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16 février 2025
Éducation
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LE SÉNÉGAL A MANQUÉ D’AMBITION
Parmi ses milliers d’objets dans les musées français, le Sénégal n’a demandé que le sabre d’El Hadj Omar, alors que ses seuls biens personnels se comptent par centaines. Pour Felwine Sarr, cela reflète un manque d’ambition.
Le retour des œuvres d’art africaines pillées pendant la colonisation a été largement salué sur le continent. Le Bénin, par exemple, a demandé et obtenu la restitution de 26 œuvres, même si certains ont jugé ce nombre dérisoire au vu des milliers d’objets présents dans les musées français. Cependant, l’attitude de l’ancien régime sénégalais, dirigé par Macky Sall, semble encore plus étonnante : le pays n’a demandé qu’une seule pièce, malgré les milliers d’objets sénégalais conservés dans les musées français. Cela traduit, selon de nombreux observateurs, un manifeste manque d’ambition de la part des autorités sénégalaises d’alors. C’est le cas de l’universitaire Felwine Sarr.
Co-auteur avec Bénédicte Savoie du rapport sur la restitution des œuvres d’art africaines, Felwine Sarr rappelle que les biens appartenant à la seule famille omarienne à elle seule se comptent par centaines.
Un héritage artistique pillé et requalifié
Pour rappel, les musées européens, notamment français, abritent des dizaines de milliers d’objets d’art africains volés durant la colonisation. Ces œuvres contribuent au rayonnement culturel et artistique des pays européens, qui n’ont pourtant pas hésité, à une certaine époque, à qualifier l’art africain de « primitif » avant que bien plus tard, cet art ne soit finalement revalorisé et présenté comme « art premier ». (Cf « Le Cri de Picasso », ouvrage du diplomate congolais Jean-Luc Aka Evy qui explore cette évolution du regard occidental sur l’art negre. Cet ouvrage, présenté le 7 décembre à Dakar par Felwine Sarr et le Pr Ramatoulaye Diagne Mbengue, rappelle les contradictions européennes face à cet héritage pillé.
La responsabilité des pays africains
Si la France et d’autres pays ont pris conscience de la nécessité de restituer à l’Afrique son patrimoine, ce sont avant tout les pays africains qui doivent exprimer clairement les œuvres qu’ils souhaitent récupérer, comme le soulignait Felwine Sarr dans une autre entrevue.
Le Bénin a été le premier pays à demander et à obtenir la restitution de 26 œuvres. D’autres processus de restitution sont en cours dans divers pays africains, en collaboration avec d’anciennes puissances coloniales comme la Belgique et l’Allemagne. Une fois les cadres législatifs définis, cette dynamique devrait se poursuivre.
Cependant, pour beaucoup, il est surprenant que les demandes de restitution nécessitent des démarches expresses de la part des pays africains. Mais pour Felwine Sarr, c’est ce que cela va bien au-delà d’une simple restitution : il s’agit de négociations complexes, influencées par des rapports de force géopolitiques et géostratégiques.
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AES, ÉMIGRATION ET L'EUROPE HYPOCRITE
En marge de la 5e édition de Condition Report, organisé par Raw Academy, dont le symposium est intitulé « Sens du lieu : déplacement, replacement, non-placement », l’angliciste Maboula Soumahoro s’est prononcée sur certaines problématiques prégnantes.
La Franco-Ivoirienne Maboula Soumahoro, maîtresse de conférences à l’université de Tours (France), a participé il y a quelques jours à Dakar à la 5e édition de Condition Report, un symposium intitulé « Sens du lieu : déplacement, replacement, non-placement ». Cette thématique a permis aux différents participants - chercheurs, artistes, activistes, architectes et autres spécialistes de la ville - de se pencher sur les modalités d’habitation de la ville, du monde et de l’environnement de manière globale.
En marge de ce symposium tenu au Musée Théodore Monod de Dakar, Maboula Soumahoro, angliciste et spécialiste de la diaspora noire africaine, a répondu aux questions d’AfricaGlobe TV pour revenir sur certains des échanges qui ont eu lieu au cours de cette rencontre pluridisciplinaire, laquelle vise à « produire une pensée globale, collective et spontanée ».
À bâtons rompus, Maboula Soumahoro, connue pour débattre sans concession des enjeux africains dans les médias internationaux, a abordé les grandes thématiques du symposium. Elle a dénoncé l’hypocrisie de l’Europe sur la question migratoire et a mis à nu la fiction du « Grand remplacement », une théorie complotiste et raciste chère à l’extrême droite française, théorisée et promue par un certain Renaud Camus.
Lors du quatrième et dernier jour du symposium, a émergé le débat la teranga sénégalaise attendu que l’hospitalité a été un aspect central de la thématique, dans un monde où l’Occident tend à se barricader et à fermer ses portes aux ressortissants du Sud global, notamment ceux d’Afrique subsaharienne.
Et cela se fait en violation flagrante des droits humains fondamentaux, sachant que le fait migratoire est un droit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Comme l’a souligné à juste titre Felwine Sarr dans son entretien avec AfricaGlobe, « Le monde est cosmopolite, et cette condition cosmopolite est inéluctable ».
Maboula Soumahoro a également partagé son point de vue sur l’Alliance des États du Sahel (AES), - le Burkina, le Mali et le Niger qui ont claqué la porte de la CEDEAO- , en espérant fortement que l’Alliance puisse produire des résultats concrets.
Elle a toutefois averti contre le risque de sombrer dans une situation similaire à celle de la Guinée sous Sékou Touré : des intentions louables au départ, mais qui ont abouti à une profonde déception.
Regardez l’entretien complet avec Maboula Soumahoro.
DIARRY SOW EXPLIQUE LES RAISONS DE SA DISPARITION VOLONTAIRE EN 2021
Entre le choc culturel, les difficultés financières, et l'impact du racisme, elle évoque un moment charnière de sa vie marqué par une quête de sens et de résilience. Aujourd'hui, elle poursuit ses études avec de nouvelles ambitions.
Diarry Sow, élue deux fois « meilleure élève du Sénégal » en 2018 et 2019, est revenue sur sa disparition volontaire en 2021, alors qu’elle était inscrite en classes préparatoires aux grandes écoles en France, évoquant le racisme, la solitude, le manque d’accompagnement et de préparation à sa nouvelle vie.
« Il y a eu une période assez compliquée pour moi. Un moment où j’étais trop dans l’interrogation, parce que, parfois, on nous jette un peu dans une société qui n’est pas la nôtre sans accompagnement, à laquelle on n’est pas préparés », a-t-elle raconté dans un entretien avec des journalistes.
Séjournant actuellement à Wendou Bosséabé, dans la région de Matam (nord), Diarry Sow a expliqué qu’en quittant le Sénégal pour poursuivre ses études en France, elle n’avait pas bénéficié d’une bonne préparation, qui »devait être mentale et psychologique ».
En arrivant en France, « un pays différent » pour y continuer ses études, elle dit s’être rendue compte d’un « décalage culturel » avec le Sénégal, sans compter que « financièrement, les choses ont commencé à se compliquer ».
« Il y a eu aussi des problèmes de racisme qui font que, même si tu réussis, on ne te prend pas au sérieux », a expliqué l’ancienne pensionnaire du lycée d’excellence scientifique de Diourbel entre 2016 et 2019, ajoutant que cette situation était à l’origine d’un « choc » qui l’a poussée à se recentrer sur elle-même.
Elle a aussi invoqué la dureté et la cherté de la vie, qui lui ont fait prendre « une pause » pour réfléchir sur son avenir et ses projets.
Diarry Sow dit avoir depuis repris le cours normal de sa vie, en poursuivant ses études d’ingénierie à l’Ecole centrale de Paris, où elle ambitionne de sortir avec un diplôme en Data Scientist et en Intelligence artificielle.
Elle affirme que sa vie a changé, grâce à l’homme d’affaires sénégalais Harouna Dia, sur qui elle ambitionne de consacrer un livre, pour que les Sénégalais le connaissent davantage.
« J’ai envie que les gens découvrent le côté visionnaire de cet homme. Il y a beaucoup de choses à prendre de lui, son parcours, sa générosité, sa foi en l’Afrique », a-t-elle fait savoir.
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LES DEUX VISAGES DU TIRAILLEUR
En qualifiant les tirailleurs de « traîtres », Cheikh Oumar Diagne ravive un lointain débat. L'histoire de ces hommes, faite de loyauté et de trahisons, de courage et de compromissions, dépasse largement les jugements manichéens. Décryptage !
L'histoire des tirailleurs sénégalais se lit comme un roman à double face, où chaque page révèle une contradiction plus profonde que la précédente. D'un côté, des soldats valeureux qui ont versé leur sang pour la France. De l'autre, les instruments volontaires d'une colonisation qui a bouleversé l'Afrique.
Le premier visage du tirailleur naît en 1857, dans l'ombre de la conquête coloniale. La France, confrontée à l'inadaptation de ses soldats au climat africain, trouve une solution pragmatique : recruter parmi les populations locales. Les premiers tirailleurs sont d'anciens esclaves, pour qui l'engagement militaire représente un chemin vers la liberté. Quatorze années de service contre la promesse d'une vie nouvelle. Un marché qui ressemble à s'y méprendre à un simple changement de maître.
Pourtant, ces hommes deviennent rapidement indispensables. Leur connaissance du terrain, leur maîtrise des langues locales et leur capacité à négocier font d'eux bien plus que de simples soldats. Les officiers français, ignorants de tout des royaumes africains, dépendent entièrement de leur expertise. C'est là que se dessine le paradoxe : essentiels mais jamais égaux, respectés pour leurs compétences mais systématiquement maintenues dans des positions subalternes par un racisme institutionnel qui interdit toute promotion au-delà d'un certain grade.
Le deuxième visage du tirailleur apparaît lors des deux guerres mondiales. Face au besoin urgent d'hommes, la France fait miroiter aux Africains la promesse d'une citoyenneté pleine et entière. Des milliers répondent à l'appel, convaincus que leur sacrifice leur ouvrira enfin les portes de l'égalité. Ils se battent avec bravoure, notamment à Verdun, où leur courage devient légendaire. Mais la reconnaissance ne suit pas. Pire encore, pendant l'occupation nazie, alors que les soldats français sont envoyés en Allemagne, les tirailleurs sont parqués dans des camps en France, dans des conditions inhumaines.
Le massacre de Thiaroye en 1944 cristallise cette dualité tragique. Des tirailleurs démobilisés, qui ont risqué leur vie pour libérer la France, sont abattus par l'armée française au Sénégal pour avoir simplement réclamé leurs soldes impayées. C'est le point de rupture où les deux visages se confrontent : celui du soldat loyal et celui de l'homme trahi.
L'après-guerre révèle une nouvelle dimension de cette dualité. Certains tirailleurs, profondément désillusionnés, deviennent les fers de lance des mouvements indépendantistes. D'autres continuent de servir la France dans ses dernières guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie, perpétuant malgré eux un système qu'ils ont contribué à maintenir.
Cette histoire à double face se poursuit jusqu'à nos jours dans la mémoire collective. La France contemporaine peine à réconcilier ces deux visages : celui du héros de guerre, célébré dans les commémorations officielles, et celui de l'homme pris dans les rouages de la machine coloniale. Ce n'est qu'en 2022 que les derniers tirailleurs ont obtenu une reconnaissance élargie de leurs droits, comme si la nation tentait tardivement de regarder en face cette histoire complexe.
Les tirailleurs sénégalais nous rappellent qu'il n'existe pas de vérité simple dans l'histoire coloniale. Leurs deux visages nous montrent que l'héroïsme et la tragédie peuvent coexister dans les mêmes uniformes, que la loyauté et la trahison peuvent se confondre dans les mêmes destins. Leur histoire nous invite à dépasser les jugements manichéens pour comprendre la complexité des choix individuels face aux forces de l'Histoire.
PRÈS DE DEUX MILLIONS D'ENFANTS NE SONT PAS SCOLARISÉS
Dr Tomoko Shibuya, conseillère régionale pour l’Éducation de l’UNICEF en Afrique de l’Ouest et du Centre, revient sur les principaux enjeux éducatifs en Afrique, en particulier au Sénégal, après la conférence sur l’éducation organisée par l'UA et l'UNICEF
Docteure Tomoko Shibuya est la conseillère régionale pour l'Éducation du Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre de l’UNICEF, basé à Dakar, couvrant 24 pays dans la sous-région. Diplômée des universités d'Oxford et de Cape Town, elle possède 25 ans d'expérience dans l'éducation à travers plusieurs pays d'Afrique, notamment au Mozambique, au Niger, au Burkina Faso et en Guinée-Bissau en tant que chef éducation de l’UNICEF. Elle aborde ici les enjeux de l'éducation en Afrique et au Sénégal en particulier, en pointant les failles et en relevant les maigres avancées.
Vous venez de terminer la conférence continentale sur l'éducation organisée par l'Union africaine, en collaboration avec l'UNICEF. Quels sont les axes majeurs de cette conférence ?
Je reviens tout juste de Mauritanie où s'est tenue une conférence continentale sur l'éducation passionnante, réunissant environ 400 participants, près de 30 ministres, vice-ministres et directeurs de l'éducation, plus de 100 experts et leaders d'opinion ainsi que des défenseurs des jeunes venus de tout le continent. Organisée par l'Union africaine, en collaboration avec l'UNICEF, l'événement, qui a eu lieu à Nouakchott, le 9 décembre 2024, a mis en lumière un engagement fort pour élargir les solutions innovantes et garantir une éducation de qualité et équitable, répondant ainsi aux défis du XXIe siècle en Afrique. Les principaux points abordés incluent l'accès à une éducation publique gratuite et obligatoire pour chaque enfant, l'apprentissage fondamental, y compris l'éducation de la petite enfance, la priorité à l'accès et à l’apprentissage des enfants affectés par les urgences ainsi que le financement et la gouvernance de l'éducation.
Cette conférence a enregistré la présence de plusieurs chefs d'État. Peut-on avoir une idée sur les décisions prises ainsi que la suite ?
Effectivement, la présence de plusieurs chefs d'État à cette conférence, dont les présidents de l'Algérie, de la Mauritanie, du Rwanda et du Sénégal ainsi que celle du président de la Commission de l'Union africaine et du directeur exécutif adjoint de l'UNICEF, Ted Chaiban, a été un moment fort. Leur engagement a souligné l'importance cruciale de l'éducation inclusive et de qualité pour chaque enfant et jeune en Afrique.
Parmi les recommandations formulées, il a été proposé de déclarer la prochaine décennie comme une "Décennie de l’éducation", afin de concentrer les efforts sur l'amélioration et l'expansion de l'accès à l'éducation à travers le continent. La suite consistera à mettre en place des actions concrètes pour faire de cette vision une réalité, en collaborant avec les gouvernements et les partenaires internationaux.
Justement, où en êtes-vous avec l'agenda 2065 ? Est-ce que l'Afrique sera au rendez-vous ?
D'ici 2050, l'Afrique devrait avoir la population la plus jeune du monde. Les implications sont immenses et nous devons saisir l'opportunité du dividende démographique. Cependant, les États de la région n’investissent pas autant que leur croissance démographique l’exigerait. Cela risque de devenir dramatique : on estime qu’il y aura près d’un milliard d’enfants en 2050 en Afrique et si nous continuons au même rythme d’investissement insuffisant, nous aurons près de 160 millions d’enfants hors de l’école. L'Union africaine s'est engagée à promouvoir un développement inclusif sur l'ensemble du continent, grâce à des stratégies ciblées et concrètes. Le moment est venu de veiller à ce que ces stratégies soient pleinement mises en œuvre au profit de chaque Africain.
À cet égard, la décennie d'accélération pour l'éducation et les compétences sera essentielle pour réussir cette transition.
Le constat est que malgré les efforts, certains pays traînent les pieds dans le cadre de l'éducation pour tous. Quel est l’état des lieux en Afrique et au Sénégal en particulier ?
Aujourd’hui, plus de 100 millions d’enfants ne sont pas scolarisés en Afrique, représentant 40 % des enfants non scolarisés du monde, alors que le continent compte à peine un quart de la population scolarisable globale. Entre 2015 et 2024, malgré une augmentation de plus de 30 % du nombre d’enfants scolarisés, le nombre absolu d'enfants non scolarisés a augmenté de 13,2 millions. Les situations de fragilité, de conflit et de violence impactent dramatiquement l’accès à l’éducation et sa qualité. Par exemple, le taux d’enfants non scolarisés au Sahel central est trois fois plus élevé que dans le reste du monde. En Afrique de l’Ouest et du Centre, plus de 14 000 écoles ont été fermées en raison de l’insécurité, affectant 2,8 millions d’enfants. En Afrique subsaharienne, près de 90 % des enfants de 10 ans ne parviennent pas à lire et comprendre un texte simple, et ce taux dépasse même 95 % dans certains pays affectés par la violence et les conflits.
Au Sénégal, près de deux millions d’enfants (36 %) ne sont pas scolarisés et parmi ceux qui sont scolarisés dans l'enseignement formel, 67 % ont les compétences minimales en lecture et en calcul.
Le Sénégal est-il un bon élève, selon vous, en matière de progrès pour l'éducation ? Dans le cas contraire, que lui reste-t-il à faire ?
Le Sénégal a fait des progrès notables en matière d’éducation, maintenant les niveaux d’investissement dans le secteur entre 22 et 23 %, dépassant la norme internationale de 20 % du budget national.
Cependant, plus de 90 % de cet investissement est consacré aux salaires, laissant très peu à allouer de manière ciblée pour garantir un réel impact et l’équité. Pour réussir la transformation du système éducatif, il est essentiel d’améliorer l’efficacité et l’impact des dépenses consacrées à l’éducation à tous les niveaux.
Le Sénégal a considérablement amélioré les résultats d'apprentissage, passant de 39 % des enfants acquérant des compétences minimales en lecture et en calcul en 2014, à 67 % en 2019 lors de l'évaluation du Pasec. L'engagement du pays en faveur de l'apprentissage fondamental pour tous les enfants a été récemment réaffirmé par la présence active du gouvernement lors du deuxième échange continental sur l'apprentissage fondamental à Kigali, au Rwanda.
Les deux millions d'enfants hors de l'école ont un droit fondamental à l'éducation. Il est crucial d’offrir davantage de voies alternatives de qualité aux enfants et adolescents non scolarisés, comme l’éducation de la deuxième chance, les programmes d’apprentissage accéléré, l’enseignement à distance ou d’autres modalités alternatives ainsi que des cours d’alphabétisation et de calcul dans les écoles coraniques.
LE MINISTERE CLARIFIE LES CRITERES D’ETAT CIVIL POUR LES CONCOURS D’EXCELLENCE
Face à une polémique née sur les réseaux sociaux concernant l’exclusion présumée d’enfants tardivement déclarés des concours scolaires d’excellence, le Ministère de l’Éducation nationale a tenu à réagir.
Face à une polémique née sur les réseaux sociaux concernant l’exclusion présumée d’enfants tardivement déclarés des concours scolaires d’excellence, le Ministère de l’Éducation nationale a tenu à réagir. Dans un communiqué officiel, il a apporté des précisions pour dissiper tout malentendu et éclairer l’opinion publique.
Selon le communiqué, aucun candidat n’a été exclu des concours pour non-conformité des documents requis, tant que ceux-ci respectent les dispositions règlementaires. Le Ministère a rappelé que les textes organisant ces concours, comme ceux du Lycée Scientifique d’Excellence de Diourbel (LSED), du Lycée d’Excellence Mariama Ba de Gorée (LEMBA) et du Collège DARA RAMA, exigent des jugements supplétifs d’état civil. Ces jugements supplétifs sont distincts des déclarations tardives et doivent respecter des délais précis : Deux ans après la naissance pour le LSED et le LEMBA et cinq ans après la naissance pour le DARA RAMA. Ces critères visent à garantir une homogénéité d’âge parmi les élèves, notamment dans les établissements avec internat.
Vers une réforme des textes
Conscient des difficultés que ces exigences peuvent poser à certaines familles, le Ministère a annoncé être en concertation avec des experts juridiques et spécialistes de l’état civil pour réviser les textes régissant ces concours. L’objectif est d’y intégrer des cas spécifiques tels que les jugements d’adoption, de reconnaissance ou de reconstitution d’acte. Cette réforme ambitionne de mieux refléter les réalités sociales et administratives du pays, tout en maintenant le principe d’équité.
En attendant cette révision, le ministre avait déjà pris une mesure exceptionnelle lors des examens et concours de 2024. Conformément aux directives du Conseil interministériel, une dérogation a été accordée à tous les candidats sans pièce d’état civil, leur permettant de passer les épreuves. Des mécanismes sont actuellement déployés dans les académies pour régulariser la situation administrative de ces élèves.
Appel à la responsabilité collective
Le Ministère de l’Éducation nationale a également mis en garde contre la désinformation ou l’interprétation erronée des règles encadrant les concours d’excellence. De telles pratiques, selon le communiqué, pourraient nuire aux efforts en faveur d’une éducation inclusive et équitable. Le Ministère a enfin réaffirmé son engagement en faveur des enfants et des familles sénégalaises. Il reste ouvert à toute suggestion constructive et entend continuer à promouvoir une éducation de qualité pour tous.
Ce développement illustre la volonté du Ministère de répondre aux préoccupations des citoyens tout en adaptant les politiques éducatives aux réalités du terrain. La réforme annoncée pourrait, à terme, contribuer à renforcer la confiance dans le système éducatif national.
QUAND LES ÉCOLES PRIVÉES SAIGNENT LES PARENTS D’ÉLÈVES
Frais d’inscription et de scolarité « exorbitants », contributions à des fêtes, les études en maternelle plus chères que les études universitaires… les parents d’élèves lancent un cri de cœur face à ce qu’ils qualifient de business des écoles privées
Soucieux de donner un enseignement de qualité à leur progéniture, des parents inscrivent leurs enfants dans les établissements d’enseignement privé. Tout de même, certains se plaignent de la cherté des services offerts. Frais d’inscription et de scolarité « exorbitants », contributions à des fêtes, les études en maternelle plus chères que les études universitaires… les parents d’élèves lancent un cri de cœur face à ce qu’ils qualifient de business des écoles privées. Ils se désolent des dépenses interminables et parfois « inutiles » dans ces écoles qui sont imposées aux élèves.
Certains parents d’élèves les choisissent pour la régularité des cours, d’autres pour les conditions d’études ou encore pour la rigueur dans les études. Mais les écoles privées sont devenues un véritable casse-tête pour eux. Pour cause, les dépenses ne finissent jamais dans ces établissements privés et ce, du début jusqu’à la fin de l’année scolaire. En plus des frais d’inscription et de scolarité qui sont jugés « exorbitants » et qui varient d’une école à une autre, il y a les achats de fournitures scolaires, les contributions pour les fêtes, et bien d’autres frais que les parents d’élèves considèrent comme « inutiles ». Si certains établissements privés annoncent de but en blanc leur augmentation des tarifs mensuels en début d’année, d’autres l’appliquent de façon « détournée » en les imputant aux frais de transport, de fêtes, d’inscription ou autres.
Face à cette situation, beaucoup de parents d’élèves s’interrogent sur les raisons de ces dépenses interminables. Selon eux, toute une stratégie est mise en œuvre pour leur soutirer de l’argent. « Les écoles privées nous sucent. Chaque année, je débourse près de 700 mille FCFA pour mon unique fille. Mais je vous jure que presque chaque semaine, elle rentre avec des notes pour nous dire qu’elle doit payer ceci ou cela. Parfois, ce sont des choses qui n’ont aucune importance mais en tant que parent, je suis obligé de payer pour elle. Les écoles privées n’ont aucune pitié pour les parents. Je vous assure. On est soumis à tous les sacrifices qu’on soit aisés ou pas », se désole un parent d’élève du nom de Lamine Sy rencontré à côté d’une librairie à Grand Yoff.
Un autre parent d’élève embouche la même trompette. A son avis, les écoles privées sont devenues un business qui ne dit pas son nom. « Chaque année, l’école me coûte la peau des fesses. C’est difficile même si j’avoue que dans l’école privée où j’ai inscrit mes trois enfants, on étudie bien. L’année me revient presque à deux millions de FCFA sans compter les autres dépenses », fait savoir Moussa Diop. De quoi se poser une question. «Je me demande même si tous mes enfants resteront toujours dans le privé », s’interroge-til ? Pour sa part, Abdou Guèye, parent d’élève, affirme que tous ses enfants sont scolarisés dans des établissements privés. Tout de même, il se dit épuisé par des dépenses. « Les études en maternelle sont plus chères que les études universitaires. C’est une incongruité sénégalaise. En plus des frais d’inscription, on me demande de cotiser pour les fêtes de Pâques, de Noel, de payer même des photos d’album qui n’ont presque plus de valeur aujourd’hui à cause des smartphones. En début d’année, la liste des fournitures scolaires pour les enfants parfois composées de clés et/ou de fascicules exclusivement conçues par des établissements est tellement longue et on t’exige de tout acheter », a-t-il indiqué
Face à la cherté des services offerts dans les écoles privées, les parents d’élèves appellent le gouvernement à exercer un contrôle sur les écoles privées, en prenant des mesures pour fixer les prix en fonction du niveau et de la capacité de l’école. Pour d’autres, l’Etat doit également refonder l’éducation publique. « L’Etat doit prendre des dispositions. Si les gens envoient leurs enfants dans les écoles privées, c’est parce qu’il n’y a pas une bonne formation dans les écoles publiques. Les grèves sont récurrentes. Sans oublier le déficit d’enseignants. Donc, c’est à l’Etat de renforcer l’enseignement de masse. Avant, il n’y avait pas d’écoles privées mais la formation était de taille. On avait de grands intellectuels », a fait savoir Lamine Sy. Même si les parents d’élèves rencontrés se plaignent de la facture « salée » des écoles privées, ils soutiennent ne pas avoir de choix. Et pour cause, l’école de la République qui a produit nos cinq Chefs d’État, Leopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall et aujourd’hui, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, est laissé à l’abandon.
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L’EUROPE N’A PAS LE MONOPOLE DU BIEN ET DU BEAU
EXCLUSIF SENEPLUS - Felwine analyse « Le Cri de Picasso » du philosophe Jean-Luc Aka Evy, qui s’attache à déconstruire la conception de l’art nègre, la perception du bien et du beau, par un Occident qui tend à ghettoïser l’Autre
Dans son ouvrage « Le Cri de Picasso », Jean-Luc Aka Evy, ambassadeur du Congo, philosophe et écrivain, explore la notion d'esthétique en se penchant sur les concepts du beau et du bien. Il s'emploie à déconstruire les idées faussées que l'Occident a longtemps entretenues à propos de l'art africain, d'abord qualifié de « primitif », avant d'être reconnu comme un « art premier ».
La reconsidération de l'art nègre par l'Occident, en le faisant passer de « l'art primitif » à « l'art premier », perçue comme une tentative de correction d’un tort historique, aurait pu satisfaire le philosophe. Mais, loin de s'en contenter, l’auteur congolais remet en question la légitimité même des institutions occidentales, telles que le musée du Louvre, qui revendiquent désormais le droit de présenter l’art africain comme un art premier, après des décennies de mépris et de dévalorisation.
"Le Cri de Picasso" a été dévoilé le 7 décembre lors de la cérémonie de clôture de la 15e édition du Dak’Art, au sein de l’ancien Palais de Justice de Dakar. Cet événement a réuni des figures intellectuelles majeures, telles que Felwine Sarr, économiste et auteur, ainsi que Ramatoulaye Diagne Mbengue, professeure de philosophie et experte en logique mathématique, qui ont accompagné l’auteur dans une discussion autour de son œuvre.
En marge de cet événement, Felwine Sarr s’est entretenu avec nous sur les grandes questions soulevées dans « Le Cri de Picasso », notamment celles liées à la perception du beau et à la construction de l’altérité. Par ailleurs, en tant qu’acteur engagé dans le processus de restitution des biens culturels pillés en Afrique par les anciennes puissances coloniales, il a partagé des mises à jour sur l’avancée de ce projet. Selon lui, ce processus est en cours, mais il est dicté par un rapport de force, car au-delà de la restitution elle-même, ces revendications touchent à des enjeux géopolitiques et géostratégiques. Les pays ne reçoivent que les œuvres qu’ils ont officiellement demandées.
Felwine Sarr s’est félicité de l’impact considérable de son rapport adressé à la France, qui a provoqué une onde de choc parmi d’autres anciennes puissances coloniales, les poussant à envisager la restitution des œuvres pillées. Ce document a également encouragé plusieurs pays africains à soumettre des demandes officielles de restitution, perturbant ainsi la quiétude des musées occidentaux et mettant en lumière l'ampleur des spoliations historiques.
Transcription
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
BATTEZ, BATTEZ LE TAM-TAM DE LUMIÈRE, LE TAM-TAM DE NOTRE HISTOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - À travers l’histoire de la tradition ancestrale et celle des langues africaines, Doudou Ndiaye Rose Junior, héritier du Sabar paternel, partage ses connaissances dans un domaine qu’il maîtrise de tout son corps, de son esprit
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Doudou Ndiaye Rose Junior fixe ici la transmission « je ne peux me permettre d’écrire cet ouvrage sans parler de mon père, celui sans qui je n’aurai aucune clé pour transmettre sur le Sabar. Cet homme, mon père, Doudou Ndiaye Coumba Rose, grand tambour major ».
En interprète savant, Doudou Ndiaye Rose Junior fait du Sabar un art majeur qu’il veut transmettre par son savoir, son savoir-faire et une pratique incroyable et multidimensionnelle.
Le sabar, l’art du tambour et de la danse au Sénégal, possède une histoire millénaire qui s’inscrit de manière belle dans notre patrimoine historique et culturel.
Cette pratique traditionnelle ancestrale est synonyme de symboles puissants du récit africain. C’est ce que nous fait redécouvrir Doudou Ndiaye Rose Junior dans son ouvrage intitulé De la vocalisation des tambours aux expressions dansées - L’essence du Sabar révélée dans tous ses états.
À travers l’histoire des groupes sociaux, de la tradition ancestrale et celle des langues africaines, Doudou Ndiaye Rose Junior, héritier du Sabar paternel, partage sa passion et ses connaissances dans un domaine qu’il maîtrise de tout son corps, de tout son cœur et de son esprit. Profondément artiste et enraciné dans le cercle ancestral de la transmission de cet héritage unique légué par une généalogie impressionnante, Doudou Ndiaye Rose Junior propose de rétablir la genèse du Sabar, véritable discipline artistique et culturelle, issue du rythme traditionnel africain et portant des valeurs et des symboles qui sont bien loin de l’imagerie du simple divertissement exotique souvent décrit par la société occidentale.
En effet, la pratique du Sabar appartient à des rites ancestraux qui avaient fonction d’éducation sociale et de transmission culturelle et patrimoniale. C’était également un rite fort de communication et d’échanges.
À travers le langage, le rythme, l’oralité, le corps et la danse, le Sabar est une expression artistique qui communique des symboles de l’histoire africaine. Quand on en saisit la complexité, on est émerveillé de cette combinaison transdisciplinaire qui va au-delà de la simple représentation. Le Sabar est histoire, le Sabar est rythme, le Sabar est langage, le Sabar est poésie, le Sabar est oralité, le Sabar est savoir, le Sabar est science. Et c’est cette alliance plurielle qui en fait sa beauté.
En effet, le Sabar s’inscrit dans un mouvement culturel de la société sénégalaise lors de nombreuses fêtes et cérémonies. Mais Doudou Ndiaye Rose Junior, en interprète savant, en fait un art majeur qu’il veut transmettre par son savoir, son savoir-faire et une pratique incroyable et multidimensionnelle.
Ainsi, il interroge les fonctions profondes du Sabar en nous plongeant dans son histoire qui s’attache à réveiller notre patrimoine social, culturel et artistique africain.
Ce livre est un trésor documentaire en la matière et je ne peux que saluer ce travail prodigieux qui, à travers notamment la richesse de nos langues nationales, décline toute l’expression combinatoire de cet art exceptionnel.
Le Sabar, cette danse traditionnelle alliée au tambour, instrument parlant et communiquant, est un tam-tam de lumière dans notre cosmogonie africaine. Il est pour moi incarnation, signification et poésie car il transmet notre tissu mémoriel de manière intemporelle et universelle.
Doudou Ndiaye Rose Junior souligne que « jouer du tambour, c’est forger » et cette image métaphorique me parle infiniment. Il dit encore que, dans l’art du sabar, « le cerveau et le corps ne font qu’un » et je partage amplement cette idée. Il dit aussi que pour parvenir à l’exercice absolu de son art, « il faut devenir son instrument », magnifique parole qui me transporte dans des ciels de rêve, dans des ciels de créativité.
Ce sont aussi pour lui « les mots du tambour et l’esprit de la danse » qui l’habitent en permanence, cette histoire se conjugue à mon verbe épris de liberté et de poésie.
Cet ouvrage est un livre indispensable pour reformer notre récit culturel patrimonial et je suis captivé par cette œuvre minutieuse, précise et transversale dans la compréhension de notre univers cosmogonique, et qui tient compte des va-et-vient culturels et spatio-temporels.
En fin de volume, Doudou Ndiaye Rose Junior indique plusieurs techniques de la danse du Sabar et ce lexique artistique et technique est celui d’un créateur expert qui partage sa connaissance profonde et son savoir-faire. Cette démarche, à la fois artistique et pédagogique, est selon moi inédite dans ce domaine.
En lisant ces lignes appartenant à notre héritage culturel ancestral, je suis ému de voir combien le grand artiste qu’est Doudou Ndiaye Rose Junior, qui brille telle une étoile transnationale, contribue à inscrire notre récit renouvelé, magnifié et participant ainsi à notre renaissance culturelle.
Amadou Elimane Kane est enseignant et poète, écrivain
De la vocalisation des tambours aux expressions dansées… L’essence du Sabar dans tous ses états, Doudou Ndiaye Rose Junior, essai, Lys Bleu éditions, 2024, ISBN : 979-10-422-3611-3
Pas le « bon » nez ni les « bons » cheveux pour être reconnue comme Indienne. Pas non plus assez « bâtie » pour être perçue comme une Noire authentique. Quel crime cette comédienne a-t-elle donc commis pour être ainsi toisée, ballottée entre deux cultures
Pas le « bon » nez ni les « bons » cheveux pour être reconnue comme Indienne. Pas non plus assez « bâtie » pour être perçue comme une Noire authentique. Quel crime cette comédienne a-t-elle donc commis pour être ainsi toisée, ballottée entre deux cultures - celle d’un père guadeloupéen et celle d’une mère indienne ?
La richesse apparente de la double culture, ou du métissage, dissimule souvent les douleurs que vivent en silence de nombreuses personnes métisses. Et que dire lorsque, dès le départ, un mariage n’est pas accepté, surtout s’il implique un ou une conjoint(e) perçu(e) comme « casté(e) » ? L’histoire de Nathalie Vairac illustre parfaitement cette réalité. En effet, le mariage de ses parents, célébré dans les années soixante, a été mal accueilli par une partie de la famille maternelle. Une Indienne qui ose épouser un Noir ?
Guadeloupéenne par son père et Indienne par sa mère, Nathalie a vu l’amour de ses parents se heurter à des résistances de part et d’autre des deux familles. Cette « union interdite », vécue comme un sacrilège du côté maternel, s’est alourdie du poids des incongruités coloniales. Sous l’influence de la politique d’assimilation, certains de ses très lointains ancêtres, arrière-arrière-grands-parents, avaient renoncé officiellement à leur identité, dans l’espoir fallacieux d’accéder à un statut « supérieur » et aux avantages supposés qui y étaient attachés. Une manipulation qui n’a fait qu’accroître le poids des douleurs et des souffrances que Nathalie a portées durant des années, hantée par cette question constante : « Qui suis-je ? ».
Le temps, cependant, a fait son œuvre, et Nathalie a peu à peu trouvé le chemin de la guérison. Comédienne chevronnée, avec plus de trente ans d’expérience sur les planches, elle s’est ouverte à d’autres formes d’expressions artistiques, notamment la performance.
C’est ainsi que, dans le cadre de la 15e édition de Dak’Art, Nathalie a présenté le projet « Mutikkap Patate » au Raw Material Company, situé au Point E. À travers cette œuvre, elle a partagé son histoire et les résonances de son parcours. Grâce au théâtre, qui favorise la rencontre et l’introspection, ainsi qu’à la psychanalyse et à d’autres démarches de compréhension de soi, Nathalie a entrepris un travail de réconciliation intérieure. Elle a refusé de couper les liens avec sa famille, qu’elle soit paternelle ou maternelle, malgré le lourd héritage familial et colonial.
Son retour en Afrique, en tant qu’Afrodescendante, a également joué un rôle clé dans ce processus de guérison. Bien que son père n’ait peut-être jamais eu de connexion avec ce continent, Nathalie y a trouvé un sens profond et apaisant. Après quatre ans passés au Kenya, elle vit depuis dix ans au Sénégal, où elle semble avoir trouvé un équilibre.
Son histoire reflète celle de milliers, voire de millions de métisses confrontés aux questions identitaires, au racisme et aux séquelles d’un passé colonial pesant. En définitive, malgré les avancées de la civilisation, l’humanité persiste à nourrir des comportements teintés d’obscurantisme, d’intolérance et d’inhumanité.