Fille unique, son jeune frère poursuivait ses études en Algérie. “J’ai eu la chance d’être orientée à Saint-Louis. J’y ai vécu jusqu’en 2019, l’année au cours de laquelle je suis nommée Inspectrice d’Académie de Dakar’’, fait-elle savoir. Pour cette dame, venir à Dakar n’a pas dû être évident. L’essentiel de sa vie, elle l’a passé dans la vieille ville. La cinquantaine révolue aujourd’hui, Adiara Sy a fait ses humanités à l’école élémentaire de son quartier sud à Saint-Louis, communément appelé “Petit lycée’’. C’est là qu’elle obtint son premier diplôme. Elle fut après orientée au lycée des jeunes filles Ameth Fall. Dans ce lycée, il y avait des internes et des externes ; Adiara Sy faisait partie des externes. “De la 6e à la terminale, je suis restée au lycée Ameth Fall. J’ai obtenu mon Baccalauréat en 1982’’, informe-t-elle.
A l’époque, avec la Coopération technique française, beaucoup de professeurs étaient des Français. Lors de son cursus moyen et secondaire, Adiara Sy n’a eu que des proviseurs français. C’est en 1983 que la dernière femme proviseure française a quitté le pays. Elle se rappelle que c’est en ce moment qu’elles ont eu la première Sénégalaise proviseure, Coura Ba Thiam. Elle a été ministre de la Culture du Sénégal et est d’ailleurs décédée cette semaine à Dakar. Elle a été enterrée à Kaolack, sa ville natale. Après le Bac et une Maitrise en anglais, retour donc à Saint-Louis. Jusqu’en 2006, Adiara Sy officiait au lycée Charles de Gaulle de Saint-Louis. Elle s’est retrouvée, en 2007, à l’inspection d’académie de la même région, comme chargée de bureau de l’enseignement moyen secondaire général et du bureau genre chargé de promouvoir l’éducation des filles.
Avant 2000, elle fut aussi la secrétaire exécutive régionale du cadre de coordination de toutes ces interventions pour l’éducation des filles qui a été mise place par le ministère de l’Education nationale. Elle se souvient qu’elle est restée à l’inspection d’académie jusqu’en 2014 où elle a été adjointe. “J’ai été pendant quelque temps secrétaire générale de l’Inspection d’académie de Saint-Louis, avant de postuler pour revenir au lycée Ameth Fall de Saint-Louis comme proviseure titulaire’’. Elle y restera jusqu’à sa nomination en 2019 au poste d’inspectrice d’académie de Dakar. “Là, j’ai répondu à un appel à candidatures et ça a marché. J’ai suivi tout le processus établi pour être nommée à ce poste, en janvier 2019’’, se réjouit-elle.
Le basket, sa seconde passion, après la lecture
Adiara Sy a été une fille studieuse. Son environnement familial le lui permettait. Elle dit avoir eu une enfance heureuse et riche en expériences entre l’école coranique et celle française. Ses parents n’avaient pas beaucoup de moyens, mais ils ont pu lui donner une excellente éducation. “Lorsque j’étais toute petite, mon père était dans l’Administration sénégalaise. Il bougeait beaucoup’’. Saint-Louisienne bon teint, sa mère est de Guet-Ndar et son père de Sindone. Elle a d’ailleurs vécu entre ces deux quartiers traditionnels séparés par le fleuve Sénégal. “Je ne garde que de bons souvenirs de mon enfance. Il n’y avait pas d’outils numériques à l’époque. On n’avait pas de smartphones. On ne faisait qu’étudier et nos moments de détente, on les passait à faire du sport’’. Adiara Sy a titillé le basket au lycée. Avec son 1m70, elle était un as de la balle orange. Elle n’a cependant pas pu faire carrière dans ce domaine, car son père tenait à ce qu’elle termine ses études. C’est ainsi qu’il lui a demandé d’arrêter le sport, alors que le lycée Ameth Fall était le grenier de l’équipe nationale féminine de basket du Sénégal. Le basket était donc sa passion avec la lecture. Elle passait le plus clair de son temps au centre culturel français de Saint-Louis. Elle était une habituée des lieux et avait presque toute la collection de la bibliothèque des petits, alors qu’elle était en classe de 5e. Ses lectures lui permettaient de parfaire son niveau de langue. Ce qui lui a permis de suivre un cursus assez brillant et de devenir professeur plus tard.
« Le système éducatif vit un changement »
Aujourd’hui, Adiara Sy a quitté les classes, certes, mais reste dans le milieu. De loin, elle observe et analyse les mutations. C’est ainsi qu’elle s’est rendu compte que beaucoup de choses ont changé, aujourd’hui, dans le monde, et le système éducatif n’échappe pas à cette règle. Elle admet que “plus qu’un changement, le monde vit un bouleversement’’. L’enfant peut, par exemple, rester à la maison et étudier, si les parents en ont les moyens. Il peut donc se passer d’aller à l’école. Les mutations concernent également l’enseignant. “L’on peut être enseignant et avoir un élève qui en sait plus que vous ou bien qui a vécu mieux que vous. Il y a des élèves qui voyagent, qui parlent anglais, qui ont eu la chance de faire des pays anglophones, alors que le professeur n’a jamais quitté son pays pour aller dans d’autres où ces langues sont des moyens de communication’’. Cela, rapporte-t-elle, est un état de fait. En plus de la facilité qu’ils ont à avoir accès aux outils numériques, lesquels certains professeurs ne disposent pas toujours. “Les enfants d’aujourd’hui ont une chance, parce qu’il y a les technologies qui facilitent les études. Mais aussi qui peuvent vous dévier de l’essentiel. Ça dépend de quel usage on en fait’’, soutient-elle. En outre, pour elle, pour changer la donne, l’enseignant doit être un éternel curieux. Il doit s’adapter au monde actuel et apprivoiser les technologies de l’information et de la communication. C’est impératif, car “quand l’élève en sait plus que l’enseignant, il ne peut pas le respecter’’, analyse-t-elle.