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18 avril 2025
Éducation
PLUS DE 190 000 CANDIDATS ATTENDUS AU BFEM
190896 candidats dont 109940 filles et 80 956 garçons en lice, 1155 centres contre 1135 en 2023, 1315 jurys contre 1277 en 2023, le Bfem qui démarre, ce lundi, marque la der des examens pour un système éducatif qui se tresse des lauriers de résilience ...
L’année scolaire 2023-2024 boucle son dernier examen avec le Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) qui démarre ce lundi 22 juillet 2024, sur toute l’étendue du territoire national. Après le Certificat de fin d’études élémentaires et l’entrée en sixième chez les scolaires, le baccalauréat dans le moyen secondaire, le système éducatif qui a traversé une année lourde de menaces, en raison du contexte socio-politique chargé, est parti pour se tresser des lauriers de résilience. 190896 candidats dont 109940 filles et 80 956 garçons sont à la recherche du diplôme marquant le passage au cycle secondaire.
Après les élèves de CM2 et de Terminale, c’est au tour de ceux des classes de 3e de faire leur examen. Le Brevet de de fin d’études moyennes (BFEM) démarre ce lundi 22 juillet 2024, sur toute l’étendue du territoire national. Ils sont au total 190896 candidats dont 109940 filles et 80 956 garçons contre 189753 en 2023, soit un écart positif de 1143 candidats, à la recherche du diplôme marquant le passage au cycle secondaire.
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Mamba Guirassy avait dévoilé ces chiffres lors d’un Conseil interministériel dédié à la préparation des examens et concours au mois de mai dernier. En effet, on compte parmi ces candidats 135 enfants à besoins éducatifs spéciaux et 5.872 qui n'ont pas de pièces d'état civil, soit un taux de 3,07%.
Pour le brevet qui atteste des connaissances et compétences acquises en fin de collège, à l'issue de la classe de troisième, les candidats sont ainsi répartis dans 1155 centres contre 1135 en 2023, soit un écart positif de 20 centres pour 1315 jurys contre 1277 en 2023, soit un écart positif de 38 jurys.
A noter que pour l’année dernière, le Brevet de Fin d’Etudes Moyennes (BFEM) avait connu un taux de réussite de 76,30% contre 70,38% en 2022, soit un écart positif de 5,92%.
LE CAMES VEUT TIRER L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR VERS L’ECHELON INFERIEUR
Trois éminents professeurs claquent la porte du CTS pour dénoncer l'instrumentalisation politique des procédures d'évaluation au détriment de la reconnaissance du mérite
« Faut-il brûler l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ? » C’était le titre provocateur d’un dossier retentissant que nous avions consacré il y a plus de 30 ans à notre Temple du savoir. Un dossier dans lequel nous moquions en particulier ces « chercheurs qui ne trouvent jamais » et ironisions sur ces « voyages d’études » qui ne l’étaient qu’officiellement puisque constituant en réalité des escapades touristiques assorties de coquets frais de mission. Le but c’était évidemment de fouetter l’orgueil de nos universitaires et les pousser à se sublimer. Mais aussi de dénoncer l’absence de recherche digne de ce nom dans cette première université d’Afrique occidentale française (AOF). Eh bien, ce titre provocateur, nous sommes tentés de le réutiliser pour descendre en flammes une organisation africaine s’occupant, justement, d’enseignement supérieur. Il s’agit, en l’occurrence, du Cames (Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur) qui est en particulier chargé d’évaluer les enseignants des universités africaines et d’homologuer leurs passages de grades. Car si, pendant des décennies, cette organisation s’est acquittée à peu près correctement de sa mission faisant notamment passer des concours d’agrégation à ce point sélectifs que les titulaires de ce diplôme étaient considérés comme de véritables dieux du savoir, depuis quelques années, hélas, ce parchemin s’est banalisé. La faute à l’affaissement des critères de sélection, à l’introduction de critères géographiques voire « diplomatiques » visant, selon les manitous du Cames, à corriger de prétendus déséquilibres — un peu comme, dans certains pays, la méthode des quotas est utilisée pour rectifier des injustices. Selon ces manitous, donc, certains pays ayant « trop » d’agrégés par rapport à d’autres, il convient de favoriser les Etats lésés ! Evidemment, ces choses-là ne sont pas écrites mais se reflètent dans les pratiques de ces messieurs qui dirigent le Cames!
Pour protester contre ces pratiques pas du tout catholiques — et en tout cas pas du tout scientifiques ! —, au moins trois éminents membres du CTS (Comité technique spécialisé de sciences juridiques et politiques), dont notre compatriote le professeur de droit émérite (ce qualificatif étant de nous) Isaac Yankhoba Ndiaye viennent de claquer la porte. Dans une lettre intitulée « Enième scandale au CTS de sciences juridiques et politiques », il dénonce des « aberrations » qui ont cours au Cames. Il explique que le CTS « est chargé d’évaluer les travaux des enseignants qui souhaitent passer d’un grade à un autre : de maître assistant à assistant ; d’assistant à maître de conférence, de maître de conférence à professeur titulaire ». Un comité qui se réunit chaque année et composé d’enseignants de tous les grades désignés par leurs pairs respectifs. Lesquels sont chargés de faire des rapports sur les dossiers qui leur sont confiés mais attention, nul ne peut être rapporteur d’un dossier provenant d’une université de son pays. C’est sur la base de ces rapports que l’enseignant est promu ou, au contraire, recalé.
Ce qui s’est passé cette année c’est que des enseignants recalés par le CTS de sciences juridiques et politiques « faute de pertinence scientifique » de leurs travaux, un euphémisme pour dire que ceux-ci sont nuls, ont vu leurs dossiers miraculeusement repêchés par le CCG (Comité consultatif général) du Cames qui ne renferme pourtant aucun juriste en son sein ! Allez savoir sur quels critères ils se sont bas pour effectuer ces repêchages… C’est un peu comme si des équipes qui n’avaient pas pu passer les phases éliminatoires étaient autorisées par la CAF (Confédération africaine de football), pour des raisons d’équilibre géographique, à disputer directement les huitièmes de finales de la Coupe d’Afrique des Nations sans même passer par la phase des poules! Ou comme si des candidats au baccalauréat, qui n’ont pas pu se qualifier pour le second tour, étaient quand même déclarés admis par le rectorat ou l’Office du Bac ! Pour des questions de quotas régionaux…
Et les derniers seront les premiers !
Pour en revenir aux braves hommes et femmes du très glorieux Comité consultatif général du Cames, ils ont fait reprendre les délibérations du CTS de sciences juridiques et politiques ! Bien évidemment, le CTS a maintenu ses délibérations c’est-à-dire que les profs cancres devaient être ajournés. C’était mal connaître le CCG qui s’est substitué au CTS pour inscrire d’autorité bon nombre parmi les profs ajournés dans la liste de ceux devant être promus ceux !On viendra reprocher après cela — et même les emprisonner ! — nos candidats au baccalauréat qui trichent. Le mauvais exemple vient de très haut !
En tout cas, après ce coup de force du CCG du CAMES, trois distingués professeurs qui étaient membres du CTS de sciences juridiques et politiques ont rendu leurs tabliers
Conclusion du Pr Isaac Yankhoba Ndiaye : « Il faut auditer le Cames techniquement et financièrement. Et si cette dernière forfaiture passe, faute de pouvoir dissoudre le CTS sciences juridiques et politiques, il faudra alors envisager un autre mode d’évaluation de nos enseignants, à l’instar de nos amis béninois. J’adjure les nouvelles autorités à regarder de près ce qui se passe au Cames : il y va de notre crédibilité scientifique qu’on est en train de sacrifier sur l’autel d’une certaine « diplomatie scientifique » consistant à admettre des candidats qui ne le méritent pas, tout juste pour un prétendu équilibre géo-politico-académique ». Et tant pis pour la crédibilité et la valeur des diplômes des enseignants de nos universités ! On viendra s’émouvoir après cela de la baisse du niveau de nos étudiants…
LES DIRECTEURS D’ECOLES «CHANTENT» MOUSTAPHA GUIRASSY
Les actes posés durant ses 100 jours à la tête du ministère de l’Education ont valu à Moustapha Guirassy de voir ses louanges « chantés » par les directeurs d’écoles.
Le collectif des directeurs d’écoles du Sénégal (Cdes) se réjouit de l’initiative, de l’engagement et de la détermination du ministre de l’Education nationale d’apurer toutes les instances administratives de décisions de nomination aux postes de responsabilité et d’arrêtés d’admission aux examens professionnels concernant des milliers d’enseignants. Les actes posés durant ses 100 jours à la tête du ministère de l’Education ont valu à Moustapha Guirassy de voir ses louanges « chantés » par les directeurs d’écoles.
Après la signature de 23 arrêtés en fin mai dernier impactant 4030 bénéficiaires, le ministre de l’Education nationale a encore procédé à des nominations et régularisations d’indemnités tout en vidant le passif des arrêtés d’admission au Cap et au Ceap, ainsi que celui des arrêtés de catégorisation des établissements. A peine arrivé au ministère, il a dare-dare vidé le passif des arrêtés en en signant 11 relatifs au CEAP, et 12 autres concernant les CAP. Pour le Cap, dit-il, cela a impacté 625 enseignants et pour le Ceap, 3405 bénéficiaires. Soit au total 4030 bénéficiaires. Un travail qui a continué pour aboutir, un mois après, à l’apurement de toutes les décisions de nomination et arrêtés d’admission. Les décisions de nomination et de régularisation d’indemnités compensatoires de surcharge horaire concernent un total de 2890 enseignants pour les années 2020, 2021 et 2023.
Pour les arrêtés d’admission au certificat d’aptitudes pédagogiques et au Certificat élémentaire d’aptitudes pédagogiques, 7370 enseignants étaient concernés. Tous ont obtenu satisfaction. Aussi, tous les arrêtés de catégorisation des établissements de 2023 à 2024 ont été signés. Beaucoup d’enseignants ont souffert des lenteurs administratives.
Ces actes posés par le ministre constituent, selon les bénéficiaires et leurs collègues, un grand pas vers une école de qualité et plus de motivation chez les enseignants. Pour le ministre, il a fallu une organisation, une pression à l’interne et à d’autres niveaux de son département ministériel pour arriver à ce résultat. «Nos engagements ont été respectés. Nous avions promis aux enseignants de vider un passif qui était important dans leur carrière. Un passif relatif aux examens professionnels, aux décisions de nominations, aux arrêtés de catégorisation... Nous avons pu vider ce passif-là. Un passif important dans la carrière des enseignants», s’est félicité le ministre Moustapha Guirassy qui entend, «très vite», passer à une dématérialisation et à une digitalisation des procédures pour que «plus jamais» les enseignants ne puissent rencontrer certaines difficultés qui impactent négativement leurs carrières. «La carrière de l’enseignant devient de plus en plus sacrée. Ça l’est sur les plans matériel et financier mais aussi dans sa formation, son accompagnement, son bien-être etc. C’est pourquoi, il faut tout faire pour qu’il soit au coeur des enjeux de société», a déclaré Moustapha Mamba Guirassy. Il invite tous les syndicats, les acteurs de la société civile, les partenaires techniques et financiers à oeuvrer ensemble pour mettre l’enseignant au coeur du processus de transformation de notre école. «C’est extrêmement important, sinon on ne pourra pas avancer. Les actes qui sont remis aux enseignants, nous avons déployé des efforts et de l’énergie pour un impact réel. Nous devons être plus attentifs, plus soucieux, et plus dans l’empathie et la connexion avec le monde enseignant. Nous invitons tous les acteurs à un conclave, des ateliers très prochainement pour réfléchir sur la valorisation de la fonction enseignante et sur les moyens de mieux accompagner l’enseignant. Nous ferons aussi un clin d’oeil au ministre de l’Urbanisme pour poser la question du logement qui entre dans la motivation de l’enseignant et aussi pour réduire le nombre de départs enregistrés dans certaines zones, surtout en périphérie. Si dans le programme logement de l’Etat, nous arrivons à négocier avec le collègue en question pour prendre en charge cette dimension, nous réglerons une bonne partie des problèmes des enseignants, donc de l’école. C’est un acte ponctuel, le respect d’un engagement, c’est satisfaisant, mais nous voyons clairement qu’il y a beaucoup d’autres chantiers qui restent. Le plus important, c’est de travailler à la transformation, et le temps presse, d’ici le mois d’octobre par exemple, nous devons rattraper un gap. Nous n’aurons pas de répit. Il faut très vite et très souvent nous retrouver pour prendre des décisions ensemble», a ajouté M. Guirassy.
Ce n’est pas tout, il compte aussi organiser un séminaire pour des réponses adéquates face à certaines difficultés récurrentes de l’école et des enseignants, et qui sont sur la table de plusieurs ministres... Ce, pour mieux avancer, dit-il ! Reste la question des décisionnaires qui demeure un sujet très complexe. Le ministère demande l’accompagnement des syndicats pour trouver des solutions aux maux du secteur. «L’enseignant est au coeur du processus de transformation. Donc rien de profond, de structurel ou d’impactant ne peut se faire sans les enseignants. Nous l’avons compris. Il s’agira de les écouter davantage, de les mettre au coeur des processus de prise de décision. Nous avons d’ailleurs arrêté un principe de concertation périodique pour discuter. Ce qui est institutionnalisé, c’est de nous rencontrer tous les deux mois au moins», a-t-il indiqué.
Donner un nouveau visage à l’école sénégalaise, c’est le souhait et le rêve du ministre de l’Education nationale dont la mission est de gérer l’enseignement, d’instaurer un climat apaisé à l’école, d’assurer la qualité des enseignements et les réformes nécessaires...
Les directeurs d’écoles applaudissent
Le collectif des directeurs d’écoles du Sénégal (Cdes)se réjouit de l’initiative, de l’engagement et de la détermination du ministre de l’Education nationale d’apurer toutes les instances administratives de décisions de nomination aux postes de responsabilité et d’arrêtés d’admission aux examens professionnels concernant des milliers d’enseignants. Selon eux, le ministre Moustapha Mamba Guirassy vient de poser un acte fort allant dans le sens de satisfaire une vieille doléance. Le Cdes, structure de proposition, de concertation et de contribution a saisi l’occasion pour magnifier cette décision majeure qui, selon lui, vient à son heure. Pour les membres du collectif, cela témoigne de la volonté du ministre de bâtir un consensus fort autour du projet de transformation systémique du système éducatif national pour le bien exclusifs des enseignants et des apprenants. Les directeurs d’écoles félicitent ainsi le ministre et l’encouragent à continuer sur cette lancée ayant pour but de mettre fin progressivement aux lenteurs administratives.
CHEIKH MBOW ANTICIPE LA RENTREE
Le Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), donne ses appréciations des résultats provisoires du baccalauréat 2024 et revient sur les actes posés par l’actuel régime.
Dans un entretien accordé à Sud Quotidien, le Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), Cheikh Mbow donne ses appréciations des résultats provisoires du baccalauréat 2024 dont le taux de réussite est de 48,71%. Il est également revenu sur les actes posés par l’actuel régime depuis son installation ainsi que les attentes dans le secteur de l’éducation.
Quelles appréciations faites-vous des résultats provisoires du Bac ?
Il faut d’abord noter une tendance baissière par rapport aux années passées ; 48,71% contre 51,54 en 2023 et 52 en 2022. Des tendances qui confirment que notre système éducatif semble être à un point de saturation tel qu’il ne peut atteindre un taux de réussite au-delà des 50%. 5 élèves sur 10 échouent au bac systématiquement. Il est à se demander que devient la moitié des candidats qui échouent ? Quelles autres alternatives leur sont offertes ? Quelles réformes sur le système d’évaluation et d’orientation scolaire ? Quel dispositif pour une véritable école de la réussite ? Cette situation invite à renforcer l’offre en formation professionnelle, particulièrement après le cycle fondamental mais aussi à adresser résolument les déterminants de la qualité si l’on sait que chaque enfant a du talent, la réussite devant être la règle. Il faut cependant saluer la ferme décision du ministre de l’enseignement supérieur de rétablir l’orthodoxie en matière de calendrier universitaire au bénéfice, notamment des nouveaux bacheliers. Cela devrait aussi inviter à affecter à temps les élèves en 6ème et en seconde mais aussi les élèves maitres sortants avant octobre, pour un démarrage effectif des cours dès la rentrée scolaire.
Cela fait 100 jours que le président Bassirou Diomaye Faye a été investi comme président du Sénégal. Quel bilan faites-vous de ses 100 premiers jours pour le secteur de l’éducation ?
A ce stade, il nous est difficile de faire un bilan objectif. En effet, l’actuel régime a été investi le 2 avril soit six mois après l’ouverture des classes ou encore après le déroulement des deux tiers de l’année scolaire. Pour dire qu’il faut distinguer l’année académique de l’année civile. A trois mois de la fin de l’année, l’actuel régime était attendu dans l’accompagnement de l’achèvement de l’année, la déclinaison de leurs ambitions pour l’éducation et leur mode de pilotage.
Néanmoins, nous aurons noté la tenue d’un conseil interministériel consacré à la préparation des examens, la disponibilité du nouveau ministre de l’Education qui s’est donné le temps de partager la vision avec les partenaires, sa diligence dans l’apurement du stock d’actes longtemps en instance, en plus du rattachement de l’agence de la case des tout-petits au Ministère de l’éducation. Nous espérons que la multiplicité de ministères, de directions et d’agences en charge de l’éducation sera adressée pour une approche plus articulée.
Au-delà, nous pouvons relever les points suivants. D’abord, l’option d’ériger le capital humain en première priorité rassure dans un pays où 75% de la population ont moins de 35 ans ou encore un Sénégalais sur deux a l’âge scolaire, moins de 19 ans. Le défi sera de garantir une approche holistique et inclusive par des connexions intra et inter sectorielles favorisant le dialogue des offres et une meilleure cohérence dans la structuration. Ensuite, la décision de faire de la concertation une règle de gouvernance doit certainement se matérialiser par une plus grande écoute vis-à-vis des partenaires et une réelle participation des jeunes dans la politique éducative.
Enfin, il est clair que les principes et orientations affirmés trouvent un terreau fertile dans l’éducation. En réalité, la digitalisation appliquée dans le secteur, renforcerait sa modernisation, diligenterait le traitement des dossiers et soutiendrait une solution définitive face à la lancinante problématique de l’état civil. Le souverainisme affirmé se concrétiserait mieux en faisant des établissements scolaires, des cadres de prestation liés à la santé, à l’alimentation, à l’environnement, à l’assainissement, à la sécurité, aux valeurs, au civisme.
En somme, le « Jubanti » invite à corriger les injustices liées aux enfants hors écoles, au traitement de certains enseignants, notamment les décisionnaires, aux conditions d’études dans certaines écoles vétustes, sans sécurité, sans eau ni assainissement, à la sous dotation de certains sous-secteurs tels que la petite enfance, l’alphabétisation, les daara, la formation professionnelle.
Quelles sont les attentes urgentes du secteur de l’éducation ?
Pour le secteur de l’éducation, dans son sens large (éducation, formation, enseignement supérieur), les attentes sont de plusieurs ordres.
D’abord, une vision claire, se fondant sur les demandes du peuple qui est à la fois bénéficiaire et commanditaire des services éducatifs. Une vision reflétant les réalités sociales, culturelles, économiques et géopolitiques. Une vision mettant en avant l’efficacité externe pour garantir des bénéfices individuels et sociaux et l’efficacité interne par la pertinence et l’adaptation des approches.
Ensuite, de cette vision partagée, engager la refondation du système. Pour ce faire, un état des lieux objectif et exhaustif s’impose pour tous les programmes et réformes (PAQUET, ANEF, CNAES, LMD, UVS, …). Il permettrait d’identifier les forces et faiblesses mais aussi de pointer les défis et enjeux, pour construire de vraies solutions.
Les trois mois de vacances que nous engageons constituent une excellente opportunité pour, à la fois construire des consensus et poser des actions fortes en faveur de l’amélioration de l’environnement des apprentissages. Consensus autour du leadership du ministère qui est attendu à lancer le processus annoncé de refondation et à engager les acteurs et partenaires à se mobiliser pour des contributions pertinentes et documentées. Consensus qui devrait aboutir à construire un plan de développement du secteur qui traverse les régimes politiques. Consensus pour une transformation profonde de l’éducation qui réinterroge la finalité, les offres, les curricula, les attitudes, l’organigramme, le pilotage, la gouvernance. Des actions fortes en faveur de l’amélioration de l’environnement des apprentissages qui doivent impulser à travers une vaste mobilisation de toutes les organisations communautaires, de tous les ministères, du secteur privé et des leaders pour assurer la salubrité des lieux d’apprentissage « set setal », leur convivialité « écoles reboisées », leur performance « l’école, l’affaire de tous ».
Des actions fortes pour des écoles clôturées et épargnées du phénomène de « cantinisation », la résorption des abris provisoires, l’élargissement du réseau scolaire avec des réserves foncières obligatoires, la réfection des écoles vétustes
Enfin, promouvoir une gouvernance participative pour un système éducatif résilient, performant et inclusif. Il s’agira de conduire le secteur à satisfaire les demandes liées à l’introduction des langues nationales, à la diversification des offres d’enseignement, notamment les daraa, à la problématique de la formation professionnelle et de l’employabilité, à la démocratisation du préscolaire, à une prise en compte conséquente des questions émergentes telles que l’intelligence artificielle, les changements climatiques, l’éducation aux média, la citoyenneté.
par Amadou Diaw
DE LA NÉCESSAIRE MOBILITÉ, CIRCULER EST UN DROIT HUMAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Que d’obstacles vécus par les migrants. À travers chaque pas coûteux, chaque navigation périlleuse, les jeunes d'Afrique expriment leur désir de vivre. Honte à nous. Oui, nous sommes tous responsables
Guet Ndar. Quartier traditionnel de Saint-Louis. Les pirogues colorées portent des étendards de divers pays. Ce soir, elles descendront le long du fleuve avant d’affronter la barre. Quelques sages, sous des abris de fortune, observent le temps passer. Des jeunes, enfants insouciants, adolescents à la peau brûlée par ce mélange de sel et de soleil, des moins jeunes dans l’attente du prochain départ, envahissent les ruelles. Les demeures sur cette petite bande de terre attendent d’être rongées par les vagues de l’océan Atlantique.
Là, le murmure solennel d'un enfant du village des pêcheurs, l'écho de sa voix assurée résonne encore à mes oreilles : « Rien, absolument rien, ne saurait contenir l'écume des départs juvéniles. Nous nous en irons, toujours plus nombreux, portés par le regard de notre mère démunie, portés par les pleurs de nos sœurs. »
Telle une invitation à revenir à la réalité, un véritable coup de semonce, cette déclaration a métamorphosé ma perception du phénomène. Il me fallait accepter, me résigner, mieux encore, agir, inviter les décideurs, dirigeants de nos pays, ministres, diplomates et émissaires, à renoncer à promettre un arrêt de l'hémorragie. Mission impossible !
Oui, ces jeunes partiront. Ils partiront encore nombreux. Ils partiront encore plus loin.
Hier, ils étaient des dizaines, dans les cales de l’Ancerville. Ce navire mythique qui assurait la ligne de Dakar à Marseille, est à quai à Shekou, en Chine, Transformé en important centre de loisirs. Lui, il a eu droit à une autre vie.
Aujourd’hui, les pirogues géantes de Guet Ndar, de Mbour, vont vers les Canaries. Grandes et Petites. Aujourd’hui, des camions mènent cette jeunesse dans les prisons de Libye, puis dans le ventre des mers. Et Demain ?
Honte à nous. Oui, nous sommes tous responsables. Méditons.
Les yeux fermés. Expiration. Ouvrons les yeux. À travers les tumultes de l'histoire, des générations ont affronté les épreuves les plus ardues. Des arabes, puis des européens, puis des maures, en quête de richesses et de convictions, se sont aventurés au-delà des mers, des déserts pour « découvrir » les contrées lointaines : l'Afrique, l'Amérique et l'Asie. Les trois M (Militaires, Missionnaires et Marchands) à l'appétit insatiable, tous sont partis pour des voyages audacieux, des rencontres avec l'inconnu.
C’était hier. Sommes nous amnésiques ? Il n’y a pas si longtemps, pourtant. Ils ont détruit. Ils ont brûlé les villages. Ils ont effacé. Ils ont déchiré, et le Serment du Chasseur(1222) et la Charte de Kouroukan Fouga (1236). Ils ont déstructuré. Ils ont remplacé. Un Grand remplacement. Ils ont « civilisé ».
Quelques siècles après, la soif de découverte, l'insatiable besoin de réalisation poussent encore l'homme à traverser des déserts brûlants, des océans infinis et des mers déchaînées. La mobilité, intrinsèque à notre essence, transcende les frontières physiques pour atteindre l'ailleurs. Acceptons cela. Notre destin est forgé par un incessant désir de se connecter aux mondes lointains.
Repensons donc le statut des nouveaux citoyens. Les Citoyens du monde.
Que d’obstacles vécus par les migrants. À travers chaque pas coûteux, chaque nuit passée dans les prisons du Maghreb, chaque être violé, chaque navigation périlleuse, chaque embarcation avalée par la Méditerranée, les jeunes d'Afrique expriment leur désir de vivre et tendent cette main de l'espoir à l'humanité, qui trop souvent feint de ne pas la voir. Ouvrons nos yeux. Ouvrons nos bras.
Achille Mbembe nous interpelle. Il fait écho : « La circulation des hommes exige des politiques d'hospitalité, d'ouverture et l'invention de nouvelles formes de citoyenneté. »
Oui, mettons en œuvre de nouvelles formes de citoyenneté. Ouvrons nos bras. Redevenons humains. Et pensons plus aux ponts à installer qu’aux murs à construire. Et surtout, ré-enchantons le Monde.
Du rêve? Peut-être.
Mais, crions le, haut et fort, en espagnol et en sérere, en italien et en amharique, en anglais, en Kinyarwanda : « Circuler est un droit humain fondamental, n’en faisons pas une aventure mortifère. Être de quelque part, c’est avoir la possibilité de partir et d’y revenir »
LE GOUVERNEMENT DU SÉNÉGAL EN PASSE D’EFFACER LE PASSIF SOCIAL DES ENSEIGNANTS
Le ministre de l’Education a récemment annoncé des "avancées significatives" dans la régularisation des dossiers administratifs des enseignants. Ces mesures visent à améliorer les conditions de travail et à résoudre les retards accumulés au fil des années
Le ministre de l’Education nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a récemment annoncé des avancées significatives dans la régularisation des dossiers administratifs des enseignants. Ces mesures visent à améliorer les conditions de travail et à résoudre les retards accumulés au fil des années. Voici un aperçu des principales décisions prises :
Nominations et Régularisations des Indemnités Compensatoires de Surcharge Horaire : Ces mesures, prenant en compte les années 2020, 2021 et 2023, concernent un total de 2890 enseignants.
Arrêtés d’Admission au CAP et au CEAP : Les arrêtés couvrent la période de 2009 à 2023, touchant 7370 enseignants.
Catégorisation des Établissements : Tous les arrêtés de catégorisation des établissements pour les années 2023 et 2024 ont été signés, assurant ainsi une classification appropriée et mise à jour des établissements scolaires.
Le mercredi 17 juillet 2024, 195 arrêtés ont été signés au profit de 9803 enseignants, renforçant ainsi l’engagement du ministère de l’Éducation nationale à accélérer la régularisation des dossiers des enseignants décisionnaires. Ces mesures s’ajoutent à celles prises en mai dernier, démontrant une volonté continue de résoudre les problèmes administratifs du secteur.
Les syndicats les plus représentatifs ont réagi favorablement à ces annonces.
Le SAEMSS (Syndicat Autonome des Enseignants du Moyen et Secondaire du Sénégal), par la voix de son secrétaire général national, El Hadj Malick Youm, a exprimé son appréciation des actions posées par le ministre de l’Éducation nationale depuis sa nomination.
Toutefois, M. Youm souligne que la solution structurelle aux problèmes de l’école passe par la digitalisation, afin d’éliminer les lenteurs administratives.
Le secrétaire général national du SAEMSS a également insisté sur la nécessité de mettre en place un comité de suivi pour s’assurer de la mise en œuvre des autres accords signés avec le gouvernement précédent. En réponse, le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Mamba Guirassy, a promis des rencontres bimestrielles, dont la première est prévue pour le 7 août 2024.
De son côté, Abdourahmane Gueye, secrétaire général national de l’UDEN (Union Démocratique des Enseignantes et Enseignants du Sénégal), a déclaré que le séminaire convoqué par le ministère sera l’occasion de résoudre définitivement les questions sociales en suspens, notamment le statut des enseignants décisionnaires.
Le ministre Guirassy a affirmé que ces actions témoignent de l’engagement du gouvernement à garantir des conditions de travail optimales pour les enseignants et à améliorer l’efficacité administrative dans le secteur de l’éducation.
Cette série de mesures représente un pas important vers la résolution des problèmes administratifs et l’amélioration des conditions de travail des enseignants au Sénégal.
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JUBBANTI, ÉLEVONS CETTE LANGUE EN ÉLEVANT SON ORTHOGRAPHE
«Jubbanti» et non Jubanti, «Ceddo» et non Cedo, «Siggi» et non Sigi ou encore Kër et non Keur . Adoptons la bonne orthographe. La parole d’Arame Fal, de Pathé Diagne, Cheikh Anta Diop ou d'Ousmane Sembène est souveraine. Explication de Mademba Ndiaye
Au moment où le débat sur l’introduction des langues nationales dans le système éducatif est très actuel, il n’est pas juste que des responsables au sommet ne respectent pas les normes orthographiques de ces langues dans leur communication officielle.
Dans le slogan de campagne en wolof «Jub Jubal Jubbanti » du Pastef, le mot «Jubbanti » est souvent écrit avec un seul « B ». Ce qui est une faute du point de vue des linguistes confirmés. Bien que les spécialistes eurent donné la règle juste, les membres du Pastef semblent persister à écrire ce mot à leur convenance, avec un seul « B » au lieu de 2 « BB ».
En répondant à notre entrevue sur le Pacte de Bonne gouvernance, Mademba Ndiaye invite les membres de Pastef à adopter humblement la bonne orthographe, celle retenue par les scientifiques qui font autorité dans ce domaine.
Mais quand on remonte l’histoire, cette question de l’orthographe juste de certains mots wolof n’est pas nouvelle comme le rappelle fort à propos Mademba Ndiaye.
Sous le magistère du président Léopold Sédar Senghor, bien des mots wolof ont ainsi fait l’objet de débat féroce entre intellectuels. Le président Senghor, poète confirmé et puriste s’était affronté au trio composé d’Ousmane Sembène,, Pathé Diagne et Cheikh Anta quant à l’orthographie des mots « Ceddo», « Siggi » par exemple.
Senghor, le poète, grammairien et puriste de la langue imposant de manière péremptoire sa volonté au linguiste Pathé Diagne, à l’écrivain-réalisateur Ousmane Sembène, ou à l’historien Cheikh Anta Diop, savant plutôt pluridisciplinaire, qui n’est pas un nain en matière de linguistique, lui qui a établi la patentée linguistique entre les peuples d’Afrique.
En somme, l’écriture du mot JUBBANTI » a amené le journaliste émérite Mademba Ndiaye, aujourd’hui consultant, à rappeler cette histoire entres ces géants intellectuels dans leurs domaines respectifs a ceux qui ont oublié ou à le faire savoir à ceux qui ne l’ont jamais appris, notamment les jeunes.
Suivez son explication dans cette vidéo.
CETTE AFFAIRE QUI PREND EN OTAGE L’UCAD
L'affaire du mandat du recteur de l'Ucad prend une tournure politique. Alors que le Sudes dénonce des manœuvres pour maintenir l'actuel recteur, le ministre appuie ses accusations et promet d'intervenir
Invité de l’émission « Grand jury » dimanche dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf a fait savoir que le gouvernement va prendre ses responsabilités pour faire respecter l’appel à candidatures pour le poste de recteur de l’Ucad. Cette affaire indigne depuis quelques semaines le Sudes/Esr, section Ucad. Il dénonce un retard dans le lancement de l’appel à candidatures.
Une controverse entoure le prolongement du mandat du recteur de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Depuis quelques semaines, le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal / Enseignement supérieur et de recherche (Sudes/Esr), section UCAD accuse le Conseil d’administration de l’Ucad de vouloir maintenir le recteur actuel dont le mandat arrive à échéance le 22 juillet 2024. Il dénonce ainsi un retard dans le lancement de l’appel à candidatures pour le poste de recteur de l’Ucad et qui, selon lui, « constitue une violation flagrante du décret n° 2021-846 du 24 juin 2021 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les Universités publiques ».
« Selon l'article 2 du décret précité, un comité de validation et de sélection des candidatures doit être mis en place quatre-vingt-dix (90) jours avant le terme du mandat du recteur en fonction. Or, le mandat actuel du recteur expire le 20 juillet 2024, ce qui signifie que le comité aurait dû être mis en place et l'appel à candidatures lancé il y a déjà cinquante-cinq (55) jours. Cette inaction administrative suscite notre indignation et notre profonde inquiétude quant aux conséquences potentielles sur la continuité et la stabilité de la gouvernance de l'UCAD », lit-on dans une lettre adressée au ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf.
Ne décolérant toujours pas, le Sudes / Esr section Ucad se dit «inquiet» et «indigné» face «aux atermoiements du Conseil d’Administration concernant le lancement de l’appel à candidatures pour le poste de recteur conformément au décret2021- 846 du 24 juin 2021», dans un communiqué en date du 4 juillet. «Il nous est revenu qu’en sa dernière réunion, le Conseil d’Administration de l’UCAD rechigne à lancer l’appel à candidatures et qu’à la place, il a décidé de commettre un conseiller juridique qui serait celui de l’actuel recteur de l’UCAD pour faire le constat que ce dernier aurait entamé tacitement depuis juillet 2023 un supposé second mandat qui devrait courir jusqu’en 2026», lit-on dans le document. Ce qui fait dire aux syndicalistes « qu’en agissant ainsi, le président du Conseil d’Administration fait preuve de carence en référence aux articles 2 et 3 du décret 2021-846 relatif aux modalités de nomination du Recteur dans les Universités publiques du 24 juin 2021 ».
Face à la presse jeudi dernier, le Sudes/Esr, section Ucad a continué à dénoncer ce qu’il considère comme une situation « scandaleuse qui menace l'intégrité et la gouvernance » de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et parle encore d’une violation de la loi. « Le 22 juillet 2024, dans moins de deux semaines, le mandat du recteur actuel de l'UCAD arrive à son terme. Pourtant, le Conseil d'Administration de notre université persiste dans son inaction, refusant obstinément de lancer l'appel à candidatures pour organiser la succession. Cette négligence flagrante n'est pas seulement une erreur administrative, c'est une violation pure et simple de la loi », a déclaré Sylvestre Kouakou, leur porte-parole. Et d’ajouter: « En arguant le subterfuge fallacieux et vétilleux de la reconduction tacite depuis juillet 2023 de son mandat qui serait de trois ans au lieu de quatre, le CA de l'UCAD a fait preuve de carence avérée. Il a une interprétation insidieuse de la loi, qui ne trompe personne ». « Le cadre légal est sans ambiguïté. La loi 2015-26 du 28 décembre 2015 relative aux Universités publiques du Sénégal fixe en son article 16 la durée du mandat des recteurs des universités publiques à quatre (4) ans. Chaque université est dirigée par un recteur choisi parmi les professeurs titulaires des universités de nationalité sénégalaise. Il est nommé par décret sur proposition du Ministre de l'Enseignement supérieur pour un mandat de quatre (04) ans, renouvelable une fois... L'actuel recteur de l'UCAD nommé le 22 juillet 2020 ne saurait en aucun cas l'être pour un mandat de trois (3) ans comme semble dire le CA. Ce serait contraire aux dispositions de l'article 16 sus-indiqué », a rappelé M Kouakou.
Invité de l’émission « Grand Jury » sur la Rfm dimanche dernier, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Abdourahmane Diouf, a abordé la question. « Beaucoup de juristes ont lu les textes et ont donné le même point de vue. Il se trouve que ce n’est qu’au sein du Rectorat qu’on a un autre point de vue. Et ce point de vue ne peut pas prévaloir sur celui de tous les autres. Moi, je pensais qu’on allait régler ce problème très facilement, dans la cordialité, dans la diplomatie. Mais à ma grande surprise, ils se sont réunis et le Conseil d’administration de l’UCAD a dit, dans une phrase très simple mais aussi très compliquée qu’ils n’ont pas assez d’éléments pour lancer l’appel à candidatures. Donc, le Conseil d’administration de l’UCAD est en train de nous dire : je ne lancerai pas d’appel à candidatures », a-t-il dit. Et d’ajouter, « je considère que le mandat du recteur est terminé depuis juillet 2023 parce qu’il a été élu pour trois ans, 2020-2023. En 2021, il y a eu ce nouveau décret sur l’appel à candidatures. Donc c’est le texte nouveau qui s’applique. En 2023, le PCA de l’UCAD aurait dû lancer un Appel à candidature, il ne l’a pas fait. C’est une situation de carence. Le ministre de l’époque aurait dû le faire, il ne l’a pas fait. C’est une situation de carence. Et au niveau du Rectorat, ils ont développé une théorie que personne ne comprend par rapport à une reconduction tacite du mandat du Recteur. Maintenant, c’est cette situation de carence qui fait que le Recteur de l’UCAD a un mandat indu d’une année ». Sur ce, il reste ferme. « Le gouvernement prendra ses responsabilités, parce que nous considérons que l’appel à candidatures doit être fait. On n’est plus d’ailleurs dans les délais et on prendra en charge nos responsabilités pour que l’UCAD ne soit pas un îlot d’exception par rapport aux autres universités sénégalaises », a laissé entendre Abdourahmane Diouf.
FERMETÉ DU GOUVERNEMENT AU SUJET DE LA NOMINATION D'UN NOUVEAU RECTEUR À L’UCAD
“Le gouvernement prendra ses responsabilités, parce que nous considérons que l’appel à candidature doit être fait", dit le ministre de l'Enseignement supérieur Abdourahmane Diouf
“Le Gouvernement va prendre ses responsabilités”. C’est la position ferme affirmée par le Dr Abdourahmane Diouf en ce qui concerne les violations du Conseil d’administration de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar des délais légaux de lancement de l’Appel à candidature pour la nomination d’un nouveau Recteur.
“Beaucoup de juristes ont lu les textes et ont donné le même point de vue. Il se trouve que ce n’est qu’au sein du Rectorat qu’on a un autre point de vue. Et ce point de vue ne peut pas prévaloir sur celui de tous les autres. Moi, je pensais qu’on allait régler ce problème très facilement, dans la cordialité, dans la diplomatie. Mais à ma grande surprise, ils se sont réunis. Et le Conseil d’administration de l’UCAD a dit, dans une phrase très simple mais aussi très compliquée. Qu’ils n’ont pas assez d’éléments pour lancer l’appel à candidature. Donc, le Conseil d’administration de l’UCAD est en train de nous dire: ‘je ne lancerai pas d’appel à candidature”’, s’est offusqué le ministre de l’Enseignement supérieur, sur les ondes de la RFM.
Avant de poursuivre sur un ton plus ferme : “Je suis totalement contre. Parce qu’ils disent que le mandat du Recteur (Amadou Aly MBAYE) va se terminer vers fin juillet, dans une dizaine de jours. Moi, je constate que le mandat du Recteur est terminé depuis juillet 2023. Parce que le Recteur a été élu pour trois ans, 2020-2023. En 2021, il y a eu ce nouveau décret sur l’Appel à candidature. Donc c’est le texte nouveau qui s’applique. En 2023, le PCA de l’UCAD aurait dû lancer un Appel à candidature, il ne l’a pas fait. C’est une situation de carence. Le ministre de l’époque aurait dû le faire, il ne l’a pas fait. C’est une situation de carence. Et au niveau du Rectorat, ils ont développé une théorie que personne ne comprend par rapport à une reconduction tacite du mandat du Recteur. Maintenant, c’est cette situation de carence qui fait que le Recteur de l’UCAD a un mandat indu d’une année”.
Le Dr Abdourahmane Diouf assure que “le Gouvernement prendra ses responsabilités, parce que nous considérons que l’Appel à candidature doit être fait. On n’est plus d’ailleurs dans les délais. Et on prendra en charge nos responsabilités pour que l’UCAD ne soit pas un îlot d’exception par rapport aux autres universités sénégalaises”.
L'ÉDITORIAL DE RENÉ LAKE
DÉCOLONISER LA JUSTICE
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans un État démocratique et de droit, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire est fondamentale pour assurer le bon fonctionnement et l'indépendance de chaque institution
Aller chercher le savoir jusqu’en…Chine ! Cette recommandation de bon sens est une invite à aller au-delà des frontières de la vieille métropole coloniale pour chercher les meilleures pratiques (best practices), surtout quand, dans un domaine particulier, celle de l’ex-colonisateur n’est pas le meilleur exemple pour la bonne gouvernance à laquelle les Sénégalaises et les Sénégalais aspirent. S’il y a bien un domaine où la France n’est pas une référence à l’échelle mondiale, c’est bien celui de la Justice dans son rapport avec l’Exécutif.
Dans un État démocratique et de droit, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire est fondamentale pour assurer le bon fonctionnement et l'indépendance de chaque institution. Au lendemain de la remise au président Diomaye Faye du rapport général des Assises de la justice qui se sont tenues du 15 au 17 juin 2024, ce texte a l’ambition de mettre en lumière l'importance de cette séparation et pourquoi il est critiqué que le président de la République soit également le président du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Prévention de l'abus de pouvoir. La séparation des pouvoirs empêche la concentration excessive de pouvoir entre les mains d'une seule personne ou d'un seul organe. Chaque branche agit comme un contrepoids aux autres, ce qui limite les abus potentiels et favorise la responsabilité.
Indépendance judiciaire. En particulier, l'indépendance du pouvoir judiciaire est essentielle pour garantir des décisions impartiales et justes. Les juges doivent être libres de toute influence politique ou pression externe afin de pouvoir appliquer la loi de manière équitable. En de bien nombreuses occasions, tout le contraire de ce que l’on a connu depuis plus de 60 ans au Sénégal et qui a culminé pendant les années Macky Sall avec une instrumentalisation politique outrancière de la justice.
Fonctionnement efficace du législatif. Le pouvoir législatif doit être libre de proposer, examiner et adopter des lois sans interférence de l'exécutif ou du judiciaire. Cela assure la représentation démocratique des intérêts de la population et la formulation de politiques publiques diverses et équilibrées.
Le président de la République et le Conseil Supérieur de la Magistrature -
Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) est souvent chargé de la nomination, de la promotion et de la discipline des magistrats. Dans de nombreux pays démocratiques, il est critiqué que le président de la République soit également le président de cet organe pour plusieurs raisons notamment celle du conflit d’intérêt potentiel et de la menace pour la séparation des pouvoirs.
En occupant simultanément ces deux fonctions, le président peut influencer directement les décisions judiciaires et les nominations de magistrats, compromettant ainsi l'indépendance judiciaire. Cette perversion n’a été que trop la réalité de la justice sénégalaise depuis les années 60 avec une accélération sur les deux dernières décennies avec les régimes libéraux arrivés au pouvoir après une alternance politique.
Cette situation a fortement affaibli la séparation des pouvoirs au Sénégal en concentrant trop de pouvoir entre les mains de l'exécutif, ce qui a régulièrement mené à des décisions politiquement motivées plutôt qu'à des décisions basées sur le droit.
La crainte d’une République des juges -
Les acteurs sociaux favorables à la présence du chef de l’État dans le CSM invoquent régulièrement la crainte d’une "République des Juges". Cette idée d'une "République des juges" où le pouvoir judiciaire dominerait les autres branches gouvernementales, n'est pas pertinente dans un système démocratique où il existe de multiples recours et des contrepoids aux potentiels abus des juges. Cette idée relève plus du fantasme jacobin que d’un risque réel dans une démocratie bien structurée, où il existe plusieurs niveaux de recours judiciaires permettant de contester les décisions des juges. Ces recours assurent que les décisions judiciaires peuvent être réexaminées et corrigées si nécessaire.
Par ailleurs, le pouvoir législatif a le rôle crucial de créer des lois et de superviser l'exécutif. En dernier ressort, le législatif peut modifier des lois pour contrer toute interprétation judiciaire excessive ou inappropriée, assurant ainsi un équilibre des pouvoirs.
Enfin, l'indépendance judiciaire signifie que les juges sont libres de rendre des décisions impartiales, mais cela ne signifie pas qu'ils sont au-dessus des lois ou qu'ils ne sont pas responsables. Les juges doivent toujours interpréter et appliquer les lois dans le cadre des normes constitutionnelles établies par le législatif.
La crainte d’une République des juges est un chiffon rouge agité en France depuis longtemps pour justifier un système judiciaire bien plus attaché à l’Exécutif que dans les autres démocraties occidentales.
Historiquement, le président de la République française a été le président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Cette pratique a été critiquée pour son impact potentiel sur l'indépendance judiciaire. Actuellement, la réforme de 2016 a réduit le rôle direct du président dans le CSM, mais des questions persistent sur l'indépendance réelle.
De son côté, le système américain illustre une stricte séparation des pouvoirs, où le président n'a qu’un rôle indirect dans la nomination des juges fédéraux. Dans ce processus le président est chargé uniquement de nommer et seul le Sénat américain détient le pouvoir de rejet ou de confirmation. Cela vise à maintenir une certaine distance entre l'exécutif et le judiciaire.
L'Allemagne pour sa part maintient également une séparation rigoureuse des pouvoirs avec des organes distincts pour l'exécutif, le législatif et le judiciaire, évitant ainsi toute concentration excessive de pouvoir et préservant l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Le modèle progressiste sud-africain -
L'Afrique du Sud offre un cas fascinant de respect de la séparation des pouvoirs, essentielle pour la stabilité démocratique et la protection des droits constitutionnels depuis la fin de l'apartheid. Suit une exploration de la manière dont la séparation des pouvoirs est respectée dans le système judiciaire sud-africain.
La Constitution sud-africaine, adoptée en 1996 après la fin de l'apartheid, établit clairement les pouvoirs et les fonctions de chaque institution de l’État : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Elle garantit également les droits fondamentaux des citoyens et définit les principes de gouvernance démocratique.
La Constitution insiste sur l'indépendance du pouvoir judiciaire, affirmant que les tribunaux sont soumis uniquement à la Constitution et à la loi, et ne doivent pas être influencés par des intérêts politiques ou autres pressions externes. Les juges sont nommés de manière indépendante, et leurs décisions ne peuvent être annulées que par des procédures juridiques appropriées, garantissant ainsi leur autonomie dans l'interprétation et l'application de la loi.
La Cour constitutionnelle est la plus haute autorité judiciaire en matière constitutionnelle en Afrique du Sud. Elle est chargée de vérifier la constitutionnalité des lois et des actions du gouvernement, de protéger les droits fondamentaux des citoyens, et de maintenir l'équilibre entre les pouvoirs. La Cour constitutionnelle a le pouvoir de rendre des décisions contraignantes pour toutes les autres cours, garantissant ainsi l'uniformité et la primauté du droit constitutionnel.
En plus de la Cour constitutionnelle, l'Afrique du Sud dispose d'un système judiciaire complet avec des tribunaux inférieurs qui traitent des affaires civiles, pénales et administratives à différents niveaux. Chaque niveau de tribunal joue un rôle spécifique dans l'administration de la justice selon les lois applicables.
La Cour constitutionnelle a souvent été appelée à vérifier la constitutionnalité des lois adoptées par le Parlement sud-africain. Cela démontre son rôle crucial dans le maintien de la séparation des pouvoirs en s'assurant que les lois respectent les normes constitutionnelles et les droits fondamentaux.
Les juges en Afrique du Sud sont nommés sur la base de leur compétence professionnelle et ne sont pas soumis à des influences politiques directes. Cela garantit que leurs décisions sont prises en fonction du droit et non de considérations partisanes ou externes.
La séparation des pouvoirs renforce la protection des droits fondamentaux des citoyens en permettant au pouvoir judiciaire d'agir comme un contrepoids aux actions potentiellement inconstitutionnelles ou injustes du gouvernement ou du législateur.
En respectant la séparation des pouvoirs, l'Afrique du Sud renforce la confiance du public dans le système judiciaire, crucial pour la stabilité politique, économique et sociale du pays.
Se référer aux bonnes pratiques –
La Fondation Ford a joué un rôle significatif et historique dans le processus d'élaboration de la Constitution sud-africaine de 1996. Franklin Thomas, président de cette institution philanthropique américaine de 1979 à 1996, a été un acteur clé dans ce processus. Avant les négociations constitutionnelles officielles qui ont conduit à la Constitution de 1996, l’institution philanthropique américaine a soutenu financièrement des recherches approfondies et des débats critiques sur les principes et les modèles constitutionnels. Cela a permis de jeter les bases d'une réflexion constructive et informée parmi les diverses parties prenantes en Afrique du Sud.
Des rencontres et des dialogues ont été facilités entre les leaders politiques, les juristes, les universitaires, ainsi que les représentants de la société civile et des communautés marginalisées. Ces forums ont joué un rôle crucial en encourageant la participation démocratique et en favorisant la compréhension mutuelle nécessaire à la construction d'un consensus constitutionnel.
Par ailleurs, plusieurs organisations de la société civile en Afrique du Sud ont joué un rôle actif dans les négociations constitutionnelles. Cela comprenait des groupes de défense des droits humains, des organisations communautaires et des instituts de recherche juridique.
En encourageant des initiatives visant à promouvoir la justice sociale, l'équité raciale et les droits fondamentaux, ces efforts ont contribué à ancrer ces valeurs dans le processus constitutionnel sud-africain. Cela a été essentiel pour contrer les héritages de l'apartheid et pour établir un cadre constitutionnel solide basé sur les principes de l'État de droit et de la démocratie.
Le rôle de ces initiatives dans l'élaboration de la Constitution sud-africaine a laissé un héritage durable de liberté et de justice en Afrique du Sud. La Constitution de 1996 est largement reconnue comme l'une des plus progressistes au monde, protégeant une vaste gamme de droits et établissant des mécanismes forts pour la protection de la démocratie et de l'État de droit.
L'expérience sud-africaine a souvent été citée comme un modèle pour d'autres pays en transition ou confrontés à des défis de consolidation démocratique ou de rupture systémique. Elle démontre l'importance du partenariat entre les acteurs nationaux dans la promotion de la bonne gouvernance et des droits humains.
Nécessité d'une transformation systémique au Sénégal –
Avec l'arrivée au pouvoir du mouvement Pastef, il est crucial pour l’administration Faye-Sonko de ne pas tomber dans le piège des petites réformes qui maintiennent intact le système ancien mais d'envisager une réforme judiciaire qui s'inspire des meilleures pratiques internationales, telles que celles observées en Afrique du Sud.
Décoloniser et émanciper la justice au Sénégal implique de repenser et de réformer le système judiciaire de manière à renforcer l'indépendance, la transparence et l'efficacité. S'inspirer des meilleures pratiques internationales tout en adaptant ces modèles au contexte spécifique du Sénégal est essentiel pour promouvoir une gouvernance démocratique solide et durable, répondant aux aspirations des citoyens pour une justice juste et équitable. L’instrumentation politique de la Justice doit devenir une affaire du passé au Sénégal.
Réformer la Justice pour assurer la Rupture au Sénégal ne peut se concevoir que dans un cadre plus général de refondation des institutions. L’éditorial SenePlus publié sous le titre “Pour une théorie du changement“ développe cet aspect de manière explicite. L’ambition pastéfienne de sortir le Sénégal du système néocolonial est partagée par l’écrasante majorité des Sénégalais et des jeunesses africaines. Cette ambition doit cependant être exprimée dans la présentation d’un cadre général clair, discuté et élaboré avec les citoyens. Le processus doit être réfléchi, inclusif et sérieux. Cela aussi, c’est la Rupture exigée par les Sénégalaises et les Sénégalais le 24 mars 2024.