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23 avril 2025
Éducation
GRONGNES AUTOUR DES LENTEURS DANS LA LIVRAISON DES CHANTIERS DE L'UIDT
Après avoir battu le pavé ce mardi 17 mai, le personnel administratif, technique et les étudiants de l’université Iba Der Thiam de Thiès ont décrété ce mercredi 18 mai une journée totale de grève
Cheikh CAMARA, correspondant permanent à Thiès |
Publication 18/05/2022
L’Intersyndicale PER (Saes et Sudes), PATS (Stesu et Satuc) et la Conférence des présidents des amicales d’étudiants de l’Université Iba Der Thiam (UIDT) de Thiès, en protestation contre les lenteurs dans la livraison des interminables chantiers de l’UIDT, a organisé une marche pacifique (cessation de travail) ce mardi 17 mai 2022, qui sera suivie, ce mercredi 18, d’une journée totale de grève
Après avoir battu le pavé ce mardi 17 mai à travers une marche pacifique très réussie, de la Cité Malick Sy à l’Auditorium en passant par la route nationale, le personnel administratif, technique et les étudiants de l’université Iba Der Thiam de Thiès ont décrété ce mercredi 18 mai une journée totale de grève. Ils réclament l’achèvement des chantiers de ce temple du savoir.
Une énième manifestation pour amener les autorités à s’intéresser davantage aux chantiers de l’université. « Depuis 2015 les chantiers de l’université sont là. Les travaux étaient budgétisés. L’Etat devrait prendre en charge 3 milliards de FCFA et les autres 3 milliards FCFA, la Banque mondiale, mais rien n’avance, les chantiers ne bougent pas », déplore Khalifa Ababacar Sy Traoré, président de la conférence des amicales de l’université Iba Der Thiam de Thiès. Il poursuit que « toutes les autres universités ont livré leurs chantiers sauf Thiès. Ailleurs les gens parlent d’extension des périmètres universitaires ».
Une situation d’autant plus préoccupante que « le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter et les conditions sociales deviennent plus difficiles », selon le personnel administratif, technique et les étudiants qui remarquent : « le nombre d’étudiants augmente d’année en année, les effectifs sont pléthoriques dans les chambres. Il est anormal que les chantiers traînent. Depuis l’année dernière les couleurs de l’université commencent à changer, car les étudiants s’incrustent dans des mouvements qui ne devraient pas être les leurs parce n’étant pas la nature de l’université Iba Der Thiam de Thiès, laquelle souffre énormément de manque d’infrastructures ». Ils constatent qu’ « il y a eu des avancées l’année passée, mais finalement la situation est restée telle quelle du fait d’une certaine indifférence de la part des autorités qui semblent faire la sourde oreille ». Selon Khalifa Ababacar Sy Traoré, « cette marche est un avertissement ». Les marcheurs qui ont décrété une « journée sans activités pédagogiques dans tout l’espace universitaire » trouvent « anormale » que des « étudiants orientés ne puissent pas avoir de salle classe ».
Aussi il a été question dans les doléances des étudiants d’« assainissement au sein du temple du savoir », puisque, remarquent les manifestants, « la station d’épuration en chantier ne pourra pas réceptionner la quantité de déchets issus des fosses septiques vu le nombre d’étudiants. Par rapport aux missions effectuées par les services du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le personnel administratif, technique et les étudiants de penser que « ce sont là des déplacements inutiles puisque rien n’a changé ».
Enseignants et étudiants disent «Non !» à la réception provisoire des chantiers inachevés
« Pour réponse à la revendication de la communauté universitaire de l’UIDT de Thiès, les autorités n’ont d’autre solution que de précipiter la réception (et « Non ! » la finition) des chantiers inachevés de l’Université Iba Der Thiam », dénonce la Coordination des syndicats (SAES, SUDES, STESU, SATUC) et la Conférence des présidents des amicales d’étudiants de l’université Iba Der Thiam (UIDT) de Thiès. Elle informe que « les autorités de l’établissement universitaire ont programmé une réception provisoire qui fait ressurgir de très mauvais souvenirs comme l’auditorium, l’auberge des jeunes, les salles de classes de l’UFR Santé et de l’ENSA ».
En effet, soulignent le secrétaire général de la Coordination du Campus de Thiès du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), Mamadou Tandiang Diaw, et ses camarades, « dès la réception provisoire de ces bâtiments, les entreprises en charge de la construction ont déserté les chantiers en amenant tous les plans. Aujourd’hui, ces infrastructures «réceptionnées» avant leur finition sont soit abandonnées, soit «achevées» avec les moyens propres de l’Université en l’absence de la garantie décennale de l’entreprise pourtant obligatoire ».
par l'éditorialiste de seneplus, Jean-Claude Djéréké
DADIÉ, L’ÉCRIVAIN QUI JAMAIS N’ACCEPTA LE DIKTAT DE LA FRANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour lui, si le Blanc refuse la liberté et la sécurité au Noir, c’est parce que, "dans le bureau où je travaille avec d’autres Africains, beaucoup d’Européens viennent, regardent, puis repartent déçus, disant : Il n’y a personne"
Jean-Claude Djéréké de SenePlus |
Publication 17/05/2022
“Le travail et, après le travail, l’indépendance, mon enfant. N’être à la charge de personne, telle doit être la devise de votre génération. Et il faut toujours fuir l’homme qui n’aime pas le travail.” Lorsque Bernard Binlin Dadié alias Climbié entendait ces paroles de l’oncle N’Dabian dans le roman éponyme, il était loin d’imaginer qu’il aurait à mener un jour, avec d’autres, le combat pour l’indépendance de son pays.
Nous sommes dans les années 1920 et Dadié n’a que 4 ans. La Côte d’Ivoire et d’autres pays de l’Afrique francophone subissent les affres de la colonisation. Gabriel Angoulvant, Jean-Baptiste Chaudié, Pierre Savorgnan de Brazza et d’autres gouverneurs français règnent en maîtres absolus sur les populations africaines. Que ce soit à Grand-Bassam pendant ses études primaires ou à l’École normale William Ponty de Gorée (Sénégal), là où étaient formés les futurs cadres de l’Afrique occidentale française, le jeune Dadié se heurte vite au complexe de supériorité du Blanc. Il ne comprend pas que ce dernier veuille remplacer la culture africaine par la culture occidentale.
À l’Institut fondamental d’Afrique noire de Dakar qui l’emploie comme bibliothécaire-archiviste pendant dix ans (1937-1947), il est confronté au même mépris. Pire encore, il est témoin du massacre des tirailleurs africains au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944. 70 anciens prisonniers de la Seconde Guerre mondiale sont tués ce jour-là par des gendarmes français. Leur crime ? Avoir osé réclamer le paiement de leur solde. De retour dans son pays, Bernard Dadié milite dans le Rassemblement démocratique africain (RDA) de Félix Houphouët-Boigny. Malheureusement, il est incarcéré en 1949.
Pendant seize mois, il séjourne dans la prison de Grand-Bassam en même temps que Mathieu Ekra, Jean Baptiste Mockey, Ladji Sidibé, Alloh Jérôme, Jacob William, Albert Paraiso, Philippe Viera, Bakary Diabaté. En prison, il note tout ce qui lui vient en tête dans un journal qui sera publié en 1981 sous le titre ‘Carnets de prison’ dont un extrait dit ceci : “Une voix partie d’une force homicide, dit : tuez-les, comme cela le monde sera libre. Tuez-les, comme cela nous pourrons digérer en paix.”
Pourquoi Dadié fut-il emprisonné ? Parce qu’il avait dénoncé l’exploitation dont les paysans ivoiriens étaient victimes, parce qu’il avait protesté, dans ses écrits, contre le café, le cacao et la cola achetés à un prix dérisoire par le colon. Celui-ci estimait, pour sa part, que Dadié était un antifrançais, qu’il s’était retourné contre la France qui l’avait formé, qu’il semait le désordre, qu’il poussait les indigènes à la révolte, bref que ses articles et discours “avaient excité les paisibles paysans qui maintenant refusaient de vendre leurs produits”. Le natif d’Assinie a beau ne pas avoir droit, dans cette prison, “au lit, au couvert, au repas venu de l’hôtel mais à la natte, à la vieille gamelle rouillée et sale, au repas infect cuit dans un fût d’essence au coucher de dix-sept heures”, il croit dur comme fer qu’on “ne peut l’empêcher de penser ce qu’il pense, de penser que l’homme a droit à un minimum de bien-être, un minimum de liberté, de sécurité, sans lequel il ne pourra jamais s’épanouir”. Pour lui, si le Blanc refuse la liberté et la sécurité au Noir, c’est parce que, “dans le bureau où je travaille avec d’autres Africains, beaucoup d’Européens viennent, regardent, tournent, se retournent, puis repartent déçus, disant : Il n’y a personne”.
C’est un des passages que j’aime beaucoup dans le récit autobiographique ‘Climbié’ (Ed. Seghers, 1956). Pourquoi ? Parce que l’Occident, à mon avis, continue de penser qu’il n’y a personne en Afrique. Car comment comprendre qu’il se comporte régulièrement en Afrique comme bon lui semble sans que nous ne réagissions comme Israël sait si bien le faire quand il est attaqué ? Notre passivité, notre tendance à nous résigner facilement et notre manie de nous défausser au moyen de formules aussi stupides que “à Dieu la vengeance et la rétribution” ne le confortent-elles pas dans l’idée qu’il n’y a personne en Afrique et que, quoi qu’il fasse contre les Africains, il n’y aura aucune sanction contre lui ?
Le 26 juillet 2007, à Dakar, Sarkozy nous insulta en déclarant ex cathedra que l’homme africain n’était pas assez entré dans l’Histoire et il n’y eut personne dans la salle de l’université Cheikh Anta Diop pour le contredire, séance tenante. En 2011, Mouammar Kadhafi fut abattu comme un chien dans un pays détruit par les bombes de l’OTAN et il n’y eut personne pour riposter. L’armée française commit des massacres en Côte d’Ivoire en 2004, puis en 2011 mais il n’y eut personne pour porter plainte contre elle. Le Togolais Sylvanus Olympio fut assassiné le 13 janvier 1963, parce qu’il voulait sortir du franc CFA, le Malien Modibo Keïta qui prônait le non-alignement à l’extérieur et un modèle de développement socialiste sur le plan local fut renversé le 19 novembre 1968, le Burkinabè Thomas Sankara perdit la vie dans un coup d’État le 15 octobre 1987, parce qu’il refusait de faire allégeance aux gouvernants français et il n’y eut personne pour se battre pour que justice leur soit rendue. Si Dadié était encore en vie, il remercierait et féliciterait les autorités judiciaires maliennes d’avoir convoqué à Bamako Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères de la France, pour atteinte aux biens publics.
C’est en 1960 que la Côte d’Ivoire devint “indépendante”. 17 ans plus tard, Dadié est nommé ministre de la Culture. Il occupe cette fonction pendant 9 ans. Son départ du gouvernement est un soulagement pour lui. Il faut dire que, après le désapparentement du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) avec le parti communiste français en octobre 1950 et la décision prise par ce parti de travailler désormais avec l’administration coloniale, Houphouët avait perdu l’estime de Dadié. C’est la raison pour laquelle Dadié affirmait être “ni houphouétiste ni anti-houphouétiste mais RDA”.
Dans ses nouvelles, contes, romans, poèmes, pièces de théâtre ou chroniques, Bernard Dadié a toujours milité pour l’indépendance et la souveraineté de l’Afrique, fustigé cette “France qui dit bien la voie droite et chemine par les chemins obliques” (Léopold Sédar Senghor dans ‘Hosties noires’, Seuil, 1948), plaidé pour que personne ne décide à la place des peuples noirs car la Seconde Guerre mondiale a révélé que “l’Européen, tout comme l’Africain, est un homme qui peut souffrir, avoir faim, soif, un homme constamment à la recherche de la sécurité” (cf. Climbié’). Défenseur de la culture africaine, Bernard Dadié reçoit en 2016, des mains de la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, le premier prix Jaime Torres Bodet. Il obtient à deux reprises le Grand prix littéraire d’Afrique noire pour ‘Patron de New York’ (1965) et ‘La ville où nul ne meurt’ (1968).
Au début des années 2000, la cible de Dadié n’est plus le colonialisme mais le néocolonialisme, que Kwame Nkrumah présente comme “le dernier stade de l’impérialisme”. Lorsque la Côte d’Ivoire est attaquée et divisée en deux dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002 par une horde de voyous et de renégats soutenus par Paris, Bernard Dadié ne tarde pas à prendre position pour la République et ceux qui l’incarnent. C’est logiquement donc qu’il est choisi pour présider le Congrès national de résistance pour la démocratie (CNRD). Malgré son grand âge, l’écrivain publie des articles pour appeler le peuple à la résistance. Le 16 juin 2016, avec l’ancien Premier ministre togolais, Joseph Kokou Koffigoh, il lance une pétition pour la libération de Laurent Gbagbo déporté à La Haye, le 29 novembre 2011. En six mois, la pétition récolte plus de 26 millions de signatures.
Hommage est rendu à ce grand résistant en septembre 2010 devant plusieurs personnalités du monde de la culture et de la politique parmi lesquelles Émile Derlin Zinsou, ancien président du Bénin, Seydou Badian, Cheikh Hamidou Kane et Christiane Yandé Diop, la veuve d’Alioune Diop. Il s’agissait d’honorer et de célébrer un homme qui jamais n’accepta de subir le diktat de la France, un homme qui en 1956 déjà écrivait ceci : “Contact des Blancs et des Nègres, la guerre ! Toujours la force. Arracher au faible sa bouchée de pain, l’asservir puis, sur les hécatombes, danser de joie, crier sa victoire. Voilà ce qu’on appelle asseoir la Civilisation, le Droit, la Liberté. À ceux qui acceptent l’état de fait, on donne tout. À ceux qui refusent la sujétion, parlent de droit, on donne l’exil, la prison, la mort.” (cf. ‘Climbié’).
À 84 ans, l'économiste reste hyper actif, continuant à produire des ouvrages, à animer des débats et à multiplier les conférences à l’échelle sous-régionale. Il colle bien à sa réputation d’universitaire généreux
À 84 ans, le Professeur Moustapha Kassé reste hyper actif, continuant à produire des ouvrages, à animer des débats et à multiplier les conférences à l’échelle sous-régionale. Il colle bien à sa réputation d’universitaire généreux dans le partage du savoir.
C’est à l’École de Dakar, tout près de la paroisse universitaire, que le Professeur Moustapha Kassé nous reçoit. Dans son bureau personnalisé, des meubles marron-beige, quelques objets surannés, des placards remplis d’ouvrages et de belles photos partout, celles de sa défunte épouse, Aïssatou Saré, font le décor. « La chance de ma vie a été d’avoir épousé cette dame », lance le Professeur, posant un triste regard sur l’un des multiples portraits fixés sur les murs. « L’excellente épouse en tout » est décédée le 6 mai 2017. Une disparition qui a terriblement bouleversé l’économiste. « Je suis là. Je fais comme tout le monde, mais en réalité, je ne suis plus moi-même ». Pas un seul jour qui passe sans que Doyen Kassé ne pense à la mère de ses enfants. Et quand la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg) a officialisé l’hommage qu’elle veut lui rendre, les premières pensées du Professeur Kassé sont allées à la défunte professeur de Lettres. Sans surprise. «Elle aurait aimé être à mes côtés pour vivre ensemble ce bonheur, mais Dieu l’a voulu autrement. Ainsi va la vie. Je l’accepte », soutient, d’une voix émue, le Professeur Kassé qui nous accueille, pieds nus, un essai entre les mains, toujours immergé dans l’émotion. Cependant, en bon pédagogue, l’agrégé a réussi à calmer ses angoisses, recréant vite une ambiance gaie et conviviale et se montrant prêt à échanger et à partager. Complète et belle métamorphose ! Mais, quel privilège d’avoir en face un Professeur de cette envergure, qui manipule, comme peu savent le faire, formules et concepts, tutoyant les disciplines, livrant des commentaires, assumant des convictions et dégageant des perspectives ! Tout cela avec aisance et rigueur. « Je suis un manipulateur d’idées », répond-il aux détracteurs qui l’accusent d’avoir flirté avec Senghor, soutenu Abdou Diouf et conseillé Abdoulaye Wade. Sa ligne de conduite : chercher et mettre les résultats de ses recherches au service des gouvernants. « Je ne vois pas Senghor, Diouf et Wade. Je vois le Président du Sénégal qui est élu pour satisfaire les préoccupations des Sénégalais », argue le Doyen honoraire de la Faseg, riche de sa vaste culture dans plusieurs domaines : macro et microéconomie, comptabilité et croissance. Des connaissances et une ouverture d’esprit qui ont fait de l’économiste ce qu’il est aujourd’hui : un universitaire adulé et respecté par la communauté scientifique, qui ne recule devant rien surtout s’il estime avoir raison. Au début des années 2000, quand le Professeur Kassé a voulu lancer l’Institut de formation en administration et création d’entreprise (Iface), critiques et insultes ont fusé de partout. « Tout a été dit sur les murs et les tableaux d’affichage. J’ai foncé et aujourd’hui, l’Iface est une fierté nationale », se réjouit l’universitaire également membre fondateur du Programme de troisième cycle interuniversitaire (Ptci), autre innovation qui renforce sa fierté.
Cursus extrêmement perturbé
Moustapha Kassé voit le jour en 1938 dans un petit village, Kassé Khelcom, près de Thilmakha Mbackol, dans le département de Kébémer. Son Papa, Mamadou, était commerçant. Sa maman, Fatou Diongue, ménagère. Au lendemain du décès de son grand-père, en 1942, la famille quitte le Cayor pour venir s’installer dans le Sénégal oriental, plus précisément à Nguidiwol, juste après Kothiary. Sur place, le papa s’investit dans le commerce et devient tablier. Son activité se développe rapidement, le poussant à aménager à Tambacounda. Pour le jeune Kassé, c’est aussi une chance pour démarrer un cursus scolaire. Il entre ainsi à l’École régionale de Tambacounda qui dépendait de l’Académie de Kaolack. Après un passage brillant à l’entrée en sixième (1er de l’Académie), le collégien est orienté à l’École des fils de Chefs de Saint-Louis, actuelle école Khayar Mbengue, où il obtient le Brevet et intègre le Lycée Faidherbe. Commencent alors les problèmes. Le lycéen, déjà influencé par le Parti africain de l’indépendance (Pai), est soupçonné d’appartenir à un groupe de perturbateurs. Avec feu Amath Dansoko, du Pit (Parti de l’indépendance et du travail), et d’autres élèves, Kassé est renvoyé du lycée. Et partout où il est réorienté, les Proviseurs refusent de le prendre. Celui de Vanvo (actuel Lamine Guèye), lui dit clairement qu’il ne reçoit pas un communiste qui pourrait contaminer ses élèves. Les mêmes réserves sont brandies par le Proviseur du lycée Malick Sy de Thiès qui venait juste d’ouvrir ses portes. « Personne ne voulait me prendre. J’étais dans une angoisse terrible », se souvient le Professeur Kassé qui a finalement été accepté à Lamine Guèye sur instruction du Ministre de l’Éducation nationale.
Le jeune communiste se calme. Le temps de décrocher son baccalauréat S qui lui ouvre les portes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il est admis à la Faculté de Médecine. Toutefois, Moustapha Kassé est vite rattrapé par son passé de gréviste perturbateur.
À l’origine de sa nouvelle désillusion, des tracts trouvés dans la cour. L’étudiant est convoqué dans le bureau du Doyen qui lui lance les propos suivants : « Ici, on fait des études longues. On n’a pas le temps de rédiger des tracts. Allez-vous inscrire ailleurs ». Contraint de quitter la Fac de Médecine, l’étudiant banni trouve place à la Faculté de Droit et des Sciences économiques où il a été renvoyé pour une énième fois, toujours pour les mêmes motifs. « Je trouve finalement une bourse pour aller à Alger où j’ai obtenu une Maitrise en Sciences économiques avant de revenir à Dakar pour soutenir un Dess et un Doctorat », confie le Professeur Kassé qui aime rappeler ce parcours tumultueux qui a forgé son caractère de militant engagé contre l’arbitraire et l’injustice. « Je ne peux tolérer certains déséquilibres ; voilà ce qui explique mon attachement aux idées de gauche », dit l’économiste qui, à 84 ans, continue de sillonner la sous-région (Brazzaville, Abidjan, Niamey), avec toujours le même bonheur : celui d’animer des débats et des conférences. Et quand monsieur Kassé est à Dakar, il assiste parfois aux « Mardis de l’Université », s’adonne à la marche où vit ses deux autres passions : l’écriture et la lecture. Tout cela, en n’arrêtant jamais de penser à la mort. « Le pire ennemi de l’homme, c’est le temps. Oui, je pense tout le temps à la mort. Je me dis qu’elle est proche, et je rends grâce à Dieu ».
LE RECTEUR DE L’UCAD REND HOMMAGE AU PROFESSEUR MOUSTAPHA KASSÉ
Le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Pr Ahmadou Aly Mbaye, a rendu un vibrant hommage au Pr Moustapha Kassé, saluant sa vision et son courage qui ont contribué au développement de la science économique.
Dakar, 17 mai (APS) - Le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Pr Ahmadou Aly Mbaye, a rendu un vibrant hommage au Pr Moustapha Kassé, saluant sa vision et son courage qui ont contribué au développement de la science économique.
"Le professeur a initié une recherche originale, centrée sur les problèmes de l’Afrique, des projets et des programmes qui continuent encore de rendre service’’, a salué le recteur.
Il s’exprimait mardi, à la cérémonie d’hommage dédiée au professeur Moustapha Kassé en présence d’Abdou Karim Fofana, ministre chargé du PSE, et quelques élites africaines formées par l’économiste sénégalais.
Pr Mbaye a rappelé que la vision de promouvoir l’économie sénégalaise et africaine a fait que le professeur a créé l’Institut de formation en administration et de création d’entreprise (IFACE) et le Programme de la troisième interuniversitaire en économie (PTCI).
"Son esprit visionnaire a mené au détachement et création de la FASEG qui était une branche de la faculté de droit", a expliqué Ahmadou Aly Mbaye, rappelant que la vision du professeur est à l’origine de l’innovation des écoles de formations payantes au Sénégal.
Selon le recteur, le professeur a été conseiller de plusieurs Etats africains et a réussi de belles performances sur le plan économique au Burkina Faso, sous l’ère de l’ancien président Blaise Compaoré.
Pr Moustapha Kassé, doyen honoraire de la FASEG, membre de l’académie Hassan 2 des sciences et technique au Maroc, commandeur de l’ordre national du lion, officier des Palmes académiques du CAMES, était professeur dans Universités africaines (Lomé, Cotonou, Yaoundé, Abidjan, Ouagadougou) et Universités françaises (Paris 1, Bordeaux et Versailles) et américaines (Princeton et Michigan State), a renseigné un document remis la presse.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages tels que L’économie du Sénégal, Le secteur privé sénégalais, l’industrialisation africaine est possible et L’économie au défi des pathologies sociales, récemment publié.
LA FISCALISATION DES INDEMNITÉS SUR LES SALAIRES INQUIÈTE LES ENSEIGNANTS
Le G5 et le SADEF chargent l'Etat et sonnent la mobilisation
Alors qu’ils attendent la fin du mois en cours pour entrer en possession de leurs fonds, suite à une correction du régime indemnitaire qu’ils réclament depuis des années, les enseignants ne sont pas au bout de leurs peines. Pour cause, l’Etat, à travers son ministère des Finances et du Budget, a publié un communiqué annonçant des impositions sur leurs indemnités. Une imposition qui, selon les syndicats d’enseignants, violerait les accords signés pour mettre fin à leur longue grève de près de trois mois.
Défiscalisation ou fiscalisation? En tous cas, c’est encore le flou total sur le net à percevoir à la fin du mois en cours par les enseignants puisque c’est à cette échéance que doit être effective l’augmentation des indemnités sur leurs salaires. Une augmentation indemnitaire acquise à la suite d’une longue grève déclenchée par le Saemss (Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal) et le Cusemss (Cadre unitaire des syndicats du moyen et secondaire du Sénégal). Deux organisations rejointes plus tard par d’autres syndicats du G7 (Groupe des 7 syndicats les plus représentatifs du secteur de l’Education) à savoir le Siens, l’Uden, le Sels, le Sels Authentique et le Snelas FC. De longues perturbations en milieu scolaire qui avaient abouti à la signature d’un protocole d’accord le 26 février dernier dans lequel le gouvernement avait donné l’assurance que l’accord allait prendre effet à compter du 1er mai 2022. Et que, donc, les enseignants allaient entrer dans leurs fonds en fin mai. Mais à quelques jours de la fin du mois en cours, et alors qu’ils attendent impatiemment cette augmentation tant attendue, l’Etat vient de publier un communiqué dont le paragraphe 3 a semé l’inquiétude dans les rangs des « soldats du savoir ».
La fiscalisation qui installe l’inquiétude
Dans ledit document, le gouvernement annonce une fiscalisation des augmentations sur les salaires des enseignants hormis l’indemnité de logement. « Le ministère des Finances et du Budget fait connaître que les engagements financiers conclus avec les syndicats d’enseignants le 26 février 2022 sont prévus dans le projet de loi de finances rectificatives pour l’année 2022 adopté le mercredi 11 mai dernier et soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale. Par conséquent, les dispositions ont été prises pour qu’à compter du 1er mai 2022, le relèvement de la rémunération des personnels de l’Education et de la Formation et la revalorisation du régime indemnitaire des fonctions dirigeantes et administratives, soient effectifs. Conformément aux dispositions légales et réglementaires, toutes les revalorisations d’indemnités sont fiscalisées exceptées l’indemnité de logement » peut-on lire dans le document signé par les services du ministre M. Abdoulaye Daouda Diallo. demandent aux enseignants de s’adresser à la Solde pour des correctifs nécessaires en cas de dysfonctionnements, et dans les meilleurs délais. Selon les syndicats d’enseignants, cette fiscalisation va à l’encontre de ce qui a été convenu avec eux lors de la signature du protocole d’accord. Pour rappel, dans le but d’améliorer le niveau de rémunération des enseignants et d’apaiser les tensions sociales dans le secteur de l’Education, l’Etat avait décidé de débloquer 69 milliards pour la révision de leur régime indemnitaire. Une première proposition rejetée par les enseignants et qui avait finalement été portée à 90 milliards.
Les enseignants parlent d’une violation du protocole d’accord
Dans l’entendement des enseignants, ces augmentations ne devaient pas être fiscalisées. En décidant de les soumettre à l’impôt, le gouvernement aurait donc « violé » le protocole d’accord signé avec eux en février dernier. Le constat est amer et est ressenti chez presque tous les leaders syndicaux du G5 (Siens, Uden, Sels, Sels Authentique et Snelas Fc) qui ont tenu hier une conférence de presse pour mettre le gouvernement en garde contre toutes conséquences qui pourraient découler de cette « forfaiture ». De l’avis du Secrétaire général national du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal), Hamidou Diédhiou, « c’est une surprise totale sur le sens d’une telle précision. En tant que syndicat, nous n’avons pas été officiellement saisis même par élégance pour information. Par conséquent, nous le prenons comme rumeur. Mais si c’est avéré, nous ferons face», a-t-il prévenu avant d’ajouter que l’attitude du gouvernement, deux mois après la signature du protocole d’accord, suscite quelques inquiétudes quant à sa réelle volonté de respecter les termes de l’accord. Le G5 fustige aussi le fait que le comité de suivi de cet accord n’ait toujours pas été mis en place deux mois après la signature de l’accord portant revalorisation des indemnités des enseignants. Dans tous les cas, indiquent les leaders de ce groupe, « de sérieuses indiscrétions demeurent et laissent penser que la question de la fiscalité impactera négativement les gains nets annoncés par le gouvernement.
Selon des sources concordantes, le gouvernement tente par une réorganisation du bulletin de solde et la suppression de la ligne Impôt sur le revenu (Isr) de masquer le coup ». En conséquence de quoi, il dénonce le «manque de sérieux et la mauvaise volonté» du gouvernement de respecter ses engagements qui s’expriment «de manière évidente et particulière» par la non mise en place du comité de suivi. C’est ce qu’a expliqué le secrétaire général du Syndicat des Inspecteurs de l’Education de la Formation du Sénégal (Siens), El Kantara Sarr, sur ce comité visant à sécuriser les points auxquels les deux parties s’étaient accordées. « Ce comité de suivi, nous y avons fondé un grand espoir, mais depuis lors, il n’a pas été mis en place par la Fonction publique qui est le ministre employeur et qui était au pilotage. Ce n’est qu’un manque de volonté de la part du gouvernement pour une mise en œuvre de ces accords. Nous avons eu des remontées avec des échos très défavorables. C’est la réelle volonté du gouvernement de mettre en œuvre, de manière stricte, ce consensus qui avait été dégagé avec les syndicats », a-t-il dit. Il a cependant tenu à faire une précision sous forme d’une invite à l’opinion publique pour qu’elle ne fasse pas d’amalgame. Selon lui, les enseignants ne réclament pas la non-imposition de leurs revenus. Au contraire, dit-il, « nous avons abouti avec le gouvernement sur des montants nets après impositions. Des seuils minimum et maximum ont été déterminés pour chaque corps, et les enseignants s’attendent à être dans ces gains nets. Malheureusement et d’après les échos, le gouvernement a tendance, cette fois-ci encore, à donner d’une main et à reprendre d’une autre main ».
Cette fâcheuse habitude adoptée par l’Etat, les enseignants entendent y mettre un terme. « Nous ne l’accepterons pas. Parce que nous avions reçu la ferme assurance qu’il n’y a que la ligne indemnité de logement qui ne sera pas fiscalisée, mais que tout le revenu global, en tant que bon citoyen, nous acceptons que cela soit imposé. Mais après imposition, des montants nets avaient été avancés, et les enseignants attendent à entrer dans ces montants nets », a-t-il prévenu. C’est également la posture adoptée par le Secrétaire général du Syndicat autonome pour le développement de l’Education et de la Formation (Sadef), Mbaye Sarr. Il conteste la décision de l’Etat d’imposer les indemnités sur leurs salaires dont la revalorisation, en principe, démarre à la fin de ce mois de mai. « (…) il avait été conclu une défiscalisation des montants retenus.
Le gouvernement vient encore une fois bafouer les normes et renonce du coup à un engagement pris devant l’opinion publique nationale et internationale », a-t-il dénoncé. M. Sarr demande à tous les enseignants, de tous les cycles allant du préscolaire au secondaire, de se mobiliser contre cette « éventuelle forfaiture » et tient le gouvernement comme étant l’unique et seul responsable des futures perturbations qui pourraient intervenir dans l’espace scolaire. Une fin d’année scolaire qui risque d’être «compliquée» car les syndicalistes n’écartent pas la rétention des notes des dernières compositions et le boycott des examens de fin d’année si le gouvernement « fiscalise » leurs indemnités...
L’UVS LANCE SES PROGRAMMES PHARES DE RECHERCHE
Un atelier de lancement des activités des programmes de recherches phares de l’Université virtuelle du Sénégal s’est ouvert lundi dans la capitale sénégalaise, a constaté un reporter de l’APS.
Dakar, 16 mai (APS) - Un atelier de lancement des activités des programmes de recherches phares de l’Université virtuelle du Sénégal s’est ouvert lundi dans la capitale sénégalaise, a constaté un reporter de l’APS.
Cet atelier est l’occasion pour les experts de réfléchir sur des thématiques comme les STEM (sciences, tchnologies, ingénierie et maths) à la maternelle, l’hydrographie et l’accès à l’eau au Sénégal, la citoyenneté, la transformation numérique et le développement économique.
Ces différentes thématiques sont articulées autour de quatre axes phares : promotion des STEM et de la citoyenneté à l’école maternelle ; réseau hydrographique du Sénégal, accès à l´eau et développement économique ; aux confins de l’appartenance et de la citoyenneté : penser les modèles endogènes de développement des sociétés africaines ; transformation numérique et développement économique.
’’L’UVS qui est la deuxième université du Sénégal en termes d’apprenants a pris une excellente initiative et a choisi de faire un atelier pour ces quatre axes de recherche, qui collent avec nos priorités’’, a renseigné le directeur de la recherche et de l’innovation, le Pr Amadou Galo Diop.
Expliquant la mise en œuvre des idées de ces travaux, le Pr. Diop a assuré que ’’sur le très court terme, les conclusions de l’atelier vont être intégrer dans la rédaction en cours du Plan national stratégique 2023-2032’’.
’’C’est un enrichissement puissant du programme des UVS. Ils ont compris que le rôle de l’université n’est pas seulement d’enseigner, le rôle de l’université c’est aussi la recherche’’, a-t-il précisé.
Revenant sur le rôle des universités, le directeur du Pôle Innovation et d’Expertise pour le Développement (PIED) a mis l’accent sur la mission de service à la communauté. ’’Nous devons essayer de résoudre les problèmes de la cité, c’est ce qui nous a amenés à travailler sur ces quatre programme, en rassemblant toutes les compétences’’, a-t-il fait valoir.
’’Dans ce pays, nous avons trois piliers de transformation digitale, le mobile banking, les réseaux sociaux et la création de l’université virtuelle’’, a-t-il indiqué.
Il a ainsi souligné la nécessité de développer des thèmes de recherches permettant de mieux structurer la transformation digitale, afin que tout le pays puisse en bénéficier.
’’Ces quatre programmes sont pilotés par l’UVS, mais elle s’ouvre vers les universités classiques, car l’UVS a 1300 étudiants par enseignant, nous ne sommes pas autosuffisants, nous sommes obligés de nous appuyer sur les autres’’, a dit M. Ba.
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FACE PEU OU PAS CONNUE DE CHEIKH ANTA DIOP
La sociologue Aoua Bocar Ly-Tall explore dans son nouvel ouvrage, un autre aspect de l'éminent égyptologue Cheikh Anta Diop, parrain de la première université du Sénégal, dans un livre intitulé "Cheikh Anta Diop, l'humain derrière le savant.
Dans son dernier ouvrage intitulé « Cheikh Anta Diop, l’humain derrière le savant », la sociologue Aoua Bocar Ly-Tall explore le côté féministe de l’éminent chercheur Cheikh Anta Diop, qui s’est battu toute sa vie pour restaurer à l’Afrique sa dignité contre l’Occident qui a travesti l’histoire du continent.
Grand égyptologue, panafricaniste convaincu, humaniste, Cheikh Anta montre que le matriarcat a longtemps dominé les vielles sociétés africaines contrairement aux autres sociétés. Malgré son envergure, son aura, Cheikh Anta était un homme humble, grand défenseur des droits des femmes. Mais ce côté ne semble pas suffisamment mis en avant de l’avis de Oua Bocar Ly-Tall. C’est Fort de constat qu’elle a choisi de consacrer cet ouvrage à l’auteur de « Nations nègres et culture » en mettant en exergue ce côté peu connu méconnu de lui.
En marge de la cérémonie de présentation du livre Confluence d’Alpha Moustapha Guèye, samedi à l’UCAD II, nous avons interrogé l’auteur sur son ouvrage intitulé « Cheikh Anta Diop, l’humain derrière le savant.
LES ÉTUDIANTS AU REGRET DE CONSTATER QUE LA BOURSE DEMEURE TOUJOURS UN PROBLÈME
La Coordination des Étudiants de Saint-Louis (CESL) éternel défenseur des intérêts a fait du 15 Mai une date indélébile dans la mémoire des étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Les étudiants de l’Université Gaston Berger ont commémoré hier, dimanche, le 4ème anniversaire de décès de leur camarade Mouhamadou Fallou Sène tué par balle le 15 Mai 2018 lors d’affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. La Coordination des étudiants de Saint-Louis est au regret de constater aucune avancée par rapport à la question de la bourse, cause de la mort de leur camarade. Le paiement du mois d’avril n’est toujours pas effectif, regrette le Président de Séance de cette Coordination, Ousmane Gueye, qui invite les autorités à faire preuve de diligence par rapport aux revendications des étudiants.
La Coordination des Étudiants de Saint-Louis (CESL) éternel défenseur des intérêts a fait du 15 Mai une date indélébile dans la mémoire des étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. “Aujourd’hui, cela fait quatre (4) ans, jour pour jour, que l’étudiant Mouhamadou Fallou Sène tombait pour la cause de l’étudiant. A cette journée de commémoration de son décès, nous renouvelons nos condoléances les plus attristées à sa famille ainsi qu’à toute la communauté estudiantine du Sénégal en général et celle de Sanar en particulier”, a soutenu Ousmane Guèye, Président de Séance de la Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL). Il a cependant regretté le fait que rien n’a changé depuis lors en ce qui concerne la question de la bourse des étudiants. “Depuis que cet acte odieux a été commis par les forces de l’ordre sous l’égide du Recteur de l’époque qui leur avait donné l’autorisation de pénétrer dans l’espace universitaire, il a été constaté une attitude feinte et un manque de sérieux de la part des autorités judiciaires de ce pays en charge du dossier.
Après quatre (4) ans de revendication pour que lumière soit apportée sur ce crime macabre afin que sanction soit appliquée dans toute sa rigueur, la CESL est au regret d’informer la communauté que les seules et uniques avancées, c’est la convocation en mars 2021 d’anciens délégués, témoins des faits du 15 mai 2018 par l’ancien doyen des juges (Samba Sall) pour audition, et ce, sans suite”, a-t-il indiqué déplorant ainsi la léthargie notée depuis quatre (4) ans sur cette affaire et qui, selon lui, “caractérise tout en confirmant l’attitude irresponsable d’une justice qui se targue d’être équitable et impartiale”.
La CESL fustige une telle indifférence devant une situation aussi sérieuse qui est mort d’homme et condamne le mutisme complice de toute autre autorité impliquée de près ou de loin sur ce dossier. La CESL tient à rappeler l’opinion nationale et internationale que les revendications qui ont conduit à ce désastre sont plus que jamais d’actualité.
En effet, la question de la bourse avec les opérateurs sous-traitants qui ne parviennent pas à faire leur travail convenablement. “Aujourd’hui, force est de constater qu’avant de recevoir sa bourse, l’étudiant rencontre d’énormes difficultés et même parfois après avoir reçu un message de paiement, il peine toujours à retirer son argent. Chose déplorable qui montre le manque de sérieux de certains de ces opérateurs engagés dans le paiement des bourses”, a-t-il fustigé.
La Coordination des Étudiants de Saint-Louis (CESL), appelle l’autorité à prendre avec beaucoup plus de sérénité la question des bourses et faire preuve de diligence par rapport aux revendications des étudiants.
NOUVELLES EPREUVES IMPOSEES AUX ETUDIANTS
À l’université, il y a un parcours de combattant à faire : entre galères, échecs et déceptions, il faut s’armer de courage pour entretenir ses rêves
A l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, les jeunes bacheliers sont stressés et angoissés à l’entame de leur première année. Si les vocations peuplent la tête de certains dès le bas âge, la réalité impose à certains d’y renoncer : il y a des orientations imposées et le choix des filières… A l’université, il y a un parcours de combattant à faire : entre galères, échecs et déceptions, il faut s’armer de courage pour entretenir ses rêves.
Bac S2 en poche, elle rêvait de faire médecine ou pharmacie. Mais, elle s’est retrouvée à la Faculté des sciences juridiques et politiques pour faire… sciences politiques. C’est un bug dans ses études, mais Houlimatou tient encore le rythme après avoir évacué les déceptions et réussi son adaptation. «C’est incroyable de subir ça. J’ai réussi à valider ma première année, mais d’autres n’ont pas eu la même chance. Ils ont quitté pour aller faire d’autres formations dans le privé ou des concours après. D’autres ont tout simplement cartcouché», expose cette étudiante de 20 ans.
Avec cette orientation imposée par la plateforme Campusen qui gère tout le processus, les plans échafaudés pour son avenir sont tombés à l’eau. Il faut s’inventer un nouveau destin. «Je n’ai pas le choix de toute façon…», enchaîne-t-elle. «Mon choix, c’était de devenir avocate. Mais après, j’ai dit non je ne veux pas défendre les criminels, les violeurs. Ensuite j’ai dit, je veux être pilote car ça m’intéresse, mais c’est un choix qui n’a pas duré parce que ça demande trop d’études compliquées et je n’aime pas les mathématiques qui sont compliquées. Et enfin, j’ai dit journaliste, mais il fallait aller en série L et puisque ma mère a fait série littéraire… ; elle n’a pas pu avoir son Bac. Du coup pour moi, aller en série littéraire, c’est vraiment préparer son chômage», explique Awa Valeria Sy, étudiante en licence 3 à la Faculté des sciences et techniques (Fst) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Après plus de trois ans, elle nage dans l’incertitude, ce qui témoigne de la complexité de l’enseignement supérieur et de l’angoisse des jeunes étudiants désireux de poursuivre leurs études supérieures.
Quelques années encore à l’université, la plupart des étudiants ont du mal à dissiper les doutes qui les habitaient déjà avant de venir au temple du savoir. «L’université, c’est un monde peu isolé, avec trop de compétitions, trop de monde», enchaîne-t-elle.
La plupart des étudiants qui débarquent à l’Ucad, c’est la grosse découverte, la grande rupture. Sans filet social, l’envie s’éteint pour certains qui ont déjà des difficultés d’hébergement, d’orientations pédagogiques. «Quand je suis venu en 2020, c’est à Niarry Tally que j’ai fait mes premiers jours. La personne qui devait m’accueillir, je n’ai pas pu la joindre jusqu’à 20h. Je l’ai appelée durant toute la journée, mais en vain. C’est après que j’ai contacté un ami de l’Amicale de la commune de Ndiognick qui m’a finalement hébergé», raconte Aliou Séne, 22 ans, étudiant au département de sociologie. «J’étais stressé, j’ai perdu le sommeil mes premiers jours à l’université», se rappelle-t-il. Inscrit au département de philosophie, Abdoulaye Dione, 20 ans, était plein de vie et de rêves après avoir décroché son Bac. A l’Ucad, on doit vaincre ses doutes et les réalités du monde universitaire, il faut les accepter. «Je suis nouveau bachelier et je viens du lycée de Karang. Mais vivre à l’université, c’est vraiment très difficile. Les conditions sont très différentes de celles au lycée. Je suis très loin de chez moi, de tous mes repères. Je stresse. Mais comme on est là, on doit gérer», soutient-il.
Comme lui, Mamadou Diène, 19 ans, étudiant en première année à la Faculté des sciences économique et de gestion (Faseg), abonde dans le même sens. «Je viens du lycée technique El hadji Abdoulaye Niass de Kaolack. C’était mon rêve de venir à l’université mais ici, c’est un autre univers, contrairement au lycée où j’étais auprès de mes parents. Certes on a une vie collective mais d’autre part, c’est aussi une vie individuelle», commente le bonhomme qui rêve de devenir comptable au niveau international.
La peur du redoublement
A l’université, il faut s’organiser et anticiper. Persévérance et patience sont indispensables. Il est 13h au niveau de la Faculté des lettres et sciences humaines. La zone où se font les inscriptions pédagogiques est très animée, surtout avec le début des cours des nouveaux bacheliers. Au niveau du département de Lettres modernes (Lm), plusieurs étudiants sont devant le tableau d’affichage où flotte l’emploi du temps des cours. Certains prennent des notes avec des stylos, d’autres profitent des facilités qu’offre la technologie en photographiant avec leurs smartphones. Des appréhensions, Baba Thiam, étudiant au département de géographie en licence 3, témoigne des réalités de l’université. «Etre étudiant aujourd’hui, c’est très difficile. C’est la galère, surtout ici à l’Ucad, la 15ème région du Sénégal. Il y a un autre problème, c’est le logement», dit-il. C’est une réalité qui pèse sur de nombreux étudiants. En plus de vivre cette angoisse, ils sont tétanisés par une autre peur : le redoublement. Et le système Lmd (Licence, maitrise, doctorat). «Je ne me sens pas du tout à l’aise ici. Certains cours m’intéressent, d’autres non. Je ne me reconnaissais pas, où est passée l’élève studieuse que j’étais au lycée ? Je risque même de reprendre l’année parce que j’ai raté beaucoup de cours», regrette une jeune fille avec une voix étreinte par la tristesse. Elle est résignée et condamne un système qui est en train de sacrifier plusieurs générations. «Mais il faut avoir un mental fort pour rester à l’Ucad», glisse un autre étudiant juste à côté et qui prêtait une oreille attentive à la conversation.
LE SUDES EXIGE L’APPLICATION DE LA DIRECTIVE PRÉSIDENTIELLE
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES) demande l’application de la directive présidentielle concernant les retraités du Fonds national de retraite (FNR) dans le communiqué du Conseil des Ministres du 4 mai 2022
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES) demande l’application de la directive présidentielle concernant les retraités du Fonds national de retraite (FNR) dans le communiqué du Conseil des Ministres du 4 mai 2022 dans lequel, il a enjoint «aux Ministres en charge des Finances et du Travail, la nécessité de finaliser les études relatives à la revalorisation significative des pensions du FNR et d’engager une évaluation prospective du système national de retraite en termes de viabilités et d’innovations en matière de gouvernance».
«Le SUDES tout en saluant cette évolution notable de la position gouvernementale sur cette question en souffrance depuis 2017, tient à mettre en garde : contre toute mesure de saupoudrage, en effet, cette revalorisation devra être à la mesure de la chute du pouvoir d’achat des pensionnés du FNR et de l’esprit de justice et d’équité, qui a présidé aux augmentations salariales en cours dans la Fonction publique ; contre les atermoiements et le dilatoire dans la matérialisation de la directive présidentielle lors du Conseil des ministres du 4 mai 2022», lit-on dans un communiqué en date d’hier, vendredi 5 mai qui nous est parvenu. En effet, le SUDES avait déploré le 25 avril dernier, «l'oubli dont les retraités du FNR ont été et demeurent l'objet depuis plus de 10 ans, en matière de revalorisation des pensions».
Il avait attiré «l’attention des autorités compétentes sur l’exigence de revalorisation substantielle des pensions du FNR, à hauteur de 40% au moins au regard du renchérissement du coût de la vie et surtout des augmentations salariales générales pour les agents en activité dans la Fonction publique». Selon le syndicat, les pensionnés du FNR ont longtemps attendu. «Il est inacceptable qu’une telle situation perdure encore. En tout état de cause, le SUDES invite toutes les forces intéressées à la lutte contre cette injustice à se rassembler et à s’engager au besoin à toutes les formes d’actions et être prêtes à entreprendre des initiatives de rassemblement», rapporte le document.
Sur la réforme du FNR, le SUDES «exhorte les autorités compétentes à l’accélération des travaux de la Commission de concertation instituée à cet effet depuis décembre 2021, laquelle depuis lors, n’a été convoquée que pour la réunion d’installation». Selon lui, «cette commission de travail est un des cadres appropriés pour discuter entre autres, du basculement des non fonctionnaires ou décisionnaires dans le FNR».